Déconstruction de la notion de “Projet”

  • Ce sujet contient 510 réponses, 35 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Simon, le il y a 9 années et 3 mois.
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  • #79315
    moilapa
      @moilapa

      Et s’agissant de ces “petits” (mater’, 6, 7 ans) :

      c’est la tranche d’âge pour laquelle les animateurs n’avaient pas besoin d’organiser quoi que ce soit :
      “tout leur était bon, tout était suggestif, leur esprit constamment en éveil allait d’idée en idée (…)

      Je ne répèterais jamais assez combien à mon avis les animateurs pour ces enfants peuvent être nuisibles, le pire de l’animation…

      Plutôt que des enfilages de bêtises sur les Bafa, ce type de lectures devraient être ce qui se propose sur ces temps de formation.
      Gilles Brougère quand on aborde ce qui devrait être le point central de tout Bafa : le jeu.
      pas de Bafa préparant au claé sans Delalande, des propositions de lectures, mais aussi des lectures, des discussions autour d’expérience comme ce “Terrains d’aventure et enfants des cités nouvelles de Dominique D’allaines-Margot ….

      ”Le plus souvent, en arrivant sur le terrain l’enfant n’a pas de but précis, pas de projet”.
      Il devrait en aller de même pour l’animateur…

      ”Les petits n’avaient donc pas besoin de l’adulte pour le jeu; Cependant, nous étions nécessaires, et n’avions guère de répit, étant donné leur rythme de vie : leur esprit est constamment en éveil, sans repos, passe d’une chose à une autre (…) Mais les petits ne savent pas vivre en groupe.”

      Face au refus des animateurs “d’arbitrer les querelles” et à leur volonté “d’encourager les enfants à régler eux-mêmes leurs problèmes”, les enfants (ce groupe de petits) ont très mal acceptés ce refus des adultes de “tenir leur rôle d’adulte”.

      Et je suis plutôt de l’avis des enfants ici… Ceux-ci son trop petits, de mon point de vue, pour vivre le terrain d’aventure telle qu’il a été imaginé en france. Cela me semble impossible.

      Si j’en reviens au parallèle avec ce que je mets en place de très proches sur les villages vacances et campings, j’impose que les enfants ne moins de 6 ans ne puissent venir (venir seuls, parce que je fais tout pour qu’ils soient présents avec l’un de leurs parents) .
      Par contre, je ne rejette pas l’enfant qui va venir seul parceque LUI l’a décidé : cela se voit de suite : celui-ci, quand je vais faire mine de ne pas vouloir lui laisser de place, l’ignorer, va s’imposer : si il n’arrive pas à rentrer dans l’activité (le groupe) par l’adulte-animateur, il va essayer avec les enfants : et je me retrouve souvent alors avec une “révolte” des personnes du groupe vivant qui me dient en gros “que je suis méchant”. Et qui eux adopte la petite bestiole collante.

      Ces enfants de moins de six ans qui décident de faire partie du groupe, ce sont toujours parmi les plus enrichissants de ce que l’on vit dans ces temps.
      Et quand ces groupes déjà hétérogènes se retrouvent le soir pour aller sans adulte à la cabane où dieu sait où, bien souvent il passe “chez le petit ou la petite” pour réclamer leur copain à des parents héberlués que leur petite chose ait une vie sociale, une place dans un groupe avec des enfants (garçons et filles) dont certains ont six ans et d’autres certainement plus prêt de 12 ans…

      Je suis d’ailleurs aussi étonné par ce que dans les terrains d’aventure, les différentes tranches d’âges ne se mélangeaient pas : parce que c’est l’une des principales caractéristiques de mes “expéreinces” en campings (j’explique ça sur un autre post)

      #79319
      moilapa
        @moilapa

        Voilà comment elle décrit à sa façon ces OVNI de l’animation sociocul :

        Pourquoi vouloir absolument classifier, organiser ? Le terrain d’aventure est un lieu de hazard, d’inconnu, de non achevé (…)
        Il faut lui permettre d’évoluer en zig-zag, selon son propre cheminement, ne pas le fixer dans des rails administratifs (…) Il faut un animateur ? Surtout qu’il ne soit pas obligé de posséder tel diplôme; un animateur professionel, mais aussi un artisan, un bricoleur, un voyageur, peuvent faire vivre un terrain d’avneture. Ici plus qu’ailleurs ce n’est pas le diplôme qui importe, mais la façon dont on sent vivre les enfants, et dont on est avec eux (…)

        avec une écriture parfois qui tend à la poésie :
        ”Les petits s’abattaient sur le terrain d’aventure comme le ferait un vol d’étourneaux”.

        Pour en revenir sur la sécurité, encore, parce que ce type d’installation évidemment pose des questions : pas d’accident non plus sur ce terrain d’aventure. Et pourtant, marteaux, scies, hachettes, clous, constructions de cabanes, de bateaux…

        l’auteur se réfère à une étude anglaise qui démontrait qu’il y avait moins d’accident en terrain d’aventure que sur les plaines de jeux aménagées (toboggans..)
        D’après elle, les compagnies d’assurance font des contrats moins chers à ces terrains qu’aux équipements de loisirs classiques.

        ”Voilà paradoxale : l’endroit où l’enfant est le moins surveillé, il a à sa disposition du matériel dangereux, serait donc le plus sûr ? ”

        “Sur un terrain d’aventure, l’enfant est seul juge de l’instrument qu’il choisit et de la manière dont il l’utilise”.

        C’est quelque chose que j’ai expérimenté bien des fois, en regardant des bouts de choux dipsaraître dans la forêt avec des scies et autres marteaux, sans adulte… avec parfois une petite appréhension dans cette confiance faite aux enfants… J’ai beau savoir que ces interdits sont avant tout une expression de ce désir de possession du corps de l’enfant, de ce contrôle maladif qui ronge aujourd’hui tout ce qui touche à l’enfant, et lui nuit, j’ai du mal à échapper à ces croyances que l’on a enfouie en moi. Et je sais que je suis incapable d’aller aussi loin que ces animateurs dans la confiance je suis capable “d’accorder” à ces enfants…

        ”Or quand on permet à l’enfant de s’approprier son propre corps, on se rend compte qu’il est parfaitement capable d’assumer cette responsabilité et de décider au mieux de lui-même. Dans cette découverte réside peut être la subversion du terrain d’aventure. ”
        (et les germes sans doute déjà de sa disparition à venir)

        A noter vis à vis de tous ces outils : selon l’auteur, l’avidité avec laquelle les enfants (et notamment les plus petits) se plongent dans leur maniement, avec une détermination incroayble, c’est parce que ce sont des objets qui ne leur sont pas destinés, comme peuvent l’être des jouets.

        #79325
        moilapa
          @moilapa

          Le terrain lui-même : 3 hectares inconstructibles.
          quand l’auteur arrive sur place, le terrain d’aventure a déjà une courte existance mouvementée, mais il s’agissait plus d’une garderie qu’un réel terrain d’aventure (pour rappel : liberté des enfants, non directivité…)

          Il y avait eu en france, à la srtie de la guerre, une expérience de ces terrains. Mais en ces années 70, personne ne pouvait dire ce qu’était un terrain d’aventure, quand dans d’autres pays c’était une longue histoire.
          “Pour la première fois en France” clamait les brochures publicitaires distribuées au nouveaux habitants du “village-ville”.

          D’où le mécontentement d’ailleurs des parents qui voyaient leurs enfants rentrer couverts de boue, disant qu’ils avaient fait du feu… Personne n’avait expliqué” aux parents ce qu’était un terrain d’aventure !
          Leurs références s’agissant d’encadrement étant les scouts, les centres aérés ou les patronages, l’école, les clubs sportifs, MJC.
          Rien donc où la liberté de l’enfant soir une réalité.

          ces parents qui en partant au travail le matin, fermaient à clef derrière eux, de peur que les enfants puissent y entrer dans la journée… toute une époque…

          Cette aventure a visiblement était un temps très fort dans la vie de cette animatrice. Ses découragements successifs face à la violence des enfants,… et les puis les autres, comme ce jour où elle se rend compte que le local des animateurs a été attaqué à coup de boules de terre bien collantes… et qu’elle décide de bombarder avec les enfants le local, à n’en plus pouvoir, à continuer la bagarre a qui serait le plus néconnaissable sous la boue… Et toutes constructions incroaybles des enfants, toutes ces cabanes et “choses” improbables, toute cette énergie, cette vie en marche, cette parenthèse…

          Le terrain d’aventure, dés son début, a été confondu avec une garderie (qui existait aussi au même endroit)
          Donc 2 animateurs sur les mêmes lieux, des mômes qui inévitablement se mélangent… Comment dire à un enfant “sur la garderie” que lui n’a pas droit d’aller courir en toute liberté avec les autres…
          Finallement, les deux animateurs firent le choix de bosser ensemble, bien conscients que vis à vis des parents persuadés d’avoir laissé leur enfant à une garderie, il y avait énorme méprise. D’où les premiers problèmes. avec les voisins, les parents… etl’organisme HLM, la société gérante des lieux, qui avait déclaré le terrain comme “clsh” !!!! Ce qui ne veut juste rien dire : il n’y a rien de commun à ces deux idéologies, ces deux façons opposées de penser l’enfant !!!
          J’aurais aimé voir la gueule de l’inspecteur de JetS venu un jour sur le terrain et repartir fort mécontent ! Quelle choque il a dû avoir !!!

          Alors qu’il s’agissait de la première vraie expérience de terrain d’aventure en france, et le tout début de celui-ci, l’auteur sent d”jà arriver la fin de cette expérience, de cette idéologie, ce qu’elle en a elle d’impossible à accepter pour une société…
          ”Il n’y a guère, je le crains, que les enfants pour réclamer le maintient de leur propre liberté; Et il est rare que l’on tienne compte de l’avis des enfants pour construire leur existence”.

          #79327
          moilapa
            @moilapa

            Ce qui a d’effrayant, ce n’est pas ce que cette société a de fasciste (les fichiers d’empreintes ADN, les caméras de surveillance partout, la localisation de toute personne à tout moment par son téléphone portable, un gouvernement sensé représenté le peuple qui utilise la police du peuple pour écouter les journalistes et s’en prendre à leurs sources…) c’est l’acceptation : on finie par tout accepter : saloperie après saloperie; il y a aujourd’hui tellement de sources d’informations, que l’on ne se rappelle même plus du scandale de la veille, parce que l’on est abreuver des saloperies du jour…
            Comment pourrait-on demander à des animateurs qui sont dans l’incapacité de décrypter la violence dont ils sont eux-même les victimes, à travers par exemple leur si peu de recul à leur rapport au phénomène de la télé-réalité, et leur demander de discerner toute la violence qu’ils mettent en place autour des enfants, dont ils sont les premiers bourreaux ?

            Sinon, sur cette expérience terrains d’aventure qui éclaire d’une façon terrible l’animation sociocul d’aujourd’hui :

            Dans ce livre, l’auteur raconte la vie d’un terrain d’aventure sur la commune agricole (agricole au moment de l’expérience !) de Bouffemont, à 15 km de Paris, et pas loin non plus de Cergy-Pontoise (dont à l’époque on allait commencer les travaux)

            C’était encore un espace “semi-rurale” . Un village coupé en deux : d’un côté le village traditionnel, agricole, de l’autre les nouveaux habitants, citadins tournés vers paris et son mode de vie.
            2600 habitants au village et 1900 à la cité. Avec des antagonismes de part et d’autre.
            Et dans la cité même, une autre coupure très nette entre les ba^timents (ouvriers et locataires) et les pavillons (techniciens, cadres moyens, propriétaires)

            ”Deux communautés parfaitement distinctes qui se détestent cordialement.”
            “(…) un enfant des bâtiments surpris à jouer sur les toboggans des pavillons est aussitôt chassé.”

            Avant d’être un témoignage sur cette expérience d’un terrain d’aventure, c’est une plongée dans la vie de ces “villages en mutation”, qui allaient devenir “la banlieu”.

            Les mercredis, les enfants sont entre eux, il n’y a pas d’équipement genre “centre de loisirs”, maisons de jeunes…
            dans une “cité nouvelle” qui n’a pas 4 ans (je ne parle pas du village bien évidemment) Déjà à l’époque, (1974) l’auteur relève le gouffre qu’il existe entre les conceptions architecturales et la rélaité de la vie. Comme le fait l’un des auteurs cité plus haut. Le désarroi notamment des enfants pourtant pris en compte dans “les données de programmation”.
            “Ces lieux ne peuvent susciter des communautés chaleureuses et vivantes, car ils sont d’une pauvreté absolue de ressources. aucun échange n’est nécessité par la vie elle-même. personne n’a besoin de l’autre.”

            #79499
            crevette76
            Administrateur
              @crevette76

              moilapa a écrit :
              ”Peut être faudrait-il mettre un terme à cette suprotection qui étouffe les enfants et qui pourrait paradoxalement bien être à l’origine de ces pratiques dangereuses.”

              Pour ma part, je n’aurais pas utiliser le conditionnel….

              Ben oui, sauf que la société actuelle n’a rien à y gagner.
              Pourquoi les enfants échapperaient à la politique marketing globale de la peur alors que les adultes sont en plein dedans ?
              5 fruits et légumes frais pour ne pas finir obèse
              patch nicotine pour arrêter de fumer et ne pas chopper un cancer
              détecteur anti fumée pour ne pas finir défiguré par une brulure au 4ème degré
              nouveau look pour ne pas faillir sa vie personnelle et/ou professionnelle
              gps pour ne pas se perdre
              cardiofréquencemètre pour augmenter son espérance de vie et éviter l’arrêt cardiaque prématuré
              téléphone portable pour ne pas se retrouver isolé

              tout est basé sur la peur, et tout mène à la consommation ; l’enfant en tant que futur consommateur est forcément au coeur de la cible, non ?

              #79500
              moilapa
                @moilapa

                Toujours dans les lectures en parallèle sur cette expérience des “terrains d’aventure” qui entre autres, foutent un bon coup de pied au cul à ces idées de “projet” façon animation sociocul :

                “Terrains d’aventure et enfants des cités nouvelles , aperçu d’une expérience
                de Dominique D’allaines-Margot (1975)

                qui tient plus du récit engagé que du travail en sociologie… Ca se lit d’ailleurs comme un roman…

                Quand on relie les idées qui ont amenées le développement de ce type d’accueil enfants, on se rend compte que l’une des données principales n’a plus vraiment de sens aujourd’hui : à la question d’hier “que faire des enfants sortis de l’école à 16h30 et qui vaquent par les rues des villes nouvelles”, aujourd’hui on a répondu en créant des prisons pour mineurs… Aujourd’hui, des enfants dans la rue, c’est forcément “familles absentes” et je-m’en-foutistes”. Et surprreison des “allocs”.
                Et surtout : quelle famille “respectacle” pourrait imaginer ses enfants librement aller par les rues ? Dans une ville qui, encore moins qu’hier, n’a jamais été pensé pour les enfants : aujourd’hui, un enfant qui se proménerait juste seul dans la rue, aurait de grande chance de finir à la police, sur dénonciation d’un bon citoyen. C’est vrai que ça ferait tâche, sale presque.

                Il est aujourd’hui inimaginable que des enfants soient aujourd’hui une partie de la journée livrée à eux-mêmes.

                ce soucis d’hier, celui de la négation de l’enfant dans la ville, ne se pose plus aujourd’hui. Non pas que l’enfant ait sa place aujourd’hui dans la cité ; on a juste fait disparaître les enfants : en créant des guettos : centres de loisirs les mecredis, acceuils dans les écoles après la classe…

                L’auteur, en observant ces années 70, est frappé à la vue du film des années 40 “le cerf-volant du bout du monde” par la liberté à laquelle ces enfants pouvaient se frotter : gambadant et jouant dans les rues de Montmartre…

                Combien l’auteur aurait été alors frappé par l’autre gouffre qu’il existe entre “son époque” qu’il décrie et la réalité d’aujourd’hui : où il est juste impensable (sans doute à raison) d’imaginer des enfants de 6 ou 8 ans jouer dans les rues de Paris… tant l’enfant n’y a plus sa place.
                On peut voir les photos de Doisneau sur une autre époque qui, même si il s’agit de mises en scène, en disent long sur ces époques révolues et sur la prétendue prise en compte actuelle de l’enfance. Toutes ces personnes qui ont a la bouche ce fameux “autonomie de l’enfant” et dont toute la réflexion s’agissant des enfants tourne en réalité autour de l’idée de contrôle des enfants : cf : tout ce qui se fait partout en animation.

                #79505
                moilapa
                  @moilapa

                  Sur l’un des aspects de ces terrains d’aventure : celui de la dangerosité.

                  journal de l’animation n)125 de ce mois de janvier 2012 :
                  Dans un dossier sur les jeux morbides (le foulard…)

                  ”Peut être faudrait-il mettre un terme à cette suprotection qui étouffe les enfants et qui pourrait paradoxalement bien être à l’origine de ces pratiques dangereuses.”

                  Pour ma part, je n’aurais pas utiliser le conditionnel….

                  ”Ainsi, en aménageant les airs de jeux avec un revêtement spécial anti-choc, on évite certes bien des bleus et des bosses. Mais on ne permet plus non plus à l’enfant de mesurer le danger inhérent à toute action humaine.”

                  Pour rappel s’agissant de surprotection : l’étude de la sécurité routière sur le carnage parmi les enfants arrivés au collège, que leurs parents ont tellement bien protégés du temps du primaire, qu’ils deviennent dans cette société délirante, une nouvelle version d’un sacrifice rituel.

                  Qui a dit que le sacré n’existait plus ? (si vous avez regardé la télé hier, très tard)

                  #80405
                  moilapa
                    @moilapa

                    Et pour ma part, je ne fais pas ” l’apologie des terrains de jeux urbains.”

                    Déjà : “terrains de jeu urbains”, on pourrait penser aux équipements et jeux d’enfants que l’on retrouve dans les squares. Ce qui est à l’exact opposé de ce que furent les terrains d’aventure. (comme expliqué dans ce post)

                    Et je ne fais pas l’apologie des terrains d’aventure : en découvrant cette partie de l’histoire de l’animation sociocul dont j’ignorais tout, j’ai été étonné que par bien des aspects ces terrains rejoignaient “l’idéologie-organisation” que je mets en place.

                    Par contre, il y a des aspects de cette “expérience” que je trouve “à l’ouest” : comme par exemple cette “idôlatrie d’une “enfance naturelle”.
                    Et d’autres aspects dans lesquels je ne reconnais pas mes expériences : notamment la nécessité pour ces animateurs au bout d’un certain temps de finallement proposer des animations.
                    Ma situation est inverse, puisque la façon de penser l’animation était différente : je pars d’animations proposées, mises en place par l’adulte-animateur, pour tendre vers une situation de facilitation de l’entre-enfants. Dans un cadre institutionnel que je trouve agressif (voir cherchant à s’y opposer) pour cet entre enfants.
                    alors eux que partaient d’une situation “entre-enfants” pour en venir à une situation “animation”.

                    De plus, je ne travaille pas sur la même échelle de temps : mes actions sont ponctuelles : par exemple le temps du périscolaire, et le temps où je suis sur place…
                    et pas avec le même environnement.

                    Je n’envisage rien de ce que ces actions vont “pouvoir donner” dans un futur improbable : je mets juste au présent cette situation qui permet aux enfants de se retrouver entre eux, sans adulte, en préparant cette phase.
                    En me débarassant de toutes choses inutiles : comme le fait de penser “projet”, le fait de se projeter, et de finallement faire et penser à la place des mômes.
                    A trop vouloir penser ses actions, surtout en en ayant pas les moyens, on en est venu à oublier que l’animation, c’est avant tout de la vie : vivre auprès d’enfants un temps donné, partager… Juste vivre (ce que l’on peut reprocher à tout cet arsenal inutile dont font partie les différents projets)
                    projets qui voudraient dire quel est l’idéologie de ceux qui ont pensé et organisé ces séjours, ces accueils… Alors que ceux qui vivent ces temps, ce sont les animateurs et les enfants. et ces écrits servivront peut être le jour où il manquera de papier aux toilettes.

                    Par contre, ces lectures m’intéressent au delà de ce que je retrouve dans ma façon de penser l’animation : notamment l’échec de cette “aventure” terrains d’aventure, les difficultés rencontrées par les anim d’alors…

                    #80410
                    ludou
                      @ludou

                      Lapin a écrit :

                      Pai ailleurs, pour ludou et Cloug, le cadre est éducatif.

                      le cadre du projet ??? J’ai pas compris…

                      Ludou, tu vois une justification du projet dans son aspect rassurant pour le personnel pédagogique ?

                      c’est un constat, en aucun cas une justification au sens de légitimer le projet.

                      A noter que le projet pour soi n’est pas la même chose que projet pour les autres. Et on peut très bien avoir des projets pour soi sans passer par la phase technicisante objectifs, sous-objectifs, évaluation…

                      Le questionnement sur les terrains d’aventure enrichie beaucoup ce débat. Se pose la question de la construction spontanée et de la construction réfléchie, prévue, projetée…

                      Sinon, j’aime bien ton esprit de synthèse, sauf que là il enferme dans des catégories qui ne sont pas justes, puisque ce que j’ai écrit rejoins un peu tes deux catégories.

                      #80422
                      Lapin
                        @lapin-2

                        Bonjour à toutes et à tous,

                        Pour compléter ma tentatives synthèse d’il y’a bientôt deux ans (Lapin post #99), je distingue sur ce sujet plusieurs choses :

                        Le projet comme outil d’une éducation coercitive

                        Pour Shaaa, Bourricot, moilapa, solleana, edophoenix et michmuch le projet est un programme pour contraindre l’enfant au respect de normes et à une insertion sociale docile. Cependant, seule la relation entre l’animateur et l’enfant, entres enfants, est support à l’autonomie et l’émancipation. Les projets (éducatifs, pédagogiques…) sont les armes de la rationalité, de la productivité et de la rentabilité. Ils sont enfermement intellectuel et logique marchande par essence ! Les posts de Syzif l’illustrent franchement : l’anim forme les enfants !
                        Références : Boutinet, Houssaye et Oury
                        Moilapa tu défends, comme à ton habitude, une animation spontanée, simple, loin de la “masturbation cérébrale” des dirlos et de leurs projets et tu fais l’apologie des terrains de jeux urbains.
                        Edophoenix, si tu estimes que l’anim doit aider et accompagner les enfants à réaliser leurs projets, c’est en ôtant le formalisme du projet et en en faisant un synonymes de désirs, c’est bien ça ?
                        Situla tu pose la question de l’acceptation de cette liberté par l’employeur.

                        Le projet comme support d’une organisation

                        Pour XXYYZZ, Matim, xav43, ludou et coloandco le projet est un outil malléable : il peut s’adapter à l’organisation souhaité (classique ou non directive) et aux objectifs : ainsi, des objectifs de liberté et d’oisiveté seront traduits en actions, puis déclinés en moyens et évalués.
                        Pour toi, Xav43, la croisade anti-projet est un leurre : dans leur anticonformisme et leur pédagogie anti-autoritaire, les détracteurs cités plus haut utilisent l’outil projet !
                        Pour toi, ludou, c’est l’hégémonie du projet qui pose problème, et pas son essence ?
                        Références : le Training kit “gestion de projet” écrit par un fonctionnaire de l’Injep et des consultants free lance pour le compte de la Direction de la Jeunesse et du Sport du Conseil de l’Europe (voir le lien de xav43 post #162), la définition de Jean-Paul Jeannin, alcoologue (xav43 post #216)

                        Pai ailleurs, pour ludou et Cloug, le cadre est éducatif.
                        Ludou, tu vois une justification du projet dans son aspect rassurant pour le personnel pédagogique ?

                        Est-ce bien ça ? Ai-je bien compris ?

                        #80424
                        moilapa
                          @moilapa

                          C’était sans doute un travail difficile pour l’animateur, au delà de ses propres questionnements sur son “positionnement” vis à vis des enfants.
                          Difficile aussi par cette idée “terrain d’aventure”. Qui casse les références, les habitudes, les façons de pensées. Côté adultes et côté enfants.

                          Face à ces animateurs, (notamment pour les enfants nouvellement arrivés et sans repère face à cette nouveauté désarmante, peu rassurante) sur un lieu où ”aucune tâche n’est demandée”, “aucune exigence formelle ne conditionne l’entrée sur le terrain”, où rien n’y est à prioris interdit, l’animateur sera donc testé, provoqué à se découvrir. Les enfants cherchent la loi.”

                          D’où ce que je dis souvent sur le forum : “On va à l’animation avec ce que l’on est. C’est ça qu’un animateur a à offrir : ce qu’il est, celui qu’il est au milieu des autres.

                          Il y a un temps de “désamorçage” où l’on découvre que tout n’est pas permis. “Mais le réseau implicite des possibles et des non possibles n’a jamais été mis en place à coups de sanctions ou d’agressions verbales, en réponse aux provocations. Privé du support commode de l’adulte repressif, le jeu est renvoyé à sa propre responsabilité.”

                          ”L’insertion dans le terrain d’aventure passe par un processus essentiel qui permet à chacun d’affirmer son existence, son identité, c’est un processus qui va bien au delà d’une reconnaissance d’un droit d’usage, c’est l’instauration d’une relation à cet espace qui n’est pas une donnée rigide, codifiée une fois pour toutes, mais qui se construit constamment, que chacun organise en fonction de son vécu, de ses représentations et systèmes de valeurs.”

                          ”C’est moins l’espace qui compte, moins même les activités qui y sont dispensées, que la reconnaissance d’une ligitimité de ces activités symbolisées par l’animateur”.

                          Je l’entends ainsi ; L’animateur “compte” en tant que “présence”, que “celui qui permet l’activité par sa présence”, et non comme celui mène de bout en bout cette activité.

                          Quelles étaient les limites ? Puisqu’il y avait quelques rares limites : “On ne détruit pas ce que fait le voisin, on n’exploite pas sa supériorité physique au détriment du faible”.

                          Voilà ce qui suffisait à faire vivre ces groupes !
                          Quand on compare à l’arsenal répressif-interdits-limites de tout accueil enfant, on se dit que là aussi il reste du chemin à faire… Et que l’amoncellement de savoirs et d’expériences n’ont pas forcément était dans le sens de la prise en compte de ce que peut être un enfant, un groupe d’enfants.

                          ”Celui qui ne les respecterait pas serait (…) mis en demeure de choisir entre l’usage du terrain et le respect d’un certain nombre de règles, ou le départ. Cette situation fonctionne et elle est structurante”.

                          ce qui n’est possible que si l’enfant a choisi d’être présent, peut en partir quand il le veut.
                          Ce qui d’office élimine de ce champ de réflexion pratiquement tout acceuil enfants.

                          Shaaa, sur je ne sais quel post, “condamnait” les tentatives d’animateurs pour amener les enfants vers une activité.
                          Effectivement, dans un système de pensée où l’enfant est captif, ces tentatives de “drague” sont pour le moins néfastes.
                          Mais pas dans une situation où rien n’oblige l’enfant à venir. Et surtout où rien -absolument rien – n’oblige l’enfant à rester. A participer.

                          Dans cette logique où l’enfant maîtrise totalement son acceptation à la participation, où rien ne l’oblige ne serait-ce qu’à venir, “donner envie” à un enfant à participer à une activité commune prend du sens.

                          Cette expérience terrains d’aventure, cet “ovni”, paraît à peine croyable aujourd’hui, vis à vis de la nécessité de contrôle absolu de l’enfant ressenti dans les accueils enfants, vis à vis du délire autour de l’idée de sécurité (qui en fait rejoint le désir de contrôle).
                          A l’époque déjà, il s’agissait d’exception :

                          ”Les plaines d’aventure s’opposent aux autres équipements de loisir. D’une certaine façon rien ne s’y propose, sauf justement l’espace libre et la liberté de peupler cet espace. On peut relire la littérature sur les terrains depuis leurs débuts comme une robinsonnade : recréer au coeur des villes un flot de nature suavage où la spontanéité des enfants trouverait à se donner libre cours, recréer les conditions d’un face à face de la nature et de l’enfance ; c’était entre autres choses oublier que le terrain d’aventure, quelque soit son originalité, est un lieu institué.”

                          Mais avec cette limite “institution”.

                          Je crois que pour aller au bout de cette idée, il faut où animer dans une situation “hors institution”, ou animer dans un cadre insitutionnel sans tenir compte des objectifs de cette institution. Animations en camping ou village vacances, en claé, notamment.

                          (je ne vais pas revenir alors sur ce que je dis sur nombre d’autres posts)

                          “L’espace n’est pas seulement une réalité physique, mais surtout le support d’un vécu social”.

                          Et ce vécu social n’appartient à aucune institution, à aucun organisme, aucun organisateur de séjour : fédé, mairie, Etat…

                          Sans même tenir compte de la particularité du profil des enfants qui fréquentaient ces terrains d’aventure, des “voyous” selon d’autres enfants venus de milieux moins défavorisés qui avaient essayé, en vain, de s’intégrer aux lieux.

                          “Un type d’enfants aux caractéristiques socio-culturelles relativement bien définies, qui ne s’intègrent pas ou très peu aux formules de loisirs habituelles, touvent là un espace privilégié ; c’est un fondement essentiel de leur action, la contre-partie en est-elle obligatoirement le rjet d’autres enfants ?”

                          J’y vois là une autre “erreur” de cette expérience “terrain d’aventure”.

                          Ce type de “profil d’enfants” , qui aujourd’hui n’a plus grand chose où sa particularité est prise en compte, est une richesse : sa confrontation aux enfants “plus intégrés à la société dominée par les adultes”, c’est peut être ce que les animateurs devraient rechercher dans les accueils enfants, protéger : parce que ces enfants, dont on dit souvent “qu’ils posent problème”, cela peut être pour l’ensemble des enfants un exemple : celui du doute, celui de la remise en cause de tout système.

                          Mettre en place dans des lieux “instituionnels” des animations qui favorisent l’entre-enfants, en remttant en cause en tant qu’animateur toute règle (remettre en cause, cela ne veut pas dire la rejeter : c’est prendre le temps de confronter cette règle à sa cohérence : et cela peut être redonner du dsnes à cette règle, la légimité réellement)

                          Mais bien souvent, ces “règles” ne tiennent pas la route face à cette confrontation à leur cohérence.
                          Et ces enfants-là devient alors un papui pour l’animateur, pour faire le lien avec l’ensemble des enfants.

                          #80431
                          moilapa
                            @moilapa

                            C’est LA question : comment se positionner en tant qu’animateur quand on nous demande de ne pas être animateur (en tout cas, au sens où on le comprend aujourd’hui) ?

                            Ce qui fait tout l’intérêt de ces expériences “terrains d’aventure”.
                            Ce “déterrage” de vieux bouquins de plus de 30 ans, sur un type d’acceuil qui n’existe plus en France (à ma connaissance), au delà de l’enrichissement de sa connaissance de l’histoire de l’éducation populaire et de l’animation socioculturelle, c’est surtout l’intérêt de confronter les pratiques d’aujourd’hui, la vision de l’enfance, avec celles de cette époque pas très lointaine.
                            Et de ce qu’ont été ces animateurs dans cette situation où on leur demandait de ne pas être “directif”.

                            S’agissant des animateurs, et ces questions de positionnement : ils étaient les premiers à se les poser !!!

                            Au départ, il y avait la définition de l’animateur dans cette idéologie “terrains d’aventure” : “Un pédagogue non directif”.

                            Et puis il y a eu la réalité de ce qu’on vécu ces animateurs, dans le cas présent, ”recrutés parmi les moniteurs d’éducation physiques municipaux, “que rien ne préparait à cette tache”.

                            ”Le type d’activités auxquelles ils sont formés et le cadre scolaire dans lequel ils sont appelés à exercer, va à rebours de tout ce qu’on imagine des fonctions d’animateur du terrain d’aventure.”

                            face à un public d’enfants de quartiers populaires, en échec scolaire souvant, inadaptés aux accueils “classiques”, ou en tout cas pas désireux d’y aller.

                            Sinon, oui, il proposait des animations, jouaient avec les enfants…
                            Ils étaient un peu plus (beaucoup plus) que ce qu’on leur avait demandé d’être au départ, “sur le papier”.

                            ”Réunis à Rennes en 1980 (rencontre de la fédération nationale des animateurs de terrains d’aventure), les animateurs de terrains d’aventure de la france entière, sont tombés d’accord pour dépasser les conceptions mythiques qui ont d’abort soutenu leur propre pratique : le relatif vide technique du terrain ne suffit pas à en faire un équipement vivant et original”.

                            ”Passé le premier temps de découverte, ce vide en effet n’engendre rien d’autre que la répétition et l’ennui. il ne suffit pas de remplacer le vide urbain par un autre vide -délimité celui-là (…) pour trouver une issue aux problèmes de l’enfance urbaine.
                            Il n’est pas vrai qu’un terrain clos, délimité, même planté, ouvrant et fermant à heures fixes, encadré par un permanant, soit l’équivalant d’un morceau de campagne en réduction : celle-ci permettait des parcours, des découvertes, des “aventures” que la miniature urbaine ne recèle pas.
                            il n’est d’ailleurs pas plus vraie que la campagne arpentée par des générations de ruraux fut une “nautre naturelle”.
                            pour les enfants des paysans, elle signifiait autant travail que jeu.”

                            #80441
                            crevette76
                            Administrateur
                              @crevette76

                              De ce que j’en pige, il s’agit donc d’animateur comme une sorte de logisticien de l’ombre, qui ne sera “meneur” que sur demande d’enfants ?
                              Est-ce que lui jouait avec les enfants ? (comme un joueur lambda je veux dire… pas cette fois comme meneur animateur-adulte)

                              #80453
                              moilapa
                                @moilapa

                                Toujours à noter s’agissant
                                des activités

                                l’importance des rares sorties demandées par les enfants, … avec déjà le soucis de ne pas faire “de la consommation d’activité”, mais des occasions d’apprendre, de préparer, organiser…

                                Si l’initiative de l’enfant est central, curieusement, ces animateur sont bien plus présents que je n’aurais pu le penser.
                                de la même façon qu’existe une demande d’activités “plus classiques” d’acceuils enfants, comme des jeux de ballons, des grands jeux…)

                                Les animateurs

                                Malgré l’idéologie de départ s’agissant des animateurs sur ces acceuils très spéciaux, j’ai été étonné par les descriptions de la relation à l’animateur.

                                “Le rôle fondammental de la relation animateur-enfant”

                                S’agissant du matériel, le terrain ne se suffit pas à lui-même :

                                Au delà du terrain à disposition (terre, eau, arbres) :
                                ”Si sur cette base, les possibilités d’expérimentation sont déjà nombreuses, elles restent cependant forts insuffisantes et il ne peut être question, pour les animateurs, de “rester les bras croisés”, n’apportant rien et n’intervenant pas, porteur d’une mythique croyance en un enfant dont la créativité, l’imaginaire se suffit à lui-même ; enrichir le milieu est une règle essentielle.”

                                Ce qui oblige toutes les semaines les animateurs, avec un utilitaire prêté par la mairie, à faire des tournées pour récupérer des matériaux divers.
                                Et les périodes où il y apénuries de matériaux, il y a recrudescence dezs conflits.

                                (A noter aussi, qu’il n’existait pas de budget spécifique à ces terrains : il fallait passer par des demandes écrites pour espérer obtenir quelque chose. Ce qui participait du découragement des enfants et animateurs;

                                Intéressante remarque sur ces matériaux récupérés :

                                (l’essentiel) est dans une grande faculté d’expérimentaiton, de tatônnements, les plus originaux et les plus destructeurs soient-ils, que procure ce type d’objets, peu coûteux, faciles à remplacer ; dans le cas contraire d’apport d’un matériel relativement cher, on peut supposer que l’interventrion de l’animateur, quelque soient d’ailleurs ses inentions pédagogiques, serait bien plus forte, gênant sans doute considérablement l’activité de l’enfant, rompant son cheminement propre”.

                                #80456
                                moilapa
                                  @moilapa

                                  Cet apprentissage du risque renvoie par exemple à cette étude de la sécurité routière sur ces gamins du primaire arrivés au primaire sans aucune arme pour faire face aux dangers de la rue : parce que les adultes autour d’eux ont empêché cet apprentissage du temps où ils étaient en primaire : résultat, en arrivant au collège, c’est une écatombe. Parce que leurs parents notamment les ont accompagné à l’école, sans jamais laissé l’enfant apprendre…

                                  En empêchant les enfants de se confronter au danger le temps où ces enfants étaient entièrement sous leur contrôle, les adultes en ont fait des inadaptés. Et des victimes.

                                  L’apprentissage du risque faisait partie de ces drôles d’accueil enfants :
                                  ”la capacité de l’enfant à appréhender une situation, ou en saisir les limites et se fixer lui-même les règles-jeu”.

                                  L’auteur catégorise ensuite les activités :

                                  “relations à l’espace et aux élements naturels”
                                  Et c’est juste incryayble de voir le décalage avec aujourd’hui : où l’on parle de grimper aux arbres, creuser la terre sans raison ou pour y faire un tunnel, un four, une piscine, jouer avec l’eau, le feu, ”les chiens toujours en grand nombre sur le terrain”

                                  Si l’auteur avait pu déviner ce qu’allaient devenir la vision de l’enfance dans les accueils enfants…. il n’imaginait sans doute pas en relevant les limites de cette “aventure”, le côté “planificiation des besoins de l’enfant”, combien on allait pouvoir aller beaucoup plus loin dans ce délire. Et dans cette asseptisation de la vie de l’enfant.
                                  …combien alors ces terrains d’aventure avaient encore de réelle prise en compte de l’enfance…

                                  Et cette catégorisation des animations, vis à vis de ce que l’on peut aujourd’hui repproché à l’animation socio-cul, est d’une actualité incroyable :

                                  – l’appropriation de l’espace et des objets : le droit à les manipuler, les transformer, les détourner de leur fonction initiale en inventant des modes d’usage parfois inattendus.

                                  – l’initiative de l’enfant : choix des activités et possibilités de les pratiquer à son rythme, de s’y investir de manière plus ou moins intensive et également choix de la nature des relations avec les autres enfants.

                                  – le droit de tâtonner (acceptation de la non réussite d’une activité) pouvoir de détruire (“la destruction s’inscrivant dans certaines cicronstances dans le processus de l’activité elle-même !)

                                  – Le droit de ne rien faire
                                  “La non activité” n’étant pas perçue comme un signe de paresse ou de mauvaise volonté mais comme un moment nécessaire”.

                                  Difficile d’imaginer aujourd’hui cette façon d’appréhender l’animation enfant : des animateurs qui ne proposent pas d’activité, le choix de venir et repartir quand bon semble à l’enfant, d’être ou non en contact avec l’adulte présent sur le terrain vague, l’ignorer…

                                  En filigrane, l’auteur nous donne des pistes sur la disparition de cette forme d’acceuil (en dehors de tout ce qui semble inacceptable aujourd’hui dans ces expériences).
                                  (je n’ai d’ailleurs toujours pas comment tout cela a fini…)
                                  Existe t-il quelque part en france des “terrains d’aventure” sur ce modèle ?

                                  Les terrains l’hiver se transforment en champ de boue, les destructions des cabanes ”vont provoquer découragement et suspiçion”, “le manque de souplesse du cadre administratif qui freine considérablement les initiatives des enfants et des animateurs”.

                                  #80459
                                  moilapa
                                    @moilapa

                                    Sur ce document sur les terrains d’aventure :

                                    L’auteur explique dans un premier temps ce que sont ces terrains d’aventure : dans le désordre :

                                    – un terrain “vague” que la mairie met à disposition des enfants et jeunes d’un quartier; encadré par un animateur.

                                    – Le terrain est “ouvert à tous, sans descrimination d’âge”, du petit de 2-3 ans aux grands adolescents.”

                                    – Très peu de filles.

                                    – Ouvert le mercredi (à l’époque, il n’y avait pas école le mercredi), le samedi, après les classes, et durant les vacances.

                                    – Aucun système d’inscription, sans proposition d’activités précises

                                    – A noter s’agissant du public : 80°/° de ces jeunes sont en situation de retard ou d’échec scolaire.
                                    les deux terrains étudiés sont dans des quartiers défavorisés de Rennes.

                                    les animations

                                    Une chose très intéressante : l’auteur propose une liste non exhaustive des activités qui s’y déroulent.
                                    Je me suis fait la réflexion que pratiquement aucune de ces activités ne seraient envisageables dans les acceuils enfants aujourd”hui.
                                    Déjà à l’époque, certaines de ces activités dénotés avec ce qui se faisaient en parallèle dans les accueils “classiques” et ce qui était généralement autorisé à ces enfants.

                                    – construire des cabanes (avec outillages…)
                                    – faire du feu
                                    – réaliser un stand de tir
                                    – creuser une piscine
                                    – élever des hamsters
                                    – faire pousser des fraisiers
                                    – fabriquer et gérer un bar
                                    – écouter des disuqes
                                    – réparer des mobylettes et des vélos, faire du cross avec
                                    – se battre à coups de bottes de terre
                                    – investir une carcasse de voiture
                                    faire cuire des châtaignes
                                    – jouer à la carabine…

                                    Je trouve cette liste incroyablement parlant vis à vis de l’asseptisation présente de l’enfance.

                                    ”Le maniement d’aussi gros instruments et la liberté qui est laissée aux enfants de leur utilisation, pourrait laisser penser qu’un risque permanant plane sur les enfants et même que le terrain connait un fort pourcentage d’accidents ; en fait il n’en est rien et c’est un phénomène très largement corroboré par l’ensemble des expériences françaises comme étrnagères, l’atittude des compagnies d’assurance en témoigne”
                                    (coût de l’assurance pas plus élevé que pour les structures de loisirs classiques)

                                    #80556
                                    moilapa
                                      @moilapa

                                      Je n’ai lu qu’une quarantaine de pages pour l’instant, mais cette dénonciation semble se porter plus sur ce que l’on a fait de cette idée “terrain d’aventure” que la concpetion même de l’idée.

                                      “Le terrain d’aventure en effet nous parait bien relever et cela de manière caricaturale de cette conception fonctionnaliste (et techniciste) qui prétend offrir aux enfants un cadre permettant l’expression et la sasisfaction de leurs besoins dont on dresse un catalogue minuiteux (…)

                                      “… réduction du terrain d’aventure à “une machine à jouer et à imaginer” dotée d’une sorte de mode d’emploi codifiant les comportements enfantins”.

                                      D’une certaine façon, cette étude fait le lien “historique” entre le premier livre cité dans ce post sur les terrains d’aventure et la situation d’aujourd’hui (le modèle centre de loisirs)
                                      En expliquant sans que cela soit le but du document, ce qu’est devenue “cette belle idée”, comment finallement la prise en compte des enfants au départ, est devenu ces usines à consommer et mettre en pratiue de la bêtise, que sont les accueils enfants d’aujourd’hui.

                                      A la lecture de cette étude qui se voulait peu “amen” avec la réalité observée de ces terrains d’aventure, dans les années 77-78, on peut songer que ce type d’accueil avait au moins cet avantage : la possibilité pour les enfants de se détourner du sens voulu par les promotteurs….

                                      ”La distance, la dérive constante -et nécessaire – qui intervient entre les usages sociaux et la programmation, la planification” (les usagers ici étant les enfants)

                                      On retrouve d’ailleurs, d’une certaine façon, cette capacité chez les enfants à se protéger des ojectifs adultes, dans les cours d’école où sont implantés les claé (comme cette étude sur la création d’un claé où les enfants s’étaient révoltés contre le fonctionnement du claé, son existance, et ce que son existance disait de la disparition de ce qui existait juste un an pus tôt. ce qui était encore de leur domaine de liberté : leur récréation.

                                      Encore faut-il que les enfants aient connu “l’avant claé”…

                                      Je parle de cette autre étude universitaire sur les claé quelque part dans le forum.

                                      cela est très rares, mais cela est possible.


                                      “Il s’agit par là d’interroger cette tendance à la rationnalisation fonctionnelle des pratiques sociales qui préside à tout planification, et de commencer à démontrer que cette “dérive” n’est ni un accident, ni une perversion mais bien la manifestation de l’impossibilité de réduire en termes techniques une rationnalité sociale fondammentalement contradictoire et conflictuelle, afin de poser la question suivante :

                                      la planification, pour être pertinente, ne doit-elle pas abandonner l’illusion techique qui est sienne et admettre qu’elle ne peut opérer que tangentiellement à la logique des rapports sociaux (c’est à dire sans la réduire) ?

                                      #80559
                                      moilapa
                                        @moilapa

                                        S’agissant encore de cette expérience ” terrains d’aventure”

                                        S’agissant des livres cité par shaaa, post 246, ils sont trouvables, difficillement, mais cela est possible. Ils existent sur de très rares bibliothèques, notamment universitaires… Il existe entre bibliothèques un système de prêt inter bibliothèques : grâce à l’informatique, vous pouvez vous faire prêter un livre qui se trouve à l’autre bout de la France (ça coûte un petit peu)

                                        Je les attend.

                                        Jeudi soir, shaa m’a parlé d’un autre document qui existerait sur le sujet, une étude universitaire sur la fac social de toulouse.

                                        Ce document s’appelle “Terrain d’aventure, pratique symbolique”. De hubert Chardonnet. Thèse pour un doctorat de 3ème cycle en sociologie de 1983.

                                        le document est sur micro-film (ça existe encore !) ! Un peu abîmé.

                                        Comme l’autre ouvrage dont je parle un peu haut dans ce post, il s’agit d’une commande de la Caf (ne se serait-on intéressé à ces expériences que par le biais du principal financeur ?)

                                        Ce document parle de deux terrains d’aventure. A Rennes.
                                        Il est à la fois critique sur ces expériences, et surtout sur l’idéologie déjà dominante autour de l’enfant en ces années.

                                        ”L’enfant est ainsi réduit à un être universel, codifiable, dont on peut déterminer (scientifiquement ?) les besoins et établir une grille des réponses à leur apporter ; les jeux et espaces de jeux sont pensés par rapport à un monde mythique de l’enfance (perdue), une sorte de culture rousseauiste de l’Enfant, oubliant que chaque société secrète son propre type d’enfant, son mode de vie particulier, et son mode de jeu.
                                        C’est à la présentation et la déconstruction de cette démarche de structuration, de “mise en projets”, de codification de l’enfance et ses “vides” (son temps libre) qu’est consacrée la seconde partie de notre travail (…)

                                        une entrée en matière qui résonne curieusement, 30 ans plus tard, sur le forum, et les discutions en cours…

                                        #86780
                                        michmuch
                                          @michmuch

                                          Morbac a écrit :

                                          michmuch a écrit :
                                          [quote]j’aimerais (si possible ) que les personnes qui s’expriment ici puissent aussi nous expliquer les conditions institutionnelles qui leur permettent d’agir (puisqu’il s’agit de cela) a contre courant…

                                          Les conditions sont celles de salariés tout à fait ordinaire… Il suffit alors de construire autre chose et de démontrer sa pertinence, de l’appuyer sur une démarche de réflexion construire et sérieuse, d’apporter les éléments théoriques permettant sa compréhension et enfin de plier son action pour qu’elle rentre dans les cases permettant de répondre aux organismes de contrôle ou aux financeurs… C’est finalement assez simple lorsque l’on réfléchit bien son action et que l’on connait les codes et le jargons habituels de l’animation.

                                          Sur le fond je suis en accord avec toi sauf qu’il faut souvent faire avec ce que sont les animateurs et les élus (je prêche là pour ma chapelle, l’animation communale).

                                          Les vagues de titularisation de 1996 et suivantes ont fait entrer un grand nombre d’animateurs sans qualification sans recul et sans capacités à évoluer qui ne permettent pas la remise en cause des fonctionnements. La meilleure volonté du monde ne peut rien contre l’inertie.

                                          Concernant les élus cela dépendra malheureusement de leurs capacités intellectuelles et de leurs représentations de l’animation. Le plus simple c’est finalement quand ils s’en foutent et ne veulent juste pas de vagues.[/quote]

                                          Je partage… Je n’ai as dit que cela se faisait rapidement… Il faut aussi noter que c’est aussi compliquer dans d’autre milieu. Je travaille comme chef de service en protection de l’enfance et faire entrer des démarches participatives dans ce champ professionnel est tout aussi complexe même si avec le temps cela est possible… C’est ce que je viens d’obtenir après bon nombre de freins dans la révision du projet de service et dans la démarche d’évaluation interne…
                                          Je vois bien de quoi tu parles ayant travailler en commune comme directeur d’un centre social… C’est pas tant l’élu qui a posé problème mais la direction générale… question de pouvoir… et de conception de la démocratie…
                                          Il s’agit là de rapport de force et de conceptualisation (donc de formation et de théorie) mais on touche à un autre fil de discussion…

                                          #86833
                                          moilapa
                                            @moilapa

                                            Oui sur ce constat “animateurs d’aujourd’hui”.

                                            Encore plus exacerbé sur le type de structure où je bosse en ce moment, ces claés notamment à Toulouse.

                                            Mais finallement ce n’est pas si impossible que ça avec
                                            -une direction de valeur
                                            – et au moins un animateur appui dans l’équipe. En agissant par exemple au moment où une partie de l’équipe est renouvellée, où au moment où l’on crée cette équipe,
                                            – avec les moyens fianciers de payer des heures “hors terrain” à ces personnes. Sans ces temps “hors terrains” (et je ne parle pas de la réunion à la con où la direction parle et les animateurs écoutent, sagement, rassurés, comme à l’école, avec les mêmes litanies semaines après semaines, mais de temps de travail entre animateurs sur des actions communes notamment) on ne peut juste pas faire d’animation. Ceux qui prétendent le contraire font partie de cette masse gluante d’incompétence qu’est l’animation socio-cul.

                                            A moins que cette liste ne soit elle-même que faible exception.

                                          20 sujets de 221 à 240 (sur un total de 511)
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