2h11 et pas encore couché…
L’appart’ pue encore trop la fumée… et de toute façon, les pompiers qui sont en train d’exploser les portes closes dans les étages font un tel bordel que ce serait difficile de dormir (ils pètent les portes pour savoir si y’a pas des gens morts axphyxiés dedans)
En plus, il doit faire 5 ou 6 degrés et les fenêtres sont grandes ouvertes…
Bin, y’a juste eu un incendie dans l’immeuble….
En fait, je m’étais rendu compte de rien, je somnolais à moitié et j’ai étais pris de tremblements ; impossible de les arrêter… comme ça , tout d’un coup… j’ai mis le blouson puis j’ai entendu des hurlements en bas… le temps de capter, de prendre mon sac… et c’était déjà impossible de descendre par les escaliers (seule sortie possible d’ailleurs).
En fait, quand on pense incendie, on pense pas forcément à la fumée. C’est un truc de fou : même en calfeutrant la porte, elle passe partout et dépose une pellicule sur le sol.
Dans le couloir, elle était d’une épaisseur incroyable… et très très chaude (vous saviez que la fumée pouvait être brûlante ?) impossible d’avancer, impossible de garder les yeux ouverts
Donc j’ai refermé la porte et j’ai attendu à la fenêtre (ce qu’il me semblait être le plus sage)
En bas, les gens continuaient à hurler, à pleurer. Ils disaient aux gens encore dans les appart’ de passer par la fenêtre… qu’il fallait faire vite… heu, de quoi faire douter, au bout d’un moment, surtout quand la fumée arrive de partout, des étages plus bas…
Une dame est descendue du deuxième, j’ai cru qu’elle allait se cratcher… du genre bien ronde, visiblement pas adèpte d’un quelconque sport… elle a quand même réussi son coup… comme quoi la peur…
Je vois ces gens en bas et je me fais la remarque que pour eux c’est fini… et que c’est con ; j’ai la corde de la tyrolienne en bas, dans le camion…
T’en as qui continuent à nous dire de sauter : gros malin ! Vu d’ici, ça donne pas trop envie !
Visiblement on est 2 ou 3 à s’être fait coincés…
Le temps passe, très lentement…
Finallement des flics arrivent, font évacuer la foule et nous disent d’attendre aux fenêtres avec un linge mouillé sur la bouche (bon, j’aurais pu me gourer, mais il semble que c’était la bonne solution)
Avec sa lampe torche, y’en a un qui me visent et me demandent : “Ca va monsieur ?”
Je lui réponds “oui et vous ?”
Mais il ne me répond pas.
Le temps passe (assez long quand même) et l’un des flics annonce que les pompiers sont arrivés, “qu’ils vont nous sortir de là avec la grande échelle”, de prendre patience (ce qu’une vieille à un étage que je ne vois pas semble avoir du mal à croire ; elle a rasion d’ailleurs ; visiblement ou les arbres empêchent aux véhiculent d’approcher, ou ils sont occupés à évacués l’autre “versant” de l’immeuble…
Le temps passe, entre temps j’ai mis mon masque à gaz qui me sert sur mes journées “colle néoprène-peinture en bombe)… et finallement des grands boums dans ma porte… des pompiers avec leurs masques qui me disent de me mettre à quatre pattes et d’aller jusqu’à la fenêtre qui donne sur la “terrasse” (en fait le toit de l’immeuble).
Après quelques tentatives, ils cassent les vitres et on se retrouve à une dizaine sur “la terrasse”. Y’a un couple (mixte), un type en t-shirt qui grelote, un vieux qui fume (!!!) et quelques pompiers agités (je suis le seul en blouson, d’ailleurs)…
Je m’assoie sur un gros tuyau auprès d’une femme, en me disant qu’il y a un beau paysage d’ici… et que le vent est glacial. Vous saviez qu’il y a des graviers sur le toit des immeubles ?
D’autres personnes arrivent sur le toit “faites gaffe aux morceaux de verre !”
Et enfin la grande échelle où l’on ne peut descendre qu’à 2 (bof, je suis pas pressé)
(Faut que j’aille à la porte ; sinon ils vont la défoncer)
Finallement on se retrouve tous au pied de l’immeuble, je vois les petites crevettes apeurées (si vous avez suivi le nawak vous les connaissez) que l’on engouffre dans une voiture, au chaud avec des couvertures de survie sur le dos….
Le temps passe, les flics et les pompiers vont et viennent….
Le feu est maîtrisé et par morceaux les deux appart’ qui ont entièrement cramé sont vidés par la fenêtre : meubles, télé, lit… je me demande si les occupants sont dans la foule et ce qu’ils pensent en voyant toute leur petite existence passer par la fenêtre…
finallement (encore) on nous laisse remonter. J’arrive chez moi (difficilement car il n’y a plus de courant sur deux étages) trempé parce que j’ai pris une douche en passant le premier innondé par les lances, l’eau ruisselle par l’escalier…
Au dessus tout est noir…
Et mon chez moi… ça va à peu près…
Un petit peu mal à la tronche et un peu froid, mais pas plus seccoué que ça…. Plutôt serein quand je pense à tous ces gens dans la rue…
2h31… on dirait que ça se calme…
A 2 jours prêt, j’étais encore dans les Alpes… et mon appart’ aurait lui aussi été fracassé par les pompiers…
bientôt 3 heures…
, le il y a 14 années.
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