Quand je suis sortie du BAFA, je n’avais qu’une trĂšs vague notion des diffĂ©rents projets qui existaient : je n’avais jamais vu un PE, et un seul PP, et jamais fait de PA (j’avais fait un semblant de PA en appro).
Je pense que c’est en animant, en ayant une reflexion par rapport au vĂ©cu, qu’on comprend l’interet rĂ©el d’une telle dĂ©marche, et pas en 1h de temps lors de la formation BAFA.
DĂ©finir ce que dĂ©veloppe telle ou telle activitĂ© alors qu’on n’est meme pas sure encore de rĂ©ussir Ă mener Ă bien cette activitĂ©, qu’on est dans l’immĂ©diatetĂ© du “comment je vais mener telle activitĂ©”, c’est dur car il faut se pojeter dans le futur! Suivant la maniĂšre dont l’activitĂ© va etre menĂ©e, les buts vont etre diffĂ©rents. Et ca, j’ai mis pas mal de temps Ă m’en rendre compte. Pour moi, mener une activitĂ© A revenait Ă developper telles et telles aptitudes, independamment de la facon dont l’activitĂ© Ă©tait menĂ©e. J’ai rĂ©alisĂ© que c’etait plus complexe que ca… (pourtant j’avais vu la grille du laisser-faire, faire-faire, aider Ă faire… en stage BAFA, mais je n’ai pas fait le lien avec la rĂ©alitĂ©).
Et les subtilitĂ©s Ă©voquĂ©es ici, par exemple entre dĂ©velopper l’autonomie, developper l’accĂšs Ă l’autonomie, … c’est un concept pas franchement Ă©vident Ă manier, si on ne l’a pas expliquĂ©. C’est lĂ l’interet des rĂ©unions de prĂ©paration pour etre sur, par des feedbacks, que chaque anim ait bien compris les intentions de l’organisateur et du directeur. Avec un PP envoyĂ© par email et en demandant Ă l’anim s’il pense avoir compris, la subtilitĂ© prĂ©sentĂ©e ici passerait inapercue. Ca demande donc un vrai travail de la part du directeur… que j’ai parfois trouvĂ© un peu lĂ©ger, mais je ne gĂ©nĂ©ralise pas.
Il y a donc, selon moi, une approche, lĂ©gĂšre, qui est abordĂ©e lors des stages BAFA, qui en suffit pas en soi, et qu’il faut par la suite continuer Ă faire passer aux anims. C’est de la formation continue.
Ah voilĂ un dĂ©bat intĂ©ressant ! Donc le forum n’est pas tout Ă fait mort, c’est rassurant.
Frytjip, je cois que les PE devraient dĂ©finir prĂ©cisĂ©ment les notions qu’il abordent. En effet, on trouve souvent les notions de citoyennetĂ©, d’autonomie … mais ce sont des notions tellement vastes que chacun a sa propre dĂ©finition de l’autonomie ou de la citoyennetĂ©. De plus, la dĂ©finition de ces notions pourra ĂȘtre trĂšs diffĂ©rente selon l’orientation politique ou culturelle de l’organisateur. Sur ce forum, tu donnes ton idĂ©e de ce que peut ĂȘtre l’autonomie mais je pense que d’autres directeurs et d’autres animateurs pourront avoir une dĂ©finition trĂšs diffĂ©rente de l’autonomie. Ce serait un “exercice” qu’il faudrait proposer dans les formations BAFA et BAFD : “vous prenez une feuille, vous dĂ©finissez l’autonomie, ensuite on ramasse les feuilles et on compare les rĂ©ponses.” Ces rĂ©ponses seront trĂšs certainement trĂšs diffĂ©rentes les unes des autres. Ca me donne des idĂ©es pour mes futures formations.
Je suis formateur BAFD et je vois beaucoup de projet pĂ©da passer entre mes mains, dans les intentions et les objectifs Ă©ducatifs, j’ai l’impression qu’ils ont tous copiĂ© les uns sur les autres. On balance des discours formatĂ©s sur l’Ă©ducation et une fois sur le terrain, qu’en reste-t-il ?
Les seuls projets pĂ©dagogiques qui sortent vraiment du lot et qui mettent en place de vraies intentions Ă©ducatives sont les projets Ă vocation religieuse et les projets scouts. Je sais que çe que je dis ne va pas plaire Ă tout le monde, mais c’est une chose que j’ai constatĂ© Ă l’occasion de toutes mes expĂ©riences de formateur. Je prĂ©cise, encore une fois, que je n’ai aucune appartenance ni mĂȘme aucune affinitĂ© avec les scouts et les mouvements religieux.
Al Batros, l’idĂ©e de demander aux jeunes bafasiens leur avis sur cette question est trĂšs bonne, mais il faudrait que, dans les formations BAFA, il y ait une vraie rĂ©flexion sur le projet pĂ©da et sur le PE. Selon les organismes et les formateurs, cette rĂ©flexion est trĂšs sommaire voire inexistante.
Salut Ă toi, Frytjip
Un article qui illustre bien la problématique que tente de soulever Al-batros non?
Merci :thx: Ă toi pour l’article.Cependant, ne dis pas que j’ai tentĂ©!
Je n’ai pas tentĂ©, j’ai rĂ©ussi! đ
La loi 2001-624 a voulu remettre Ă sa juste valeur le PE.
HĂ©las, il est souvent le papelard obligatoire qu’il faut pour la dĂ©claration d’ouverture. Et, ce papelard retourne au jaunissage, after.
J’aimerais des rĂ©actions d’animateurs(rices) fraichement bafaĂŻsĂ©(es).
Je voudrais savoir s’ils retrouvent en pratique les hautes considĂ©rations Ă©ducatives abordĂ©es au stage BAFA.
A l’IUFM, parler d’objectifs Ă©ducatifs, pĂ©dagogiques, opĂ©rationnels, mesurables …, c’est notre truc.
Mais au BAFA ?
On noie le poisson, n’est ce pas?
Al Batros
Salut,
Un bel article d’Alain Gheno Ă ce sujet :
Trop de projets tuent le projet
La lecture des quotidiens, lâĂ©coute des programmes radio ressassent des projets, tous plus mirobolants les uns que les autres. Aujourdâhui, qui nâa pas son projet ? Dans notre domaine aussi, il y a inflation. Des notions de projet Ă©ducatif Ă projet pĂ©dagogique, nous sommes arrivĂ©s Ă un empilage de projets, dâactivitĂ©s, de fonctionnement, de vie collective, dâorganisation, de je ne sais quoi encore, souvent sans liens, Ă©lectrons libres de procĂ©dures artificielles.
Dans les structures de vacances et de loisirs collectifs, toute lâorganisation, puis la vie mĂȘme des centres sont basĂ©es sur le projet pĂ©dagogique. Câest de projet pĂ©dagogique quâon entend le plus souvent parler. Or, il ne peut y avoir de projet pĂ©dagogique sans projet Ă©ducatif. Affirmation pĂ©remptoire, mais Ă©vidence premiĂšre ! Le projet Ă©ducatif, appelĂ© encore projet politique est ce qui donne sens. Câest ce qui va permettre ensuite, Ă lâaction dâexister. Le projet Ă©ducatif est de lâordre de lâintention, philosophique ou idĂ©ologique. Câest ce qui, Ă lâorigine, a fondĂ© lâaction. Il y a toujours une intention derriĂšre un projet. Ce nâest jamais par hasard quâune organisation, ici municipalitĂ©, lĂ comitĂ© dâentreprise, lĂ encore structure de quartier, association ou coopĂ©rative, ou toute autre forme, dĂ©cide dâorganiser les vacances ou les loisirs dâenfants et de jeunes. DerriĂšre lâintention la plus anodine, il y a de lâidĂ©e, du sens. Il y a une vision du monde, de la sociĂ©tĂ©. Et comme nous sommes dans le domaine du projet, il y a toujours une idĂ©e de transformation, ou de construction. Et comme plus avant encore, ces projets sâadressent Ă des enfants et des jeunes, cette transformation, inĂ©luctable, porte les germes de la sociĂ©tĂ© de demain. Dâun seul coup, le fameux projet Ă©ducatif dont malheureusement on parle trop peu prend toute sa dimension. Sans projet Ă©ducatif, pas de pistes de travail pour construire le projet pĂ©dagogique, qui nâest, et ne doit ĂȘtre que la mise en acte des intentions, des buts Ă atteindre du projet Ă©ducatif.
On comprend bien que des projets pĂ©dagogiques sans liens avec un projet Ă©ducatif ne peuvent ĂȘtre, y compris Ă partir des meilleures intentions possibles, quâĂ la dimension dâune Ă©quipe dans le meilleur des cas, du seul directeur dans le pire des cas. La garantie Ă©ducative impose le projet Ă©ducatif, au risque sinon de soumettre les enfants et les jeunes aux diktats dâactes individuels sans cohĂ©rences.
Dans les projets Ă©ducatifs doivent apparaĂźtre des termes forts, indiquant formellement les buts Ă atteindre. Bien souvent ces termes restent trop vagues, les intentions trop floues. Il devient alors difficile pour les Ă©quipes dâencadrement des sĂ©jours de concrĂ©tiser ces intentions, ou plus exactement, il devient trĂšs facile dâen faire nâimporte quoi. Et le projet pĂ©dagogique sera de fait inĂ©valuable. Or un directeur, puisque ce sera souvent lui qui nĂ©gociera en amont avec lâorganisateur, doit pouvoir soumettre les grandes lignes de sa mise en Ćuvre du projet Ă©ducatif. Et un organisateur doit pouvoir percevoir dans les prĂ©mices du projet pĂ©dagogique la maniĂšre dont ces intentions Ă©ducatives vont ĂȘtre concrĂ©tisĂ©es. Câest Ă partir de cette rencontre, de cette nĂ©gociation que le sĂ©jour va se monter. Il paraĂźt impensable, encore une fois pour une question de garantie Ă©ducative quâun directeur, puis une Ă©quipe puisse faire nâimporte quoi Ă partir dâun projet Ă©ducatif trop flou (quand il existe formellement). Et si les Ă©quipes dâencadrement successives participent Ă lâĂ©volution du projet Ă©ducatif, qui de ce fait reste quelque chose de vivant, en lien constant avec lâĂ©volution des pratiques sociales, câest au travers de lâanalyse de leurs mises en actes successives, de tĂątonnements, de recherche action. Mais certainement pas Ă coups de force dissimulĂ©s, de « cause toujours tu mâintĂ©resses » cachĂ©s derriĂšre des sourires condescendants, de « une fois sur place je ferai bien ce que je veux », quand on est pas dans le domaine des « câest moi le pĂ©dago, je vais lui apprendre moi, Ă cet organisateur ce que câest quâun centre de vacances ou de loisirs » ! Fichtre ! Parions en toute sĂ©rĂ©nitĂ© que de tout temps les organisateurs ont su, Ă dĂ©faut de ce quâĂ©tait un centre de vacances, ce pour quoi ils le crĂ©ait. Peut-ĂȘtre est-il temps de les toiletter, les projets Ă©ducatifs. De dire quâils sont travaillĂ©s et mis en place pour une durĂ©e dĂ©terminĂ©e. Quâils prĂ©cisent formellement Ă quel public ils sâadressent, dans quel cadre social. Quâils prĂ©cisent lâintention de transformation ou dâĂ©volution de la sociĂ©tĂ©. Il est banal aujourdâhui de stigmatiser tel projet Ă©ducatif rĂ©clamant haut et fort lâaccĂšs Ă lâautonomie, voire lâautonomie tout court, ou encore le respect de lâenvironnement, et le projet pĂ©dagogique en dĂ©coulant privilĂ©giant un voyage Ă lâĂ©tranger en transport en commun, toutes journĂ©es minutĂ©es, essaimant ses Ă©manations de gazole Ă tout vent. Les enfants et les jeunes, tout autant que les Ă©quipes dâencadrement ont besoin de cohĂ©rence pour progresser.
Les projets pĂ©dagogiques, construits Ă partir des projets Ă©ducatifs doivent ĂȘtre cohĂ©rents. JusquâĂ lâaboutissement des actes. Pour illustrer le propos : quelle cohĂ©rence peut-il y avoir entre les intentions dâautonomie (encore !), de libertĂ©, de citoyennetĂ© dâun projet Ă©ducatif, et lâinterdiction formelle dans les sĂ©jours de se servir dâun couteau (pour les plus jeunes), de monter aux arbres (anecdotiques), ou de participer Ă des rĂ©unions voire dâorganiser soi-mĂȘme ses journĂ©es ?
On le voit, il doit ĂȘtre impossible Ă un directeur ou Ă une Ă©quipe de transformer les intentions du projet Ă©ducatif.
Les directeurs, et les Ă©quipes quâils vont mettre en place, sont au service du projet Ă©ducatif. Les projets pĂ©dagogiques sont les illustrations successives dâun projet Ă©ducatif. Câest quand les projets pĂ©dagogiques sont au plus prĂšs des intentions Ă©ducatives des organisateurs quâils permettent Ă ceux-ci de faire Ă©voluer leur projet. Câest en cela que le projet Ă©ducatif est un Ă©lĂ©ment formateur des directeurs, et des Ă©quipes dâencadrement. Mais il nâest plus temps, dans un projet pĂ©dagogique de se gargariser de grands mots, de belles intentions. Il est temps dâagir et de dire comment on va faire. Mais câest une autre histoire Ă suivre ?
Un article qui illustre bien la problématique que tente de soulever Al-batros non?
A toute !
Salut al-batros,
Etant dans le monde de l’Ă©ducation Ă la fois en tant qu’enseignant et animateur-directeur, tu as surement vu se multiplier les formalisations nĂ©cessaires de toutes ces fonctions sous formes de diffĂ©rents projets.
Elles rĂ©sultent de diffĂ©rentes obligations institutionnelles. La formations des enseignants a suivi cette tendance alors que la formation BAFA s’en tient toujours aux grands jeux et diverses contines. Je ne met pas en cause la formation BAFA sur ce point, puisque les formations d’animation professionnelle ne valent pas mieux la-dessus, mais je m’interroge sur un point :
Les diffĂ©rents projets existent ils vĂ©ritablement dans le but de cibler des objectifs pĂ©dagogiques pour mieux les atteindre ou ont ils pour unique intention d’assurer une lĂ©gitimitĂ© institutionnelle ?
Toujours sans remettre en cause la formation BAFA, mĂȘme si j’ai bien mon avis la-dessus, il me semble que l’Ă©crasante majoritĂ© des animateurs n’est pas capable d’atteindre l’Ă©crasante majoritĂ© des objectifs pĂ©dagogiques inscrits dans les diffĂ©rents projets existants.
po faut po faut…que rajouter si ce n’est rien et que c’est une rĂ©alitĂ© mais bon ça n ’empeche pas aux equipes de faire un bon taf et que les momes s’Ă©clatent et ça c’est le principal meme si …
Salut, Î Foule tant aimée,
Ayant appris que le Forum allait mourir prochainement, je ne peux m’empĂȘcher de lancer une discussion qui ne semble n’intĂ©resser que les esprits Ă©triquĂ©s comme le mien.
Je suis enseignant depuis 89 et animateur-directeur depuis 96. J’ai donc rencontrĂ© des gros paquets d’enfants ou d’anims.
J’ai aussi rencontrĂ© un nombre important d’organisateurs, directeurs, prĂ©sidents ….
J’ai lu un nombre important de Projets Educatifs.
“Objectif” est un mot qui est au coeur de ces PE.
Quand je lis dans un PE:
“… que les enfants passent de bonnes vacances …”
Selon le dico, un objectif est un but Ă atteindre par nos actions. Donc, ce n’est pas vraiment un objectif.
Donc, l’objectif devrait ĂȘtre:
“Qu’Ă la fin du sĂ©jour, les enfants aient passĂ© de bonnes vacances.” (Ca, ce n’est pas vraiment mesurable.)
“Qu’Ă la fin du sĂ©jour, les enfants disent, lors d’un questionnaire, qu’ils ont passĂ© de bonnes vacances.” (C’est dĂ©jĂ plus mesurable, puisque c’est mesurĂ©.)
“Qu’Ă la fin du sĂ©jour, les enfants disent spontanĂ©ment qu’ils ont passĂ© de bonnes vacances.” (C’est dĂ©jĂ plus mesurable et intĂ©ressant.)
Je n’ai jamais vu de soucis de ce genre. J’ai lu des PE qui Ă©taient des vrais chefs d’oeuvre de littĂ©rature ampoulĂ©e, des objectifs dĂ©crits avec termes savamment recherchĂ©s.
Et, la réalité est bien en deça de la diction.
La loi 2001-624 a voulu relancer l’importance du PE dans les ACM et il y a encore des assos qui utilisent le PE institutionnel pour l’ouverture d’un ACM.
L’instruction 05-129JS a appris au monde l’animation que les inspecteurs vĂ©rifieraient la cohĂ©rence entre la diction et la rĂ©alitĂ©.
Les choses ont elles changées?
Comment voulez vous que les zanims et les zanimettes y retrouvent la dĂ©marche de projet qu’ils ont appris aux stages BAFA?
Al Batros