Ces formations ne sont-elles pas avant tout faites pour faire entrer de l’argent chez les Francas, l’UFCV etc… ?
Sinon, si il y avait un rapport entre ces formations et la réalité du terrain, combien y aurait-il de BPJEPS ou autres ?
Berurier,
Merci pour les infos sur la rémunération en ACM, je suis dedans depuis suffisamment d’années pour connaitre un peu comment ça se passe.
berurier a écrit:
Et tu te complais toi même à rester dans la précarité!!!
Non merci, je ne suis pas dans la précarité dans l’animation. Ou alors c’est peut-être moi qui me suis mal fait comprendre, ça arrive. Des années que je suis dans l’animation, et j’ai rarement travaillé pour trois cacahuètes le séjour. On a droit d’avoir une paie correcte pour un travail, ça me semble normal. Et qu’on ne vienne pas me dire que c’est au détriment de la qualité des séjours ou au détriment du portefeuilles des pauvres parents. Combien y-a-t-il d’organismes qui font des séjours très bons, avec de bons projets derrière, et qui rémunèrent décemment ? Plus qu’on ne le croit, si on se donne la peine de chercher et de ne pas rester dans sa misère de CEE.
Pour autant, ça ne m’empêche pas de prendre de temps en temps des colos dans des assos siglées “éduc pop”, où évidemment on est moins bien payé, mais une fois de temps en temps, on peut contribuer au mouvement.
Par contre la professionnalisation nécessite :
– de passer par la case formation
Non merci, très peu pour moi, je suis bien à ma place, et j’ai l’impression que tout le monde veut entrer sur ce créneau, tout le monde veut se former dans le domaine en ce moment, mais je ne suis pas certaine qu’il y ait des postes pour tous à la clé.
Le problème de ces salaires très faibles dans l’animation ne vient pas de l’absence de qualification ou du fait que les animateurs n’aient pas de hautes responsabilités.
Sinon tout animateur pourrait espérer avoir au moins le SMIC, comme quelqu’un travaillant dans n’importe quelle branche. Qualifié ou pas, ayant des responsabilités ou pas.
Le problème, c’est ce contrat CEE à la con qui permet de passer outre le code du travail.
Il est plus facile de rester dans un système qui exploite des jeunes qui débarquent dans le monde du travail que de remettre en cause une politique qui arrange bien tous les employeurs du secteur.
Vous travaillez à Léo Lagrange ? A l’UFCV ou tout autre “boîte” historique de l’E P ? Partout où l’on peut entendre de belles idées sur le respect de l’être humain et où l’on traite les salariés comme des sous-merdes.
Message modéré par Ludius
Salut à toi, Gabriel,
Pourquoi le monde de l’animation est organisé de manière à ce que bosser avec un bafa/bafd ne suffise pas pour vivre ? Que là-haut on ne nous raconte pas la fable du “on peut pas faire ce qu’on veut, les budgets sont limités”…
Dans un ACM, que fait un animateur, en général?
C’est une question difficile, il faudrait répondre à d’autres questions.
Est ce que ce travail amène de lourdes responsabilités?
Pour responsabilité = pouvoir de décision, le plus souvent les anims les arrachent, donc on leur a pas imposé.
Pour responsabilité = obligation de réparer, il suffit d’être sérieux pour être tranquile.
Donc, ce travail n’est pas source de responsabilité. Les zanims qui sont en prison, c’est parce qu’ils ont fait des c… et des grosses.
Est ce que ce travail nécessite des efforts de formation énormes?
Au BAFA, on fait dagada dzim dzim boum boum pendant quelques jours et c’est bon.
Au BAFD, c’est un peu plus exigent.
L’accès à ce travail est payant et apporte peu de salaire.
Et pourtant, les demandes de travail ne sont pas toutes satisfaites.
Pourquoi tant de gens veulent faire de l’animation?
Si c’était pénible, il y aurait il tant d’engouement pour ce job?
Je crois que chacun doit faire son choix.
S’il veut faire de l’animation, il doit accepter toutes les contraintes, y compris le petit salaire.
Al Batros
Bonjour à tous et toutes, ce forum est très vivant, c’est chouette d’avoir plein de réactions.
Je voulais répondre à Deglincmoi, Moilapa et Bérurier, qui ont des arguments similaires. Ils disent en gros, si j’ai bien compris : le job d’anim est mal payé, c’est pas nouveau, à chacun/chacune de se renseigner plutôt que de crier au loup. On peut choisir de refuser certains contrats, ou alors de se professionnaliser.
Pour préciser mon histoire, avant de bosser dans la colo que je décris, je savais très bien que je serais sous-payé. Dans la version complète du texte (http://grenoble.indymedia.org/index.php?page=article&id=5297), je dis d’ailleurs :
“Cette gifle ne m’éloigne pas pour autant de l’animation. D’abord parce qu’elle ne résume pas, à elle seule, tout ce que j’ai vécu en colo : ce travail est ambigü comme tant d’autres et il contient aussi toute la richesse des rapports humains que j’ai décrite plus haut.” Le calcul de mon salaire que j’ai fait après coup, je l’ai fait pour mieux réaliser la manière dont ma participation à la vie de cette société est comptée, considérée.
A part ça, je suis plutôt en désaccord avec une vision libérale du monde où devant le marché du travail, nous sommes “libres de choisir”. Bien sûr qu’en dernière instance nous sommes libres, sauf que certains choix sont en réalité beaucoup moins accessibles que d’autres, en fonction de tes origines sociales, de tes moyens, de ton accès à l’information, même de ton éthique. Une formation d’anim de plusieurs mois par exemple, ce n’est pas une option évidente pour tout le monde me semble-t-il (en plus à l’arrivée il me semble que l’activité que tu exerces n’est plus tout-à-fait la même, avec une plus grosse part d’administratif, non ?).
Enfin la vraie question là-dedans c’est : qui fixe les termes du choix ? Pourquoi tel ou tel choix est rendu difficile dans nos vies, alors qu’une foule de mesures sont prises pour “faciliter” d’autres activités ou d’autres économies (pas n’importe lesquelles) ? Pourquoi le monde de l’animation est organisé de manière à ce que bosser avec un bafa/bafd ne suffise pas pour vivre ? Que là-haut on ne nous raconte pas la fable du “on peut pas faire ce qu’on veut, les budgets sont limités”…
Pour appuyer les propos de Ludius, même si on prenait une personne étudiante, qui veut à terme exercer une autre profession (c’est d’ailleurs peut-être la majorité des cas), il n’empêche que pour une, deux, quatre semaines elle a fourni un travail, elle a été disponible, présente, responsable et tout. C’est fou qu’on ne reconnaisse pas ça. A mon avis c’est même dommageable pour l’activité elle-même : des gens très chouettes, qui seraient d’excellents anims, n’ont simplement pas les moyens de faire autre chose dans leurs vacances que de bosser pour des “vrais” boulots, parce qu’ils n’ont ni parents ni RMI derrière. L’animation est-elle un job de privilégiés ? Je trouve que ces considérations économiques ne devraient pas interférer dans la qualité de ce qu’on donne aux enfants. Elles sont une entrave qui ne doit pas reposer sur les anims, mais sur les instances qui ont le fric et qui sont responsables de la manière dont elles le répartissent : l’Etat, les entreprises auxquelles appartiennent les C.E….
Et sinon personne n’a pour l’instant répondu à ma question sur des expériences de mouvements d’anims, mais comme le dit Ludius, je vais peut-être trouver ça en regardant dans les autres sujets de discussion.
Salut à vous !
Gabriell
Lau a écrit:
connaissant les colos, as tu proposé à ton équipe de trouver un moment pour ‘ce rituel’? j’ai bossé avec des directeurs dans des grosses colo, qui plannifient un tel rituel, pour que enfant enfant et anim enfant puisse se dire en revoir .
Tu pourrais nous en dire plus ? 😕
oui, rapidement pour ne pas perdre le sujet.
dans une grosse colo ou tous les enfants et anim venaient de ville différentes, la veille du départ tous les groupes se réunissent , on chante ensemble puis un gouter conviviale est proposé aux enfants, ce qui leur permet de se dire aurevoir et avec les anims d’echanger leurs adresse…
la plus part des enfants se revoit d’année en année (et certains pas). au début quand j’ai decouvert ça, ça m’a fait bizar (desolé si je suis cru mais je voyais ça comme une usine à pleure). mais avec du recul je me rend compte que cela peut avoir un certains intéret.
j’espere avoir répondu à ta question
Ludius,
La rémunération légale minimale pour un animateur occasionnel est de 2,2h/j, si j’en crois le fameux CEE.
Mathématiquement, cette somme n’est pas suffisante pour vivre (à moins d’être rentier à côté), d’autant plus que la période des congés représente environ 16 semaine par an.
De plus, les rémunérations aux forfaits, du fait du peu de cotisations sociales, ne garantissent pas toujours une prise en charge de la sécu en cas de maladie ou de maternité.
Ludius a écrit:
Certes, l’animation est toujours et encore un milieu précaire, mais c’est pas parce que nous n’officions qua’vec le bafa ou le bafd qu’on doit accepter d’être sous payé. Oui je le fais pour l’argent, et pas seulement fort heureusement, mais il n’empêche…
Et tu te complais toi même à rester dans la précarité!!!
L’animation n’est pas forcément un milieu précaire : avec le développement des politiques enfance-jeunesse, il n’y a jamais eu autant de poste de permanents qu’aujourd’hui!
Par contre la professionnalisation nécessite :
– de passer par la case formation
– de ne pas mélanger les genres et de concentrer sa recherche que sur des offres de permanents.
berurier a écrit:
Ca devient lassant de le répéter : on ne peut pas vivre de l’animation en étant animateur de colo….
Non, je ne suis absolument pas d’accord. Enfin dans le principe oui, il est bien clair que peu d’animateurs arrivent à tirer leur épingle du jeu en travaillant avec un bafa à plein temps dans l’animation. Mais avec ce que tu dis, est-ce que ça veut dire que sous prétexte qu’on y travaille que pendant les vacances on n’a pas le droit d’avoir une réunération “normale” ? Qu’on doit se contenter d’un salaire au lance pierre ?
Certes, l’animation est toujours et encore un milieu précaire, mais c’est pas parce que nous n’officions qua’vec le bafa ou le bafd qu’on doit accepter d’être sous payé. Oui je le fais pour l’argent, et pas seulement fort heureusement, mais il n’empêche…
Bref, je ne m’étale pas plus, le sujet a été largement débattu déjà, plus d’une fois, Gabriell tu peux peut être chercher par le moteur de recherches les précédents sujets sur ce thème, ça peut éventuellement t’intéresser.
Ah bon ? Parce qu’il y a sur le séjour une gamine dont les parents sont correctement payés, ce sont des “gosses de riches” ?
Ah bon ? En faisant des séjours avec “d’autres organismes” tu auras affaire à des enfants martyrisés ?
Sous-entendu : “c’est dans les milieux sociaux défavorisés que les gosses sont maltraités” ?
J’ai pas tout compris à ta démonstration…
Salut Moilapa :coucou:
Tu interprètes surtout mes propos de façon très simpliste ! :tresfache: Mais peut-être est-ce moi qui n’ai pas été assez précis. 🙁
J’ai travaillé avec la plupart des gros organismes de colos qui existent en France, et je crois pouvoir dire qu’il y en a deux catégories (selon moi) :
😎 Les organismes émanant de l’éducation populaire traditionnelle qui sont les plus anciens.
😎 Les sociétés commerciales ou pseudos associations qui sont plus récentes et qui s’apparente plus à des agences de voyages pour enfants.
😳 Dans la première catégorie, les publics accueillis sont très hétérogènes et ces organismes “recrutent” beaucoup d’enfants dans les milieux populaires mais aussi des enfants de l’ASE. (Et les enfants de l’ASE ne sont pas à l’ASE par hasard, et je n’ai pas dit qu’ils venaient systématiquement de milieux défavorisés.):tresfache:
😳 Dans la seconde catégorie, on rencontre des enfants qui viennent surtout de CE, ou des inscriptions individuelles.
J’ai donc constaté que dans la seconde catégorie, le public est globalement plus aisé et je suppose que Gabriel est tombé dans cette catégorie. 🙁
J’ajouterais aussi que la notion d’engagement éducatif prend beaucoup plus de sens dans la première catégorie que dans la seconde car les organismes “traditionnels” ont une histoire et des valeurs qu’ils défendent encore, du moins j’ose l’espérer ! 😮 😡
Mais tout cela, ce n’est que mon opinion et mon analyse de la situation. 😛
Ca devient lassant de le répéter : on ne peut pas vivre de l’animation en étant animateur de colo.
Pour en vivre, il faut se professionnaliser : entamer une formation professionnelle (et non pas le bafa et le bafd) et axer sa recherche d’emploi sur des postes de permanents.
gabriell a écrit:
“Tu fais quoi comme métier ?
– Je n’ai pas de métier, mais je fais plein de choses en dehors du travail. Et pour vivre, je reçois de l’argent de l’Etat.
C’est ton droit le plus strict, mais tu as un peu tendance à demander le beurre, l’argent du beurre et le cul de la crémière : refuser les contraintes d’un statut professionnel, mais demander la rémunération…
Lau, j’ai un collègue de boulot qui a fait une sorte de thèse sur l’importance de ces rituels qui doivent marquer la fin d’un camp.
C’est un peu glauque mais on appelle ca la “mort du camp”, ca explique que l’univers d’un camp doit nécessairement être cassé à la fin de celui-ci, autant pour les enfants que pour les anims.
Il doit être fait le dernier jour du camp comme une sorte de bilan en expliquant que la colo est finie, qu on s’est bien eclatés…, en rassemblant tous les participants (jeunes, anims, directeur, cuisinière, personnel d’entretien s’il y en a). Le moment est très propice aux pleurs, aux anecdotes du camp, aux échanges de numéros de tel entre jeunes etc…
Ce concept n’est pas une vérité mais je l’ai expérimenté loirs de mon dernier camp et ca a très bien marché, il n’y a pas eu de crises de larmes à la gare et j’ai trouvé le jour du départ beaucoup plus serein et appréciable pour tout le monde.
De ce point de vue la, l’échange de numéros de tel ou d’adresses msn entre jeunes et anims est plus que déconseillé, sinon cette “cassure” en fin de camp n’est plus crédible, je suis entièrement d’accord avec ca.
Désolé pour cette tartine qui concerne pas forcémment le sujet, Hasni
Gabriel ton mess est très bien écrit et se lit agréablement, tu devrais faire des ateliers de journalisme avec tes jeunes ! Bravo
La seule raison qui fait que ce système peut exister, ce sont les animateurs comme toi qui acceptent ces “paies” misérables.
Générations de couillons après générations de couillons qui ne s’inquiètent de ce qu’ils vont toucher qu’au moment où ils reçoivent leur “paie”.
Lau dit “…tu es tombé sur des gosses de riches. Si tu travailles avec certains autres organismes, tu seras aussi mal payé (peut être encore plus mal) mais les enfants te raconteront comment ils se sont fait tabassés ou violés par leurs parents.”
Ah bon ? Parce qu’il y a sur le séjour une gamine dont les parents sont correctement payés, ce sont des “gosses de riches” ?
Ah bon ? En faisant des séjours avec “d’autres organismes” tu auras affaire à des enfants martyrisés ?
Sous-entendu : “c’est dans les milieux sociaux défavorisés que les gosses sont maltraités” ?
J’ai pas tout compris à ta démonstration…
Salut à toi, Gabriel,
Ton texte est extraordinaire, il est divinement rédigé.
L’animation est une activité qu’on ne fait pas pour l’argent, un CEE est un engagement social et citoyen.
On démarre sur chapeaux de roues et la rupture est brutale.
Surtout à la gare de Lyon à Paris, le parking n’est pas très convivial.
L’animation est trop chère pour les parents, 200 à 400 euros par semaines. Donc les parents n’ont pas envie d’y ajouter des remerciements à rallonge.
Surtout quand les zorganisteurs ont fait des coups de salopard aux minôts.
C’est comme ça, il faut vivre avec.
Al Batros
connaissant les colos, as tu proposé à ton équipe de trouver un moment pour ‘ce rituel’? j’ai bossé avec des directeurs dans des grosses colo, qui plannifient un tel rituel, pour que enfant enfant et anim enfant puisse se dire en revoir .
Voilà une idée intéressante ! 🙂
Perso, je n’ai jamais connu de tels rituels, en général, pour les retours de colo, on a d’autres préoccupation. Mais je ne mets pas ta parole en doute. :non:
Tu pourrais nous en dire plus ? 😕
Salut Gabriel :coucou:
Merci pour cette histoire si joliment écrite ! :thx:
Oui dans ton message on sent bien le manque de considération en plus du manque de rémunération. Comme le dit Tirlibibi, ça fait presque de la peine pour toi. Tous les anims qui ont un peu d’expérience ont vécu la frustration des retours de colo où, dès que les portes du bus s’ouvrent, il n’y a plus personne ! C’est une chose à laquelle je n’arrive pas à m’habituer, même après 15 ans de colo. 🙁
Malheureusement (ou heureusement) pour toi, tu es tombé sur des gosses de riches. Si tu travailles avec certains autres organismes, tu seras aussi mal payé (peut être encore plus mal) mais les enfants te raconteront comment ils se sont fait tabassés ou violés par leurs parents. Si tu arrives à rendre ces enfants un peu plus heureux, un peu plus “sociable”, la notion d’engagement éducatif prendra tout son sens ! 🙂
Bien sûr, cela ne justifie toujours pas les salaires au lance pierre. 😮 😡
ah lala!! ce fameux ‘job’ (préféré de metier) d’animateur.
j’ai pu comprendre que ton récit révèle d’un job saisonnier d’animateur.
comme dirai tirlibibi ton récit est plaisant à lire, mais contrairement à lui je n’ai pas de peine, au contraire certaines choses me font meme ‘sourire’. Bon je ne vais relevé que 3 points en exemple
J’ai fait le calcul depuis. Dans cette colo-là, j’ai bossé une centaine d’heures, et j’ai été payé 118 € nets. Ca donne… 1,18 € de l’heure. A peu près 5 fois moins que le salaire minimum.
et si tu avais fait ton calcul avant le séjour (en demandant ton salaire), aurais tu accepté?? si il te paraissais faible , tu avais le droit de refuser non ?
Pour moi dans l’animation, il ya l’aspect humain qui prime sur le financier. (car pour etre payer en job saisonnier le smic horaire, il y a d’autres job… mais sans l’aspect humain si particulier des colos)
le rituel de “l’au-revoir” m’avait sérieusement manqué
connaissant les colos, as tu proposé à ton équipe de trouver un moment pour ‘ce rituel’? j’ai bossé avec des directeurs dans des grosses colo, qui plannifient un tel rituel, pour que enfant enfant et anim enfant puisse se dire en revoir .
plus qu’un être de sensibilités et de vécus, je n’étais qu’un service
Oui, pour le peu qu’il me reste de mes cours d’economie de seconde, l’animation fait parti du tertiare, c’est a dire des metiers de service. les animateurs proposent donc à un organisme leur service en particulier, celui d’animer et de tous ce qu’on entend derriere, en échange d’une rémunération ( et indirectement en echange de relation humaine ). et oui l’animation est un service que l’on vend (annonce d’animateur, CV, lettre de motivation) et le directeur va ‘acheter ces services” pour un bon fonctionnement de son activité, celle de faire passer des bonnes vacances. Mais c’est vrai c’est bizard, c’est un service humain, fort, en groupe et éfémere. N’est ce pas une des particularités de ce job saisonnier?
pour finir, ton récit, je le redit est tres bien fait,et je l’espere te permettra d’avancer dans la conpréhension de ton job, ta ta conception personnelle de l’animation saisoniere.
je pense que gabriell ne remet pas dans ce forum que la question du salaire, mais s’interroge sur d’autres aspect de l’animation.
salut tirlibibi, merci pour ta réponse
je voudrais juste préciser que pour moi le problème soulevé ici n’est pas uniquement un problème de sous. C’est un problème de dignité, qui renvoie aux priorités qu’une société se choisit. Si une action constructive naît un jour sur cette question, elle naîtra de la fierté des anims qui oseront enfin dire : notre activité est 10 fois plus utile que celle des publicitaires (au hasard), c’est complètement fou qu’avec notre statut (et d’ailleurs pas seulement le nôtre) la survie économique ne soit pas garantie !
Est-ce que quelqu’un ou quelqu’une ici a déjà entendu parler, dans l’histoire récente, d’un mouvement revendicatif d’animateurs et d’animatrices ? (à part les pétitions qui ma foi, sont souvent des bouteilles à la mer)
ahlala, si tu savais combien de fois est venu le probleme de sous dans l’animation. quoi que ton post est bien tourné, plaisant à lire, cela donne meme de la peine pour toi.
mais bon tu sais que cela est dure de faire bouger les choses. il faudrait que TOUT les animateurs fassent greves pour démontrer leur vie, leur droit mais bon tout ceci n’est qu’utopie.
sur ce je souhaite une bonne nuit à tous et une bonne journée de taff a ceux qui taffe demain en centre de loisir.
Salut, j’ai écrit ce récit il y a plusieurs mois mais à l’époque je ne connaissais pas l’existence de ce forum. Alors je le ramène aujourd’hui parce que je me dis qu’il fera peut-être echo à ce que d’autres ont vécu…
Si le sujet a peut-être déjà été discuté 100 fois, c’est qu’il est crucial. La question est plutôt : pourquoi en sommes-nous encore à nous plaindre, et pas à agir de manière constructive ?
Pour ne pas alourdir le forum je ne recopie ici que la moitié du récit. Pour celles et ceux qui voudraient le lire en entier, vous pouvez le trouver ici :
http://grenoble.indymedia.org/index.php?page=article&id=5297
“Un jour, juste avant qu’elles ne s’attèlent déterminées à la construction d’un igloo, Sarah et Edwige, 11 ans, petites chipies bavardes, me demandent :
“Tu fais quoi comme métier ?
– Je n’ai pas de métier, mais je fais plein de choses en dehors du travail. Et pour vivre, je reçois de l’argent de l’Etat.
– Ah ? Combien tu reçois ?
– A peu près 500 € par mois.
– Moi mes parents ils gagnent 2500 € chacun. Ca fait 5000 € dans la famille. Et tu voudrais faire animateur comme métier ?
– Euh…”
Des adolescents étaient là aussi et ils ont embrayé :
“Mais non, animateur c’est pas un vrai métier, t’es payé au lance-pierre.”
J’étais un peu pris de court. Je voulais leur dire que j’étais content d’être en leur compagnie et de “m’occuper” d’elles et eux, que c’était crevant mais amusant et intéressant aussi. Mais les ados avaient absolument raison de pointer du doigt cette ridicule situation de précarité, qu’elle n’était pas tenable, qu’elle n’était pas envisageable sur le long terme comme ce qu’ils appellent un “métier”.
J’ai fait le calcul depuis. Dans cette colo-là, j’ai bossé une centaine d’heures, et j’ai été payé 118 € nets. Ca donne… 1,18 € de l’heure. A peu près 5 fois moins que le salaire minimum. C’est qu’en France nous sommes considéré-e-s comme des “militants de l’éducation populaire”. Economique, le militantisme.
(…)Je me souviens surtout de cette arrivée à Paris, la nuit venait de tomber, notre car s’était garé comme il pouvait dans une rue adjacente à la gare de Lyon, une petite foule pressée virevoltait autour de nous tout en criant de faire attention aux voitures, je m’étais précipité sortir les bagages, à peine je les posais sur le bitume que des mains anonymes s’en saisissaient. Deux ou trois personnes venaient me dire au revoir mais je n’avais pas fini mon travail. Quand enfin la soute s’est trouvée vide, je me suis redressé en poussant un soupir de soulagement et j’ai regardé autour de moi. Il n’y avait plus personne. A part un responsable inconnu qui s’assurait des derniers détails, mes collègues qui couraient déjà vers leur dernier train, le car qu’il fallait finir de nettoyer, et ces gratte-ciel. Tout s’était fini en un éclair.
Il me fallait maintenant songer à rentrer chez moi. C’était samedi soir, nouveau départ pour quantités d’autres colos-ski : et moi, seul dans les gares bondées comme des usines, je me frayais un chemin au milieu de ces troupes de jeunes en série, partout je voyais des animateurs et des animatrices plein-e-s de bonne volonté, comme cent miroirs du présent ou du passé, je ne savais plus. J’étais un peu étourdi.
Dans le train de nuit j’ai réalisé que le rituel de “l’au-revoir” m’avait sérieusement manqué. J’aurais voulu marquer la fin de toutes ces petites relations nées dans la semaine, c’était trop étrange de se retrouver froidement séparé-e-s d’une minute à l’autre. Et puis, j’étais interloqué par l’attitude des parents. Sans doute avaient-ils froid, sans doute avaient-ils un gigot dans le four en train de cramer, mais enfin, n’étaient-ils pas curieux comme moi d’échanger deux mots, de voir quelle tête on avait, de savoir comment s’était passé ce séjour aussi intense ? Pourquoi si peu de sourires, si peu de “merci” ? Qui étions-nous à leurs yeux pour leur inspirer autant d’indifférence ?
Je me suis dit que, peut-être, ils estimaient m’avoir déjà dit merci : en payant le séjour. Ils ne me devaient plus rien, pas même un signe de considération. Ce n’était pas que “de leur faute”, tout les encourageait à concevoir les choses ainsi (et en premier lieu notre employeur, qui par exemple aurait pu prévoir un lieu et un moment adéquats pour un retour propice aux discussions). En tout cas, c’est à ce moment-là que mon statut social m’est revenu dans la gueule : plus qu’un être de sensibilités et de vécus, je n’étais qu’un service. Je faisais partie d’un package de loisirs. Le môme a été bien gardé, bon, il revient entier, allez hop on passe à la tâche suivante, il faut continuer à gérer ce quotidien familial à toute allure. On zappe. Je me sentais consommé, zappé, et moi aussi j’étais obligé de zapper : plus personne avec qui parler de tout ça, mon voyage de retour, le vide.
Mais dans des conditions pareilles, cet euro dix-huit, là, ce n’est pas une marque de reconnaissance. C’est une gifle.”