N’empêche que ça peut être décevant l’animation/la formation, faut pas se leurrer non plus, mais c’est comme “l’aventure des groupes humains” en fait. On se retrouve là autour d’un “projet”, et déjà des questions se posent, je conseille les vidéos de Franck Lepage (que je ne prends personnellement pas pour un gourou, il ne s’agit pas de boire ses paroles et d’ailleurs je ne pense pas que c’est ce qu’il voulait de base même si c’est en partie grâce à ça qu’il a un public).
Mais même quand la notion de “projet” ne fait pas problème (comme chez Franck Lepage) il faut bien se rendre compte qu’elle ne fait pas sens pour tout le monde, et qu’à la limite il y en a régulièrement qui estiment que c’est de la branlette “un projet”. On leur donne “un projet” et ils se disent que de toutes façons il suffira d’être un clown qui sait s’arrêter comme si ça allait suffire par magie. Donc disons que le projet sert un peu quand même à savoir pourquoi on est là à faire de l’animation/de la formation, et dans quel trip on veut que ça se déroule.
Quant au déroulement justement parlons-en : même avec les meilleures bonnes intentions responsables-sympas-funkys-lols du monde, ça peut chier. Surtout quand on croit se connaître au début, justement à cause de notre fifolie “responsable-sympa-funky-lol”, quand on a cru un peu trop vite qu’elle nous dispensait de réfléchir au projet (on l’a dit), mais aussi à l’équipe, aux coéquipiers en particulier, et évidemment aux petits groupes qui se présentent (sans lesquels on ne servirait à rien il faut le dire) sans parler des petites personnes qui le composent (peut-être petites en taille et en expérience, mais pas en Dignité ni en Fraternité – j’ai pas dit copinages hein, et surtout pas chouchouteries).
Faut assurer un suivi, d’une manière ou d’une autre, avec tout ce monde, c’est-à-dire des régies et des bilans, sinon ça peut crever. Combien d’ambiances dans les maisons de quartier, pourries parce qu’on est rongé par le pessimisme du manque de moyens ? etc. Et de manière générale de toutes façons j’ai constaté que celui qui arrêtait de faire retour à/sur soi pouvait aller se faire voir ailleurs que dans l’animation/la formation. Seulement voilà : il ne suffit pas de le dire, genre accuser autrui de “le faire plus et mieux nous-mêmes” comme j’ai déjà vu des reproches, c’est même le meilleur moyen de pourrir l’ambiance.
Seulement il ne faut pas non plus tout vivre sur le mode du reproche non plus : pendant les régies et les bilans en question, il faut bien critiquer. Souvent on se retrouve en chiens de faïence dans ces moments, littéralement comme des cons très concons d’avoir peur de pourrir l’ambiance. Surtout au début ce qui est compréhensible, mais à un moment donné faut aussi accepter de faire confiance. Imaginez sans confiance : c’est soit une sorte de mascarade “responsable-sympa-funky-lol” (encore le moins pire), soit le pourrissement dans les entre-soi et les à-part-soi (qui ne sont pas toujours trop dégueulasses à regarder, quand on est extérieur au petit monde animatif/formatif en question, si chacun continue à réaliser à peu près correctement sa tâche, seulement c’est là que tout peut déraper de façon incontrôlable en dehors, et là je vous dis pas les organisateurs comment ils le vivent et vous le feront vivre).
Voilà voilà, donc inutile de frimer avec une occasion où tout se serait passé soi-disant “comme sur des roulettes” non plus, même si ça fait plaisir quand même.
Sinon sur l’animation qui tourne mal, personnellement je conseille la lecture de Philippe Muray, l’Empire du Bien et Après l’Histoire, et plus généralement ses Exorcismes spirituels, parce que c’est du lourd critique sur notre société en général, avec un petit côté Franck Lepage d’ailleurs, mais en littéraire. Notamment, la question de l’animation s’en prend plein la figure, à l’heure où règne les animateurs commerciaux, animateurs-managers, animateurs de vente, animateurs d’équipes de vente, animateurs-présentateurs et animateurs-télé évidemment : tout se passe comme si “l’animation” prétendait être la clef pour exalter/sauver/libérer les énergies.
Au contraire, c’est plutôt une vaste propagande genre stalinienne, y compris dans l’animation socio-éducative. Et le pire, c’est que ça joue sur des enfants (protection des mineurs). Donc bon.