En relisant un sujet (qui a déjà une 20aine pages…), j’suis tombée sur un commentaire…qui parle des p’tits plaisirs du quotidien.
Simplement… où est le mal à se faire plaisir au boulot ?
Où est le mal à s’amuser -quitte à ce que ce soit “régressif” (même si j’suis pas sure de voir ce que tu mets derrière ce mot)- avec un môme pendant 30min dans le cadre du travail ?
Quand on travaille avec et pour des humains ?c’est quoi l’amusement ?
chépa…
est-ce que ça n’est pas au moins une partie de l’objectif visé quand on bosse sur le temps de loisirs des mômes (ou même des gens) ? moi j’y mets le fameux “jeu libre” que je ne partage pas vraiment vraiment avec les mômes parait-il, parce que j’suis adulte moi, mais pendant lequel je m’amuse quand mêmemoi j’y mets le fameux “jeu libre” que je ne partage pas vraiment vraiment avec les mômes parait-il, parce que j’suis adulte moi, mais pendant lequel je m’amuse quand même
j’y mets un bon nombre d’ “observations”, parce que voir la micro société fonctionner avec ou (encore mieux) sans moi, en général ça me fait plaisir, ça m’attendrit parfois, ça me fait marrer souvent, et parfois ça m’étonne ou ça m’agace… parce que ça concerne des humains, avec leurs qualités humaines, mais aussi leurs défauts, nos défauts humains.
j’y mets les moments de vie avec les mômes ; les répliques dislexico-poétiques ; les discussions parfois simples, parfois ubuesques, desquelles je sors souvent avec un petit sourire adouci, triste, étonné… ; les fois où Lucie goute à tous les ingrédients pour la cuisine, crus, cuits, tous ; les interruptions par le chat du voisin ; l’autodérision quand j’dis juste une ânerie ou que je fais un truc qui ne marche pas bien ou que je trébuche ou que…
j’y mets les tentatives, les recherches et les tests pour créer des trucs et les proposer éventuellement aux mômes…
j’y mets l’adaptation pour tenter de répondre au public ; pour trouver un moyen de faire des ailes à la libellule de Julien alors que les modèles c’était des chiens et des bonhommes
j’y mets les rires et les yeux ébahis qui me scrutent quand la magie des contes fonctionne, en comptant ceux des mamans ou des papas d’ailleurs
j’y mets l’humilité, les erreurs dont on peut rire et qu’on peut transformer en autre chose : ma maison à oiseaux ne finira peut-être jamais en maison à oiseau, mais je maitrise les noeuds pour faire des radeaux qui tiennent le choc par exemple
j’y mets les regards timides des parents qui n’osent pas déranger alors qu’on a laissé l’accès libre volontairement, les constats que “là il se fait plaisir, on voit qu’il est bien” ou que “c’est joli ce que tu a fais, t’as fait ça tout seul ???”, les moments magiques où les mômes expliquent à leurs parents médusés comment fonctionne le light painting par exemple
j’y mets les “comment ça va aujourd’hui”, les “moi cette nuit j’ai rêvé de…”, les “et pourquoi on ferait pas ça ?”, les “mon papy il sait faire des toupies”…
j’y mets les tentatives ratées mais répétées pour s’envoler, la tour de kappla, les chansons fredonnées ou chantées à tue tête face au vent, les “oh non hein, séverine heu !!!”, les mercis, les “Héééé ! T’as vu : on fait un géant cache cache” le jour où y’a rien d’animé, les “tu sais, ben moi…”, les “excusez-moi, tu sais…” aussi
j’y mets les grumeaux dans la pâte à crêpes, le vent dans les cheveux, les bas de pantalon mouillés, les luttes de chaussettes dans l’herbe qui verdissent tous les jeans sans pitié, les calins par surprise, les rebellions, les théories sur la vie, les projets pour un jour, les cachettes pour mettre les batons/fusils/baguettes magiques/chevaux, les t-shirts à l’envers, les “demain j’peux pas venir parce que j’vais à la mer avec mes copines”, les “non mais ça tu sais pas t’es une fille toi”, les “rooooooooooh mais c’est nuleuuuuuuuuuuuu” en réponse à mon humour miteux, les “c’est vrai ??????????” en réponse à mon humour encore plus lamentable…
Bref, pas mal de choses…
Est-ce que tout ça ce n’est pas possible souhaitable de le vivre au boulot lorsque le boulot c’est d’accueillir des humains pendant leur temps de loisirs ?
J’me permets (ouh la vilaine que je suis) de le remettre ici.
Tout simplement parce que c’est bien dit… et puis que ça fait partie des petits bonheurs qu’on peut rencontrer au boulot !!!
J’me dis aussi que j’ai du passer à côté de grands moments, parce que je n’ai jamais fait de bataille de chaussette;… 🙄
je met le lien pour ceux qui veulent comprendre le contexte de ce doux récit…c’est ici.
Comme tous ceux qui d’ailleurs qui font références au fascisme ou au nazisme pour qualifier certaines choses dans notre pays… ces personnes feraient bien d’ouvrir un livre d’histoire ou d’aller discuter avec des anciens qui ont vécus pour se rendre compte de l’étendue de leur connerie… Puissiez vous ne jamais vivre réellement sous un tel régime…
Pardon maître
Je hais l’Education Nazionale.
S’il s’agit d’une référence au nazisme c’est complètement imbécile comme expression à la limite de l’intelligence. Il n’est pas besoin de faire référence au nazisme pour critiquer l’institution scolaire dans ses dimensions répressives, normalisantes, etc.
Je suis allergique au travail communément classique (au sens proche de trepalium). J’arrive à tout pardonner aux enfants,et aux enfants uniquement. J’aime bien varier les lieux où je bosse. J’ai besoin de trouver de nombreux rires et plaisirs dans mes activités. Je hais l’Education Nazionale.
Conclusion => animation
Après, dire ce que j’ai appris sur moi grâce à l’animation, il me faudrait faire une thèse de 50 pages pour distinguer ce qui vient du boulot, ce qui vient de mes autres aventures, de mes rencontres extérieures, …
Peut-être des pistes dans le dossier travail : du bonheur à l’enfer de la revue sciences humaines.
sommaire du dossier :
Pourquoi travaille-t-on ?
La violence ordinaire dans les organisations
Plaisir et souffrance au travail, deux regards
L’amour du métier
ça me fait penser aux questions qu’on m’a posé en entretien…
“Et sinon…pourquoi tu fais/aimes (de) l’animation ?”
Et franchement, sur tous les entretiens que j’ai fait. J’crois que j’ai jamais répondu la même chose. ça dépendait de l’humeur du moment…
Dès fois, c’était parce que ça me stimulait pour plein de raisons,
dès fois c’était plus parce que j’avais envie de faire des rencontres et des échanges, le partage…
Dès fois c’était parce que j’aimais m’investir sur le territoire par ce biais…
ou encore ça me manque…
et encore plein d’autres raisons !!!
Précis ne veut pas dire conscient, c’est un long, très long travail d’introspection pour découvrir nos raisons profondes.
Marie13 a écrit :
L’animation, qu’elle soit occasionnelle ou professionnelle, rime pour beaucoup avec une certaine “passion” du métier…Mais voilà, ma question est la suivante, qu’est ce qui est à l’origine de cet “amour du métier” ? d’ou provient la satisfaction que ce métier/job vous procure ? Qu’est ce que l’animation vous apporte sur un plan personnel? (a vous animateur, et pas au public animé…)
Avé Marie13 ( Bouches du rhône )
Je ne vais être ni tres précis, ni tres original..
Je dirais parce que : J’aime ça.
Salut Marie,
Marie13 a écrit :
-> y a t-il autre chose ????
bien sûr qu’il y a autre chose, sinon tu ne poserais pas la question ici. Le truc, c’est que le premier qui viendra te dire ici “c’est ça qui fait qu’on continue”, hé bien c’est un sacré menteur. Chacun devient animateur pour des raisons personnelles (hasard, image de l’animateur, nostalgie de son enfance/adolescence…), et ceux qui continuent le font pour d’autres raisons personnelles bien précises aussi.
Précis ne veut pas dire conscient, c’est un long, très long travail d’introspection pour découvrir nos raisons profondes. Et on est jamais certain d’en avoir fait le tour…
Mais sinon, pour rassurer sa conscience, on peut toujours dire que c’est parce qu’on oeuvre dans l’idée d’apporter du bien-être aux enfants, ou encore d’oeuvrer à leur développement personnel, etc… ça tiendra le temps que ça tiendra.
🙂
Merci Lau pour ce fil que je ne connaissais pas…
Ces témoignages au final ne viennent que renforcer mon sentiment… mais ne répondent en rien à mes questions.
Cette question du “qu’est ce que nous apporte l’animation au final?” je me la pose également car j’ai aussi du mal à décrocher… mais à laquelle bien malgré moi je suis incapable de répondre.
-> La satisfaction d’avoir apporté quelquechose à des enfants? … je ne pense pas… ils se sont éclatés en colo? certes mais sans moi ils auraient surement vécu d’autres expériences, peut-être plus riches, et je ne suis apparu qu’un court laps de temps dans leur vie, donc même pas la satisfaction de les voir évoluer…
-> Les rencontre avec d’autres animateurs? … certes ça compte énormément, mais en tout cas en colo (secteur que je connais le mieux), les relations, sont extrêmement particulières : très intenses, mais en général éphémères…
-> Le sentiment d’avoir rendu service (aux parents…)? … bof, pas convaincue.
-> Le plaisir d’avoir “joué” toute la journée? (en très très caricatural) ?
-> y a t-il autre chose ????
D’un autre côté être un intermittent éternel comme le dit Moilapa sur ce post, très peu pour moi ! J’ai passé exprès un diplôme professionnel pour en faire mon métier et pas pour bosser deux mois puis attendre 6 mois…
il apporte la sensation d’avoir été utile pour des enfants (malgré la paye souvent misérable) et de leur avoir apporté du bonheur à un moment où ils n’étaient peut-être pas au meilleur de leur forme.
L’animation, qu’elle soit occasionnelle ou professionnelle, rime pour beaucoup avec une certaine “passion” du métier…
Mais voilà, ma question est la suivante, qu’est ce qui est à l’origine de cet “amour du métier” ? d’ou provient la satisfaction que ce métier/job vous procure ? Qu’est ce que l’animation vous apporte sur un plan personnel? (a vous animateur, et pas au public animé…)