La colo une spécificité éducative ????!!!!

  • Ce sujet contient 86 réponses, 16 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Hervé MORICE, le il y a 12 années et 3 mois.
20 sujets de 1 à 20 (sur un total de 87)
  • Auteur
    Messages
  • #76094
    coco_68
    Modérateur
      @coco_68

      Merci Ludou. Oui, c’est plus clair, en particulier ton explication répond à la question “cachée à qui ?”
      J’imaginais “à autrui” (je ne comprenais donc pas, dsl), mais ainsi exprimé, je comprends et je te suis !

      A propos de la résilience, l’idée n’est pas qu’elle (

      (…)n’implique pas forcément de “phase” de perversion

      , cette phase ne correspond pas au concept : la perversion en est absente, toujours. En cas de perversion, on est… dans la perversion (et ni dans la sublimation – que sous-tend un idéal-, ni dans la résilience qui se fonde sur des ressorts sains).
      Tout au plus pourrait-on considérer que la sortie des traumatismes issus de notre propre perversion pourrait relever de phénomènes de résilience, mais, là, je ne suis pas sûr de ne pas déformer ta pensée…

      #76099
      ludou
        @ludou

        salut coco,

        merci pour tes remarques. Le principe de résilience n’implique pas forcément de “phase” de perversion, mais c’est bien le principe de sublimation (de lucidité et d’élan vital et non morbide) qui sous-tend aussi ce dont je parlais.

        Je ne saisis pas ton concept de “motivations faussement cachées”. Peux-tu le repréciser ?

        l’expression n’est peut-être pas si explicite.

        Je veux dire qu’on essaye de se persuader soi-même que notre motivation cachée est celle-ci alors qu’en réalité ce n’est qu’un leurre (de notre subconscient) destiné à se cacher à soi-même nos vrais motifs (et c’est valable pour toute action, pas que pour un engagement dans l’animation).

        Je sais pas si c’est plus clair…? 😕

        #76103
        coco_68
        Modérateur
          @coco_68

          ludou a écrit :
          On peut aussi se trouver des motivations faussement cachées, qu’on met au jour pour ne pas voir d’autres encore moins avouables (pouvoir, perversion sexuelle, reconnaissance, nostalgie, sadisme, fuite du monde et que sais-je…).

          Je ne saisis pas ton concept de “motivations faussement cachées”. Peux-tu le repréciser ?

          ludou a écrit :
          La question (on est plus à une près maintenant !) c’est : est-ce qu’un être humain est capable de dépasser (transcender, sublimer) des motivations pulsionnelles pour se mettre au service d’un idéal ?

          C’est le principe même de la sublimation (cf. psychanalyse et Freud)

          ludou a écrit :
          On pourrait faire alors le parallèle avec la notion de résilience même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’un traumatisme (quoi que ?).

          Je n’adhère pas à ce parallèle. B. Cyrulnyk, lorsqu’il évoque la résilience, en fait un dépassement positif du traumatisme, sans passer par l’étape de perversion que tu évoques dans la partie de ton argumentation que j’ai reprise dans mon premier cadre. Tu trouveras un résumé accessible ici.

          #76130
          ludou
            @ludou

            Shaaa a écrit :
            Je crois qu’avant d’arriver à éprouver la “simplicité” (éminemment complexe) d’une relation s’inscrivant dans une “pédagogie de la vie”, il faut passer par un sacré cheminement…

            hé bien c’est ce que je me disais jusqu’à très récemment où j’ai rencontré des adultes qui ont vécu une semaine avec de jeunes ados de cette manière (avec des choses contestables tout de même) mais sans aucun fondement pédagogique explicite, sans recherches particulières (et pourtant dans un milieu scolaire). Simplement une intuition je pense. Mais ces gens ne venaient pas du monde de l’éducation, c’était des gens d’autres métiers reconvertis sur le tard.

            Il y a beaucoup à déconstruire pour réussir à “penser” puis formaliser cette “autre chose” que l’on souhaite. Notamment par rapport à nos motivations inavouées… 😀

            ça, ça prend des années (ou peut-être une vie, j’ai pas encore fini de tester :-D).

            On peut aussi se trouver des motivations faussement cachées, qu’on met au jour pour ne pas voir d’autres encore moins avouables (pouvoir, perversion sexuelle, reconnaissance, nostalgie, sadisme, fuite du monde et que sais-je…).

            La question (on est plus à une près maintenant !) c’est est-ce qu’un être humain est capable de dépasser (transcender, sublimer) des motivations pulsionnelles pour se mettre au service d’un idéal ?

            On pourrait faire alors le parallèle avec la notion de résilience même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’un traumatisme (quoi que ?).

            #76173
            Shaaa
              @shaaa

              ludou a écrit :
              éducation, socialisation… jeu libre, consommation…

              La colo, une spécificité éducative ? Les colos (et tous les ACM) doivent-ils répondre à un objectif des adultes pour les enfants (orientation politique) ou peuvent-ils répondre aux objectifs des enfants pour eux-même ? Dans ce dernier cas, l’adulte ne peut même pas vouloir un système plutôt qu’un autre, car rien que le fait de proposer un espace favorable au vivre-ensemble, à la socialisation, c’est déjà vouloir pour (pour reprendre les catégories de michmuch).

              Socialisation, éducation… pourquoi a-ton besoin de donner une spécificité à une institution qui n’apporte peut-être pas les mêmes choses à tout le monde ? Pourquoi certains ne pourraient-ils pas venir pour apprendre (mais différemment qu’à l’école) et d’autres pour se construire, d’autres encore pour les deux, et enfin d’autres qui ne viendraient ni pour l’une ni pour l’autre de ces raisons ?

              On travaille à partir d’observations extérieures (sociogrammes, etc…) mais en touchant aux choses intérieures (solleana a lancé un sujet sur les affects en ACM). Bref, je viens de dépasser le point de non retour : plus de questions que je n’aurai le temps de traiter dans une vie 😀

              Bienvenu au club. 😀

              Je crois qu’avant d’arriver à éprouver la “simplicité” (éminemment complexe) d’une relation s’inscrivant dans une “pédagogie de la vie”, il faut passer par un sacré cheminement…

              Il y a beaucoup à déconstruire pour réussir à “penser” puis formaliser cette “autre chose” que l’on souhaite. Notamment par rapport à nos motivations inavouées… 😀

              #76341
              edophoenix
                @edouard-l-j

                Intéressant débat que je suis passionnément, et avec un certain parti pris… Mais pour une fois, je ne vais pas dire pour quelle thèse je penche (ce qui est inutile, ceux qui me connaissent presque doivent surement s’en douter déjà !)
                Bref, je ne me manifeste juste que pour exprimer mon intérêt pour la question, et donc je vais tenter de m’arrêter avant de tomber dans le bavardage inepte (euh… Comment ça, trop tard ?!)

                #76362
                ludou
                  @ludou

                  crevette76 a écrit :

                  et sinon colo&co, dans les actes, tu fais quoi ? :titille:

                  up

                  et sinon, on m’a parlé de pédagogie de la vie la semaine dernière, et ça fait donc une semaine que je tourne ça dans tous les sens. L’intellectualisation du comportement à avoir, de la “pédagogie” à adopter, je crains que ça tue la spontanéité, la simplicité de la relation. Pratique et théorie, terrain et réflexion… Les aller-retours perpétuels permettent-ils vraiment d’approcher cet idéal de la relation juste ? Ne risque-t-on pas de se perdre au milieu de ces questions et de ces avis ?

                  Shaaa a dit

                  Parce que, bon… l’éducation, on peut en parler des plombes.

                  éducation, socialisation…

                  En fait, c’est quand je vois le temps passé depuis les premiers travaux sur ces questions que je m’interroge…

                  éducation, socialisation… jeu libre, consommation…

                  La colo, une spécificité éducative ? Les colos (et tous les ACM) doivent-ils répondre à un objectif des adultes pour les enfants (orientation politique) ou peuvent-ils répondre aux objectifs des enfants pour eux-même ? Dans ce dernier cas, l’adulte ne peut même pas vouloir un système plutôt qu’un autre, car rien que le fait de proposer un espace favorable au vivre-ensemble, à la socialisation, c’est déjà vouloir pour (pour reprendre les catégories de michmuch).

                  Socialisation, éducation… pourquoi a-ton besoin de donner une spécificité à une institution qui n’apporte peut-être pas les mêmes choses à tout le monde ? Pourquoi certains ne pourraient-ils pas venir pour apprendre (mais différemment qu’à l’école) et d’autres pour se construire, d’autres encore pour les deux, et enfin d’autres qui ne viendraient ni pour l’une ni pour l’autre de ces raisons ?

                  On travaille à partir d’observations extérieures (sociogrammes, etc…) mais en touchant aux choses intérieures (solleana a lancé un sujet sur les affects en ACM). Bref, je viens de dépasser le point de non retour : plus de questions que je n’aurai le temps de traiter dans une vie 😀

                  #80664
                  crevette76
                  Administrateur
                    @crevette76

                    Pour éclairer michmuch sur une de mes nébuleuses (c’est pour ça que j’ai attendu d’avoir la tête dans les étoiles)

                    michmuch a écrit :

                    crevette76 a écrit :
                    Même si -et ceux qui me connaissent un peu le savent- pour moi, ça peut être une vraie torture de faire certains choix, parce que savoir soi-même ce qu’on veut pour soi, ça nécessite d’assumer, ça veut dire qu’on ne peut rejeter la faute sur personne si on se trompe, ça veut dire que pour ne pas se tromper il faut se connaître… et c’est peut-être ça apprendre à vivre, c’est apprendre à se connaître.

                    Un choix nécessite de l’assumer? ah…. Un enfant choisi d’aller dans une activité, cela veut dire qu’il doit y aller jusqu’au bout, cela veut dire qu’il peut partir mais après avoir montrer patte blanche à l’animateur, cela veut dire qu’il fait ce qu’il veut et qu’il peut zapper… Le pire c’est les choix qu’on ne fait pas et qu’on doit assumer… Bref je ne vois pas la logique entre choix et “assumage” pour les enfants… Sauf à retomber en permanence sur ce couple fatal de l’éducation actuelle autonomie/responsabilité qui est une injonction paradoxale…

                    crevette76 a écrit :
                    Sinon ben je m’aperçois un peu effrayée que si mon post d’avant sur le choix qui implique d’assumer me semble bizarrement à peu près à l’opposé de ce que je défend et tente de mettre en place pour les mômes en séjours, c’est parce que visiblement je ne m’applique pas à moi les même possibilités qu’aux mômes…
                    Michmuch vient de me faire perdre une part d’enfance 🙁

                    est-ce que ça te suffit où est-ce que je pars dans un blabla nébuleux comme je sais les faire en ce moment ? 🙄

                    et sinon colo&co, dans les actes, tu fais quoi ? :titille:

                    #82291
                    Hervé MORICE
                      @herve-morice

                      Tout a fait d’accord : L’animation est avant tout une question de relation avant d’être une quetion d’éducation ou de socialisation.

                      J’entends déjà certains dire que ce sont de belles paroles mais dans les actes tu fais quoi ???? (cela ressemble à du Crevette dans le texte non ?! 🙂 )

                      Si il y avait un centre idéal on ne serait pas là à discuter si l’animation est une spécificité éducative ou qu’un simple processus de socialisation.

                      Je te taquine Michmuch, un processus de socialisation visant à… l’individualisation.

                      #82541
                      ludou
                        @ludou

                        Salut dcphj,

                        je te remercie également d’expliquer aussi bien et précisément tes idées, ça me permet de comprendre pas mal de choses qui étaient encore floues pour moi.

                        Ce que tu dis sur l’innovation pédagogique à la Schumpeter en parlant du conseil, ça m’intrigue. Si on voit ce temps comme un simulacre de démocratie (expression piquée à michmuch dans d’autres posts), alors effectivement, je suis d’accord avec toi. Si ce conseil est un lieu qui n’a pour objectif que la décision collective véritable (et respectée par l’adulte et l’organisation du centre par derrière), alors il reste tous les autres temps pour construire autre chose, en grand groupe, petit groupe, seul, à deux…

                        Je m’interroge pour ma part sur le rôle de l’animateur dans l’organisation que tu nous décris. Car pour avoir mis en place des séjours avec des conseils, l’animateur est disponible (c’est un idéal) pour accompagner les enfants dans ce qu’ils ont décidé, et à leur demande (ou de facto si le besoin est évident, du genre l’aider à passer un coup de fil pour se renseigner s’il ne l’a jamais fait, etc…), en aucun cas pour obliger le groupe à suivre l’activité.

                        Depuis que j’ai commencé l’animation, je me suis plus concentré sur la qualité des relations que sur l’aspect technique de l’animation (ce qui ne m’empêche pas d’adorer faire des grands jeux, de me costumer, de faire des actis manuelles, etc…). D’abord les relations entre moi et les autres (égocentrisme quand tu nous tiens), puis sur les relations entre les gens (dans et hors de la colo).
                        C’est, je crois, ce qui me permet de dire qu’on peut fonctionner avec une instance de décision collective (le conseil) sans pour autant devoir conceptualiser en amont l’activité (je n’ai pas compris s’il s’agissait de la conception implicite ou explicité :-?), puisque c’est dans la relation entre toutes les personnes concernées que naîtra l’activité. Parfois elle est prévue en amont (notamment lorsqu’il faut commander du matériel, faire une réservation…), mais pour moi, l’activité a alors déjà commencée. Le groupe est alors déjà constitué (mais peut évoluer !!) et l’activité commence (elle peut être mise en pause, reprise plus tard, modifiée, etc…).

                        Donc pour reprendre tes mots, ce n’est pas l’interaction individus/milieu (pôles) qui est à l’origine de l’activité, mais bien l’interaction entre les personnes. Pour autant, j’ai l’impression que l’animateur a le même rôle dans les deux modèles, non ?

                        Sinon, la place de l’enfant, on peut vraiment trancher entre “il doit trouver sa place, la construire” et “l’institution permet à chacun d’avoir une place” ? Moi j’arrive pas à opposer les deux… 😕 Michmuch ?

                        #82544
                        michmuch
                          @michmuch

                          Merci pour toutes tes explications très intéressante et passionnante. Ce que tu expliques me confirme que tu travailles dans un processus de personnalisation comme celui rencontré à la Maison de Courcelles que tu as, semble-t-il, poussé plus loin sur l’ouverture des pôles et construit autrement sur d’autre point.

                          dcphj a écrit :
                          Le groupe dans mon fonctionnement n’existe que ponctuellement pour des activités ou des projets des enfants. Il n’y ni groupe d’âge ni groupe d’activités ou autre groupe d’enfants institutionnalisé. Les enfants peuvent se regrouper par affinité, par rapport au projet, aux activités.

                          Ton objectif de ne pas formé de groupe “institutionnel” confirme une centration sur la personne-enfant, le groupe n’est qu’un outil pour faire des choses qu’on ne peut faire seul ou qui sont moins “drôle” seul, ce que tu “travailles” sont des relations libres et choisies pleinement par les enfants. C’est ici que nos valeurs ne sont pas les mêmes. Pour toi, mais tu me corriges si je me trompe, la socialisation de l’enfance se construit sur ce processus libre et choisi, sur des interaction uniquement décidé par l’enfant, l’enfant (sa personne) est au centre du fonctionnement mis en place, c’est ce que George H. Mead appelle le Soi. Ce qui t’intéresse c’est la construction de ce Soi, de la personne, de son for intérieur.
                          Pour moi, une colo joue un autre rôle celui de construire l’individu, c’est à dire que je travaille la socialisation par un processus d’individualisation, cette socialisation se construit par des interaction provoqués notamment par et avec le groupe. A la différence du Soi, l’individu est en lien avec le social et moins avec le for intérieur… d’où pour moi une centration sur l’individu au sein d’un groupe. Le groupe n’est pas un simple outil mais un moyen permettant l’expression, l’affirmation de soi et l’agir en collectif.
                          Il ne s’agit pour moi d’opposer ou de dire que l’un est mieux que l’autre, ce sont simplement deux processus différents et surtout complémentaires. La question des valeurs personnelles est centrales, notre priorité est-elle la liberté ou la démocratie : personnalisation vs individualisation…

                          Pourquoi avoir besoin d’une instance de décisions collectives (la réunion d’enfants)? Dans les années 90, j’ai eu un échange assez dense avec J. HOUSSAYE sur ce point. Pour moi, l’instance collective de décision, c’est une organisation qui permet de faire perdurer le modèle scolaire dans les colos, en y introduisant une apparence ou un espoir de participation.

                          Ce type d’instance repose sur une conception programmatique et scolaire de l’activité puisqu’elle suppose que l’activité préexiste avant l’action de l’enfant.

                          Je ne comprend pas ce que tu veux dire en faisant le lien entre instance de décision collective et modèle scolaire. Ce type d’instance n’existe pratiquement pas dans les écoles (sauf quelques pédagogie : freinet, oury, etc…). Le modèle scolaire est bien ce que tu décris mais dans l’instance de décision les activités ne préexistent pas… sauf à croire que la décision est effectivement une fausse “participation”. Je peux te dire que dans les colos où a été mis en place ce type de conseil, les enfants s’en saisissent et quand ils décident réellement, cela fait bien des vagues dans l’esprit des animateurs, du directeurs voire des autres personnels… le programmatique est balayé et la place centrale de l’adulte est totalement destitué. Le conseil me semble aussi une instance intéressante dans la mesure où il fait tiers dans le relation, notamment dans la relation enfant / adulte et met à distance le pulsionnel (ça c’est du F. Oury)… Ce tiers n’existe pas vraiment dans le “modèle” personnalisation, en même temps au regard de ton fonctionnement et vu le niveau de liberté le “tiers” serait réduit à peu d’activité. Pourtant, et au regard de ma valeur “démocratie”, je le juge fondamental. En aucun cas, dans les colos que je mets en place les activités ne sont définies comme tu le dis dans le cadre d’un processus déductif sauf lorsque c’est les enfants qui le demandent. Ce qui a été le cas cet été, mais ces enfants-là étaient complètement acculturés au modèle colonial… L’instance de décision n’est pas un lieu de vote entre plusieurs choix proposé mais bien un lieu de construction collective, de débats et surtout de conflit (médiatisé par le fameux tiers…). L’activité n’en devient pas obligatoire, l’activité de sort pas de sa boite toute faite, toute pensée par les animateurs tout-puissant…

                          La construction collective se trouve-t-elle dans l’instance, ne peut-elle pas se trouver dans le groupe constitué autour l’action en cours.

                          Si bien sûr, l’un n’est pas opposé à l’autre… Mais je vais, un peu, te retourner ta critique sur les conseils… Pour moi la personnalisation reste étroitement lié à l’activité : mise en place de pôle où on trouve des moyens pour réaliser ce qu’on veut : matériel, animateur, doc, etc… la vie quotidienne est relégué à une libre obligation personnelle : repas en self, douche ouverte en permanence, couché et levé très échelonné. Pour moi, il ne doit pas y avoir de distinction entre vie quot et activité. Les deux sont au même niveau, au même niveau dans la nécessité de permettre à chaque enfant-individu de décider en groupe… Pour que l’organisation soit commune…. Commune et non identique, les enfants peuvent décider d’activités libres, de ne rien faire, de faire pour ceux qui veulent, de rendre telle ou telle chose pour tout le monde ou uniquement pour un groupe, etc… Tout est ouvert mais discuté et argumenté.
                          Encore une fois mon propos n’est pas d’opposer mais bien de montrer les différences…

                          Ta question : «Il me reste des précisions à te demander : comment sont décidés les contenus des pôles? qui choisit ce qui s’y passe? que fait l’enfant qui ne trouve pas sa place dans un pôle?». Cette question ma paraît relever d’une logique déductive : pourquoi doit-il trouver sa place? L’enfant , à mon sens, ne doit pas trouver sa place, c’est le rôle de la structure que chacun en ait une à tout moment puisqu’un séjour est d’abord destiné aux enfants?

                          Pas du tout de logique déductive dans mon idée… Mais simplement l’envie de savoir ce que peut faire ou pas un enfant qui n’est pas dans ces pôles, comment il est aidé, comment il peut rencontrer un animateur pour lui et quel est alors le rôle de l’animateur qui ne “travaille” pas dans un pôle… Je n’ai aucun problème avec l’idée qu’un enfant ne fasse rien, qu’il ne soit pas “en activité”. Je partage l’idée que ce n’est pas à l’enfant de trouver sa place et que c’est le rôle de la structure (des animateurs) de permettre à chaque enfant d’avoir une place… Ma question était simplement comment faites-vous?…

                          #82553
                          dcphj
                            @dcphj

                            à michmuch et Als
                            Bonsoir, voici quelques éléments de réponses à tes questions

                            Le groupe dans mon fonctionnement n’existe que ponctuellement pour des activités ou des projets des enfants. Il n’y ni groupe d’âge ni groupe d’activités ou autre groupe d’enfants institutionnalisé. Les enfants peuvent se regrouper par affinité, par rapport au projet, aux activités. Les seuls entités décelables sont les chambres mais les enfants peuvent changer quand il veulent.

                            A mon sens, une colo a un but, un caractère éducatif dont les objectifs sont l’apprentissage de l’autonomie, de la liberté et non pas des règles de collectivités (qui visent à apprendre la soumission aux enfants en contrepartie de la satisfaction d’un besoin provoqué de consommation) . Comme tout apprentissage, il y a des apprenants et des apprentis, toutefois, ces rôles ne ont pas fixes, ils s’interchangent dans l’interaction. Ce sont la situation, la structure et l’interaction qui sont éducatives, il ne s’agit pas d’une situation scolaire de transmission de savoir mais une situation de constructions mutuelle de savoir-être.

                            Pourquoi avoir besoin d’une instance de décisions collectives (la réunion d’enfants)? Dans les années 90, j’ai eu un échange assez dense avec J. HOUSSAYE sur ce point. Pour moi, l’instance collective de décision, c’est une organisation qui permet de faire perdurer le modèle scolaire dans les colos, en y introduisant une apparence ou un espoir de participation. Ce type d’instance repose sur une conception programmatique et scolaire de l’activité puisqu’elle suppose que l’activité préexiste avant l’action de l’enfant. Le modèle de l’activité obligatoire pour le groupe dépendant de l’animateur référent du groupe (celles de mon enfance) ne paraît plus acceptable (comme le montre le point 6 de l’arrêté de 22/06/2007 sur les fonction de l’animateur: accompagner les mineurs dans leurs projet) alors on aménage des points de liberté pour rendre le modèle plus actuel : temps libres (il doit donc y avoir des temps contraints), choix plus ou moins grand des activités (choix dans un menu ou en ayant la possibilité pour les enfants d‘enrichir le menu) ou possibilité de donner une plus grande liberté au sein de l’activité (objet personnalisable, processus de l’activité plus souple). Mais, à mon sens, cela ne change pas grand chose au modèle, cela lui permet de perdurer et la course aux activités épatantes et coûteuses a permis aussi la survie de ce modèle car cette course correspond au fonctionnement consumériste de notre époque. La montée en puissance des activités a eu, à mon sens, un double impact: une augmentation du coût des séjours provoquant une baisse des participants et un changement de sens en passant de la colo au centre de vacances. On a crée la demande ce qui a ouvert un marché des vacances et des prestataires et créé une course en avant du toujours plus, par un phénomène d’obsolescence. L’instance de décision c’est une innovation pédagogique dans le sens de Joseph Schumpeter et non un changement.
                            La construction collective se trouve-t-elle dans l’instance, ne peut-elle pas se trouver dans le groupe constitué autour l’action en cours.

                            L’organisation d’un projet repose sur une conception de l’activité explicite ou implicite :

                            Soit l’activité est pensée comme un processus déductif. Dans la plupart des cas, l’activité est d’abord conceptualisée (dans son objectif, dans son déroulement, dans son organisation) en dehors de l’enfant puis «agie» par l’enfant. Il s’agit d’organiser les activités, de planifier. Est-il possible de se poser des questions sur l’inadaptation («que fait l’enfant qui ne trouve pas sa place dans un pôle?») et l’appropriation de l’activité prend souvent la forme du choix; mais il y a une difficulté car celui qui a préparé l’activité doit renoncer à celle-ci pour accepter une adaptation, une «batardisation» . La plupart des activités à prestataire fonctionnent dans cette logique. «L’activité déductive» présente l’avantage de prévisibilité, de la maîtrise de ce qui va se passer. Il y a une dimension du pouvoir et de contrôle. De plus, il faut que l’enfant s’adapte à l’activité dans une certaine mesure. Les activités sont alors bien dissociées de la vie quotidienne et elles ont un caractère soit productif soit éducatif.

                            Soit l’activité est pensée comme un processus inductif. Dans cet type d’ activité, il n’y pas de processus prévu, c’est l’interaction individu / milieu (objets, environnement, autrui…) qui déclenche d’activité (Peter WOODS L’Ethnographie de l’Ecole. Armand Colin, Paris, 1990., 175 p). L’activité est une acte transformant qui peut devenir un projet. L’animateur a comme rôle d’aider les enfants à transformer des désirs, des envies, des situations en projets. C’est l’enfant qui décide de ce qui s’y passe, mais ce n’est pas une décision conceptualisée mais une décision «agie». Ce sont les adultes qui aménagent le lieu. Pour mettre en oeuvre «l’activité inductive» j’ai mis en place les pôles d’activités qui sont des lieux qui mettent à disposition des enfants du matériel en quantité et en variété importantes. Les enfants sont libres de faire ce qu’ils veulent avec le matériel et ne doivent respecter que la règle du respect de l’autre, de la sécurité et l’obligation de ranger en partant. L’accès aux pôles est libre entre 7h45 et 21h00 et, suivant les structures et l’organisateur, si je ne peux pas faire des repas échelonnés, le temps des repas, l’accès aux pôles n’est pas possible. L’activité est ce que l’enfant agit, elle est donc ajustée à l’enfant, il est donc auteur et acteur de l’activité.

                            Ta question : «Il me reste des précisions à te demander : comment sont décidés les contenus des pôles? qui choisit ce qui s’y passe? que fait l’enfant qui ne trouve pas sa place dans un pôle?». Cette question ma paraît relever d’une logique déductive : pourquoi doit-il trouver sa place? L’enfant , à mon sens, ne doit pas trouver sa place, c’est le rôle de la structure que chacun en ait une à tout moment puisqu’un séjour est d’abord destiné aux enfants?

                            J’ai travaillé pour des associations, des CE nationaux et des services sociaux des administrations. Le projet est toujours transmis et lors des recrutements je suis toujours suis explicite sur le fonctionnement et les rapports avec la J&S sont toujours bons. Les seuls résistances que j’ai rencontrées sont celles venant d’autres d’animateurs ou de directeurs.

                            #82586
                            crevette76
                            Administrateur
                              @crevette76

                              On passe aux chiffres ^^

                              crevette76 :
                              Si tu lis
                              Est-ce une intention éducative de ne pas en avoir ?
                              ou
                              Est-ce qu’une intention éducative peut ne pas en avoir ?
                              ça t’aide ?

                              Parce qu’en fait moi j’ai lu plein de fois la première ^^

                              shaaa :

                              C’était la troisième option !

                              Est-ce une intention éducative de ne pas en avoir ?

                              Sinon ben je m’aperçois un peu effrayée que si mon post d’avant sur le choix qui implique d’assumer me semble bizarrement à peu près à l’opposé de ce que je défend et tente de mettre en place pour les mômes en séjours, c’est parce que visiblement je ne m’applique pas à moi les même possibilités qu’aux mômes…
                              Michmuch vient de me faire perdre une part d’enfance 🙁

                              #82602
                              Shaaa
                                @shaaa

                                crevette76 a écrit :
                                Petit aparté – mais j’aime bien la poésie, surtout un soir comme celui-ci…

                                situla a écrit :
                                [quote]
                                crevette76 a écrit :

                                juste
                                “Est-ce une intention éducative ne peut en avoir ?”
                                j’crois bien que oui, et j’aime assez…

                                je vois que tu as compris alors peux tu me traduire en l’absence de shaaa stp ?

                                La vache j’viens de piger ce qui te gêne : la phrase de shaaa est un mix grammatical qui n’existe pas, mais je l’ai lue plusieurs fois avant de m’en rendre compte.

                                Si tu lis
                                Est-ce une intention éducative de ne pas en avoir ?
                                ou
                                Est-ce qu’une intention éducative peut ne pas en avoir ?
                                ça t’aide ?

                                Parce qu’en fait moi j’ai lu plein de fois la première ^^[/quote]

                                C’était la troisième option ! 😀

                                Est-ce une intention éducative de ne pas en avoir ?

                                #82607
                                crevette76
                                Administrateur
                                  @crevette76

                                  Petit aparté – mais j’aime bien la poésie, surtout un soir comme celui-ci…

                                  situla a écrit :

                                  crevette76 a écrit :

                                  juste
                                  “Est-ce une intention éducative ne peut en avoir ?”
                                  j’crois bien que oui, et j’aime assez…

                                  je vois que tu as compris alors peux tu me traduire en l’absence de shaaa stp ?

                                  La vache j’viens de piger ce qui te gêne : la phrase de shaaa est un mix grammatical qui n’existe pas, mais je l’ai lue plusieurs fois avant de m’en rendre compte.

                                  Si tu lis
                                  Est-ce une intention éducative de ne pas en avoir ?
                                  ou
                                  Est-ce qu’une intention éducative peut ne pas en avoir ?
                                  ça t’aide ?

                                  Parce qu’en fait moi j’ai lu plein de fois la première ^^

                                  #82608
                                  michmuch
                                    @michmuch

                                    situla a écrit :
                                    un jour je suis partie, j’suis pas Mère Thérésa
                                    🙁
                                    je savais pas que je faisais de l’animation à cette époque
                                    c’est pas la pédagogie de la vie ça ?

                                    Pas besoin d’être mère Thérésa… simplement pédagogue : l’utilisation d’un média, la fourmi, la relation à l’autre, mettre des enfants en situation de… travailler avec… et pas travailler pour… Poésie de la vie et de la rencontre… Bakule, Freire, Korczak, faisait de la pédagogie comme Mr Jourdain de la prose… Poésie… J’adore… 🙂

                                    #82609
                                    situla
                                      @desmier-2

                                      michmuch a écrit :
                                      Situla,
                                      Pour une pédagogie de la vie, tu peux regarder le travail d’un pédagogue tchèque : Frantisek BAKULE.

                                      très très intéressant ce lien

                                      et je vais donc vous conter ce que j’ai vécu en 86 au Mexique parce que la lecture de l’article sur Frantisek BAKULE me le fait remonter en mémoire car j’ai toujours pensé que je n’ai pas fait le bon choix où plutôt j’ai fait le non-choix.

                                      A 21 ans, avec un pote on fabriquait des petites marionnettes à 7 fils (avec des perles, une boule de liège etc…) que j’appelle des fourmis qu’on vendait dans les rues en les faisant danser à deux, surtout le tango c’était très drôle, ça pour expliquer la suite.

                                      en 86, j’ai passé 6 mois au Mexique pour la seconde fois, la première fois en 84.
                                      j’ai vécu 3 mois dans les barrios de Mexico, les barrios c’est un peu l’équivalent des favellas en moins pourri, les baraques ont des murs en parpaing et le reste c’est de la tôle ou du carton goudronné.
                                      Mexico c’est dans une cuvette et les barrios sont sur le bord de la cuvette.
                                      j’habitais avec une dame et son fils de 6 ans, elle vendait de la bouffe dans un vieux camion au bord de la route et le gamin vivait dans la rue bien sûr.
                                      un jour, pour l’amuser j’ai fabriqué une fourmi avec les moyens du bord, cad une petite balle en mousse, des bigoudis des trucs qui se vendent dans la rue quoi plus des capsules de coca et de la ficelle.
                                      dès le jour suivant j’ai eu 50 gamins de tous âges qui sont venus me voir qui voulaient la même, ils ont appris à les faire et ont appris aux autres, tu pouvais plus aller quelque part sans voir un môme avec une fourmi, les vendeurs de rues donnaient pour les gamins qui pouvaient pas acheter même si ça coutait pas grand-chose.
                                      je me souviens d’un petit qui avait un membre atrophié très doué pour la manip d’une main
                                      c’est tout ce qui s’est construit ensuite avec ses enfants-là après et les familles qui me fait regretter de ne pas être restée, de ne pas avoir choisi de rester. j’avais des bouquins pour enfants avec moi (j’en ai toujours eu quelque soit le pays où j’ai voyagé) et tous les jours ils venaient les consulter, ensuite ils ont voulu savoir pour les mots surtout que c’était en français et eux qui ne savaient pas lire, comprendre que les mots étaient différents selon la langue ça les fascinait alors j’écrivais les textes en espagnol pour eux et ils gardaient précieusement les papiers

                                      je vais m’arrêter là, je pourrais en écrire des pages

                                      un jour je suis partie, j’suis pas Mère Thérésa
                                      🙁

                                      je savais pas que je faisais de l’animation à cette époque

                                      c’est pas la pédagogie de la vie ça ?

                                      #82618
                                      michmuch
                                        @michmuch

                                        Situla,
                                        Pour une pédagogie de la vie, tu peux regarder le travail d’un pédagogue tchèque : Frantisek BAKULE.
                                        Sinon la pédagogie de la vie, c’est la poésie de l’expérience.

                                        #82623
                                        situla
                                          @desmier-2

                                          crevette76 a écrit :

                                          juste
                                          “Est-ce une intention éducative ne peut en avoir ?”
                                          j’crois bien que oui, et j’aime assez…

                                          je vois que tu as compris alors peux tu me traduire en l’absence de shaaa stp ?

                                          #82626
                                          crevette76
                                          Administrateur
                                            @crevette76

                                            Je vous prie de m’excuser pour mes deux précédents posts ici, qui je crois ont mal traduit mon semblant de pensée…
                                            Parce que je suis juste tout à fait d’accord avec ce que tu y réponds solleana, et que je suis surprise par ce que tu y opposes michmuch (dans le sens où j’suis je crois plutôt d’accord avec toi en vrai, si ce n’est qu’effectivement mon appellation “choix ouvert” est probablement encore trop ambitieuse pour ce que je suis capable d’offrir aux mômes en colo… ou ailleurs, mais c’est quand même moins fermé que ce que tu me semblais définir comme choix “tout court”.

                                            Bref, j’vais essayer de réfléchir deux secondes avant de VRAIMENT répondre, donc demain… ou plus tard.

                                            juste
                                            “Est-ce une intention éducative ne peut en avoir ?”
                                            j’crois bien que oui, et j’aime assez…

                                          20 sujets de 1 à 20 (sur un total de 87)
                                          • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.
                                          0
                                          0
                                          color
                                          https://archive.planetanim.fr/wp-content/themes/blake/
                                          https://archive.planetanim.fr/
                                          #febf42
                                          style1
                                          paged
                                          Chargement en cours
                                          #
                                          on
                                          none
                                          loading
                                          #
                                          Trier la galerie
                                          https://archive.planetanim.fr/wp-content/themes/blake/
                                          on
                                          yes
                                          yes
                                          off
                                          off
                                          off