Merci pour les références biblio, avec celles de Jojosmala, Shaaa il y a de quoi faire!
Sont intéressantes tes anecdotes, de voir comment tu réagis concrètement. C’est vrai que tu parles souvent de la confiance, de son rôle centrale, qui s’instaure entre les enfants et toi : d’ailleurs ça me questionne, car ce n’est pas quelque chose auquel je réfléchis spontanément (enfin pas en ces termes).
S’agissant du conflit entre les filles de CM2, il semble s’être un peu atténué. Difficile à dire en tant qu’animateur on ne voit les enfants qu’un petit temps de leur journée.
Je sais que je ne peux résoudre le problème à leur place et en même temps je sens qu’on ne peut plus attendre/espérer que ça se règle tout seul : il y a trop de colère et de rancœur accumulées. En plus, les parents commencent à apparaitre dans l’équation (avec la même demande : “il faut régler l’histoire”!).
Sinon, je remarque que tu dis aux enfants que tu les aimes et tu les appelles par des “petits noms”, est-ce que ça ne met pas un peu la pression à certains?
Je suis assez différente pour le coup car je mets beaucoup d’énergie à essayer de retenir le prénom de chaque môme (plus de 400, j’ai atteint ma limite, j’y arrive pas :-D) et de ne pas utiliser trop ma/mon qqch… parfois ça vient quand même, il faut dire que la plupart des anim’ les utilisent de manière assez générique.
Je sais pas, je crains de les écraser avec ce genre de mots.
: “la fin de l’éducation ?”
Jean-Pierre Lepri ????
Quelqu’un connaît ?
(Postface de Zoe Neil, la fille de l’autre, qui continue
l’aventure Summerhill, pour ceux qui partiraient de rien sur ces
questions-là….)
Mieux vaut rester sur Delphy, Baker, Firestone et son “abolition de l’enfance” (dont solleana avait parlé il y a longtemps).
Ces vidéos, mais j’avais raté son passage à Toulouse, regorge de naturalisme, d’innéisme et d’autres visions mythiques “désocialisées” un peu grossières. Et sur le jeu, c’est passablement mauvais avec un romantisme béat. 😀
(d’ailleurs, j’ai retrouvé ce post : https://archive.planetanim.fr/modules/newbb/viewtopic.php?post_id=224626#forumpost224626)
Je repasse sur la question de la confiance qui fait
que je ne pose plus la question de l’autorité, que la question ne se
pose pas…
Sur ces “petits bouts de quelque chose” qui s’ajoutent doucement,
et qui créent cette confiance lentement…
Deux anecdotes, avec deux enfants…L’un avec qui s’est en perpétuelle
construction, fait de “marches arrière”, suivies de bonnes surprises…
Mais qui n’est pas encore une réalité (le garçon dont j’ai déjà parlé, qui
sur un atelier a fait pour la deuxième fois un caprice comme en font les enfants
de 3-4 ans, (il a quelque chose comme 8 ans)
à se coucher par terre en hurlant… ce qui est très théâtral, quand
on y pense : c’est vraiment quelque chose de destinée à un public.
Sur le moment, il est rare que l’on arrive à analyser une situation, une situation
toujours unique… je me rends compte après coup que j’ai fait le choix de ne pas
vouloir être spectateur… laissant le môme “en plant” (et sans spectateur)
Se rendant compte qu’il n’avait plus de spectateur, il m’a suivi. Et je suis parti en courant.
(encore une fois, je pense qu’il n’attendait pas cette réaction)
Il est finalement revenu, calmé, mais je ne l’ai pas accepté “avec moi”.
Je lui ai juste rappelé ce que je lui dis avais lors de la première “crise”…
Une autre gamine : très distante (à raison) avec les adultes, et donc avec moi (à raison parce
qu’il est évident que les adultes ne l’aiment pas, et cela se voit)
Sur plusieurs ateliers de fabrication de jouets, elle m’a volé des modèles.
(je m’en suis aperçu mais je n’ai pas réagit ; sans doute que j’avais une petite idée derrière la tête)
En parallèle, au travers notamment de ses copines, j’ai essayé de proposer un autre
rapport aux adultes, celui là basé sur le jeu, le plaisir à “être avec”…
Et j’ai à plusieurs reprise vraiment eu l’impression d’être “passé au scanner” par la
gamine, toujours distante…
Elle a fin par se faire “gôler” par une autre enfant qui s’est empressée
(j’ai d’ailleurs fait un petit pitch sur la solidarité entre enfants durant la cantine,
la question du choix entre les copains et les adultes : c’est une question qui se pose vraiment
à ces âges (6-8 ans où nombre d’enfants préfèreront trahir même de super copains en faveur
des adultes) (mes collègues sont parfois un petit peu sidérés par mes interventions)
de venir me voir : David, X t’a volé un modèle !
Et la “petite voleuse” a su que je savais…
Elle est donc venue me voir (ce qui sans doute lui a demandé du
courage) et m’a tendu le jouet : d’une certaine façon, c’était l’occasion de savoir
ce qu’il en était de cet “autre rapport à l’adulte” , de sa réalité…
– Je te remercie pour la confiance que tu m’accordes.
Et ça me donne envie de te faire plaisir aussi : ce jouet, si tu le veux toujours,
je te le donne : il est à toi : et tu n’as plus à avoir peur d’être démasqué,
de le cacher, d’être grondée : il est à toi, c’est un cadeau.
Comme l’on peut faire des cadeaux aux gens qu’on aime…
encore une fois pas la réponse attendue…
d’ailleurs elle a un peu hésité, ne sachant trop comment réagir…
elle n’a pas eu le temps de toute façon ; je lui ai dit
“à demain, ma puce” et je suis parti…
Petit à petit, les rapports avec elles ont vraiment changé : je ne sens plus
cette méfiance-distance. C’est vraiment une petite adorable, aimable, touchante.
C’est l’un de ces enfants qui me mettent cette grosse pression s’agissant de
cette confiance accordée.
Ca peut paraître rien du tout cette anecdote, mais moi ça m’oblige à cette
remise en question permanente, à interroger les animateurs sur les réunions pour
leur poser des questions dérangeantes, et en attendre des questions…
Encore une fois, je ne cherche à rien résoudre : je fais sur l’instant ce qui me semble le moins
con dans mon rapport aux autres… On ne peut pas préparé ce type d’échange – en tout ça je sais pas faire –
parce que sans doute perdraient-il de leur authenticité. De ce qu’il s’agit de faire confiance à ce que l’on
pourrait appeler (à raison de mieux) de “l’intuition”.
Que peut être ici c’était justement cette authenticité qui a “parlé” à cette gamine, habituée à des
adultes dont elle sait qu’ils ne l’aiment pas, mais ne le diront jamais…
On peut avoir l’intuition d’une direction, pour le reste il faut se laisser guider justement
par cette confiance partagée.
Et être prêt à reconnaître que l’on est pas infaillible, dire à ces enfants
que l’on ne l’est pas, que l’on puisse demander pardon à un enfant, comme
avec la petite que j’avais pleuré en lui disant que ce n’était pas grave si elle
n’avait pas fini son jouet, qu’elle finirait vendredi…
Le risque avec cette confiance, c’est de vouloir l’utiliser, même pour ce que l’on pense
le “bien des enfants” : hors si l’on fait ça, on en vient à ce que je dénonce tout au long
du forum : on instrumentalise, et l’on donne la mort à cette confiance.
zut… je finie ici :
Et “la domination adulte” que j’ai trouvé aujourd’hui,
proposé il y a quelques jours par je ne sais plus qui…
De Yves Bonnardel
Pour la teneur (que l’on pourrait croire “défonçage de portes-ouvertes” depuis les années 70 mais pourtant aujourd’hui
encore si difficile à accepter, de ceux-là même qui exercent cette violence au quotidien
(parents, instit’, animateurs… demandez par exemple à un anim’ si il a l’impression d’être
violent avec les enfants, tous les jours, toute l’année !!!) :
”(…)Dans ces paroles, il trouve la confirmation que la domination
adulte est marquée au sceau de la violence et de la contrainte”
Christine Delphy dans l’avant-propos..
Lui centre son livre sur ce sujet unique, où l’on
retrouve les idées des Holt, Illich sur la place de l’enfant dans la société, sur
la place qui pourrait être la sienne…
(j’y reviendrai lorsque je l’aurais digéré)
Pour Illich : “une société sans école”
John Holt : s’évader de l’enfance
Et ça n’en finie jamais, à chaque livre ouvert, ça
renvoie sur d’autres livres, auteurs :
: “la fin de l’éducation ?”
Jean-Pierre Lepri ????
Quelqu’un connaît ?
(Postface de Zoe Neil, la fille de l’autre, qui continue
l’aventure Summerhill, pour ceux qui partiraient de rien sur ces
questions-là….)
Sur ce que tu évoques s’agissant des deux sœurs…
Comme jje l’ai souvent dit : je n’essaie pas de résoudre les problèmes
de ces enfants, je propose juste “quelque chose” qui attire fortement
les enfants, un temps “suspendu” où il n’agit aucunement de régler quoi
que ce soit, mais un temps où la question n’est plus centrale. Juste un temps
partagé par des personnes, qui participent à une même animation.
C’est tout.
(et concernant certains enfants : un temps pour lequel ils ont une raison de se
battre, quelque chose aussi qu’ils auraient à perdre alors…
Il m’est arrivé de discuter avec un enfant et de lui demander frontalement : tu t’es déjà demandé pourquoi
n’as-tu pas de copains ?… Est-ce que ça te manque ? Est-ce que tu en souffres ? Et d’après
toi, c’est à cause de quoi ? De qui ?
Jeudi dernier (ce qui devait correspondre à quelque chose prêt au jour où j’ai
lu ton message) j’ai vécu une situation similaire, bien que bien moins “profonde”…
(le jeudi, c’est le jour où j’essaie de me forcer à rien faire, c’est le jour où je n’ai par
exemple fait que sortir des balais dans la cour)
C’est aussi l’occasion d’observer…
Les CE2 filles du premier service, qui forment un groupe plutôt compact, se sont
disputées pour je ne sais quelle raison. L’une d’elle s’est retrouvée seule, à tourner dans
la cour, ne sachant que faire, ne sachant vers qui aller… elle est passée pas loin de moi et je lui
ai demandé si “ça allait ?”… Elle m’a vaguement expliqué…
Et les autres sont venues me voir elles aussi (parce qu’elles m’avaient vu avec la “rejetée”) : C’est de sa faute. Depuis la maternelle, elle…
– Je vous reproche rien les filles : c’est votre histoire, entre copines… Je n’ai pas à intervenir dans des
histoires entre copines… c’est juste qu’elle a le droit de venir me parler, surtout si elle est triste, comme vous
aimeriez que je sois là quand c’est vous qui serez triste ou toute seule…
Ca me fait mal au cœur de la voir seule et triste, parce que je l’aime et que je vous aime toute, mais c’est votre vie, pas la mienne…
Sur le coup conciliabule… Elles sont embêtées finalement que je ne prenne pas partie,
et qu’une fois encore je ne dis pas ce à quoi elle s’attendait de la part d’un adulte…
Finalement : – On peut faire un jeu avec toi, toutes ? Mais on est pas sa copine !
– Je vous ai rien demandé les filles…
– Tu peux aller la chercher ?
Vendredi, quand je suis arrivé sur l’école, les enfants étaient en récré du matin… et là, l’une
des conspiratrices et la “rejetée”, au grillage :
– T’as vu : je suis redevenue sa copine… On fait quoi aujourd’hui ?
– Bin, ça dépend : moi j’ai envie de creuser un trou…
– Nul, c’est pour les garçons !
(creuser un trou étant donc une activité de garçon)
– Et si on…
Je n’ai rien réglé. Je n’ai juste rien cherché à régler.
Je ne sais pas si celle qui m’attendait au grillage n’avait pas mis dans son choix
de “refaire copine” le fait de faire plaisir à David…
C’est ce que moi j’ai à offrir à ces enfants, celui que je suis et avec ce que je sais…
Et d’ailleurs ce que j’ai offert aujourd’hui : sans doute qu’ailleurs les adultes
ont évoqué l’histoire de vendredi… ici concours de blagues à la cantine, on a rigolé, joué, fabriqué des bidules…
Sur ce que j’appelle les “outils magiques” (cette croyance religieuse en des outils et techniques (notamment “scientifiques”) qui
seraient capables de “débrouiller” l’indicible de chaque être unique)
tout ce que l’on utilise dans les sociocul, à commencer
par la “logique de projets” :Et en fait, toute cette logique qui prétend “décrypter” pour aider,
mais dont le seul but est la manipulation des enfants, la domestication de l’enfance :
Et dont parle aussi holt…
Voici un point de vue trouvé hier par hasard dans un autre livre,
un autre auteur : Michel Richard.
En introduction à “5-12 ans” :
”Oui, la science, la technique, les savoirs (surtout la psychologie, elle
se consomme comme du petit lait) les statistiques, les phases, les stades,
tout cet ensemble (par quoi on quadrille, désosse, découpe, démonte) que j’appelle
“technologies du psychisme) n’est pas un savoir gratuit et innocent dont les enfants
sortent indemnes. Au contraire : vaste stratégie de pouvoir sur eux, les sciences dites
humaines (psychologie, pédagogie, sciences de l’éducation, sociologie, etc…) m’amènent à
vous poser ce paradoxe, en philosophie cette fois : comment un vaste réseau
technico-scientifique sur l’enfant, serré et rigoureux, qui nous fait sortir de l’ignorance dans
laquelle on était avant le XVIIIè siècle, et qui a donc libéré de formidables connaissances,
comment cela risque de se retourner contre les enfants puisque ce même pouvoir, “libérateur”,*
est également, simultanément, oppresseur aliénant ? (…)
Je n’ai que lu les quelques premières lignes de ce bouquin (j’en ai surtout profiter dimanche pour
lire “l’élevage des enfants” de E. Vincent et je ne sais plus qui, livre très drôle destiné aux parents mais
dans lequel sans aucun doute on peut aussi reconnaître les animateurs du sociocul)
mais voici quelques extraits :
”Bref, parle t-on de la même chose quand on parle de l’enfance et des enfants ?”
(là ça renvoie à Holt)
”Plus les pouvoirs-savoirs à propos des enfants augmentent, plus l’enfance est oubliée,
occultée, chosifiée.
J’appelle cela une extermination (…) Ce qui meurt sous nos yeux, dans une société “scientiste” et
“technicienne” c’est le sens de l’enfance par promotion extrême des enfants, des véritées variées et
infinies sur les enfants (….) “
— en cours de rédaction —
Concernant ce conflit, j’en ai beaucoup discuté de manière informelle avec un collègue et l’ai évoqué un peu plus superficiellement avec d’autres. Certains sont quand même très attentifs aux conflits entre enfants. De manière général, dans nos réunions on évoque très souvent nos ressentis, nos expériences… (plus que des réflexions sur le fonctionnement!). Je ne me sens pas seule pour le coup.
Une question pour la forme : tu as essayé la CNV ?
Plus sérieusement, où le “collectif de travail” ? Où l’équipe ? Ou vous supportez collectivement le boulot ? Avec ce que tu accumules, où est-ce que tu le partages ? Attention au mal de dos !
moilapa a écrit :
A combien de ces enfants utra violents on a juste dit que quand ils s’en prenaient
à d’autres enfants plus faibles ils faisaient erreur ? Que ce n’était pas ces enfants
qui les opprimaient ? Je ne lui a aucun moment d’aller cogner les adultes, je prends juste le temps de lui dire que si il s’en prend aux enfants il aura affaire à une violence au dessus de la sienne, parce que la sienne ne s’adresse pas son “destinataire” réel….
He serais-ce juste que leur dire ça…
Sur cet enfant-là précis, la majorité des anim’ l’évitait ! Ne voulait juste pas à avoir affaire à lui !!!!
Quand je suis arrivée sur ce Clae, je n’ai pas eu l’impression que les adultes délaissaient cet enfant, ils étaient même beaucoup (trop?) sur son dos.
Il n’arrivait plus à aller en classe et les temps de clae étaient difficiles, pour lui et pour les autres enfants. Les conflits prenaient principalement racine dans sa bande de copains, même si parfois il lui arrivait de frapper au hasard.
Depuis l’année dernière, il n’est quasiment plus sur les temps de clae et à mi-temps en classe, les enseignants ayant déposé plainte pour, non pas le virer, mais accélérer une prise en charge extérieure. Qu’est-ce qui en a découlé, je n’en sais rien…
Je serais bien incapable de dire pourquoi ce garçon allait si mal et qu’est-ce qui était le/les véritable(s) destinataire(s) de sa colère, de sa souffrance et de sa violence. Probablement de multiple raisons, dont l’institution scolaire.
De là à dire que tous les adultes étaient, pour lui, opprimants, pas sure du tout.
Depuis l’année dernière, il est en classe avec un maître qu’il apprécie beaucoup ; maitre qu’on pourrait qualifier “d’autorité naturelle ferme mais juste”. Je ne crois pas du tout à ce concept d’autorité naturelle mais disons que c’est ce qu’il dégage et ce qu’en disent les mômes.
Cet enfant et lui ont créé un lien sur lequel, apparemment, il arrive à se reposer. Il est également proche de un ou deux animateurs.
Les seuls moments agréables que j’ai partagé avec lui étaient autour de la lecture, des livres.
Sinon, quand on se rencontrait c’est que je m’interposais entre lui et un autre enfant. Et me prenais des coups. La blague qui circulait dans l’équipe : quand une nouvelle animatrice arrivait systématiquement il l’accueillait en la cognant.
Là, dans notre simple rôle d’animateur, la seule solution dans ces crises était la violence, la force…
La violence ici était le premier outil à la disposition des adultes, non pour s’en prendre à ce môme, mais pour protéger les autres enfants. Et ce pose donc la question de la légitimité de cette violence si ce n’est pas les enfants qui sont en danger… pour moi, la question se pose réellement.
Je ne sais pas si ça les aide les enfants qui passent à l’acte, de légitimer cette violence. C’est un gros risque de tomber à côté de la plaque, car justement, on ne peut pas savoir contre quoi exactement ils sont en conflits. Ou ce qu’ils expriment à travers cette violence.
Ça ne veut pas dire qu’en tant qu’anims, on ne peut pas reconnaitre un fonctionnement déglingué ou une institution violente et observer ce qu’elle peut générer de violent sur un groupe d’enfants. Mais peut-on vraiment saisir le vécu qu’ aura un enfant en particulier de cette institution? Et le pourquoi de ses explosions de violence?
Après tout, il y aussi des mômes qui ne veulent pas quitter l’école le soir car ils ont en marre de l’ambiance pourrie de la maison…
Pour moi, il y a une différence entre écouter et soutenir la violence/la souffrance que ressent, éprouve, exprime un enfant. Et soutenir le passage à l’acte violent, qui en règle général ne fera qu’empirer la situation pour lui. Là encore je ne parle pas de la légitimité de ce passage à l’acte, car ça dépend tellement du contexte que je ne veux pas faire de généralité. Concernant mon Clae par exemple, je ne pense pas qu’un môme gagnerait à frapper un adulte…
Bon je disais que la violence entre enfants avait diminué dans ce clae, la violence physique oui je trouve, mais les autres formes de violence, un peu plus difficile à déceler, pas vraiment.
Depuis quelques jours, j’essaie d’aider un groupe de filles de CM2 à désamorcer un conflit qui dure depuis des années mais qui s’est aggravé dernièrement.
Je crois que c’est la première fois que je me retrouve confrontée à un conflit aussi profond (ou que j’accepte de m’y confronter) et qui concerne principalement une dizaine d’enfants mais dans lequel 30/40 enfants (voire plus) se sentent impliqués.
Se conflit oppose tout le groupe à deux sœurs, qui se retrouvent violemment mises à l’écart. Les deux sœurs viennent souvent me voir et participent à mes ateliers, je les connais donc assez bien. Elles ont toujours eu des relations difficiles avec les autres et sont des enfants qui vont mal…
Les autres filles ne peuvent plus les supporter, au point, qu’on ne peut évoquer les sœurs ou ce conflit sans qu’elles crient et, pour nombre d’entre elles, se mettent à pleurer.
Jusqu’à maintenant l’histoire a été « réglée » par l’enseignant, la directrice de l’école, directrice Clae. Les seules « solutions » qui ont été apportées aux enfants étaient de ne plus se parler ou de séparer les deux sœurs (qui sont très fusionnelles) pour qu’elles se fassent des amis (faut être bien tordu déjà pour proposer ça).
Dans cette histoire, leur enseignant aggrave terriblement les relations entre enfants : en décrétant lui-même les solutions, en se désintéressant du point de vue des enfants, en les punissant arbitrairement et les faisant taire de force. Bref, il est désemparé (ou il s’en fout, c’est possible, il a l’air très spécial) et donc il ignore le conflit.
Là je me retrouve il y a quelques jours au milieu de cette histoire avec une dizaine de CM2 criant, pleurant et déversant tout ce qu’elles peuvent sur les sœurs (qui ne peuvent en placer une). Les filles me disent qu’elles les trouvent folles, suicidaires, immatures… En les écoutant parler des anecdotes qui les mettent dans un tel état de colère, de tristesse et de haine, je comprends que ces sœurs, ce qu’elles sont, les gênent et les renvoient à des trucs qu’elles n’ont pas envie de voir mais en même temps ne peuvent pas ignorer. Elles veulent les faire disparaître. Beaucoup me disent à quel point, elles ont envie de les frapper, de les tuer, de leur faire du mal.
Mais en même temps, elles reviennent me voir, elles veulent en parler, que j’écoute leur point de vue et règle le problème.
Pour l’instant, j’en suis là. Deux jours où je n’ai fait quasi que ça et j’ai entendu un flot continu de souffrances liées aux autres enfants, au maître, à la famille, à moi parfois. Moi qui prendrait la défense des sœurs, moi qui n’écouterais pas assez, qui ne sais pas ce qu’elles vivent. Et elles reviennent avec cette demande contradictoire : il faut que TU règles le problème, mais ce n’est pas à toi de nous dire quoi faire ou quoi penser !
J’essaie de les questionner, de rebondir sur ce qu’elles disent : pourquoi ça te dérange quand elles font ça ? Pourquoi est-ce que tu trouves que je prends leur défense? Qu’est-ce qui pourrait pousser un enfant à dire qu’il veut se tuer à ton avis ? Pourquoi séparer des personnes qui n’en ont pas envie et ne sont pas prêtes à le faire ?
Et j’essaie de parler un peu, trop ou pas assez, j’en sais rien… “Vous vous rendez-compte du mal que ça peut faire d’entendre ces mots là”.
A certains moments, je panique et je les menace de punitions. Puis on en reparle. Une fille me dit : « Je m’en fiche d’être punie, en quoi ça va changer ma vie ». Je réponds : « Je m’en fiche aussi de la punition, j’ai dit ça parce que je ne savais plus quoi dire pour que vous arrêtiez de crier ».« En fait, je ne sais même pas comment vous aider. »
Et je ne sais vraiment pas où on va. Je ne sais pas toujours bien comment me positionner.
Mais je sais que ça ne va pas se régler facilement. Et je sais surtout qu’il ne va pas falloir que je repousse ou fuis ce groupe de filles, va pas falloir que je cède à l’envie de ne plus ni voir ni entendre et, c’est ce qui m’inquiète le plus, parce qu’il y a une partie de moi qui foutrait bien le camp!
(c’était donc mon exemple de non-résolution de conflit entre enfants…..)
Juste à la suite de ce que dis ci-dessous (temps imparti pour
poster dépassé) :
La violence est même nécessaire dans notre métier : cette violence
contre nous-même, cette perpétuelle remise en cause de se petite personne,
tout le temps, y compris dans des lieux comme où je suis en ce moment où
tout est kiff : les enfants, les enseignants, la cour, l’équipe d’animation…
Ca ne suffit pas : même si on a comme seule ambition que de s’amuser, et
que chaque jour on est dans ce kiff avec les mômes, à chaque
journée, que le matin en se levant on a qu’une hâte : être déjà sur
l’école, et d’arriver tous les jours une ou deux heures avant, pas juste
pour préparer des animations qui vont cartonner, qui vont faire “kiffer”
ces mômes… … en parallèle vient cette nécessité de remise en cause (de soi) :
il n’y a qu’ainsi que peu à peu on déconstruit des logiques, des formatages, des
éducations, des points de vue…
Plus on va travailler à ces “déconstructions”, plus on va approcher de l’idée de
prendre en compte ces enfants… sans jamais totalement réellement l’atteindre.
Mais “tendre vers”.
re- Juste : Tu auras bien compris, Végéteuse, que je ne m’adresse
pas à toi lorsque je dis “mademoiselle l’animatrice…” mais à ces animatrices
(teurs) qui avant de se faire cogner ne s’était jamais levées, offusquées quand
c’étaient elles qui prodiguaient avec bonne grasse cette violence…
Les hommes n’ayant aucun monopole sur cette violence faite aux enfants…
Que je pense même que les femmes sont majoritaires à exercer cette violence sur les
enfants, dans les professions qui nous intéressent…
Pour mille raisons…
Comme de toute question s’agissant de l’humain, on ne peut répondre
par des réponses simples, définitifs et universelles.
Répondre “non violence” à la violence, c’est une posture lâche, bébête et
trop facile.
Déjà je commence par te répondre “légitime défense”, ce à quoi
tout adulte a droit… pourquoi pas tout enfant ?
plus un enfant fait preuve de violence à l’égard d’adultes (je ne parle pas du fait que cette violence est légitime ou non), plus les adultes (surtout donc s’ils se considèrent comme “éducateurs”) autour de lui vont renforcer leur position autoritaire. L’enfant n’a aucune chance de gagner ce rapport de force là, et tu ne peux pas être toujours dans les parages pour faire tampon.
Bin justement, parce qu’on est dans une logique où les adultes font front contre l’enfant,
que c’est ce qui se passe partout : il faut casser cette logique, il faut être là, rentrer dans le lard de cette équipe.
L’enfant n’est pas idiot (et tout particulièrement ces enfants capables de s’opposer
aux adultes) : il saura jouer de la présence de cet adulte épaulant”…
C’est en ça que je dis que la violence est un outil pour l’animateur,
que j’en ai assez pour distribuer à chacune de ces personnes, seule ou en groupe.
Par expérience, pratiquement aucun adulte ne préfèrera ces affrontements très violents à
l’idée de se taire.
Et par riccochet ils associeront le fait de continuer dans ces logiques villentes avec le fait
avec le fait d’être la cible de cette violence : la violence ne concerne une personne que quand elle
en est la victime.
Dans ce travail “d’apisement” que l’on peut avoir avec ces gamins : il peut être remis en cause par la violence
de ces adultes : cette violence, et donc ces adultes, deviennent alors ce vers quoi il faut lutter.
(et pour ma part, je fais d’une pierre deux coups en pouvant exprimer ce trop plein d’envie de mordre,
de faire du mal)
On a de toute façon pas le choix : on a proposé cette confiance à l’enfant, il est impossible ensuite de ne plus respecter
cet enfant à la seule raison qu’il faut pour ça affronter d’autres adultes (effort que l’enfant lui fait justement dans le “cadre”
de cette confiance, du travail qu’il fait sur lui-même vis à vis
des autres enfants… : c’est même une question d’égo !!!
Ce n’est juste pas possible que de donner à voir à cet enfant un lâche de plus !!!
encore une fois c’est trop facile : c’est ce qu’il se passe tout le temps, partout sur ces accueils enfants.
Il est plus facile de s’en prendre à un enfant que d’affronter un (des adulte (s)
C’est pourtant tellement libérateur, parfois jouissif…
(je ne parle pas du fait que cette violence est légitime ou non
Il ne s’agit pourtant que de ça !!!!
Et du point de vue de l’enfant, qui va être stigmatisé, je ne vois pas ce qui peut ressortir de positif dans l’instauration de ce rapport avec l’adulte, surtout si au départ ce n’était pas son impulsion, son “désir” de cogner, mais le tien.
Pas d’accord : pas le mien.
Ces enfants capables de s’opposer aux adultes (et ça tombe
bien on en a un “en connaissance commune tous les deux”)
Prenons l’exemple de cet enfant : ce qui me posait problème,
c’était le danger permanant qu’il reprséentait pour les autres enfants.
Et non pour les adultes. Il s’en est pris quelques jours avant de s’en
prendre à une animatrice à un enfant. Et j’ai tout de suite poser la question
de la présence de cet enfant sur l’école, de ce qu’il fallait faire là, tout de suite.
Des décisions qui pouvaient être prise toute de suite par l’équipe d’animation…
Ca n’a pas avancé.
La semaine suivante, il attrape une animatrice, et il la cogne, elle est sol,
totalement à sa merci… et ne doit son salut qu’à l’intervention d’un animateur.
Et là ça fait un foin terrible…
Sur ce discours non-violent à la con : ici, la directrice, que l’on connaît
bien tous les deux, elle était bien contente que l’on soit 3 ou 4 à pouvoir ceinturé le gamin,
le faire tomber et rester allonger sur lui jusqu’à ce qu’il se calme : face à cette violence,
cet incontrôle, la nécessité d’agir, d’user de violence pour agir au moment où il fallait agir.
Elles ont eu de la chance les quelques animatrices qui se font fait cogner, parce que si c’est moi qui avait
été là, pas sûr que j’aurais bougé. Ou au moins le temps que le message passe…
A combien de ces enfants utra violents on a juste dit que quand ils s’en prenaient
à d’autres enfants plus faibles ils faisaient erreur ? Que ce n’était pas ces enfants
qui les opprimaient ? Je ne lui a aucun moment d’aller cogner les adultes, je prends juste le temps de
lui dire que si il s’en prend aux enfants il aura affaire à une violence au dessus de la sienne,
parce que la sienne ne s’adresse pas son “destinataire” réel….
He serais-ce juste que leur dire ça…
Sur cet enfant-là précis, la majorité des anim’ l’évitait ! Ne voulait juste pas à avoir affaire à lui !!!!
Là, dans notre simple rôle d’animateur, la seule solution dans ces crises était la violence, la force…
La violence ici était le premier outil à la disposition des adultes, non pour s’en prendre à ce môme,
mais pour protéger les autres enfants. Et ce pose donc la question de la légitimité de cette violence si
ce n’est pas les enfants qui sont en danger… pour moi, la question se pose réellement.
Quand j’entends dans les médias que des enfants ont saccagé une école, je n’ai pas le réflexe
de penser ce que l’on peut lire alors partout…
Je prends un autre exemple sur cette école que l’on a en commun, cette
équipe de claé :
j’étais sur le service des petits et avait très peu affaire aux grands…. et chez les grands
il y avait quelques gamins qui posaient beaucoup de problèmes
côté violkence.
Un jour de pluie, la file des enfants qui attend pour la cantine, était non pas
dehors mais dans les couloirs. Et j’étais là avec les enfants…
Je vois passer un petit hurlant “il veut me taper” et juste le temps d’attraper
un grand qui court derrière lui.
Le grand se débat, hurle, “lâche-moi ! Lâche-moi” en essayant de se lancer à la poursuite
du petit. Et moi, très calmement, je lui dit de se calmer, etc…
Pendant 5 minutes, ce gamin a continué à essayer de se lancer à la poursuite de
l’autre gamin, en se débatant et hurlant d’une façon à peine imaginable…
Si bien que quelques semaines plus tard, il avait encore les marques dur le bras
là où je l’avais maintenu.
Et la directrice a essayé de me faire signer des papiers pour se couvrir,
parce qu’elle avait peur, jusqu’à me demander “d’aller m’excuser” !!!
Elle a pas été déçue de ma réponse !
Comme le papa n’aurait pas été déçu de ma réponse si il était venu au claé
du soir.
Ici, elle n’a agit que par lâcheté, comme tous les adultes sur ces structures, en
pensant à sa petite personne misérable, à ses employeurs, à la mairie, aux parents…
Elle a jamais été fichue de répondre à cette question :
“Qu’aurais-tu fais, toi ?”
parce que dans cette école il y a (avait ?) une logique de “non action” des adultes,
de non réaction face à cette violence d’enfants envers des enfants,
des discours certes, mais rien d’autre.
Et quelques animateur pour gérer.
Face à cette violence, il y a ceux qui agissent et ceux qui parlent de “non violence”.
Il peut y avoir pour une part une “stupéfaction”, une incapacitée à affronter de telles violences
(et peut être que d’autres qui baignent dans cette violence, en font l’expérience… on plus de
faciliter à agir) mais il s’agit quand même avant tout d’une question de lâcheté.
Le grand lui aussi est venu me voir pour me montrer
“ce que tu m’as fait”.
‘pas été déçu lui aussi. Et si au lieu de chialer sur ta petite personne on
commençait par parler du petit que tu voulais cogner ?
C’est trop facile tous ces discours à la con, sur la “non violence”,
sur les gens incapables d’agir quand cela nécessite d’agir, de protéger
ces mômes. Quand c’est sa petite personne la victime…
Evidemment alors que les réunions claé sur ce claé pouvaient très vite mal tourner…
Et du point de vue de l’enfant, qui va être stigmatisé,
Mais ça aussi c’est trop facile : l’enfant il est plus que “stigmatisé” avant : il est violenté, il
subit des violences de la part d’adultes !!!
D’adultes qui se concertent pour s’en prendre à un môme, jour après jour !!!
C’est là que cet enfant a besoin d’adultes qui mettent le nez dans leur merde à ces adultes :
avant de pleurnicher parce que t’as pris des coups de poings, mademoiselle l’anmatrice, commençons
par toutes les violences que tu as fait toi subir à cet enfant, les humiliations…
Tant qu’il est encore trop petit pour affronter ces clans : arrivera assez tôt le collège (la cinquième
dans mon cas) où l’enfant sera suffisament pour utiliser à bon essient cette violence,
être capable de s’en prendre à la Terre entière, de faire en sorte qu’avant d’imaginer s’en prendre à lui, tout
adulte vas d’abord se poser la question de ce qu’il y a là de risque…
Et sans doute que d’avoir été l’un des enfants peut aider certains à comprendre en partie ce que peut éprouver
cet enfant, cet ados…
Les donneurs de leçon ici, c’était ceux qui n’agissaient pas et étaient bien contents
que certains soient capables d’agir à leur place… y compris quand ils l’avaient bien mérité,
qu’ils n’avaient comme réponse à leurs humiliations, leur manque de respect, que ce qu’ils mérittaient.
J’ai passé aujourd’hui tout le temps claé avec notre (nos deux) petite terreur d’ici : il n’a s’agit que de jeu, que de jouer
à balayer la grande cours, à être là pour moi à un ou deux moments où les “vieux réflexes” auraient pu ressurgir…
Et demain, ils seront parmi les premiers à n’attendre, me raconter je ne sais quoi encore, à vouloir ma présence
comme je recherche leur confiance.
Ce rapport ténu avec ces gamins-là qu’un seul connard d’animateur peut venir foutre en l’air, en un seul mot…
Mon dscours auprès de ces gamins, il est très simple : on ne tape pas sur les autres enfants. (point).
Aujourd’hui, aussi bien soit cette école, cette équipe… ça ne suffit pas : j’ai fait un “discours” à la
cantine qui s’adressait autant à l’ensemble des enfants que des adultes : j’ai en gros dit que je ne partageais pas
le point de vue des adultes sur le temps cantine : qu’au contraire je trouvais la cantine calme vis à vis de la situation,
je remrciais les enfants pour leurs efforts permamants vis à vis de ce bruit… sans animosité pour le
reste de l’équipe. Mais les choses sont dites : et les enfants ont bien entendu.
Et je désespère pas qu’à la réunion de dmain on remette en cause notre système de gestion du temps cantine,
que les anim’ se remettent en cause (je le ferai pour eux de toute façon)
C’est ça bosser avec des gamins : se remettre en cause chaque jour, chaque fois que l’on arrive sur l’école.
Sur tout autre lieu je ne trouverais rien à redire sur la gestion de ce temps cantine… mais ici les enfants
sont relativement pris en compte, les animations et leur organisation réellement pensés autour des enfants…
Reste alors à travailler à ce que l’on peut améliorer : ici la cantine.
Je vais juste prendre mes responsabilités et faire ce pour quoi on me paie : assurer la sécurité de ces enfants.
moilapa a écrit :
En quoi dangereux ? Pourrais-tu développer ?
Autorité ??? Educative ???
Je rebondissais sur le fait que tu cherchais à rediriger la violence entre enfants, de l’enfant vers les adultes opprimants.
Je me trompe peut-être sur le type violence, mais tu évoquais la légitimité d’un enfant à frapper ou envoyer chier un adulte.
De ce que j’observe, plus un enfant fait preuve de violence à l’égard d’adultes (je ne parle pas du fait que cette violence est légitime ou non), plus les adultes (surtout donc s’ils se considèrent comme “éducateurs”) autour de lui vont renforcer leur position autoritaire. L’enfant n’a aucune chance de gagner ce rapport de force là, et tu ne peux pas être toujours dans les parages pour faire tampon.
Je ne vois pas un anim ou un enseignant ne pas répondre, et plutôt mille fois qu’une, à un comportement violent.
Et du point de vue de l’enfant, qui va être stigmatisé, je ne vois pas ce qui peut ressortir de positif dans l’instauration de ce rapport avec l’adulte, surtout si au départ ce n’était pas son impulsion, son “désir” de cogner, mais le tien.
Mais peut-être parles-tu d’une redirection de la violence plus symbolique envers l’adulte? Du moins, qui n’implique pas une rencontre frontale, que l’enfant ne peut gagner?
Je reviendrais sur d’autres points plus tard!
Etant trop long, je vais partitionner :
C’est bien parce que l’individu sait intuitivement que le groupe apporte sécurité et autre, qu’il ne souhaite pas être rejeté et est donc aussi prompt à obéir et à ne pas se désolidariser, une fois adulte. La peur d’être la paria.
Bin oui : de part notre condition d’animaux sociaux.
De part ce qu’est que de vivre avec les autres : soit faire des renoncements.
Mais dans le cas particulier (on l’oublie trop) de ces temps de loisirs, il
faut à minima laisser l’enfant faire ce choix lui-même, et laisser surtout à l’enfant
la possibilité de refuser.
Je te parle là des enfants dont parle Holt, dont il dit qu’on ne peut rien pour leur rpouver
qu’ils peuvent être aimés…” (voir plus bas la citation)
Ce sont des enfants qui sont déjà en marge de certains groupes (parce qu’ils peuvent être en marge
du groupe constitué des enfants-adultes mais pas des enfants entre eux)
Dans ces collectivités d’enfants, on voudrait imposer ce choix fondamental, qui ne peut venir que de la personne elle-même.
Bien entendu que l’on peut penser là “renoncements”, de fait pour ces “enfants-là”.
Juste : mettre en place cette situation, cette possibilité de discerner de quoi il s’agit, de pouvoir
ou non accepter le “deal”.
Lui montrer (ce dont il n’a peut être jamais fait l’expérience) de ce qu’il a gagné à accepter
ce renoncement, les richesses que peut recéler l’Autre, si on le prend juste en compte en tant qu’Autre,
quelque soit la façon ou soi même, petite enfant fragile, esseulé, on puisse être violenté par d’autres..
Il peut donc refuser, comme certains enfants sur l’école qu’on a en commun évitaient de m’approcher,
d’avoir affaire à moi… C’est le droit de cet enfant, dans la limite que l’on se retrouve tous les deux dans
un même lieu clos.
Toi, tu viens les titiller à l’endroit où ils sont infinitésimalement responsables des violences que subissent les enfants.
Celles dont ils sont les passeurs. Quelque soit leurs propres enchaînements : c’est trop facile ce discours.
Parce qu’avant tout ce que l’on peut prétendre extérieur à soi, il y a d’abord sa volonté à faire du mal, a laisser libre-court
à ses pulsions : et c’est facile à observer : il suffit (encore et encore) d’avoir ce réflexe de “déporter” la question dans son
rapport aux adultes : je prends une situation de violence exercée sur les enfants et je la “calque” : ces adultes ont affaire à d’autres
adultes qui les violentent, et à leur tour on peut dire que ceux-ci ne sont responsables de ces violences…
Ici, on exerce cette violence AVANT TOUT parce qu’on le peut !!! parce que ces enfants sont
à notre merci !!! Parce qu’une part de nous en a tout juste envie !!!
Que cette même envie qui existe vis à vis d’autres adultes, alors
on la tait…
Je dis : cette violence est là, bien présente en chacun nous; Et elle va s’exprimer.
Autant alors qu’on en finisse avec ce réflexe de s’en prendre à plus faible, le parent l’enfant, l’enfant le chiot
de la famille… cette soumission à plus fort que soi, au chef.
Les adultes, au contraire des enfants ici : on choisit de venir sur cette école : quelque soit leur
situation sociale, financière, ils ont donné leur accord (et on la possibilité de fuir)
Pas les enfants. Personne ne leur a demandé leur avis.
Et moi je leur demande leur avis, leur accord.
C’est ce qui fait que ça “coince” avec les autres adultes. A ce moment-là,
les adultes en viennent alors à défendre ce système violent : ils ne sont plus juste
exécutants : ils sont agents actifs de ce système, décideurs.
Là est la limite de ce que l’on pourrait appeler un “je ne suis qu’une victime moi-même,
je ne suis pas responsable”.
J’ai essayé d’éviter de mettre une pièce dans l’urne Godwin dans un post précédent :
mais soyons clair : c’est exactement le type de défense que l’on a entendu aux procés
de Nuremberg.
C’est exactement ce que l’on observe quand des scientifiques américains jouent avec
les humains, lors de testes où il faut électrocuter des inconnus, quelque soit les limites
que l’on puisse voir dans ces expériences.
N’est-ce pas dangereux de soutenir le plaisir qu’il y a à recourir à la violence? Plaisir déjà tellement bien partagé…
Oui, d’accord… mais une fois que l’on a dit ça ?
On prétend dire que les humains peuvent vivre sans cette violence, comme on pourrait leur arracher leurs bras ?
Pétendre leur enlever quelque chose qu’on ne peut leur arracher (d’ailleurs, les bras ne sont pas un
bon exemple : ‘plus facile d’arracher des bras)
Qu’Est-ce que je fais avec cette violence , Ma violence ? Je prétends la contrôler ?
Où je sais qu’elle est là , tapis, qu’elle est formidalbe énergie, potentiellement un
outil comme un puit sans fond ? Utilisable pour “aller dans mon sens”… ?
La pensée non violente aurait du sens dans un monde non violent : là, Ghandi
s’est fait trucider, l’Inde est un continent “ultra violent, notamment pour toutes les
“minorités possibles”, les plus fragiles…
Prétendre répondre “non violence” dans cette société toute violence contre ces enfants,
c’est laisser libre-court à cette violence qui se nourrit de ce qui est en fait de la lâcheté s’agissant des enfants.
C’est juste trop facile, toutes ces petites lâchetés, tout le temps, partout, juste parce qu’il est
tellement plus facile de lâcher la main du môme que de s’opposer à un adulte.
Et bien moi, ma jouissance, je la tire de cette confrontation en l’adulte, j’en ai besoin, elle
me construit, elle me nourrit. J’ai longtemps cherché dans des sports de plus en plus violents
à en être rassasié (en vain évidemment)
L’enfant en lui-même n’est pas en mesure de m’apporter cette jouissance-là : il n’est pas de
taille, je ne peux en ressentir de la jouissance, cette violence ne pourrait être au final
que dégoût… alors que les adultes…
Je n’ai pas à renoncer à ce qui est l’un de mes principaux atouts dans ce métier :
et “moralement”, si en plus j’arrive à mettre ça sous la bannière de “Zorro” pourfandeur de méchants,
c’est tout bénéf’ pour mon égo.
Et surtout n’est-ce pas dangereux de faire croire à un enfant qu’il pourrait “gagner” le rapport de force contre un adulte, d’autant plus un adulte détenteur de l’autorité “éducatrice”?
En quoi dangereux ? Pourrais-tu développer ?
Autorité ??? Educative ???
Pour ma part : je n’ai aucune autorité sur ces enfants.
Par contre je fais autorité s’agissant de construction de petshop.
La question dans ce que je propose à ces enfants n’est en rien une question
d’autorité : elle est confiance.
Elle es par exemple à ce que je dis aux anim’ de mon claé, s’agissant de la cantine :
vous, vous imposez le silence, moi j’ai droit à leur écoute.
L’autorité, cela concerne mes rapports avec certains adultes, ceux qui usent de cette
violence envers les plus faibles, juste parce qu’ils sont plus faibles, “sous la main”.
Education ??? Je réponds aussitôt loisirs.
Salut Végéteuse :
Mais comment sais-tu que ces ces moments sont des temps suspendus également pour les enfants?
Y’a qu’une façon pour ça : faire en sorte que rien, absolument rien, n’oblige ces enfants à venir. C’est une déconstruction
qui peut être laborieuse, notamment sur un claé. Et assez violente pour les animateurs (c’est le problème là où je suis en
ce moment)
Faire en sorte que l’adulte ne soit pas central sur ce temps, qu’il puisse tout naturellement en partir sans que cela mette en cause
en rien le déroulement de l’atelier.
Ex : mardi. Il fait super beau, on a la chance, au contraire de ton affreuse école, d’avoir de vrais espaces
d’herbes, des recoins, plusieurs “lieux” dans une même grande cour.
Je propose de l’archi basique (issue d’une liste de demande spontanée emmagazinées la premier semaine, liste
dont on est ‘on étant les enfants et moi) venus à bout.
Et là, plus particulièrement quelque chose que je n’arrêtais pas de repousser : “danse”.
Je suis donc arrivé sur l’école avec 2 rallonges de 50 m (à démêler), une sono et une clef USB : les enfants ont déroulé les rallonges,
branché les rallonges jusqu’à la partie en herbe qu’ils adorent (parce derrière une haie d’arbres) , allumé l’appareil, branché la clef USB et
après quelques tâtonnements on réussi à “faire de la musique”
(quand j’ai entendu la première chanson, j’étais à l’étage avec d’autres enfants pour récupérer la moquette géante et les tapis)
Je suis arrivé un peu après le début, on a déroulé la moquette et aussitôt les chaussures ont valsé (un des plaisirs de ces mômes que d’être
en chaussettes)
Et j’ai fait le fou-fou avec des enfants ici et là, alors que d’autres jouaient ou je ne sais quoi.
A un moment, à cause la musique fatidique, je me suis transformé en loup garou (et ça a été une occasion de plus de prendre
dans les bras les enfants qui demandent, redemandent à être pris dans les bras…
Soit une cinquantaine d’enfants à quelque chose prêt. Et soit plus de la moitié de notre
service (ce qui pose alors la question des anim’ qui n’ont pas de gamins avec eux)
La majorité des enfants sont “avec moi sans être avec moi”.
En deux mois, depuis le début de la rentrée, je n’ai pas eu à “élever” une seule fois la
voix : et ça serait totalement hors propos ici…
On peut se dire que c’est là une situation d’animation qui facilite ce
genre de situation. Mais cela doit en être de même pour chaque animation,
y compris sur une activité manuelle.
Et qui est au centre des échanges auprès de mon équipe : le jeudi, quand
je suis en “surveillance” (soit que je ne propose “rien” s’agissant d’animation) les
enfants sont là dans la cour, ce jour-là. Et certains animateurs ont toujours ce problème
de ne pas intéresser, et là sans pouvoir se cacher derrière la “concurrence” des activités : le
problème ici, c’est le libre arbitre des enfants, le fait qu’ils aient ce choix, réel,
et qu’ils choisissent (en tout dans le cas de ce jour “surveillance) non pas l’activité qui les a attirée
mais la situation, le rapport adulte-enfants mis en vie par tel adulte.
Cela se retrouve exactement sur une “situation de crise” à laquelle je n’avais pas encore
été confrontée : une petite vient de perdre sa maman (durant les dernières vacances) , ce que l’on
pressentait depuis quelques semaines (ça a quand même été fulgurant)
Quelque soit la peine, les démonstrations, la volonté de s’émouvoir, celle de faire “quelque
chose pour X… des animateurs (trices), c’est vers celui qui ne lui a “rien proposé” qu’elle s’est tourné,
c’est à table qu’elle s’est “réfugiée”, au grand damn de ces adultes si désireux de plaindre…
Je n’ai rien changé dans mes rapports avec elle, rien apporté de plus à elle que je n’ai apporté aux autres
(à la grande interrogation de ses copines), elle est venu sur l’atelier, a été la première à avoir l’idée de demander
à faire la “DJ” (soit traduction pour moi : cool ! Je vais rien avoir à foutre que de m’amuser à faire le fou-fou
avec les mômes) Et elle s’est éclatée (quand sans doute d’autres auraient préféré qu’elle soit seul dans son coin,
en pleure)
Il n’y a là rien d’extraordinaire, que d’offrir à ces enfants une autre possibilité de rapport avec cet adulte,
avec comme leit-motif premier pour moi d’approcher le plus de ce qui pourrait être un vrai choix pour l’enfant,
que ce qui détermine son choix soit d’un autre ordre…
C’est quand même, malgré ce que tu dis, une ambition, une attente énorme vis à vis de l’enfant. Proposer un temps dans lequel il oublie la violence, il oublie le regard de l’autre, il oublie même le monde autour de lui. Qu’il s’abandonne.
Non ; pour la très grande majorité des enfants, cela va de soit. Et pour certains cela se joue sur du “être coûte que coûte avec David” ou sur tel atelier (souvent
fabrication de jouets)
C’est cette “atmosphère apaisée” qui permet l’existence de ce temps, et c’est le fruit de tous ceux qui sont présents sur l’atelier, le souhait “qui fait que”…
C’est qui me permet de pouvoir m’éclater, moi : c’est bien la seule ambition dont je parle, mon seul but.
Et ce qui peut y avoir d’attente (non pas de moi mais de tout le groupe)
c’est que se crée la situation qui permet cela : c’est ce autour de quoi tous ont se retrouve, le “dénominateur commun” :
ce que l’on cherche tous dans ces rencontres, ces temps partagés.
C’est un “deal” qui ne s’impose qu’à une ultra minorité des enfants (1 sur cette école)
Et je n’attends rien de cet enfant : si il n’est pas là, ça ne change rien pour moi : l’attente, elle vient de lui,
de sa volonté “d’en être” : et il est le seul à pouvoir répondre à cela.
Je n’ai pas d’attente pour cet enfant : je m’en fous si il n’est pas là : ce
que je veux, c’est m’amuser, ici avec ces mômes.
C’est ce “dénominateur commun” qui fait que nos “envies” se rejoignent, sans
attente de l’adulte, manipulation… c’est ce qui fait que jour après jour les enfants
viennent et reviennent.
Cette volonté des enfants, la plus réelle possible, la moins “contrainte” possible
dans ce qui est contrainte (une société, le fait de vivre avec d’autres) , c’est ce qui se rapproche
le plus d’une réponse à “et les enfants, ils en pensent quoi ?”
Est-ce que le fait que tu n’attendes “rien” de l’enfant suppose que lui n’attende également plus rien, si ce n’est jouer?
Absolument pas. Mais moi je ne prétends rien leur apporter d’autre, que ce temps “suspendu”
où pendant une heure ils vont pouvoir jouer, crier, créer, s’abandonner si cela est aussi un besoin…
Je passe tous les jours au moins dix minutes en arrivant à prendre dans les bras ces gamins,
les uns après les autres, à écouter leurs petites histoires…
Mais je ne promets rien, je ne sais même pas dire un seul des prénoms de ces enfants ; ça, c’est quelque chose
qui les rend malheureux, mais ils font avec. Ils font avec ce que je suis.
Ca n’empêche pas qu’il piaffe d’impatience à partager ces temps avec moi,
à se demander ce que je vais pouvoir inventer à partir de leurs propres demandes,
à participer à ce “tourbillon”, à faire d’un jeu Tout, y compris de dérouler une
rallonge ou passerle balais dans une salle, de venir dans la salle sur un atelier
où ils n’ont pas participé pour “ranger avec David”, pour passer le balais, les épondes avec du produit
vaisselle sur des tables qui ne sont en rien salle, à
nettoyer le grand tableau où nul n’a écrit.
– Bin, pourquoi tu nettoie le tableau alors qu’il est propre ? a demandé un de mes collgègues.
Question idiote lui a répondu le môme dans un regard. Et “je suis avec David, ça te regarde pas”.
Et le môme a raison : ça le regarde pas.
Est-ce que tu n’es pas, toi aussi et pour certains enfants, source de violence? Les temps que tu proposes ne créent-ils jamais de l’insécurité?
Ça m’intéresserait de lire le revers aussi.
Bien entendu. La question d’avoir créée ce “temps suspendu” suffisament sécurisant pour
que l’enfant puisse me dire son désaccord.
Par exemple, mon gros “râté” sur ces deux mois (qui serait
très certainement même pas un questionnement chez d’autres animateurs)
Sur un atelier construction de jouets, et parce que je laisse les enfants faire eux-mêmes,
à leur rythme, certains n’ont pas fini leur jouet ce jour là. J’ai beau eu “tirer” sur le “temps
des maîtresses” au maximum, est arrivé un moment où j’ai dit aux mômes que “c’est pas grave, on
recommence l’atelier vendredi et vous finirez tranquillement.”
Mais qu’Est-ce que veut dire “vendredi” pour une enfant de six ans ? ???
Quand il s’agit de renoncer à finir le jouet qu’elle s’était imaginée en venant sur
l’atelier ??
Elle a pleuré et ce n’est même pas moi qui m’en suis aperçu : ces 2 de nos
“grandes” qui l’ont vu pleurer dans la cour et qui me l’ont amené (avec cette
certitude que, même si le claé est fini, que c’est la sonnerie pour renter en classe,
je prendrai le temps de les écouter)
Bref, elle avait fait toute ces pièces et il suffisait de juste les assmebler avec la colle…
*le pistolet étant éteint, je lui ai demandé si elle voulait que je lui colle les pièces (ce que j’avais fait pour
eux tout l’atelier parce que plus de petits bâtonnets de colle, et donc un seul gros psitolet)
pendant qu’elle était en classe ? Et qu’elle pourrait récupérer son jouet durant la récré, que je resetrai
sur l’école jusqu’à la récré.
Elle a accepté mes excuses : et de ce qui est au départ une de ces violences si
“communes “s’agissant de “manager des enfants”, on en a finalement tous les
deux fait quelque chose de plus dans la construction de cette confiance, si fragile…
Et cette prise en compte n’a rien d’anecdotique, de “banale”,
sans grand intérêt” : elle est au creux de ce qui se joue sur ces temps :
la possibilité de dire à l’adulte qu’il a agit sans prendre en compte une personne,
et en réponse un éhcnage sur le droit de ne pas “être parfait”,
de parfois faire des choses sans même s’apercevoir que si qui est pour soi
un “tout petit détail” a de l’importance pour l’enfant.
Et là, la question est celle de cette confiance, de ce que l’enfant se sait
totalement ligitime à dire à un adulte… Dire son désaccord….
Cette petite m’a donnée une leçon : elle a participé de mon éducation,
de celui que je suis…
Et encore une fois : c’est ça qui fait que les enfants “sont là”…
Ce que tu entends par violence légitime, c’est la violence du dominé par rapport au dominant? Je suis d’accord mais les choses ne sont jamais aussi clairs, non?
S’agissant d’enfance, depuis que l’on a inventé l’enfance, il me semble pourtant que le déséquilibre à toujours existé : du fait de ce qu’un enfant est, sa dépendance.
La question est : cette dépendance fait-elle de l’enfant un “moins” ou cette dépendance fait-elle de l’adulte un tributaire, un responsable ?
Moilapa, tu écris trop vite. Je reviens sur un ancien message.
moilapa a écrit :
Nous devrions être les seuls professionnels de l’enfance à ne rien attendre des enfants,
à pouvoir offrir réellement des temps où ces enfants puissent “être eux-même, ne pas être
dans un traquenard où l’adulte a des buts cachés, ces “temps suspendus” où il ne s’agit
aucunement de régler quoi que ce soit, mais de juste être ensemble à faire un même atelier,
même si on est chacun dans son coin de la salle, se faire plaisir par exemple en se construisant
son jouet… un répit vis à vis du rôle social que l’on croit devoir tenir, un répit vis à vis de ce que tel
enfant a dans la tête, de ce qui dans son vécu fait sa farouche volonté à mordre…
Faire cette expérience d’un “autre possible”.
Mais comment sais-tu que ces ces moments sont des temps suspendus également pour les enfants? Qu’ils ne subissent plus de pression? Qu’ils se mettent à nu?
C’est quand même, malgré ce que tu dis, une ambition, une attente énorme vis à vis de l’enfant. Proposer un temps dans lequel il oublie la violence, il oublie le regard de l’autre, il oublie même le monde autour de lui. Qu’il s’abandonne.
Je n’ai pas l’impression d’avoir ces attentes là, même si tout comme toi, j’essaie de soutenir ce qui anime les enfants.
Est-ce que le fait que tu n’attendes “rien” de l’enfant suppose que lui n’attende également plus rien, si ce n’est jouer?
Je n’ai aucune prétention. Même plus : je n’ai fait aucun effort en direction de cet enfant, je ne lui ai même
pas tendu la main.
Pourtant tu as créé un atelier pour “lui” et tu as tout mis en œuvre pour que se soit son désir qui le pousse à venir et non pas une contrainte ou une main charitable qui aurait entravé son élan, à lui.
Je ne dirais donc pas que tu n’as aucune intention, ni “rien” fait pour cet enfant. Le rien laissant la place à l’autre…ce n’est pas rien 😀
créé des petits îlots dans lesquels pour un temps ces enfants sont en sécurité… être “la violence au dessus de
la violence”, s’opposer entre, juste… ce qui est déjà pas mal.
Est-ce que tu n’es pas, toi aussi et pour certains enfants, source de violence? Les temps que tu proposes ne créent-ils jamais de l’insécurité?
Ça m’intéresserait de lire le revers aussi.
Et cet “enfant violent” n’aura jamais eu l’occasion de “goûter” à ce qu’il a à perdre,
ce que le groupe aurait pu avoir de richesse pour lui, de sécurité, d’amour…
C’est bien parce que l’individu sait intuitivement que le groupe apporte sécurité et autre, qu’il ne souhaite pas être rejeté et est donc aussi prompt à obéir et à ne pas se désolidariser, une fois adulte. La peur d’être la paria.
Cette défiance permanente des enfants restera une nécessité, ces comportements violents des réactions légitimes ou adéquates.
Il n’y a rien de plus légitime sur ces “accueils” enfants qu’un enfant qui cogne un adulte.
Et en tant qu’adulte, il faut savoir alors prendre sa défense.
il faut aider les enfants qui auront tendance à être violents envers d’autres enfants de tourner
cette violence vers les adultes, opprimants, soutenir cet enfant, parler avec lui,
l’aider à dire qui sont ses réels ennemis.
Ce que tu entends par violence légitime, c’est la violence du dominé par rapport au dominant? Je suis d’accord mais les choses ne sont jamais aussi clairs, non?
Alors qu’on pourrait penser que les animateurs sont principalement victimes de politiques économique et de l’emploi dégénérées et de discours sur l’enfance, l’école et le travail tout aussi dégénérés. Toi, tu viens les titiller à l’endroit où ils sont infinitésimalement responsables des violences que subissent les enfants.
Il me semble que c’est pareil pour les enfants. Pour tout le monde. On subit et on génère de la violence. Un enfant qui cogne un adulte, il ressent quoi? De la colère, du plaisir, de la culpabilité? Est-ce qu’il le fait vraiment contre l’école, contre les adultes?
N’est-ce pas dangereux de soutenir le plaisir qu’il y a à recourir à la violence? Plaisir déjà tellement bien partagé…
Comprendre et accepter sa violence, est-ce uniquement la diriger vers des ennemis? (bien une réflexion de mec ça :-D).
La violence dont tu parles c’est quand même une violence “masculine”.
Et quand est-il des solutions trouvées par d’autres, les filles par exemple. Comment subissent-elles la violence? Comment la retournent-elles?
Et surtout n’est-ce pas dangereux de faire croire à un enfant qu’il pourrait “gagner” le rapport de force contre un adulte, d’autant plus un adulte détenteur de l’autorité “éducatrice”? (même avec toi dans les parages)
Si vous n’avez rien à offrir à ces enfants, vous ne pourrez rien.
Je dirais que c’est pourtant bien là l’essentiel! Accepter qu’on a rien à offrir…
Et sur le support “forum sur internet”…
Il ne s’agit pas pour moi de convaincre, pire,
de donner une méthode, une direction…
Je parle avant tout à moi-même, je me sers du support
pour construire ma façon de penser ce métier,
le rapport enfants-adultes dans le cadre de ces
accueils enfants, et accueils de loisirs s’agissant des
accueils enfants qui ne dépendent pas de jeunesse et
sports et de la folie qu’est l’animation sociocul.
Si des personnes rebondissent, interviennent, enrichissant
ainsi la réflexion, tant mieux.
C’est un support bien plus intéressant en ça que l’équipe
sur le terrain, cette situation où pour une majorité de personnes
il est si difficile non seulement de construire une pensée, mais
de juste intervenir, et au delà : de s’extirper de cette “réalité”.
Il y a tellement de freins à la construction d’une pensée sur “le terrain”…
Cette “réflexion extérieure”, qui permet par exemple de confronter
des logiques tellement logiques sur le terrain, tellement peu propices
à la remise en cause, balayées ici en une phrase, un point de vue (point
de vue toujours absent de ces “travaux” au sein de l’équipe : le point de vue
de l’enfant)
Format qui permet d’échapper à cette nécessité de gérer, de faire “tourner
la baraque”, de se contraindre à des normes, des règles, un habitus,
des pressions et influences collectives, cette
pensée collective, cette “conscience collective”,
(cette volonté de “remplir les espaces” entre les individus)
et j’en passe…
Et de ce qui m’intéresse : plus particulièrement cette pensée collective
s’agissant de l’enfance (là j’aurais voulu utiliser un autre terme (utilisé en sociologie) mais il
ne me vient pas)
La question pour chacun n’est pas celle du format, du temps où l’on peut rechercher des
réponses aux questionnement de ce métier : la question est celle de la volonté
de se questionner.
Et je crois que l’élaboration de cette pensée se fait au contraire
des “allers-retours” entre toutes sortes de “supports à penser”.
Que c’est l’aller-retour lui-même qui produit cette pensée : que donc, si il n’existe
“qu’un seul support”, il ne peut exister de construction réelle de cette pensée.
C’est dans ces “intervalles” que l’on crée cette pensée.
L’animateur a tous les pouvoirs : celui de
refuser ce pouvoir que lui donne la situation qu’est
la nôtre dans ce métier…
Il est celui, le seul, en contact avec ces enfants, le seul qui
a une action possible. Le seul à pouvoir prendre en compte ces
enfants, les voir comme des personnes… et non des chiffres
dans un tableau de mairie, des euros dans un tableau d’association,
ou pire de futurs citoyens.
Tous les “décideurs”, les mairies, Etat ou associations… aucun
de ceux-là ne peut dire ce que sera la réalité de cette rencontre.
A cet animateur alors de refuser de mettre en vie ces projets
stupides, violents. En ayant de l’empathie (à raison de mieux comme
terme) pour ces enfants.
On ne peut avoir de l’empathie pour ces enfants et accepter d’obéir
aux ordres dans ce milieu cinglé qu’est l’animation
sociocul.
C’est trop facile : on est dans “je ne suis qu’un exécutant, c’est pas de
ma faute” (tu vois où je veux en venir ?)
‘Trop facile, quelque soit son bagage culturel, social, ses
capacités à penser…
Ce ne sont pas des ignorants ; ce sont avant tout des lâches,
des salopards qui préfèrent être aveugles s’agissant de cette violence que
subissent les enfants (dont ils sont producteurs) plutôt
que de penser, remettre en cause… choisir la cause des enfants.
Rien de ce que qui peut être décidé “en amont”, aucun écrit, aucun
objectif n’a de poids, de réalité.
Ce qui compte, c’est ce qui commence au moment où les
personnes se rencontrent (enfants et éventuellement adultes)
Sur la conscience de ce dont je parle en long et en large
sur le forum : mais peu importe. Il n’a besoin de rien savoir, mais juste d’être.
Il n’y a pas de projet “sociétal”, politique, humain ou autre à construire. Rien
à projeter.
J’en reviens sur ces outils magiques (méthodologie de projet,
documents “tout fait”, tout ce qui est “feuille à remplir”…) :
leur problème, c’est qu’ils ne peuvent couvrir toute l’étendue
de l’inattendue, de la vie, de la vie de groupe. Le seul fait d’essayer
de faire rentrer dans des “données” ces temps de rencontre
rendent frelatées ces rencontres.
Et ceux qui ont cru en ces objets magiques, lorsqu’ils se confrontent
à la réalité des enfants, leur personnalité, leurs réactions, leurs révoltes,
sont alors déboussolés…
Vient alors ou le temps de la violence pour faire coûte que coûte coincider cette réalité et leurs
“fantasmes” (ou la “commande qui vient d’en haut”)
Ou le temps pour ces animateurs de “faire avec” :
faire avec ce fossé entre “la chose prescrite” et “la réalité
du terrain à gérer”.
Ce que finalement beaucoup font : voir en farfouillant
dans le forum ces échanges autour de ces travaux universitaires sur cette
schizophrénie professionnelle de l’animateur, tiraillé entre “la chose
prescrite” et la réalité qu’il vit auprès des enfants.
D’accord mais ce n’est pas l’animateur qui définit son cadre de travail. C’est à celui qui l’organise et le commande du moins dans le schéma sociétal actuel. Quelques uns d’entre nous ont le pouvoir et les capacités d’élargir leur champ de vision, de compréhension, de définir des convictions et donc au final d’élargir ou de réorienter sa marge manoeuvre. Ce n’est pas le cas d’à peu près la grande majorité des personnels parce qu’avant tout ce constat formulé est à 100 lieues d’être conscientisé. Il faudrait donc investir l’élite, le politique, la chaine de commandement pour réorienter ces cadres de travail, et réorienter les aspirations et attentes sociétales envers les enfants ou autres publics. Et encore là, tu ferai sans doute le mauvais choix, celui de l’étudiant à l’ENA persuadé que seulement par lui surviendra le changement parce qu’il est équipé du bagage culturel, économique, etc pour le faire. Mais non ça ne fonctionne pas et ça ne fonctionnera jamais ou à très petite échelle.
Erreur, il faut partir avec les gens dans leur pratique. Et là et seulement là, on peut modifier les contextes et autres grandes considérations AVEC les gens. Ce que tu fais sur tes terrains de travail et que tu restitues si bien en témoignant parfois des échanges tenus avec tes collègues et de ce qu’ils produisent chez eux, chez toi, chez les mômes. Pas sur ce forum dans ces modalités distancielles et hors-sol.
Finalement, avec tous ces outils, ces “pré-mâchés”,
on en revient à la même chose, comme ici s’agissant
de cette “communication non violente” : il peut y avoir
réellement au départ une volonté altruiste, humaniste,
une volonté de partage… mais il y a toujours dés le départ
une formidable naïveté… (même si ici on a droit d’en douter,
et de voir une volonté d’induire, d’incruster dans les cerveaux des enfants
un “auto contrôle” un contrôle d’une efficacité qu’aucune menace,
qu’aucune violence, ne pourrait égaler : lire le livre qu’ils
éditent sur les jeux coopératifs, dont le titre exact est :
“jeux coopératifs pour bâtir la paix “!!!!!!!
Encore une fois, ce sont ces enculés d’enfants qui vont devoir régler
les problèmes du monde : je vais utiliser ton goût pour les jeux,
enculé d’enfant que tu es, pour combattre la guerre dans le monde, toi
qui ne fait pas la guerre, n’a aucun pouvoir et n’a aucune responsabilité)
Soit juste : prétendre arrêter les guerres en manipulant les enfants,
en utilisant leur goût sans limite pour le jeu…
Belle piste d’envol…
On le voit avec cette exemple (dont on peut penser ce que
l’on veut sur son utilité) de méthode de communication
non violente : se pose la question de qui utilise l’outil…
Et rapidement si on cherche sur internet des vécus sur cette
“méthode”, on se rend compte que les gens ont eu affaire
à des personnes qui en découvrant ces outils y ont vu une formidable
occasion à jouir des autres, à manipuler, à exprimer des pulsions…
Ce qui est logique avec la logique de ces outils : qui prétendent dissiper
une partie de l’incontrôlable de l’humanité, de la singularité.
Dire des tableaux, des cases, dans lequel on pourrait faire rentrer des
personnes, faire forcément des généralités, normés, réduire à des
stéréotypes des populations…
Ou comment ces outils, ces situations de “formation”,
permettent avant tout la manipulation, crée une situation de pouvoir,
de contrôle, quand ces outils avaient comme objectif
au départ d’aider les personnes à lutter contre les manipulations…
C’est ce qu’il se passe avec tous les outils dans le sociocul,
tout ce qui a un moment a pu être une bonne idée (chercher par
exemple une thématique à une semaine…)
En devant des impératifs, ils ont perdu tout sens.
Et je ne parle même pas des outils (comme tout ce qui tourne
autour des différents projets écrits) dont on a récupéré l’idée
dans d’autres domaines, avec des visés avouées bien inhumaines,
à 1000 lieux de cette “humanisme”… Où des outils qui n’ont
de sens qu’économique, de rentabilisation, sont utilisés pour gérer
le bétail des enfants…
Ce qu’on peut en retenir, c’est que s’agissant d’humain, de rapports
entre les êtres humains, de notre condition d’être sensible parmi d’autres,
aucun outil, aucun ^”prêt à penser” ne sera utile, sera même néfaste…
Et s’agissant de ces rassemblements d’enfants, il ne devrait s’agir que
de ça : de rapports humains, de vivre avec les autres.
On ne devrait pas plus avoir besoin de tous ces outils que quand
on est avec sa famille, ses amis, les gens avec qui on aime passer
du temps.
Etes-vous si misérables, si humainement peu d’intérêt, qu’il
vous faille mettre entre vous et les enfants des outils technocratiques,
des outils qui disent la rentabilité ???
De “l’inhumanité” de l’animation sociocul dans son ensemble, de
tous ces “accueils” d’enfants, ces animateurs…
Se remettre en question ça devient plutôt facile (même si épuisant).
En revanche je crois que ce n’est vraiment utile que si on parvient à remettre tous les autres en question.
Autrement dit si quelqu’un se remet en question parce que son projet sensibilisation au gaspillage à la cantine n’a pas fonctionné, il tentera un autre projet. Persuadé que la seule façon de faire baisser le gaspillage est de faire un projet “sensibilisation au gaspillage”.
La vraie remise en question, ou la vraie capacité à s’étonner de tout (ça c’est plus Bourdieu qu’Einstein) c’est de parvenir à s’apercevoir par exemple que quand beaucoup d’enfants ne mangent pas, ce n’est pas parce que tous ces enfants sont mal élevés, ou mal éduqués au gaspillage, etc. Ce qu’il faut remettre en cause, c’est tout à part les enfants.
Avé a tous :coucoub:
Je vas essayer, avec mes faibles moyens, 😀 d’élargir le thème ;
Que se soit pour gérer des conflits, mener une réunion, mener une activité, gérer un groupe etc .Non seulement il n’y a pas de recette miracle, mais cela ne s’apprend pas uniquement dans les livres.
Certes consulter un bouquin de quelqu’un de connu, peux être utile, mais il faut surtout savoir se remettre en cause en tenant compte de ses propres expériences, voire de celles de collègues qui font le m^me boulot que vous. :cass:
Donc ne pas retransmettre tout cru, ce que dit le bouquin, plus ou moins pertinent. Mais l’adapter aux circonstances, à notre objectif, aux personnes concernés, à notre personnalité …
De plus lorsque l’on s’adresse à des être humains, si quelqu’un dit je n’ai aucun problème, tout se passe comme je le pensais; et bien :non: ce quelqu’un soit “se bouche les yeux” soit est un grand prétentieux, soit se contente de peu.
L’important est d’être capable d’évaluer ( Ciel!! je vais me faire allumer) son action pour chercher ce qui peux être amélioré.
je me permets de citer Einstein :
Il faut penser par soi même, ne rien apprendre par coeur, mais tout redécouvrir. ne rien négliger de ce qui est concevable ou imaginable
💡
Ou encore :
L’imagination est plus importante que le savoir.
ceci est particulièrement vrai pour un animateur
💡
Après tout :
“Chaque douleur rend plus fort; Chaque trahison plus intelligent; chaque désillusion plus habile et surtout chaque expérience plus sage et plus lucide.
Allez bye