Article du Monde sur l’éducation populaire

9 sujets de 1 à 9 (sur un total de 9)
  • Auteur
    Messages
  • #101836
    XXYYZZ
      @xxyyzz

      Je te reponds vite car dans 2h l’EDF risque de couper le courant ( à nouveau en gréve );
      il est vrai que certains changements fait dans la violence n’ont pas apporter beaucoup d’amélioration. Quelquefois c’était pire. Tu as raison.
      Certains grands réformateurs qui pronnait la non violence, comme Ghandi ou Luther King, ont malheureusement été dépassé par certains qui partageaient leurs idées d’égalité.
      Pour le reste, la citation de Condorcet ne signifie pas qu’il faille faire table rase du passé ou renier ses propres racines.
      Mais simplement qu’il faille être capable d’aller voir ailleurs ce qui s’y passe et de faire ses propres choix.
      Leopold Senghor, l’un des chantres de la négritude, à déclaré qu’avoir plusieurs cultures est une richesse.
      De facon plus anecdodique Brassens a composé et chanté : “La Balade des gens qui sont nés quelque part”.
      Cela ne l’a pas empeché d’écrire : “Supplique pour être enterré sur la plage de Sète”.
      Allez bye

      #101840
      ludou
        @ludou

        tu as raison, Raymond, je vais préciser. Quand je parle de révolutionnaire, j’entends des gens qui prennent les armes et amassent des foules pour renverser un système déjà en place. Les révolutions scientifiques n’entrent pas dans cette définition.
        Il est vrai que certains changements ne peuvent se faire sans passer par une phase de révolte violente. Du moins, c’est ce que l’on voit. Mais les excès quasi-systématiques ne me satisfont pas (d’autant que d’autres dérives viennent remplacer les précédentes. Abus de pouvoir et petits chefs feront encore longtemps partie de notre joli monde).

        #101844
        XXYYZZ
          @xxyyzz

          Ludou à écrit : Pourquoi n’y a-t-il pas de grands révolutionnaires chez les vrais hommes de sciences

          Et bien oui, à leurs façons certains homme de sciences ont été des révolutionnaires;
          Gallilé a osé prétendre que la terre tournait; Ambroise Parré à refusé le dogme que le peste était un chatiment divin donc on ne pouvait rien faire contre; Pasteur a combattu la théorie de la génération spontanée; Darwin a battu en brêche la théorie sur la fixation des espéces.
          je ne vais pas les citer tous.

          #101847
          ludou
            @ludou

            XXYYZZ a écrit :
            Merci pour l’article Ronan.
            Je me permets de donner mon modeste avis.
            L’article fait référence à Condorcet, qui à mon sens, fut un précurseur dans l’education populaire.
            Il a notamment écrit :
            ”Celui qui en entrant dans la société, y porte des opinions que son éducation lui a donnée n’est plus un Homme libre ; il est l’esclave de ses maîtres, et ses chaînes sont d’autant plus difficiles à rompre, que lui-même ne les sent pas, et qu’il croit obéir à sa raison, quand il ne fait que se soumettre à celle d’un autrercolor] Propos que je partage.

            et de mon côté, je trouve que c’est n’importe quoi. L’idée est séduisante, en effet. Qui a envie d’être le pantin à la pensée pré-mâchée de ses aînés ? Sauf que de part mon vécu, je trouve que cette idée de libre-arbitre (dénaturé) engendre trop souvent une rupture (mot qu’aiment tant les révolutionnaires, et les politiques mythomanes) qui empêche les individus de se construire sur du solide. Si l’on renie d’où l’on vient et ceux qui nous ont éduqué, alors cela doit se faire par une prise de conscience, par le fait d’assumer des choix (politiques) différents, parce que l’on est convaincu par ceux-ci, et non renier par opposition systématique à ce qui nous précède. Nous couper de nos racines est l’un des plus grands maux de notre époque (qui commence donc en 1789 environ. Je suis pas royaliste ou monarchiste pour un sous, rassurez-vous). Faire table-raz du passé est la pire des choses.
            On croit facilement que l’on peut se reconstruire un monde, un fonctionnement, des idées à partir de rien. C’est plus qu’illusoire. La raison raisonnante des Lumières a été trop loin, et on en vit les conséquences au quotidien (qui a dit que l’Histoire c’était le passé ? :lol:)

            L’Homme Libre n’est pas celui qui rompt avec ses racines, mais bien celui qui comprend d’où il vient et qui choisit où il va. Pourquoi n’y a-t-il pas de grands révolutionnaires chez les vrais hommes de sciences (je parle pas des neuro-psychiatres hein!) ? Parce que ce sont des gens qui comprennent tous les enjeux, et pas seulement ceux de leur domaine (encore une fois, lire Comment je vois le monde d’Einstein, ou poussières d’étoile, patience dans l’azur de Reeves…).

            Pour en revenir à l’éducation populaire, pour ceux qui pensent qu’elle n’est pas morte, la question est de savoir si on souhaite donner la possibilité à tout-un-chacun d’accéder à la connaissance de soi et du monde et à leur donner les moyens de participer et de faire ses choix, de les assumer et de construire (et réformer quand il le faut!) nos sociétés, ou bien si l’on veut en faire des êtres coupés de leurs racines sous prétexte de l’égalité des Hommes (ne me dites pas que je vais trop loin, j’ai constaté cet état d’esprit un bon paquet de fois, et quasiment tous les jours), des êtres vierges qui pourront “exercer leur liberté” car ils ne seront plus soumis à de vielles idées de nos ancêtres…

            #101853
            XXYYZZ
              @xxyyzz

              Merci pour l’article Ronan.
              Je me permets de donner mon modeste avis.
              L’article fait référence à Condorcet, qui à mon sens, fut un précurseur dans l’education populaire.
              Il a notamment écrit :
              Celui qui en entrant dans la société, y porte des opinions que son éducation lui a donnée n’est plus un Homme libre ; il est l’esclave de ses maîtres, et ses chaînes sont d’autant plus difficiles à rompre, que lui-même ne les sent pas, et qu’il croit obéir à sa raison, quand il ne fait que se soumettre à celle d’un autre” Propos que je partage.

              Pour le reste je me contenterai de commenter quelques citations du message:

              .”Une simple instruction du peuple dispensant un savoir, aussi pertinent soit-il, ne suffira pas si elle ne s’accompagne pas, comme ce fut le cas au moment de l’élaboration des Cahiers de doléances en 1789, de la construction de nouvelles intelligences et représentations collectives du monde permettant de donner un avenir au futur

              Je dirais: le savoir ne sufit pas. L’éducation populaire doit essayer de donner les moyens à tous les citoyens, d’être capable de se forger une opinion par soi même, de savoir critiquer les dogmes, donc d’agir sur la socièté; mais la tâche est immense, surtout dans une période comme la notre.

              l’émancipation qui consiste à sortir, aussi modestement que cela soit (une prise de parole, une indignation publiquement exprimée, un premier acte de résistance…) de la place qui vous a été assignée par les conditions sociales,

              Cela est certes modeste, trop modeste aux yeux de certains, mais à mon humble avis pas négigéable.
              Les grands mouvements qui ont emmené des changements importants sont souvent partis de peu de choses.

              On comprend ainsi que l’éducation populaire est tout le contraire d’un acte pédagogique autoritaire qui va de ceux qui savent aux apprenants. Elle est un processus d’autorisation à dire et à faire ce qui était ou semblait préalablement interdit.

              Ici je modifierait lègérement la fin de la phrase en rajoutant : et à faire ce qui ne se faisait pas auparavant.
              Un exemple terre à terre et simple, mais reel.
              Au début des années 80, a été introduit dans les stages BAFA le travail et la réalisation de projet d’animation.
              Que de critique avons nous essuyé de la part des DDJS!
              Je me souviens encore de rapport d’einspection particulièrement négatif. Aujourdh’ui il est difficile de concevoir un stage sans projet.

              Confrontés aux questions sociales vives que leur posent les citoyens ainsi que ceux qui ne s’autorisent pas encore à le faire – car même les silences sont porteurs de sens –, les élus politiques et les institutions publiques seraient bien inspirés de faire une réelle place à l’éducation populaire et lui donner les moyens qu’elle mérite.

              La il faut reconnaître que nos élus sont loin du compte. Le populisme, l’assistance sont trop souvent les mamelles de nombreux élus locaux ou nationaux.
              Même des associations populaires, confrontés à des problèmes financiers de plus en plus grands, ont tendances à priviligier l’aspect entreprise à l’aspect mouvement de leurs associations.
              Je terminerai par un peu de “stratégie” .
              Je pense que nous avons à notre niveau un gros travail d’information sur les valeurs de l’éducation populaire.
              Je ne pense pas que nous seront gagnant en heurtant de front, les tenants du libéralisme et de l’éducation traditionnelle; Essayons d’être plus malins pour faire passer et pratiquer nos idées.
              Essayons de faire prendre conscience aux gens,
              -qu’ils ne sont pas obliger de croire aveuglement tout ce que disent leurs hiérarchies, y compris lorsque nous même, faisont partie de cette hierarchie,
              -que tout individu posséde des valeurs, est capable de faire des propositions.
              – que tout individu peut évoluer

              Certes c’est loin d’être facile.
              Mais un proverbe Réunionnais dit :
              Pa capab lé mor sans esséié
              Equivalent français : qui ne tente rien n’a rien

              #101977
              moilapa
                @moilapa

                Le problème de l’éducation populaire… c’est qu’elle n’a plus de sens. Elle est arrivée à sont terme (ça fait un moment d’ailleurs)

                Les “ouvriers”, les fils d’ouvriers ont eu accés au savoir, à la culture, à autre chose que le travail… et pour une partie ont réussi cette “confrontation”, ont “intégré de l’acquis à ce qu’ils sont”… Les “intellectuels” ont participé à cette formation, cet “enrichissement du peuple”. Mais les ouvriers restent ouvriers, classes dirigées et sans pouvoir, sans droit à la décision.

                Le problème, c’est que, pour reprendre une vieille expression plus à la mode, “l’ascenceur social” n’existe plus.
                Un jeune de banlieu qui a fait de “longues études”, qui a des savoirs, des savoirs-faire”, qui s’est confronté à la “culture”… restera un jeune de banlieu. Les diplômes, les connaissances, la consicence de notre monde… (notamment) permettront à certains de mieux s’en sortir que ceux qui n’ont rien… mais pour être manager au MacDo. Et non pour un métier à la hauteur de leur valeurs, de leurs compétences.

                Ce n’est qu’en étant bouffons des puissants (footbaleur, chanteuse, acteur de cinéma, star du porno pour les petites filles qui rêvaient à peine dix ans plus tôt de corde à sauter avec leurs copines…) qu’une infime minorité trouvera un semblant de voie. Et ils serviront le système : vous avez vu ? Ca marche ! Bidule de banlieu a gagné beaucoup d’argent en faisant du foot ! du “one man show” !
                Ce sont les putes de ceux qui ont réellement le pouvoir entre leurs mains (acquis non pas par leurs valeurs humaines, mais parce que “fils de”)
                Nous sommes dans une société de “fils de”. Les fils de puissants deviendront puissants. Et les autres leurs putes, leurs jouets.

                L’éducation populaire aujourd’hui nourrit le système qu’elle a prétendu combattre. Par ses actions, elle permet la survie d’un système, en posant des pansements ci et là. En servant de soupape sur la “cocotte-minute” (et s’agissant d’éducation populaire, je ne parle évidemment pas d’animation socioculuturelle qui n’est juste qu’un marché concurentiel et non un “milieu” de réflexion de transformation de la société) Je parle D’emmaüs, DAL… le système VAE (qui pour moi est éducation populaire oh combien !), les actions d’occupations de logements vides, les associations de chômeurs, les syndicats (ou plus exactement les militants syndicaux)…

                Les fils d’ouvriers, les classes dominées, dans ce système ne seront jamais la classe dirigeante. Même pas les dépositaires de leur existance. Parce que ce n’est pas juste une question d’acquis, “d’éclairements”, c’est une question de qui a le pouvoir. Et de logique humaine : ceux qui ont le pouvoir ne vont évidemment pas le laisser prendre par d’autres ! C’est juste idiot de penser autrement.
                Et ceux qui ne l’ont pas ne le prendront pas juste par la justice, la démocratie ou un système “méritocratique” ! Ca, c’est une idée absurde !!!!

                C’est encore plus vrai aujourd’hui qu’au moment où cette idée d’éducation populaire a réellement emmergé. Avec à la décharge de ceux qui y ont cru, qu’ils ne vivent pas dans notre monde aujourd’hui, qu’on pouvait encore croire transformer la société, le monde par la culture, l’enrichissement du peuple, la formation…

                L’idée “éducation populaire” est allée au bout de ce qu’elle pouvait proposer comme société alternative. Au bout des “solutions raisonnables”.

                La question de “l’éducation populaire” est dépassée.
                En tant qu’intervenants sociaux, se pose pour nous la préparation des enfants à cette violence-unique solution, à cette prise en main de leur devenir.

                Il n’y a de solution autre que dans la violence. Je n’ai pas exemple de grande transformation du “destin humain” qui se soit faite autrement que par la violence.

                Et il faudra attendre la faim pour ça.

                #101986
                ludou
                  @ludou

                  Salut, et merci Ronan,

                  j’en aurais encore appris sur l’éduc populaire! Beaucoup de choses à creuser en somme…

                  Je retiendrai quand même une phrase intéressante et assez révélatrice, mais souvent oubliée :

                  L’histoire de l’éducation populaire spontanée ou agréée par l’Etat témoigne d’un foisonnement d’expériences dans les lieux et les domaines les plus divers : loisirs, quartiers, école, médias, monde du travail, espaces ruraux, hôpitaux psychiatriques, prisons…

                  Et pourquoi ne pas faire un peu de tourisme à Ris-Orangis cette semaine 😆

                  #14059
                  ronan
                    @ronan
                    #102039
                    ronan
                      @ronan

                      Pour information, un article paru en début de mois dans le monde d’un sociologue, Christian Morel

                      Un immense besoin d’éducation populaire
                      LEMONDE.FR | 02.02.11 | 12h08 • Mis à jour le 02.02.11 | 12h08

                      Où va le monde et que peuvent les hommes ? C’est à ces deux questions que l’éducation populaire tente à sa manière de répondre. En fait ces deux questions se ramènent à une seule : comment faire pour que les hommes qui sont le produit de l’Histoire – selon les cas et les moments, bénéficiaires ou victimes – puissent individuellement et collectivement faire l’Histoire et construire leur devenir commun ? La question est d’une brulante actualité. Il y a trois bonnes raisons de la poser :

                      1- La crise économique, sociale et écologique profonde que nous traversons nous conduit à penser que le monde ne peut rester en l’état et qu’il est urgent que les hommes reprennent collectivement leur destin en main.

                      2- Nous vivons un redéploiement des inégalités tant dans notre pays que sur l’ensemble de la planète. Entre les 5 % les plus riches de la Terre et les 5 % les plus pauvres, l’écart des revenus atteint 74 pour 1, contre 3 pour 1 en 1960. Ces inégalités menacent aujourd’hui l’unité du corps social.

                      3- La démocratie délégataire connaît une grave crise de légitimité. Les milieux populaires et les jeunes ne se sentent plus représentés et les Etats, même les plus démocratiques, sont dominés par les puissances économiques et financières qui les tiennent à leurs bottes.

                      Les hommes, notamment ceux qui subissent les événements, ont un urgent besoin de s’exprimer, de mettre des mots sur ce qu’ils vivent, d’apprendre à voir, de comprendre, de s’engager en sachant mieux l’Histoire qu’ils font. “Substituer enfin l’ambition d’éclairer les hommes à celle de les dominer”, disait déjà Condorcet dans son Projet d’instruction publique de 1792. “Avoir la science de son malheur”, dira cent ans plus tard Fernand Pelloutier, l’initiateur des Bourses du travail.

                      Une simple instruction du peuple dispensant un savoir, aussi pertinent soit-il, ne suffira pas si elle ne s’accompagne pas, comme ce fut le cas au moment de l’élaboration des Cahiers de doléances en 1789, de la construction de nouvelles intelligences et représentations collectives du monde permettant de donner un avenir au futur. L’éducation populaire peut et doit contribuer à ce processus nécessaire et ambitieux en œuvrant dans trois directions complémentaires et convergentes : l’émancipation qui consiste à sortir, aussi modestement que cela soit (une prise de parole, une indignation publiquement exprimée, un premier acte de résistance…) de la place qui vous a été assignée par les conditions sociales, les appartenances culturelles, le genre ou les handicaps de toutes sortes ; l’augmentation de la puissance d’agir permettant aux individus de reprendre leur destin en main ; l’engagement dans les transformations des rapports sociaux et politiques jugées pertinentes et que les situations imposent.

                      On comprend ainsi que l’éducation populaire est tout le contraire d’un acte pédagogique autoritaire qui va de ceux qui savent aux apprenants. Elle est un processus d’autorisation à dire et à faire ce qui était ou semblait préalablement interdit. Comment procède-t-elle ? L’histoire de l’éducation populaire spontanée ou agréée par l’Etat témoigne d’un foisonnement d’expériences dans les lieux et les domaines les plus divers : loisirs, quartiers, école, médias, monde du travail, espaces ruraux, hôpitaux psychiatriques, prisons… On peut cependant identifier quelques principes et processus qui éclairent, guident et sous-tendent les procédures et procédés pédagogiques :

                      – Le “voir, comprendre, agir” qui pendant longtemps servit de guide aux mouvements sociaux, de jeunesse et d’éducation populaires de toutes obédiences (républicaines, chrétiennes, socialistes, communistes, anarcho-syndicalistes…). Le “comprendre” n’est pas premier comme c’est le cas dans l’instruction. Il s’appuie sur l’observation à partir du point de vue où l’on se trouve et est orienté vers l’action, en situation.

                      – Le processus “paroles, savoirs, œuvre, pouvoir, émancipation” expérimenté et formalisé par Pierre Roche, sociologue au Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq), où l’on voit que, de part en part, la culture est au travail, ouvre à la création (sociale, artistique, intellectuelle…), génère des savoirs “inouïs”, chacun pouvant alors devenir “œuvrier” comme le dit si joliment Bernard Lubat. La mise en jeu qui a son origine dans la parole, même la plus modeste, devient “mise en je” comme le montre l’expérience accompagnée par Armand Gatti dans le quartier de la Croix des oiseaux à Avignon au début des années 1990 et qui conduit quinze jeunes en situation d’exclusion à la création de Ces empereurs aux ombrelles trouées jouée dans le cadre du festival.

                      – Partir de ce qui affecte et indigne les gens (voir les expériences de l’Université populaire – Laboratoire social de la Maison des jeunes et de la culture (MJC) de Ris-Orangis) et ainsi privilégier l’approche ascendante et transversale de la construction des savoirs à l’inculcation descendante qui est encore souvent celle de l’instruction et de l’éducation du peuple.

                      – Redonner un statut pédagogique et politique au conflit dans une société qui le refoule (voir Benasayag et Del Rey, Eloge du conflit) et lui préfère la violence ou les faux consensus. L’éducation populaire doit au contraire s’évertuer à réveiller les contradictions, à les mettre en mots et en travail de transformation visant à les dépasser, à traduire les rapports de violence réelle ou potentielle en rapports de sens.

                      L’APPROFONDISSEMENT DE LA DÉMOCRATIE

                      Ainsi conçue, l’éducation populaire devient une “opération culturelle”, dit Michel De Certeau dans La culture au pluriel, qui “perturbe les constellations sociales en place”. Il est à remarquer que tous les actes et mouvements sociaux et politiques de transformation qu’ils soient réformistes ou révolutionnaires, les plus modestes comme les plus spectaculaires, sont traversés et travaillés par des processus d’éducation populaire contribuant à accoucher d’une nouvelle conscience collective. “Maintenant, Avignon est enceinte de sa banlieue”, dit Paul Blanc, le directeur de la MJC, au moment de l’opération conduite par Armand Gatti. La révolution tunisienne actuelle témoigne, à sa manière, que malgré les contraintes du pouvoir, la population, et tout particulièrement les jeunes, ont su mettre les nouvelles technologies de l’information et de la communication au service d’une compréhension porteuse d’émancipation, de capacité à agir ensemble et de transformation démocratique.

                      Confrontés aux questions sociales vives que leur posent les citoyens ainsi que ceux qui ne s’autorisent pas encore à le faire – car même les silences sont porteurs de sens –, les élus politiques et les institutions publiques seraient bien inspirés de faire une réelle place à l’éducation populaire et lui donner les moyens qu’elle mérite. “Nous avons un vrai combat à conduire vers l’électorat populaire”, dit par exemple Ségolène Royal dans Le Monde daté 9 janvier. A quoi elle ajoute : “J’oppose au simplisme des replis identitaires, source de violence, la volonté de reconstruire une communauté nationale de travail, de dialogue et de création”. Ce projet louable, dont il serait prétentieux de programmer d’en haut le déroulement et l’aboutissement, ne saurait prendre corps sans une reconnaissance et un engagement d’une éducation populaire traversant et travaillant le corps social. Il en va de l’avenir et de l’approfondissement de la démocratie.

                      Edgar Morin plaidant pour “une nouvelle inventivité politique” dans Le Monde daté 9 novembre se réfère à un proverbe turc : “Les nuits sont enceintes et nul ne connaît le jour qui naîtra”. Nous parions que si l’on veut faire advenir le jour, les nuits devront être éclairées par un travail culturel d’éducation populaire car “les têtes” ne pourront magiquement “surgir dans les désastres planétaires pour le salut de l’humanité”. En effet, la situation, du local au global, est telle que, pour faire naître d’autres intelligences au service d’un nouveau projet de société, l’organisation d’états généraux de la transformation sociale et politique peut et doit être mise à l’ordre du jour. L’éducation populaire devra y prendre toute sa place. Qui prendra l’initiative de les convoquer ?

                      Christian Maurel a publié Education populaire et puissance d’agir. Les processus culturels de l’émancipation. (L’Harmattan, 2010).
                      Christian Maurel, sociologue, cofondateur du collectif national Education populaire et transformation sociale

                    9 sujets de 1 à 9 (sur un total de 9)
                    • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.
                    0
                    0
                    color
                    https://archive.planetanim.fr/wp-content/themes/blake/
                    https://archive.planetanim.fr/
                    #febf42
                    style1
                    paged
                    Chargement en cours
                    #
                    on
                    none
                    loading
                    #
                    Trier la galerie
                    https://archive.planetanim.fr/wp-content/themes/blake/
                    on
                    yes
                    yes
                    off
                    off
                    off