[Article] Évaluer pour évoluer, une nécessité ?

5 sujets de 1 à 5 (sur un total de 5)
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    Messages
  • #41386
    ludou
      @ludou
      #42541
      ludou
        @ludou

        pas sûr d’avoir le temps de répondre tout de suite… ça demande de se replonger vraiment dans tous ces auteurs (et Shaaa m’a déjà pas mal écartelé les neurones… :-().

        Mais merci pour ces retours enrichissants !

        #42562
        Lapin
          @lapin-2

          Suite de la discussion privée…

          Salut ludou (et les autres),

          ludou a écrit :

          Lapin a écrit :
          Autre point (de détail) : lorsque tu écris “le contrôle représente plus de 50% de l’activité des administrations” il s’agît du contrôle au sens de Michel Foucault (sens large) et non du contrôle tel que présenté dans ton article (sens réduit).

          on peut y voir une convergence sémantique, Lapin (et ça me plaît d’y voir les influences nietzschéennes jusque dans le contrôle foucaldien :-D). Toutefois, je ne pense pas m’être trompé en parlant bel et bien du contrôle au sens réduit (la conformité aux normes et aux objectifs). Est-ce qu’on se comprend bien ?

          Oui, je pense te comprendre. La définition que tu formules, à savoir le contrôle comme conformité aux normes et aux objectifs, me semble précise et exacte. Elle recouvre le sens courant défini par Le Robert (1985, tome 2, p. 895, alinéa I-3) : “Vérification (d’actes, de droits, de documents). ➙ Inspection, pointage, vérification.” Je viens de comprendre : c’est moi qui ai fait un contre-sens. Ce contrôle représente bien “plus de 50% de l’activité des administrations” (c’est mon sentiment). J’ai lu trop vite “administration” (au singulier, qui comprend pour moi également l’enseignement, la santé, la justice…) alors que tu réfères, avec “des administrations” (au pluriel), au travail “de bureau” de planification, d’organisation et de gestion. Donc ok.

          C’est curieux que tu mentionnes Nietzsche, car il fait partie – je crois – de ces philosophes pour qui la connaissance, la science, ne peuvent pas être pensées dans l’opposition classique entre théorie et action (comme je le disais lors de la discussion sur nos valeurs), dans l’opposition entre science et religion, entre raison et croyance, entre apparence et essence ou encore entre expérience et vérité. Nietzsche propose dans Le Gai Savoir de dépasser cette façon de penser qui englobe les phénomènes dans un ensemble plus large (le ou les cas particuliers sont embrassés par le concept). Or, le “penchant michmuchien” s’inscrit bien dans cette métaphysique très dualiste.
          Nietzsche est proche de Marx (je crois) en ce qu’il expose le problème de la connaissance tel que je le formulais rapidement à l’attention de Solleana sur Critique des présupposés de la pédagogie nouvelle ou active (Lapin post #73), mais solleana n’est pas très branché philo j’ai l’impression.

          Sinon, il y’a deux sens à “contrôle” comme je le disais. C’est évident dans les dicos Robert. Les définitions du Robert (1985, tome 2, p. 895) ou du Dictionnaire culturel en langue française (2005, tome 2, p. 1838) sont construites de la même façon autour de deux sens, I et II.
          Sens I
          1. Vérification (d’actes, de droits, de documents). ➙ Inspection, pointage, vérification.
          a. Vérification quantitative ou formelle (c’est le sens que tu emploies, que j’appelle “sens réduit”)
          b. Vérification de nature intellectuelle (ex : contrôle en classe à l’école)
          c. Examen pour surveiller ou vérifier, sur le plan éthique, politique ou légal (censure, contrôle de légalité)
          d. Fait de surveiller le bon fonctionnement (d’un appareil)
          2. Par métonymie. Bureau, lieu où se fait un contrôle; corps des contrôleurs (ex : passage des cyclistes au point de contrôle).
          3. Registre double qu’on tenait pour la vérification d’un autre. État nominatif des personnes (qui appartiennent à un corps).
          4. Marque du poinçon de l’État apposé sur les bijoux et ouvrages d’orfèvrerie.

          Sens II, issu de l’anglais control (direction, commande, conduite, maîtrise).
          1. (anglais : self-control). Fait de se maîtriser. Le contrôle de soi. ➙ Maîtrise.
          2. Fait de dominer, de maîtriser. ➙ Maîtrise (ex : Le conducteur a perdu le contrôle de son véhicule.)
          3. (anglais : birth-control). Contrôle des naissances (1933) : libre choix d’avoir ou non des enfants grâce aux méthodes contraceptives. ➙ contraception, planning (familial).
          4. Biochimie : régulation de l’activité ou de la synthèse d’une enzyme.

          (Ces définitions proviennent du dictionnaire culturel mais tu trouveras sensiblement la même chose dans le Robert et peut-être également dans un Petit Robert).

          Le “contrôle au sens de Michel Foucault (sens large)” correspond à cet ensemble sens I et sens II. C’est contrôle au sens de “pouvoir de normalisation”. Ce pouvoir correspond au basculement historique de la loi (extérieure à l’individu, essence répressive) à la norme (intérieur à l’individu, essence incitative). Le contrôle ne n’exerce plus par l’appareil d’État, mais par de multiples structures, bien sûr (à l’école, au travail, à l’hôpital…), mais aussi par les discours et les individus, sous une forme d’autocontrôle permanent dont la forme architecturale des prisons (type “panoptique”) est la métaphore. “Au total constituer une prison-machine avec une cellule de visibilité où le détenu se trouvera pris comme « dans la maison de verre de philosophe grec » et un point central d’où un regard permanent puisse contrôler à la fois les prisonniers et le personnel. Autour de ces deux exigences, plusieurs variations possibles : le Panoptique benthamien sous sa forme stricte, ou le demi-cercle, ou le plan en croix, ou la disposition en étoile ” (M. Foucault, Surveiller et punir, Gallimard 1975, p. 290). Schéma qui est destiné “à se diffuser dans le corps social ; il a pour vocation d’y devenir une fonction généralisée.” (ibid. p. 242).

          Ce qui m’embête, c’est qu’on peut lire à travers l’article qu’il y a un choix à faire entre deux méthodes qui ont toutes les deux valeur scientifique : la démarche déductive et la démarche inductive. Or ce n’est pas tout à fait le propos 🙄 Peux-tu me dire ce que tu en penses ?

          On comprend bien à la lecture de ton article brillant, très bien rédigé, ouvert et stimulant, que l’évaluation normative dans le travail éducatif ou social ne tient pas la route. Ta comparaison avec l’astrophysicien est bien trouvée.
          La distinction entre évaluation-contrôle et analyse, entre normatif et constructif, n’est pas similaire à la distinction entre démarche déductive démarche inductive, je crois. Car les démarches déductive ou inductive sont des méthodes de connaissance scientifique. Ce sont des raisonnements, des cheminements. Or, l’évaluation-contrôle n’a rien d’un raisonnement.

          #17650
          Lapin
            @lapin-2
            #42568
            Lapin
              @lapin-2

              Bonjour à toutes et à tous,

              vous pouvez réagir et discuter ici de l’article :

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