De mĂ©moire, il date de 1998 et je l’avais rĂ©cupĂ©rĂ© lĂ : http://www.ofaj.org/paed/texte2/enfants/enfants.html#inhalt
Merci pour ce lien..riche !
Les chapitres 3 et 4 répondent en grande partie à mes questions de départ. (Autonomie /médias et rÎle des adultes).
(Ce rapport Ă une dizaine d’annĂ©e dĂ©jĂ , nan ?)
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Dans mes relectures, je suis retombĂ© sur un rapport intĂ©ressant sur la question de l’autonomie – mĂȘme s’il est un peu long – de Gilles BrougĂšre qui abordent plusieurs aspects notamment d’un point de vue ‘international’.
(plus tard, je répondrais à la question de la socialisation)
Matim a Ă©crit :
J’entends bien.
Finalement je suis devenu spectateur intĂ©ressĂ© par ce dĂ©tournement. Ăa le fait aussi..
Spectateur de la sociĂ©tĂ© du spectacle…
J’entends bien.
Finalement je suis devenu spectateur intĂ©ressĂ© par ce dĂ©tournement. Ăa le fait aussi..
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Matim a Ă©crit :
solleanna a Ă©crit :Putain y’a des gens dans l’animation qui connaissent Debord, Vaneigem etc. je sais pas si c’est un hold up ce sujet mais il me fait bien plaisir oui!
cqfd.
C’est bien un hold up mais je laisse les bandits opĂ©rer : c’est enrichissant malgrĂ© tout đ
Matim, pour utiliser le terme exact, il y a “dĂ©tournement” au sens situationniste du terme… pas du tout hold-up.
Mais comme le disait les situs : “il faut voler les livres, le livre n’est pas une marchandise”. Alors moi, je vole les sujets mais les sujets ne sont pas des marchandises, donc il y a dĂ©tournement…
michmuch a Ă©crit :
Donc tu pars de l’hypothĂšse que l’autonomie de l’enfant est une bonne chose pour lui… Qu’il s’agit d’une valeur positive… Que les parents sont aliĂ©nants pour leurs enfant… Que l’autonomie “se biaise” et non “se construit”…
C’est ça. Bonne reformulation mon cher Rogers !
solleanna a Ă©crit :Putain y’a des gens dans l’animation qui connaissent Debord, Vaneigem etc. je sais pas si c’est un hold up ce sujet mais il me fait bien plaisir oui!
cqfd.
C’est bien un hold up mais je laisse les bandits opĂ©rer : c’est enrichissant malgrĂ© tout đ
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Putain y’a des gens dans l’animation qui connaissent Debord, Vaneigem etc. je sais pas si c’est un hold up ce sujet mais il me fait bien plaisir oui!
Je relançais quand mĂȘme sur mon interrogation autour de la socialisation… c’est qui la socialisation? c’est quoi le modĂšle de socialisation de Houssaye? Comment fait il pour mesurer ça? La spĂ©cificitĂ© des colos tient elle à ça ou devrait elle tenir Ă cela? Il n’y a donc que les colos pour faire ça?
Shaaa a Ă©crit :
Devinez le thĂšme du Journal de l’Animation de ce mois-ci ? “Osez les activitĂ©s en autonomie”. đ
Oui mais c’est dans un dossier “rĂ©glementation” (voir ici)… Ce qui montre encore que la bible des animateurs c’est la rĂ©glementation, le droit, le cadre, etc… mais pas la relation, la pĂ©dagogie, les valeurs.
L’autonomie comme valeurs dans nos ACM? mais autonome par rapport Ă quoi? Ă qui? finalement le problĂšme ne serait-il pas l’individuation de nos sociĂ©tĂ© “spectaculaire” (pour reprendre un terme du Debord)?
Je n’ai pas lu ce dossier mais si qqu’un l’avait en .pdf ou autres, je suis preneur d’un Ă©change.
Moi non plus, j’ai pas vu de Hold-up…
Matim a Ă©crit :
Quand Ă ceux qui pourraient avoir quelques questionnement intĂ©ressants, ils sont “guidĂ©s” par les parents et donc lĂ encore l’autonomie apparente est faussĂ©e.
et
Matim a Ă©crit :
l’autonomie sera toujours biaisĂ©e, mĂȘme si on passe son temps a nous faire croire le contraire.
Donc tu pars de l’hypothĂšse que l’autonomie de l’enfant est une bonne chose pour lui… Qu’il s’agit d’une valeur positive… Que les parents sont aliĂ©nants pour leurs enfant… Que l’autonomie “se biaise” et non “se construit”…
Devinez le thĂšme du Journal de l’Animation de ce mois-ci ? “Osez les activitĂ©s en autonomie”. đ
Ou est le hold-up ? J’ai pas l’impression d’avoir dĂ©vier plus que “ça” du sujet initial.
michmuch a Ă©crit :
Pour Matim
J’aime bien… mais je constate avec dĂ©ception que la loco est une vielle loco Ă©lectrique des annĂ©es 80 : Ăa fait du bruit et le rendement est plus que moyen..
Mais ça donne du spectacle et rien que ça c’est plaisant.
michmuch a Ă©crit :Revenons Ă l’autonomie, et pour apportĂ© une rĂ©ponse Ă Matim… nous sommes au balcon, c’est vrai, la comparaison est assez bonne et drĂŽle mais… qu’en penses-tu, toi? de l’autonomie de l’enfant face au mĂ©dia?
Je ne voulais pas vous perturber dans ce “hold-up” de post qui manifestement vous apporte du plaisir (et c’est dĂ©jĂ une rĂ©cidive). Je n’irai pas jusquâĂ vous rappeler mon questionnement initial car il parait que “ce n’est pas la question !” (sic) .
Alors simplement pour te rĂ©pondre : pour moi cette autonomie est quasiment inexistante. Inutile de se faire croire que l’enfant Ă ce pouvoir de discernement que mĂȘme l’adulte n’a pas.
Quand Ă ceux qui pourraient avoir quelques questionnement intĂ©ressants, ils sont “guidĂ©s” par les parents et donc lĂ encore l’autonomie apparente est faussĂ©e.
Tant qu’on partira du principe que les mĂ©dias dĂ©tiennent l’info et que nous resterons dans cette culture , nous serons toujours Ă la mercie de ceux qui l’ont compris bien avant nous : ceux qui ont crĂ©es, achetĂ©s, dĂ©veloppĂ©es les medias dans leur propre intĂ©rĂȘt.
Partant de lĂ , l’autonomie sera toujours biaisĂ©e, mĂȘme si on passe son temps a nous faire croire le contraire.
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(vous me faĂźtes grave pĂ©daler dans la choucroute avec tous ces philosophes…)
En creusant les écrits du Paul, je suis tombé sur cette interview : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/famille/entretien-avec-paul-yonnet_482874.html?p=1
Il montre l’Ă©volution historico-sociologique de la place des enfants dans la famille et la montĂ©e en puissance du fameux “enfant-roi” (ou “enfant du dĂ©sir”). Tendance que la sociĂ©tĂ© renforce pour en faire de bons consommateurs vu leurs influences sur leurs parents et leurs achats. Adultes, nous devons satisfaire leurs besoins (ou dĂ©sirs) qui sont largement dictĂ©s par des intentions “marchandes” – pour le dire gentiment.
Tout ceci me fait penser Ă l’article de S. Mollo-Bouvier de 1994 intitulĂ© “De l’Ă©cole aux vacances. ProlĂ©gomĂšnes Ă une analyse sociologique des vacances des enfants”.
Elle nous rappelle que “les temps sociaux des enfants ont leur dynamique propre, leurs rythmes spĂ©cifiques, et l’usage de ces temps est fortement oblitĂ©rĂ© par les
contraintes imposĂ©es aux parents, et les conceptions de l’enfance qui prĂ©valent dans la sociĂ©tĂ© (ce que l’enfant doit ĂȘtre ou doit devenir influence ce que l’enfant doit faire”. Et “le temps libre de l’enfant est un temps programmĂ©, encadrĂ©, occupĂ©, bref un temps bien rempli a l’avance”.
L’autonomie proclamĂ©e (des enfants Ă choisir) n’Ă©tant qu’une maniĂšre d’assurer le bon fonctionnement du marchĂ© des loisirs. En poussant Ă l’extrĂȘme ce sentiment de libertĂ© (de choix), nous sommes d’autant plus facilement manipulables (voir les apports de Beauvois et JoulĂ© sur les thĂ©ories de la “soumission librement consentie”).
“Tu es libre de choisir parmi ses 4 activitĂ©s…” ; “Tu es libre de choisir le sĂ©jour Ă thĂšme que tu veux faire…”
Encore faut-il qu’on les aide-accompagne Ă cela. Mais quelle est la posture dominante des animateurs ? On en a dĂ©jĂ discutĂ© (ici) avec l’article de Herman sur la notion dâautonomie et ses impensĂ©s dans la socialisation enfantine. Pour le dire autrement, ils perpĂ©tuent le mensonge de l’autonomie pour garder les enfants dans cet Ă©tat “consommatoire” (pour reprendre le qualificatif de Gillet sur les animateurs-techniciens).
Pour revenir sur le loisir, il peut ĂȘtre un temps supplĂ©mentaire de “conditionnement et de manipulation” (dixit Yonnet) comme un temps “libĂ©ratoire” (voir Dumazedier). Tout dĂ©pend du pouvoir de la personne (et ses implications) sur son loisir. C’est vite dit mais ça sous-entend beaucoup de choses…
Pour reprendre le propos d’Ottavi, les enfants sont entrain de construire leur “capacitĂ© d’indĂ©pendance et de rigueur dans le jugement, en particulier vis-Ă -vis de la croyance et des prĂ©jugĂ©s” (ou autonomie morale), les animateurs peuvent-ils prendre ce rĂŽle ? Notamment Ă travers leurs (fabuleuses) activitĂ©s thĂ©matisĂ©es ?
(vous avez tuĂ© mon aprĂšs-midi, j’espĂšre que vous ĂȘtes contents de vous :-D)
solleana a Ă©crit :
De ce point de vue l’enseignement des situationnistes est particuliĂšrement Ă©clairant…http://i-situationniste.blogspot.com/2007/04/sur-lemploi-du-temps-libre.html
Si on se met Ă discuter “situ”, “debord”, “vaneigem” et autres… C’est tout bon. En fait, je suis d’accord avec toi mais je relativisais et je me retrouve davantage dans l’analyse de J. RanciĂšre (voir l’interview “repenser l’Ă©mancipation Ă cette adresse) plutĂŽt qu’une analyse “lutte des classes” bourdieusiennes… Dans le mouvement ouvrier d’autres approches du loisir ont vu le jour, le temps libre et le loisir Ă©taient vu comme un vrai temps d’Ă©mancipation de la personne. Bref : « Ne travaillez jamais », « Le spectacle est la religion de la marchandise », …
solleana a Ă©crit :
Ce n’est pas la faute de Mitterand ou de “l’ultra-libĂ©ralisme” mais bien du capitalisme en tant que tel en tant que structure particuliĂšre de dissociation des temps et des espaces…
Cela ne dĂ©douane cependant pas “Tonton” et ses vieux amis-dĂ©bris qu’il serait temps de foutre au placard mais je suis pas sĂ»r qu’on en trouve un suffisamment grand…
Ce n’est pas de la faute Ă Mitterand, mais en tout cas il est le plus grand accĂ©lĂ©rateur du libĂ©ralisme (et non pas de “l’ultra-libĂ©ralisme”) dans notre secteur… MĂȘme les anglais, les belges et les allemends n’ont pas Ă©tĂ© aussi loin dans l’ouverture au libĂ©ralisme dans le secteur de l’Ă©ducation populaire chez nous, des mouvements de jeunesse en Belgique, des neighbour house en Angleterre ou des patronages allemands. Dans ces pays ces secteurs sont hors marchĂ©… Pas chez nous… Merci Mitterand et la politique de la ville…
‘fin on s’Ă©loigne de notre sujet : l’autonomie…
Pour Matim
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Solleana, ton analyse arrivant Ă un lien indĂ©fectible entre loisirs et capitalisme est un peu raccourci. Il est intĂ©ressant de rappeler qu’au dĂ©part le loisir Ă une vocation sanitaire et social (les bains de mer, le grand air, il fallait aĂ©rer les ouvriers !!!), tiens c’est comme les colos. Puis le socialisme Ă glisser vers le capitalisme et surtout le libĂ©ralisme (ce sont les annĂ©es MittĂ©rand, comme je l’ai dĂ©jĂ dit et que l’on cĂ©lĂšbre aujourd’hui…),
Il fallait aĂ©rer les ouvriers pour quoi? Pour maintenir un bon Ă©tat de santĂ© de ceux-ci, pour qu’ils soient potentiellement capables d’ĂȘtre tjs plus efficace et rentables sur les chaines de montage, qu’ils soient tjs plus productifs… Ăvidemment parfois le temps de loisir a du ĂȘtre arrachĂ© Ă la sociĂ©tĂ© capitaliste, il a du ĂȘtre conquis par des luttes sociales mais il est un temps indissociable pour permettre la restauration de la force de travail et qui plus pour asseoir encore davantage la domination capitaliste et l’emprise puisque au sein du “loisirs” ce sont les mĂȘmes principes de rendement qui sont en jeu (l’exemple du sport est de ce point de vue particuliĂšrement Ă©vident!).
A quoi servent les loisirs? A crĂ©er l’illusion d’une sociĂ©tĂ© libre, d’un temps libre mais le temps ne peut ĂȘtre vĂ©ritablement libre que si la sĂ©paration des sphĂšres entre le loisirs et le travail rĂ©ussit Ă sauter, que si la vie quotidienne est radicalement transformĂ©e… De ce point de vue l’enseignement des situationnistes est particuliĂšrement Ă©clairant…
http://i-situationniste.blogspot.com/2007/04/sur-lemploi-du-temps-libre.html
Ce n’est pas la faute de Mitterand ou de “l’ultra-libĂ©ralisme” mais bien du capitalisme en tant que tel en tant que structure particuliĂšre de dissociation des temps et des espaces…
Cela ne dĂ©douane cependant pas “Tonton” et ses vieux amis-dĂ©bris qu’il serait temps de foutre au placard mais je suis pas sĂ»r qu’on en trouve un suffisamment grand…
Exact… C’est le bon texte.
Pour en lire d’autre et sur d’autres auteur (notamment J. RanciĂšre) : Une bibliothĂšque assez complĂšte
Valeurs et acculturation, mais aussi auto-destruction de soi-mĂȘme et crise de l’intĂ©gration (acculturation) de la part des jeunes français et non immigrĂ©s… Il commence par “on s’aperçoive que chaque nuit 90 voitures en moyenne brĂ»laient dans notre douce France. Une sorte de flamme perpĂ©tuelle, comme celle de l’Arc de triomphe, brĂ»lant en hommage Ă l’ImmigrĂ© inconnu”. La force des symboles…
l’article de Baudrillard dont tu parles (je pense ?). Pas eu le temps de tout lire (la cantine n’attend pas), mais mettre en lien les valeurs et “l’intĂ©gration” Ă la française (acculturation ?) comme il le fait est plus que stimulant !
Sinon, je veux bien le texte d’Ottavi par mail đ
Shaaa a Ă©crit :
Et pour le texte d’Ottavi, il me semble que c’est une sous-partie de “Enfance et violence : le miroir des mĂ©dias – Vers une culture de lâimmaturitĂ©” Ă partir de la page 188. Texte paru dans “Le dĂ©bat” n°132 de 2004 sur “L’enfant-problĂšme”. Michmuch confirmera.
Je confirme pleinement… je vais vous mettre une partie du texte :
La fausse solution de lâautonomie
Lâautonomie est une arme Ă double tranchant du discours dĂ©mocratique, volontiers utilisĂ©e par les acteurs des mĂ©dias. En effet, la gĂ©nĂ©ralisation
dâun usage imprĂ©cis de cette notion en facilite la manipulation. Dans le systĂšme Ă©ducatif et dans les instructions officielles de lâĂ©ducation nationale par exemple, lâautonomie est sans cesse mise en avant. Cependant, malgrĂ© des sources thĂ©oriques prĂ©cises, auxquelles on ne se rĂ©fĂšre dâailleurs pas toujours explicitement, elle demeure une notion floue car elle renvoie Ă la fois Ă la philosophie politique et Ă la psychologie. Le mot mĂȘme dâautonomie est pourvu dâun sens redoutablement syncrĂ©tique.
Une premiĂšre dĂ©finition est sans cesse rĂ©activĂ©e, celle de lâautonomie dâun sujet moral et rationnel : dâun point de vue moral, lâautonomie renvoie tout dâabord Ă la notion kantienne de capacitĂ© de sâimposer Ă soi-mĂȘme des rĂšgles de conduite, lâautonomie du vouloir consistant Ă prĂ©fĂ©rer lâapplication de principes Ă lâintĂ©rĂȘt personnel immĂ©diat. Dâun point de vue intellectuel, lâautonomie, dans le mĂȘme cadre de rĂ©fĂ©rence, est une capacitĂ© dâindĂ©pendance et de rigueur dans le jugement, en particulier vis-Ă -vis de la croyance et des prĂ©jugĂ©s. Cette notion sâarticule Ă celle dâautonomie du sujet politique, de citoyen Ă©clairĂ©: le sujet ainsi constituĂ© peut devenir citoyen de la dĂ©mocratie, exercer sa responsabilitĂ© dans un cadre collectif, participer au dĂ©bat public, sâinformer, capacitĂ©s dĂ©finies dans les objectifs de lâĂ©ducation scolaire. Enfin, lâautonomie au sens psychologique dĂ©signe plutĂŽt lâĂ©mancipation par rapport aux adultes, Ă la mĂšre en premier lieu. Ce sens sâarticule aussi Ă lâidĂ©e rĂ©pandue par la psychologie gĂ©nĂ©tique, selon laquelle lâenfant construit lui-mĂȘme son savoir, par son dĂ©veloppement interne et par ses interactions avec lâenvironnement.
Câest cela qui a donnĂ© lieu Ă lâaffirmation de «lâenfant-acteur de ses apprentissages», par exemple. Lâenfant est aussi rĂ©putĂ© ĂȘtre, par son dĂ©veloppement, crĂ©ateur des rĂšgles de la conduite individuelle et sociale, ce qui donne lieu Ă des pratiques de discussion et nĂ©gociation, «contrat», etc., en vue dâĂ©laborer des rĂšgles auxquelles il paraĂźt alors moins difficile dâobĂ©ir, car elles ne sâimposent pas de lâextĂ©rieur.
Lâassociation non thĂ©orisĂ©e de ces diverses conceptions engendre une idĂ©ologie plus quâune doctrine. On a en fait lâimpression que lâautonomie est moins un idĂ©al philosophique et politique quâun mythe, celui dâune continuitĂ© entre le dĂ©veloppement spontanĂ© de lâenfant (dĂ©veloppement psychologique et interactions avec lâenvironnement), et une vie sociale considĂ©rĂ©e comme naturelle. La fameuse «socialisation» des programmes de lâĂ©cole se prolongerait dans la dĂ©mocratie, ensuite. La dĂ©mocratie serait-elle alors implicitement conçue comme un rĂ©gime politique naturel? La socialisation assurĂ©e principalement par le groupe des pairs serait alors simplement accompagnĂ©e par lâadulte rĂ©duit Ă ĂȘtre une «personne-ressource».
La maniĂšre dont, Ă partir de lĂ , les adultes peuvent se reprĂ©senter leur responsabilitĂ© Ă©ducative, dĂ©termine une conception de lâĂ©ducation aux mĂ©dias, qui passe, aux yeux de beaucoup dâĂ©ducateurs et de parents, pour une solution idĂ©ale.
Elle concilie en effet la riposte Ă lâinfluence des mĂ©dias, et lâĂ©ducation Ă lâautonomie conçue comme un but plus gĂ©nĂ©ral de lâĂ©ducation. Accompagnement prĂ©ventif et Ă©ducation aux mĂ©dias semblent naturellement pouvoir ĂȘtre assurĂ©s par lâĂ©cole, et cette nouvelle prĂ©rogative de lâinstitution a dĂ©jĂ toute une histoire derriĂšre elle. Dans les annĂ©es soixante, lâĂąge dâor de la tĂ©lĂ©vision scolaire, la tĂ©lĂ©vision apparaissait comme un moyen nouveau de transmettre des connaissances, une alternative au livre, au manuel. On rĂȘvait alors dâĂ©ducation par les mĂ©dias. Une inflexion a lieu dans les annĂ©es soixante-dix, lorsque apparaĂźt le projet dâĂ©duquer aux mĂ©dias, ceux-ci commençant Ă menacer le projet de lâĂ©cole. LâopĂ©ration «jeune tĂ©lĂ©spectateur actif» illustre cette tendance; inspirĂ©e de la pĂ©dagogie Freinet, cette opĂ©ration espĂ©rait en stimulant lâactivitĂ© de lâĂ©lĂšve transformer lâattitude de «tĂ©lĂ©spectateur» en moyen dâĂ©ducation et de transmission de savoir. Son but Ă©tait de rendre lâĂ©lĂšve capable de maĂźtriser son environnement iconique et mĂ©diatique, selon la terminologie pĂ©dagogique.
Ce choix a encore inspirĂ© la publication, par le MinistĂšre de lâEducation, du document pĂ©dagogique TĂ©lĂ©vision, mode dâemploi . Dans le mĂȘme esprit que le CLEMI, il cherche Ă montrer «comment ça marche, comment câest fait», en privilĂ©giant ses sujets comme le sport ou la tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©. Si par ailleurs, la tĂ©lĂ©vision Ă©ducative progresse comme en tĂ©moigne le succĂšs de la CinquiĂšme, il faut sâen fĂ©liciter. Les succĂšs ne doivent cependant pas dissimuler que nous sommes de toute façon entrĂ©s dans une nouvelle phase, oĂč, inĂ©luctablement, est mise en avant la notion de protection de lâenfant face aux mĂ©dias. DĂ©velopper lâactivitĂ© et la responsabilitĂ© de lâĂ©lĂšve est un objectif notoirement insuffisant dans le contexte que nous connaissons, oĂč les tĂ©lĂ©spectateurs sont trop jeunes, les programmes trop foisonnants, oĂč les horaires dâĂ©missions sont anarchiques⊠Et que peut vouloir dire lâ«esprit critique» Ă deux ou trois ans? Il peut ĂȘtre juste et utile dâaccompagner lâenfant pour lâaider Ă prendre de la distance, de sâinformer, etc. Cependant, par principe, lâadulte Ă©ducateur ne peut se reposer sur la confiance quâil place en la nature de lâenfant et postuler la capacitĂ© de ce dernier de se dĂ©fendre. Un paradoxe est inhĂ©rent au projet de lâĂ©ducation aux mĂ©dias: en chargeant lâinstitution scolaire de rĂ©gler le problĂšme du rapport de lâenfant Ă la tĂ©lĂ©vision, on accepte implicitement de laisser dĂ©river cette derniĂšre. Alors, il faut se souvenir de lâavertissement de LĂ©o Strauss, lorsquâil dĂ©clare que «dans le domaine de lâesprit, le fait dâadopter une posture dĂ©fensive ressemble au fait de reconnaĂźtre sa dĂ©faite».
Je peux faire parvenir le texte complet mais uniquement par mail, si vous le le voulez envoyer-moi vos mails par MP… Dans ce texte ce qui m’a interpellĂ©, c’est bien que si on replace mĂ©dia par activitĂ©… je retrouve bien nos ACM activistes…
Concernant Baudrillard, je suis pleinement d’accord : un maitre et une pensĂ©e incroyable sur notre sociĂ©tĂ© post-moderne. Solleana, ton analyse arrivant Ă un lien indĂ©fectible entre loisirs et capitalisme est un peu raccourci. Il est intĂ©ressant de rappeler qu’au dĂ©part le loisir Ă une vocation sanitaire et social (les bains de mer, le grand air, il fallait aĂ©rer les ouvriers !!!), tiens c’est comme les colos. Puis le socialisme Ă glisser vers le capitalisme et surtout le libĂ©ralisme (ce sont les annĂ©es MittĂ©rand, comme je l’ai dĂ©jĂ dit et que l’on cĂ©lĂšbre aujourd’hui…), le loisirs n’a jamais su se repenser et Ă glisser tranquillement vers l’industrie du loisirs… les sociĂ©tĂ© organisatrice de colos en sont la meilleure preuve !!!
Revenons Ă l’autonomie, et pour apportĂ© une rĂ©ponse Ă Matim… nous sommes au balcon, c’est vrai, la comparaison est assez bonne et drĂŽle mais… qu’en penses-tu, toi? de l’autonomie de l’enfant face au mĂ©dia?
Pour revenir Ă Baudrillard, le texte qu’il a Ă©crit dans libĂ© sur les Ă©meutes de 2005 est d’une rare puissance, jamais lu un truc pareil, sa vision de la jeunesse et des ces Ă©meutes m’a laissĂ© scotchĂ© !!!
quoi qu’il en soit il ne rĂ©apparaĂźtra pas , soit il est vivant et prisonnier , soit il est mort , si on le revoyait un jour obama serait la risĂ©e du monde et nâaurait aucune chance pour les prochaines prĂ©sidentielles .
Oui, Matim ? đ
Pour solleana, je n’ai pas fait de recherches approfondies sur le Yonnet. Pour l’instant, je ne me suis qu’intĂ©ressĂ© Ă son ouvrage de 1999. Et de mĂ©moire, il s’appuie en bonne partie sur les travaux de H. Lefebvre – un des “pĂšre” de Baudrillard. Ă l’occasion, je creuserai la question.
Et pour le texte d’Ottavi, il me semble que c’est une sous-partie de “Enfance et violence : le miroir des mĂ©dias – Vers une culture de lâimmaturitĂ©” Ă partir de la page 188. Texte paru dans “Le dĂ©bat” n°132 de 2004 sur “L’enfant-problĂšme”. Michmuch confirmera.