Comment décrocher un emploi que vous n’aimerez pas
On peut également parler des différents signes qui montrent que vous êtes en train de postuler pour un travail que vous n’aimerez pas. Bien souvent lorsque quelqu’un est en recherche d’emploi, il (elle) fait appel à ses connaissances pour élargir les possibilités. C’est une bonne chose de faire fonctionner son réseau et d’ailleurs un réseau, ça sert d’abord à ça. Les personnes qui utilisent leur réseau de contacts pour vendre leurs compétences ont un taux de satisfaction plus élevé concernant leur travail.
Toujours est-il qu’en rendant publique votre recherche, vous-vous exposez à un risque majeur qui est d’écouter davantage les avis d’autrui que votre propre intuition. Cela s’applique aussi aux entreprises, associations, mairies elles-mêmes qui sont susceptibles de diffuser un discours attractif (ou pas) qui va finir par couvrir votre avis personnel.
Or votre intuition est extrêmement précieuse car elle vous parle à vous, de vous. Personne d’autre ne peut le faire. Vous aurez beau écouter autrui, si votre intuition vous affirme le contraire c’est que quelque part, au-dedans, il y a un truc qui cloche. L’idée majeure consiste non pas à chercher un emploi mais à vendre des compétences. Dans cette position où vous êtes le vendeur, c’est vous qui êtes le plus à même de sentir si vous pouvez vous engager et signer le contrat.
Apprenez à faire confiance à vos tripes !
Faites comme si :
…comme si vous aviez tout compris, comme si ça vous intéressait. Si vous allez à l’entretien de recrutement en pensant “que puis-je faire pour avoir l’air intéressé ?” alors il est probable que non, ça ne vous intéresse pas.
Sachez faire la différence entre quelqu’un qui est prêt pour une nouvelle aventure et quelqu’un qui est prêt à n’importe quoi, au sens propre. Voir ci-dessous.
Si vous parvenez à duper les recruteurs, vous parviendrez tous à un désastre collectif où votre désintérêt profond se traduira par un travail mal fait. Jamais vous ne parviendrez à atteindre le niveau d’appropriation qui est le signe que votre boulot est épanouissant.
Faites-le pour le prestige :
Bien sûr que ça compte, l’argent, l’éclat et la renommée. Mais pas que – car le prestige n’est pas un bon indicateur d’une vie réussie, que ce soit en argent cash, en récompenses symboliques ou en célébrité plus ou moins publique. Votre voisin sort son dernier iPhone pendant le cinquième ? Un autre se targue d’avoir fait le tour du monde avec des enfants socialement détruits ? Oui, et alors ?
Souvenez-vous : c’est la quatrième chose dont vous n’avez plus besoin, déballer vos attributs de pouvoir en public. En demandant à des animateurs s’ils accepteraient un premier emploi payé 20.000 euros brut d’impôts chez Telligo ou à la MJC du quartier, la réponse est trop souvent un oui franc et massif. Ils viennent juste d’accepter un emploi sans savoir de quoi il s’agit et ils pourraient aussi bien nettoyer des toilettes ou faire des photocopies davantage que s’occuper des enfants.
Ne vous laissez pas abuser par les apparences sur le papier, ni séduire, ni effrayer. Jugez sur pièces, touchez les détails, posez des questions, faites-vous votre propre idée.
C’est pour le sourire des enfants/par engagement :
Encore aujourd’hui, le recruteur et l’ensemble des personnels de l’animation pensent que leur travail a une valeur ajoutée car ils feraient ça pour le bien de l’humanité. C’est d’ailleurs parce que l’on vous fait croire cela, qu’on vous brosse dans le sens du poil, gentils animateurs bien intentionnés, que l’on ne vous propose rien de moins qu’un Contrat d’Engagement Educatif. Mais à la première entourloupe ou erreur, ils vous lâcheront tous et ne viendront pas vous rendre visite en prison.
Vous n’êtes pas bénévoles, le législateur, l’organisateur, les parents, les enfants ont des exigences envers vous. Vous avez des responsabilités lourdes et conséquentes : le bien-être des enfants, leur sécurité, leur épanouissement…. Pesez-les et demandez vous bien quelle contrepartie alors cela suppose. Qu’est-ce que vous avez à y gagner vous ? Et si c’est par militantisme désinteressé et réfléchi, alors assurez-vous que vos idées soient réellement prises en compte et ne restez pas sur le trop simple : enfants en vacances = enfants heureux.
Dites au recruteur ce qu’il (elle) veut entendre :
La relation avec le recruteur doit être honnête et sincère (d’abord) et il en va de même pour vos collègues et partenaires de travail (ensuite). Parfois, éventuellement, il est possible de conclure que ça ne marchera pas. Inutile d’aller plus loin, reconnaissons-le paisiblement, entre adultes. C’est ça faire preuve de professionnalisme. Bien souvent pour ceux qui faisaient comme si ça les intéressait, c’est d’ailleurs un soulagement d’entendre que l’autre a vu clair dans leur jeu et qu’il sait prendre la bonne décision pour deux. On vous rappellera, merci. Voir ci-dessus.
C’est pour manger :
Il y a un dicton qui affirme que faute de grives on mange des merles et un autre qui affirme que les époques désespérées appellent des décisions désespérées. Autrement dit : il faut bien manger / payer le loyer / vêtir les enfants. Mais choisir un emploi par désespoir est presque une garantie de faire empirer la situation. Vous n’apprécierez pas votre emploi (c’est un moindre mal), vous n’y ferez pas du bon travail (c’est pire) et vous arriverez le premier jour en pensant déjà que vous n’y êtes pas bien (c’est encore pire). Les personnes désespérées n’ont que faire de la notion subtile de création de valeur, alors qu’un travail digne de ce nom crée de la valeur, pour vous d’abord… c’est même pour ça que vous l’avez choisi. Et être avec des enfants est un travail de relation avant tout. Votre ennui, votre désintérêt sera tout de suite calculé par les enfants.
Acceptez du temps de transport (en Accueil de Loisirs) :
Les longs transports pour aller et revenir du travail sont une plaie, que cela soit dit. S’il faut fixer une limite, je dirais une heure trente aller simple ce qui est déjà vraiment beaucoup.
Que ce soit en voiture, en train, en avion ou n’importe, une heure de transit c’est une heure de perdue, c’est fatigant (même si ce n’est pas vous qui conduisez le train), c’est désagréable, ça peut être une perte financière et vous pourriez toujours faire autre chose à la place.
Au bout d’un mois, vous comprendrez que vous avez perdu 10 heures de votre vie pour 40h de présence au travail… et je suis bien certain que vous n’avez pas dix heures de vie à perdre chaque mois.
Au final, comme pour bien d’autres sujets, il s’agit avant tout d’être honnête avec vous-même si vous voulez faire un travail qui vous plaît et où vous pouvez devenir très bon. Sans honnêteté, votre vie professionnelle sera bâtie comme un château de cartes et elle finira par s’effondrer quasi spontanément. Alors un peu avant de vous présenter à votre prochain entretien de recrutement, demandez-vous ce qui pourrait arriver si vous étiez réellement sincère avec les personnes en face de vous. Paisiblement, entre adultes. C’est ça faire preuve de professionnalisme… et peut être bien que ça leur plaira, aux gens assis en face de vous.
Librement inspiré des écrits de Yannick Primel, ethnologue