L’enfant acteur, consommateur ou travailleur : j’ai quelques questions…

  • Ce sujet contient 22 réponses, 10 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Lapin, le il y a 11 années et 7 mois.
20 sujets de 1 à 20 (sur un total de 23)
  • Auteur
    Messages
  • #59855
    Ady
      @ady

      Je m’aperçois que j’avais jamais répondu a ce très beau post’ ^^
      Comme disait l’autre, tellement de sujets abordés ici en même temps que ça devient dur et long de pouvoir tout exprimer. Alors je vais reprendre que quelques petits points.

      B2. La liberté par défaut, garantie et régulée par les anims
      Pour vassrohm, moilapa, Libertaire, michmuch, Shaaa, solleana…, le rôle de l’anim est de capter des demandes, de leur donner vie, et également de susciter des activités originales. Cependant, la majorité des anims en étant incapables, la meilleure attitude consiste donc à “travailler à sa propre disparition” (Brizais 2009)(6), afin de dégager la plus grande liberté (ex : cour de récré). A partir de la vision anti-autoritaire, popularisée par Neill, cette approche fait de l’anim le partenaire des enfants, leur accompagnateur et l’auto organisation est presque spontanée. Une position fondamentalement anarchiste.

      B3. Le pouvoir de décision dans un cadre global, celui du projet
      Pour crevette76, maitreYoda, MatMat, Bamcar, Coraline… l’appropriation du temps de loisirs par les enfants, ne peut être réalisée que dans un ACM qui tend entièrement vers ce but. L’auto organisation est institutionnalisée : conseils d’enfants, groupes de responsabilité, technique d’élaboration collective du programme d’activité… C’est la pédagogie institutionelle.

      Personnellement, je me retrouve idéalement dans la B2 (j’avais donc reçu la bonne étiquette), mais je me retrouve aussi relativement dans la B3.
      Mais justement, cette B3 demande énormément de compétences et de capacités aux anim’ pour que le fonctionnement ne se transforme pas en manipulation globale des adultes sur les enfants.
      Dans mes pratiques, j’oscille selon le contexte entre B2 et/ou B3, en fonction des pratiques et des pensées de mes collègues la plus part du temps.

      Ou en d’autres termes, l’enfant est-il consommateur, travailleur, les deux ou ni l’un ni l’autre ?

      Il est consommateur parce que ça fait parti du conditionnement. Il est travailleur parce que des adultes attendent de lui qu’il soit productif.
      Que je sois d’accord ou non, c’est très souvent les deux pour les mômes.

      Après, avec mes propres pensées vis-à-vis de cette vision de l’enfance, j’aurai tendance à détourner leur consumérisme pour que les enfants apprennent à s’organiser entre eux. “Vous voulez aller au parc d’attraction ? Ok, mais va falloir monter vous-même le truc, gérer le budget, savoir comment s’y rendre, faire les réservations, … Et moi, je vous accompagne dans les démarches, mais je ne le ferai pas à votre place.”
      Donc pour simplifier, je dirai que mes pensées reviennent à “si tu veux consommer, il faut travailler”, sinon, on peut faire un paquet de choses gratuites :p
      Il y a quelques années, je les aurais envoyer chier avec leurs p’tains de manèges, mais maintenant, je me dis qu’on peut utiliser leurs idées (jugées merdiques à mes yeux) pour amener indirectement d’autres choses aux gamins. Encore une fois, c’est le chemin qui compte, et non pas le résultat final. Le relationnel plus important que l’activité même.

      1. L’expérience de la liberté permet aux enfants de découvrir, de vivre, la richesse de l’ACM (ok)
      2. Le travail de d’anim est donc de se retirer, de s’effacer (désaccord).
      De ce que j’ai compris du rôle de l’anim tel qu’il est présenté depuis maintenant plusieurs années par moilapa, solleana, Libertaire et d’autres, c’est un rôle actif. L’anim écoute, suscite, et accompagne. Il est à la fois présent dans son animation (il met à disposition, fixe le cadre, régule, adapte…) et également en quelques sortes embusqué pour les autres, prêt à attraper au vol une idée émergeant des enfants, prêt à initier une nouvelle activité… Moilapa, solleana, Libertaire ou d’autres, pouvez-vous confirmer (ou infirmer) ?
      Tout le discours “B2. La liberté par défaut, garantie et régulée par les anims”, tel que je l’ai perçu est bien : ce rôle est très difficile, donc, puisque vous en êtes incapables (cause égo, aura… comme tu l’as dit), contentez-vous de leur lâcher la grappe !

      Pour ma part, l’effacement progressif de l’anim’ reste primordial. C’est un jeu de va-et-vient : 3 pas en avant, 2 pas en arrière. J’amène de nouvelles choses aux enfants, puis je me place en retrait, j’observe de temps en temps, et quand les enfants viennent à nouveau me solliciter, je reviens poser des questions pour comprendre le problème : compréhension pour moi, mais surtout pour eux! pour qu’ils cherchent leurs différentes solutions possibles.

      Perso, on m’a apprit à skier comme ça. A tenir le bâton de mon oncle a côté de lui. Puis il lâche le bâton sans que je m’en aperçoive. Puis je tombe, et il vient alors me poser des questions pour analyser ma chute et comprendre la physique des forces.

      Cependant, j’en viens à me poser des questions : au final, étant donné toutes ces contraintes, quelle marge de manoeuvre ont eu les enfants ? Ne les ai-je pas fait travailler à ma place ? Est-ce ça les vacances ?

      On croirait entendre mes potes qui disent qu’il faut pas se prendre la tête à ranger quand on est en vacance. Bullshit! S’occuper de sa vie, de son lieu de vie, ce n’est PAS du travail, et ça se fait aussi pendant les temps vacants. Y’a pas d’esclaves pour le faire à notre place.
      J’ai besoin de vivre dans un espace sain, et j’ai besoin de manger, donc que je sois au boulot, en vacance, ou au chômage, je dois le faire.
      Donc oui, c’est aussi ça les vacances, prendre le temps (et même prendre son temps :P), pour gérer au mieux sa petite vie tranquille.

      #83350
      crevette76
      Administrateur
        @crevette76

        Shaaa a écrit :
        Le problème, il me semble, c’est notre conception de la profession d’animateur. Ça me fait penser à ce sujet sur l’auto-animation.

        Tant qu’on imaginera que c’est à l’animateur de préparer, organiser, gérer l’activité des enfants, nous ne pourrons pas imaginer qu’ils puissent s’effacer et laisser une place au jeu dit libre.

        Ouh purée, j’l’avais lu plusieurs fois cette intervention, et en fait j’viens juste de piger ce que tu veux dire par là…

        Bon, juste du coup pour rappel, “mon” sujet à la base n’est pas là pour créer de l’auto-animation à destination d’enfants… il se place dans un autre contexte que l’ACM et pour le public (le village vacances à destination des familles) et pour le “cadre” et les objectifs du truc (répondre à une demande d’adultes “clients” et par le même biais penser découverte et rencontre, créer du lien).

        Si l’animateur en ACM partage certaines de ces conceptions, le contexte, le postulat de départ est sensiblement différent quand même…

        (et du coup un “up” pour ce sujet très intéressant -presque “trop” de Lapin) 🙄

        #99893
        Hervé MORICE
          @herve-morice

          J’avais zappé le B3.

          L’auto organisation est institutionnalisée : conseils d’enfants, groupes de responsabilité, technique d’élaboration collective du programme d’activité… C’est la pédagogie institutionelle.

          Si ce n’est que la pégagogie institutionnelle n’est pas de l’auto organisation instutionnalisé.

          Penses-tu que ton séjour en relevait ? Pourquoi ?

          Oui certainement.

          #99913
          michmuch
            @michmuch

            Lapin a écrit :
            – Acculturation : permettre à l’individu d’intégrer les règles de fonctionnement de la société (Durkheim ou le B1 du post #1) ;
            – Individualisation : permettre à l’individu de se construire en construisant les règles de fonctionnement (Houssaye, le B3 du post #1, ou la transculturation de Shaaa post #8) ;
            – Personnalisation : permettre à l’individu de se construire en fonction de son identité (éducation nouvelle ou le B2 du post #1).
            Michmuch : est-ce ça ?

            Je précise :
            – l’acculturation est un processus descendant où la société impose ses règles, habitudes, sa culture, etc… à l’individu qui la rejoint (pour faire court c’est le modèle d’intégration actuelle).
            – L’individualisation et la personnalisation sont des processus interactifs qui se distinguent l’un de l’autre par la conception de l’enfant “comme futur citoyen qui devra assumer certains rôles sociaux et les remplir correctement pour pouvoir s’adapter dans la vie sociale” pour l’individualisation. La personnalisation est un processus davantage centré sur l’enfant (qui en est d’ailleurs la valeur) et pour qui le groupe n’est qu’un moyen de réaliser des choses qu’il ne pourrait faire seul. Ce processus est celui mis en oeuvre à la maison de courcelles / aujon (cf le livre de J-M Bataille édité à l’INJEP).

            #99918
            Shaaa
              @shaaa

              Le problème, il me semble, c’est notre conception de la profession d’animateur. Ça me fait penser à ce sujet sur l’auto-animation.

              Tant qu’on imaginera que c’est à l’animateur de préparer, organiser, gérer l’activité des enfants, nous ne pourrons pas imaginer qu’ils puissent s’effacer et laisser une place au jeu dit libre.

              #99947
              Lapin
                @lapin-2

                Bonjour à toutes et à tous

                1. Comment concilier initiatives des anims, accompagnement des projets des enfants et libre participation ?

                Shaaa (post #10), ludou (post #12) et XXYYZZ (post #14) rappellent la délicate compatibilité entre :
                – d’un côté l’accompagnement des enfants dans leurs envies, qui nécessite de prendre le temps de tester, d’essayer, de changer…
                – et de l’autre la proposition d’animation exceptionnelles (un grand jeu dirait ludou) ou complètement nouvelles (XXYYZZ).
                Point que je n’avais absolument pas soulevé (Lapin post #11 en réponse à Shaaa) et qui n’est pour moi pas tant le problème de la qualité des animations auxquelles vont participer les enfants mais celui de la contradiction C2 : respect également de l’anim, de ses envies, de sa personnalité.
                Une bonne illustration est pour moi celle de Marie13. Tu confirmes, avec ta participation plus active depuis 2010, toutes tes qualités d’expression et ta finesse d’esprit. Je garde d’ailleurs précieusement ton exemple pour une possible étude de cas : vécu: animateur absent

                2. Le rôle de l’anim : effacé ou non ?

                Après avoir lu solleana, je me dis que :
                – soit je n’ai rien compris à ce que disais les planetanimateurs depuis un bout de temps ;
                – soit j’ai bien compris, mais ma formulation l’a mal traduit.
                (1 est plus vexant mais beaucoup plus prometteur en terme de confrontation !)

                Crevette76 (post #3) et solleana (post #13) : quand vous parlez d’un anim effacé, vous parlez bien d’un anim à l’opposé de la caricature du GO, qui, au lieu de proposer un flux incessant d’activités et d’imposer par divers subterfuges la participation à ses animations, se positionne en retrait, à l’écoute des enfants ? Cet anim effacé, “à la disposition de l’enfant” (solleana post #13), comme je l’ai dit dans mon post #9, “écoute, suscite, et accompagne. Il est à la fois présent dans son animation (il met à disposition, fixe le cadre, régule, adapte…) et également en quelques sortes embusqué pour les autres, prêt à attraper au vol une idée émergeant des enfants, prêt à initier une nouvelle activité…” ?

                Si oui, alors j’ai bien compris ce que vous disiez, c’est simplement que l’épithète “effacé” ne me convient pas, car je trouve qu’il transcrit mal ce rôle actif et essentiel. Si non, alors j’ai mal compris et je ne suis absolument pas d’accord avec vous : ce serez trop facile : il suffirait de passer en mode surveillance unique et je serais un super anim (sans aller jusqu’à l’aberration de coloandco post #15, évidemment)

                3. Sûrement pas la liberté par défaut : c’est quoi cette c*** Lapin !

                Effectivement, la formulation “liberté par défaut” est inadaptée, car je ne voulais pas dire “faute de mieux” (c’est pourtant ce que ça veut dire !), mais “en préalable”. Sous-entendu, cette liberté sera le support à… Désolé.

                4. Les pédagogies institutionnelles

                coloandco a écrit :
                Après réfléchir sur Citation :

                les ACM comme derniers espaces permettant un pouvoir de décision des enfants

                c’est avant tout s’interroger sur quelle place pour la pédagogie institutionnelle au sein de l’animation ?

                Oui, tout à fait, mais avec les 4 subtilités que j’ai cru apercevoir sur planetanim et formuler dans mon premier post. Selon moi, seule la B3 relève de la pédagogie institutionnelle.
                Penses-tu que ton séjour en relevait ? Pourquoi ?

                5. La liberté au préalable, garantie et régulée par les anims (vassrohm, moilapa, Libertaire, Shaaa, solleana…) est-elle fondamentalement anarchiste ?

                Solleana, il est certain que cette qualification résulte de ma faible connaissance de l’anarchie et de l’interprétation que de fais de moultes posts. Évidemment, qui mieux que toi peu qualifier les valeurs qui t’animent ? Je crois cependant qu’il est intéressant d’aller chercher les racines, les points d’encrage des théories, afin de mieux les comprendre, de mieux les situer.
                J’ai cru distinguer à travers vos posts les racines suivantes :
                1. La vie commune est l’état naturel des enfants après 6-7 ans. Si on observe un milieu hors organisation de l’adulte (ex : cour de récré), on voit la volonté de s’associer, puis de se défaire, puis de former de nouvelles associations.
                2. Ainsi, le respect de l’individualité (écouter la culture de l’autre, ne pas imposer de valeurs morales, ne pas obliger l’engagement comme en B1) permet une organisation spontanée. Au contraire, l’autorité ignore les individus, leur participation, leur construction.
                3. Pour reprendre un excellent sujet que tu as initié 1er départ, souffrance et inadaptation : la violence n’est pas dans l’enfant mais dans la mauvaise organisation.
                4. Il s’agit donc de refuser la planification, la directivité, et de faire confiance en l’humain et à la construction collective.

                Pour moi, 1, 2, 3 et 4 sont les piliers de l’anarchie (avec d’autres évidement, et en remplaçant “enfant” par “individu”)

                Au plaisir d’en débattre,

                #100130
                solleana
                  @solleana

                  coloandco a écrit :
                  Un groupe laissé à lui même ne peut se gérer seul. Il y qu’a voir faite l’expérience de laisser 50 gamins tout seul dans un ACM et vous verrez le résultat : un beau bordel !

                  il a été question de ca?

                  #100133
                  Hervé MORICE
                    @herve-morice

                    l’auto organisation n’existe pas sinon il y aurait depuis longtemps des centres de loisirs autogérés.

                    Un groupe laissé à lui même ne peut se gérer seul. Il y qu’a voir faite l’expérience de laisser 50 gamins tout seul dans un ACM et vous verrez le résultat : un beau bordel !

                    Après réfléchir sur

                    les ACM comme derniers espaces permettant un pouvoir de décision des enfants

                    c’est avant tout s’interroger sur quelle place pour la pédagogie institutionnelle au sein de l’animation ?

                    #100309
                    XXYYZZ
                      @xxyyzz

                      ludou a écrit :
                      – de quelle manière concrète peut-on proposer quelque chose lorsqu’on est anim (donc découverte d’une activité, d’un instrument de musique, d’une bestiole dans l’eau et de son biotope par exemple) et en même temps laisser la place aux propositions des enfants. Je me pose surtout la question en terme d’organisation, comment mettre en place un système satisfaisant permettant aux uns et aux autres (enfants et anims) d’amener quelque chose, de le soumettre au choix (pédagogie du choix / pédagogie de la décision ??) du groupe ? L’éternelle question des anims qui préparent un grand jeu surprise (avec dramaturgie, costumes et tout le tralala), donc super, mais pourtant, si tous les enfants ne souhaitent pas participer ?
                      Shaaa a écrit
                      C’était un peu la même réflexion sur un sujet de vacances à l’étranger pour ados. S’ils veulent rester toute la journée à la plage entre eux alors qu’ils sont à Petaouchnok, que fait l’animateur ?

                      Je trouve que Ludou et Shaaa posent bien le problème.

                      A mon humble il faut suivre les enfants lorsqu’ils proposent des activités, des jeux spontanés ou autres. Mais l’ ACM doit aussi être l’ocasion de pratiquer des activités nouvelles et de découvrir d’autres lieux ( surtout pour les AL, dans le second cas). Je pense que c’est à l’animateur ou au directeur de mettre en valeur certaines activités, sans forcer les enfants a y participer. Souvent d’ailleurs ils y viennent d’eux mêmes ensuite.
                      Ces choix peuvent se faire pendant les réunions d’enfants ou pendant les temps informels où l’anim ou le dirlo discutent librement avec un petit groupe d’enfant.

                      #100315
                      solleana
                        @solleana

                        Pas tout lu (je previens)
                        Anarchiste non
                        L’animateur ne doit pas s ‘effacer parce qu’il est naze, il doit s’effacer parce qu’il faut laisser de la place aux enfants
                        Je rejoins Crevette, en général les animateurs nazes ne savent justement pas s’effacer tout gérer tout controler ca les rassure
                        Avoir ce petit pouvoir de décision de controle sur les enfants ca les grise (sisisisisi voyez le plaisir qu’on certains anim’s a revendiquer qu’ils ont de l’autorité eux!)
                        Liberté par défaut, je ne comprends pas
                        Offrir le plus grand espace de Liberté c’est un choix politique et éducatif
                        C’est dur à mettre en place, je relisais (merci Lapin) certains vieux posts où il était dit que nous faisions de la garderie (la nostalgie camarade)
                        mettre en place un aménagement adapté (coins …), suivre les enfants, s’adapter à l’enfant ce n’est pas rien faire
                        En se mettant à la disposition de l’enfant l’anim’ lui donne la possibilité de faire ses choix, affirmer ses envies, ses opinions, la possibilité aussi de s’écouter, d’écouter le groupe
                        Ce n’est pas un fonctionnement anar, l’enfant doit composer avec le groupe, le groupe d’enfant doit se construire et se réguler

                        #100477
                        ludou
                          @ludou

                          Salut Lapin,

                          merci pour cet exemple intéressant. J’ai le même genre d’observations régulièrement. Mais ce type de réactions à une organisation me renvoie toujours à un questionnement :

                          – de quelle manière concrète peut-on proposer quelque chose lorsqu’on est anim (donc découverte d’une activité, d’un instrument de musique, d’une bestiole dans l’eau et de son biotope par exemple) et en même temps laisser la place aux propositions des enfants. Je me pose surtout la question en terme d’organisation, comment mettre en place un système satisfaisant permettant aux uns et aux autres (enfants et anims) d’amener quelque chose, de le soumettre au choix (pédagogie du choix / pédagogie de la décision ??) du groupe ? L’éternelle question des anims qui préparent un grand jeu surprise (avec dramaturgie, costumes et tout le tralala), donc super, mais pourtant, si tous les enfants ne souhaitent pas participer ?

                          #100549
                          Lapin
                            @lapin-2

                            Salut Shaaa,

                            je crains de m’être très mal exprimé, car mon problème n’est absolument pas que les enfants fassent une activité qui va à l’encontre de mes valeurs : le Laser Game était d’ailleurs accepté par l’équipe (mais pas la compétition sportive ou les loisirs motorisés : l’équipe est bien garante du cadre éducatif). Ce qui n’a pas été accepté c’est qu’une contribution individuelle prise sur l’argent de poche soit nécessaire.

                            Ce qui me pose pb, ce n’est pas tant les limites fixées aux projets des enfants, mais d’avoir introduit les valeurs à contre-courant (le loup dans la bergerie) : besoin de dépenser, idée qu’on ne peut rien faire de cool puisqu’on a pas assez d’argent et différenciation entre les groupes basée sur la réalisation d’un loisir marchand.
                            Est-ce plus clair ?

                            #100553
                            Shaaa
                              @shaaa

                              Aaah, voila ton cas de conscience ! 😀

                              Que faire quand nous souhaitons donner plus de liberté à ceux dont on la charge et que leurs projets vont à l’encontre de nos “valeurs” éducatives (genre le lasergame).

                              C’était un peu la même réflexion sur un sujet de vacances à l’étranger pour ados. S’ils veulent rester toute la journée à la plage entre eux alors qu’ils sont à Petaouchnok, que fait l’animateur ?

                              Intéressant.

                              #100554
                              Lapin
                                @lapin-2

                                Bonjour à toutes et à tous.

                                Merci pour vos réponses. J’ai envie de dire beaucoup de choses, dans l’ordre :

                                A. Sur la forme : quelques précisions sur la façon de débattre

                                A1. Excusez mes mauvaises interprétations

                                Tout d’abord, crevette76 et michmuch, excusez-moi de vous avoir collé “la mauvaise étiquette”. Après tout ce que vous avez formulé et argumenté sur ces sujets, cela doit être très désagréable de se sentir incompris. Michmuch, je ne crois pas que tu ne sois pas clair, que tes propos varient ou que tu manques de cohérence (post #5). Je crois qu’en résumant et en compactant les idées de différentes personnes, je fais des raccourcis qui déforment forcément.
                                Pouvez-vous reformuler encore une fois votre conception, ce sera le plus facile et le plus juste, non ?

                                A2. La formulation “auto organisation” est imparfaite, ok, que proposer ?

                                Shaaa (post #2) : justement, je cherchais un terme qui introduise le cadre, car les formulations “jeu libre” ou “entre enfant” laissent de côté toute la construction et la régulation d’un fonctionnement collectif.
                                OK pour trouver un terme plus approprié : une idée ? Autogestion pédagogique (Houssaye) ? Non-directif ?

                                A3. Faire des catégories pour mieux comprendre

                                Crevette76 (post #3) : tu m’avais déjà fait remarquer que tu ne voyais pas pourquoi segmenter et opposer ainsi les approches sur le sujet C’est quoi un séjour qui rend l’enfant auteur et acteur! (crevette76 post #54). Décortiquer les discours, spécifier les idées et rechercher les oppositions m’aident à rendre le débat palpitant (que c’est lassant lorsqu’on est d’accord !) et à réfléchir.

                                B. Sur le fond : proposer une critique intrinsèque de l’auto organisation

                                B1. L’anim effacé a un rôle actif : ce sont les incompétents qui doivent disparaître

                                Je suis fondamentalement en désaccord avec une idée que je crois percevoir crevette76 dans ton post #3. Cette idée, telle que je la comprends :
                                1. L’expérience de la liberté permet aux enfants de découvrir, de vivre, la richesse de l’ACM (ok)
                                2. Le travail de d’anim est donc de se retirer, de s’effacer (désaccord).
                                De ce que j’ai compris du rôle de l’anim tel qu’il est présenté depuis maintenant plusieurs années par moilapa, solleana, Libertaire et d’autres, c’est un rôle actif. L’anim écoute, suscite, et accompagne. Il est à la fois présent dans son animation (il met à disposition, fixe le cadre, régule, adapte…) et également en quelques sortes embusqué pour les autres, prêt à attraper au vol une idée émergeant des enfants, prêt à initier une nouvelle activité… Moilapa, solleana, Libertaire ou d’autres, pouvez-vous confirmer (ou infirmer) ?
                                Tout le discours “B2. La liberté par défaut, garantie et régulée par les anims”, tel que je l’ai perçu est bien : ce rôle est très difficile, donc, puisque vous en êtes incapables (cause égo, aura… comme tu l’as dit), contentez-vous de leur lâcher la grappe !

                                B2. Les différentes formes de socialisation, les pédagogies et l’image de l’enfant

                                Ludou, merci de rappeler l’article de JM Bataille qui m’a aidé à comprendre le post #5 de michmuch, que je tente de résumer ainsi : il y’a trois façon de comprendre la socialisation :
                                – Acculturation : permettre à l’individu d’intégrer les règles de fonctionnement de la société (Durkheim ou le B1 du post #1) ;
                                – Individualisation : permettre à l’individu de se construire en construisant les règles de fonctionnement (Houssaye, le B3 du post #1, ou la transculturation de Shaaa post #8) ;
                                – Personnalisation : permettre à l’individu de se construire en fonction de son identité (éducation nouvelle ou le B2 du post #1).
                                Michmuch : est-ce ça ?

                                Evidement que tout ceci est lié à l’image de l’enfant comme tu le dis Shaaa (post #8) : l’enfant être en développement est la vision dans les ACM de “préparation à la vie adulte” que j’ai évoqué en A2 de mon premier post, et l’enfant individu est la vision dans l’éducation nouvelle. Cette deuxième approche se décomposant ensuite en deux : l’enfant consommateur qui pioche dans un choix d’activités (acculturation dirait michmuch si j’ai bien compris) et l’enfant partenaire qui conjugue liberté individuelle et construction collective (individualisation ou personnalisation dirait michmuch si j’ai bien compris).
                                Ce qui m’intéresse, c’est de critiquer cette dernière conception.

                                C. Sur le fond : illustrer la double contradiction acteur – consommateur – travailleur

                                Je suis agréablement surpris que mon second problème, que j’ai évoqué en C2 post #1, ait été si bien compris. Crevette76 je suis une nouvelle fois en désaccord avec toi quand tu expliques que ce que tu dis est peu intéressant parce que ton cerveau ne tient pas la route. Bien au contraire, les quatre questions que tu posent sont terriblement précises et adaptées. Simples, presque enfantines, mais combien justes !

                                Michmuch tu apportes un premier élément de réponse interressant quand tu dis (post #5) :

                                michmuch a écrit :
                                Pour faire court, les valeurs de l’éducation populaire s’appliquent d’abord aux animateurs et ensuite aux enfants… Comment des animateurs peuvent amener des enfants à construire leur propre séjour, si les animateurs ne peuvent créer leur propre organisation de séjour?

                                Donc, nous nous sommes compris. Je préfère donc dans un premier temps revenir sur la première contradiction, que je vais tenter d’illustrer.

                                C1. Contradiction acteur – travailleur : élaborer les menus avec les enfants

                                Les camps de vacances à partir de 11-12 ans sont généralement l’occasion d’associer les enfants au choix des repas. En effet, puisqu’il va falloir faire les courses et cuisiner ensemble, pourquoi ne pas choisir les menus avec les enfants ? Voire, pourquoi cette élaboration ne serait-elle pas complètement déléguée aux enfants ? “L’élaboration et la préparation des repas sont à mon sens une activité à part entière” disait déjà Libellule7 en juillet 2004(1).
                                Au départ, je trouve cette idée séduisante : n’est-on pas dans une autonomie collective ? N’est-ce pas un vrai partage du pouvoir de décision ?
                                L’équipe va ainsi concevoir et proposer un super outil qui permette :
                                – de faire des menus attractifs, variés et équilibrés ;
                                – qui intègrent les contraintes matérielles (genre pas de four ou de congel) ;
                                – qui prenne en compte les possibilités d’approvisionnement et les compétences cuisinières des anims et des enfants ;
                                – et qui permette si possible une décision collective (vote ? consensus ?).

                                Le super outil est présenté aux enfants, qui se l’approprient et qui élaborent donc les menus, les anims étant garants des 4 points que j’ai listé ci-dessus.

                                Cependant, j’en viens à me poser des questions : au final, étant donné toutes ces contraintes, quelle marge de manoeuvre ont eu les enfants ? Ne les ai-je pas fait travailler à ma place ? Est-ce ça les vacances ?

                                C2. Contradiction acteur – consommateur : une expérience de projets collectifs

                                L’été 2009 je dirige avec deux adjoints une grosse colo (140 enfants de 6 à 17 ans – 20 anims). La colo est organisée en 10 dortoirs (5 tranches d’âge, dortoirs garçons et dortoirs filles). Nous souhaitons donner à chaque dortoir la possibilité de mettre en oeuvre un projet collectif, en s’associant s’il le souhaite aux autres. Nous décidons en amont :
                                – de sensibiliser les anims à leur rôle d’accompagnateur lors des journées de prépa et de garant du temps et des moyens ;
                                – d’accepter les activités dites de consommation (contrairement à coloandco par ex.(2)), mais de nous garder un droit de regard éducatif (refus de la compétition sportive ou des loisirs motorisés par ex.) ;
                                – qu’il est possible de ne pas faire de projet ;
                                – qu’il est possible de faire plusieurs projet dans un même groupe, mais que ceux-ci doivent être collectifs (2 enfants mini) ;
                                – et de dégager des moyens (accès Internet et téléphone du bureau de la direction, 25% du budget péda soit 150 € en moyenne par dortoir y est consacré, nous supprimons une sortie habituelle de toute la colo à un parc d’attractions).

                                Exemples d’aboutissements :
                                – Chez les moins de 9 ans, la convergence et la mobilisation des enfants a été impossible : les anims ont fini par nous demander à la fin : “on ne pourrait pas s’offrir une sortie à la piscine avec les 150 € ?”. Bas oui !
                                – Les grandes filles (14 – 17) s’associent (2 tranches d’âge) pour se faire une garden party : pâtisserie, robes et ombrelles, goûter champêtre…
                                – Les garçons de 12 – 14 ans après avoir proposé une sortie Laser Game que nous avons refusé (car chaque enfant devait payer une partie de sa poche car les 150 € ne suffisaient pas), se sont rabattus sur une sortie quartier libre en ville.

                                En analysant ce que nous avions initié, nous avons été très critiques. En effet, ce beau projet a été rapidement traduit dans la tête des enfants par “comment peut-on dépenser les 150 € ?”. N’ai-je pas confondu pédagogie non directive et consommation, projet et produit ?

                                Est-ce que cela répond en partie à ton interrogation Ludou ?

                                ————

                                (1) Libellule7 post #3 en juillet 2004 sur le sujet RECETTES CUISINE CAMPING

                                (2) coloandco post #10 en février 2009 sur le sujet MOUVEMENT D’ANIMATION ALTERNATIF

                                #100918
                                Shaaa
                                  @shaaa

                                  Je rejoins michmuch sur la question de la socialisation. Plusieurs conceptions sont repérables et elles ne laissent (ou donnent) pas la même aux “socialisés” et aux “socialisants”.
                                  Pour Durkheim, c’était très clair. Les socialisés devaient acceptés et intégrés (de gré ou de force) les usages, normes et valeurs de la société. Et vu qu’il ne la dissocie pas de l’éducation… Bref. C’est le sens de l’acculturation où la culture du socialisé passe à la trappe pour adopter la culture légitime du socialisant (ou dominant ?). Toutes les traditions et cultures enfantines n’ont même pas lieu d’être vu qu’on ne les conçoit pas.
                                  D’un autre côté, si on accorde une autre place aux socialisés en reconnaissant leur part active dans leur socialisation, on change de conception… On pourrait même parler de transculturation.

                                  Pour continuer dans les différentes conceptions, il existe (au moins) trois grandes représentations de l’enfance. Il y a 200 ans, on ne les regardait pas de la même façon qu’aujourd’hui et qu’il y a 50 ans. Mais elles cohabitent (et c’est un peu le bordel). De façon dominante, l’Enfant (le singulier est quand même particulier…) est un être en développement (qui doit grandir) qui a des besoins (bien définis…) auxquels je dois répondre. C’est l’enfant-élève de R. Sirota, par exemple. Une autre est la représentation d’un enfant-partenaire : les enfants ont des cultures, des capacités, des envies que l’on peut reconnaître sans forcément projeter des objectifs éducatifs à leurs activités.
                                  (Pour plus d’infos, voir les travaux de Delalande, Mollo, Chombart de Lauwe, Roucous).

                                  Ces conceptions ont de grosses influences sur notre conception du loisir. Et tout ceci à des impacts sur l’organisation des ACM et sur les pédagogiques mises en place.
                                  Pour l’enfant-élève, on retrouve la forme scolaire (voir l’article de J. Houssaye) caractéristique des structures péri-scolaires et extra-scolaires (ça vous a jamais étonné ces dénominations ? :-D). Dans le cadre des colos, on a affaire au modèle colonial.

                                  – Temps d’accueil avec différents coins-ateliers-pôles…
                                  – Temps de rassemblement… présentation des activités.
                                  – Temps d’activités proposées avec choix.
                                  – Temps de toilettes…
                                  – Temps de repas
                                  – Temps calme/libre, c’est selon
                                  – Temps d’activités avec du choix ! et c’est ça la liberté pour certains !
                                  – Temps de goûter.
                                  – Temps de départ ou de douche (à 18h pour michmuch).
                                  – Temps de repas.
                                  – Temps de veillée.

                                  (on en cause dans un autre sujet d’ailleurs : vous êtes bidons !

                                  Pour reprendre le propos de Herman, c’est dans ce cadre que l’Enfant est un consommateur car il peut choisir comme au supermarché l’activité produite pour lui en attente d’être satisfait… Et il pourra se plaindre à une association de consommateur !

                                  Si on verse dans d’autres prises en compte des enfants (et une autre conception sous-jacente), on arrive à d’autres fonctionnements dont les pédagogies de la décision. À schématiser, c’est un peu galère car justement, les horaires sont bien moins voire pas du tout formalisés. Il n’y a pas d’horaires pour les douches et les activités ne sont pas proposées par des animateurs : les enfants décident.

                                  En allant plus loin, on peut repérer les différentes variables communes à tout ACM mais qui ont des formes variées… c’est assez rigolo à voir d’ailleurs.

                                  Donc, pour ma pomme, il n’y a pas d’auto-organisation. Il y a une variété d’organisations qui n’offrent pas les mêmes possibilités ni les mêmes places aux différentes personnes (enfants ou adultes). À l’intérieur de tout ça, les animateurs n’agiront pas de la même manière. Il y a plusieurs genre et types d’animateurs.

                                  Ces places renvoient à des conceptions particulières de l’enfance, de sa socialisation et de son loisir. De façon plus large, de son éducation… qui peut être plus ou moins formelle-alisée. Dans cette variété, les enfants pourront être “travailleur-producteur d’objets”, “acteur-consommateur d’activités” ou “auteur-décideur de leur loisir”.

                                  Pour l’éducation, c’est un mot tant chargé de symbolisme, d’idéologique et de valeurs que je m’y aventurerai ni à la définir ni à en parler. 😀 par contre, je fais parler les autres
                                  Tout ce que je sais, c’est que les valeurs affichées dans les projets éducatifs n’ont rien à voir avec les réelles considérations que nous pouvons avoir et qui sont beaucoup plus “cachées”.

                                  Voila la compréhension que j’en ai aujourd’hui… Chai pas si c’est clair ni si j’ai répondu à tes questions. (les dernières attendront).

                                  #100944
                                  michmuch
                                    @michmuch

                                    Tout bon, Ludou, le texte de Bataille… Je regrette toujours qu’il n’est pas encore fait un autre article pour aller plus loin dans sa réflexion…

                                    Lui aussi revient toujours à la socialisation comme objet d’entrée pour une nouvelle définition de l’animation.

                                    #100952
                                    ludou
                                      @ludou

                                      Salut Lapin, et merci.

                                      Pas de souci si je n’ai pas encore de case, ça prouve aussi que j’ai encore beaucoup de questionnements qui demandent à être “mis à l’épreuve” (les stages, les forums, les mails sont bien aidant à cet égard).

                                      Je n’ai malheureusement pas le temps de répondre et développer, mais je reviendrai.

                                      Juste pour ton C1 troisième tiret (et merci Shaa pour le lien vers les textes dispo sur CIVIIC), ce texte de JM Bataille qui tente de réexpliquer pourquoi ça pose un problème à certains de consommer de l’animation et, ce qu’explique Moilapa aujourd’hui, pourquoi animer ce n’est pas éduquer ?

                                      Notamment son 2.2 et son 3. font un très gros résumé de tout ça, mais touche (à mon sens) à ce qui fonde le sens de notre action : le vivre ensemble oui, la socialisation oui, mais de quelle manière.
                                      Si je consomme, qu’est-ce que ça donne (compétition exacerbée, méritocratie illusoire), si je tente l’aventure des “pédagogies de la décision”, qu’est-ce que ça donne (vise à “un espace public à construire en permanence”, avec ses difficultés, ses échecs, ses réussites, et la possibilité offerte à chacun de se prendre en main, agir sur cet espace public).

                                      Bon, évidemment, il faut accepter les définitions de départ (éducation, pédagogie, rapport éducation-socialisation…).

                                      Pour C1 et C2, je rejoins évidemment totalement les propos de michmuch…

                                      Lapin au fait, il me serait également impossible de dire ce que toi tu en penses, ni même ce que tu mets en place 😉

                                      #100959
                                      michmuch
                                        @michmuch

                                        Voilà une discussion intéressante…
                                        Quelques points pour poursuivre cette discussion :
                                        A1- La socialisation… Voilà bien un concept difficile à définir et il me semble nécessaire de reprendre un peu ce concept. Il existe trois processus de socialisation : l’individualisation, l’acculturation et la personnalisation. La socialisation définit par Jacques Marpeau :”Intériorisation des normes et des valeurs, afin de rendre possible une vie en société. La socialisation apparaît soit comme un processus à sens unique où l’individu intègre les normes et les modèles culturels d’une société ; soit comme un processus interactif, où le « socialisé » dispose d’une marge de manoeuvre par rapport à l’intégration et à l’application des valeurs et des normes”. Le sens unique est le processus d’acculturation et reprend les théorie de Durkheim. Le processus interactif reprend les deux autres processus l’individualisation et la personnalisation. Ils se distinguent l’un de l’autre par la prise en compte de “l’enfant comme futur citoyen qui devra assumer certains rôles sociaux et les remplir correctement pour pouvoir s’adapter dans la vie sociale”.

                                        Dans l’animation, le processus de personnalisation est souvent utilisé dans le modèle traditionnel. L’enfant-personne avec ses rythmes, son besoin d’apprentissage par lui-même, son identité propre, et ses étapes de développement seront prioritaires. L’apprentissage de la vie collective se fera à travers les activités (de groupe) qui sont mises en avant. On retrouve dans cette approche les influences de l’éducation nouvelle, la personnalisation est le processus de socialisation de l’éducation nouvelle.

                                        Pour Jean HOUSSAYE, la socialisation ne se limite pas à intégrer l’enfant dans la vie sociale, “elle consiste aussi à le rendre libre dans ses pensées et dans ses actes ; elle lui permet enfin de se produire lui-même au lieu de s’engager uniquement dans la reproduction sociale”. l’expérience pour l’enfant est importante, la démocratie et l’apprentissage de la citoyenneté est centrale. Construire la socialisation des enfants par le processus d’individualisation signifie donc que l’adulte ne peut plus être le seul décideur, il ne peut plus penser pour lui et être le seul détenteur de la loi et de son exécution. L’enfant est alors amener à construire avec l’adulte et le groupe les lois communes.

                                        A travers cette définition des concepts, on remarque bien que les “pédagogies” mise en place pour amener l’enfant à être acteur, consommateur ou travailleur dépendent clairement de la conception qu’à chacun de la socialisation…

                                        Au regard de cette introduction, le point A2 perd de son sens… On ne peut plus parler d’auto-organisation des enfants mais de système, de pédagogie, d’institution ou de methode mise en place par l’adulte permettant à l’enfant de s’organiser avec un degré de liberté plus ou moins important, une place de l’adulte plus ou moins prépondérante, des relations d’autorité différentes.

                                        A titre personnel, je ne me retrouve pas vraiment dans le point B2, le terme “liberté par défaut” me gène et je ne vise pas à la disparition de l’animateur mais à la reconstruction de sa place… En tout cas, il est très intéressant de lire comment mes propos sont compris puis interprétés… Cela indique que soit je ne suis pas clair, soit mon propos varient soit je manque de cohérence, intéressant. Je ne suis pas sûr que les points B2 et B3 soient tant marqués que cela. L’organisation institutionnelle vise aussi à la liberté de l’enfant mais elle s’appuie sur le processus d’individualisation par contre le B2 s’appuie davantage vers le processus de personnalisation qui lui est vraiment lié à l’éducation nouvelle. Les pédagogies de la décision (Houssaye) s’appuie sur l’individualisation et la nécessaire organisation démocratique. La question revient alors de savoir si on s’appuie sur la personne ou sur le groupe pour construire la socialisation chez l’enfant. A titre personnel, je ne me retrouve que très marginalement dans les expériences anti-autoritaire (Neil, Rogers, Evolène & co), je me retrouve davantage dans les approches de Dewey et de Oury donc le courant institutionnel. En tout cas ces deux approches ont passés leur temps à s’attirer et se déchirer, le virage est nettement plus marqué aujourd’hui en raison des courants politiques… Mais Paul Robin ne faisait-il pas une sorte de pédagogie institutionnelle dès la fin du XIXème siècle alors qu’il était anarchiste? (grand pédagogue pour info…).

                                        Les points oubliés :
                                        C1 – pour moi les contradictions pointées sont issus du péché originel de l’éducation nouvelle : s’intéresser aux besoins des enfants… Or pour moi, il s’agit non pas de s’intéresser aux besoins mais à la personnalité des enfants… Les besoins s’est assez facile : Respirer, Boire, manger, Éliminer (urines et selles), Se déplacer, Dormir, se reposer, Se couvrir, Être propre et soigné, Éviter les dangers, Communiquer, Agir selon ses valeurs, S’occuper en vue de se réaliser, se divertir, Apprendre, avoir une activité sexuelle… Qui peut nier de telles évidences (même si le sexe pose encore question dans nos ACM… Par contre prendre en compte la personnalité de chacun reste toujours une question… Si l’éducation nouvelle en s’appuyant sur les sciences de l’homme (récente) s’est emparé des besoins de l’enfant pour se construire, les ACM d’aujourd’hui devrait s’emparer des éléments que ces besoins ne décrivent pas : vivre dans un groupe et s’organiser, l’intimité et le besoin d’entre soi, le divertissement gratuit (c’est à dire le jeu), etc… Tant que l’animation prendra comme référence les besoins de l’enfant, le modèle restera le même celui de l’adulte au centre du dispositif et les contradictions pointées resteront…

                                        C2- Pour faire court, les valeurs de l’éducation populaire s’applique d’abord aux animateurs et ensuite aux enfants… Comment des animateurs peuvent amener des enfants à construire leur propre séjour, si les animateurs ne peuvent créer leur propre organisation de séjour? Là aussi il faut penser, personnalité des animateurs et non compétences… La compétence est le rejeton merdeux de la méthodologie de projet qui cherchent à fixer des objectifs pour rationaliser le travail… La compétence est la rationalisation de l’homme au travail, l’animateur doit évidemment savoir des choses mais ils travaillent avant tout avec lui-même, avec sa capacité à construire une relation de qualité basée sur une autorité juste et permettant à l’enfant de faire ses expériences propres… tiens tiens c’est le retour de J. Dewey…

                                        C3- quant à internet, je reste en même temps admiratif et cisconspect… pas de commentaire, je n’ai pas d’idées claires…

                                        Voilà pour un premier jet qui sera sans doute complété par la suite…

                                        #100983
                                        moilapa
                                          @moilapa

                                          Je trouve ce post très intéressant… qui ouvre plein de discutions… mais c’est un peu le problème : il y a tant, tu ouvres tant d’autres “fronts”…

                                          Pour ma part, je n’ai pas le temps en cette période de “m’investir” dans plus d’une discution “sérieuse”…

                                          Mais c’est avec plaisir que j’y reviendrai plus tard… si je me souviens de ce qu’elle existe… où si les échanges la laisse en haut du “top forum”…

                                          en tout cas, une fois encore, merci Lapin pour ces partages si peu communs…
                                          J’aime beaucoup ce que le forum est devenu, même si cela exclue des discutions bon nombre des lecteurs, même si cela en décourage certains, notamment les help-me, parce que ce média internet est un lieu d’immédiateté, que la majorité des gens ne viennent pas chercher cela sur internet, sur un forum…

                                          Peu importe.

                                          #100984
                                          crevette76
                                          Administrateur
                                            @crevette76

                                            Salut Lapin,

                                            deux petites bidouilles en passant :

                                            – pas certaine de me retrouver dans la “case” que tu m’attribues… enfin, ce qui me gène un peu c’est qu’on dirait qu’avec ton classement tu opposes les trucs, alors que perso j’pense pas être forcément opposée aux catégories dans lesquelles tu m’as pas mise 🙂
                                            (pardon si j’suis pas claire ou gnangnan, contexte IRL oblige)

                                            – et puis tu dis

                                            Lapin a écrit :
                                            B2. La liberté par défaut, garantie et régulée par les anims
                                            Pour vassrohm, moilapa, Libertaire, michmuch, Shaaa, solleana…, le rôle de l’anim est de capter des demandes, de leur donner vie, et également de susciter des activités originales. Cependant, la majorité des anims en étant incapables, la meilleure attitude consiste donc à “travailler à sa propre disparition” [/i](Brizais 2009)(6), afin de dégager la plus grande liberté (ex : cour de récré). A partir de la vision anti-autoritaire, popularisée par Neill, cette approche fait de l’anim le partenaire des enfants, leur accompagnateur et l’auto organisation est presque spontanée. Une position fondamentalement anarchiste.

                                            (j’ai grossit la partie qui me titille)
                                            J’suis pas forcément convaincue que le “travailler à sa disparition” découle d’une incompétence des anims sur autre chose…
                                            D’ailleurs par expérience, ce que j’observe perso, ce sont plutôt de “bons” anims qui arrivent à “s’effacer”, se mettre en retrait au profit d’autre chose.
                                            Parce que pour l’ego du “mauvais” anim, c’est quelquechose de trop compliqué que de ne pas se montrer systématiquement leader du groupe (avec tout le “pouvoir” que ça suppose, l’aura que ça donne, etc…).
                                            Non ?

                                            Ah et ton C2 j’l’aime bien… mais en y réfléchissant, c’est lié un peu, non ?
                                            Le confort de l’anim est-il (aussi) important (que celui de l’enfant) ?
                                            Les objectifs péda ne s’adressent-ils qu’aux enfants ?
                                            L’éducation populaire, c’est pour qui ?

                                            (mais bon j’reviendrais une autre fois pour pouvoir dire un truc un peu intéressant parce que là mon cerveau tient pas la route)

                                          20 sujets de 1 à 20 (sur un total de 23)
                                          • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.
                                          0
                                          0
                                          color
                                          https://archive.planetanim.fr/wp-content/themes/blake/
                                          https://archive.planetanim.fr/
                                          #febf42
                                          style1
                                          paged
                                          Chargement en cours
                                          #
                                          on
                                          none
                                          loading
                                          #
                                          Trier la galerie
                                          https://archive.planetanim.fr/wp-content/themes/blake/
                                          on
                                          yes
                                          yes
                                          off
                                          off
                                          off