lalelune a écrit :
et michmuch me fait fonctionner les neuronnes avec : Cela ne veut pas dire que ce que tu fais n’est pas bien ou autre, je lis simplement des contradictions… J’y lis aussi qu’il n’y a pas de jeux libres organisés par les enfants ou spontanés… J’y vois une adaptation du modèle de la maison de Courcelles (au demeurant fort intéressant mais discutable) à un alsh ou à un temps péri-scolaire. Pour moi, le jeu libre, c’est différent de ce que tu décris… Le jeu libre c’est déplacé le fonctionnement, c’est l’adulte qui cherche à travailler (animer) avec l’enfant et non l’adulte qui travailler (animer) pour l’enfant…
c’est quoi vraiment alors le jeu libre ??? ‘a pas compris.
Le gamin qui est en train de laver le chat en peluche dans le four de la dinette ne joue pas librement ??
Puisque tout le monde réclame des explications, je vais en donner quelques unes…
Il existe trois formes de “travail” lorsque l’on travaille avec les personnes : le travail pour…, le travail avec…, et le travail sur… (Catherine Sellenet, pro en science de l’éduc détail très bien ses trois “travail” dans ses recherches sur le travail social et les familles)… Je reprends ses travaux pour les transposer dans l’animation…
Le travail pour : c’est globalement faire à leur place. La préposition « pour » dans son sens premier signifie l’équivalence ou la substitution (exemple employer un mot pour un autre). Travailler pour les enfants, c’est les remplacer et notamment dans leur envie d’agir et dans la manière dont les adultes pensent pour eux. Cela place d’office l’adulte en position de sachant, d’autorité : “je sais ce qui est bon pour toi” dira l’animateur…
Le travail sur : Les enfants sont prises en charge, on suppose “qu’ils ont des demandes et des besoins” et on inscrit l’enfant dans un fonctionnement qu’il ne maîtrise pas. Dans la prise en charge il va s’agir de « travailler sur » des besoins (non exprimés) auxquels il faut impérativement répondre et sur des problématiques qui sont censées poser problèmes, non seulement à la société mais aux intéressés eux-mêmes. La préposition sur marque à la fois « la position supérieure avec ou sans contact » mais aussi le point d’application ou de destination. Il s’agit, non de faire à leur place, mais de faire en sorte que les enfants se rapprochent du modèle proposé. Cela relève d’un travail sur l’acculturation appuyé par le pouvoir de l’adulte.
Le travail avec : c’est globalement construire avec les personnes concernés. La préposition avec marque un rapport de relations, un accompagnement, une association. Travailler avec les enfants, c’est qu’on va chercher avec eux des voies possibles, mais que les voies trouvées seront les leurs, pas forcément celles des professionnels. c’est à dire qu’il faut renoncer à vouloir trop vite le bien d’autrui. Travailler avec, c’est rendre les enfants libres de leur parole, les considérer comme des personnes à part entière en capacité de faire, d’être individualiser, etc… Le travail n’est pas centré sur l’adulte mais bien sur l’enfant, sur sa liberté d’action et de propos. Il faut croire en lui, croire en sa parole et en sa capacité à faire ce qui lui semble “bon pour lui”.
De ces trois formes de travail avec les personnes, si on le met en lien avec le jeu et notamment en lieu avec ce que dit shaa (il n’y a jeu que libre), il est impossible de penser le jeu libre si l’adulte pense pour, installe pour, construit pour, donc impossible pour l’animateur de travailler pour… et encore moins de travailler sur… Shaa a tout dit lorsqu’il conclut : “Sans (pouvoir de) décision, le jeu n’est rien”…
Hors nos ACCEM sont tous construits dans une logique éducative inscrite depuis bien longtemps dans un travail pour l’enfant où le pouvoir de décision n’appartient qu’aux adultes… Je n’irais pas jusqu’à dire que dans les colos, on se rapproche de la prise en charge, mais je pense réellement que bon nombre d’organisateur ont cette tendance lorsque je lis leur projet et autre méthode de travail…
Penser “jeu libre”, c’est renoncer au pouvoir et à l’autorité de l’animateur, c’est construire avec, se décentrer de soi-même animateur et entendre/comprendre l’enfant. En fait, si je pense “jeu libre”, j’arrête de vouloir pour l’autre…
Otan pour moi, Situla !!!
Effectivement, sur ce point, Solleana, on est pas d’accord : pour moi, un adulte ne pourra jamais entré dans le jeu des enfants, il n’en fera jamais parti, autrement qu’en étant une présence et une donnée pour le jeu des enfants. Ni lui y entrer, ni les enfants l’accepter réellement comme un joueur. Comme il n’est qu’une présence dans la cour qui va permettre la sérénité minimum nécessaire à l’entre-enfants. Il peut même être le centre du jeu, les enfants pourront adapter leur jeu autour de sa présence, mais il restera extérieur lui. Une donnée pour les enfants. a la rigueur, un jouet.
Plus j’avance dans ma réflexion sur ce métier, plus je m’éloigne des enfants : plus j’ai la conviction que mon rôle est de permettre l’entre-enfants, de défendre cet entre enfants des différentes agressions possibles : aujourd’hui, alors que chacune des propositions d’animations que je peux faire va “ameuter” un maximum d’enfants, ce n’est ensuite que pour mieux apporter cette idée que durant ces temps qui leur appartiennent, les enfants n’ont pas besoin des adultes. Faire naître cette idée, si elle n’était pas déjà en germe, que c’est en se tournant vers leurs pairs que ces temps seront les plus riches sur ces accueils. Non pas par des mots, mais par des situations : je le vois in situ, à ma petite échelle : quelque soit l’attachement que peuvent avoir pour moi les enfants, petit à petit, les enfants viennent avec moi pour être ensemble entre enfants : c’est quelque chose qui se met en place sans que ne soit nécessaire d’explications : certains enfants prendront cette occasion et s’éloigneront durant ce temps, aussi court soit-il. Prendront goût à cette situation. A un point que cela devient règle alors, et qui devient difficile pour mes collègues d’institutionnaliser ce qui alors ne posait pas problème. Quand d’autres resteront autour de moi, parce que eux ont envie de ce rapport à l’adulte. Ou qu’ils auront envie encore et encore de construire des bidules, jouer au jeu que je propose… dans ce cas-là, je suis disponible…
Mais tant qu’ils seront avec moi, ce “temps libre”, cet “entre-enfants”, ces “jeux libres” ne pourront exister.
Ceux-là joueront avec moi, avec l’adulte que je suis, comme on jouerait avec un papa… mais je ne ferai jamais réellement partie de leur jeu : je serais un adulte présent dont on tient compte pour inventer un jeu, comme on tiendrait compte d’une cage à écureils.
Cette socialisation primordiale, ici, elle a surtout son importance dans les rapports entre enfants : pas avec l’adulte. Dans ces temps qui appartiennent aux enfants, les enfants peuvent avoir envie d’être auprès des adultes, pour mille raisons, mille absences, mais plus le temps passe, plus mon but est d’amener tous ces enfants à se tourner vers leurs pairs.
Toute la raison d’être de mes interventions tourne autour cette idée, que ce soit en claé ou en village vacances. Cette confrontation directe à la classe dans un cas, à la famille dans l’autre.
Juste en rendant possible la situation : à chaque enfant de ressentir ce qu’il veut ou pas faire de cette situation. Et de ce que j’en vis, les enfants qui se confronte à cette situation goutent pleinement ces espaces qui n’appartiennent qu’à eux.
je ne suis pas éducateur, je n’ai rien à apprendre à ces enfants, je n’ai à proposer que ce que je suis, ma façon d’être avec les autres : voilà ce qu’est être animateur. rien de plus.
Plus le cadre est libre au départ (camping) plus l’enfant saisira cette perche pour amener plus loin cette idée : ma réussite sur un camping, c’est quand je croise une équipe d’enfants qui entre eux sont en train de se construire une cabane, à vivre leurs aventures, (après s’être rencontrés sur un des ateliers familiaux) organisent un repas ensemble, se retrouvent les soirées… Voilà ce qui fera leur souvenirs bein des années plus tard.
Si on se croise, certains me sauteront dans les bras, mais cela durera le temps où l’on se croise.
et je partirais accueillir les nouveaux arrivants sur un de mes ateliers “vachement attirants” , tout en préparant déjà à ce stade, les prochaines tribus.
Plus je suis en capacité de comprendre, d’avoir l’intuition de ce que ces enfants peuvent attendre, plus je les aide à se tourner vers leurs pairs.
Shaaa a écrit :
ma perplexité liée aux espaces permanents. Je comprends que l’intention est de donner libre accès aux différents jeux, pour que l’enfant aille librement vers ce qui lui plait sans avoir à demander aux adultes, mais comment sont-ils gérés par les anims, correspondent-ils toujours à un souci de liberté pour les enfants ou à un certain confort pour l’adulte ?
Pour répondre à ces questions, il faut sortir des ACM. La ludothèque et le métier de ludothécaire est en cela très particulier. Comme elles n’ont pas la même histoire, il est plus aisé pour elles de pouvoir observer, aménager, donner à jouer et laisser jouer qu’aux animateurs d’ACM.
Et je doute que ceux qui y travaillent soient dans un “confort”. C’est plaisant de jouer mais ça demande un sacré boulot préparatoire. 😀
j’ai travaillé dans une ludothèque et je bosse dans une bibliothèque et j’en connais le fonctionnement et évidemment ça marchait pas comme ce que je décris ensuite, dans un AL.
si je parle de confort, c’est que j’ai pu observer cette attitude sur des ACM et le désir que les enfants ne mélangent pas tout, la cuisine(faire semblant) se fait sur le coin cuisine etc…
on dit “dinette” situla :jesors:
(sinon solleana tu as illuminé ma fin de soirée en me restituant une part d’enfance, grand merci 😀 (et non michmuch je ne t’oublies pas, mais là le stress y’en a, donc ça risque de me prendre quelques jours tout ça hein))
à moilapa
oui mais…
je vois pas trop le rapport avec ce que j’ai dit
ou alors
quant je parle d’espace cuisine, ce sont bien sur les trucs en plastic pour faire semblant de jouer à papa ou maman, je ne parle pas du matos mis en place pour faire de la vraie cuisine
ma perplexité liée aux espaces permanents. Je comprends que l’intention est de donner libre accès aux différents jeux, pour que l’enfant aille librement vers ce qui lui plait sans avoir à demander aux adultes, mais comment sont-ils gérés par les anims, correspondent-ils toujours à un souci de liberté pour les enfants ou à un certain confort pour l’adulte ?
Pour répondre à ces questions, il faut sortir des ACM. La ludothèque et le métier de ludothécaire est en cela très particulier. Comme elles n’ont pas la même histoire, il est plus aisé pour elles de pouvoir observer, aménager, donner à jouer et laisser jouer qu’aux animateurs d’ACM.
Et je doute que ceux qui y travaillent soient dans un “confort”. C’est plaisant de jouer mais ça demande un sacré boulot préparatoire. 😀
Situla : faire de la cusine, est-ce jouer à la cuisine ?
Dans un cas, l’enfant pourra maîtriser entièrement le gateau de sable doux, sera parfaitement comment produire ce sable doux, et en faire ce qu’il veut : jouer et jouer avec les règles : changer de scénario…
Avec une vraie cuisinière, il faut faire attention à… Pour telle recette, la magie ne fonctionne plus : changer de règle (de recette) en cours de route, ça marche plus.
Je ne vois absolument pas là une situation de jeu possible. Parce que trop de contrainte, trop de réalité, pas assez d’impondérables.
L’enfant peut y prendre du plaisir, comme il peut prendre du plaisir dans le “jeu éducatif” mis en place par la maîtresse, mais on est dans autre chose que le jeu.
L’enfant a conscience du poids de la réalité : cette casserole en vraie, ces oeufs pas faciles à casser…
Ah quelle belle idée reçue…. Je dirais plutôt qu’il est plus facile de rendre “vendeur” une activité organisée qu’une activité libre.
Mais si on prend la peine d’expliquer aux parents ce que sont des “temps libres” (sans forcément les réduire à du jeu libre), ils comprennent très bien.
Il ne semble pas que cela soit une idée reçue… Ce qui fait “vendre” un séjour ce sont bien les prestations, c’est pas la playing que ce soit chez l’UCPA ou à Wakanga…
De façon plus profonde, et là je plagierai Shaa, le temps livre c’est une vaste connerie qui implique que le reste du temps ne l’est pas… Par ailleurs, qu’il puisse exister du jeu libre ou du temps libre sur un séjour ne veut rien dire, ce qui a un sens c’est la philosophie globale du séjour, la place qui est accordée à ce temps. De même qu’il peut toujours y avoir de l’entre enfants au détour de quelque chose cela me semble totalement différent si le séjour est basé dessus, autrement dit s’il le valorise, en fait un élément central ou si ce n’est que de l’accessoire et du détourné…
En animation, la différence entre le play et le game, elle est souvent dans : présence de l’anim ou pas ?
Dans la volonté de l’adulte a vouloir maîtriser, à “rester l’adulte”, malgré ce qu’il peut prétendre. Il n’est pas un joueur et les enfants ne sont pas dupes.
Il ne peut y avoir play avec l’animateur, parce que l’animateur ne peut accepter de se débarasser de “prérogatives”. Parce que dans un cas il ma^trise à peu près tout, dans l’autre il ne maîtrise asolument rien.
Cela me semble juste impossible.
Je ne sais pas si la différence doit se situer au niveau de présence de l’adulte ou pas. Il y a quelque chose qui me dérange là dedans c’est, du coup, la rupture que l’on fait entre le monde des adultes et le monde des enfants. A mon sens et sans mièvrerie, il est possible qu’il reste, après le taf quotidien, la lecture de l’Equipe, l’entretien du réseau Facebookien, la vaisselle et le match de foot, un peu d’enfance en chaque adulte. Il y avait quelques bonnes réflexions chez Lapassade là dessus notamment dans son bouquin l’entrée dans la vie où il tente de montrer que l’adulte n’est jamais fini, n’est jamais accompli si ce n’est le jour où il meurt et son accomplissement est le moment de sa disparition, sacrée contradiction au passage… Bref, je pense qu’il y a dans l’adulte, une trace de l’enfance qui nous rend peut être d’ailleurs parfois si haineux et si fasciné par l’enfant pour ce qu’il nous renvoie… la promesse des jours meilleurs et la pseudo finitude qui nous accule. Aussi je pense qu’il y a chez l’adulte toujours une part d’inachevé qui est évidemment présente chez les mômes et qui implique donc qu’il est possible de jouer aussi avec les mômes, d’être dans le playing avec les mômes. Je me souviens y’a pas si longtemps d’un temps de playing avec ma gosse et une amie où l’on devait se mettre sous des parapluies et imaginer être à la mer… je crois que cela est toujours possible de jouer à ça avec les mômes… je crois que cela peut rejoindre des choses que tu as dit dans plusieurs de tes expériences vécues Moilapa non?
Lorsque l’on est dans de tels moments, il ne s’agit pas de comprendre, d’expliquer, de dominer mais de jouer et in fine de vivre…
Il y avait une citation pas dégueu de Fromm d’ailleurs dans le bouquin de Lapassade, elle disait: “la vie entière de l’individu n’est rien d’autre que le processus de donner naissance à soi-même”… je crois que c’est tout à fait vrai et c’est ce qui interdit la rupture totale avec l’enfance…
Pour ma part je reste pessimiste parce que l’on ne peut se satisfaire de l’idée que même à Auschwitz, Treblinka et autres les mômes pouvaient encore jouer… Combien de temps auraient ils pu encore jouer ainsi? Jouer entre les barbelés, est-ce encore jouer? Et la philosophie politique du nazisme en tant qu’elle est une anti-philosophie de la vie n’est pas compatible avec le jeu… On ne doit pas se contenter des restes, des marges… le jeu n’est rien qu’il soit tout!
Mais oui, je regrette la montée progressive d’activités contrôlées et dirigées…
Ne s’agit-il que de cela? Quid du jeu vidéo? Quid de la télé? Qui des conditions sociales et politiques qui participent à bloquer le développement psychique des mômes…
Je ne fais pas la même distinction entre “game” et “play”. En référence aux travaux de J. Henriot, le “game” renvoie aux ‘jeux’ : les structures ludiques qui légifèrent l’activité ludique et le “play” renvoie au ‘jouer’ qui est l’attitude ludique du joueur jouant.
Le jeu est la création-construction d’un joueur qui s’appuie sur une structure, parfois du matériel (des jouets) et l’entrée dans une attitude particulière. C’est en ça que c’est une activité de second degré avec un pouvoir de décision.
C’est pour ça qu’il peut exister des jeux (games) comme les jeux traditionnels, les jeux de société (et autres) qui constituent notre patrimoine (et culture) ludique dans lequel on puise quand on joue. Pourtant, il y a des jeux dans lesquels nous n’arrivons pas à rentrer, à s’engager et encore moins à jouer.
On peut (faire) faire des jeux sans jouer comme jouer sans jeux ! 😀
À ce propos, les animateurs sont très forts à ce petit jeu là et cherchent par beaucoup de moyens à “sensibiliser”, créer des “fabulations” pour faciliter l’entrée… l’engagement (ou la manipulation ?).
Pour jouer, il faut (pouvoir) décider. (S’)autoriser… À ce jeu là, les animateurs sont beaucoup moins forts. Car il s’agit de perdre la maîtrise de et le pouvoir sur la situation.
Le jeu des enfants ne peut pas nous appartenir, nous ne pouvons que le favoriser par le fonctionnement mis en œuvre, les aménagements mis à disposition et la posture des animateurs. Toute situation peut se “métaphorer” en jeu comme tout objet peut se transformer en jouet. Encore faut-il en avoir le pouvoir.
On pourrait croire que c’est de la liberté… Je parlerai plutôt de pouvoir. 😀 On n’est jamais libre mais le jeu permet de se donner (plus ou moins) artificiellement un pouvoir sur la situation vécue et de la vivre autrement.
Même si le “game” pré-existe au joueur, le “play” peut se développer… Mais il est d’autant plus facile de le faire si nous pouvons décider du “game”. :titille:
Donc… hmmm…. Par exemple…
Les enfants veulent partir à a recherche de toutenkarton. Je propose donc plus tard, un grand jeu où on rentre dans des labyrinthes, où il y a des énigmes…etc
Ici, l’enfant ne maitrise pas tout, car il ne connait pas la solution directement. Ce n’est pas un jeu ??? on est pas en train de jouer ??
Je n’en sais rien ! 😀
Tu as créé un ‘game’ (comment, sur quelles références ?) et tu laisses (plus ou moins ?) la possibilité aux enfants d’y entrer, de s’arrêter, de continuer, de faire autre chose, de ne pas respecter les règles initiales (?). Il se peut, par contre, que tous les enfants n’aient pas joué au même jeu, que certains n’aient même pas joué et que d’autres ont fait le jeu (game) tel que tu l’avais pensé et jouait (play). Le seul indice qu’on pourrait avoir, c’est de leur demander ce qu’ils ont fait…
À mon sens, la télé n’est qu’un loisir et n’a pas grand chose à voir avec le jeu et l’attitude qu’il suppose pas plus qu’avec la culture ludique. Tout comme le sport, d’ailleurs. Le jeu-vidéo est dans un entre-deux pas évident… selon les jeux et les joueurs. Enfin, de nombreuses activités proposées par les animateurs n’ont que l’apparence du jeu, un aspect ou coloration ludique, pas plus.
“Sans (pouvoir de) décision, le jeu n’est rien”. 😀
ludou a écrit :
Ma réponse à Solleana commence sans doute à sortir du sujet, si nécessaire, il faudra la placer ailleurs…
ce serait bien oui, la navigation entre les 4 pages de ce fil devient lourde tant il part dans différents questionnements tous aussi intéressants les uns que les autres
de plus la sexualité enfantine a été abordée (effleurée) dans d’autres fils depuis 6 mois sans être vraiment développée, mais je suppose que cela a été fait les années précédentes.
cependant le sujet de la sexualité enfantine étant en lien avec le post de solleana qui compare
la capacité de l’enfant à être seul avec la satisfaction solitaire post-coïtale,s’il l’on sépare ces deux fils, peut-être y perdra-t-on en compréhension.
personnellement, ce fil m’amène également à de nouvelles pistes de réflexion
ma perplexité liée aux espaces permanents. Je comprends que l’intention est de donner libre accès aux différents jeux, pour que l’enfant aille librement vers ce qui lui plait sans avoir à demander aux adultes, mais comment sont-ils gérés par les anims, correspondent-ils toujours à un souci de liberté pour les enfants ou à un certain confort pour l’adulte ?
je m’explique : dans notre Al, nous disposons de matos pour un espace cuisine et un pour un espace bricolage, hérités de l’école et donc un tantinet vétuste et incomplet que nous installons parfois le mercredi et qui ne peut pas rester sur place puisque locaux de la cantine.
2 semaines après l’apparition de ce matériel, on a constaté l’absence d’enfants sur le coin cuisine. Après discrère enquête, nous découvrons un nid de petites filles installées sous une table recouverte d’un drap avec tout le matos qui nous renvoie à nos occupations avec un très sec “on campe”, j’ai d’ailleurs remarqué qu’elles cuisinaient les écrous du coin bricolage et les legos rouges (?) du coin lego
d’où (enfin ) ma question : cette organisation, cette rationalisation de l’espace n’est-elle pas un obstacle au jeu libre si les enfants doivent jouer à la cuisine sur le coin cuisine et etc…
les enfants peuvent-ils mélanger ces fameux coins quand on sait que les kaplas restent rarement entre eux mais sont investis par les voitures, animaux de ferme et dinosaures ou autres?
si vous vous demandez pourquoi des barbies sont disposées au milieu des circuits de voiture, ne posez pas la question, les enfants eux savent pourqoi.
ce souci d’organiser, de ne pas mélanger, cette incompréhension decertains’adultes devant le “désordre” des enfants, cet agacement parfois n’est-il pas un obstacle au jeu libre, car ce désordre est naturel à l’enfant et pour lui ce n’est pas désordre mais son jeu à lui.
au final, notre système (caisses de jouets souvent mélangés en libre accès dans nos placards) me semble finalement quasiment plus propice à ces jeux libres car les enfants choisissent leurs espaces eux-mêmes, d’accord pas toujours pertinent comme choix, les circuits dans les allées ne facilitent pas forcément la circulation
je voulais aborder d’autres points, mais après avoir lu le post de moilapa, le parallèle avec la musique m’amène direct au point suivant : l’inquiétude par rapport à ces ados, puis jeunes adultes puis adultes (ce qu’on est supposé être à 30 ans) qui ne peuvent faire face à ce vide effectivement et qui se précipite sur leur téléphone, jeux vidéo, ordi dès qu’ils se retrouvent seuls, incapables de se satisfaire, de jouir de cette solitude, est-ce que ça signifie trop d’angoisse, trop d’insatisfaction, l’impression d’une maitrise sur leur environnement ? le remplissage par la musique, le contact permanent et immédiat par le téléphone, l’oubli de soi dans les jeux ? ou c’est moi qui suis dépassée ?
est-ce que ça découle en partie de cette privation grandissante de jeu libre, de cet empêchement à l’enfant d’être seul et de se satisfaire de l’être, de cette mainmise de l’adulte sur les loisirs de l’enfant ?
et est-ce que la résistance de l’enfant à cela finalement n’est pas aussi forte que je voulais le croire ?
Je crois que le playing est effectivement malmené par les accueils enfants (accueils en tant qu’institutions) Par l’existence même des accueils enfants. De cette idéologie du remplissage, du gavage : cette idée de rentabiliser le temps. Qui s’oposerait à ces simplistes garderies qui “se contentent” de laisser les enfants vivre leur vie ensemble…
Le “temps libre” des enfants (le jeu libre, si ces deux mots accolés veulent dire quelque chose) est ce terrain vague, sale, dangereux et difficilement contrôlable : les accueils enfants prétendent labourer, planter, et par la même rentabiliser ces espaces-temps, en en profitant pour “éduquer” ces enfants jusque dans leurs derniers îlots de jeux.
sur une idée passéiste de l’enfant, qui serait de la nature, pas encore du côté des humains, de la culture, de la science, de la rélaité de la vie.
Côté anim’, il existe aussi une volonté de remplacer le gaming par le playing : pour des raisons différentes.
Je ferais le parallèle avec la musique : aujourd’hui, on en entend partout : plus seulement dans les supermarchés ou les ascenceurs : dans la voiture, chez les gens chez qui l’on va (on ne peut imaginer une fête sans musique), partout, tout le temps. Jusqu’au casque de zombies dans les transports en commun.
Il s’agit ici de remplir : remplir du vide, et au delà se prémunir de ce vide effrayant, qui serait “une non vie”. Qui est en fait le temps d’introspection si effrayant : celui où l’on se regarde dans un miroir, le temps où l’on fait face à ce que l’on est.
alors plutôt du bruit en fond, pour ne pas avoir à penser. Comme l’est la télévision, ce réflexe que l’on peut avoir en arrivant chez soi, où l’on remplirait l’espca de bruit, comme on éclairerait la salle en allumant la lumière.
J’y vois la même chose avec les animateurs : ils ne peuvent accepter cette situation qui leur semble vide : celle où les enfants se retrouvent entre eux… sans que rien ne soit organiser !!! Un temps où potentiellement ces enfants pourraient retrouver ce temps “de miroir”.
comment les adultes pourraient-ils accepter pour les enfants ce qu’ils ne pourraient accepter pour eux ?
comment moi “animateur (celui qui anime, met en vie), je vais accepter qu’il “ne se passe rien”, que je ne propose rien ! A quoi je sers alors !
Alors on remplit. On remplit, même si ce remplissage est d’un niveau de bêtise à peine imaginable (il n’y a qu’à voir les demandes incessées des help-me sur le forum) et que l’on en a parfaitement conscience : oui, vous avez raison : ce que mob directeur demande est complètement con, mais il le demande… Et plus on remplit, moins l’on se pose de question. comme ici : celle du sens de ses actions : en se soustrayant à ce qui serait pourtant logique : demander des comptes à cette direction, des explications. il est tellement plus facile d’obéir que de penser…
Sur le forum, à ceux qui viennent ici chercher ce gavage, de l’aide pour se remplissage, poser une seule question devient une agression : parce que justement c’est ce que l’on veut éviter : Si l’on commence à se poser des questions sur ce que l’on fait, et pourquoi on le fait, on se rend vite compte que tout cela ne tient pas la route, que tout ce à quoi l’on croit n’est que du vent, de la fumisterie.
Ce temps que l’on passe en réunion à chercher à remplir le planning d’activité, à préparer le grand jeu de la semaine, on ne le passera pas à s’interroger sur ce que sont ces enfants, ce qu’ils pourraient attendre de ces temps, ce que l’on pourrait alors mettre en place… et au delà ce que l’on est…
”Le jeu n’entre pas dans la composition d’un emploi du temps : il s’y oppose.”
alain guy
le jeu (playing) peut-il être planifié ?
Je ne le crois pas : parce que le plkaying ne se décrète pas, ne se prépare pas : il nait d’une situation, d’une confrontation, d’une attente, de la volonté des joueurs; à tel moment. Et pas un autre.
d’accord sur cette idée que si un des joueurs ne maîtrise pas un minimum le jeu auquel il participe, ce n’est pas un jeu.
Au minimum, un joueur doit pouvoir en sortir quand il veut.
Ce qui exclue la grande majorité des propositions des animateurs, qu’ils aient appelé cela jeu ou pas.
Propositions qui peuvent ne pas être des jeux pour d’autres “insoustrayables” (j’ai pas le mot, là!) de la définition de ce qu’est un jeu.
En animation, la différence entre le play et le game, elle est souvent dans : présence de l’anim ou pas ?
Dans la volonté de l’adulte a vouloir maîtriser, à “rester l’adulte”, malgré ce qu’il peut prétendre. Il n’est pas un joueur et les enfants ne sont pas dupes.
Il ne peut y avoir play avec l’animateur, parce que l’animateur ne peut accepter de se débarasser de “prérogatives”. Parce que dans un cas il ma^trise à peu près tout, dans l’autre il ne maîtrise asolument rien.
Cela me semble juste impossible.
Les enfants peuvent jouer à ce moment là, en la présence de l’adulte : mais l’adulte ne fera pas partie lui réellement du jeu : les enfants joueront de la présence de l’adulte, mais l’adulte n’aura pas tous les codes nécessaires à être un réel joueur parmi les autres; quelque soit sa volonté.
Ces réels temps de jeux entre enfants, quand on a la chance de pouvoir régulièrement en observer, échappent en grandes partie à la compréhension des adultes. Peuvent échapper aussi à tout enfant extérieur au jeu.
si l’enfant n’a pas besoin de moi, qu’est ce que je deviens ici ? a quoi je sers ?????
pour ma part, je ne suis aucunement pessimiste : quelque soit la volonté et les actions des adultes pour étouffer le playing, les enfants trouveront les ressources pour créer spontanément du jeu : partout où on leur laissera des miettes : parce que si c’est effectivement dans leur nature de ne pas être autonome, c’est aussi dans leur nature profonde de jouer : c’est ainsi qu’ils comprennent le monde, s’y confrontent.
quelque soit tout le mal que l’animation socio-cul puisse faire à l’enfant, les différentes institutions comme l’école, les enfants en reviendront toujours à cette approche du monde : dans la salle d’attente du docteur, dans le dos de la maîtresse, dans les vestiaires du cours de danse… les enfants joueront. même seul. Juste avec leur faculté de divaguation, de rêverie.
Je suis persuadé que dans les pires moments de l’histoire, comme pour ces enfants accompagnés par Korcjack lors des derniers temps, les enfants continuaient à jouer : d’un bout de ficelle, d’un peu de poussière.
Cette capacité des enfants à passer outre des horreurs qui rendraient fous des adultes : ce rapport au monde par le jeu.
Ah quelle belle idée reçue…. Je dirais plutôt qu’il est plus facile de rendre “vendeur” une activité organisée qu’une activité libre.
pas sur du tout que ce soit une idée reçue. de fait, il suffit de jeter un œil aux sites de la plupart des organisateurs, et on voit quoi ?
par exemple, Gerger, concernant ton site, on voit quelques gamins jouer aux pirates, et puis… un vtt, de la voile, de l’escalade.
je dis pas que c’est mal ou que c’est bien. t’as un boulot à faire, ça me parait nickel. c’est juste un état de fait. il y a quelques années, on aurait mis des photos de gamins avec des châteaux de sable, un ballon, une cabane. Et faut quand même vachement argumenter pour faire croire que l’idée de la sortie escalade, elle vient du gamin, qu’elle correspond à ses besoins, ses envies, sa spontanéité… (m’enfin, peut-être bien que le château de sable était pas non plus l’expression de la spontanéité de l’enfant, mais j’y crois quand même un peu plus 😆 )
pour les accueils de loisirs de la ville où je travaille, sont mis en avant les événements organisés à grand renfort de presta et assez rarement le fait que les enfants puissent s’éclater autrement.
pour en revenir à la notion de “jeu libre”, que je préfère qualifier de “jeu spontané” je pense que l’avis des gamins est peut-être un bon baromètre.
en ce qui me concerne, mes gamins me disent le soir : “je me suis amusé avec untel ou untel” et assez rarement “l’animateur a proposé ceci ou cela”.
je pense qu’ils ne sont pas des cas isolés.
Mais si on prend la peine d’expliquer aux parents ce que sont des “temps libres” (sans forcément les réduire à du jeu libre), ils comprennent très bien.
perso, je pense qu’il faut expliquer ça aux dirlos et aux anims !! c’est juste mon avis, et peut-être que je me goure, une fois de plus :pint:
Ma réponse à Solleana commence sans doute à sortir du sujet, si nécessaire, il faudra la placer ailleurs…
1er article : “de la difficulté de se représenter l’enfant sexué”
-> la société “s’efforce d’escamoter l’image de l’enfant freudien sexué, “pervers polymorphe”
c’est une réaction saine de la société, non pas de refuser d’imaginer que l’enfant puisse avoir une vie sexuelle, mais bien de considérer l’enfant comme un “pervers polymorphe”, un “détraqué en puissance”. La perversion (sexuelle ou autre) est potentiellement en chaque être humain, mais c’est seulement une voie d’évolution possible. Et contrairement à ce que beaucoup disent, la cruauté ou le vol ne trouvent pas nécessairement leurs racines dans la pulsion sexuelle. (Je pense notamment à Neil qui affirme cela avec bien peu d’arguments…).
-> il y a également méprise dans l’article sur la notion de pudeur. Certains affirment que la pudeur a un fondement culturel. Je n’en suis pas convaincu, bien que cela influe sans doute. L’auteur de l’article parle lui d’un non-respect de la pudeur des jeunes enfants dans le cadre institutionnel notamment (faire ses besoins en public à la crèche ou en maternelle ne semble pas avoir le même sens qu’à la Cour des rois de france!) et je m’en réjouis. Cependant, il n’aborde encore une fois la question de la pudeur que sous son sens sexuel (toujours cette fixette freudienne que certains ont tenté de décrypter, notamment avec des analyses hyper-pertinentes de l’erreur de Freud lorsqu’il conçoit le concept oedipien, en tronquant une partie du mythe, et donc son sens). Mais les deux autres pulsions ne pourraient-elles pas avoir elles aussi leur pudeur ? Sociale ou religieuse, mais également matérialiste ? Je suis certain que chacun trouvera des exemples de cela dans son entourage…
Là où l’auteur n’a sans doute pas tort, c’est lorsqu’il explique non pas la pudeur, mais la pudibonderie (un excès de pudeur, une sorte d’auto-censure, le pêché) qui fait loi dans le monde de la petite enfance. Le constat est intéressant, mais l’analyse des motifs est beaucoup moins convainquante.
Analysons tout de même ce passage :
J’émets l’hypothèse que l’exhibition et l’exposition de la nudité des jeunes enfants en structures collectives constituent un contre-investissement. Selon C. Le Guen, contre-investir c’est « quand ça menace, prendre l’envers le plus proche.» La sexualité est refoulée dans l’inconscient car la penser s’avère trop conflictuelle. Ainsi, il est possible que l’exposition de la nudité des enfants constitue un contre-investissement qui « s’organise en formation réactionnelle.
il tire cette conclusion du fait qu’il a eu du mal, en tant que directeur de crèche, à changer l’habitude de faire baigner et jouer les enfants tous nus dans le jardin lorsqu’il fait chaud… L’hypothèse pourrait tenir, mais quelle serait son analyse d’un fonctionnement inverse : les enfants ne se trouvent jamais dénudés en public à un quelconque moment. Ne nous tiendrait-on pas à nouveau le discours du refoulement de la sexualité en la cachant ? C’est pourtant bien ce qui s’est passé lors de la “révolution sexuelle” du siècle dernier, non ?
Autre citation :
Si l’enfant est pris dans la sexualité, la relation éducative instaurée avec lui par l’adulte n’est peut-être pas aussi innocente que les professionnelles veulent bien s’en convaincre. Derrière l’amour attendrissant, inconditionnel porté à l’enfant, le corps de l’enfant ne risque-t-il pas d’être érotisé et approprié par l’adulte ? Qu’en est-il du plaisir et du déplaisir dans les soins au corps de l’enfant, tant pour l’enfant que pour l’adulte ?
ces questions sont très pertinentes elles aussi. Mais l’auteur y apporte la réponse suivante :
L’activité sexuelle infantile s’étaye sur l’accomplissement d’une fonction physiologique vitale, orale, anale, etc. Les enfants accueillis dans les crèches sont âgés de dix semaines à trente-six mois, se situant donc essentiellement aux stades oral et anal. L’excitation de la muqueuse anale, zone hautement érogène, lors de l’introduction tant d’un thermomètre que d’un suppositoire n’est pas anodine, même si cette action n’est jamais questionnée au-delà de la prescription d’une technique de soin apprise pendant la formation des auxiliaires de puériculture et des infirmières.
très bien de vouloir questionner les conséquences de ces gestes intrusifs, mais il serait aussi intéressant de questionner la massive théorie des stades (oral, anal, etc…). Pourquoi, parce qu’on risque d’apporter une réponse incomplète à la question de la sexualité “projetée” par les adultes sur l’enfant. Incomplète et donc insatisfaisante.
De même, dans sa conclusion, l’auteur fait le constat que de nombreuses professionnelles de la petite enfance en viennent à nier leur propre sexualité et à chosifier l’enfant. C’est sans doute très juste encore une fois comme constat. Je me demande personnellement si la cause n’est pas justement la théorie sexualisante (et de perversion) que tant de “professionnels” et de gens avertis déclament si haut (ça reste une question en suspend, bien que mon intuition se renforce à mesure de mes lectures).
Pour finir avec ce premier article, la question de la perversion sexuelle envers le corps de l’enfant (l’idée de pédophilie) est, selon moi, bien plus liée au psychisme de l’adulte qu’à la sexualité de l’enfant. Donc là-dessus, le lien que l’auteur fait entre les deux n’est pas lumineux.
Article 2 : Freud, reviens vite, ils sont devenus fous !
il est un peu difficile de démêler ce texte car on utilise à la fois les outils (filtres) sociologiques et psychanalytiques pour analyser une situation. Il y a cependant des remarques et des exemples vraiment intéressants.
Le dernier exemple de l’article montre bien les risques d’une “sur-sexualisation” de l’enfance. On crée dans le psychisme des adultes des réflexes malsains sous-couvert de faire de la prévention. Autrement dit, on réinvente le pêché de chaire de l’église.
On est en plein dans la difficulté de la science et de l’épistémologie : on veut comprendre le psychisme humain à partir des phénomènes extérieurs (les conséquences), or ette méthode n’est pas satisfaisante pour expliquer l’ensemble des comportements humains. Au mieux trouvera-t-on des redondances statistiques. Freud n’a pas fait cette erreur et c’est bien là son génie. Il a compris que le psychisme ne fonctionnait pas sur la base des lois physiques qui régissent la matière (même s’il est passionnant d’étudier les neurosciences par exemple), donc qu’on ne pouvait les étudier avec les mêmes outils, les mêmes unités et les mêmes modèles. D’où l’appel aux mythes, expression symbolique et imagée (façade narrative) du fonctionnement de la psyché.
Allez, le dernier article : “qui a peur de la sexualité des enfants ?”
encore une fois, on trouve dans cet article une sorte de flou, d’absence de distinction entre l’hypothèse d’une sexualité infantile et l’analyse de la réaction de l’adulte face au sexe (au sens large) de l’enfant.
– Il est tout à fait possible d’imaginer que l’enfant à une sexualité relativement similaire à celle des adultes et que les adultes en soient chamboulés (réaction soit de déni soit de censure) -> thèse de l’auteur (et, je présume, de solleana)
– Mais il est aussi possible d’imaginer que l’enfant n’a pas encore de sexualité au sens où l’adulte l’entend (à savoir la pulsion de vie qui se traduit par la nécessité de se reproduire) mais que l’adulte, dans sa propre perversion et incompréhension des phénomènes psychiques éprouve un malaise à son endroit.
– enfin, il serait aussi possible que ce que certains nomment la sexualité enfantine ne soit, dans la petite enfance du moins, qu’une expression de la pulsion matérielle (découverte organique de la matière “corps” et de ses réactivités).
Ces trois hypothèses pourraient, et devraient être étudiées.
Pour conclure, le constat d’une réaction “anormale” (gros guillemets) de l’adulte face à l’intimité de l’enfant ne peut en aucun cas argumenter la thèse d’une sexualité infantile. Dolto a également fait cette erreur il me semble (et d’autres aussi concernant la sexualité, mais il faudrait que je relise, et c’est pas forcément mon envie du moment…).
[remarque : j’utilise parfois du vocabulaire issu de la psychologie des motifs, donc s’il y a un doute sur le sens d’un mot, mieux vaut demander la définition que je lui donne plutôt que de risquer une fausse interprétation…]
En gros, on présente de la prestation, du jeu organisé, qui manifestement accroche plus que de dire : “on va emmener vos gamins en vacances à la plage, et on va voir ce qu’ils vont y faire”.
Ah quelle belle idée reçue…. Je dirais plutôt qu’il est plus facile de rendre “vendeur” une activité organisée qu’une activité libre.
Mais si on prend la peine d’expliquer aux parents ce que sont des “temps libres” (sans forcément les réduire à du jeu libre), ils comprennent très bien.
Mais les jolis photos ne suffisent plus…
Gerger
En quoi c’est plus rentable de proposer un jeu ? j’pige pas là.
pour répondre à ta question, j’ai écrit ça (non pas en parlant du jeu, mais en parlant de l’entre-enfant, du jeu spontané) parce que la plupart des organisateur d’ACM (loisirs ou séjours, peu importe) présente un programme d’activités aux parents et aux enfants. En gros, on présente de la prestation, du jeu organisé, qui manifestement accroche plus que de dire : “on va emmener vos gamins en vacances à la plage, et on va voir ce qu’ils vont y faire”.
j’espère avoir éclairci un peu mon propos.
Bonjour tout le monde. J’arrive avec mes petites questions.
Solleeana, dans l’ensemble je comprends ce que tu veux nous dire/nous faire réflechir. Mais tu dis aussi
Le jeu libre n’est il pas aussi menacé notamment chez les plus petits par le jeu de société qui tient une place plus importante pour les adultes qui y voient là matière à apprentissage, au développement de capacités intellectuelles et de fait à une rentabilité certaine.
et là, je ne suis pas sure de bien comprendre. En quoi les jeux de société empêchent un jeu libre ?
Ma deuxième question :
Quand un adulte propose un jeu (Hugo avait trop envie de pêcher m’a t’il dit. alors j’amène une pèche poisson le lendemain), les enfants ont le choix ou non d’y jouer.
Cela n’est plus un jeu libre ? pourquoi ?
Ce n’est pas exactement comme l’a dit crevette. Ici, l’adulte sait qu’il va proposer quelque chose. Il y a l’intention de proposer ça.
erenault, tu dis
l’entre-enfant, le jeu libre, faut croire que c’est pas rentable,
En quoi c’est plus rentable de proposer un jeu ? j’pige pas là.
Ludou tappote sur son clavier ceci :
l’adulte a le devoir d’apprendre des choses à ses enfants. Surtout dans notre monde actuel, il y a tellement à comprendre, à apprendre pour se protéger. C’est le rôle des parents, des instits, mais celui des anims ?
pour moi, ça ne serait pas le mot “apprendre” mais plus le mot “échanger”. J’suis pas là pour lui apprendre des trucs; mais pour faire des échanges. Leur montrer ma passion, qu’ils me montrent la leur. Et puis qu’on découvre ensemble des choses…
et michmuch me fait fonctionner les neuronnes avec : Cela ne veut pas dire que ce que tu fais n’est pas bien ou autre, je lis simplement des contradictions… J’y lis aussi qu’il n’y a pas de jeux libres organisés par les enfants ou spontanés… J’y vois une adaptation du modèle de la maison de Courcelles (au demeurant fort intéressant mais discutable) à un alsh ou à un temps péri-scolaire. Pour moi, le jeu libre, c’est différent de ce que tu décris… Le jeu libre c’est déplacé le fonctionnement, c’est l’adulte qui cherche à travailler (animer) avec l’enfant et non l’adulte qui travailler (animer) pour l’enfant…
c’est quoi vraiment alors le jeu libre ??? ‘a pas compris.
Le gamin qui est en train de laver le chat en peluche dans le four de la dinette ne joue pas librement ??
Décidément Shaa. j’aim bien quand tu interviens.
D’ailleurs j’comprend pas souvent (tout de suite) ce que tu insinue.
À mon sens, le jeu “libre” n’existe pas. Ou plus précisément, le jeu – ce que fait un joueur quand il dit qu’il joue – ne peut être qu’en son pouvoir, sa maîtrise de la situation. Rattachée l’idée de liberté au jeu me semble évoquer implicitement l’idée que le jeu pourrait ne pas être libre dans certains situations.
Or, quand un (soi-disant) joueur n’a plus la maîtrise de ce qu’il fait ni ce qu’il est… C’est autre chose. Ça peut être du sport, un loisir mais pas du jeu !
Donc… hmmm…. Par exemple…
Les enfants veulent partir à a recherche de toutenkarton. Je propose donc plus tard, un grand jeu où on rentre dans des labyrinthes, où il y a des énigmes…etc
Ici, l’enfant ne maitrise pas tout, car il ne connait pas la solution directement. Ce n’est pas un jeu ??? on est pas en train de jouer ??
Solleeana :
Or, est-ce que ce que vivent les mômes aujourd’hui au sein de leurs familles, au sein des espaces de loisirs correspond à cette situation staisfaisant d’être seul avec quelqu’un ?
J’vais parler de ce que je connais…
Ma nièce quand elle vient chez sa grand mère ne sait pas jouer seul. Elle nous sollicite tout le temps. (Elle a trois ans.). J’veux bien lui dire non de temps en temps, mais au bout d’un moment… de toute façon, il y aura toujours une autre personne à aller voir pour jouer avec elle. Mais c’est elle qui est très demandeuse. -et y’a pas de télé, jeux vidéos…etc-
Pour les jouets, j’dirais que certains sont vraiment dirgés, très marketing.
Barbie-p**f de son nom, je ne la supporte pas. J’crois d’ailleurs que c’est une réelle fausse idée de la femme, parce que biologiquement on pourrait pas avoir les mêmes cambrures; trop mal de dos. Après, y’a des jouets sympa non ? une pelle, un sceau, un ballon. Et puis même un truc que j’adore… ce sont les poupées qui ont la peau noir, où les yeux bridés… (en plus ils sentent la vanille. hmmm).
Et puis, y’a l’aquadoodle qui est génial : dessin à volonté avec juste de l’eau… etc
J’vois pas en quoi ces jeux-là sont mauvais pour les jeux libre ? mais il faut bien avouer que la plupart des jouets trouvés dans les grandes surfaces pendant les périodes de noel notamment me laissent sans voix (tellement on dirait des pif-paf-pouf).
(sinon pareil que ludou, j’vais lire ce que tu as posté).
Vous utilisez des jolis mots, j’suis p’t’être plus brute dans ma manière de parler…j’réflechis. c’est peut être déjà pas mal. ^^
merci, je lis tout ça au plus vite (j’avais déjà lu le premier lien)
je te croirais bien sur parole, mais mon conscient a besoin d’un peu plus de matière pour être convaincu…
En voilà un peu plus…
http://www.cairn.info/revue-lettre-de-l-enfance-et-de-l-adolescence-2006-4-page-77.htm
Bon, je crois que c’est ce passage là qui me faisait réfléchir tout à l’heure (et revenir sur des trucs que j’me suis dit déjà avant à propos de ce fil)
solleana a écrit :
Eloge de l’ennui, pas réellement sur ce coup là… La capacité à être seul telle que l’entend Winnicott c’est pas tellement l’ennui c’est plutôt la capacité pour les touts petits de se sentir exister, de sortir de la fusion avec la mère ou son représentant en conservant bien l’idée qu’elle n’a pas disparu, qu’il peut jouir d’être seul parce qu’il sait que celle-ci n’a pas disparu. Il prend un excellent exemple à mon avis pour illustrer ce que peut pouvoir dire la capacité à être seul en présence de l’autre, qu’est celle de l’après rapport sexuel où l’on se retrouve seul, heureux (enfin la plupart du temps), c’est le prolongement de la jouissance, la plénitude d’être seul à côté de l’autre… Bon d’accord ça peut être gâché par “alors heureuse” comme cela peut être gâché pour le môme par le crétin d’anim qui vient lui dire “allez on va faire une activité”…
Alors j’sais pas si dans mon ennui se dessinait la même chose que dans le tien, mais de ce que je comprends de tout ça, il me semble que le jeu libre va être possible – pour schématiser et aller vite – si y’a un espèce d’environnement serein pour le môme.
Ce en quoi mon “ennui” est une espèce de “droit à ne rien faire sans risque”.
Je ne sais pas si je suis claire, et je ne sais pas si je suis dans le juste, j’essaie de penser le truc en même temps que j’écris et là cette fois j’vais pas raconter ma vie mais heu bon…
Autrement dit si ton adulte, ta présence (la maman ou autre) est là dans une sorte de cadre bienveillant.
Si l’adulte “permet” cet ennui quoi.
Si ce “ne rien faire” n’est pas étiqueté par l’adulte comme un échec, une perte de temps, un risque.
Et si l’adulte est malgré tout là quand on a besoin de le solliciter.
Non ?
Scène toute couillonne :
– j’sais pas quoi faireuuuuuuuu
– ben, fais un dessin ? Lis le livre de ton frère ? Joues à la pâte à modeler ?
– mmmmm….
*môme s’approchant de la bibliothèque pour vérifier ce que c’est que ce livre et en fin de compte attrapant le mouchoir posé là et un bout de ficelle pour fabriquer un parachute à ses playmobils et les faire sauter du haut de l’escalier*
Si y’avait pas eu l’adulte, y’aurait peut-être juste pas eu ce côté “sécurité sereine” à la scène…
Non ?
Et du coup ben il me semble bien oui que tout ça est en lien intime avec le “vivre ensemble”, avec le positionnement de chacun par rapport au jeu.
Parce que ben la TV, les jeux vidéos, la société qui met tout dans des petites cases, oui c’est un fait, mais le positionnement de chacun dans tout ça peut aussi appuyer ou limiter les effets non ?
(désolée, j’pense que je suis encore dans une phase gnangnan surement pas très intéressante à lire)
solleana a écrit :
Winnicott n’a pas su se dégager de l’erreur freudienne sexualisante. Le jeu n’est pas nécessairement fondé sur l’excitation sexuelle (ou ça reste à prouver).
Il ne dit justement pas cela… Il explique que le jeu provoque une excitation mais que tout le jeu ne peut pas passer sous le concept de sublimation des pulsions.
“tout le jeu ne peut pas passer sous le concept de sublimation des pulsions” -> j’ai besoin d’une petite explication, je ne vois pas en quoi ça contredit une “obsession sexualisante” (pour faire court) 😕
avant des réactions ulcérées, je précise que cela ne remet pas en cause la psychanalyse dans son ensemble
Non, non juste ses fondements…
La psychanalyse a ouvert la porte de l’extraconscient, et ça c’est extraordinaire. Mais qui nous dit que tonton Sigmund n’a pas trébuché juste derrière la porte ?
Reste qu’aujourd’hui justement la référence freudienne et la mise à jour de la sexualité infantile est largement refoulée et niée quand elle n’est pas criminalisée ou stigmatisée…
je te croirais bien sur parole, mais mon conscient a besoin d’un peu plus de matière pour être convaincu… 😉