Je ne cherche pas à “faire impacter” quelque chose, mais je cherche à “avoir un impact”, un impact éducatif. De même pour le suivi, il s’agit d’un suivi éducatif. Bien entendu, “je le fais bien sur, en étant attentif à tout les enfants, le bien-être, l’égalité, la sécurité, l’affectif…” mais à l’éducation aussi, qui est l’objectif de tout le processus, et je prends réellement garde aux jeunes, pour aller au-delà.
Alors ma définition de l’éducation, à partir de laquelle j’agis, est la suivante : “ensemble du dispositif (valeurs, structures, espace-temps, moyens, pédagogies, personnes) œuvrant pour les jeunes d’une société donnée, à la prise en compte et l’acquisition d’attitudes, connaissances et compétences (ou savoir-être, savoirs et savoir-faire) favorables à leur développement, jusqu’à insertion sociale et professionnelle.”
L’éducation, pour moi, englobe l’enseignement, le professorat, l’apprentissage, le compagnonnage, la transmission par le jeu et l’imaginaire propre à l’animation, etc.
Donc, si tu parles d’impact éducatif, il faut constater la prise en compte et l’acquisition d’attitudes, connaissances et compétences. Cela signifie qu’au début d’un séjour, on enregistre les constats, puis à la fin du séjour. Pour savoir si nous avons bien joué (c’est le cas de le dire !). Si, au moins dans le contexte du séjour, les jeunes ont développé leur bagage personnel à différents niveaux. Afin qu’ils repartent, avec – et en plus – de leurs bons souvenirs, de meilleures attitudes, connaissances et compétences. C’est la travail du suivi éducatif, qui se fait à travers les projets d’animation.
Alors bien sûr, cela pose plein de questions pour savoir, surtout, ce que sont de “meilleures attitudes”, et moi-même cette expression m’effraie, tant elle évoque l’Éducation Nationale et sa niaiserie comportementaliste. Une “meilleure attitude” dépend d’une part de tes valeurs éducatives (les miennes sont le respect – à tous les niveaux – et le service) mais aussi des savoir-être constatés chez le jeune, et dont tu peux constater une amélioration (par exemple, un jeune chez qui tu constates une capacité à prendre en compte les autres et à les aider positivement, bref un altruisme, mais que cet altruisme lui pèse, car il manque de reconnaissance de la part de ses pairs, etc. ; tu auras amélioré son attitude, si à la fin du séjour il a appris à prendre soin de lui, à ne pas se laisser bouffer par son altruisme, tout en préservant cet altruisme au plan solidarité).
Voilà. C’est ma vision de l’éducation, de l’impact éducatif, du suivi éducatif. Évidemment, le plus compliqué, c’est un suivi adéquat, qui ait un impact. C’est-à-dire que les blablas et les laisser-faire, ici, valent zéro. Par contre, qu’on laisse faire dans le cadre de ce suivi, est tout à fait possible. Ce qu’il faut, c’est que ce soit adapté. Or, là, on est sur le terrain, avec une infinité de possibilités.
Depuis le début j’ai du mal à comprendre ce que tu veux dire par impact. Qu’est ce que tu cherches à faire impacter exactement ? Pareil pour le suivi, qu’entends tu exactement par là ? Car le suivi, oui je le fais bien sur, en étant attentif à tout les enfants, le bien-être, l’égalité, la sécurité, l’affectif… mais en dehors de ça quels suivis les enfants ont besoin (si ce n’est que les animateurs soient disponibles pour leurs projets et pour proposer des animations ) ?
quand tu parles des chiffres, tu parles desquelles et de qui ? Ça m’intéresse. 😀
Là tu me poses une colle, et m’incite à me renseigner plus précisément. Ma source, c’est un directeur de formation BAFA, aujourd’hui âgé de 70 balais, ayant fait des séjours d’ados et de la formation pendant 40 ans, et qui a travaillé avec Françoise Dolto. Du coup, j’ai plutôt tendance à me fier à ses propos !
Pour situer les différentes pédagogies, il a l’habitude de tracer un demi-cercle. En bas à gauche, la directivité. En bas à droite, le laxisme. A 45° depuis la gauche, jusqu’à 45° depuis la droite (formant donc un angle de 45° au milieu) les méthodes participatives. A gauche des participatives, la méthode interrogative. Au milieu, la méthode suggestive (maïeutique à la Socrate, si tu préfères). A droite, la méthode ludique. Pour donner un ordre d’idées, la méthode magistrale des professeurs se situer à 20° depuis la directivité en bas à gauche. – Tu as intérêt de faire un dessin.
Voilà les chiffres de rétention immédiate dans l’apprentissage (de gauche à droite) :
SUR LA GAUCHE
– méthode directive (employée dans l’armée, mais par l’animateur aussi en cas de danger immédiat – ou par le mauvais animateur lorsqu’il s’énerve) : 10% en moyenne ;
– méthode magistrale : 20% en moy. (+10% si on prend des notes) ;
DANS L’ANGLE DES MÉTHODES PARTICIPATIVES
– méthode interrogative : 40% en moy. ;
– méthode suggestive : 50% en moy. ;
– méthode ludique : 80% en moy. ;
SUR LA DROITE
– laxisme : ???% (proche de zéro car pas de cadre, pas d’objectifs ; on ne retient qu’un moment vécu)
Voilà pourquoi Hanu me fait flipper. En dehors des activités lancées par ses animateurs, dans lesquelles s’implique et se désimplique qui veut (ce qui réduit le suivi, donc l’impact), il se situe en-dehors des méthodes participatives sur la droite du demi-cercle, tendant vers le laxisme (sans être laxiste non plus).
@ Shaaa :
Hanu a écrit : “je ne calcule pas de dimension éducative dans ce que je propose, les enfants en retireront ce qu’ils veulent consciemment et inconsciemment en retirer.” Moi c’est ce manque qui me fout les boules, à la lecture. Ceci étant, à appliquer une méthode ludique, on compte bien sur l’inconsciemment-retiré. Mais on sait que les chiffres montrent qu’une moyenne de 80% est retenue.
Effectivement, deux visions s’opposent. Mais quand tu parles des chiffres, tu parles desquelles et de qui ? Ça m’intéresse. 😀
@ Shaaa :
Hanu a écrit : “je ne calcule pas de dimension éducative dans ce que je propose, les enfants en retireront ce qu’ils veulent consciemment et inconsciemment en retirer.” Moi c’est ce manque qui me fout les boules, à la lecture. Ceci étant, à appliquer une méthode ludique, on compte bien sur l’inconsciemment-retiré. Mais on sait que les chiffres montrent qu’une moyenne de 80% est retenue.
@ Hanu & Edophoenix :
quel type de profils de personnes penses-tu être plus enclins à développer des troubles psychiatriques après du jeu de rôle ? Quels en seraient les symptômes ?
Je n’en sais rien. De même que je ne connais plus mes sources. Elles dataient de 2007.
Justement c’est le rôle du Maître du Jeu de ne pas permettre cette dérive là. Je pense qu’au sein du jeu et de l’imaginaire il faut garder un même schéma d’intimité et de préserver au maximum les mêmes interdits qu’au réel (ne pas permettre au sein du jeu le droit de vie, de mort ou de torture ou autres tendances morbides…). […] Ca, c’est un peu ce que fait tout meneur, même quand on joue avec des grands, de “manipuler les événements”, surtout si c’est un BON Meneur qui tient compte de l’impact des actions des joueurs sur l’histoire. Moi, je n’appelle pas ça un risque, mais une condition de jeu. […] Et en quoi c’est mauvais d’exprimer au cours d’un jeu des choses qu’on n’exprimerait pas le reste de notre vie ?
Tout ça est à votre honneur, mais ça n’empêche rien, puisque c’est le psychisme qui est en jeu. Enfin, tous les psychologues, sociologues et psychiatres s’accordent dans ce conseil, de ne pas y jouer en l’absence d’un professionnel.
Tu parlais du théâtre, il se trouve que j’en ai fait aussi pendant à peu près de 20 ans (moins un poil), et si : je peux te dire que ç’a y voir, les deux. Autant que si, le Gendarme et le voleur, ç’a carrément tout à voir avec un JdR-GN. […] Je suis assez d’accord; Au final l’enjeu émotionnel est le même que sur un jdr. Il s’agit d’un jeu [le gendarme et le voleur] donc l’enfant se sent protégé et il y a la même projection de soi dans l’imaginaire.
Eh bien, j’ai 14 ans de théâtre derrière moi aussi, et de l’impro. C’est bizarre que nous ne fassions pas les mêmes constats… Quant au gendarme et au voleur, idem.
Dans le jeu de rôle, il n’y a pas de public, et l’organisation est bien scénarisée. Avec l’impro, il y a un public ; avec le gendarme et le voleur, il n’y a pas de scénario – rien qu’un principe. Le jeu de rôle ne peut pas démarrer spontanément, le gendarme et le voleur si. L’impro est simplement arbitrée, le jeu de rôle lui est mené. Etc. Ça change tout, même si des ingrédients se retrouvent.
je pourrais te citer des activ’ qui, proportionnellement, envoie carrément plus de monde en psychiatrie que le JdR.
Ça m’intéresse.
Hanu, je suis un peu catégorique quand je dis “salut, etc.” mais en fin de compte, qu’est-ce qui te fais “si mal” au fait qu’un débat puisse s’arrêter sur un désaccord ? … Le coup de “la rupture est consommée” est trop théâtral pour être vrai. Bref. Au-delà je regrette, mais je ne peux pas te suivre sur les idées auxquelles tu tiens.
Simple curiosité, je voudrais aussi savoir ce qui te dérange dans les idées évoquées par Hanu. Notamment, si j’ai bien compris, sur ce rôle éducatif qui semble être un désaccord profond.
Hanu, c’est pour moi terrible de lire que tu ne veux rien transmettre, et que le jeune prenne ce qu’il a à prendre uniquement. J’avais des soupçons mais, là, la rupture est consommée ! Puisque tu n’éduques pas, salut.
(Sinon, tant pis. :-D)
qu’est-ce qui te fais “si mal”
Le fait que le débat s’arrête là alors qu’il est intéressant, de plus que tu n’as pas répondu aux questions que je t’ai posée sur le sujet des troubles psychiatriques. Je ne t’oblige pas à suivre mes idées mais j’essaie juste de les partager et je ne comprends toujours pas ce qui te rebutes tant dans ce que je dis.
Pour ce qui est de formation je ne crois pas que cela soit nécessaire contrairement au théâtre-forum par exemple, car ce dernier aborde des sujets d’oppressions qui sont bien réels et qui peuvent être réellement dérangeants si abordés dans le cadre d’un jeu. Après je m’y connais très peu en psychologie, il serait intéressant d’avoir un témoignage d’un professionnel sur ce sujet.
Hanu, je suis un peu catégorique quand je dis “salut, etc.” mais en fin de compte, qu’est-ce qui te fais “si mal” au fait qu’un débat puisse s’arrêter sur un désaccord ? … Le coup de “la rupture est consommée” est trop théâtral pour être vrai. Bref. Au-delà je regrette, mais je ne peux pas te suivre sur les idées auxquelles tu tiens.
Edophoenix, eh bien, nous constatons en effet que le jeu de rôle est limite. Et si j’ai laissé sentir qu’il envoyait tout le monde cash en psychiatrie, mea culpa… Mais voilà : il n’y a pas de formation, pour pratiquer ce genre de choses, et c’est là le problème. En fait, pour moi, ce n’est pas un jeu, mais bien un outil d’analyse de groupe.
Pour la relaxation, il faut être psychiatre ; et la relaxation n’est pas un jeu non plus. Elle n’est pas employée à la légère, surtout quand il y a conditionnement vocal, etc. Bref, je le répète, le jeu de rôle est limite. Cela suffit pour que je ne fasse plus joujou avec lui (en effet, je suis un ancien rôliste qui, au contact des données que j’ai avancé, a fait du chemin, notamment lorsque j’ai vécu son exploitation psychosociologique par une personne formée).
Sizif a écrit :
Edophoenix, tu peux défendre le jeu de rôle comme tu voudras, ça ne tient plus face à moi. Rien d’autre à amener que ce que j’ai déjà dit. Comprenne qui veut ! … C’est un débat que j’ai souvent avec les rôlistes. J’essaie de sensibiliser. Et, à chaque fois, ce sont les mêmes arguments qui reviennent.
A chaque fois, que je discute avec un anti-rôliste, ce sont aussi les mêmes arguments qui reviennent, remarque : “psychologie… Dangereux… Fragilise… Influences malsaines… hopital psychiatrique.”
C’est sûr qu’à force, dans ce débat, tout le monde finit blasé.
Mais attention, je ne dis pas que le JdR est inoffensif. Dans ce que tu as dit, il y a des choses avec lesquelles je suis d’accord : le JdR a des risques. Je ne le nie pas.
C’est aussi pour ça que je n’en propose pas à tire-l’arigot dans toutes les colos où je vais.
J’ai proposé l’expérience deux-trois fois, quand j’avais déjà suffisamment fait connaissance avec les jeunes pour faire attention à eux.
C’est sûr que l’animateur doit rester responsable et ne pas faire ça à tort et à travers, et à toutes les sauces.
Et là-dessus, tu n’as pas tort, je te donne tout-à-fait raison.
Cela veut-il dire pour autant qu’il faut purement et simplement bannir le JdR de nos activités et les rayer de nos carnets d’anims ?
Hanu, c’est pour moi terrible de lire que tu ne veux rien transmettre, et que le jeune prenne ce qu’il a à prendre uniquement. J’avais des soupçons mais, là, la rupture est consommée ! Puisque tu n’éduques pas, salut.
Je n’ai jamais dis que je ne veux rien transmettre. J’ai dis que je ne calcule pas d’impact éducatif car j’estime que le rôle de l’animateur est de permettre la socialisation, le plaisir par l’évolution entre enfants ou individuelle… Si l’enfant trouve de la motivation, du plaisir à chercher de la connaissance il pourra en trouver dans toutes les animations que je propose. La connaissance est disponible et bien visible. L’animateur l’utilise dans les animations qu’il propose mais pas dans un but éducatif (le but n’est pas de les transmettre). Il l’exploite pour la richesse d’un jeu par exemple (déjà vu des enfants qui refusent le jungle speed parce qu’ils trouve ça trop con et qui recherchent des jeux très poussés où la connaissance est plus que présente. Il y a eu donc transmission de connaissances de manière indirecte et informelle mais pas dans un but éducatif, uniquement dans un but de plaisir) mais n’est pas donné aux enfants, c’est à eux de la prendre si ils la désirent et je la transmet à ceux qui veulent la recevoir. Et sauf en cas de problème particulier un enfant ne se complet pas longtemps dans l’ignorance et cherche à s’instruire.
. Et si vraiment je cherchais à transmettre de la connaissance rien ne m’empêche à travers l’histoire de transmettre des clins d’œils à la littérature ou autre, on est dans le faire découvrir…
Peut être me suis-je mal exprimé ici, je dis que rien ne m’empêche mais je le fais à chaque fois, j’évite de proposer des choses totalement creuses… cela va de soit je pense mais toujours le but n’est pas la transmission mais le plaisir.
Et je trouve ça dommage que tu balances “puisque tu n’éduques pas, salut.” Tu fermes le débat, c’est nul, salut.
Et, à chaque fois, ce sont les mêmes arguments qui reviennent.
Et tes contre-arguments ils sont où ? Si ça te fais chier de débattre faut pas venir sur un forum ! J’ai parfaitement entendu ce que tu as dis sur le jdr et je trouve ca très interessant… je t’ai donné mon avis et edophenix pareil, à toi de rebondir à nouveau pour expliquer ce qui ne te vas pas dans nos réponses.
Hanu, c’est pour moi terrible de lire que tu ne veux rien transmettre, et que le jeune prenne ce qu’il a à prendre uniquement. J’avais des soupçons mais, là, la rupture est consommée ! Puisque tu n’éduques pas, salut.
Edophoenix, tu peux défendre le jeu de rôle comme tu voudras, ça ne tient plus face à moi. Rien d’autre à amener que ce que j’ai déjà dit. Comprenne qui veut ! … C’est un débat que j’ai souvent avec les rôlistes. J’essaie de sensibiliser. Et, à chaque fois, ce sont les mêmes arguments qui reviennent.
Autant que si, le Gendarme et le voleur, ç’a carrément tout à voir avec un JdR-GN.
Je suis assez d’accord; Au final l’enjeu émotionnel est le même que sur un jdr. Il s’agit d’un jeu donc l’enfant se sent protégé et il y a la même projection de soi dans l’imaginaire.
Sizif a écrit :
L’intérêt de ce types de jeux c’est l’influence que peut avoir chaque joueur sur le jeu et le poids des choix de chaque joueurs sur l’évolution du jeu.
Oui mais quel intérêt pédagogique ? i.e. en terme de transmission éducative ? (C’est bien ça, la pédagogie, ou bien ? de péda- l’enfant, et de -gogue le chemin ; en Grèce, le pédagogue conduit les jeunes à l’école ; aujourd’hui, le pédagogue accompagne les jeunes vers un objectif pédagogique, donc de transmission.) Pour moi, dire que l’enfant “a un poids sur le cours des choses” me semble vrai, mais pas pédagogique. On lui offre une possibilité, on ne lui transmet rien.
Pardon ?! En quoi ça ne lui transmet rien ?
Tu veux dire qu’un jeu qui développe la créativité et l’imaginaire des enfants, ça ne leur transmets rien ?
Si tu veux une liste :
1- au lieu que les enfants “consomment” bêtement une histoire qu’on leur impose par la Télé, l’histoire c’est eux qui la font, ça leur apprend déjà qu’ils sont capables de construire une histoire par eux-mêmes,
2- Ca leur apprend à construire une histoire ENSEMBLE (les joueurs collaborent)
3- Les PERSONNAGES des joueurs doivent aussi, en général, collaborer (bien que la concurrence puisse librement apparaître dans le jeu, le principe du JdR étant que les personnages ne peuvent résoudre leur quête qu’en coopérant)
ce qui leur enseigne l’esprit d’équipe, en même temps que l’initiative personnelle (parce qu’il y en a) au service de cette équipe.
4- par corollaire, il n’y a pas de gagnants et de perdants dans un jeu de rôle et je connais très PEU de jeux de société ou de jeux sportifs sans gagnants. Pourtant, on peut créer des enjeux très prenants en JdR, ce qui apprend aux enfants qu’il n’y a pas forcément besoin d’un “gagnant” au détriment d’un “perdant”, pour s’amuser.
5 – ça développe l’astuce des enfants si on leur demande de résoudre des énigmes ou des difficultés particulières au cours du scénario.
===> trouver des solutions à un problème avec des contraintes (même imaginaires) et des moyens contingents, si c’est pas de la pédagogie, ça ?
La créativité et l’imaginaire ont une place très intéressante car les participants ont besoin d’imaginer des trucs parfois très ingénieux et des stratégies de groupe pour s’en sortir.
OK. La créativité est une faculté humaine, l’imaginaire un phénomène permettant la créativité, et le jeu de rôle de loisirs les nécessitent. Par contre, si tu parles de stratégie, comme veux-tu que des enfants de 8-9 ans en mette une place ? Si l’esprit d’équipe apparaît vers 9 ans chez les jeunes, la réflexion abstraite n’advient qu’avec le développement psychobiologique des 10 ans, or une stratégie nécessite des facultés d’abstraction.
Je suis d’accord avec ton disours psycho-biologique… Mais par contre, question stratégie, je connais des gosses qui commencent à jouer aux dames à 7 ans et aux échecs à 9. Et pas des sur-doués.
Le jeu de rôles peut autant éveiller à la stratégie de manière simple sans forcément demander aux enfants de faire des plans de schtarbés de la mort qui tue façon conspirateurs de la CIA, il existe des JdR adaptés à ces âges (je peux t’en citer quelques-uns, si tu veux) qui leur proposent des choses simples mais qui sont quand même des défis à relever.
(pour te donner un exemple, j’ai une fois fait jouer une partie de Cats! la Mascarade à des primaires, avec des règles très simplifiés bien sûr, que j’avais customisées, et ça s’était bien passés, ils ont menés un bon petit bout d’enquête en testant des choses, ça allait un peu dans tous les sens, et tout le monde se marrait bien… )
Le risque que j’ai pu voir c’est que pour réussir à rester dans une cohérence de jeu et que la partie reste possible à mener, le meneur du jeu est parfois obligé de manipuler les événements pour relancer un fil d’histoire cohérent.
8-° … Alors là ça m’étonne de ta part, Hanu, de t’entendre dire qu’il faut “manipuler” les événements, sans que cela ne te gêne, alors que par ailleurs tu avances un déconditionnement quasi-drastique de l’enfant.
Ca, c’est un peu ce que fait tout meneur, même quand on joue avec des grands, de “manipuler les événements”, surtout si c’est un BON Meneur qui tient compte de l’impact des actions des joueurs sur l’histoire. Moi, je n’appelle pas ça un risque, mais une condition de jeu.
Et puis, le risque d’incohérence, la possibilité que la partie ne soit “plus possible à mener” (ce sont tes mots) est quand même un foutu risque, même si les jeunes peuvent comprendre. En fait, dans ces moments-là, tu sors de l’imaginaire, tu en imposes. Enfin, je trouve que c’est plutôt sain de cadrer, là, mais tu sembles faire de drôles de concessions, par rapport à ton discours d’une autre discussion. Alors, tu t’imagines peut-être que “le poids des jeunes” dans l’affaire, compense bien ce risque de dérive et de recadrage… mais il y a vice de forme !
Les enfants avaient bien compris que pour que le jeu puisse rester intéressant le meneur du jeu devait prendre certaines décisions, ils l’acceptaient sans problèmes.
Eh bien tu vois, pour faire référence à l’autre discussion, c’est exactement ce qui se passe sur mes séjours où, d’après toi, la liberté manque… !!!
o.k., mais la liberté en JdR, c’est pas un problème, au contraire. Et qu’il y aie des incohérences das l’histoire, quel est le problème, si les enfants aiment ? Z’avez lu “Alice De l’autre côté du Miroir”, par exemple ? Ou encore les histoires de Duneffeld ? Il n’y a aucune cohérence dans ce genre d’histoires de l’absurde, et ça n’en retire pas l’intérêt énorme de ces histoires.
Le JdR peut tout autant offrir une histoire ultra-cohérente et linéaire qu’un bon délire entre amis où l’on marche sur la tête, si on en a envie.
Au final j’étais plutôt très satisfait car j’avais rarement vu un groupe être aussi longtemps pris dans un imaginaire.
Forcément, le jeu de rôle implique corps et âme, il y a perte du sens des réalités pendant un moment, au profit d’un “sens de l’imaginaire” si je puis dire. Il y a projection de soi “ailleurs”, qui autorise tout et n’importe quoi.
Alors voilà… nous parlons donc ici du jeu de rôle de loisirs. Il a émergé dans les années 70. Et n’allons pas dire que le jeu du gendarme et du voleur est un jeu de rôle, car ça n’a rien à voir en terme d’organisation. C’est incomparable. De même, la démarche du théâtre d’improvisation est orientée vers un public, et n’a rien à voir en terme d’organisation. Vraiment, le jeu de rôle de loisirs est quelque chose de spécifique.
Mais le jeu de rôle, d’origine, est un outil psychosociologique ; l’outil du psychiatre, qui veut évaluer l’état des relations dans un groupe. Et celui-là, on l’emploie depuis les années 30. Velléités de pouvoir, pulsions, intentions… tout cela émerge facilement sous l’œil du professionnel, car il y a un double-niveau.
1° le niveau du réel, où des personnes du groupe interagissent par le médium de personnages ;
2° le niveau imaginaire, où les personnes du groupe s’investissent dans leur personnages, et semble créer des interactions ayant une forme de réalité (dans leur imaginaire)Le médium du personnage, du masque, autorise la personne a exprimé des éléments qu’elle ne s’autoriserait pas à extérioriser autrement. Après tout, pense-t-elle, elle est “couverte”, “c’est un jeu”. Eh bien non.
Le professionnel dégage de cela, en 20 minutes seulement, des tendances réelles et de fond, par rapport au groupe. Il faut savoir que ces phénomènes sont tout aussi présent en son absence, dans le cadre du loisir.
La différence, c’est qu’en sa présence, il y a 20 minutes de préparation, 20 minutes de jeu, et 20 minutes de bilan. Si on dépasse d’un côté ou de l’autre, on annule. En son absence, tout cela peut traîner, et durer des heures et des heures. Or, pendant des heures et des heures, les participants interagissent parfois au plan réel, parfois au plan imaginaire, mais au plan imaginaire le réel est toujours impliqué de façon sous-jacente. Si bien que, malgré eux, et inconsciemment, ils échangent des informations qui n’auraient pas émergée sans rôle. Alors, ce ne sont évidemment pas des informations formelles, mais ce sont des informations sur la qualité de la relation, sur les fantasmes de l’autre, etc. qui font que l’intimité de chacun est dévoilée sous une forme a priori innocente, et loin de la révéler apparemment ! puisqu’on joue un rôle. Là-dedans, il y a donc le meneur de jeu, qui lui-même à travers son scénario, conditionne les interactions autour de la table.
Au final, la personnalité de chacun, même si “tout le monde est content”, en ressort émue et fragilisée à un endroit ou l’autre.
La majorité des personnes qui jouent ne s’en rendent pas compte, et la majorité d’entre elle ne développera pas de trouble psychique visible, bien que leur psycho- et socioaffectivité soit touchée. Mais à savoir que, proportionnellement, la pratique du jeu de rôle de loisirs envoie chaque année plus de monde en psychiatrie que n’importe quelle autre pratique (je n’ai pas les chiffres en tête).
Avec le jeu de rôle de loisirs, le risque est psychique, et il est mastoc. Quoiqu’on fasse ou veuille, il y aura “des lésions”. Et on se risque à perturber sévèrement quelqu’un. Surtout un mineur, en cours de développement psychique, ce que nous ne pouvons pas nous permettre. A savoir que certains envoyés en psychiatrie suite à la pratique du jeu de rôle, jouaient pour la première fois.
Sans vraie transition, c’est comme la relaxation en guise de retour au calme. Sais-tu qu’elle est interdite réglementairement ? … Des jeunes sont entrés en hypnose sur les simples propos d’un animateur qui passait une musique zen, et il a fallu faire appelle à un psychiatre pour les en sortir.
Cela ne témoigne que d’une chose : de l’influençabilité du psychisme jeune.
Autre témoignage sans vraie transition toujours, de cette influençabilité, matérielle cette fois : le psychisme, on est d’accord, en plus des pensées et de l’imagination subjectives, c’est le système nerveux, un réseau électrique. Eh bien, les jeunes sont électrosensibles à 60%, contre moins de 5% pour les adultes (d’où, aussi, le néfaste qu’il y a à leur donner des téléphones portables avant… 20 ans…).
Bref, le jeu de rôle est dangereux.
Bien sûr que le jeu de rôles est dangereux. Les livres aussi, on y véhicule des idées bizarres et subversives. Les jeux vidéos aussi, ça rend les gens violents, ainsi que les films au cinéma, qui e sont d’ailleurs de plus en plus. Les voitures sont dangereuses, ça provoquent des accidents de la route.
Je propose donc qu’on ne prenne plus le volant, qu’on brûle les bouquins dans un gigantesque autodafé mondial et qu’on boycotte les salles de ciné !
Non, je déconne, bien sûr.
Plus sérieusement, oui, il y a des risques. Mais l’animateur est justement là pur pallier à ces risques.
Ce que tu décris comme le rôle de l’expert dans les jeux de simulation psychologiques (moi j’appelle ça une “simuation”, plutôt qu’un “jeu de rôles” mais c’est vrai que les deux termes sont utilisés); je ne vois pas pourquoi un animateur, c’est-à-dire un travailleur qui doit veiller à la santé physique et morale des enfants, ne pourrait pas le faire.
Tu parlais du théâtre, il se trouve que j’en ai fait aussi pendant à peu près de 20 ans (moins un poil), et si : je peux te dire que ç’a y voir, les deux. Autant que si, le Gendarme et le voleur, ç’a carrément tout à voir avec un JdR-GN.
Et donc, pour en venir là où je voulais venir, il existe au théâtre beaucoup d’exercices possibles qu’on peut faire avant d’entrer en scène, ou après l’avoir quitter, et qui sont tout-à-fait adaptables à une séance de JdR, pour “quitter” le monde de l’imaginaire en douceur.
Le médium du personnage, du masque, autorise la personne a exprimé des éléments qu’elle ne s’autoriserait pas à extérioriser autrement. Après tout, pense-t-elle, elle est “couverte”, “c’est un jeu”. Eh bien non.
Et en quoi c’est mauvais d’exprimer au cours d’un jeu des choses qu’on n’exprimerait pas le reste de notre vie ?
Quand je joue au JdR, je dis des gros mots, chose que j’essaie d’éviter au maximum le reste du temps, et je ne m’en porte pas plus mal.
Je décide de tuer un gobelin avec un coup de mon épée imaginaire dans le jeu, et dans la vie, je ne rencontre pas de gobelin à chaque coin de rue, pareil.
En quoi ça dérange de permettre à qui que ce soit d’exprimer des choses qu’elle n’exprimerait pas normalement : on joue un rôle. Quand je suis sur une scène de théâtre, je déclame des textes que je ne dis certainement pas non plus en dehors de la scène, et je ne suis pas fou pour autant.
Parce que si, on parle d’un jeu. Avec un début, un milieu et une fin, et si on est un animateur avec un minimum de bon sens, n’importe quelle activité, on doit lui mettre un début et une fin.
Entre ces deux bornes, on joue. En dehors de ces bornes, on ne joue pas. Et ça c’est un truc qu’un enfant peut comprendre, même s’il a 6 ans.
Alors, ce ne sont évidemment pas des informations formelles, mais ce sont des informations sur la qualité de la relation, sur les fantasmes de l’autre, etc. qui font que l’intimité de chacun est dévoilée sous une forme a priori innocente, et loin de la révéler apparemment ! puisqu’on joue un rôle.
Et quand on joue à un autre jeu, genre au hasard au foot, les personnalités elles ne dévoilent pas, c’est ça ?
Le mauvais joueur, que ce soit en JdR ou au foot, il passera toujours pour tel, jusqu’à ce qu’il apprenne que le jeu reste un jeu et qu’il s’assagisse. Le timide, qu’on joue au JdR ou à un jeu d’action-miroir, par exemple, il montrera qu’il est timide, et où est le problème ?
Le rusé, au sagamore ou au JdR, il montrera qu’il sait contourner les règles.
Sa personnalité, on la révèle tout le temps que ce soit partiellement ou pas, que ce soit à travers un rôle ou pas.
Et de manière formelle ou informelle.
Là-dedans, il y a donc le meneur de jeu, qui lui-même à travers son scénario, conditionne les interactions autour de la table.
Au final, la personnalité de chacun, même si “tout le monde est content”, en ressort émue et fragilisée à un endroit ou l’autre.
La majorité des personnes qui jouent ne s’en rendent pas compte, et la majorité d’entre elle ne développera pas de trouble psychique visible, bien que leur psycho- et socioaffectivité soit touchée. Mais à savoir que, proportionnellement, la pratique du jeu de rôle de loisirs envoie chaque année plus de monde en psychiatrie que n’importe quelle autre pratique (je n’ai pas les chiffres en tête).
Avec le jeu de rôle de loisirs, le risque est psychique, et il est mastoc. Quoiqu’on fasse ou veuille, il y aura “des lésions”. Et on se risque à perturber sévèrement quelqu’un. Surtout un mineur, en cours de développement psychique, ce que nous ne pouvons pas nous permettre. A savoir que certains envoyés en psychiatrie suite à la pratique du jeu de rôle, jouaient pour la première fois.
(…)
Cela ne témoigne que d’une chose : de l’influençabilité du psychisme jeune.Autre témoignage sans vraie transition toujours, de cette influençabilité, matérielle cette fois : le psychisme, on est d’accord, en plus des pensées et de l’imagination subjectives, c’est le système nerveux, un réseau électrique. Eh bien, les jeunes sont électrosensibles à 60%, contre moins de 5% pour les adultes (d’où, aussi, le néfaste qu’il y a à leur donner des téléphones portables avant… 20 ans…).
Bref, le jeu de rôle est dangereux.
Ce n’est pas LE JdR qui est dangereux, c’est la manière dont certains le pratiquent. Et qui, effectivement, est particulièrement dangereuse pour ceux qui rejoignent le groupe et sont immergés d’un seul coup dans cette manière de jouer qu’il ne connaissent pas, parce qu’ils n’ont pas assisté à la formation du groupe de jeu et de ses habitudes, donc ils tombent là dans un style de jeu, au détour pourrais-je dire, et donc là, oui, c’est dangereux.
Ca peut aussi être le cas d’un MJ qui n’a pas conscience de ces risques et qui proposent une immersion trop profondes à ses joueurs.
On peut parfaitement jouer au JdR sans tomber dans ces excès.
Les risques existent toujours, je ne dis pas qu’ils sont complètement supprimés. Mais ils sont bien moindre dans ce cas-là. Si les choses sont au clair, ça ne fragilise pas autant les personnes que tu pourrais le croire.
‘Puis, s’il sont aussi influençables, arrêtons de leur lire des livres, de leur montrer des films, de leur faire faire des activités quelles qu’elles soient.
Enfermons-les dans un cocon d’où rien ne pourra les influencer, à commencer par la publicité et les musiques qu’ils écoutent à longueur de journées dans leurs écouteurs.
Mais à savoir que, proportionnellement, la pratique du jeu de rôle de loisirs envoie chaque année plus de monde en psychiatrie que n’importe quelle autre pratique (je n’ai pas les chiffres en tête).
Ca, j’aimerais bien savoir d’où tu le sors. Quelle(s) est(sont) ta ou tes sources ?
Parce que moi, je pourrais te citer des activ’ qui, proportionnellement, envoie carrément plus de monde en psychiatrie que le JdR.
Ceci dit, j’hésite encore… Je me demande si là, on est bien devant un disciple de Mireille Matthieu, ou alors devant quelqu’un qui fait un peu de rentre-dedans, histoire de lancer le débat !
Mais dans tous les cas, je suis prêt à en parler plus détaillément de mes quelques expériences, si tu veux. 😉
(encore que, en centre de loisirs, je ne fais pas des parties de JdR tous les jours, non plus ! Ca ne m’est arrivé que deux-trois fois.)
Oui mais quel intérêt pédagogique ? i.e. en terme de transmission éducative ? (C’est bien ça, la pédagogie, ou bien ? de péda- l’enfant, et de -gogue le chemin ; en Grèce, le pédagogue conduit les jeunes à l’école ; aujourd’hui, le pédagogue accompagne les jeunes vers un objectif pédagogique, donc de transmission.) Pour moi, dire que l’enfant “a un poids sur le cours des choses” me semble vrai, mais pas pédagogique. On lui offre une possibilité, on ne lui transmet rien.
Encore une fois je ne calcule pas de dimension éducative dans ce que je propose, les enfants en retireront ce qu’ils veulent consciemment et inconsciemment en retirer (dans le rapport à l’autre, le plaisir etc etc). Et si vraiment je cherchais à transmettre de la connaissance rien ne m’empêche à travers l’histoire de transmettre des clins d’œils à la littérature ou autre, on est dans le faire découvrir…
OK. La créativité est une faculté humaine, l’imaginaire un phénomène permettant la créativité, et le jeu de rôle de loisirs les nécessitent. Par contre, si tu parles de stratégie, comme veux-tu que des enfants de 8-9 ans en mette une place ? Si l’esprit d’équipe apparaît vers 9 ans chez les jeunes, la réflexion abstraite n’advient qu’avec le développement psychobiologique des 10 ans, or une stratégie nécessite des facultés d’abstraction.
Et bien c’est les premiers balbutiements pour la stratégie… Je ne prétends pas que les enfants vont élaborer un complexe plan ultra réfléchi mais le jeu de rôle permet de se coordonner entre joueurs et de remarquer qu’une action coopérative est parfois plus efficace qu’une action individuelle.
8-° … Alors là ça m’étonne de ta part, Hanu, de t’entendre dire qu’il faut “manipuler” les événements, sans que cela ne te gêne, alors que par ailleurs tu avances un déconditionnement quasi-drastique de l’enfant.
Et puis, le risque d’incohérence, la possibilité que la partie ne soit “plus possible à mener” (ce sont tes mots) est quand même un foutu risque, même si les jeunes peuvent comprendre. En fait, dans ces moments-là, tu sors de l’imaginaire, tu en imposes. Enfin, je trouve que c’est plutôt sain de cadrer, là, mais tu sembles faire de drôles de concessions, par rapport à ton discours d’une autre discussion. Alors, tu t’imagines peut-être que “le poids des jeunes” dans l’affaire, compense bien ce risque de dérive et de recadrage… mais il y a vice de forme !
Je m’attendais à ce que tu soulèves ça. Mais ce que j’expliquais dans l’autre sujet, c’est que les enfants y ont adhéré librement (par la sensibilisation etc…). Ils étaient libre de s’arrêter à tout moment pour faire autre chose. Ils n’étaient pas trompé sur “la marchandise”. Ils participaient à un jeu qui demande certaines concessions sur la liberté et ils ont accepté de s’y plier. Ils l’ont fait donc librement.
Eh bien tu vois, pour faire référence à l’autre discussion, c’est exactement ce qui se passe sur mes séjours où, d’après toi, la liberté manque… !!!
Je ne suis toujours pas sur qu’on se soit bien compris d’ans l’autre post. Je ne te parlais pas du contenu d’une animation mais du fonctionnement des journées. C’est le fonctionnement des journées qui doit être libre, le contenu d’un jeu reste ce qu’il est (n’importe quel atelier ou animation construit par un adulte et proposé à des enfants reproduira un schéma scolaire de près ou de loin, le tout étant d’essayer de le mettre en avant le moins possible. C’est le fonctionnement global qui peut varier…), cependant . On ne va pas dire “je veux permettre la liberté chez les enfants donc maintenant sur le Monopoly ils peuvent sortir de prison quand ils veulent.” C’est pas les règles des jeux que je critiquais mais les fonctionnements des accueils et les méthodes de certains directeurs et animateurs à propos de cela.
Le médium du personnage, du masque, autorise la personne a exprimé des éléments qu’elle ne s’autoriserait pas à extérioriser autrement. Après tout, pense-t-elle, elle est “couverte”, “c’est un jeu”. Eh bien non.
Justement c’est le rôle du Maître du Jeu de ne pas permettre cette dérive là. Je pense qu’au sein du jeu et de l’imaginaire il faut garder un même schéma d’intimité et de préserver au maximum les mêmes interdits qu’au réel (ne pas permettre au sein du jeu le droit de vie, de mort ou de torture ou autres tendances morbides…). Il faut également faire des retours au réel très régulièrement pour que les jeunes ne s’abandonnent pas totalement dans l’imaginaire. Il faut que le Maître du Jeu soit le harnais de sécurité qui retient en permanence au réel.
Mais à savoir que, proportionnellement, la pratique du jeu de rôle de loisirs envoie chaque année plus de monde en psychiatrie que n’importe quelle autre pratique (je n’ai pas les chiffres en tête).
Je l’ignorais, et quel type de profils de personnes penses-tu être plus enclins à développer des troubles psychiatriques après du jeu de rôle ? Quels en seraient les symptômes ?
Je pense que si on ne cherche pas à faire passer l’imaginaire au dessus du réel les risques restent limités. L’imaginaire est bien présent mais le réel existe toujours. A ce moment là on reste dans un même fonctionnement que sur une partie d’un jeu de société lambda.
Qu’en penses-tu ?
Sans vraie transition, c’est comme la relaxation en guise de retour au calme. Sais-tu qu’elle est interdite réglementairement ? … Des jeunes sont entrés en hypnose sur les simples propos d’un animateur qui passait une musique zen, et il a fallu faire appelle à un psychiatre pour les en sortir.
J’en ai entendu parler oui.
L’intérêt de ce types de jeux c’est l’influence que peut avoir chaque joueur sur le jeu et le poids des choix de chaque joueurs sur l’évolution du jeu.
Oui mais quel intérêt pédagogique ? i.e. en terme de transmission éducative ? (C’est bien ça, la pédagogie, ou bien ? de péda- l’enfant, et de -gogue le chemin ; en Grèce, le pédagogue conduit les jeunes à l’école ; aujourd’hui, le pédagogue accompagne les jeunes vers un objectif pédagogique, donc de transmission.) Pour moi, dire que l’enfant “a un poids sur le cours des choses” me semble vrai, mais pas pédagogique. On lui offre une possibilité, on ne lui transmet rien.
La créativité et l’imaginaire ont une place très intéressante car les participants ont besoin d’imaginer des trucs parfois très ingénieux et des stratégies de groupe pour s’en sortir.
OK. La créativité est une faculté humaine, l’imaginaire un phénomène permettant la créativité, et le jeu de rôle de loisirs les nécessitent. Par contre, si tu parles de stratégie, comme veux-tu que des enfants de 8-9 ans en mette une place ? Si l’esprit d’équipe apparaît vers 9 ans chez les jeunes, la réflexion abstraite n’advient qu’avec le développement psychobiologique des 10 ans, or une stratégie nécessite des facultés d’abstraction.
Le risque que j’ai pu voir c’est que pour réussir à rester dans une cohérence de jeu et que la partie reste possible à mener, le meneur du jeu est parfois obligé de manipuler les événements pour relancer un fil d’histoire cohérent.
8-° … Alors là ça m’étonne de ta part, Hanu, de t’entendre dire qu’il faut “manipuler” les événements, sans que cela ne te gêne, alors que par ailleurs tu avances un déconditionnement quasi-drastique de l’enfant.
Et puis, le risque d’incohérence, la possibilité que la partie ne soit “plus possible à mener” (ce sont tes mots) est quand même un foutu risque, même si les jeunes peuvent comprendre. En fait, dans ces moments-là, tu sors de l’imaginaire, tu en imposes. Enfin, je trouve que c’est plutôt sain de cadrer, là, mais tu sembles faire de drôles de concessions, par rapport à ton discours d’une autre discussion. Alors, tu t’imagines peut-être que “le poids des jeunes” dans l’affaire, compense bien ce risque de dérive et de recadrage… mais il y a vice de forme !
Les enfants avaient bien compris que pour que le jeu puisse rester intéressant le meneur du jeu devait prendre certaines décisions, ils l’acceptaient sans problèmes.
Eh bien tu vois, pour faire référence à l’autre discussion, c’est exactement ce qui se passe sur mes séjours où, d’après toi, la liberté manque… !!!
Au final j’étais plutôt très satisfait car j’avais rarement vu un groupe être aussi longtemps pris dans un imaginaire.
Forcément, le jeu de rôle implique corps et âme, il y a perte du sens des réalités pendant un moment, au profit d’un “sens de l’imaginaire” si je puis dire. Il y a projection de soi “ailleurs”, qui autorise tout et n’importe quoi.
Alors voilà… nous parlons donc ici du jeu de rôle de loisirs. Il a émergé dans les années 70. Et n’allons pas dire que le jeu du gendarme et du voleur est un jeu de rôle, car ça n’a rien à voir en terme d’organisation. C’est incomparable. De même, la démarche du théâtre d’improvisation est orientée vers un public, et n’a rien à voir en terme d’organisation. Vraiment, le jeu de rôle de loisirs est quelque chose de spécifique.
Mais le jeu de rôle, d’origine, est un outil psychosociologique ; l’outil du psychiatre, qui veut évaluer l’état des relations dans un groupe. Et celui-là, on l’emploie depuis les années 30. Velléités de pouvoir, pulsions, intentions… tout cela émerge facilement sous l’œil du professionnel, car il y a un double-niveau.
1° le niveau du réel, où des personnes du groupe interagissent par le médium de personnages ;
2° le niveau imaginaire, où les personnes du groupe s’investissent dans leur personnages, et semble créer des interactions ayant une forme de réalité (dans leur imaginaire)
Le médium du personnage, du masque, autorise la personne a exprimé des éléments qu’elle ne s’autoriserait pas à extérioriser autrement. Après tout, pense-t-elle, elle est “couverte”, “c’est un jeu”. Eh bien non.
Le professionnel dégage de cela, en 20 minutes seulement, des tendances réelles et de fond, par rapport au groupe. Il faut savoir que ces phénomènes sont tout aussi présent en son absence, dans le cadre du loisir.
La différence, c’est qu’en sa présence, il y a 20 minutes de préparation, 20 minutes de jeu, et 20 minutes de bilan. Si on dépasse d’un côté ou de l’autre, on annule. En son absence, tout cela peut traîner, et durer des heures et des heures. Or, pendant des heures et des heures, les participants interagissent parfois au plan réel, parfois au plan imaginaire, mais au plan imaginaire le réel est toujours impliqué de façon sous-jacente. Si bien que, malgré eux, et inconsciemment, ils échangent des informations qui n’auraient pas émergée sans rôle. Alors, ce ne sont évidemment pas des informations formelles, mais ce sont des informations sur la qualité de la relation, sur les fantasmes de l’autre, etc. qui font que l’intimité de chacun est dévoilée sous une forme a priori innocente, et loin de la révéler apparemment ! puisqu’on joue un rôle. Là-dedans, il y a donc le meneur de jeu, qui lui-même à travers son scénario, conditionne les interactions autour de la table.
Au final, la personnalité de chacun, même si “tout le monde est content”, en ressort émue et fragilisée à un endroit ou l’autre.
La majorité des personnes qui jouent ne s’en rendent pas compte, et la majorité d’entre elle ne développera pas de trouble psychique visible, bien que leur psycho- et socioaffectivité soit touchée. Mais à savoir que, proportionnellement, la pratique du jeu de rôle de loisirs envoie chaque année plus de monde en psychiatrie que n’importe quelle autre pratique (je n’ai pas les chiffres en tête).
Avec le jeu de rôle de loisirs, le risque est psychique, et il est mastoc. Quoiqu’on fasse ou veuille, il y aura “des lésions”. Et on se risque à perturber sévèrement quelqu’un. Surtout un mineur, en cours de développement psychique, ce que nous ne pouvons pas nous permettre. A savoir que certains envoyés en psychiatrie suite à la pratique du jeu de rôle, jouaient pour la première fois.
Sans vraie transition, c’est comme la relaxation en guise de retour au calme. Sais-tu qu’elle est interdite réglementairement ? … Des jeunes sont entrés en hypnose sur les simples propos d’un animateur qui passait une musique zen, et il a fallu faire appelle à un psychiatre pour les en sortir.
Cela ne témoigne que d’une chose : de l’influençabilité du psychisme jeune.
Autre témoignage sans vraie transition toujours, de cette influençabilité, matérielle cette fois : le psychisme, on est d’accord, en plus des pensées et de l’imagination subjectives, c’est le système nerveux, un réseau électrique. Eh bien, les jeunes sont électrosensibles à 60%, contre moins de 5% pour les adultes (d’où, aussi, le néfaste qu’il y a à leur donner des téléphones portables avant… 20 ans…).
Bref, le jeu de rôle est dangereux.
Je suis curieux de connaître ton point de vue Sizif ! 😉
J’ai eu l’occasion de le faire une fois avec plusieurs collègues. C’était sur un mini-camps de 3 jours pour une douzaine d’enfants de 8-12 ans. Nous avions sensibilisé les enfants quelques jours avant pour que ceux étant intéressés puissent s’inscrire au mini-camps (l’accueil de loisirs était ouvert comme à l’habitude à côté du mini-camps). J’avais préparé des règles du jeu qui privilégient l’histoire et qui proposent un fonctionnement du jeu accessible et efficace.
Nous étions parti sur un imaginaire heroic-fantasy assez classique et surtout très très ouvert pour qu’il puisse s’y passer tout et n’importe quoi. Il y avait un des animateurs qui incarnait un méchant mage noir, une autre collègue et moi même incarnions des personnages plutôt neutres/bons (et incarnions des personnages uniquement pour l’histoire, nous n’étions pas dans le fonctionnement du jeu vu que nous étions les maîtres du jeu… J’avais pensé alterner jdr uniquement sur papier et grandeur nature… Ça a plutôt bien fonctionné parce que ca permet de varier et de relancer la motivation. A côté du jeu on a proposé une soirée avec des histoires et chansons elfiques et des temps sans animation particulière qui se sont imposés naturellement à la demande des enfants et à la contrainte que le camping nous imposait de ne pas faire “d’agitation” à certaines heures.
L’intérêt de ce types de jeux c’est l’influence que peut avoir chaque joueur sur le jeu et le poids des choix de chaque joueurs sur l’évolution du jeu. La créativité et l’imaginaire ont une place très intéressante car les participants ont besoin d’imaginer des trucs parfois très ingénieux et des stratégies de groupe pour s’en sortir.
Le risque que j’ai pu voir c’est que pour réussir à rester dans une cohérence de jeu et que la partie reste possible à mener, le meneur du jeu est parfois obligé de manipuler les événements pour relancer un fil d’histoire cohérent. Les enfants avaient bien compris que pour que le jeu puisse rester intéressant le meneur du jeu devait prendre certaines décisions, ils l’acceptaient sans problèmes.
Au final j’étais plutôt très satisfait car j’avais rarement vu un groupe être aussi longtemps pris dans un imaginaire.
Le jeu de rôle de loisirs, ce sont les grandeurs nature (GN) et les tables (jeu de rôle narratif). Nous ne parlerons pas des jeux vidéos de rôle. Éventuellement des wargames, s’ils impliquent fortement le joueur en terme d’identification et de scénario. (Pas des jeux de plateau, donc.)
Nous parlons bien d’une pratique d’immersion, pour ainsi dire corps et âme, dans un personnage, ou bien dans la gestion de l’aventure (meneur de jeu qui fait vivre un scénario). Une simulation très poussée et très libre, bien qu’elle soit conditionnée par quelques règles de résolutions d’action. Dans des univers de tout acabit, médiévaux, fantastiques, futuristes, d’espionnage, occultes-contemporains, etc. dont le plus connu est Donjons & Dragons.
Les pratiquez-vous en ACM ? Pourquoi ? Quel intérêt pédagogique à vos yeux ? Avec quelles tranches d’âge ? Concevez-vous un risque là autour ? Si oui, lequel ?
Mon point de vue viendra, et il est assez clair.