c’est un poil (euphĂ©misme) caricatural comme discours. Et en mĂȘme temps, il y a du vrai comme dans toute caricature. Le problĂšme Moilapa, c’est que ton discours caricatural empĂȘche de comprendre la subtilitĂ© de la notion de hiĂ©rarchie organique. Ma vision, Ă laquelle tu n’adhĂšres visiblement pas du tout, est que l’organisation sociale rĂ©pond Ă des lois (inconscientes) qui sont analogues aux lois de la physique et Ă la lĂ©galitĂ© psychique. C’est tout l’inverse d’une pensĂ©e scientiste.
Tu veux combattre la violence d’un systĂšme en le caricaturant. Ăa marche, on ne peut qu’ĂȘtre d’accord avec le constat (la domination de l’adulte sur l’enfant, la violence perpĂ©tuĂ©e par les institutions adultes…), mais la remise en cause de faits ne justifie pas la caricature, qui empĂȘche de prendre en compte, de comprendre cette vision des choses.
Qu’est-ce qui te dĂ©range dans le concept de hiĂ©rarchie ? Si j’ai bien compris, c’est la souffrance qu’elle engendre dans la sociĂ©tĂ© de cet animal qu’on appelle homme ?
J’essaye de remettre la main sur le texte qui m’a convaincu que la hiĂ©rarchie (non pas sociale) est un concept qui a du sens.
Putain de systĂšme de forum de merde…
Si hiéarchie il existe dans certaines
espĂšces animales, ce n’est que pour
permettre autre chose : la hiéarchie
en elle-mĂȘme n’a aucun sens : c’est
ce que voudraient faire croire
ces discours…
Il n’y a rien de hiĂ©rarchique Ă ce que
le petit d’humain ait besoin de l’adulte,
comme de ce que certaines araignées
femelles dévorent parfois le reproducteur
mùle ou que la mÚre soit dévorée par
ses enfants : il s’agit d’un cercle, d’une
révolution : en étant dévorée, la mÚre
permet la vie de ses petits. Aucune hiéarchie
ici, parce qu’Ă leur tour ces petits seront
dĂ©vorĂ©s par leurs petits…
Pas plus de hiĂ©rarchie “naturelle” che
l’ĂȘtre humain : aucune hiĂ©archie dans
l’univers : cette “hiĂ©rarchie” est un concept
humain, c’est une invention sociale.
Qui n’a de sens que pour justifier une autre
notion humaine : les inégalités (sous
toutes ses formes : Dieu, l’Ă©cole, les rapports
dans la famille traditionnelle…), les
guerres, le sport…
Ce n’est pas une question de hiĂ©rarchie
qui pourrait ĂȘtre justifier par un “avant”,
un “j’en sais plus que toi”… qui justifie ensuite
violence et contrainte (Ă©ducation au
lieu d’apprentissages) , tout au plus de
temporalitĂ©, qu’il est dans un cercle (une
rĂ©volution) n’a pas de sens : notions
relatives si j’en crois E=MC2…
Et c’est lĂ que j’en viens (parce que c’est
là aussi que le discours du gauchet contrarié :
bien entendu que je peux foutre des coups
Ă cet enfant, puisqu’il m’est infĂ©rieur,
en dessous de moi dans la hiéarchie : bien
entendu que je peux le contraindre (pour
son bien)
Bien entendu que l’Ă©ducation se justifie
d’elle-mĂȘme, puisqu’il s’agit de façonner
l’Autre pour permettre la continuitĂ© d’une
société donnée : et tout ce qui remet en
cause cette idée est dangereuse !!! Tout
ce qui remet en cause “l’ordre Ă©tabli”,
ces sacro saintes “normes”, “culture”,
“traditions”…
“on a toujours fait comme ça”…
C’est aussi stupide que d’opposer l’imaginaire
Ă une pensĂ©e “terre Ă terre”.
Parce que l’on pense Ă partir de soi, on
a besoin d’un point de dĂ©part pour penser
le monde : on a besoin d’un port pour aller
dĂ©couvrir l’inconnu : l’un n’existe pas
sans l’autre : pour tout ce qui peut se
transmettre, il a bien fallu que quelqu’un
invente de lui-mĂȘme, sans transmission…
pour ensuite devenir transmission…
Il n’y a pas plus de dĂ©but que pour la poule
et l’Ćuf : il ne s’agit que de rĂ©volution.
Une rĂ©volution rouge n’a pas de sens,
parce que ce n’est une action qu’Ă un miment
donnĂ©, sur une population donnĂ©e…
Les survivants vont se reproduire, et rien
ne peut dire ce que seront et feront ces
autres générations : réinventer un roi,
un furher, des possĂ©dants et des possĂ©dĂ©s…
Aucune hiérarchie ici : parce que cercle
infini.
La hiĂ©rarchie, invention humaine, n’est
lĂ que pour justifier la violence (lĂ aussi
notion humaine)
l’adulte ne peut s’exclure du monde de l’enfant en permanence, ça n’a ni sens, ni intĂ©rĂȘt
Cite moi un seul post oĂč je parle de
disparition totale de l’adulte !!!!
Les seuls Ă©crits, Ă ma connaissance, qui parle de cette “dispariton”
sont les Ă©crits qui n’ont pour but que
d’expliquer la domination des uns
vers les autres.
Souvent Ă travers tout types de fantasmes
adultes : comme dans le “Sa majestĂ©
des mouches”, regard sexuel sur l’enfance
qui ne peut se penser sans adulte.
Fantasme de ce que “serait le monde
si il n’y avait les adultes”.
Et finalement portrait de l’humanitĂ©
dans ce qu’elle a de plus sombre du point
de vue humain.
Miroir du “monde des adultes”
Je n’ai rien compris au truc sur/par Gauchet.
C’est finalement pas trĂšs compliquĂ© : l’idĂ©e
est toujours la mĂȘme : ce gauchet (qui
porte mal son nom) participe d’un
ensemble, d’un discourt qui prĂŽne le
retour en “des temps meilleurs”…
Quand j’ai lu la premiĂšre fois son :
Apprendre” a supplantĂ© “transmettre”
j’y ai tout de suite lu la dĂ©solation du constat :
avant mĂȘme d’avoir lu en profondeur,
je savais qu’il s’agissait de dĂ©noncer…
alors que l’on pourrait lire cette maxime”
de bien diffĂ©rentes façons…
Ce qui répond à la question de Situla :
je ne parle pas du constat, je parle du point
de vue sur le “constat”.
Parce que ce constat me
semble ĂȘtre en partie viable…
la question Ă©tant :
faut-il s’en dĂ©solĂ© ?
DĂ©s les premiĂšres lignes, on est d’ailleurs
pas vraiment dans le sous-entendu : il
s’agit encore une fois de remettre en question
tout ce qui a pu se penser et se mettre en
place s’agissant d’Ă©ducation depuis une
Ă©poque “coup de baffe dans la gueule”.
Attaque mĂȘme pas dĂ©guisĂ© des “grandes
figues” de cette prise en compte de l’enfant
comme un Aure dans le cadre de cette
Ă©ducation :
Ă l’instar de cette formatrice en arts plastiques qui voit les jeunes enseignants valoriser pour leurs Ă©lĂšves la dĂ©marche expĂ©rimentale et la âconfrontation aux matĂ©riauxâ, plutĂŽt que les savoirs et savoir-faire qu’ils ont eux-mĂȘmes reçus de leurs maĂźtres
C’est aussi couru que les concours de rots
dans les bistrots que de taper sur Freinet
dans ce type de vision de l’Ă©ducation (
de l’enfant, ce demi-crĂ©tien) (ce n’est pas
lĂ une faute d’orthographe)
il s’agit d’opposer comme chaque fois
ce qui n’a pas Ă l’ĂȘtre.
Pour “soigner” une sociĂ©tĂ© “malade” de
ses enfants : c’est simplissiment con :
comme toujours le mal vient de l’enfant…
Il ne s’agit pour l’auteur que de dire son
ressenti personnel face Ă son propre rapport
aux enfants, sa place dans la société,
de ce qui n’est plus vis Ă vis
d’une si beau passĂ© rĂ©solu…
De la rancĆur tout bĂȘtement…
Le mal, c’est cette infime libertĂ© accordĂ©e
aux enfants, pensĂ©s comme des ĂȘtres
capables de penser par (pour) eux-mĂȘmes
(au sein d’une sociĂ©tĂ© protectrice qui devrait
permettre cela) de s’organiser… de pouvoir
se passer d’adulte dans ce cadre protecteur…
On en revient Ă nos Ă©changes sur le forum,
sur un regard sur cette enfance…
Ou cette “semi-libertĂ©” accordĂ©e, cette
prise en compte, serait destructrice pour
le lien avec le passé, les traditions,
la “famille traditionnelle”… tout
ce qui est cher aux gens de droite…
Dans ce type de discours, on peut aisément
y lire en creux toute la haine classique de
ces discours : tout y est délitement,
effondrement de la sociĂ©tĂ© : ce n’est ni
plus ni moins qu’une autre forme que les
slogans haineux et bestiaux des trous
du cul qui défilaient contre le mariage
homo, le vote de la femelle, le contrĂŽle
du corps de la femelle… toujours la
meĂȘme rĂ©thorique, avec juste une sous
couche “intellectuelle, propre…
derriĂšre le discours philosophique (comme
il peut ĂȘtre socio…) qui peut paraĂźtre
fort intelligent, pensĂ©…
il y a l’idĂ©e toute bĂȘte que l’enfant
n’est plus Ă sa place : soit le lien avec cette
idĂ©e de “hiĂ©rarchie”…
Qu’il serait dans un “ordre des choses”
qu’il y ait hiĂ©archie, que “naturellement” l’enfant
est infĂ©rieur Ă l’adulte.
(et si on se posait la question plutĂŽt ainsi :
et si c’Ă©tait l’adulte qui n’Ă©tait plus Ă sa
place dans un “monde” oĂč l’on prĂ©tend
se nourrir “d’Ă©galitĂ©” ? Dans un discours
skyophrĂ©nique, dans une sociĂ©tĂ© oĂč la
loi interdit de frapper un adulte, un animal,
mais pas un enfant ?)
On est pas dans quelque chose de
finalement complexe, “scientifique” :
on est lĂ avec de grosses bottes militantes :
Ce qui frappe l’observateur contemporain,
oĂč l’on feint l’universalitĂ© de l’observation
tout en voulant convaincre…
Avec comme maux : la “libertĂ©”, ..
la chienlit pour reprendre un terme d’un
autre grand mĂ©prisant…
Ces tentatives de “propretĂ©” ne cachent
jamais le sens profond haineux du discours
de droite :
Elle se prĂ©occupe moins de leur donner les armes qui les rendront capables dans le futur de participer Ă la vie sociale et d’y jouer un rĂŽle
(s’agissant de ces saintes familles !!)
Il y a toujours de l’inconscient dans la
parole et l’Ă©crit, oĂč ici on parle bien de
“donner les armes” Ă ces enfants pour
qu’ils puissent ĂȘtre armĂ© dans ce monde,
“trouver leur place” (il s’agit bien que tout
le monde soit Ă place…) , en bon soldat
ou curé, comme à cette époque béni du
“rouge et du noir”…
Et il s’agit d’opposer cet Ordre Ă ”l’Ă©panouissement
de l’enfant”, comme si il s’agissait
de choses irréconsiliables : une société
ordonnĂ©e (il s’agit bien d’ordre)
” et la prise en compte du plus
faible parmi les faibles…
Cet Ă©panouissement de l’enfant maux de tout :
c’est cette rpise en compte l’Autre, le plus
fragile, qui est forcément responsable
du dĂ©litement des “normes et codes”.
Sur cette notion de “hiĂ©rarchie” façon Ludou
Foutaise ! Foutaise !
Et cette exemple de la révolution en est
le meilleur exemple : il s’agit de rĂ©volution,
de quelque chose qui tourne sur elle-m
eme : en quoi l’un serait “avant” l’autre ?
en quoi l’organisation fait la hiĂ©rarchie ???
Une temporalité certes (dans la limite
de ce qu’on parle d’un cercle !!) mais en
quoi une hiérarchie ???
Quelle hiĂ©rarchie entre l’humain (ĂȘtre
complexe”) et le “microbe” ? Et la fourmis ?
Aucune : c’est juste une “vue de l’esprit (un
point de vue donc qui n’appartient qu’Ă
une seule espĂšce animale : celle qui se pense
au sommet de cette hiérarchie !!! )
Cette “hiĂ©archie” n’est qu’une pensĂ©e humaine :
elle n’a aucune rĂ©alitĂ© “physique” : aucune hiĂ©rarchie
entre l’atome et ma paire de couilles.
— en cours de rĂ©daction —-
Je n’ai rien compris au truc sur/par Gauchet.
@ludou
Pourquoi les mĂȘmes familles qui souhaitent tellement transmettre leurs biens propres Ă©vitent de transmettre le reste, en particulier ce qui leur vient d’un passĂ© commun ou de la tradition?
La formulation laisse penser que c’est un fait acquis mais je n’en suis pas du tout convaincu. Je suis breton, le passĂ© commun, la tradition, des us et coutumes, les mĆurs familiales se transmettent. Ils se transforment, comme partout probablement. De ce que j’en sais les Ă©tudes dĂ©mographiques Ă ce sujet ne sont pas trĂšs approfondies.
Ă commencer par la rĂ©volution française : en voulant se dĂ©barrasser du pire (la dictature royaliste, la bourgeoisie mondaine dans ce qu’elle avait de plus immonde et mĂ©prisante…), notre pays s’est aussi dĂ©barrassĂ© du traditionnel (culturel, religieux, philosophique).
Peillon dit le contraire. Il dit que notre pays ne s’est pas dĂ©barrassĂ© du religieux pendant la rĂ©volution. D’ailleurs la sĂ©paration officielle de l’Ă©tat et des instances religieuses n’a eu lieu que vers 1900 et la sĂ©paration concrĂšte a pris beaucoup plus de temps.
J’aurais plutĂŽt pensĂ© que la rĂ©volution française s’attaquait Ă la noblesse comme pouvoir hĂ©rĂ©ditaire. La bourgeoisie c’est spĂ©cial…
Quant au culturel, je me contente de la bretagne (mais on pourrait parler des autres rĂ©gions) la culture n’a pas disparu lors de cette rĂ©volution. Les bretons y ont peut-ĂȘtre cru Ă un moment, d’oĂč certaines aspirations contre-rĂ©volutionnaires. L’administration a effacĂ© les frontiĂšres des rĂ©gions et a oubliĂ© “la bretagne” mais vois aujourd’hui… l’idĂ©e de cette bretagne prĂ©-rĂ©volutionnaire n’a pas disparu.
Point de vue culturel, les deux grandes guerres de 1914 et 1939 ont Ă©tĂ© bien plus dĂ©vastatrices. On a tuĂ© des paysans en masse, ceux-lĂ mĂȘmes qui transmettaient une quelconque culture, au sens propre comme au figurĂ© d’ailleurs.
Il faut comprendre que du point de vue historique, la rĂ©volution française Ă fait table rase du passĂ©. Un peu comme un traitement par chimio : ça tue les mĂ©chants, mais aussi les bons…
Je ne comprends pas trop comment ça a pu se passer, ou comment ça aurait pu. La rĂ©volution est sensĂ© ĂȘtre un acte dĂ©mocratique, ça ne peut pas effacer la culture du peuple mais ça doit au contraire permettre de la rĂ©vĂ©ler.
Si l’administration, ou plutĂŽt les administrations successives ont fait leur Ćuvre (disparition de certaines frontiĂšres) les gens ont continuĂ© Ă parler leurs langues maternelles et Ă se transmettre les us et coutumes familiaux.
C’est le point central. La hiĂ©rarchie n’est pas un concept politique, c’est une donnĂ©e physique et psychique du monde.
Pour en revenir aux anarchistes, ils ne sont pas systĂ©matiquement nihilistes. Ils peuvent aussi ĂȘtre des dĂ©mocrates, peut-ĂȘtre qu’on dirait “souverainistes” aujourd’hui. L’important Ă©tant l’Ă©galitĂ© politique de tous les citoyens.
L’analogie avec la matiĂšre n’est pas trĂšs bonne car le sens de hiĂ©rarchie n’est pas le mĂȘme, ça ne dĂ©crit pas des relations de pouvoir comme influence du comportement d’autrui.
La transmission nécessite une hiérarchie, elle aussi.
Justement non. Transmettre : j’ai une idĂ©e A je te la donne. Mais je la donne Ă ta demande, de maniĂšre forcĂ©e, de maniĂšre fortuite sans que tu le veuilles, tu la rĂ©cupĂšres sans que je veuille te la donner Ă toi… La transmission n’induit pas de relation hiĂ©rarchique.
Il faut bien un premier qui a ou qui sait pour qu’un second possĂšde ou sache.
Pas vraiment mais donc plus qu’une hiĂ©rarchie il y a un ordre dans le temps. D’abord une personne puis deux puis trois… Je dirais qu’il y a hiĂ©rarchie justement lorsque celui qui sait refuse de transmettre. Il dĂ©tient alors un pouvoir sur celui qui ne sait pas, le pouvoir du prĂ©curseur en quelque sorte. Je n’y ai pas rĂ©flĂ©chi sĂ©rieusement.
Un adulte ne peut dĂ©couvrir seul quelle est la meilleure maniĂšre d’organiser la vie en sociĂ©tĂ©.
Tant qu’on parle de savoir comment s’organiser, je pense que si. Un adulte peut dĂ©couvrir beaucoup de choses seul. Et si nous nous mettons Ă plusieurs avec chacun un rĂŽle Ă©gal (pas de hiĂ©rarchie entre nous) nous pourrions assez facilement Ă©crire une constitution meilleure que celle que nous avons aujourd’hui.
et ça me fait penser Ă un livre que je lis en ce moment (Amkoullel lâenfant peul, de Amadou HampĂątĂ© BĂą, je le recommande vivement). Au Mali (et dans cette rĂ©gion) existe (ou existait ?) une tradition trĂšs Ă©trange : les associations de classe d’Ăąge (waaldĂ© en peul). Les enfants se rĂ©unissent en associations (rĂ©unissant parfois jusqu’Ă 70 enfants qui s’organisent seuls), certaines parfois s’affrontent. Ces regroupements se font dĂšs 8-10 ans, et spontanĂ©ment. Bien sĂ»r, le modĂšle est celui des adultes, les enfants pouvant assister aux associations d’adultes, ils copient ces organisations. Ces associations d’enfants voient des liens forts se tisser entre ses membres. Ces liens perdurent en gĂ©nĂ©ral jusqu’Ă la mort. Il y a une premiĂšre transmission du modĂšle associatif (calquĂ© sur les adultes), et une seconde transmission. En effet, chaque waaldĂ© est “parrainĂ©e ” par un adulte choisi par les enfants. Cet adulte ne fait pas partie de la waaldĂ©, mais il est prĂ©sent pour officialiser sa crĂ©ation et conseiller (transmettre) les enfants. Il s’agit d’un hĂ©ritage. Les enfants hĂ©ritent d’un peu de sagesse de celui qui les a prĂ©cĂ©dĂ©.
Ce sont d’ailleurs des modĂšles trĂšs instructifs : il existe une vraie hiĂ©rarchie oĂč le chef a avant tout la responsabilitĂ© de la waaldĂ© avant d’avoir un quelconque pouvoir. Des enfants sont aussi dĂ©signĂ©s comme juge, conseillers, porte-parole (relation avec l’extĂ©rieur), etc.
Shaaa, le texte sur profit et projet est un peu… ardu ! Ou alors je suis vraiment trop fatiguĂ©…
moilapa a Ă©crit :
Point de vue pour une fois plus philosophique
que sociologique ou anthropologique
de mon point de vue :
Marcel Gauchet dans un livre tout récent :
“Transmettre, apprendre”Apprendre” a supplantĂ© “transmettre”
En totale opposition avec ce que je pense,
mais intĂ©ressant point de vue…
en quoi c’est en totale opposition avec ce que tu penses ?
On glisse doucement du dĂ©bat sur le projet (en mĂȘme temps, peut-ĂȘtre en a-t-on fait un peu le tour, la critique n’est qu’une Ă©tape…) Ă une discussion centrĂ©e sur la relation, l’autorisation, la libertĂ© (concept creux :-D) d’agir, le conditionnement, etc.
Dans le texte de Marcel Gauchet paru dans le Figaro, il y a un constat qui, histoire de renforcer le clichĂ©, est sensiblement une analyse de droite : la sociĂ©tĂ© perdrait actuellement ses valeurs, son histoire. Il y aurait “un rejet”, une “disqualification” de la transmission.
Je suis plutĂŽt d’accord avec ce constat, mĂȘme si les gĂ©nĂ©ralisations ne servent jamais Ă grand chose.
Il y a un questionnement fondamental dans cet article (et qui nous rappelle que M. Gauchet s’intĂ©resse aussi Ă la psychanalyse) :
Pourquoi les mĂȘmes familles qui souhaitent tellement transmettre leurs biens propres Ă©vitent de transmettre le reste, en particulier ce qui leur vient d’un passĂ© commun ou de la tradition?
Les biens matĂ©riels seraient les seules choses “bonnes Ă transmettre” ? Il me semble que de moins en moins de monde pense ça. Encore que dans les pratiques, la transmission d’un capital ou de biens soit une inquiĂ©tude pour beaucoup de parents (“il partira avec un bon bagage dans la vie”… bagage matĂ©riel bien sĂ»r). On rĂ©duit l’hĂ©ritage Ă des objets matĂ©riels donc purement rationnels. M. Gauchet n’Ă©voque pas, et c’est dommage, les blessures de notre histoire rĂ©cente qui peuvent aussi expliquer une crainte de tout homme de transmettre ses traditions (peuples ou ethnies persĂ©cutĂ©es, nazisme, eugĂ©nisme…).
Mais revenons Ă la transmission. M. Gauchet parle Ă juste titre d’une hiĂ©rarchie devenue “inadmissible”. Les mouvements libertaires ou anarchistes (et leurs “dĂ©rivĂ©s” politiques du socialisme au communisme) ont en effet combattu toute forme de hiĂ©rarchie, qui Ă©tait vue alors comme source obligatoire de violence et de domination. ForcĂ©ment “inadmissible”…
Je crois que c’est mĂȘme une erreur de faire dĂ©marrer la rupture avec la tradition Ă cette Ă©poque lĂ . L’origine historique remonte bien avant le dĂ©but du 20Ăšme siĂšcle, par les politiques centralisatrices des diffĂ©rents rĂ©gimes, Ă commencer par la rĂ©volution française : en voulant se dĂ©barrasser du pire (la dictature royaliste, la bourgeoisie mondaine dans ce qu’elle avait de plus immonde et mĂ©prisante…), notre pays s’est aussi dĂ©barrassĂ© du traditionnel (culturel, religieux, philosophique). Il faut comprendre que du point de vue historique, la rĂ©volution française Ă fait table rase du passĂ©. Un peu comme un traitement par chimio : ça tue les mĂ©chants, mais aussi les bons…
Depuis lors, l’idĂ©e de hiĂ©rarchie est sujette Ă mĂ©fiance dans bien des milieux. Les rĂ©flexions pĂ©dagogiques actuelles sur le laisser-faire, l’auto-organisation, la libertĂ© de dĂ©cision ne devraient pas faire table rase de la hiĂ©rarchie.
C’est le point central. La hiĂ©rarchie n’est pas un concept politique, c’est une donnĂ©e physique et psychique du monde. La matiĂšre est organisĂ©e. Elle suit une hiĂ©rarchie prĂ©cise et quasiment immortelle (quarks -> nuclĂ©ons -> atomes -> molĂ©cules -> cellules -> ĂȘtres complexes…). De la mĂȘme maniĂšre, notre psychisme est construit, hiĂ©rarchisĂ© (valeurs, Ă©motions, …). Le conflit intĂ©rieur comme extĂ©rieur n’est d’ailleurs qu’un problĂšme de dĂ©finition de cette hiĂ©rarchie (“qu’est-ce qui est plus important ?”). Mais dans la vie sociale, la hiĂ©rarchie prend parfois des allures de despotisme, de domination injuste, dĂ©mesurĂ©e et violente. Il est donc comprĂ©hensible (mais absurde) de rejeter en bloc toute idĂ©e de hiĂ©rarchie.
La transmission nĂ©cessite une hiĂ©rarchie, elle aussi. Il faut bien un premier qui a ou qui sait pour qu’un second possĂšde ou sache. Tout ne peut pas se dĂ©couvrir seul. Un bĂ©bĂ© ne va dĂ©couvrir seul qu’il a besoin d’ĂȘtre couvert et rĂ©chauffĂ© pour ne pas mourir. Un adulte ne peut dĂ©couvrir seul quelle est la meilleure maniĂšre d’organiser la vie en sociĂ©tĂ©. La transmission est nĂ©cessaire et complĂ©mentaire de l’expĂ©rience.
Comme l’exemple de cette expĂ©rience en Inde oĂč des enfants apprennent seuls face Ă un ordinateur et internet (ou des dvds). On se dit qu’il n’y a personne pour leur apprendre, donc pas de hiĂ©rarchie ? Apparence seulement. Il s’installe un phĂ©nomĂšne de transmission du savoir-faire (utilisation de la machine) et de la connaissance (de l’anglais en l’occurrence) entre ceux qui ont compris (dĂ©couvert seul) et les autres. Mais aucun n’a tout compris tout seul, c’est une sorte d’entraide, de transmissions permanentes. Il en dĂ©coule de facto une hiĂ©rarchie. Celle-ci peut ĂȘtre bienveillante si elle transmet sans condition (notion de gratuitĂ©, de don), si elle autorise (au sens de Vulbeau, toujours…). C’est ici qu’il y a relation.
Bref, lĂ oĂč je ne suis pas en accord total avec M. Gauchet, c’est qu’aujourd’hui, il y a certes une survalorisation du “faire par soi-mĂȘme, expĂ©rimenter”, mais elle n’exclue pas systĂ©matiquement la relation et donc la transmission (mĂȘme par des aĂźnĂ©s). C’est d’ailleurs une des critiques que je faisais au dĂ©but Ă l’individualisation (type pdld, PI) et Ă la personnalisation (type courcelles). C’est aussi ce avec quoi je suis en dĂ©saccord avec toi, Moilapa : la place de l’adulte dans la vie de l’enfant (sur un centre ou dans une relation d’animation) ; l’adulte ne peut s’exclure du monde de l’enfant en permanence, ça n’a ni sens, ni intĂ©rĂȘt (pour lui comme pour l’adulte). Et ça empĂȘche de se poser bon nombre d’autres questions comme l’Ă©go, le pourquoi je travaille avec des enfants, etc…
moilapa a Ă©crit :
Apprendre” a supplantĂ© “transmettre”
En totale opposition avec ce que je pense,
mais intĂ©ressant point de vue…
et bien… si je repense Ă ma propre scolaritĂ©, celle d’avant 68, il y a un petit changement quand mĂȘme non ? (si jâinterprĂšte bien ce que tu dis )
Point de vue pour une fois plus philosophique
que sociologique ou anthropologique
de mon point de vue :
Marcel Gauchet dans un livre tout récent :
“Transmettre, apprendre”
Apprendre” a supplantĂ© “transmettre”
En totale opposition avec ce que je pense,
mais intĂ©ressant point de vue…
Pour alimenter le dĂ©bat, un texte de Boutinet et BrĂ©chet sur : Logique de projet et logique de profit – compatibilitĂ©s et incompatibilitĂ©s. Le titre me paraĂźt explicite. đ
Quand le spĂ©cialiste du “projet” rencontre un prof de gestion et de management… ça donne ça :
Résumé :
e projet et le profit dans leurs usages entretiennent sĂ©mantiquement des liens troubles. Aussi bien l’un que l’autre sont en permanence mobilisĂ©s pour lĂ©gitimer l’action individuelle ou collective dĂ©ployĂ©e dans des espaces marquĂ©s par la prĂ©Ă©minence du capi talisme financier et de la culture nĂ©olibĂ©rale quâil gĂ©nĂšre, alors mĂȘme que nombre de leurs attributs fondamentaux logiquement les opposent. Une premiĂšre explication
tient aux acceptions plurielles ou floues des deux
concepts qui autorisent des emplois approximatifs.
Une seconde explication relĂšve de la dimension culturel
le ou paradigmatique qui les promeut dans notre modernitĂ© tardive. Logique de projet et logique de profit semblent ainsi accompagner les difficultĂ©s de l’Ă©poque Ă travers discours et pratiques. Une analyse de leurs rapports au temps, Ă l’espace, aux acteurs et Ă l’action, suggĂšre pourtant des diffĂ©rences constitutives Ă prendre en compte pour Ă©viter les ambiguĂŻtĂ©s actuelles, ce qui devrait conduire Ă instaurer une rĂ©sĂ©ance du projet sur le profit.
http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/73/29/29/PDF/LEMNA_WP_201236.pdf
les liens sont intéressants, et les photos feraient bondir un bon nombre de professionnels et formateurs français (deux enfants, dont un vraiment jeune, avec une énorme scie).
Cela fait Ă©cho Ă un article paru dans VEN 552 (le numĂ©ro de ce mois-ci, enfin octobre), pages 40-41 : Au dĂ©tour d’un terrain d’aventures, Promenade Ă Hambourg
Incroyable, il y en a qui travaillent Ă remettre au goĂ»t du jour les terrains d’aventure en France. les salops, ils ont une longueur d’avance sur moi.
Les terrains dâaventure : le temps de lâexpĂ©rimentation
Ces “Ă©valuations”, ces jugements de valeurs, ils sont une logique humaine : quand je fais des ateliers manuels familiaux, il m’arrive de lutter, lutter, pour revaloriser un enfant constamment dĂ©valorisĂ© par un parent. Dans ce cas lĂ , la maĂźtrise (non seulement maĂźtrise technique total mais aussi minimum de comprĂ©hension de ce qu’est ce groupe, des rapports entre les individus qui le forme…) est primordiale.
On ne peut savoir (et n’a pas besoin de savoir) qu’est-ce qui fait que dans l’histoire d’une famille, dans l’enfance d’un parent, on retrouve ces situations. quels craintes, quels peurs peuvent pousser un parent (aimant) Ă maltraiter son enfant, le “dĂ©sossĂ©” constamment en prĂ©sence d’autres personnes…
Ahah ! Enfin ! Il y a quelques savoirs utiles pour ĂȘtre animateur. đ
Ăa ne fait pas tout, on est d’accord, et il reste Ă savoir par oĂč passer pour se former…
Sans revenir sur Ă©valuation (et contrĂŽle) ou estimation, il me semble que, ce qui se cache derriĂšre ces logiques qui fondent la mĂ©thodologie de projet est une certaine conception de l’agir humain.
Pour citer un exemple issue de formation BAFA, c’est quand des formateurs justifient l’emploi de la mĂ©thodologie pour dire qu’on fait un projet lorsqu’on a faim, qu’on veut partir en vacances, etc. Et, nĂ©cessairement, on Ă©value le rĂ©sultat chĂšrement acquis face Ă notre projection-prĂ©paration attendue…
Si j’Ă©tais dĂ©jĂ convaincu de la supercherie, je n’avais pas encore le mot pour la qualifier : trĂšs clairement aujourd’hui, il s’agit d’une rationnalisation a posteriori d’un acte duquel on Ă©vacue les dimensions subjectives et inconscientes ou d’influences sociales (cf. aussi les travaux sur la dissonance cognitive dont ceux de Festinger). La “part sensible de l’acte” disparaĂźt.
Finalement, on dĂ©guise nos actes derriĂšre les attraits d’une action rationnelle, objective, raisonnable et Ă©valuable (issue des standards Ă©conomiques). On en revient, in fine Ă la distinction fondamentale qu’Ă©tablit G. Mendel entre action et acte que la pensĂ©e occidentale a occultĂ©. En bref, l’action n’est qu’une pensĂ©e, une prĂ©paration Ă faire tandis que l’acte et la rencontre de l’action avec la rĂ©alitĂ© du quotidien qui pourra opposer quelques rĂ©sistances ou offrir des voies dĂ©tournĂ©es qui feront obligatoirement Ă©voluer l’action initiale : les fameux imprĂ©vus…
Juste une petite rĂ©ponse vite fait ce soir, et ensuite je reviens dans une semaine environ, le temps d’avancer dans mon boulot !
c’Ă©tait chez les finnois ? Non parce que lĂ -bas, la fac, y’a quand mĂȘme des choses incroyables… genre tu choisis de n’avoir aucun exam pendant un semestre, et tu peux mĂȘme recevoir les cours Ă distance, ce qui te permet pendant l’annĂ©e universitaire de voyager, travailler, voir autre chose…
Chez les British. Pas hyper dĂ©veloppĂ© en GB… C’Ă©tait une sorte de programme international prĂ©-universitaire, une initiative soutenue financiĂšrement par je-sais-pas-trop-qui (peut-ĂȘtre la ville ou le comtĂ©). Tout n’Ă©tait pas parfait, mais ça nous a beaucoup apportĂ©. Pareil que pour le jeu, faudrait que je dĂ©veloppe pour bien comprendre, mais j’ai pas le temps maintenant, sorry, je reviendrai plus tard si ça t’intĂ©resse… đ
Plus concrĂštement, les jeux d’opposition ou de compĂ©tition ne me dĂ©rangent pas. Ce n’est pas parce qu’on joue aux douaniers-contrebandiers ou qu’on fait la course entre potes dans la cour de l’Ă©cole que nous devenons des compĂ©titeurs acharnĂ©s, dĂ©truisant son prochain. Le jeu a cette magie d’ĂȘtre un jeu, et non un sport. La compĂ©tition au sein du jeu est une Ă©mulation Ă dĂ©velopper des capacitĂ©s (courir, se cacher, ĂȘtre adroit avec un ballon) pour se faire plaisir (plaisir kinesthĂ©sique, plaisir de la rencontre, etc…). Les grands sportifs disent pourtant qu’ils se font plaisir comme dans un jeu… sauf que les rĂšgles qui rĂ©gissent leur activitĂ© n’est plus dĂ©finie par eux (ou par le groupe qui joue), mais par une fĂ©dĂ©, un comitĂ© olympique ou mĂȘme l’Etat…
Moi non plus, j’ai rien contre les douaniers-contrebandiers et autres jeux de ce type-lĂ . Mais l’idĂ©e c’Ă©tait simplement d’essayer de proposer autre chose, plutĂŽt que de faire une simple copie d’un jeu tĂ©lĂ©.
Varions, varions… đ
Concernant le sport, il y a beaucoup d’autres raisons que le dĂ©passement qui font que l’on se lance dans du “sport intensif”.
Ăa dĂ©pend des gens, ça dĂ©pend du moment de notre vie oĂč on le fait. Ăa peut ĂȘtre une passion (comme certains sont accros Ă la musique ou Ă d’autres choses), ça peut ĂȘtre parce que ça nous permet de dĂ©crocher, de nous sentir bien, de faire le vide, ça peut ĂȘtre grĂące Ă l’ambiance, parce qu’on fait partie d’un groupe et qu’on s’y sent bien, ça peut ĂȘtre parce que ça permet de louper les cours de sport tout pourris au collĂšge (:-D), etc. Pour plein de raisons Ă la fois, des bonnes et des mauvaises. On peut s’y lancer, y compris si on n’aime pas la compĂ©tition. Et on peut tirer Ă©normĂ©ment de choses positives d’une expĂ©rience comme celle-lĂ , Ă condition Ă©videmment (ça ne suffit pas forcĂ©ment, mais c’est indispensable) que ce soit un choix perso, et qu’on se sente absolument libre d’arrĂȘter Ă tout moment.
Il y a des dĂ©rives Ă©videmment : peser des ados de 13-14 ans toutes les semaines, par exemple, ça peut faire beaucoup de dĂ©gĂąts. Beaucoup d’autres…
Mais voilĂ , quand on a choisi de se lancer dans du sport de “haut niveau”, oui ça peut vraiment ĂȘtre un jeu, et on continue Ă s’amuser tant qu’on s’Ă©clate. Quand on en a marre, qu’on a envie de faire autre chose, qu’on a fait un autre choix de vie, on peut arrĂȘter et passer Ă autre chose… Ces expĂ©riences-lĂ peuvent apporter le pire comme le meilleur…
J’ai pas tout compris Ă ton exemple de PĂ©kin express… mais :
Comment tâavais fait pour Kho Lanta ?
Je fais faire un post Ă part (avant ce soir, parce que aprĂšs je “disparais plusieurs mois pour la saison d’Ă©tĂ©…)
Oui s’cuse, c’est normal que t’aies pas compris, j’ai fait beaucoup trop de raccourcis et je n’ai pas parlĂ© du dĂ©roulement du jeu.
Je reprends mes notes d’ici une semaine et je t’explique le jeu en dĂ©tail, plutĂŽt que de te faire un trop court rĂ©sumĂ© maintenant.
Ton Kho Lanta est bien sympa ! Ăa me fait penser que j’ai un anim qui amĂšne un slack cet Ă©tĂ©… On va pouvoir jouer au funambule, classe ! đ
Je trouve que c’est une belle notion, riche et intĂ©ressante le dĂ©passement de soi. Jâessaie parfois d’articuler une partie du projet autour, c’est en plus un parallĂšle intĂ©ressant avec la notion de performance, qui fait pas mal dĂ©bat en ce moment dans le travail social.
sans Ă©valuation du tout. (…) ça fonctionnait (…) savoir si ça peut convenir Ă tout le monde en toute circonstance, (…) si cela peut ĂȘtre mis en place dans un cadre scolaire, qui est clairement un endroit dâĂ©valuation permanente, ça doit pouvoir lâĂȘtre partout ailleurs, et a fortiori sur un temps de loisirs.
Franck Lepage, par exemple, et pas mal d’autres, finalement, font Ă©merger l’idĂ©e que l’Ă©cole n’a rien Ă voir avec ses prĂ©tentions. C’Ă©tait troublant, quand j’Ă©tais habituĂ© Ă dĂ©fendre l’idĂ©e du savoir pour tous et Ă dire que l’Ă©cole Ă©tait une chance…
Mais l’Ă©cole Ă©value des compĂ©tences qui ne servent Ă rien Ă personne. Susciter le dĂ©sir d’apprendre? d’aller de l’avant? de faire des rencontres? de travailler? MĂȘme pas, elle ne fait rien de tout ça je crois. L’Ă©cole est un concours permanent, un moyen de hiĂ©rarchiser les gens selon des critĂšres discutables.
Qu’est-ce qu’on en tire finalement… On est bon Ă l’Ă©cole ça ne veut pas dire qu’on gagnera bien sa vie, ni mĂȘme qu’on sera quelqu’un de bien, et sĂ»rement pas qu’on sera quelqu’un d’heureux.
La semaine derniĂšre, Ă Ce Soir Ou Jamais sur france2, les invitĂ©s ont parlĂ© de l’idĂ©e de salaire universel garanti, de revenu universel garanti (qui doit ĂȘtre votĂ© en Suisse dans quelques annĂ©es). Martin Hirsch a dit que ce serait terrible si les gens n’avaient plus besoin de travailler pour avoir les moyens de vivre, qu’ils dĂ©primeraient. Il a Ă©tĂ© contredit, mais si je me souviens bien le dĂ©bat argumentĂ© n’a pas eu lieu sur ce point. Pourtant ça aurait Ă©tĂ© particuliĂšrement intĂ©ressant… car c’est totalement liĂ© Ă cette idĂ©e d’Ă©cole sans Ă©valuation.
On irait Ă l’Ă©cole pour apprendre ce qu’on veut savoir, ce qu’on a besoin de savoir… Donc si on a envie de travailler, on sait qu’on a besoin de savoir certaines choses, on va l’apprendre. Et Ă mon avis on va l’apprendre vite et bien.
Par exemple aujourd’hui quand on veut crĂ©er une entreprise, on n’a pas appris Ă l’Ă©cole comment faire. MĂȘme si on n’a pas le bac on peut le faire, on va Ă la pĂȘche aux infos, et on va rapidement se rendre compte de ce qu’il nous reste Ă apprendre, Ă comprendre, etc. C’est titanesque mais ça n’empĂȘche pas d’y arriver.
une solution (toute aussi mauvaise Ă mon sens) trĂšs en vogue en ce moment, notamment avec le dĂ©veloppement des activitĂ©s physiques de pleine nature, c’est la question du dĂ©veloppement de soi, de se dĂ©passer
Oui, se dĂ©passer c’est personnel. A chacun son truc, ses envies et ses dĂ©sirs. LĂ le dĂ©calage vient aussi du fait que ce sont des sociĂ©tĂ©s commerciales qui nous disent qu’on devrait penser Ă se dĂ©passer, pour eux ce qui compte finalement c’est ce qu’on va payer.
DĂ©jĂ , j’avais un Ă©norme avantage : je ne connaissais le jeu que par “ouĂŻ-dires” (en fait le zapping sur Canal plus)
J’ai laissĂ© les enfants constituer eux-mĂȘmes les Ă©quipes, selon leurs envies…
Il y avait donc plusieurs Ă©quipes : surtout des enfants et des prĂ©-ados. Les parents ont plus Ă©tĂ©s spectateurs des exploits de leurs enfants…
Une Ă©quipe d’une dizaine de prĂ©ados garçons façon footeux, des Ă©quipes “hĂ©tĂ©roclytes, … une Ă©quipe constituĂ©e de 4 petites d’autour de 5-ans, des ados (filles) venues juste pour “s’occuper de petits” (mĂȘme Ă©quipe que sur le dernier spectacle) etc… et des parents, certains toujours prĂȘts Ă donner un coup de main (amener faire pipi un petiot …)
Toutes les Ă©quipes se retrouvaient en mĂȘme temps sur chaque Ă©preuve. (ce qui me permet de gĂ©rer seul, de pouvoir contrĂŽler ce qu’il se passe, crĂ©er cette “cohĂ©rence…) Soit une Ă©preuve contre une difficultĂ©, soit avec moi comme mĂ©chant…
Moteur de jeu : toutes les Ă©quipes arrivent en mĂȘme temps sur une Ă©preuve : autant de joueurs qui le veulent peuvent faire l’Ă©preuve : mais celui qui n’y arrive pas devient un fantĂŽme : il ne peut donc plus rien attrapper, tenir dans ses mains… mais sinon il peut participer aux dĂ©cisions, aux Ă©nigmes…
Ce qui met une grosse pression.
Il suffit dans chaque Ă©quipe qu’une personne rĂ©ussisse pour que ce soit OK. Cette Ă©quipe lĂ attend alors que chaque Ă©quipe ait rĂ©ussie. On ne passe pas Ă l’Ă©preuve suivante sans que au moins une personne de chaque Ă©quipe ait rĂ©ussie.
Exemple d’une Ă©preuve : un “parcours difficile” : avec pour commencer une Ă©chelle que j’ai suspendue en l’air et qu’il faut traverser Ă la seule force des bras : petit dĂ©tail : plus tu es lourd, plus c’est difficile !
Ce qui avantage les petites crevettes !
En fait, tout un parcours avec diffĂ©rents “passages” : (si tu veux, j’ai tout ça en photo) aprĂšs l’Ă©chelle, un de mes ponts “suspendus” (comme dans Indiana Jones) : celui qui n’a juste ques les planches alignĂ©es sous deux cordes tendues par un systĂšme de sangles : pas de quoi se tenir sur les cĂŽtĂ©s : plus tu es lourd, plus tu fais tanguer le pont ! (et plus tu tombes)
Juste : quand ça a Ă©tĂ© le tour de la “dĂ©signĂ©e” de chez les “petites, elle est passĂ©e Ă quatre pattes. Et comme je n’avais pas prĂ©cisĂ© que l’on devait passer debout;
C’est l’un des moments de rĂąlement : parce qu’Ă cette Ă©preuve, plus de la moitiĂ© des “durs” ont Ă©chouĂ© (ils s’Ă©taient “rĂ©servĂ©s” pour cette Ă©preuve qui leur semblait faite pour eux)
Sur la photo, on imagine un peu ce que ça peut donner pour des “gros balaises” …
Y’avait aussi la traversĂ©e du slack, une formalitĂ© quand on a passĂ© la semaine sur l’atelier cirque Ă y jouer, pratiquement impossible quand on a jamais essayĂ©…
Des papas ont essayĂ©… ils n’ont fait qu’essayer.
Epreuve endurance : minimum de saut Ă la corde Ă faire. Pas la peine de dire quel profil d’enfant Ă©tait avantagĂ©.
Au fur et Ă mesure des Ă©preuves, certaines Ă©quipes se sont retrouvĂ©s avec 1 seul “non fantĂŽme”.
Et donc, si cette personne ratait l’Ă©preuve…
Au dĂ©but du jeu, j’avais bien dit : “faites les Ă©quipes comme vous l’entendez. Vous allez avec qui vous voulez, quand vous voulez.”
(certains parents de pitchouns se sont inquiĂ©tĂ©s en voyant les gros balaises dĂ©jĂ pressĂ©s d’en dĂ©coudre, mais je leur ai dit qu’il n’y aurait pas de problĂšme…)
Donc, l’Ă©quipe des “costauds” (je les appelle comme ça par commoditĂ©) on eu cette idĂ©e “d’allier” leur Ă©quipe (faites de fantĂŽmes et 1 survivant) avec une autre Ă©quipe avec des rescapĂ©s.
Au fil des Ă©preuves, il n’ait plus rester qu’une Ă©preuve… qui n’Ă©tait possible Ă rĂ©ussir que si les fantĂŽmes protĂ©geaient celui qui faisait…
au fur et Ă mesure des Ă©preuves, les joueurs (les grnads surtout) proposaient des “nouvelles rĂšgles” (comme pour le pont) en fonction de ce “que je “n’avais pas dit”. si cela “tenait la route”, je disais ok…
A noter : aucun enfant n’a remis en cause le fait de ne pas avoir rĂ©ussi une Ă©preuve, d’avoir perdu : je pense, non seulement parce qu’il avait ce choix de ne pas participer, mais aussi parce qu’ils Ă©taient dans cette “logique “d’Ă©limination propre au “vrai jeu”. Leur rĂ©fĂ©rence en arrivant ici.
Le cĂŽtĂ© “Ă©quipes qui s’allient”, cela s’est fait façon “contre le mĂ©chant David : façon ruse Ă laquelle je n’aurais pas pensĂ©.
AprĂšs, y’a plein d’autres choses : dans le dĂ©sordre : Ă tout moment, les enfants pouvaient aller faire une Ă©preuve dĂ©jĂ passer, comme de jouer dans le “labyrinthe noir”, pour “du buerre”, pour montrer Ă papa, jouer avec la machine de la mort (une sorte de grand bras qui tourne trĂšs vite sur un axe central, et que le joueur doit Ă©viter en alternant des sauts par dessus le bras et des “plongeons sous le bras” : j’avais mis une vidĂ©o sur le forum…
Des enfants arrivaient bien aprĂšs le jeu et devenaient des “jokers” d’Ă©quipe (trĂšs courtisĂ©s, mĂȘme si haut comme 3 pommes, les joueurs finissant par se mĂ©fier des Ă©preuves qu je proposais)
Finalement de l’aventure, des enfants qui ont gagnĂ©, des grands, des petits, des parents…
Chose intĂ©ressante : aucun enfant n’a demandĂ© Ă la fin ce qu’ils avaient gagnĂ©.
… je vais lire deus secondes la fiche que j’en avait fait, pour voir tout ce que j’ai oubliĂ©… si cela peut servir Ă quelqu’un..
Ă©dit : Ă part d’autres Ă©preuves, c’Ă©tait Ă peu prĂšs ça…
A la fin, la “triche” qui a permis aux enfants de gagner : sur la derniĂšre Ă©preuve, les quelques survivants de l’Ă©quipe unique, devait traverser d’un point Ă un autre sans ĂȘtre touchĂ© par le mĂ©chant (moi) armĂ© de balles.
es uns aprĂšs les autres, les derniers survivants se faisaient massacrĂ©s…
Les fantĂŽmes se sont mis entre moi et le “survivant” : ils pouvaient aller, en tant que fantĂŽme oĂč ils voulaient !
J’ai fait remarquĂ© que c’Ă©tait de la triche, Ă quoi il m’a Ă©tĂ© rĂ©pondu quelque chose comme “puisqu’on est des fantĂŽmes les balles passeront Ă travers nous, non ? ”
En fait, tout ça est quand mĂȘme pas mal “induit”… et quand y’avait besoin d’un “petit coup de pouce”, je passais par les parents qui au fur et Ă mesure du jeu avait compris le truc : je leur expliquait plus ou moins comment passer outre…
bref : un jeu familial avec toutes tranches d’Ăąges.
Juste dommage que cĂŽtĂ© parents on ait plus Ă©tĂ© spectateur des Ă©preuves que participant…
sinon : grosse prĂ©paration en amont. Sur les “possibles”, les enchaĂźnements, les blocages…
En ne donnant pas d’ordre de passage d’Ă©preuves, en ayant dĂ©jĂ rĂ©flĂ©chi Ă plusieurs rĂšgles possibles pour un mĂȘme jeu…. on finit par arriver Ă obtenir du jeu, plus que du “sport”, de la compĂšt… ou compĂȘt contre l’adulte : ce qui lĂ me dĂ©range beaucoup beaucoup moins…. (en fait pas du tout)
Beaucoup d’adaptations aux joueurs, Ă cette “volontĂ© d’en dĂ©coudre” que je n’avais pas rĂ©ellement cernĂ©e en proposant un jeu aussi marquĂ©.
Possible aussi que je puisse refaire dix fois un mĂȘme jeu sans avoir Ă “rĂ©guler autant”, avec d’autres joueurs… possible qu’en enlevant tout simplement ce titre lĂ on s’Ă©vite une bonne partie de ces “logiques”…
Au final : tout le monde savait que je trichais, notamment pour avantager les petits; Mais cela a Ă©tĂ© intĂ©grĂ© dans le jeu, avec d’autres “triches en retour”… une bonne partie du jeu Ă tenu à ça, comme un “bras de fer” de cerveaux…
Jeu aussi Ă penser dans la globalitĂ© de son rapport aux familles : une soirĂ©e jeu prĂ©cĂ©dente n’avait Ă©tĂ© faite que de triche Ă©hontĂ©e de ma part ! Du genre tellement Ă©norme que les gens choisissaient le cĂŽtĂ© drĂŽle Ă celui de la contestation (le plaisir de ce jeu en fait, dont les gens me reparlaient en me croisant dans le camping la semaine)
En fait, tout cela se construit petit Ă petit…
photo :
L’une des Ă©preuves (on voit le slack, un pont…) et des enfants qui y jouent “en dehors du grand jeu” , “pour du beurre”
(cliquez pour agrandir)
un grand un peu en galĂšre sur l’Ă©chelle, que j’aide…
Le fameux petit pont qui paie pas de mine et qui a pas mal Ă©crĂ©mĂ© (t’es debout : t’es mort)
Au second plan : la grande sĆur toute contente de m’voir “grugĂ©”, d’avoir glissĂ© Ă l’oreille l’idĂ©e de passer Ă 4 pattes, idĂ©es elle-mĂȘme peut ĂȘtre glissĂ©e “sans le vouloir” Ă cette grande sĆur lors de la mise en place du jeu le matin…
La machine de la mort avant le jeu, avec les adotes, qui s’entrainent pour savoir comment on peut rĂ©ussir cette Ă©preuve (sans cet “entraĂźnement : quasi impossible !)
Sur la question de savoir si ça peut convenir Ă tout le monde en toute circonstance, jâen sais rien, mais aprĂšs tout, peut-ĂȘtreâŠ
bin, j’ai presque envie de dire qu’ici on pourrait enfin sortir “Ă bonne escient” notre tarte Ă la crĂšme professionnelle : cette idĂ©e “Ă©vanescente” d’autonomie…
Non ?
Y’a juste peut ĂȘtre Ă de demander si il s’agit de remettre en question quelque chose pour juste remettre en question ou si cela a un sens…
J’ai pas tout compris Ă ton exemple de PĂ©kin express… mais :
Comment tâavais fait pour Kho Lanta ?
Je fais faire un post Ă part (avant ce soir, parce que aprĂšs je “disparais plusieurs mois pour la saison d’Ă©tĂ©…)
BlandineP a Ă©crit :
[…]Quand je disais ĂȘtre « en plein dedans », je parlais du fait que jâĂ©tais systĂ©matiquement Ă©valuĂ©e. Le « systĂšme Ă©valuation », comme beaucoup de monde, je suis en plein dedans depuis que je suis scolarisĂ©e. De mĂȘme que le systĂšme compĂ©tition dâailleurs : un concours, câest de la compĂ©tition par dĂ©finition. Pour faire le mĂ©tier que lâon veut faire, quand il y a un concours dâentrĂ©e, il faut rĂ©ussir le concours et donc ĂȘtre meilleur que les autres.
Cela dit, ça ne mâempĂȘche pas de me poser des questions, dâavoir envie de proposer dâautres logiques quand je fais de lâanimation, de chercher dâautres pistes, d’avoir envie dâĂȘtre moins frileuse et dâenvisager autre choseâŠ
Ăa ne me semble pas franchement contradictoire avec le fait dâavoir dĂ» un jour Ă©valuer des stagiaires (et peut-ĂȘtre que lâĂ©valuation me poserait dâailleurs beaucoup moins de problĂšmes si je ne mâĂ©tais pas retrouvĂ©e un jour dans la position, que jâai trouvĂ©e dĂ©concertante, inconfortable, et pas trĂšs lĂ©gitime, dâĂ©valuatrice), mais si cela te semble contradictoire, jâassume tout Ă fait la contradiction.
Ăa ne me semble pas du tout contradictoire, comme tu l’as dit c’est une expĂ©rience toujours trĂšs enrichissante. C’est juste le “en plein dedans” qui ne me paraissait pas clair.
BlandineP a Ă©crit :
Je ne sais pas sâil y a une loi physique, mais concernant lâĂ©valuation, je me pose vraiment la question. Jâai vĂ©cu une expĂ©rience universitaire dâun an sans Ă©valuation du tout.
c’Ă©tait chez les finnois ? Non parce que lĂ -bas, la fac, y’a quand mĂȘme des choses incroyables… genre tu choisis de n’avoir aucun exam pendant un semestre, et tu peux mĂȘme recevoir les cours Ă distance, ce qui te permet pendant l’annĂ©e universitaire de voyager, travailler, voir autre chose…
Pendant le jeu, ils Ă©taient tous dedans de bon cĆur. Mais Ă la fin, la plupart nous ont quand mĂȘme dit que, mĂȘme si le jeu Ă©tait bien, ils auraient prĂ©fĂ©rĂ© la version de la tĂ©lĂ©, avec la confrontation des Ă©quipes pour la place du vainqueur. Et ce qui les a vraiment dĂ©rangĂ©s, câest quâils ont eu lâimpression de jouer sans but, sans lâadrĂ©naline du « est-ce que les autres sont devant nous ou derriĂšre nous ? », et dâavoir remportĂ© une bien pĂąle victoire (« ben oui, si tout le monde gagne, câest pas une vraie victoire ! »).
une solution (toute aussi mauvaise Ă mon sens) trĂšs en vogue en ce moment, notamment avec le dĂ©veloppement des activitĂ©s physiques de pleine nature, c’est la question du dĂ©veloppement de soi, de se dĂ©passer. Combien de projets (projets !) encouragĂ©s, soutenus mĂȘme financiĂšrement par le monde des adultes (mairies, CG, etc…) autour de la question de la performance individuelle, le dĂ©passement de soi (en groupe ça marche aussi, on appelle ça la performance collective). L’adversaire n’est plus un autre ĂȘtre humain, l’adversaire c’est nous-mĂȘme ! Wahou, quel progrĂšs !!!
Nous devenons droguĂ©s au dĂ©passement de soi. BientĂŽt, on ne sera plus un vrai homme (ou femme) si on ne se sera pas dĂ©passĂ©, si nous n’accomplissons pas des prouesses (saut en parachute le plus haut et le plus cher et le plus crĂ©tin, ascension des quatorze sommets de plus de 8000m en un temps record…, ou au niveau moyen, maĂźtriser des compĂ©tences perfectionnĂ©es et, si possible, impressionnantes). C’est une course sans fin Ă se dĂ©passer. ArrivĂ©s Ă 100 ans on se dira “merde, j’ai juste oubliĂ© d’ĂȘtre”.
Plus concrĂštement, les jeux d’opposition ou de compĂ©tition ne me dĂ©rangent pas. Ce n’est pas parce qu’on joue aux douaniers-contrebandiers ou qu’on fait la course entre potes dans la cour de l’Ă©cole que nous devenons des compĂ©titeurs acharnĂ©s, dĂ©truisant son prochain. Le jeu a cette magie d’ĂȘtre un jeu, et non un sport. La compĂ©tition au sein du jeu est une Ă©mulation Ă dĂ©velopper des capacitĂ©s (courir, se cacher, ĂȘtre adroit avec un ballon) pour se faire plaisir (plaisir kinesthĂ©sique, plaisir de la rencontre, etc…). Les grands sportifs disent pourtant qu’ils se font plaisir comme dans un jeu… sauf que les rĂšgles qui rĂ©gissent leur activitĂ© n’est plus dĂ©finie par eux (ou par le groupe qui joue), mais par une fĂ©dĂ©, un comitĂ© olympique ou mĂȘme l’Etat…
Et puis, quoi de mieux que le jeu pour se rendre compte que oui, vouloir gagner peut blesser l’autre, peut le rendre plus agressif encore, etc… Quoi de mieux que le jeu pour faire grandir ce que certains appellent horriblement notre “intelligence sociale” ?
Et puis, quelle mesure lĂ -dedans ? Faire de la confrontation/compĂ©tition toute la journĂ©e, ça a quel sens (Ă l’UCPA) ? Faire du jeu avec un ennemi imaginaire toute la journĂ©e ça a quel sens (sur les colos bisounours) ?
…
Salut tout le monde,
DĂ©solĂ©e pour mon temps de rĂ©action, j’suis pas hyper dispo en ce moment : je me fais Ă©valuer bientĂŽt⊠đ
ça m’intrigue cette sorte de “loi physique” qui voudrait que lorsqu’on remet en question un Ă©lĂ©ment, on s’oriente immĂ©diatement vers l’extrĂȘme inverse.
Bien sĂ»r que l’Ă©valuation et le contrĂŽle ne sont pas Ă bannir “en soi”. La question c’est oĂč on en a besoin et de quelle maniĂšre. Aujourd’hui, elle est partout et de mĂȘme forme, c’est ça le problĂšme.
L’Ă©valuation est nĂ©cessaire lorsque par exemple un groupe de jeunes part en autonomie bivouaquer. On Ă©value alors ensemble (adultes + jeunes) si l’organisation est suffisante pour que tout se passe bien/qu’il n’y ait pas de mise en danger excessive. Mais ça n’a rien Ă voir avec l’Ă©valuation quantitative de type mĂ©tho de projet. LĂ , ça n’aurait aucun sens.
Je ne sais pas sâil y a une loi physique, mais concernant lâĂ©valuation, je me pose vraiment la question. Jâai vĂ©cu une expĂ©rience universitaire dâun an sans Ă©valuation du tout. Et force est de constater que, malgrĂ© toutes les rĂ©ticences que je pouvais avoir, eh bien ça fonctionnait, et ça fonctionnait mĂȘme bien, pour toute la promo⊠Sur la question de savoir si ça peut convenir Ă tout le monde en toute circonstance, jâen sais rien, mais aprĂšs tout, peut-ĂȘtreâŠ
Donc a priori, si cela peut ĂȘtre mis en place dans un cadre scolaire, qui est clairement un endroit dâĂ©valuation permanente, ça doit pouvoir lâĂȘtre partout ailleurs, et a fortiori sur un temps de loisirs.
Des Ă©valuations quand je fais de lâanimation, il y en a trĂšs peu, uniquement ce que me demandent les organisateurs Ă la fin du sĂ©jour⊠Mais je suis en train de me dire que mĂȘme trĂšs peu, câest dĂ©jĂ trop, et que je pourrais carrĂ©ment tout enlever.
Vouloir (prĂ©tendre ?) se “dĂ©barrasser” de ces “logiques”, c’est aller en grande partie contre ce que souhaite par exemple notre public dans nos mĂ©tiers : je me rappelle d’avoir expĂ©rimenter un Kho Lanta oĂč je mettais en place (consciemment, dans cet objectif) des logiques diamĂ©tralement opposĂ©es Ă celles exrprimĂ©es par cette Ă©mission tĂ©lĂ© : mĂȘme en attendant ces rĂ©actions de blocage, cela a Ă©tĂ© “chaud” avec certains parents, avec certains enfants et ados : particuliĂšrement les enfants formatĂ©s dans des clubs sportifs : cela a Ă©tĂ© un combat de presque deux heures.
Je suis bien entendu arriver Ă mes fins, ce qui veut dire un minimum de manipulation des participants… Est-ce morale ? Sans doute pas… C’Ă©tait en tout cas extrĂȘmement intĂ©ressant Ă observer (et Ă vivre) : tout ça pour quoi ? Pour passer un message…
Cette idĂ©e mâintĂ©resse particuliĂšrement⊠Jâavais essayĂ© de faire un truc du mĂȘme genre, mais je nâavais pas vraiment rĂ©ussi mon coup… Les ados voulaient jouer Ă PĂ©kin Express, et, prenant en compte cette demande, on avait essayĂ© de revisiter le jeu en enlevant toutes les logiques dâaffrontement dâĂ©quipes. PremiĂšre difficultĂ© : « nan mais on peut pas faire le vrai jeu plutĂŽt ? On fait des Ă©quipes et la premiĂšre qui remplit toutes les missions et qui arrive en premier Ă lâarbre magique a gagnĂ© ». A vrai dire, on sây attendait, donc on a un peu dĂ©fendu notre idĂ©e, parce quâon voulait voir ce que ça pouvait donner et si ça pouvait leur plaire⊠Finalement, ils ont quand mĂȘme tous eu envie de tester le jeu revisitĂ© (pas tous convaincus du tout cela dit). Pendant le jeu, ils Ă©taient tous dedans de bon cĆur. Mais Ă la fin, la plupart nous ont quand mĂȘme dit que, mĂȘme si le jeu Ă©tait bien, ils auraient prĂ©fĂ©rĂ© la version de la tĂ©lĂ©, avec la confrontation des Ă©quipes pour la place du vainqueur. Et ce qui les a vraiment dĂ©rangĂ©s, câest quâils ont eu lâimpression de jouer sans but, sans lâadrĂ©naline du « est-ce que les autres sont devant nous ou derriĂšre nous ? », et dâavoir remportĂ© une bien pĂąle victoire (« ben oui, si tout le monde gagne, câest pas une vraie victoire ! »).
Comment tâavais fait pour Kho Lanta ?
Pour le « message », dans mon cas, je ne suis pas sĂ»re quâil soit passĂ© du tout. Ils ont surtout retenu le fait que « câĂ©tait pas aussi bien que le vrai jeu ».
On lâa peut-ĂȘtre mal amené⊠Comment tu gĂšres les rĂ©sistances de ton public ?
Sur le reste de ton message jâadhĂšre aussi, et je pense que les animations familiales peuvent ĂȘtre une vraie richesse.
Sinon je continue ma “dĂ©monstration” : on le fait tous dĂ©jĂ , d’essayer “d’aller contre” (ou au moins de proposer l’idĂ©e que l’on puisse aller diffĂ©remment), par exemple s’agissant du sexisme (“sexisme des jouets”, des “comportements inconscients”, de “logiques” d’animation…)
une autre forme de compĂ©tition, une autre forme d’Ă©valuation, ici façon viande ou promesses de fantasmes assouvis…
AĂŻe oui, sur cette question-lĂ , yâa du boulot pour tout le monde⊠MĂȘme quand on essaye de faire attention, cette logique reste bien ancrĂ©e dans nos comportements inconscients. Et elle est prĂ©sente dans une trĂšs grande partie de la littĂ©rature jeunesse, dans les catalogues de jouets, et dĂ©jĂ dans les tĂȘtes des enfants.
Sur cette question-lĂ , un petit livre dĂ©couvert en formation et cachĂ© au fond de ma ludothĂšque, dĂ©nichĂ© par un petit garçon, qui lâavait montrĂ© Ă ses copains et copines, avait amenĂ© les enfants Ă se poser et Ă poser plein de questions sur le sujet : « câest quoi un garçon ? Câest quoi une fille ? Est-ce quâon peut aimer des “trucs de garçons” et ĂȘtre une “vraie” fille, ou aimer des “trucs de filles”et ĂȘtre un “vrai”garçon ? D’ailleurs, c’est quoi les “trucs de garçons” et les “trucs de filles” ? C’est quoi un “vrai” garçon et une “vraie” fille ? Est-ce que les garçons et les filles doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s de la mĂȘme façon ? etc. »
“Pour Max, le monde Ă©tait trĂšs simple : il y avait les Avec-zizi qui Ă©taient les plus forts et les pauvres Sans-zizi, les filles, quâil plaignait, mais que pouvait-il y faire ? Mais un jour Zazie arrive en classe. Elle ressemble Ă une Sans-zizi, mais elle est drĂŽlement intĂ©ressante… Serait-elle une Sans-zizi avec zizi ? Pas du tout. Et Max va lâapprendre : il y a les Avec-zizi et les Avec-zĂ©zette et Ă elles, il ne leur manque rien non plus !”
En gros pourquoi rejeter ce fonctionnement si on est formateur, ou pourquoi ĂȘtre formateur si on rejette ce fonctionnement.
Euh, alors, je ne me considĂšre pas comme formatrice. Jâai encadrĂ© un stage, parce que lâexpĂ©rience me semblait intĂ©ressante (et de fait, elle lâa Ă©tĂ©), et parce que je connaissais la responsable de stage. Je nâai pas lâintention dâen faire dâautre pour lâinstant. Jâai environ 3-4 relances par an pour encadrer des stages, et ce depuis que jâai 17 ans (le « passage en force » donc je parlais plus haut, parce quâil manque des formateurs), donc si jâavais vraiment envie, jâencadrerais des stages depuis bien longtemps.
Et au passage, mĂȘme si câĂ©tait le cas, essayer de faire rentrer les gens dans des cases, câest au moins aussi discutable que de les Ă©valuer.
Quand je disais ĂȘtre « en plein dedans », je parlais du fait que jâĂ©tais systĂ©matiquement Ă©valuĂ©e. Le « systĂšme Ă©valuation », comme beaucoup de monde, je suis en plein dedans depuis que je suis scolarisĂ©e. De mĂȘme que le systĂšme compĂ©tition dâailleurs : un concours, câest de la compĂ©tition par dĂ©finition. Pour faire le mĂ©tier que lâon veut faire, quand il y a un concours dâentrĂ©e, il faut rĂ©ussir le concours et donc ĂȘtre meilleur que les autres.
Cela dit, ça ne mâempĂȘche pas de me poser des questions, dâavoir envie de proposer dâautres logiques quand je fais de lâanimation, de chercher dâautres pistes, d’avoir envie dâĂȘtre moins frileuse et dâenvisager autre choseâŠ
Ăa ne me semble pas franchement contradictoire avec le fait dâavoir dĂ» un jour Ă©valuer des stagiaires (et peut-ĂȘtre que lâĂ©valuation me poserait dâailleurs beaucoup moins de problĂšmes si je ne mâĂ©tais pas retrouvĂ©e un jour dans la position, que jâai trouvĂ©e dĂ©concertante, inconfortable, et pas trĂšs lĂ©gitime, dâĂ©valuatrice), mais si cela te semble contradictoire, jâassume tout Ă fait la contradiction.