Animation, une appellation à multiples facettes

10 sujets de 1 à 10 (sur un total de 10)
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  • #85471
    ludou
      @ludou

      dans la continuité de mon idée de départ, je verrai bien un vrai animateur dans ce quartier dont on parle ici (à écouter, c’est édifiant).

      Les gens semblent croire que pour préserver leurs vies, il faut éloigner la vie des autres de leur quartier. C’est quand même un instinct profond mais vraiment primaire, non ?

      Bon, moi j’ai choisi le milieu rural, c’est pas tout à fait les mêmes difficultés, mais y’en a aussi ma foi !

      #89624
      Shaaa
        @shaaa

        Il y a un élément important à ne pas occulter : l’expérience. Plus elle est longue, plus on a de chances de pratiquer mais aussi de tomber sur des situations problématiques qui remettront en question les expériences passées. Maintenant, si on vit toujours la même expérience, le même fonctionnement, c’est difficile de questionner ses pratiques à part quand quelqu’un vous rentre dedans sur un forum. 😀

        Vu le champ de l’animation et de ses pratiques, il est clair qu’il faut creuser pour trouver des lieux qui fonctionnent sur d’autres modèle que le colonial-type critiqué par J. Houssaye.

        Vu la durée de vie d’un animateur volontaire, y a peu de chance qu’il est le temps de vivre autre chose. Quand la très grande majorité des animateurs professionnels sont issus de l’animation volontaire et sont déjà bien formatés, ça risque pas de changer de beaucoup.

        Et on peut appliquer le même principe aux formateurs volontaires. Leur durée de vie est relativement courte à part pour les quelques salariés. Comment voulez-vous qu’ils se forment ? La formation a très peu changé depuis ses débuts en 1936, faut pas s’étonner.

        Pour illustrer, l’histoire du théorème du singe :

        Une vingtaine de chimpanzés est isolée dans une pièce où est accrochée au plafond une banane, et seule une échelle permet d’y accéder. La pièce est également dotée d’un système qui permet de faire couler de l’eau glacée dans la chambre dès qu’un singe tente d’escalader l’échelle.

        Rapidement, les chimpanzés apprennent qu’ils ne doivent pas escalader l’échelle. Le système d’aspersion d’eau glacée est ensuite rendu inactif, mais les chimpanzés conservent l’expérience acquise et ne tentent pas d’approcher de l’échelle.

        Un des singes est remplacé par un nouveau. Lorsque ce dernier tente d’attraper la banane en gravissant l’échelle, les autres singes l’agressent violemment et le repoussent. Lorsqu’un second chimpanzé est remplacé, lui aussi se fait agresser en tentant d’escalader l’échelle, y compris par le premier singe remplaçant.

        L’expérience est poursuivie jusqu’à ce que la totalité des premiers chimpanzés qui avaient effectivement eu à subir les douches froides soient tous remplacés. Pourtant, les singes ne tentent plus d’escalader l’échelle pour atteindre la banane. Et si l’un d’entre eux s’y essaye néanmoins, il est puni par les autres, sans savoir pourquoi cela est interdit et en n’ayant jamais subi de douche glacée.

        Conclusion : on fait de la formation de telle et telle façon mais on ne sait plus pourquoi ni le sens de celle-ci. D’ailleurs, faites un sondage auprès des formateurs… Par contre, ceux qui font différemment sont “punis”. 😀

        (et je fais pas grand chose d’innovant, en soi)

        #89719
        Simon
        Administrateur
          @simon

          Sur la question de la créativité et le BAFA. Faut voir aussi que la formation telle qu’elle ne permet pas de préparer les anims à ça. Sur les formations les plus audacieuses et innovantes dont Shaa je pense peut donner un bref aperçu on peut que se permettre de sensibiliser les stagiaires à ces questions là. N’oublions pas qu’il y a un processus de déconstruction, de questionnement à faire.

          Déjà arriver à ce que les stagiaires repartent avec plus de questions qu’à leur arrivée est une sacrée étape à atteindre. 8 jours ou 6 jours sont un durée bien faible pour aller plus loin. On agit aussi avec le vécu de chaque stagiaire du coup plus ou moins réceptif à un discours qui peut ébranler des certitudes.

          Là je parle des stagiaires, mais qu’en est-il des pros sur le terrain déjà eux bien souvent rétifs à toute remise en question, évolution ou ne serait-ce même que des critiques? C’est la croix et la bannière surtout d’une position de simple animateur sans cesse rappelé à sa position subalterne.

          J’ai trouvé pas mal d’intérêt du coup aux stages à faibles effectifs. Où la phase de connaissance passe bien plus rapidement et permet de rentrer bien plus vite dans une phase de travail bien plus productif. Où l’on ira plus loin.

          je vais bouffer

          #89726
          moilapa
            @moilapa

            Mais qu’est-ce que tu racontes, Ludou ???

            qu’est-ce qu’on apprend vraiment dans les formations professionnelles de l’animation aujourd’hui ? Du technico-technique saupoudré de théorie, demandant de l’imagination et de la créativité mais bridant dans le même temps les moyens de le faire

            Absolument pas : la créativité n ‘existe pas sur les formations animateurs ! On est dans le domaine de la reproduction ! Aucunement dans la création ! Et l’imagination ???? Depuis quand l’imagination aurait sa place sur les formations animateurs (et en général dans tout shéma qui voudrait dire ce qui doit être) !
            Et justement du fait de ces enjeux “représentations sociales” sur les formations (puiqu’il s’agit bien de formation-formatage : il s’agit de formater, formaliser, préparer ces “stagiaires” à cet “espace commun”)

            A l’opposé même de cette idée d’imagination, de rêve d’un Autre possible ! De risque à la nouveauté, à la remise en cause !! C’est à l’opposé de ce qui se joue sur ces formations et c’est même plus : c’est ce que l’on (on : les formateurs avec l’avale des stagiaires obéissants) y combat ! Consciemment ou pas.
            Que ces “représentations sociales” soient réellement bénéfiques, productives, à tel domaine du travail et ses travailleurs (futurs travailleurs) ou pas.

            Il s’agit de mettre en oeuvre un nivellement de ces représentations propres à chacun pour “créer” un “univers animation” créer ce minimum commun (universel) de penser, de réponses. Qui permet de fonctionner en tant qu’animateur (à des milliers d’animateurs) dans un environnement donné. C’est bien le contraire !!! On est dans le formatage ! Rien rien à voir avec la création, l’imagination !

            C’est ce qui fait par exemple qu’on peut parler “d’animation” en englobant toutes sortes de réalités très éloignées les unes des autres. Qu’on peut débattre par exemple sur le forum sur l’intérêt des thèmes, ou toute discution (à l’exception de celle-ci)

            Post 4 : Je te rejoins tout à fait sur l’idée que ce n’est pas dans la formation que les représentations sont les plus remises en question, mais bien dans la pratique de terrain

            On parle de quoi, là ? Les représentations “apportées” par l’équipe formatrice, noeud central de la formation ? Ou celles que chaque individu-stagiaire apporte avec lui sur la formation ? Dans ce cas, bien entendu qu’il s’agit de remettre en cause certaines de ces représentations. Pour en arriver à ce nivellement qui permet de créer cet “univers animation”. Cette pensée commune, ces actions communes (sans qu’il y ait la moindre remise en cause de ces actions, même les plus connes : cf : l’ensemble de l’oeuvre du forum)
            Sans que tout cela se fasse “au grand jour” : ce ne sont pas des idées qui sont apportées, éventuellement débattues : ce sont des “choses” (je ne trouve pas de terme) non dites, pas le point central des formateurs (consciemment) : toutes choses qui se jouent y compris hors les “temps de formation” : sans aucun doute que les discutions “informelles” participent énormément à cette “guerre d’usure” insconciente, ce façonnage inexorable.
            Dont les résultats vont bien au delà de ce qui est mis en place dans “la réalité de l’animation”, la façon de pensée l’animation, le rapport aux enfants, aux autres, ce qui est admis, ce qui ne lest pas…

            Ou remettre en cause celle que nous apporte les formateurs ?? mais comment serait-ce possible !!! Si tant est qu’un stagiaire soit en capacité de décrypter ce qu’il se passe sur une formation, comment pourrait-il remettre en cause ces nouvelles représentations qu’on lui demande d’englober (de gober !) Quand accepter ces “règles” est le sine qua none de la réussite à l’examen ! Et quand les formateurs eux-mêmes n’ont pas conscience d’une grande partie de ce qu’ils apportent à ces “stagiaires” ! Et vont refuser une validation sur ces “shémas” dont il n’ont même pas conscience !!!! Et non sur les critères qu’ils ont bien gentiment rédigé sur leurs beaux tableaux…

            Et au contraire : sur le terrain, ces pratiques (en fait c’est bien plus que des pratiques !!! ) admises du plus grands nombre” ne sont pratiquement jamais jamais remises en cause (d’abord parce quelles sont en grande partie inconscientes) !!! Et quand ça arrive (plus généralement du côté des enfants : et là aussi pas consciemment) cela est ressenti comme une agression contre le “tout”. Inconsciemment, se mettent en branle des stratégies de défense, voir d’agression, parce que l’on ne comprend pas, parce que l’on ne veut pas de cette remise en question de l’Ordre Etabli !!! Et parce que l’on ne comprend pas ces propres réactions, on en est que plus agressif, paumé.
            (Un exemple : un animateur qui prétendrait remettre en cause l’idée que les enfants doivent être mis en compétition, se tirer la bourre sous les yeux attendris des animateurs : on touche là à une partie de cet “intouchable commun”, si vieux, si ancré en chacun)

            Et ce n’est pas propre à l’animation, ni même au monde du travail : c’est propre à tous les rapports humains : et moins la personne est capable de décrypter l’explication de sa propre gêne, plus elle va être agressive :
            On a, après tout, tous besoin de certitudes, d’immobilisme.

            Et avoir conscience d’une partie de ce qui se joue, c’est une arme dans les rapports aux autres : ne serait-ce que mettre le doigt sur cette réaction qu’une personne ne peut expliquer : “Tu pourrais expliquer ce qui te rend agressive à ce point” ? Parce qu’elle ne peut pas expliquer. Elle ne sait pas !
            On est là dans le domaine de l’insconscience : cet adulte (moi par exemple) ne réagit pas dans telle situation donnée comme IL DEVRAIT le faire ! C’est totalement déstabilisant (et jouissif qu’on on a posé un regard sur soi et que l’on a décrypté ce que chez les autres notre attitude, nos gestes, nos réactions, ont d’incompréhensibles pour les autres)

            Tous les “grands domaines” des rapports humains peuvent contribuer à ces malaises : la sexualité en premier lieu ! Au combien lieu de l’inconscient, s’agissant de gestes, de messages, de comunications en tous genres, de réactions “instinctives”, animales…

            Que ce soit sur une formation, un camping, une colo, tout lieu clos qui reproduit la société en exarcerbant les rapports humains, du fait de la petite taille de cette “micro société”, tout ce qui se joue entre individus.

            Sinon, pour en revenir à “notre domaine” :

            Et être formateur dans le domaine de l’animation profesionnelle, c’est se rendre compte tout le temps qu’il faut lutter contre ces “règles établies qui devraient s’imposer à tous” : quand se sont parfois les stagiaires eux mêmes qui nous renvoient à ces “impossible autrement” à chaque temps, à chaque préparation : réaliser des documents préparatoires par exemple, est un ping pong bouffeur d’énergie où il faut sans cesse lutter avec le (les) “décideur(s)” pour pouvoir sur le terrain de la formation apporter Autre Chose (ou croire apporter quelque chose).
            Ce qui suppose : 1) d’avoir su décrypter une partie de ces “règles établies universelles non dites”. 2) Avoir déterminer ce que l’on rejette dans ces “règles”. 3) Avoir construit son propre “mode de pensée-fonctionnement-réponses” en remplacement de ces “règles” (qui ne sont pas des règles : je n’ai pas le mot, si il existe, pour dire exactement ma réflexion)

            Faire de la formation, c’est (en tout cas ça l’est dans mon cas) se battre “contre un tout”, une pensée universelle commune (une obligation de faire ainsi) qui s’est construit au fil des décennies, des générations d’intervenants, d’expériences, de retour, de création d’outils et d’écoles de pensées
            Et qui devient de plus en plus difficile de remettre en cause (j’ai déjà expliqué ailleurs pourquoi remettre en cause). que ce soit propre à l’animation, ou à la société entière.

            Et je pense que c’est là quelque chose de normal : plus un domaine se complexifie, se pense, s’intellectualise, se construit en cases, en pratiques “établies”, reconnues, plus cette idée de “nouveauté” devient difficile. Plus la création, la nouveauté pose problème.
            Au delà de la remise en cause, ne serait que parce qu’une nouveauté, c’est rajouter de la complexité à cette complexité.

            #90294
            Shaaa
              @shaaa

              Je te rejoins tout à fait sur l’idée que ce n’est pas dans la formation que les représentations sont les plus remises en question

              Elles ne peuvent pas être remises en question. On y cherche la normalisation des pratiques ! Pas leurs analyses ni leurs compréhensions. C’est bien plus pernicieux que ça. 😀

              mais bien dans la pratique de terrain.

              Tout dépend du terrain. Quand la très grande majorité des ACMCE fonctionnent sur le modèle colonial, ce n’est pas évident d’en sortir, surtout seul.

              Pour en avoir fait l’expérience cet été, ce n’est pas insurmontable (heureusement, j’étais plutôt bien aidé), mais il faut être en capacité de poser les bonnes questions et renvoyer aux bonnes réflexions lorsque le changement du modèle dominant n’est pas (ou plus) accepté. J’ai compris cet été que c’est au niveau individuel qu’il faut renvoyer chacun, car personne n’a le même parcours, les mêmes expériences, la même sensibilité…

              Il y a des mots, des pratiques que le modèle colonial ne peut pas intégrer. Dès qu’il y a conflit cognitif, on peut commencer à causer. Après, il faut l’étayer par des pratiques réelles, en situation et de l’analyse après coup. C’est là où un groupe (en formation) peut aider à formuler, expliciter, faire partager du sens commun pour reconstruire une nouvelle représentation de façon collective et partagée.
              Le jeu “dit libre” est un exemple que j’utilise.

              Au final, une des conclusions de ce séjour (et du précédent), c’est que pour arriver à une individualisation de chaque enfant, il est nécessaire de favoriser l’individualisation des adultes qui les encadrent.

              Des fois, les contraintes posées par le projet d’individualisation sont trop fortes (couteuses en énergie pour changer de pratiques) pour des animateurs qui abandonnent (exemple observé), d’autres sont soutenus et accompagnés arrivent à faire des efforts…

              Pour en revenir au sujet de ce fil, je me demande si ce rôle d’animateur au niveau d’un territoire n’est pas de favoriser l’individualisation en proposant des lieux et des temps de rencontre et d’échanges, de découverte, de jeu (divers et variés, sur tout et n’importe quoi. Encore une fois, la rencontre/l’activité n’est qu’un prétexte, ce n’est pas le but en soi).

              Côte bouquin. Pour les représentations sociales, tu as l’ouvrage de Abric “Pratiques et représentations sociales” de 1994-2003 qui est vraiment bien foutu.

              #90296
              ludou
                @ludou

                XxYyZz, l’animateur dont je parle ne prend pas la place des assistants sociaux, ni des éduc, et encore moins des psy ou des médecins. Il est un participant de la société, un “empêcheur de tourner en rond” qui, encore une fois, met en relation. Il ne manipule pas, ne cherche pas à convaincre, ou alors seulement en tant que participant “lambda”. Il fait vivre la démocratie locale en fait (j’ai parfois l’impression qu’un brin d’utopie se glisse dans ces lignes).

                Shaaa, merci pour les références. Je te rejoins tout à fait sur l’idée que ce n’est pas dans la formation que les représentations sont les plus remises en question, mais bien dans la pratique de terrain. Pour en avoir fait l’expérience cet été, ce n’est pas insurmontable (heureusement, j’étais plutôt bien aidé), mais il faut être en capacité de poser les bonnes questions et renvoyer aux bonnes réflexions lorsque le changement du modèle dominant n’est pas (ou plus) accepté. J’ai compris cet été que c’est au niveau individuel qu’il faut renvoyer chacun, car personne n’a le même parcours, les mêmes expériences, la même sensibilité…

                Au final, une des conclusions de ce séjour (et du précédent), c’est que pour arriver à une individualisation de chaque enfant, il est nécessaire de favoriser l’individualisation des adultes qui les encadrent.

                Pour en revenir au sujet de ce fil, je me demande si ce rôle d’animateur au niveau d’un territoire n’est pas de favoriser l’individualisation en proposant des lieux et des temps de rencontre et d’échanges, de découverte, de jeu (divers et variés, sur tout et n’importe quoi. Encore une fois, la rencontre/l’activité n’est qu’un prétexte, ce n’est pas le but en soi).

                #90315
                Shaaa
                  @shaaa

                  En voila un qui continue de lire… 😀 (depuis ce sujet-ci)

                  Tes questionnements suivent les miens, c’est assez rigolo. 😀

                  qu’est-ce qu’on apprend vraiment dans les formations professionnelles de l’animation aujourd’hui ?

                  En termes de représentations sociales, la formation vise à ce que les novices-stagiaires intègrent voire s’imprègnent et incorporent les façons de parler (vocabulaire, expressions, pensées…) en lien avec des façons de faire (des genres de pratiques). Elles sont cachées et non perceptible de prime abord ; il y a tout un travail d’élucidation (théorisé par Jean-Claude Abric) pour les mettre à jour. Nous n’avons pas conscience de nos représentations sociales. À part si quelqu’un s’amuse à nous les faire explorer.

                  De façon plus théorique, les psychologues sociaux à l’origine de la théorie expliquent qu’un individu ne pense jamais seul. Il pense avec l’aide et surtout les pensées (opinions, jugements, stéréotypes) des autres. Si vous pensez aujourd’hui qu’animer, c’est réaliser des activités ludiques pour un temps limité en parcourant un objectif pédagogique-opérationnel avec un petit groupe fixe ; c’est en grande partie dû à vos formateurs mais aussi aux équipes que vous avez rencontré, avec qui vous avez travaillé, etc.
                  Votre entourage professionnelle a véhiculé cette représentations que nous respectons car elle est la “seule” acceptée socialement. C’est-à-dire que ceux qui travaillent de façon autre sont critiqués, pris pour des utopistes, dénigrés voire n’auront pas leur diplôme. 😀

                  Finalement, la formation n’est qu’une conformation au modèle établi. Grosso merdo, pour les ACM, c’est le modèle colonial dont parle J. Houssaye ; pour l’animation pro, c’est l’animation technique et spécialiste dont parle J.-C. Gillet.
                  Ces modèles s’inscrivent dans des pratiques (voir Houssaye, Gillet) dont dépendent des représentations de l’enfance (Roucous), du loisir (Brougère) (et du jeu, ça c’est mon travail :-D) dont dépendent des valeurs (ça c’est pas moi !) et s’inscrivent dans une société.

                  Les formateurs ne sont que des “vieux” animateurs reconnus par leurs pères-pairs, qui ont intégrés parfaitement les représentations du métier et sont cooptés aptes à les transmettre. Et les formations se déroulent d’une façon précise : les pratiques visées sont référencées, les contenus de la formation pour y arriver bien définis, etc. Les stagiaires apprendront la théorie qu’ils iront appliquer sur le terrain de façon déductive. Grossièrement, ce qu’il se passe sur le terrain n’aura pas d’influence sur la formation. Le “bon” modèle est décrit en formation, à charge aux stagiaires de l’appliquer bon gré mal gré. Les certifications viennent clo(tur)er le spectacle en demandant aux stagiaires de réaliser ces bonnes pratiques. (Exemple ici… )

                  Changer les représentations des gens, c’est pas simple. Suffit de voir ce forum… 😀
                  Vite dit, les discours idéologiques n’ont aucun effet direct (Flament) et les ‘simples’ discussions n’auront pas d’effets notables. Ça s’explique psychologiquement mais ce serait un peu long là… Nos représentations et nos pratiques sont en cohérence sinon on deviendrait schyzo. Par exemple, si je conçois l’enfance comme un temps d’apprentissage et de développement ; mes animations seront dirigés vers des objectifs d’apprentissage (motricité fine, blabla).

                  Un exemple type de cet animateur-technicien et spécialiste est sa méthodologie de projet lui permettant de tout rationaliser, objectiver, chiffrer, mesurer, évaluer les coûts, etc.

                  Pour changer les représentations, il faut “contraindre” à changer les pratiques des gens… Et ça peut se faire par l’expérience professionnelle pour peu qu’on travaille avec des gens et des projets ‘différents’. Pour le coup, Houssaye n’est pas avare en exemples dans ces bouquins d’animateurs qui ont du mal à intégrer le fonctionnement et les changements de pratiques qu’il impose.

                  Pour faire différemment en formation… c’est un peu plus compliqué. On arrive sur d’autres conceptions de la formation et donc d’autres ingénieries. Conscient des représentations “initiales” liées au genre “technique”, il s’agit de les mettre à jour puis de montrer qu’il existe d’autres genres de pratiques comme celles centrées sur l’être (Houssaye) ou l’animateur-médiacteur (Gillet)…
                  Donc la formation devient plutôt postérieure à la pratique. Elles induisent les contenus en partant de leurs analyses et je ne peux savoir ce que nous allons travailler à l’avance. (Ce qui va à l’encontre de tous les programmes de formation figés).

                  Je te renvoie à l’article de Houssaye déjà cité dans mon premier lien et à tout le courant “réflexif”. L’entretien d’explicitation de P. Vermersch, les groupes d’analyse des pratiques (professionnelles) de Peretti, Robo, les histoires de vies, l’autoconfrontation (croisée ou non)…

                  Bref. Chai pas trop si c’est relativement clair mais voila un résumé condensé. 😀

                  #90317
                  XXYYZZ
                    @xxyyzz

                    Avé Ludou
                    effectivement le terme animateur désigne des fonctions tres différentes voire opposées animateurs ponctuels dans un ACM(quelques jours par an), animateur à l’année dans une municipalité ou une association qui “fait” du périscolaire,animateur d’espace jeunes, animateurs de club vacances, des VVF, du club med ou autres, dans les campings, l’animateur qui arrangue la foule sur un podium, l’animateur d’une réunion. On qualifie même du terme animateur les présentateurs de jeu télévisé ou d’emission de la soi disant téléréalité, ainsi que ceux qui présente du café ou du fromage dans les grandes surfaces.
                    Cette longue présentation terminé je vais essayer de donner mon avis sur l’un des points que tu évoques.
                    Je parle de l’animateur professionnel à l’année, par exemple sur un espace jeune

                    ludou a écrit :
                    Bonjour,

                    mais ce qui m’interroge, c’est plutôt le “carcan” que devient la représentation sociale de l’animateur. mais le rôle qu’on nous apprend à tenir, le statut que la société (les parents, l’école, le maire, les médias…) nous colle souvent nous limite et nous contraint dans notre activité. Du moins, c’est mon impression. C’est aussi souvent la hiérarchie qui nous oblige à rester “dans les clous”, dans notre rôle prédéfini. Comme les examinateurs et les formateurs, la société nous calque un modèle-type, des attentes très précises pour des fonctions bien définies.

                    Et dans tout ça, je me demande parfois où est l’animateur, électron libre qui met en mouvement un territoire, qui favorise les relations entre les habitants d’une même ville, qui propose des espaces de dialogue, de débats, de tribune, de rencontres pour que les gens connaissent leurs voisins, que les jeunes parents se rencontrent ailleurs qu’à la sortie de l’école et partagent des choses ensemble et avec leurs enfants, que les “anciens du village” puissent se retrouver, ne pas être obligés de subir un isolement certain, bref, tout simplement que les gens se connaissent, vivent ensemble et pas uniquement via facebook (ou planet’anim :-D), aient des avis différents, des conflits, des découvertes, des bonheurs, etc…

                    il est évident que certaines ( pas toutes) structures, municipalités, associations ont peur de l’action posible de l’animateur dans le public. j’ai connu des responsables qui préférait que l’animateur mettent en place une équipe de baskett, troupe de danse lcale, ou une sortie à la plage plutôt que de s’occuper des grossesses précoces, du taux de chomage ou de discussion sur la consomation ou sur le système économique.
                    Un individu peu informé, pas habitué à réfléchir, qui a des contraintes matérielles importantes dans sa vie quotidienne sera moins enclin à se poser des questions, à donner un avis et encore moins à contester ce qui se passe dans la commune ou l’association.

                    Je suis convaincu qu’aujourd’hui, cet animateur n’existe pas, où en tout cas, pas sous cette forme. Ce rôle est disséminé auprès de multiples entités institutionnelles, associatives, politiques, syndicales… mais pas toujours avec réussite puisque régulièrement la dimension locale de la rencontre et de la décision n’est pas présente. Combien de rencontres corporatistes entre personnes qui se ressemblent pour combien de rencontres et d’échanges entre habitants d’une même ville, de deux quartiers différents, d’origines différentes, de pratiques culturelles différentes.
                    Voilà, pour moi il manque, dans beaucoup de régions où je suis passé, cette dimension de lien, de rencontre, et de manière durable, pas ponctuelle.

                    Oui mais cela dépend aussi de la personalité de l’animateur professionnel. Faut il faire passer sa propre conception de l’animation aupres du public ou être la coiurroie de transmission de l’employeur ? Quelle est sa part d’initiative personnelle?
                    A mon humble avis, il faut laisser l’animateur le plus libre possible, mais cet avis n’est pas partagé par tout le monde. Ensuite il y a une relation de confiance entre l’employeur et l’animateur.
                    De plus il est plus facile de mettre en place des actions ponctuelles avec un résultat visible assez vite, que des actions durables dont les conséquences ne seront mesurables que dans quelques années et de façons progressives et lentes.
                    C’est plus valorisant pour l’animateur et pour la structure de voir les résultats immédiats .
                    J’irai même plus loin c’est plus médiatique.

                    D’où ma question : qu’est-ce qu’on apprend vraiment dans les formations professionnelles de l’animation aujourd’hui ? Du technico-technique saupoudré de théorie, demandant de l’imagination et de la créativité mais bridant dans le même temps les moyens de le faire. Bon, évidemment, pas que, mais franchement, beaucoup quand même, non ?

                    Sur ce point je vais être tres terre à terre. Brider les moyens de faire des actions à long terme dis tu;
                    Apprendre les techniques est probablement le plus facile ( ou le moins difficile, si tu veux). Ensuite développer l’imagination et la créativité chez les apprenants est déjà un peu plus complexe, mais leurs donner les moyens pour arriver à leurs buts c’est beaucoup plus compliqué surtout pour des actions à long termes, qui sortent de l’ordinaire, et qui souvent demandent tout simplement plus de moyens matériels et financiers.
                    :hammer:
                    Je pense que ce genre de choses peut s’acquérir à la longue, avec de l’expérience de la réflexion de la remise en cause, des rencontres avec d’autres personnes.

                    Voila voilou voili.
                    :coucoub:

                    #14974
                    ludou
                      @ludou
                      #90320
                      ludou
                        @ludou

                        Bonjour,

                        à partir d’une synthèse de Christian Belisson sur l’évaluation des stagiaires ou des étudiants dans le domaine de l’animation, j’ai envie de poser une question.

                        En effet, on peut lire :

                        Dans les concours et examens professionnels, les examinateurs évaluent plus souvent des représentations sociales que des compétences professionnelles : mémoire de “stage pratique”, étude de cas, argumentation d’un choix, évaluation d’action, etc.
                        La représentation sociale est un ensemble de rôles (routines), de jeux, de rituels, de modes de communication, de façons de parler, qui constituent des cadres de référence à partir desquels nous interprétons les situations, enjeux, évènements mais aussi les “dires” (E. Goffman). Les représentations sociales instituent des rites et des codes au sein d’un groupe social, des positions stables et identifiées, des modes de communication compris et reconnus.
                        La finalité implicite est de constituer un “groupe social” qui communique sur ses actions et génère des habitus communs : une “communauté” qui œuvre “dans le même sens”.

                        Les conclusions et les finalités du document concernent plutôt l’aspect formatif et d’évaluation, mais ce qui m’interroge, c’est plutôt le “carcan” que devient la représentation sociale de l’animateur. Alors certes il y a différents types d’animateurs : animateurs en ACM (professionnels ou occasionnels), animateurs de quartier, animateur en Village Vacances ou Camping, animateur nature sur un territoire naturel protégé, animateur du patrimoine, etc… mais le rôle qu’on nous apprend à tenir, le statut que la société (les parents, l’école, le maire, les médias…) nous colle souvent nous limite et nous contraint dans notre activité. Du moins, c’est mon impression. C’est aussi souvent la hiérarchie qui nous oblige à rester “dans les clous”, dans notre rôle prédéfini. Comme les examinateurs et les formateurs, la société nous calque un modèle-type, des attentes très précises pour des fonctions bien définies.

                        Et dans tout ça, je me demande parfois où est l’animateur, électron libre qui met en mouvement un territoire, qui favorise les relations entre les habitants d’une même ville, qui propose des espaces de dialogue, de débats, de tribune, de rencontres pour que les gens connaissent leurs voisins, que les jeunes parents se rencontrent ailleurs qu’à la sortie de l’école et partagent des choses ensemble et avec leurs enfants, que les “anciens du village” puissent se retrouver, ne pas être obligés de subir un isolement certain, bref, tout simplement que les gens se connaissent, vivent ensemble et pas uniquement via facebook (ou planet’anim :-D), aient des avis différents, des conflits, des découvertes, des bonheurs, etc…

                        Je suis convaincu qu’aujourd’hui, cet animateur n’existe pas, où en tout cas, pas sous cette forme. Ce rôle est disséminé auprès de multiples entités institutionnelles, associatives, politiques, syndicales… mais pas toujours avec réussite puisque régulièrement la dimension locale de la rencontre et de la décision n’est pas présente. Une fois n’est pas coutume, je vais quand même mettre le sport à part, car on assiste dans certains départements et dans certaines filières sportives à de nombreuses rencontres locales (bon, c’est juste dommage que cette rencontre soit uniquement centrée sur la compétition et rarement sur de l’intergénérationnel, mais bon, c’est un autre débat). Combien de rencontres corporatistes entre personnes qui se ressemblent pour combien de rencontres et d’échanges entre habitants d’une même ville, de deux quartiers différents, d’origines différentes, de pratiques culturelles différentes.

                        Voilà, pour moi il manque, dans beaucoup de régions où je suis passé, cette dimension de lien, de rencontre, et de manière durable, pas ponctuelle.
                        D’où ma question : qu’est-ce qu’on apprend vraiment dans les formations professionnelles de l’animation aujourd’hui ? Du technico-technique saupoudré de théorie, demandant de l’imagination et de la créativité mais bridant dans le même temps les moyens de le faire. Bon, évidemment, pas que, mais franchement, beaucoup quand même, non ?

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