Winnicott n’a pas su se dĂ©gager de l’erreur freudienne sexualisante. Le jeu n’est pas nĂ©cessairement fondĂ© sur l’excitation sexuelle (ou ça reste Ă prouver).
Il ne dit justement pas cela… Il explique que le jeu provoque une excitation mais que tout le jeu ne peut pas passer sous le concept de sublimation des pulsions.
avant des réactions ulcérées, je précise que cela ne remet pas en cause la psychanalyse dans son ensemble
Non, non juste ses fondements… Reste qu’aujourd’hui justement la rĂ©fĂ©rence freudienne et la mise Ă jour de la sexualitĂ© infantile est largement refoulĂ©e et niĂ©e quand elle n’est pas criminalisĂ©e ou stigmatisĂ©e…
Y’aurait beaucoup Ă dire et puis je voulais parler d’une anecdote vĂ©cue, mais j’ai perdu le lien avec le fil dans ma tĂȘte, alors j’reviendrais peut-ĂȘtre ou je trouverais un autre prĂ©texte Ă la raconter…
Mais juste en passant :
ludou a écrit :
Si on regarde bien, il y a beaucoup de moments oĂč les enfants jouent seuls au milieu du jeu Ă plusieurs (mĂȘme si ça ne dure que quelques secondes parfois). Dans les jeux “dirigĂ©s”, cet espace n’est plus possible
Ah ?
Plus du tout tu crois ?
Et l’exemple de situla ?
Et les plein de fois oĂč pendant un jeu ou un atelier manuel les mĂŽmes (qui avaient cependant choisi de participer au jeu ou Ă l’atelier en question) jouaient Ă autre chose en parallĂšle ?
> moi quand je faisais, je sais pas, une queue du diable par exemple, ben y’en a qui jouaient juste au jeu, d’autres qui jouaient juste Ă autre chose, et pis y’en a qui jouaient Ă la queue du diable mais en mĂȘme temps Ă leur jeu Ă eux en fait… genre le diable avec certain il avait un moteur de hors bord, genre les figĂ©s en attendant qu’on les libĂšre (ce qui allait assez vite sinon c’est pas trĂšs drĂŽle) il s’Ă©changeaient des billes, genre les pas figĂ©s y’en a qui se cachaient derriĂšre leur blouson comme un bouclier…
Et les fois oĂč on triche Ă un jeu comme relevĂ© par erenault ?
Et est-ce que le jeu “libre” ne peut plus ĂȘtre considĂ©rĂ© comme tel Ă partir du moment oĂč c’est un adulte qui l’a impulsĂ© ?
Moi j’suis pas sĂ»re…
J’vous ai dĂ©jĂ parlĂ© un jour -j’dois y ĂȘtre attachĂ©e un peu, c’Ă©tait ma premiĂšre colo- de la fois oĂč juste on allait se balader en forĂȘt avec les 4-6ans, et que sans l’avoir rĂ©flĂ©chi avant, sans avoir prĂ©venu les mĂŽmes ou les autres anims, juste pour jouer en fait, j’me suis mise dans une prairie plantĂ©e Ă me cacher d’arbre en arbre pour avancer.
Quand les mĂŽmes ont commencĂ© Ă eux aussi jouer Ă l’affut, n’Ă©tait-ce pas du jeu libre ? Je ne sais pas EUX Ă l’affĂ»t de quoi ils Ă©taient, et ils ne savaient pas pourquoi je faisais ça – ou en tout cas je ne leur ai rien dit – surement qu’ils avaient leur explication Ă eux, peut-ĂȘtre diffĂ©rente de la mienne.
Bref, on a juste jouĂ©, et ma “proposition de jeu” de cette fois lĂ , n’Ă©tait-elle pas identique Ă celle que peut faire un enfant ?
Enfin en fait j’ai un peu l’impression qu’Ă partir du moment oĂč moi en tant qu’adulte je suis en position de jeu, rĂ©ellement, c’est Ă dire que je joue (pas je fais l’arbitre, pas je suis un observateur, mais je joue), le jeu “libre” a lieu… avec ou sans moi d’ailleurs, parce que si “mon” jeu libre ne plait pas aux mĂŽmes, ils n’hĂ©siteront pas Ă me squezzer ou Ă m’Ă©vincer du jeu.
Par exemple, autre anecdote vĂ©cue en septembre ou octobre ici : j’suis allĂ©e dans un parc ludo-artistique vachement sympa. Ce jour lĂ j’Ă©tais toute seule, mais sur certaines installations j’ai jouĂ© avec d’autres personnes parce que c’est plus marrant (et parfois nĂ©cessaire, genre pour diriger le soleil vers l’eau avec le miroir qui est Ă l’autre bout du truc pendant que d’autres regardent le rĂ©sultat).
Bref, Ă un moment j’arrive sur des jeux d’eau avec plein de bidules de dĂ©rivation du courant.
Je m’amuse Ă tester le bidule toute seule, pour moi. Ben j’me suis gentiment fait jeter par un mĂŽme qui testait la flottaison de son trognon de pomme un tout petit peu plus bas et Ă qui j’avais coupĂ© le dĂ©bit d’eau sans faire exprĂšs. mon jeu libre gĂȘnait le sien, il m’a virĂ© de sa sphĂšre.
c’Ă©tait hors animation et le mĂŽme ne m’avait jamais vue de sa vie avant, est-ce que ça lui a permis d’ĂȘtre plus “libre” que si j’Ă©tais son animatrice dans un temps formel, j’en sais rien… ce que je sais c’est que quand j’ai vu le trognon de pomme j’ai tout de suite remis le dĂ©bit d’eau comme il Ă©tait avant mon intervention.
mais bon, encore j’raconte des trucs, j’sais pas du tout si ça peu servir au dĂ©bat initial..?
Et puis sur les jouets qui ressemblent plus Ă des vrais trucs, toujours en questionnement moi…
(edit : ben mince, pour quelqu’un qui ne voulait rien dire, pardon j’ai racontĂ© ma vie dans un post plutĂŽt long…)
merci solleana d’avoir relevĂ© la contradiction dans mes prĂ©cĂ©dents propos, c’Ă©tait le thĂšme de ma journĂ©e d’aujourd’hui.
Intéressant la définition de Winnicott de gaming et playing (on en avait parlé il y a pas si longtemps ici).
A la lecture de G. Mendel (pas trĂšs Ă©loignĂ© de Winnicott),on peut aussi supputer que le jeu “dirigĂ©” veut contrĂŽler le conflit (le conflit-constructeur, celui que l’on trouve dans les jeux “libres” ou spontanĂ©s). C’est donc logiquement que l’adulte va proposer des jeux pour canaliser le conflit, et le tuer dans l’oeuf. On se rapproche de l’idĂ©e du roi qui donne du pain au peuple pour tuer la rĂ©volution (mais ça, michmuch saura mieux expliquer que moi les Ă©nergies cohĂ©sion/production).
solleana a écrit :
Autre Ă©lĂ©ment, on pourrait aussi sâintĂ©resser Ă la question de la sexualitĂ© et de sa libertĂ© de dĂ©veloppement chez le jeune enfant en lien avec le jeu. Winnicott, lĂ encore, (dĂ©solĂ© câest ma pĂ©riode), affirme que le jeu a lieu chez le gosse « normal » parce quâil est en mesure de « maitriser » lâexcitation quâil y a dedans chose que le mĂŽme qui ne va pas bien nâarrive pas Ă faire. On pourrait ainsi imaginer que câest aussi parce quâil existe des satisfactions libidinales rĂ©elles que le mĂŽme peut se trouver en capacitĂ© de jouer or dĂšs lorsque lâon nie la sexualitĂ© infantile ne court on pas le risque de placer le mĂŽme en situation dâincapacitĂ© Ă jouer parce que situĂ© devant une excitation trop grande ?
Winnicott n’a pas su se dĂ©gager de l’erreur freudienne sexualisante. Le jeu n’est pas nĂ©cessairement fondĂ© sur l’excitation sexuelle (ou ça reste Ă prouver). L’excitation (celle qui met l’individu en mouvement, qui le motive) est une caractĂ©ristique qui s’exprime dans les trois pulsions inhĂ©rentes au psychisme humain (sexuelle, spirituelle et matĂ©rielle), et pas seulement dans la premiĂšre. La nĂ©gation de la sexualitĂ© de l’homme (pas que de l’enfant) avec la moralisation chrĂ©tienne a conduit Ă sur-valoriser la sexualitĂ© infantile au siĂšcle dernier (les ambivalences : passer d’un extrĂȘme Ă l’autre). Il faut, selon moi, Ă©tudier plus Ă fond les motifs et les mobiles qui poussent Ă jouer plutĂŽt que de mettre ça dans le fourre-tout psychanalytique de la libido (avant des rĂ©actions ulcĂ©rĂ©es, je prĂ©cise que cela ne remet pas en cause la psychanalyse dans son ensemble).
Autre Ă©lĂ©ment, toujours chez Winnicott, câest la capacitĂ© Ă ĂȘtre seul quâil croit possible que lorsque le mĂŽme a eu une situation « dâĂȘtre seul avec quelquâun » suffisamment satisfaisante. Or, est-ce que ce que vivent les mĂŽmes aujourdâhui au sein de leurs familles, au sein des espaces de loisirs correspond Ă cette situation staisfaisant dâĂȘtre seul avec quelquâun ? Dans la famille quand le mĂŽme est confrontĂ© Ă la tĂ©lĂ©vision par exemple ou Ă lâabsence de « soins » est il vraiment seul avec quelquâun ? Oui, il est seul par exemple avec la tĂ©lĂ©vision mais quelle peut ĂȘtre la nature de cette prĂ©sence-absence totalement dĂ©charnĂ©e, dĂ©corporĂ©e et oĂč le registre du symbolique est totalement absent.
le symbolique Ă©tant nĂ©cessairement liĂ© Ă l’organique (ce n’est pas une idĂ©e abstraite sans contexte), alors oui l’Ă©cran de tĂ©lĂ© plantĂ© devant les enfants est dĂ©charnĂ©. Il prĂ©sente des images allĂ©goriques et non symboliques. Le jeu, lui, offre les deux : allĂ©gorie et symbole.
De fait, si les mĂŽmes ne dĂ©veloppent plus cette capacitĂ© Ă ĂȘtre seul, comment pourraient ils encore continuer Ă jouer? Ils sont placĂ©s face au jeu devant une trop grande angoisse, incertitude qui les dĂ©passe et qu’ils ne parviennent pas Ă maitriser…
et vice-versa, l’enfant qui n’aura pas jouĂ© (jeu “libre”) n’aura pas fait l’expĂ©rience de ce dont tu parles, Ă savoir ĂȘtre seul avec quelqu’un. Si on regarde bien, il y a beaucoup de moments oĂč les enfants jouent seuls au milieu du jeu Ă plusieurs (mĂȘme si ça ne dure que quelques secondes parfois). Dans les jeux “dirigĂ©s”, cet espace n’est plus possible (ou alors seulement pour les Ă©liminĂ©s de la balle au prisonnier :-D)
C’est rigolo je lisais un livre, une fiction avec un passage fort beau sur cette question du jeu et plus largement de la place de l’enfant dans la sociĂ©tĂ©. Je vous la transmet dĂšs que possible.
Eloge de l’ennui, pas rĂ©ellement sur ce coup lĂ … La capacitĂ© Ă ĂȘtre seul telle que l’entend Winnicott c’est pas tellement l’ennui c’est plutĂŽt la capacitĂ© pour les touts petits de se sentir exister, de sortir de la fusion avec la mĂšre ou son reprĂ©sentant en conservant bien l’idĂ©e qu’elle n’a pas disparu, qu’il peut jouir d’ĂȘtre seul parce qu’il sait que celle-ci n’a pas disparu. Il prend un excellent exemple Ă mon avis pour illustrer ce que peut pouvoir dire la capacitĂ© Ă ĂȘtre seul en prĂ©sence de l’autre, qu’est celle de l’aprĂšs rapport sexuel oĂč l’on se retrouve seul, heureux (enfin la plupart du temps), c’est le prolongement de la jouissance, la plĂ©nitude d’ĂȘtre seul Ă cĂŽtĂ© de l’autre… Bon d’accord ça peut ĂȘtre gĂąchĂ© par “alors heureuse” comme cela peut ĂȘtre gĂąchĂ© pour le mĂŽme par le crĂ©tin d’anim qui vient lui dire “allez on va faire une activitĂ©”…
Ă©loge de l’ennui ?
(pas le temps de développer, il faut personnellement que je lutte contre cet éloge là tout de suite)
est-ce qu’une organisation telle que celle dĂ©crite par Younky ne correspond pas Ă une sorte d’espace potentiel au sens de Winnicot ?
l’espace de mise Ă disposition d’un jeu n’Ă©carte pas le phĂ©nomĂšne de “playing” a priori, si l’enfant peut vraiment lâadapter ou le “dĂ©jouer”.
ça renvoie un peu Ă la permission de tricher dans un jeu construit, oĂč, Ă mon sens, on passe d’un gaming Ă un playing.
(ceci dit, peut-ĂȘtre que je me goure sur le sens de Winnicott, je suis loin d’ĂȘtre un expert đ )
en tout cas j’ai quand mĂȘme l’impression que lorsque je joue, et que la “triche” s’installe, elle semble ĂȘtre une manifestation du “playing” plus qu’une envie de gagner Ă tout prix.
du coup (je rĂ©flĂ©chis en mĂȘme temps que j’Ă©cris) peut-ĂȘtre qu’il serait intĂ©ressant que je voie comment les anims de acm de ma ville gĂšre ce phĂ©nomĂšne de triche. est-ce permis ? est-ce sanctionnĂ© ?
et autant pour moi si je suis bordélique dans ma réflexion, ce fil abreuve mon moulin (qui en avait bien besoin !!!)
Effectivement, parler de jeu libre est redondant ou bien on est dans une situation de jeu ou bien on est dans autre chose. Cela dit, au vu de la perversion des situations de jeu, il ne me semble pas inutile de rajouter le mot « libre » pour prĂ©ciser que le jeu sâinscrit bien dans ce processus.
Par ailleurs, il existe aussi chez Winnicott, la distinction entre gaming et playing qui renvoie Ă la distinction entre jeu organisĂ© et jeu libre oĂč il affirme mĂȘme que le jeu organisĂ© peut viser Ă tenir Ă distance le playing. Comment intĂšgres tu cela ?
Sur lâidĂ©e de maitrise, il faudrait mettre lĂ aussi quelques bĂ©mols car lâindividu qui joue nâa pas totalement la maitrise de lâĂ©vĂ©nement qui plus est lorsquâil joue avec dâautres. Le caractĂšre effrayant et angoissant du jeu fait que la maitrise nâest jamais totale, ce qui Ă mon avis constitue la force du jeu.
Autre Ă©lĂ©ment, on pourrait aussi sâintĂ©resser Ă la question de la sexualitĂ© et de sa libertĂ© de dĂ©veloppement chez le jeune enfant en lien avec le jeu. Winnicott, lĂ encore, (dĂ©solĂ© câest ma pĂ©riode), affirme que le jeu a lieu chez le gosse « normal » parce quâil est en mesure de « maitriser » lâexcitation quâil y a dedans chose que le mĂŽme qui ne va pas bien nâarrive pas Ă faire. On pourrait ainsi imaginer que câest aussi parce quâil existe des satisfactions libidinales rĂ©elles que le mĂŽme peut se trouver en capacitĂ© de jouer or dĂšs lorsque lâon nie la sexualitĂ© infantile ne court on pas le risque de placer le mĂŽme en situation dâincapacitĂ© Ă jouer parce que situĂ© devant une excitation trop grande ?
Autre Ă©lĂ©ment, toujours chez Winnicott, câest la capacitĂ© Ă ĂȘtre seul quâil croit possible que lorsque le mĂŽme a eu une situation « dâĂȘtre seul avec quelquâun » suffisamment satisfaisante. Or, est-ce que ce que vivent les mĂŽmes aujourdâhui au sein de leurs familles, au sein des espaces de loisirs correspond Ă cette situation staisfaisant dâĂȘtre seul avec quelquâun ? Dans la famille quand le mĂŽme est confrontĂ© Ă la tĂ©lĂ©vision par exemple ou Ă lâabsence de « soins » est il vraiment seul avec quelquâun ? Oui, il est seul par exemple avec la tĂ©lĂ©vision mais quelle peut ĂȘtre la nature de cette prĂ©sence-absence totalement dĂ©charnĂ©e, dĂ©corporĂ©e et oĂč le registre du symbolique est totalement absent. Que l’on comprenne bien ce ne sont pas les familles qui sont visĂ©es mais bien les conditions politiques de la domination qui favorisent l’isolement des familles, la prĂ©caritĂ©, le dĂ©veloppement de familles monoparentales vivant dans une grande misĂšre et qui accentuent le rĂŽle et le pouvoir des dispositifs techniques: tĂ©lĂ©, internet, gadgets technologiques visant Ă prendre la place de la prĂ©sence contenant de l’adulte.
Que dire aussi des structures de loisirs qui sont incapable de penser une “prĂ©sence-absence” contenante de l’adulte et s’appliquent Ă dĂ©truire cette capacitĂ© Ă ĂȘtre seul pour la remplacer par la dĂ©pendance Ă l’adulte.
De fait, si les mĂŽmes ne dĂ©veloppent plus cette capacitĂ© Ă ĂȘtre seul, comment pourraient ils encore continuer Ă jouer? Ils sont placĂ©s face au jeu devant une trop grande angoisse, incertitude qui les dĂ©passe et qu’ils ne parviennent pas Ă maitriser…
Mais oui, je regrette la montĂ©e progressive d’activitĂ©s contrĂŽlĂ©es et dirigĂ©es…
Ne s’agit-il que de cela? Quid du jeu vidĂ©o? Quid de la tĂ©lĂ©? Qui des conditions sociales et politiques qui participent Ă bloquer le dĂ©veloppement psychique des mĂŽmes…
Ă mon sens, le jeu “libre” n’existe pas. Ou plus prĂ©cisĂ©ment, le jeu – ce que fait un joueur quand il dit qu’il joue – ne peut ĂȘtre qu’en son pouvoir, sa maĂźtrise de la situation. RattachĂ©e l’idĂ©e de libertĂ© au jeu me semble Ă©voquer implicitement l’idĂ©e que le jeu pourrait ne pas ĂȘtre libre dans certains situations.
Or, quand un (soi-disant) joueur n’a plus la maĂźtrise de ce qu’il fait ni ce qu’il est… C’est autre chose. Ăa peut ĂȘtre du sport, un loisir mais pas du jeu !
Mais oui, je regrette la montĂ©e progressive d’activitĂ©s contrĂŽlĂ©es et dirigĂ©es… Ceci dit, il y a plusieurs exemples de situations particuliĂšrement coercitives oĂč les enfants jouaient. Il reste un peu d’espoir ! đ
Pour moi, le jeu libre, c’est diffĂ©rent de ce que tu dĂ©cris… Le jeu libre c’est dĂ©placĂ© le fonctionnement, c’est l’adulte qui cherche Ă travailler (animer) avec l’enfant et non l’adulte qui travailler (animer) pour l’enfant…
Peux tu en dire plus Michmuch? C’est finalement ĂȘtre dans la relation avec les mĂŽmes non? Autrement dit ĂȘtre avec, vivre avec, partager la vie de…
Plus j’avance et plus je me dis qu’il faut travailler sur soi plutĂŽt que sur la question rĂ©elle des enfants. On peut se cramer des neurones pendant des annĂ©es sur des questions psycho-Ă©duco-pĂ©dagogiques sur les enfants et continuer pourtant de “penser pour” et “vouloir pour”.
MĂȘme en bossant sur soi, on travaille toujours “pour” au moins au niveau des intentions pĂ©dagogiques. Travailler sur soi c’est aussi un pari pour ce que ça va donner avec les mĂŽmes. Je ne crois pas que l’Ă©ducation puisse se faire sans volition, sans dĂ©sir de ne serait ce qu’il y a toujours lĂ dedans un pari pĂ©dagogique, un pari politique qui est toujours un pari “sur”. De fait, je crois qu’il est impossible de ne pas penser “pour” et mĂȘme l’autogestion pĂ©dagogique est un vouloir pour.
Concernant ce que tu mets en place Younky, cela est intĂ©ressant mais cela laisserait Ă penser qu’il existe des solutions miracles, que la question du jeu libre n’est qu’une question organisationnelle ou simplement liĂ©e Ă l’organisation de l’espace et du temps. Si cela en fait Ă©videmment partie il me semble impossible de nier les dĂ©termination “globales”, l’universel par exemple de la domination marchande, l’universel de la rationalisation de l’espace et du temps auxquels mĂȘme ton temps globalisĂ© n’Ă©chappe pas. Le centre de loisirs n’est pas hors temps, hors rĂ©alitĂ© sociale et politique et il me semble que de nombreux facteurs conduisent Ă cette destruction du jeu libre.
michmuch,
Alors, je te pose une autre question… Quel est la place de l’adulte dans ton fonctionnement? quelle est sa fonction? il me semble, dans ce que je lis, les animateurs travaillent (animent) sur les enfants…
Les anims
On est d’accord, tu bosses bien sur l’autonomie… en redisant qu’il s’agit d’une valeur et non d’un objectif, simplement parce qu’un enfant ne peut ĂȘtre autonome… C’est sa nature mĂȘme et vouloir “rendre un enfant” autonome, c’est au mieux un paradoxe, au pire nier sa nature, c’est Ă dire le maltraiter.
Alors, je te pose une autre question… Quel est la place de l’adulte dans ton fonctionnement? quelle est sa fonction? il me semble, dans ce que je lis, les animateurs travaillent (animent) sur les enfants…
Salut Michmuch,
Pour ma part l’autonomie est un objectif qui se travaille sur plusieurs annĂ©es. On voit une grande Ă©volution Ă l’A.L. Et ce, sur des maters qui ont passĂ© tous les mercredis + vacances avec nous par rapport a ceux qui viennent ponctuellement.
La confrontation a autrui et le partage se fait sur les diffĂ©rents espaces de jeux. En effet, les enfants Ă©voluant librement dans les diffĂ©rents espaces ils se confrontent aux autres, prennent positions et partages le mĂȘme jeux.
Les enfants ont mis en place “un spectacle” mercredi. En effet, ils ont dĂ©placĂ© les chaises et fait un parcours, puis les ont tournĂ© et “enfin” nous avons pu assister au spectacle.
Certains enfants Ă©taient assis sur les chaises et d’autres faisaient le spectacle.
Nous, animateurs, regardions le spectacle. Nous ne sommes pas intervenus et les enfants (des maters) ont prient les rennes…
younky a écrit :
Les objectifs :
– l’autonomie
– la construction du soi ( avec la confrontation Ă autrui et le partage / la prise de position)
– le respect du rythme de l’enfant
L’autonomie, le respect du rythme de l’enfant et la construction de soi ne sont pas des objectifs, au mieux des valeurs… surtout l’autonomie. Valeur qui est d’ailleurs l’une des valeurs les plus rĂ©pandues du monde libĂ©rale.
D’autre part dans ce que tu dĂ©cris je ne vois aucune confrontation Ă l’autre, aucun partage et encore moins une prise de position, j’y vois du choix et de la personnalisation (un peu) et de la libertĂ© (un peu plus)…
Cela ne veut pas dire que ce que tu fais n’est pas bien ou autre, je lis simplement des contradictions… J’y lis aussi qu’il n’y a pas de jeux libres organisĂ©s par les enfants ou spontanĂ©s… J’y vois une adaptation du modĂšle de la maison de Courcelles (au demeurant fort intĂ©ressant mais discutable) Ă un alsh ou Ă un temps pĂ©ri-scolaire. Pour moi, le jeu libre, c’est diffĂ©rent de ce que tu dĂ©cris… Le jeu libre c’est dĂ©placĂ© le fonctionnement, c’est l’adulte qui cherche Ă travailler (animer) avec l’enfant et non l’adulte qui travailler (animer) pour l’enfant…
erenault a écrit :
je suis pas contre apprendre des trucs à un mÎmes, loin de là . si il en a envie. si il demande, à sa façon.
l’adulte a le devoir d’apprendre des choses Ă ses enfants. Surtout dans notre monde actuel, il y a tellement Ă comprendre, Ă apprendre pour se protĂ©ger. C’est le rĂŽle des parents, des instits, mais celui des anims ?
Sinon, il y a peut-ĂȘtre une inquiĂ©tude Ă avoir en effet.
” Les adultes, lors mĂȘme qu’ils tĂ©moignent de comprĂ©hension Ă l’Ă©gard des enfants en tant que personnalitĂ©s, se refusent assez souvent Ă admettre qu’ils puissent avoir une existence collective, entre eux et pour eux, et, au lieu de faciliter la crĂ©ation d’une sociĂ©tĂ© jeune, s’y opposent par diffĂ©rents moyens : la discipline, les punitions, la compĂ©tition, l’appel Ă l’amour-propre et d’autres moyens visant Ă obliger l’enfant Ă se conformer Ă la sociĂ©tĂ© adulte. ”
c’est tirĂ© du rapport prĂ©paratoire de la 15Ăšme confĂ©rence gĂ©nĂ©rale de l’UNESCO en……………. 1958 !
Plus j’avance et plus je me dis qu’il faut travailler sur soi plutĂŽt que sur la question rĂ©elle des enfants. On peut se cramer des neurones pendant des annĂ©es sur des questions psycho-Ă©duco-pĂ©dagogiques sur les enfants et continuer pourtant de “penser pour” et “vouloir pour”.
Idem avec les anims…
crevette76 a écrit :
peur de l’inconnu (laisser les enfants jouer fait qu’on ne connait pas l’issue, mĂȘme si on joue avec eux ; parce que l’issue peut changer, parce qu’elle se construit au fur et Ă mesure du jeu, parce que le jeu peut-ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ© comme il peut ĂȘtre nouveau Ă chaque fois)
ou bien disparaitre
ça peut ĂȘtre dĂ©stabilisant…
l’autre mercredi, on jouait au jeu de la peste et 20mn plus tard les pestifĂ©rĂ©s avaient tous disparus et les pas- pestifĂ©rĂ©s tournaient en rond “mais oĂč qui’ils sont ?”
ils Ă©taient tous derriĂšre le centre Ă gratter le talus Ă la recherche de fossiles et j’ai eu droit Ă un grand “pourquoi on va jamais chercher de fossiles hein ?” rĂ©probateur
oups…
Le temps globalisé :
mise en place :
– mettre a disposition diffĂ©rents espaces dans la salle (coins voiture, dĂźnette, repos, peinture, dĂ©guisement, jeux de sociĂ©tĂ©, construction (kapla etc))
– le temps du goĂ»ter : carafe d’eau en libre service, libre de goĂ»ter quand ils le dĂ©sirent.
– 2 a 3 temps fort par demi journĂ©e. (activitĂ©s proposĂ©es par les anims), une par animateurs, les enfants ne sont pas obligĂ©s de participer, ils peuvent rester sur les diffĂ©rents espaces mis Ă disposition. De plus ils peuvent rentrer et sortir de l’activitĂ© quand ils le souhaitent.
– le temps des toilette, du repas, les enfant y vont tout seul, nous leur demandons si ils ont besoin d’aide, le cas Ă©chĂ©ant nous restons a proximitĂ©.
Bref j’ai pas tout Ă©noncĂ©..
Nous pratiquons le temps globalisé depuis 3 /4 ans et les enfants apprécient ce mode de fonctionnement.
Pour les anims il est dure de trouver sa place au début, mais avec quelques apports théoriques et pratiques, ils comprennent le but de ce mode de fonctionnement.
J’assure moi mĂȘme la formation des anims. J’ai Ă©tĂ© formĂ© par les francas de la Loire qui ont expĂ©rimentĂ© ça vers 2004 / 2006. Puis par mon ancienne directrice.
Bémol : certains anims ont tendance a ne rien proposer, notamment chez les stagiaires. Du fait que les enfants évoluent sans les adultes.
Les objectifs :
– l’autonomie
– la construction du soi ( avec la confrontation Ă autrui et le partage / la prise de position)
– le respect du rythme de l’enfant
Sinon, je pense qu’il y a une floppĂ©e d’animateurs qui, pĂ©tris de bonnes intentions, participent activement Ă “tuer le jeu dans l’oeuf”.
Bien souvent Ă cause d’une espĂšce de peur, peur de perdre le contrĂŽle (histoire d’Ă©go quoi pour faire vite), peur de ne pas rentabiliser le temps (histoire de compte Ă rendre Ă la hiĂ©rarchie, aux parents, Ă la sociĂ©tĂ© ; de se montrer “conforme”), peur de l’inconnu (laisser les enfants jouer fait qu’on ne connait pas l’issue, mĂȘme si on joue avec eux ; parce que l’issue peut changer, parce qu’elle se construit au fur et Ă mesure du jeu, parce que le jeu peut-ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ© comme il peut ĂȘtre nouveau Ă chaque fois), peur du vide (angoisse du “ne rien faire”, combien de fois me suis-je retrouvĂ©e Ă devoir expliquer la nuance entre “ne pas organiser (et imposer de fait) une sortie au zoo direct sans aucune demande pour laisser Ă©merger des choses” et “ne RIEN faire”, et ce “rien” est d’ailleurs discutable).
Par contre sur l’aspect des jouets, je ne sais pas, ça me questionne…
(et j’voulais dire autre chose mais j’ai perdu le fil… dĂ©cidĂ©ment, tes fils m’Ă©garent dans des trucs dĂ©cousus Ă chaque fois)
Pour ma part, je me demande si l’enfant lui-mĂȘme Ă un avenir, en tant qu’enfant.
autour de moi, de la part de collĂšgues, d’instits, d’Ă©lus, j’entends que l’enfant est un adulte en devenir, un prĂ©-prĂ©-adolescents, un futur citoyen, un Ă©colier, un Ă©lĂšve, etc etc.qu’il faut lui prĂ©parer un avenir, un parcours Ă©ducatif et citoyen devant lâemmener jusqu’Ă sa majoritĂ© sur une belle voie morale et dĂ©mocratique un peu prout prout au demeurant.
souvent je demande : ok, on fait quoi pour son enfance, Ă l’enfant ?
parce que c’est comme si son enfance, elle Ă©tait dĂ©jĂ passĂ©e, comme si il fallait le pousser vers l’avenir bien vite, avec tous ces trucs pĂ©dago-Ă©duco-psycho-tifs.
je suis pas contre apprendre des trucs Ă un mĂŽmes, loin de lĂ . si il en a envie. si il demande, Ă sa façon. pas parce que j’ai un projet Ă©ducatif qui me le dit.
l’entre-enfant, le jeu libre, faut croire que c’est pas rentable, de fait c’est difficilement maitrisable, c’est incomprĂ©hensible par la plupart des adultes pĂ©dagodĂ©cideurs.
bref, je le vois pas tout rose, moi, l’avenir du jeu libre.
et je le vois pas non plus tout rose, l’avenir de l’enfant.
Aparté
michmuch a écrit :
crevette76 a écrit :
mĂȘme si michmuch m’a volĂ© une part d’enfance y’a pas si longtempsQu’est ce que je t’ai volĂ©? quand? et avec quel message?…
j’te jure Crevette, j’lai pas fait esprĂšs, moi je voulais jouer, pas m’faire engueuler…
c’Ă©tait lĂ , et j’en frissonne encore…
Sinon younky, peut-ĂȘtre en postant un peu plus qu’une phrase Ă©purĂ©e ça pourrait nous aider ?
(en tout cas moi ça m’aiderait, parce que lĂ comme ça j’suis incapable de dire si je pratique ton temps globalisĂ© ou pas)