Bon… moilapa, ne regarde pas les secondes vidĂ©os qui sont justes les entretiens non dĂ©coupĂ©s ni montĂ©s avec chacun des intervenants : une animatrice, une enseignante (l’aviez-vous repĂ©rĂ© ?), la directrice et un animateur. Les frontiĂšres sont encore plus floues… đ
Je vous rejoins largement balthazar et ludou. đ
Simplement, je reste curieux et assez soucieux d’ĂȘtre bonnement surpris d’autant qu’il utilise une mĂ©thodologie que j’estime pour analyser le travail. Or le rĂ©sultat qu’ils en montrent est, de fait, partiel mais aussi c’est aussi ce qu’ils cherchent Ă valoriser et normalement, pointer quelques contradictions internes. Par exemple, c’est le cas de la prĂ©sence et de la “place” des jeunes Ă©tudiants comme “rĂ©els animateurs” ou “supports techniques”. Bref.
Il y a plein d’autres liens Ă faire avec les enseignants et j’en ai notĂ© plein d’autres au fil de la vidĂ©o… mais ce serait un peu long. Il y au moins deux choses qui traversent ce que je peux voir ailleurs :
– Les ressorts (et les techniques) dĂ©ployĂ©s par les animateurs pour maintenir un semblant d’intĂ©rĂȘt d’enfants non dupes dans les activitĂ©s proposĂ©es.
– C’est vraiment intĂ©ressant le pouvoir attractif qu’exerce l’enseignant et la forme scolaire. MĂȘme l’animation qui avait dĂ©veloppĂ© un fort discours critique sur l’Ă©cole en revient Ă s’y conformer par soucis de reconnaissance… đ
Mieux, ils acceptent mĂȘme de faire le “sale boulot” et c’est lĂ oĂč je rejoignais le propos introductif de l’expĂ©rimentation. On met des animateurs face Ă des enfants en difficultĂ©s scolaires pour tenter d’y remĂ©dier. Bien entendu, ce sont les mieux placĂ©s. Pendant ce temps-lĂ , oĂč est passĂ© le loisir ? đ
EDIT:
Quelques rajouts : Le film avait été diffusé par le site du PoLoC : http://observatoire-reussite-educative.fr/
Et il y aurait d’autres vidĂ©os ici : http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/partenariat-educatif/enseignants-animateurs-a-dijon/enseignants-animateurs-mieux-se-comprendre-pour-travailler-ensemble-dans-lecole
Notamment parce que cela peut servir Ă rĂ©aliser une formation pour qu’enseignants et animateurs (mieux) bossent ensembles. Il reste plus qu’Ă Ă©crire Ă S. Kus. đ
J’avoue que ça m’a est assez insupportable
Ă regarder… (et que je zappe de temps en
temps parce que vraiment trop insupportable :
il manque le contact rĂ©el oĂč l’on peut
bousculer les gens, ne pas les laisser
confortablement développer, leur mettre
leur nez dans la merde de leurs contradictions,
de l’inbĂ©cilitĂ© de ce qu’ils racontent,
zappé notamment
tout ce qui est intervention d’instit’, le
seul phrasé propre à ce corps de métier,
la façon de parler façon “rĂ©union pĂ©da”
Ă©tant insupportable… bon je zappe aussi
le interventions des animatrices…)
dĂ©s la premiĂšre image d’enfants
en “animation”, on est dans une salle de classe,
les enfants sont assis autour de tables…
On voit des enfants en t-shirt, c’est trĂšs
certainement une pĂ©riode oĂč tous auraient pu
ĂȘtre dehors : si l’adulte a choisi de faire
son atelier en intĂ©rieur, c’est pour une question
de maĂźtrise, de contrĂŽle : ces mĂȘmes enfants dans
la cour, sans les tables et les chaises, avec
la “concurrence” du ballon qui passe, des
enfants qui jouent Ă chat Ă deux pas… auraient-ils
été là ? Toutes les images de ces ateliers sont
basĂ©s sur cette mĂȘme organisation “classe
d’Ă©cole”…
Avec Ă©videmment de petits groupes d’enfants,
pour ĂȘtre bien sĂ»r de contrĂŽler encore…
J’aurais aimĂ© voir le mĂȘme projet avec une
centaine d’enfants dans un contexte oĂč l’on
peut faire du bruit, crier, aller et venir… voir
si cela avait du sens dans le contexte trÚs précis
de ce qu’est une rĂ©crĂ©ation et que ces idiots semblent
avoir oubliĂ©…
Une fois de plus, une Ă©quipe d’animation
certainement trĂšs facile Ă diriger pour un
directeur, avec des animateurs visiblement
peu enclin Ă se poser des questions sur
leur travail… la dĂ©marche “scientifique” ne
semble pas devoir ĂȘtre expĂ©rimentĂ©e s’agissant
de ce qu’ils font, du sens qu’ils donnent Ă
ce qu’ils font… sur le coup, pas trĂšs scientifique
tout ça…
Ce qu’il peut y avoir de scientifique Ă la rigueur,
c’est l’utilisation de ces enfants comme des
rats, des cobayes : on utilise les réflexes ancrés
par l’Ă©cole, la classe, pour crĂ©er une atmosphĂšre
proprice Ă l’apprentissage : les enfants vont
d’eux-mĂȘme se comporter comme on attend
d’eux qu’ils se comportent dans une classe.
Si j’avais Ă©tĂ© animateur sur cette structure, je
me serais posé la question de la recherche de
cohérence entre le travail des enseignants
et celui des animateurs : doit-on chercher
Ă crĂ©er des “passerelles” entre nos mĂ©tiers ?
Et si oui, sur quelles bases ???
Parce qu’il faut alors ou rĂ©Ă©crire les projets
Ă la con censĂ©s guider le travail des anim’
ou admettre qu’ils n’ont aucun sens :
on a pas Ă chercher Ă travailler en commun
avec l’Ă©quipe enseignante mais combattre
éventuellement les idées qui font la classe,
le systĂšme scolaire.
Quels sont les “profils” d’enfants qui se retrouvent
sur ce type “d’animation” ? N’Est-ce pas lĂ
une situation faite pour les enfants en réussissent
scolaire, pour qui la classe n’est pas synonyme
de violence ? Qui redemandent de cette situation
de soumission Ă l’adulte ? De ce plaisir Ă
faire ce que le maĂźtre attend de nous ?
”Que des gens motivĂ©s et qui avaient quelque connaissances…”
Bon, j’abandonne aprĂšs 10 mn de visionnage ; j’y
arrive pas… C’est une façon de parler, d’ĂȘtre
qui est Ă l’image de ce qu’est une salle de
classe “bien gĂ©rĂ©e”… insupportable.
LĂ oĂč il y aurait dĂ» avant tout y avoir
du bruit et de la fureur.
On est bien du loisir, du jeu, de l’enfance…
Oh punaise, mes idéaux! Ha ha ha!
Les derniers mots de la vidéo!
“ils se sont pas aperçu qu’ils apprenaient des choses”
Faire apprendre des choses Ă des gens sans qu’ils s’en rendent compte, l’enjeu de la pĂ©dagogie? đ
la centration du propos sur le scolaire comme tu le dis, ça ne fait que renforcer ces fameux prĂ©jugĂ©s de part et d’autre : l’Ă©cole se sent (ou se voudrait…) garante de l’intĂ©rĂȘt Ă©ducatif des enfants (sous prĂ©texte que c’est son mĂ©tier et que, malgrĂ© la “crise” de l’enseignement, les profs seraient trĂšs compĂ©tents et les plus Ă mĂȘme de savoir ce qu’il faut faire) et le pĂ©ri/extra continue de vouloir se construire une place dans ce systĂšme scolaire (quoi que, je doute que ce soient les animateurs eux-mĂȘme qui le cherchent) en justifiant son existence par la “rĂ©flexion pĂ©dagogique” sur l’apprentissage, mais l’apprentissage ludique !
BientĂŽt, on nous vendra des profs traditionnels (chiant mais qui connaissent leurs contenus) et des profs ludiques (aujourd’hui appelĂ©s animateurs).
C’est plus des rĂ©formes qu’il faut faire lĂ … đ
(merci Shaaa pour ce partage, une fois de plus)
Ce qui m’Ă©tonne, c’est que ta “deuxiĂšme critique” n’avait pas l’air prĂ©mĂ©ditĂ©e.
J’aurais bien fait une analyse plus dĂ©taillĂ©e… mais non c’est un projet comme d’autres, sĂ»rement, d’animiser l’Ă©cole, et d’Ă©coliser les animateurs. Ăa fait au moins 60 ans que ça dure et ça ne va pas s’arrĂȘter demain.
On dit bien “pĂ©riscolaire” et “extrascolaire”, on ne dit pas “pĂ©riloisir” et “extraloisir”.
L’efficacitĂ© vers laquelle ils tendent, c’est l’efficacitĂ© de l’Ă©cole. On est encore loin de la corĂ©e du sud. Les journĂ©es d’Ă©cole durent combien d’heures lĂ -bas?
Oh, vers la 23Ăšme minute de la vidĂ©o, une animatrice explique qu’elle a questionnĂ© un enfant afin qu’il trouve par lui-mĂȘme la rĂ©ponse Ă sa question.
Puis elle explique que si il y a toujours quelqu’un qui donne la rĂ©ponse Ă l’enfant, il aura des problĂšmes plus tard.
C’est une question philosophique et politique majeure, la diffĂ©rence entre le savoir vertical (contrĂŽlĂ© par le maĂźtre) et le savoir horizontal (non contrĂŽlĂ©).
Parfois les gens se mĂ©prennent, comme l’animatrice. Elle a l’impression que l’enfant est en posture d’acquisition horizontale du savoir, alors que c’est bien elle qui guide le questionnement, et c’est bien elle qui contrĂŽle que la rĂ©ponse apportĂ©e soit la bonne. Il s’agit donc bien d’un apprentissage vertical.
En rĂ©alitĂ©, techniquement si les enfants savent lire et savent utiliser un ordinateur (internet) ils ont accĂšs au savoir horizontal. ProblĂšme, les gens qui ont pour rĂŽle de contrĂŽler les savoirs ne peuvent en gĂ©nĂ©ral pas saquer internet, qu’ils qualifient de peu fiable.
LĂ se retrouve l’hypocrisie du dispositif : ce sont toujours les mĂȘmes qui dĂ©cident et qui contrĂŽlent.
Une expérimentation assez intéressante dont le propos introductif est assez juste.
Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, au niveau national, la relation qui existe entre les professionnels du scolaire et ceux du pĂ©riscolaire est construite sur un certain nombre de prĂ©jugĂ©s de part et dâautre et elle sâincarne trĂšs souvent dans des modes de sous-traitance des devoirs ou dans une attente forte de prise en charge de la difficultĂ© scolaire. Assez paradoxalement, lâĂcole a donc tendance Ă relĂ©guer au pĂ©riscolaire ce quâelle considĂšre comme des tĂąches secondes alors mĂȘme quâelle est en difficultĂ© autour de ces tĂąches dans lâordinaire de la classe tout en ayant la conviction de dĂ©tenir le monopole du savoir et des processus de transmission de ce savoir. De son cĂŽtĂ© le pĂ©riscolaire est souvent pĂ©tri de lâidĂ©e que le cadre scolaire est un cadre contraignant qui dĂ©shumanise la relation et empĂȘche les enfants de sâĂ©panouir dans les apprentissages. De maniĂšre implicite, lâĂcole attend donc du pĂ©riscolaire que les activitĂ©s quâil conduit avec les enfants les plus en difficultĂ© transforment leur rapport au savoir de façon Ă impacter de maniĂšre positive lâentrĂ©e dans les apprentissages. De la mĂȘme façon le pĂ©riscolaire attend de lâĂcole quâelle lui reconnaisse son rĂŽle dans la construction du rapport aux savoirs en lâautorisant Ă mettre en Ćuvre des modalitĂ©s dâapproche autres que la forme scolaire imposĂ©e par la sous-traitance.
MĂȘme si, toutefois, leur expĂ©rimentation s’inscrit dans le contexte dijonnais.
Depuis dix ans la Ville de Dijon a fait le choix de professionnaliser le secteur pĂ©riscolaire. Le pĂ©riscolaire de chaque Ă©cole (ou regroupement d’Ă©coles) est centre de loisir agrĂ©Ă© jeunesse et sport, ce qui implique un taux d’encadrement et une qualification des animateurs dĂ©finis. Par ailleurs le choix a Ă©tĂ© fait d’arrĂȘter les “temps d’Ă©tudes traditionnels” au profit du dĂ©veloppement d’activitĂ©s Ă©ducatives de loisir. C’est dans ce cadre que se dĂ©veloppent les “dĂ©fis scientifiques” proposĂ©s par la Ville de Dijon (en partenariat avec la DSDEN : les dĂ©fis sont aussi proposĂ©s aux enseignants). Le travail du centre Alain Savary sâinscrit donc dans un contexte local spĂ©cifique.
Vous noterez la subtile diffĂ©rence entre les “Ă©tudes traditionelles” et les “activitĂ©s Ă©ducatives de loisir”.
On retrouve une dĂ©marche devenue “classique” en psychologie de l’activitĂ©, et sa clinique, qui consiste Ă confronter la personne Ă son activitĂ© filmĂ©e afin qu’il verbalise ce qu’il pensait, voulait, n’a pas pu faire, etc.
L’idĂ©e principale, postulat de l’ergonomie du travail, est qu’il y a toujours une diffĂ©rence imprescriptible entre le travail prescrit (rĂ©fĂ©rentiel, fiche de poste…) et le travail rĂ©el… qui est aussi la preuve de l’investissement humain du travail.
C’est une technique pour mieux connaĂźtre un mĂ©tier et ses pratiques souvent “invisibiles”, surtout quand il concerne de la “relation”. Il est possible d’en faire “intra-mĂ©tier” comme entre novices et anciens ou en “inter” et c’est d’autant plus intĂ©ressant qu’ils ont confrontĂ© enseignants et animateurs.
Il y a plusieurs points qui sont Ă©voquĂ©s et des vidĂ©os accessibles. N’ayant pas encore tout visionnĂ©, je pose une premiĂšre critique ; il manque une personne qui n’a pas Ă©tĂ© interviewĂ© et filmĂ© : les enfants. đ
Bon… la deuxiĂšme critique n’a pas tardĂ© Ă arriver.
– 8’02-8’46 : Sur les apprentissages rĂ©investis, un contenu moins formalisĂ©, mais un contexte qui l’est tout autant… Le (pĂ©ri)scolaire est lĂ et les “fautes” doivent ĂȘtre corrigĂ©es…
– 8’50 : ForcĂ©ment, bienvenue Ă la “complĂ©mentaritĂ©” ! đ Avec la professionnalisation, on retrouve la doxa du projet, des “Ă©ducateurs” qui peuvent faire apprendre, initier, faire dĂ©couvrir des choses, dans un “contexte ludique” (coucou le dĂ©tournement ?) et le mĂȘme rejet du “gardien d’enfant”.
– 10’03-10’40 : Toujours la mĂȘme rhĂ©torique sur la garderie et Ă©coutez bien comment le jeu est ostracisĂ©. J’adore ! Au lieu de “les laisser jouer tout seul, on peut proposer des choses qui restent ludiques mais qui peuvent apporter des choses aux enfants”. C’est magnifique ! đ