Je suis d’accord avec Edophoenix, ça tourne en rond maintenant. Il se trouve que je venais ce matin sur le forum, en me disant que j’allais annoncer qu’il vaut mieux en rester là. Nos vues divergent, et je trouve que c’est tant mieux. De ce point de vue-là, je suis assez libéral (je n’ai pas dit néo ou ultralibéral, hein) : il faut qu’il y ait une offre variée pour la demande de loisirs. Après, c’est aux parents de savoir à qui ils confient leur progéniture. Évidemment, souvent, c’est au “centre aéré” du coin parce que c’est pratique, sans trop savoir si c’est du bon (du bon, d’après leur volonté éducative, pour autant qu’ils l’aient clarifiée). Tout est relatif dans ce domaine, et personne ne peut prétendre détenir et pratiquer la Vérité. Nos démarches éducatives dépendent de notre propre positionnement dans la société, nos conceptions, nos volontés. L’emploi des mots que nous faisons, aussi.
Et que font les ACMs ? Sous couvert de ‘loisir’, ils groupent les enfants par tranche d’âge et même se servent des classes scolaires
Ce n’est pas mon cas. Ceci étant, la répartition par tranches d’âge est nécessaire dans la plupart des activités – pas dans la vie quotidienne.
Enfin, quant au jeu de rôle, comme nous le rappelle Edophoenix, je pense que nous n’avons plus grand chose à dire non plus. A chacun de faire ses choix.
Elle se contente de parquer les jeunes comme du bétail, de leur mettre un entonnoir dans une oreille et de les soûler de théorie, d’exos et de TP. (Sur cette question, je suis retombé d’accord avec l’opinion de mes 14 ans. L’école, c’est de la merde.)
Et que font les ACMs ? Sous couvert de ‘loisir’, ils groupent les enfants par tranche d’âge et même se servent des classes scolaires, elles font des activités pratiques et manuelles et tentent d’éduquer à la citoyenneté (tu respecteras les lois sinon tu seras puni), à l’écologie, etc. en transmettant des savoirs…
La différence qu’on pourrait voir de prime abord, ce serait l’enrobage ludique autour de ces activités.
Et c’est bien sur cette opposition (relative) à l’éducation scolaire que ce sont construit les colos (et CVL) ce qui a conduit la transformation du loisir en lui donnant une forme scolaire.
Arrive un moment dans un débat où il faut chercher ses références ailleurs que dans ses expériences personnelles si nous voulons avancer.
lol !
J’ai dû te paraître ridicule, là !
Excuse-moi de mes extrapolations !
Ca explique, effectivement, que tu y fasses référence. Et aussi, je suppose, en partie ton approche péda ?
Sur la discussion, là, j’ai maintenant l’impression qu’on tourne un peu en rond, vu que chacun ressort les mêmes arguments et qu’on reste chacun sur sa position…
Je pense qu’on devrait en rester là, non ? (ou alors, au moins se recentrer sur le sujet d’origine, qui était le jeu de rôles en animation.)…
Qu’est-ce que vous en dites ?
Donc, l’éducation est présente. CQFD.
C’est ce que je me tue à te dire depuis le début !!! Cet aspect éducatif très informel qui est le “donner la possibilité de se mener à”.
Oh que si… il n’y a pour ainsi dire que ça.
J’attends l’argumentation qui va avec cette intervention. Il n’y a que ce lien qui est “ce que l’animateur a mis a disposition des enfants” mais qui n’est pas “mener l’enfant à”. Sinon il ne s’agit pas de l’animateur mais de l’humain.
Tu sais, deux individus présents l’un à l’autre, et surtout l’un pour l’autre (au moins l’un, pour l’autre) ont chacun des intentions. C’est cette intentionnalité-là qui fait qu’on va quelque part, qu’on mène l’autre à…
Oui mais dans l’animation cette intention va viser ceux qui le souhaitent, et pas tout le monde (contrairement à l’école). Je mène l’enfant qui accepte de se laisser mener donc d’une certaine manière je donne la possibilité à l’enfant de se mener en se laissant mener. Relis ma phrase si tu as pas compris ce que je viens de dire.
Il s’agit de cette éducation très informelle que j’explique depuis le début. Il n’ y a pas d’objectif éducatif à atteindre vu que chaque enfant se fixe les siens ou ne s’en fixe pas. C’est pourquoi je pense qu’il ne faut pas penser éducation dans l’animation mais comme vecteur de socialisation et de plaisir.
Si tu veux m’entendre dire que l’animateur éduque. OUI il éduque mais indirectement, sans objectif d’éducation, uniquement par ce que les enfants retirent d’un moment de plaisir vécu. Cela ne peut se calculer car trop de paramètres influent.
C’est l’aspect éducatif informel…
Donc, l’éducation est présente. CQFD.
…à part les situations éducatives, d’humain à humain que tu présentais et qui n’ont pas de lien direct avec la fonction d’animateur.
Oh que si… il n’y a pour ainsi dire que ça.
Il n’y a donc pas de “L’animateur mène l’enfant à…”.
Mais alors ça 😆 c’est très ridicule ! Tu sais, deux individus présents l’un à l’autre, et surtout l’un pour l’autre (au moins l’un, pour l’autre) ont chacun des intentions. C’est cette intentionnalité-là qui fait qu’on va quelque part, qu’on mène l’autre à…
L’intention a un objectif, et l’objectif un but. Même peu conscients pour celui qui est intentionné (on l’est forcément, sinon on ne fait plus rien). Même ton ACM du Temps Libre : tu as beau laisser entendre que tu éludes l’intention, et que le jeune est libre de… Le fait de le laisser libre de… est ton intention, donc tu as un objectif, donc un but.
Intention : idée motivée ; ou motivation idéelle.
Objectif : finalité mesurable (atteinte/pas atteinte)
But : finalité non mesurable (ce vers quoi l’on tend)
Je donne ces définitions à titre personnel, pour que tu me comprennes ; je ne les prétends pas universelle.
L’être humain cherche à éduquer ou informer
Ces deux notions ne recouvrent pas les mêmes réalités. Quand tu éduques, il est vrai que tu informes aussi. Mais quand tu informes seulement, tu n’éduques pas. Cf. le JT.
Il ne s’agit pas de la casquette d’animateur ni même d’enseignant ou de personnes dites en développement dans cette situation là car le gamin de 3 ans comme l’adulte de 98 ans peut se retrouver dans ce rôle.
Éduquer ne se peut qu’avec des puînés, pour lesquelles tu es en quelque sorte un aîné. Quant au reste, cela s’appelle soit formation, soit prise en compte personnelle de la valeur d’un élément émis par quiconque (autoformation, d’une certaine façon).
Il est évident que quand tu éduques (d’après la version de l’éducation que j’avance), la personne en face prend en compte personnellement la valeur de l’élément que tu émets (sinon tu échoues). De même que quand tu éduques, il y a une part de formation.
Les formes que peuvent revêtir cette éducation, cette formation et cette prise en compte personnelle, sont innombrables : de tes ACM du Temps Libre jusqu’au redressement judiciaire, en passant par mes ACM du Cadre de Vie (histoire de les nommer) où tout passe par le loisir, ainsi que l’Éducation Nationale, où tout est normatif.
Maintenant, quand en stage BAFA je me trouve face à un stagiaire de 40 ans, donc de 14 ans plus âgé que moi, je me retrouve face à un aîné. Je peux le former d’une part, il peut prendre en compte la valeur des éléments plus personnels que j’incarne, mais, certainement, je ne peux pas l’éduquer : je suis un puîné. L’éducation ne va que dans un sens, des générations antérieures vers les postérieures ; des ascendants aux descendants ; des plus âgés vers les moins âgés ; des aînés aux puînés ; des parents aux enfants ; des adultes aux jeunes ; etc.
Tu le vois, c’est ici un point de définition qui nous chiffonne. Mais surtout une question de conscience de l’action.
…à part les situations éducatives, d’humain à humain que tu présentais et qui n’ont pas de lien direct avec la fonction d’animateur.
Le loisir est quelque chose de non-obligatoire, quelque chose de léger où l’enfant n’a pas de niveau requis à atteindre (mais où il a la possibilité d’atteindre un niveau si il le souhaite). Il n’y a donc pas de “L’animateur mène l’enfant à…”.
ps: peut être faudrait-il fusionner ce fil de sujets au fil “déconstruction de la notion de projets” ça serait plus simple… :q
Ce n’est pas la casquette d’animateur, ni même d’adulte ou d’ainé qui donne ce rôle dont tu parles mais le simple fait d’interagir avec le monde extérieur. “Quelle heure est t-il ? Il est 9h00 (Je te mène à connaître l’heure…)”
L’être humain cherche à éduquer ou informer (pour la reconnaissance entre autres…) quand il est détenteur d’un savoir/savoir faire/savoir être que quelqu’un recherche à obtenir aussi. (à moins qu’il ai besoin de de pas le faire pour un autre intérêt personnel…)
Il ne s’agit pas de la casquette d’animateur ni même d’enseignant ou de personnes dites en développement dans cette situation là car le gamin de 3 ans comme l’adulte de 98 ans peut se retrouver dans ce rôle.
Ma casquette d’animateur ne me donne pas un plus grand rôle éducatif que le commun des mortels car l’animateur a la responsabilité (dans le cadre d’un ACM) de mineurs et ma fonction me permet de les accueillir sur des temps de loisirs dans un cadre qu’est l’ACM. Mon métier ne me demande pas d’éduquer donc je ne construit pas ma vision du métier comme cela. Cependant je reste un homme qui dans certaines situations de relations humaines prend la position du transmetteur. Mais cette place de transmetteur peut très bien être pris par un enfant de 3 ans et que je sois la cible de la transmission.
On attend de l’enseignant (de l’école traditionnelle) qu’il amène un bagage de connaissances/compétences scolaires. Il a donc lui un rôle éducatif lié à son métier.
On attend de l’éducateur spécialisé qu’il amène par exemple un jeune repris de justice à se réinsérer. Il a donc un rôle éducatif lié à son métier
On attend pas d’un animateur qu’il amène l’enfant quelque part mais on lui donne les moyens de s’amener. C’est l’aspect éducatif informel… Il n’y en a pour moi pas d’autres, à part les situations éducatives, d’humain à humain que tu présentais.
L’animateur, donc, a un rôle éducatif – une fonction d’éducateur. (Sans être un “éduc” de métier ou de formation.)
je suis absolument d’accord avec tout ça, mais TOI, tu en penses quoi ?
Edophoenix, j’en pense que je suis formateur et que je les ai bien en tête, j’en pense que je les trouve opérantes, j’en pense que je les employais formellement dans le contexte de l’échange, j’en pense que tu extrapoles trop vite et que tu as perdu bien du temps à taper ton message pour détailler que sur le terrain, tu n’y penses pas ! … moi non plus !
Je ne crois pas que tu sois un fanatique, j’aurai plutôt tendance à dire que tu es un enseignant.
😆 Hanu, c’est magnifiquement drôle de lire ça ! … J’ai été pion, et j’ai in illo tempore souhaité devenir enseignant… mais j’étais bien niais et naïf, de penser que l’Éducation Nationale éduquait encore. Elle se contente de parquer les jeunes comme du bétail, de leur mettre un entonnoir dans une oreille et de les soûler de théorie, d’exos et de TP. (Sur cette question, je suis retombé d’accord avec l’opinion de mes 14 ans. L’école, c’est de la merde.)
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Edophoenix, Hanu, écoutez : il y a “éducateur” le métier, type “éduc spé” et autres. Mais, du moment que tu es en présence de personnes en développement (moins de 25 ans) et que tu es suffisamment plus âgé qu’elles pour être dit “leur aîné” d’une manière ou d’une autre, eh bien, tu représentes par tes seuls savoir-être, savoir-faire et savoirs, un acteur éducatif. Évidemment, l’impact éducatif que tu as varie selon le temps de présence, le degré d’implication auprès des jeunes, etc. Mais, l’éducation, c’est une responsabilité sociale globale. Quand dans la rue je croise des enfants ou des ados sans adultes, je suis un éducateur potentiel, même moindre, dans la mesure où j’interagis avec eux.
Par exemple, je marchais récemment dans ma ville, proche d’une collégiale. Sur ma gauche, cinq ados dont je constate qu’ils cherchent “la cathédrale” en pensant qu’ils y sont (la collégiale est le plus grand monument religieux dans ma ville). Spontanément je prends la parole, pour leur donner des infos. (Ça me faisait plaisir, et je me doutais que dans un cadre ou l’autre – scolaire, de loisir – ils avaient une mission de recherche type grand jeu.) Eh bien, pendant le temps de notre échange, même si ce n’est qu’un grain de sel, même si tout dépend de leur… disons “réceptivité”… ces jeunes ont vécu quelque chose de spontané et d’ouvert, avec un “aîné” (j’ai 26 berges). Chose qui, me semble-t-il, est assez rare par les temps qui courent, dans notre société. C’est infime je te l’accorde, mais ce n’est pas rien.
Autre exemple : je suis dans un TGV bloqué sur la voie pour une heure. Il fait chaud. Un enfant de 4 ans ne parvient pas à rester en place, et sa mère de tout tenter pour le retenir, en vain. Finalement je me lève, vais causer avec le petit enfant ébahi par mon intervention, et ça mère de comprendre rapidement que ça la soulage, etc. vu ma démarche pleine de douceur. Là, je propose à la mère et son fils que nous fassions un tour dans le train, ce que la mère accepte (ça me faisait plaisir, elle était jolie). Eh bien, attentif à son enfant, nous avons discuté tous les trois pendant la traversée, si bien que le petit en a appris sur les TGV (selon les questions qu’il posait). Et finalement, jusqu’à la fin du voyage, il dormit. C’est toujours infime, mais ce n’est pas rien.
Tout ça, ça fait partie de l’éducation. J’assume un rôle éducatif, donc une fonction d’éducateur. Même infime, ce n’est pas rien.
Bon, j’arrête de faire mon pessimiste, et je te fais un sacré rentre-dedans et pas qu’à toi, désolé Hanu.
Mais je t’en prie, à quoi servirait ce forum sinon ? D’ailleurs permet moi (ou ne me permet pas ça sera pareil) de te renvoyer la balle.
Simplement, l’animation, moi, elle me prend aux tripes, elle fait battre mon cœur, elle innerve mon crâne et irise ma peau. Sans exagérer, ni dramatiser non plus, elle est pour moi une raison de vivre.
Moi aussi, c’est drôle mais j’ai l’impression qu’on est d’accord au moins sur une chose, aussi éloignés nos opinions soient-ils… Contrairement à ce que tu penses, je suis au centre d’une pièce, mais pas la même que toi visiblement. La foi, je crois que je l’ai vraiment trouvé justement depuis que j’ai commencé à ouvrir les yeux sur cette place de l’enfant si peu prise en compte que ce soit en structure de loisirs ou à l’école.
Je crois que l’identité propre de l’animateur en ACM passe par le renoncement de cet aspect éducatif (dans le sens de “mener l’enfant à” au lieu de “donner la possibilité à l’enfant de se mener à”) qui a selon moi sa place uniquement à l’école et dans la famille.
Je ne crois pas que tu sois un fanatique, j’aurai plutôt tendance à dire que tu es un enseignant. En disant cela je ne veux pas rabaisser ce métier mais juste te dire qu’à t’entendre tu ne joues pas dans la même cour que moi, celle du loisir, où priment l’émancipation, la responsabilisation, la liberté etc…
Un loisir “gratuit” pour l’enfant, où il n’est pas soumis à une quelconque évaluation en retour. Un loisir qui retourne à trois grands points de la pyramide de Maslow (les deux autres étant les besoins fondamentaux physiologiques puis de sécurité) : le besoin d’appartenance (le groupe), le besoin d’estime personnelle (la possibilité d’être reconnu dans ce que l’on est, de se valoriser à travers une activité choisie) et le besoin d’accomplissement personnel (la possibilité laissée aux enfants d’atteindre leurs buts (et non pas le but décidé par les adultes pour les enfants))
Je ne vois pas à quel endroit le “mener l’enfant à” a une place chez Maslow ni dans n’importe quel fonctionnement programmé à thème où l’enfant passe son temps à subir des obligations inutiles… où l’accomplissement, l’estime et l’appartenance sont complètement sapés par des principes éducatifs décidés arbitrairement par les adultes “mener l’enfant à améliorer X caractéristique”
Hello, Sizif !
Il y avait un truc qui me mettait mal à l’aise dans nos discussions, et j’ai trouvé quoi :
Moi j’ai l’habitude de dire : il y a quatre positionnements de l’animateur face au jeu.
1° faire jouer (animer, arbitrer)
2° jouer avec (animer, s’impliquer)
3° laisser jouer (constater que les jeunes sont lancés, observer)
4° donner à jouer (mettre à disposition, observer)Ces quatre positions ont leur place chez moi ! Dans la citation que je reprends de toi, tu donnes à jouer. Or, dans le choix du matériel mis à disposition, dans le choix de tes “coins”, etc. il y a une intention éducative, que tu le veuilles ou non.
(…)
je suis d’accord, et je ne m’y adonne pas non plus. J’appelle ça des PJC (petits jeux cons). Tout ce qui est absurde, humiliant, gênant, dégradant pour un certain type ou catégorie de choses ou de personnes, etc. Cela va du streap poker à la vache qui tâche, en passant par la chasse au dahut, etc. Ça met mal à l’aise.
pour prendre par exemple dans ta dernière intervention,
ce qui me gêne, c’est que, t’ayant approprié les notions de l’animation qu’on apprend en formation (ce qui est très bien, c’est ce qu’on fait tous du moins, je l’espère), tu les utilises donc pour construire tes raisonnements.
Je n’ai rien à redire jusque là, mais ce qui me gêne, c’est que j’ai l’impression que tu en restes là, et que dans les réponses que tu nous donnes, tu n’as pas cherché à aller un peu plus loin, à repenser tout ça par toi-même, avec tes propres termes, avec, je ne sais pas comment dire… Une approche personnelle, quoi.
Ce qui fait que je suis rarement en désaccord avec ce que tu dis, mais j’ai pas l’impression de discuter avec quelqu’un qui a ses idées propres, si tu vois ce que je veux dire.
J’ai l’impression que tu as simplement assimilé et fait tiennes les idées qu’ont t’a donné en formation, sans chercher à te positionner personnellement par rapport à elles.
La question que j’ai envie de te poser après avoir lu ta réponse, c’est :
je suis absolument d’accord avec tout ça, mais TOI, tu en penses quoi ?
As-tu déjà pris des distances avec ces notions enseignées en formation, as-tu essayer de les repenser par toi-même, de les analyser à ta manière, pas celle des formateurs ? De quelle manière tu les utilises en pratique ?
Quelles sont celles qui te sont plus utiles que les autres ?
Les quatre positions de l’animateur, par exemple, ben… Je les connais, mais ça fait longtemps que je ne les utilise plus de manière formelle. Je veux dire : une fois que je suis avec les gamins, suivant le jeu, soit je joue avec eux (JdS ou foot, par exemple) ou alors j’arbitre dans le cas d’un foot, ou alors je les laisse jouer seuls aux JdS…
Mais je ne me pose pas la question de savoir dans quelle posture je suis, je ne me dis pas “tiens, aujourd’hui, je “fais jouer”. et demain, pour changer un peu je vais leur “donner à jouer” sans m’en mêler.”
Je suis “dedans”, j’anime et je me pose davantage des questions d’organisation matérielle, par exemple, que de posture. Ca, je fais ça à l’intuitif, je vois bien si les gamins sont super contents à jouer tranquilles entre eux, ou s’ils ont envie que je les rejoigne, ou que je les aide à arbitrer parce qu’ils ont du mal à se mettre d’accord… Je propose, parfois je réagis à la situation, mais je ne suis pas toujours en train de me dire : “là, je suis dans cette posture et tout-à-l’heure, je ferais autrement.”
…
Tu vois ce que je veux dire ?
Mais je sais que si j’organise un Jeu de rôles en animation, par exemple, je ne serais jamais dans la posture “laisser jouer” ou “donner à jouer”. Je garderais quand même un certain contrôle sur l’activité, soit en “faisant jouer”, soit en “jouant avec”.
Sauf que je n’aurais pas forcément besoin de l’exprimer formellement.
Alors que pour d’autre animations, je les laisserais jouer entre eux sans problèmes, s’ils en expriment l’envie /le besoin.
Après, toutes les postures ont des avantages dans l’approche éducative.
Le truc c’est que… Comme je disais sur l’autre thread, effectivement il y a une dimension éducative au jeu… Sauf qu’en tant qu’animateur, je suis partisan de laisser le côté éducatif se dérouler sans vouloir avoir le contrôle dessus, et sans en faire un “objectif”.
Ce n’est pas inexistant, mais ce n’est pas ce que l’animateur doit privilégier.
De la foi, j’en ai (d’ailleurs, ça me fait sourire de dire ça, parce qu’effectivement, je suis croyant). Mais pas dans les mêmes valeurs. Je ne suis pas la pour “former” les jeunes selon “mes” valeurs (il y a pleins de parents qui me feraient de procès, si je faisais ça !)
Oui, c’est vrai, je leur apprend quelques notions de sens civiques, du genre, résoudre un confit par le dialogue, pas par les poings, jouer ensemble, se mettre d’accord en acceptant des compromis, (voire même, parfois, des trucs écologiques quand j’organise une activité sur ce thème !), etc.
Et oui, quand les jeunes font un Volley, ils apprennent l’esprit d’équipe, le respect de l’adversaire, et le respect de règles.
Mais ce n’est pas l’essentiel, pour moi.
Je ne suis pas éducateur social, ni éducateur spécialisé, ni professeur des écoles, ni pédagogue, ni professeur de soutien scolaire, ni…
Je suis animateur. Mon ut, c’est d’animer, pas de faire de bons petits élèves qui sortent du moule. Ma foi, elle n’est pas dans ‘intégration de valeurs, elle est juste dans le “vivre un super moment ensemble” qui peut-être, créeras ou raffermira des liens entre les gens (et encore, ça c’est pas forcément un objectif prioritaire en colonie de vacances, sachant que certains ne se reverront plus par la suite… C’en est un quand je bosse en centre de quartier.)
Eh bien, je regrette, pour moi, ce n’est même plus que tu “es” un inconscient, mais que tu veux l’être. Je parle au niveau de la conscience de ton travail, pas de ce que tu mets en place (enfin ça dépend, par exemple si c’est du jeu de rôle ou des jeux vidéos, moi ça me tue).
Imaginons un instant que je prenne la direction d’un centre tel que tu me l’as présenté, sans rien en changer (hormis la place du JdR et du JV). Les DEUX SEULES différences entre toi et moi, c’est que moi, je n’accepterais ce fonctionnement QUE POUR LE CAS où les modalités d’inscription sont fragmentées et, secondo, avec une paire de valeurs et une justification éducative claire et nette de la démarche dans mon PP. Conscience que je transmettrais à mes animateurs, afin qu’ils SACHENT PLEINEMENT ET ENTIÈREMENT ce qu’ils font ; non seulement pour qu’ils comprennent que l’enfant a besoin de liberté et de socialisation, mais bien jusque dans les raffinements éducatifs de ma conscience de la situation (j’exagère à peine).
Ce dernier élément me paraît d’une primeur absolue : nous, adultes-cadres-responsables-animateurs-directeur, nous ne sommes pas là pour faire joujou, et s’extasier à voir les jeunes s’amuser et “ne pas être à l’école ou dans la famille”. Mais certes, nous prenons notre pied aussi à voir qu’ils s’amusent (c’est un sacré bon début) dans un cadre hors-école, hors-famille, avec cette cerise sur le gâteau que notre conscience éducative nous donne à jouir de toute la saveur de ce que nous avons entrepris, entreprenons, entreprendrons.
Et même au-delà, non seulement nous savourons tout cela, mais nous enregistrons son impact éducatif, d’après les objectifs pédagogiques, et nous recherchons à nous améliorer.
ATTENTION : je ne dis pas qu’il n’y a pas de ça chez toi aussi. Je dis au moins, que c’est tellement atténué que l’équipe fonctionne sur un sol de verre, au point de vue valeur, ardeur et confiance dans la démarche. Moi, ce que je veux faire de mes animateurs, ce sont – si tu veux bien comprendre cette expression en un sens irréligieux – des Hommes de foi. Et cette foi, Hanu, elle est bénéfique à 2.000% pour les jeunes.
Tu ne me feras pas croire qu’elle existe chez toi avec le manque de (volonté de) conscience dont tu témoignes. Inversement, tu ne me feras pas croire que je suis un fanatique ! 😆
Simplement, l’animation, moi, elle me prend aux tripes, elle fait battre mon cœur, elle innerve mon crâne et irise ma peau. Sans exagérer, ni dramatiser non plus, elle est pour moi une raison de vivre.
Avec tout ça, je me dis que c’est une question de degré d’engagement. Et là, à mes yeux, tu es dans l’encadrure de la porte, sur le seuil, quand je suis au milieu de la pièce.
Mais tu n’es pas le seul à cette place, et je ne suis pas le seul non plus au milieu… sauf que j’ai la sale impression que de plus en plus de personnes en restent au seuil. (On sait bien que la durée d’exploitation moyenne d’un BAFA est de 24 mois, et d’un BAFD de 40 mois environ – sources JS – n’empêche, parmi ceux qui sont durablement animateurs ou directeurs, il y a beaucoup de militants qui blablatent et font joujou, assez peu d’acteurs de valeur.)
Bon, j’arrête de faire mon pessimiste, et je te fais un sacré rentre-dedans et pas qu’à toi, désolé Hanu.
Si je reprend ta définition d’éduquer
Éduquer : du latin ex ducere “mener dehors, au-delà”
Je suis désolé mais je ne me retrouve pas dans cette définition. Je ne m’y retrouve pas car ce n’est pas moi qui mène l’enfant mais l’enfant qui se mène et je pense que ça fait toute la différence.
Après effectivement je veux bien t’accorder qu’il y a une forme d’éducation très très indirecte et informelle dans le “mettre à disposition pour permettre…”
Et je ne crois pas que l’éducation (dans le sens assez général du terme) pue. Je crois simplement qu’il y a déjà les parents et l’école pour voir les enfants dans leurs devenirs. Je pense qu’il est agréable pour eux d’avoir un moment où ils peuvent vivre dans l’instant présent sans avoir à penser “amélioration d’eux-mêmes”.
Les différentes façon de jouer ont aussi leurs places chez moi. Le 4 a effectivement une place privilégiée suivi du 3 et du 2 et pour finir du 1 qui a également sa place en précisant que l’enfant à le choix d’entrer dans le “se laisser faire jouer/arbitrer”
N’a-t-il pas un objectif d’animation en tête ?
Si je pars sur un projet de tournage de film avec des mômes, je n’ai pas d’objectif à part le fait de laisser les enfants faire tout de a à z, que les enfants prennent du plaisir dans la réalisation de leur projet (c’est la forme informelle de l’éducation dont je parle…). Les objectifs plus techniques de l’ordre “apprendre à l’enfant à manier un caméscope” c’est le gamin qui se le fixe consciemment ou inconsciemment si il le souhaite (c’est également la forme d’éducation informelle). Pour les objectifs qui concernent autonomie coopération etc… Je ne m’en occupe pas car les enfants les trouvent si ils sont laissés libres, tout simplement.
pourquoi leur mettre un ballon plutôt qu’une PlayStation ?
Juste pour rebondir sur ton exemple:
Je n’aurai aucun problème à proposer un coin permanent avec une Playstation en acm. J’estime que les jeux vidéos sont super intéressants d’un point de vue pédagogique, surtout quand ils sont joués à plusieurs.
Oui sauf que moi je n’éduque pas car je ne cherche pas à mener les enfants vers quelque chose, je laisse les outils à l’enfant si lui veut se mener vers quelque chose.
Mais, Hanu, cela s’appelle éduquer quand même !
Moi j’ai l’habitude de dire : il y a quatre positionnements de l’animateur face au jeu.
1° faire jouer (animer, arbitrer)
2° jouer avec (animer, s’impliquer)
3° laisser jouer (constater que les jeunes sont lancés, observer)
4° donner à jouer (mettre à disposition, observer)
Ces quatre positions ont leur place chez moi ! Dans la citation que je reprends de toi, tu donnes à jouer. Or, dans le choix du matériel mis à disposition, dans le choix de tes “coins”, etc. il y a une intention éducative, que tu le veuilles ou non. Bah oui, pourquoi leur mettre un ballon plutôt qu’une PlayStation ? etc.
Quand soudain, un animateur propose une animation (faire jouer). N’a-t-il pas un objectif d’animation en tête ? Il éduque.
Sérieux, on dirait que tu es la chatte muette, dans ce cartoon où un putois romantique veut toujours l’épouser. Sauf que, là, tu t’imagines que l’éducation pue. C’est dans la tête.
***
Zorch : je répète : tous les psychologues, sociologues et psychiatres déconseillent sa pratique hors analyse, car ils constatent les dégâts.
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Edophoenix : je suis d’accord, et je ne m’y adonne pas non plus. J’appelle ça des PJC (petits jeux cons). Tout ce qui est absurde, humiliant, gênant, dégradant pour un certain type ou catégorie de choses ou de personnes, etc. Cela va du streap poker à la vache qui tâche, en passant par la chasse au dahut, etc. Ça met mal à l’aise.
Houlà !! C’a bien avancé, par ici !
Bon, il y a des choses sur lesquelles je me suis déjà exprimé dans l’autre thread, donc là, juste pour donner un exemple à Sizif :
La chasse au Dahut (le jeu le plus c** du monde, selon moi, bien qu’il y en ai quelques autres qui lui arrivent quand même au-dessus de la cheville – genre, la montgolfière- … mais bon.)
Ou alors les jeux basé sur le double bind (et il y en a plein !)
Et globalement, d’accord avec les arguments de zorch34 (mais bon, en même temps, j’admets qu’il y a quand même des risques au JdR, surtout sur certaines types de personnes plus sensibles que d’autres, ou psychologiquement plus fragiles.)
ne voulant pas mêler mes passions et mon métier.
(simple question) Pourquoi ? C’est plutôt bien de partager ses passions dans l’animation non ?
Sinon je suis dans l’ensemble d’accord avec toi sur le reste.
e jeu de rôle est-il dangereux ou pas ?
Certains affirment que oui dans ce sujet. Je répondrais l’inverse en y mettant des limites.
En effet, le jeu de rôle est bien un outil créé par la psychiatrie qui a ensuite été détourné par certains ( comme le fameux G.Gygax, créateur de D&D) pour en faire une activité ludique et sociale.
Moi même rôliste depuis plus de vingt ans, j’ai été pendant de longues années dirigeant d’une association de jeu de rôle au sein de laquelle nous proposions plusieurs tables de jeux. En parallèle, nous organisions aussi des GN (grandeur nature).
Puis je suis devenu animateur et enfin responsable territorial d’un gros service éducatif (Une quarantaine d’agents)
Malgré cette expérience, alors que j’étais animateur, je n’ai jamais mené d’activité “jeu de rôle”, ne voulant pas mêler mes passions et mon métier.
Toutefois j’ai pu observer, au sein de mes équipes, des animateurs le faire et plutôt brillamment.
De fait, le jeu de rôle est un facteur de socialisation incomparable. Il permet à tous, d’être sur un pied d’égalité grâce à l’interprétation d’un personnage fictif. Ainsi, certains grands timides, en difficulté dans leur relation à l’autre, trouvent au travers du jeu un nouveau moyen de communiquer. L’esprit coopératif est d’ailleurs nécessaire à l’aboutissement de ce jeu, et il valorise donc l’ensemble des protagonistes.
Cela dit, il faut, lorsqu’on le met en place, éviter certains écueils. Je pense notamment à l’âge du public visé. Un enfant trop jeune ne pourra pas comprendre la différenciation à faire entre lui et son personnage.
Enfin, à l’instar de toutes les activités proposées par les animateurs, il me semble fondamental que l’adulte soit garant du cadre. Le danger peut effectivement (et affective ment !) venir d’un animateur qui ne saurait ramener systématiquement au jeu l’ensemble des participants.
En conclusion, si l’animateur, meneur de jeu, à une bonne connaissance de cette activité et de son public, il y aura moins de danger à pratiquer cette activité qu’une gamelle dans un parc !!! ahahahaha, et oui il y a alors un fort risque de se prendre une branche dans l’œil.
Oui sauf que moi je n’éduque pas car je ne cherche pas à mener les enfants vers quelque chose, je laisse les outils à l’enfant si lui veut se mener vers quelque chose.
Je n’éduque pas. Je permet la socialisation par la liberté et l’évolution entre enfants avec tout les bénéfices personnels que les enfants peuvent en retirer. Les animations sont plus ou moins un prétexte, un objet à cette socialisation, après si effectivement elles enrichissent les connaissances/compétences/autres des enfants c’est super, mais ce n’est pas le but.
Mes actions (à part peut être celle de “laisser à disposition” qui est une forme très très informelle de l’éducation…) ne visent pas à éduquer.
Éduquer : du latin ex ducere “mener dehors, au-delà” – du moment que notre démarche mène les jeunes au-delà de leurs acquis, du moment qu’ils évoluent à travers nos mises en place et notre démarche, nous éduquons. Il n’y a pas de phobie à avoir autour de ce terme d’éduquer. Mieux tu as conscience d’éduquer, mieux tu fais ton boulot. Le loisir ne s’oppose pas à l’éducation : il en est une modalité. Notre parti-pris d’animateurs.
mais aussi des savoir-être constatés chez le jeune, et dont tu peux constater une amélioration (par exemple, un jeune chez qui tu constates une capacité à prendre en compte les autres et à les aider positivement, bref un altruisme, mais que cet altruisme lui pèse, car il manque de reconnaissance de la part de ses pairs, etc. ; tu auras amélioré son attitude, si à la fin du séjour il a appris à prendre soin de lui, à ne pas se laisser bouffer par son altruisme, tout en préservant cet altruisme au plan solidarité).
La-dessus je suis plutôt d’accord avec toi, même si je ne considère pas cela comme de l’éducation… et je le formulerai différemment. Ce n’est pas moi qui améliore son attitude mais le gamin qui améliore (peut être) son attitude par son vécu en fonction des autres enfants et par la disponibilité des animateurs (conseils, avis etc…). Pour moi c’est de la socialisation.