moilapa a écrit :
Sinon :
Peut-être parce qu’on en est devenus incapables pour la plupart d’entre nous.Je ne le crois pas (tout au plus Est-ce ce que l’on (“on” restant à déterminer)
voudrait nous faire croire.
“on”, c’est l’ensemble des animateurs pris au milieu de “dispositifs” (politiques, éducatifs, touristiques…). Et l’incapacité, ce n’est pas de vivre soi-même (encore que, des fois…), mais incapables de garder une simple place de facilitateur, de soutien technique, financier pour les différents “publics”. Je me sens alors investi d’un rôle important de faire pour les autres. Derrière la classique idée d’avoir un rôle social valorisé (et donc de se sentir légitime vis-à-vis d’une hiérarchie ou de commanditaires), je pensais à autre chose. Peut-être ce que tu dis à propos du “métier” d’animateur en lui-même, créé de toute pièce bien récemment dans notre histoire.
C’est ce côté un peu artificiel du métier qui me gênait déjà lorsqu’on parlait du CEE. Avec toujours cette impression que la professionnalisation d’une fonction (donc le passage d’une fonction sociale à un rôle social professionnalisé) amène son lot d’ennuis (juridiques, financiers) et d’erreurs (volonté éducative, structuration des filières, harmonisation des pratiques et créations de protocoles…).
Mais j’ai peur de retomber ici dans des travers naturalistes et de vouloir recentrer le travail sur les besoins primaires terrestres de l’homme… 🙄
Sinon :
Peut-être parce qu’on en est devenus incapables pour la plupart d’entre nous.
Je ne le crois pas (tout au plus Est-ce ce que l’on (“on” restant à déterminer)
voudrait nous faire croire.
Mais ça rejoint ta réflexion sur cette “animation professionnelle”
qui n’existe pas : ce qui est au cœur de ce métier ne pouvant entrer
dans le champ de formations, de critères pouvant
définir un professionnalisme…
Qui pourrait croire ici, à part un idiot, que ces jeunes ne
sont pas capables de faire la fête sans des adultes !!!
C’est juste totalement stupide et orienté.
Je crois qu’il s’agit, vis à vis de ta question, de créer
des métiers qui n’existaient pas (où que l’on redéfinie) Et dont le besoin est créé
en même temps que l’on crée le métier.
Parce qu’effectivement “on” a pas besoin de ces gugusses
pour faire la fête.
C’est d’ailleurs la spécificité de ce “métier’ animateurs :
des gens dont on a pas besoin.
Dans le cas du post dont tu parles, la question me semble
plus tourner autour non pas de ce que ces jeunes ne seraient pas
capables, aurait besoin de (il faut être naïf pour prendre pour
“argent compant” ce qu’ raconte, que de la question de cette femme.
D’un problème “classique” de l’animation sociocul
(que j’appelerai pompeusement “échelle de captivité du public”, pour faire un clin
d’œil à l’outil de Hart…)
Plus ce “degré de captivité du public” est élevé,
plus c’est facile pour “l’agent animant” (de jouir
d’un pouvoir, évidemment comme presque toujours
la réelle question)
Avec comme dernier degré : la prison, l’unité psychiatrique fermée,
la secte, la colo, la famille…
Le degré au dessous : le centre de loisirs, l’école (je ne mets pas l’école
maternelle dans le dernier degrés juste parce que l’enfant rentre chez lui
à la fin de la journée)
En dessous : l’usine,
etc…
Peu importe que dans ces différents lieux on
prétende œuvrer à des buts radicalement différents (la punition,
le soin, le loisir, l’éducation..)
Et peu importe le nom que l’on donne à ces “agents” :
gardiens, éducateurs, animateurs, soignants….
Ce qui importe, c’est ce que l’organisation, la structure permettent
de facilitation à cet agent de contrôler, de maîtriser, de jouir
du public accueilli.
Pour le cas d’animateurs, plus la structure et l’organisation
permettent de “liberté de choix” au public, plus c’est difficile.
Dans le cas de cette fille, le problème étant que ces jeunes aient
la possibilité de ne rien à voir à foutre de ses idées à la con
et volonté de gérer, de contrôler l’intimité de ces jeunes
(la réalité du terrain montre qu’il s’agit à chaque fois d’une
peur du regard de ce qui paient le travailleur ou d’une question
de sensation d’être rejetée, de ne pas faire partie de,
de ne pas être à sa place… bref aimé, désiré… (un autre grand
classique chez ceux qui se prétendent animateurs)
(l’âge et la fragilité du public ayant un impact sur la qualité
de ce loisir à jouir de l’Autre)
En ça, ‘vaut mieux effectivement une colo
d’enfants qu’un internat d’ados…
C’est un questionnement qui existe dans
le champs de l’animation qui accueille les familles
(campings, villages vacances….) (enfin, quand on
se pose des questions)
C’est (c’était) un des axes de réflexion à la CCAS notamment…
Penser dans un ensemble qui fait se rencontrer des gens,
l’animateur devenant le prétexte dont on sans doute de
plus en plus besoin pour aller vers les autres dans ce type
d’organisation de loisirs.
Pour le cas du camping, où la réflexion est tourné vers
l’idée de remplissage des “emplacements”, des locations, , c’est tout
bêtement que ce qui va faire revenir les familles c’est notamment
les liens tissés avec d’autres familles, la volonté des enfants
et ados de retrouver leurs copains…
Mais cela sous-entend que l’on s’est questionné avant sur
ce que ces gens sont venus chercher sur un camping,
au delà des réponses trop évidentes (consommation de
loisirs, d’animations, échappatoire du reste de l’année…)
N’y aurait-il pas, par exemple, pour certains, le fantasme de
“retrouver le village” ? De vivre une rupture avec “la vie de
tous les jours”, dans une ville anonyme de plus en plus
inhumaine (avec par exemple la réflexion architecturale sur
“la place du village”, les lieux de rencontres….) Le luxe en camping
étant l’opposé de ces mobil homes collés les uns contre
les autres, alignés comme des maisons dans des “villes modernes”…
bien avant le méga complexe aquatique ou le terrain de golf…
et l’espace (le premier luxe ici)
Sinon, ce qui pose question, c’est le nom même animateur :
soit prétendre donner la vie (soit prétendre arriver là où il n’y avait
rien, conquérant, supposé indispensable…)
Or, l’animateur n’arrive jamais dans “un vide”, quelque chose
qui n’existe pas…
Prétendre “apporter la vie”, “créer la vie”…
On n’est que le prétexte qui permet la mise en vie de
quelque chose qui existe déjà, est déjà là. Ce qui fait de ce métier
quelque chose d’en partie subtile (parce qu’animer du miss camping
ou du karaoké, c’est à la portée du premier couillon venu)…
La question pour un animateur, notamment sur un camping,
c’est justement de se poser la question de la nécessité de sa présence
(en tant qu’animateur et non comme personne) , la tendance par
voir ce prototype d’animateur qui a besoin d’être central,
de grouper les personnes autour de lui, de faire du bruit pour
ameuter, à raison de “parler” à la sensibilité des gens, à la complexité
du fait qu’ils soient uniques….
L’idée c’est notamment de créer les situations de rencontres,
et de penser ces rencontres comme un “point de départ”.
Et puis un autre… Avec la conviction qu’entre ces temps, cela ne concerne plus
l’animateur…
L’étape “au dessus, pour un animateur, étant de savoir créer
ces “temps de vie, de rencontre” sans y être physiquement … ,
sans doute une des bonnes raisons pour un animateur de
pouvoir avoir des prétentions financières au dessus “de la
moyenne”…
Depuis quelques temps, je me pose une question à propos de l’animation telle qu’on la regarde, telle qu’elle s’est organisée. Et notamment suite à ce genre de demandes…
Je trouve quand même très bizarre cette idée d’animation, où certains pions de la société devraient organiser, animer la vie des autres. On en vient à des situations absurdes où des choses aussi simples qu’un moment de fête, de rencontre festive, devient quelque chose de complexe qui se “devrait” d’exister. Et pourquoi ceux qui veulent faire la fête ne le feraient pas en s’organisant eux-même (avec pourquoi pas l’aide de quelqu’un qui sait faire) ? Pourquoi on arrive pas à se contenter d’aider (ou de simplement donner les moyens) les personnes (adultes, enfants, c’est pareil) à organiser, réaliser leurs idées ?
Peut-être parce qu’on en est devenus incapables pour la plupart d’entre nous. Peut-être aussi parce que notre mode de consommation s’est désormais clairement orienté vers l’ultra-spécialisation qui cloisonne les secteurs d’activité et que, tels des fourmis, nos temps de vie sont segmentés, confiés à des personnes “dont c’est le métier”…
Mais autant ça peut s’entendre pour la chirurgie cardiaque, autant pour l’animation ça m’échappe un peu…
De là à remettre en cause l’animation professionnelle en tant que métier, je n’oserais évidemment pas… 🙄