Les mauvais comptes d’Andasca
Article parut dans le SUD OUEST Publié le 25/10/2012 à 06h00 par Jean-Michel Desplos
Le président de l’association est soupçonné d’avoir détourné près de 60 000 euros à des fins personnelles.
� Des vacances sur mesure pour tous », vante le slogan de l’association Andasca que préside Marc Valentin, dont le siège se trouve à Bordeaux. Andasca, créée en 1995, s’occupe de l’organisation de centres de vacances pour enfants et adolescents ainsi que de celles pour adultes déficients intellectuels. « Nous privilégions l’esprit famille et voulons travailler dans la transparence et la réciprocité », peut-on encore lire en préambule sur le site Internet de l’association. Si jusqu’à aujourd’hui Andasca jouissait d’une image plutôt positive, celle-ci risque désormais d’être ternie par les agissements présumés de son président qui a été placé, hier, en garde à vue, dans les locaux de la division des affaires économiques et financières de la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Bordeaux. Les policiers le soupçonnent d’avoir détourné au cours de ces huit derniers mois près de 60 000 euros au préjudice de l’association.
Addiction au jeu
C’est Tracfin, la cellule de lutte antiblanchiment chargée de la lutte contre les circuits financiers clandestins qui a constaté des opérations douteuses sur le compte bancaire d’Andasca. Des sorties d’argent effectuées au moyen de la carte bancaire de l’association étaient destinées à alimenter un compte sur un site de jeux de poker en ligne. Plus de 30 000 euros ont ainsi été dépensés en quelques mois. Les services du procureur de la République ont été avisés et la police judiciaire saisie de l’affaire.
Hier, Marc Valentin, 43 ans, qui bénéficie toujours de la présomption d’innocence, a été longuement entendu par les enquêteurs. Selon les investigations menées et d’après ses déclarations, il avait une certaine addiction pour le jeu. Mais ce n’est pas tout car, malgré un salaire confortable comme directeur des villages de vacances et une indemnité comme président de l’association, il aurait également fait des retraits en espèces avec la carte bancaire de l’association et réglé des factures ne correspondant à aucun frais réel engagé au titre d’Andasca.
Abus de confiance
Depuis 1995, des milliers d’enfants et d’adultes ont séjourné dans les deux centres de vacances à Guchen et Vielle-Aure, dans les Pyrénées. En 2010 par exemple, 1 200 enfants ont été accueillis pendant l’été. Andasca villages propose jusqu’à 200 places sur ces deux sites, emploie dix salariés administratifs à l’année ainsi que 30 employés techniques pendant les saisons d’hiver et d’été. L’association fonctionne avec quatre salariés permanents et 300 animateurs.
Son président pris aujourd’hui dans la tourmente judiciaire devra s’expliquer dans quelques mois devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour répondre d’abus de confiance. Il devra dire comment il est tombé dans cette spirale infernale qui a conduit la structure à ne plus payer certains fournisseurs et autres prestations sociales.
Hier soir, il a quitté libre le commissariat central. Les enquêteurs de la DIPJ lui ont notifié sur instruction du parquet une convocation devant le tribunal par officier de police judiciaire.
BORDEAUX