peut on parler de tout ?

  • Ce sujet contient 150 réponses, 20 participants et a Ă©tĂ© mis Ă  jour pour la derniĂšre fois par laure, le il y a 8 annĂ©es et 3 mois.
20 sujets de 1 à 20 (sur un total de 151)
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    Messages
  • #19379
    moilapa
      @moilapa

      En rĂ©ponse Ă  cette croyance stupide qu’en france les enfants “d’aujourd’hui” pourraient envier les enfants “d’autres siĂšcles” ou d’autres sociĂ©tĂ©s, pays :

      “Le service scolaire prĂ©sente la plupart des caractĂ©ristiques du travail, forcĂ© qui plus est. Il est obligatoire, l’enfant n’a aucune prise sur ses modalitĂ©s (horaires, contenu du travail, condtitions diverses dans lesquelles il est effectuĂ©) ni sur ses objectifs, et il n’est en outre pas payĂ© : la grande grĂšve des Ă©coliers anglais de 1911 voyait entre autres nombreuses revendications portant sur les horaires et le temps de travail, le paiment de la semaine de travail scolaire. L’enfant n’y est pas plus respectĂ© qu’ailleurs : ici aussi il est tutoyĂ©, ici aussi il est rudoyĂ©, sujet Ă  punitions, ici aussi il doit “demander la permission”, et les droits les plus Ă©lĂ©mentaires lui sont dĂ©niĂ©s (comme celui de discuter avec ses voisins ou de se lever pour aller aux toilettes, etc.) Surtout, ce qui assimile le travail de l’Ă©cole Ă  un travail contraint normal, c’est le fait que l’activitĂ© ne rĂ©sulte pas des besoins ou dĂ©sirs directs de la personne qui trime, elle lui est imposĂ©e aussi bien dans ses formes que dans ses finalitĂ©s par “les besoins de la sociĂ©tĂ©”. Les travailleurs sociaux qui ont Ă©crit “Enfant travailleurs – repenser l’enfance”, et dont l’objet d’Ă©tude est ce que l’on appelle classiquement le travail des enfants, affirment clairement que le temps scolaire est bel et bien aussi un travail qui profite Ă  l’ensemble de la sociĂ©tĂ© :

      “Contrairement Ă  l’avis de ceux qui considĂšrent que les enfants des temps modernes sont sans utilitĂ© (…) les nouveaux modes de production ont besoin de leur temps et de leurs activitĂ©s, et les ont colonisĂ©s. Par consĂ©quent, ils ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s en masse aux endroits Ă©tablis un peu partout et destinĂ©s au travail des enfants : les Ă©coles.”
      J. Qvortrup, “le travail des enfants a t-il une utilitĂ© ? La colonisation des enfants Ă  travers leur travail d’Ă©cole” Bondy, colloque “Repenser l’enfance”

      Il semble qu’on soit tenu pour blasphĂ©mateur lorsqu’on affirme que le travail que font les enfants Ă  l’Ă©cole est un travail est un travail comme un autre. Il faut maintenir la fiction selon laquelle ils ont droit dans nos sociĂ©tĂ©s Ă  un traitement prĂ©fĂ©rentiel, et sont fort heureusement protĂ©gĂ©s des “responsabilitĂ©s” qui incombent aux adultes.

      “Rien n’empĂȘche les gens de croire dure comme fer que l’enfant, dans nos sociĂ©tĂ©s occidentales, est comme dans une sorte de paradis oĂč il Ă©chappe au travail qui lui Ă©tait imposĂ© au XLXĂšme siĂšcle et qui lui est encore imposĂ© dans des pays du tiers-monde. L’enfant serait comme dans un rĂȘve; La rĂ©alitĂ© Ă  beau ĂȘtre que les enfants travaillent comme tout le monde, comme on a dĂ©cidĂ© de pas le voir, on ne le voit pas. (…)”
      David Olivier

      la domination adulte – l’oppression des mineurs – Yves Bonnardel

      Que se passe t-il si on demande Ă  ces enfants travailleurs d’Asie, d’AmĂ©rique du Sud, d’Afrique,
      si ils envient les “petits français” ??? Voudraient-ils Ă©changer leurs vies ?
      Il semblerait que non…
      Cette volontĂ© colonisatrice de l’occident qui voudrait imposer ce format scolaire,
      ce passe-passe idĂ©ologique qui voudrait mettre les enfants au travail sans plus ĂȘtre payĂ©s,
      et en prĂ©tendant leur bien ĂȘtre…

      Par colonisation des temps selon Qvortrup,, on doit Ă©videmment penser aux diffĂ©rents domaines de l’animation
      socioculturelle et toutes les formes de vol des loisirs des enfants par les adultes qui ont ce désir
      d’en jouir : animateurs de colo, de centre de loisirs, etc.

      #19434
      gogogadget
        @gogogadget

        Non, je l’ai trouvĂ© sur le net lors de mes recherches par mots clĂ©s (notamment suite Ă  nos Ă©changes), et j’ai trouvĂ© qu’il Ă©tait aussi tranchant que la hache qui sert de prof dans l’image.

        Tout y est: la violence (parentale ici), le formatage dont parle le post de Moilapa plus bas, le savoir descendant, etc.

        #19435
        ludou
          @ludou

          c’est toi qui a fait le dessin gogogadget ?

          #19443
          gogogadget
            @gogogadget

            illustration

            #19474
            moilapa
              @moilapa

              Oui-oui : on est d’accord.
              Comme je l’explique sur un autre post, je prenais juste la prĂ©caution de prĂ©venir mes interlocuteurs, ce qui relevant de l’incorection pour moi pouvant ne pas l’ĂȘtre pour d’autres (et vice-versa)… une fois cela dit, Ă  chacun le droit d’entrer dans l’arĂšne, dans ce jeu qui n’est plus un Ă©change de points de vue sur un sujet… et dans lequel visiblement je suis avantagĂ©, si j’en crois toutes ces gĂ©rĂ©miades de pleurnicheurs.

              Au contraire, j’invite toute le monde Ă  entrer dans ce jeu… mais de ne pas venir ensuite faire la pleurnicheuse parce que je vous ai torchĂ© le fion…

              Sinon, pour revenir sur cette justification stupide de l’Ă©ducation (pour le bien de l’enfant !!!)

              ”Aujourd’hui on affirmera qu’il s’agit d’offrir aux enfants les meilleurs conditions de leur plein Ă©panouissement, et, en ce qui concerne l’Ă©cole, de leur fournir les outils de leur libertĂ© future, de fourbir leur esprit critique. On peut pourtant douter que l’Ă©ducation ait tant changĂ© ses objectifs rĂ©els en un ou deux siĂšcles. Affirmer qu’elle est imposer Ă  “l’enfant” dans son “intĂ©rĂȘt supĂ©rieur” occulte son utilitĂ© effecitve. Le but du travail scolaire est certes la formation de l’Ă©lĂšve ; c’est l’Ă©lĂšve qui constitue le produit fini, qui constitue la finalitĂ©, la production de son propre travail. Cela ne signifie en rien qu’il fait tout se travail pour son propre bien. L’Education nationale exprime clairement qu’il s’agit prosaĂŻquement de prĂ©parer les enfants au marchĂ© du travail, et depuis la crĂ©ation des Ă©coles au XIXĂšme siĂšcle, les classes dominatantes n’ont jamais fait mystĂšre de cet objectif : l’Ă©cole vise “la mise au travail en masse, la soumission aux chefs, la discipline du devoir ” (Anne Querrien, l’Ă©cole mutuelle : une pĂ©dagogie trop efficace ?).

              L’Ă©cole est l’antichambre du monde du travail dit “productif”, il est dĂ©s lors inĂ©vitable qu’elle use des moyens nĂ©cessaires pour prĂ©parer l’enfant Ă  devenir l’adulte attendu :
              “Dans l’atelier comme Ă  l’Ă©cole, tout doit ĂȘtre fait pour empĂȘcher l’Ă©mergence de phĂ©nomĂšnes de dĂ©sir collectif dans la pluaralitĂ© des travailleurs, tout doit ĂȘtre fait pour individualiser le plus possible les tĂąches, uniformiser au maximum les comportements, segmenter les groupes, briser la coopĂ©ration, supprimer les occasions de parler, et contrĂŽler les communications hiĂ©rarchiquement.” (Anne Querrien)

              De mĂȘme qu’enrĂŽler quiconque de force dans une armĂ©e ne peut sans mauvaise foi se recommander d’une noble intention, de mĂȘme l’enrĂŽlement Ă©ducatif relĂšve d’une moralitĂ© douteuse :
              “S’il peut ĂȘtre vrai pour un enfant donnĂ©, allant Ă  l’Ă©cole, qu’il vaut mieux pour lui (ou plus exactement pour celui qu’il sera plus tard) ĂȘtre un bon Ă©lĂšve plutĂŽt qu’un mauvais, cela ne signifie rien d’autre que le fait qu’ayant dressĂ© des coqs pour un combat de coqs, il vaut mieux pour chaque coq ĂȘtre le plus fort. Peut-on prĂ©tendre que les coqs vont au combat pour leur bien ?” (David Olivier : “l’Ăąge de raison”.”

              La domination adulte – Yves Bonnardel

              #19488
              gogogadget
                @gogogadget

                Sans rentrer dans un dĂ©bat stĂ©rile, tout le monde est invitĂ© Ă  s’exprimer sur ce forum, Ă  dĂ©battre, Ă  argumenter.
                J’ai juste mis l’accent sur le fait de rĂ©pĂ©ter les mĂȘmes posts sur diffĂ©rents fils, qui n’apportent rien de plus, voire mĂȘme attĂ©nuent le discours.
                That’s all.
                Mais sinon: oui, on peut parler de tout :coucoub:

                #19552
                Simon
                Administrateur
                  @simon

                  Tentative de posage de rĂšgles. Bien vu, qui ne dit rien consent. Alors c’est David qui dĂ©cide de comment on discute ici?

                  #19564
                  moilapa
                    @moilapa

                    Je prends plus cet arrosage compulsif comme une volontĂ© d’imposer un point de vue

                    Combien de fois ai-je moi demandé de limiter tes interventions ?
                    De te taire ?
                    Tu as une drĂŽle de notion s’agissant “d’imposer des points de vue”.

                    combien de fois ai-je porté un point de vue négatif sur tes propos
                    avec une volonté de les voir disparaßtre ? En les affublant par exemple du terme de
                    “troll” : soit des posts sans aucun intĂ©rĂȘts, dont on essaie ainsi de dĂ©cridiliser
                    la parole ?

                    N’Est-ce pas lĂ  irrespect total de l’autre ?
                    VolontĂ© de faire disparaĂźtre et sa parole et sa personne ? Que d’avoir ce dĂ©sir de dire aux autres ce qu’ils
                    peuvent déposer ou pas ? De se prétendre détenteur du savoir
                    s’agisssant de ce qui est de la bonne parole et de ce
                    qui ne l’est pas ???? Penses-tu ton point de vue
                    universelle ?
                    Que de réitérer cette volonté de voir dispùraßtre les interventions
                    d’une autre personne…

                    Je ne serais pas passĂ© Ă  un autre jeu, j’aurais rĂ©pondu
                    Ă  ta vulgaritĂ© par une vulgaritĂ© “un cran au dessus”…

                    La mĂȘme chose s’agissant de tes posts Ludou .
                    Fais attention Ă  ce que tu dis … si tu ne veux pas rejoindre
                    la cohorte des pleurnichards qui ne sont pas capables
                    d’avoir la maĂźtrise Ă  minima de leurs Ă©crits…

                    Si vous n’ĂȘtes pas capables d’assumer des Ă©changes irrrespectueux,
                    tenez-vous en Ă  des Ă©changes sur le fond.

                    #19567
                    gogogadget
                      @gogogadget

                      Je rebondis sur ton propos Ludou, car je fais parmi de ceux ayant dĂ©jĂ  reprochĂ© Ă  Moilapa d’innonder tous les posts de ses “pavĂ©s”.

                      lorsqu’ils sont dans le bon fil, c’est un vrai plaisir de les lire, et de s’enrichir de ce qui y est dit.

                      Ton constat de l’adulte violentant l’enfant, je pense que sur ces derniĂšres semaines, tu ne trouveras pas un post te soutenant le contraire (peut ĂȘtre mollement XXYYZZ avec son “l’Ă©cole Ă©tait pire avant”)

                      RabĂącher ce constat Ă©tabli, c’est un peu enfoncer des portes dĂ©sormais ouvertes pour les lecteurs du forum.

                      Je prends plus cet arrosage compulsif comme une volontĂ© d’imposer un point de vue, ou de se mettre au-dessus des autres concernant ses pratiques. C’est peut ĂȘtre le cas, j’en sais rien, mais quand c’est affirmĂ© sur un forum, sur un mauvais fil, et sans Ă©coute des questions des uns et des autres (reformulation grossiĂšre, disgression, etc.), je trouve ça peu constructif. De plus, reposter un paragraphe dĂ©jĂ  postĂ© auparavant, ça perd un peu en “force de frappe”. Et c’est bien dommage, car le propos en lui-mĂȘme est trĂšs intĂ©ressant.

                      Pour le reste, cela ne m’empĂȘche pas de dormir plus que ça, et j’arrive Ă  faire le tri des interventions qui m’intĂ©ressent et les rĂ©pĂ©titions “trollesques”.

                      Et pour apporter de l’eau Ă  ton exemple, revisionnage de la comĂ©die “Nos jours heureux” hier soir, oĂč il est trĂšs intĂ©ressant de le mater avec les rĂ©centes discussions de ce forum, et notamment des violences faites Ă  l’enfant par des adultes tout puissants. Il y a a pas mal de scĂšnes qui te feraient bondir.

                      #19568
                      ludou
                        @ludou

                        Pour ceux qui ne souhaiteraient pas (plus…) lire les longs posts de Moilapa, il suffit simplement de vous poser 1h devant une scĂšne de type “classe”, “centre de loisirs”, “bac Ă  sable” (oups, y’en a plus), oĂč des adultes ont la charge d’enfants. Observations… constatations… cogitation…

                        Si vous n’avez pas gerbĂ© dans les 10 premiĂšres minutes, c’est que vous vous ĂȘtes endormis ou que vous avez bien assez intĂ©riorisĂ© la pseudo-nĂ©cessitĂ© de ces violences extrĂȘmes. L’injustice et le plaisir de dĂ©charger sa haine sont les championnes dans le domaine.

                        Entendu encore il y a peu : “si je t’ai puni, c’est parce que tu as fait une bĂȘtise”… puis peu aprĂšs : “bon, tu n’es peut-ĂȘtre pas 100% responsable de la bĂȘtise mais quand je te punis j’ai raison parce que c’est qui l’adulte ici ???”.

                        Il ne manque plus que le “maintenant, arrĂȘte de pleurer”.

                        Et cet exemple n’est qu’une minuscule goutte d’eau dans un ocĂ©an de misĂšre psychique. Les gens feraient mieux d’ĂȘtre fous, ça les dĂ©tendrait.

                        #19578
                        moilapa
                          @moilapa

                          Sur les consĂ©quences de ces violences quotidiennes sur enfants, admises par la sociĂ©tĂ©, qui s’apliquent tous les jours, toutes les heures, dans chaque rapport entre les enfants et les adultes :


                          “Les violences ont en outre des effets Ă  long terme grave : “Lorsque le stress est Ă  la fois Ă©levĂ©, de longue durĂ©e et/ou rĂ©pĂ©tĂ© sur une longue pĂ©riode, comme c’est le cas avec la violence Ă©ducative physique et psychologique, non seulement la “rĂ©sillience”, la capacitĂ© de rĂ©sistence et d’accoutumance au stress, dĂ©croĂźt (et on pourrait aussi imaginer qu’elle dĂ©croĂźt de façon exponentielle et non linĂ©aire), mais les rĂ©actions de dĂ©fense ou de fuite cessent de fonctionner et se transforment en stress traumatique, avec apathie (dĂ©pression) et/ou violence destructrice ou autodestructrice. (voir lĂ  encore le site de l’OVEO). MĂȘme les violences corporelles dites lĂ©gĂšres (fessĂ©es…), celles qui ne laissent pas de traces sur le corps, peuvent par contre laisser des sĂ©quelles psychologiques, selon une Ă©tude canadienne menĂ©e en 2012 sur 35000 personnes de vingt ans et plus (Ă©tudes “les chĂątiments corporels lĂ©gers accroissent le risque de troubles mentaux” : lĂ  encore voir le mĂȘme site internet). Un argument Ă  opposer Ă  ceux qui affirment qu’une bonne fessĂ©e n’a jamais fait de mal Ă  personne.

                          Depuis des temps immĂ©moriaux, nos sociĂ©tĂ©s sont fondĂ©es sur le dĂ©ni et le refoulement des violences parentales – le plus souvent des violences paternelles. “Des mĂ©canismes dĂ©sormais bien connus (les) font passer sous silence, ou en tout cas minimiser : rĂ©pressions des Ă©motions, oubli ou dĂ©ni des violences subies – pour protĂ©ger les parents, par dĂ©sir de vivre sa propre vie, parce qu’on croit qu’il faut (Ă  tout prix) pardonner pour pouvoir “vivre en paix”.”
                          L’exigende de pardon qui est imposĂ©e aux enfants semble avoir des effets tout Ă  fait destructeurs : “il apparaĂźt clairement dans ces tĂ©moignages que le pardon et la “comprĂ©hension” (au sens oĂč les parents sont excusĂ©s sans qu’on se soit donnĂ© le droit de ressentir, dans le but de s’en libĂ©rer, les ouffrances subies) ont empĂȘchĂ©s la guĂ©rison de ces adultes, les ont empĂȘchĂ©s de mener la vie qu’ils auraient voulu ou pu avoir”.

                          Tous les adultes vivent en effet avec les sĂ©quelles, psychologiques, maiss aussi physiques, des violences qu’ils ont subies dans leur enfance. On sait de mieux en mieux traiter ces sĂ©quelles, mĂȘme si les processus de guĂ©rison sont lents et laborieux. Mais la plupart d’entre nous restent dans le dĂ©mi et n’entreprendrons jamais de travail Ă  ce sujet, restant alors prisonniers de shĂ©mas hĂ©ritĂ©s directement des injustices vĂ©cues.

                          Mais on ne serait se sastifaire de guĂ©rir les violences. C’est les prĂ©venir qui est nĂ©cessaire : et on ne les prĂ©vient ni par la rĂ©pression, ni par la moralisation, mais en Ă©liminant les conditions sociales qui en sont le terreau fertile.

                          Des violences excercĂ©es de façon gĂ©nĂ©ralisĂ©e, massive, ont nĂ©cessairement des consĂ©quences sociales importantes. Qu’est-ce que des civilisations fondĂ©es sur la coercition et la panique de leurs jeunes ? Alexander S Neill affirmait, dans “Libres enfants de Summerhill” :

                          L’enfant façonnĂ©, conditionnĂ©, disciplinĂ©, refoulĂ©, l’enfant prisonnier dont le nom est LĂ©gion vit dans
                          tous les coins du monde. Il habite dans notre ville, juste de l’autre cĂŽtĂ© de la rue. Il est assis devant un
                          pupitre ennuyeux, dans une Ă©cole ennuyeuse, et, plus tard, il est assis devant un bureau plus
                          ennuyeux encore, dans quelque entreprise, ou bien il travaille Ă  la chaĂźne dans une usine. Il est docile,
                          prĂȘt Ă  obĂ©ir Ă  toute autoritĂ©, fanatique dans son dĂ©sir d’ĂȘtre normal, conventionnel, correct, et il craint
                          les critiques. Il accepte ce qu’on lui a enseignĂ©, sans jamais se poser de questions, et il passe Ă  ses
                          enfants tous ses complexes, toutes ses peurs et toutes ses frustrations.”

                          La domination adulte – Yves Bonnardel

                          #19652
                          gogogadget
                            @gogogadget

                            rhooo la puncline Ludou… 😆

                            #19670
                            ludou
                              @ludou

                              XXYYZZ a Ă©crit :

                              Je pense que, globalement, les enfants sont mieux traitĂ©s qu’il y a 50 ans, par exemple, mĂȘme si je reconnais qu’il y a des choses Ă  revoir.
                              De quel droit imposerions nous nos propres idées?

                              tu vois Raymond, ce sont des propos comme ça qui donnent parfois envie de gerber… GĂ©nĂ©raliser comme tu le fais peut ĂȘtre compris comme une violence puisqu’elle conduit Ă  nier ce qui, malgrĂ© ton angĂ©lisme, continue Ă  se produire chaque jour. Mais tu n’y es peut-ĂȘtre plus confrontĂ©…

                              #19681
                              XXYYZZ
                                @xxyyzz

                                La rĂ©action de la mĂšre qui enguirlande sa fille car elle n’a pas prĂ©venu, est cette prĂ©judiciable pour l’enfant, mais tellement humaine. Cette maman a eu peur, pour sa fille, tout simplement.
                                Elle est prise en flagrant dĂ©lit d’humanitĂ©, avec ses faiblesses, ses avantages et ses dĂ©fauts.

                                Oui, et cela me rappelle certaines animatrices rencontrĂ©es dans mon enfance qui hurlaient lorsqu’on grimpait aux arbres. Elles ne m’ont jamais expliquĂ© qu’elles craignaient pour ma sĂ©curitĂ© physique.

                                Dans l’exemple prĂ©cis et pertinent, que tu cites, oui, bien sur l’animatrice aurait pu expliquer pourquoi elle criait lorsque tu grimpais Ă  un arbre.
                                Mais cela t’aurait il arrĂ©tĂ© ? j’en doute.
                                Grimper aux arbres, courir, s’extĂ©rioriser… font partie des besoins d’un enfant.

                                Ensuite j’y vois une diffĂ©rence avec la rĂ©action de la maman. La responsabilitĂ© des animatrices est engagĂ©e engagĂ©e en cas de chute.
                                Bien sur ce n’est qu’un exemple.
                                Mais je pense que c’est lĂ , une cause principale( pas la seule) des interdits que les animateurs et les directeurs imposent aux enfants.
                                Ils ont peur. . c’est dommage. Mais de nos jours nou nous rapprochons(hĂ©las) de plus en plus du systĂšme amĂ©ricain.
                                BientĂŽt si il manque un bout de pain au gouter les parents vont porter plainte.

                                Je crois qu’il est de notre rĂŽle de dĂ©passer ces rĂ©actions Ă©motionnelles pour proposer quelque chose de plus structurĂ© (structurant ?). C’est pas simple parfois j’imagine, mais ça doit aussi faire partie de la dĂ©construction dont certains parlent ici ?

                                Oui bien sur, mais en restant modeste. Ne pas faire croire que nous dĂ©tenons la vĂ©ritĂ© et sans exagĂ©ration. Ce n’est pas parce que l’on fait une rĂ©primande Ă  un enfant qu’il est forcĂ©ment victime de violence exacerbĂ© comme essaie de la faire croire Bonnardel et Moilapa.

                                Par contre le texte de Noel et Memmi a l’avantage de citer des cas concrets et comprĂ©hensible par tous; de plus vĂ©cus par beaucoup d’entre nous.
                                . Reste Ă  savoir comment auraient rĂ©agit les auteurs de l’article devant les situations qu’ils dĂ©crivent. :jump2:

                                Je pense que, globalement, les enfants sont mieux traitĂ©s qu’il y a 50 ans, par exemple, mĂȘme si je reconnais qu’il y a des choses Ă  revoir.
                                De quel droit imposerions nous nos propres idées?

                                #19685
                                moilapa
                                  @moilapa

                                  Salut gogogadget
                                  au delĂ  des constats de violence faite aux enfants, de cette soumission voulue par les adultes (parents, pros, etc.), on nous parle trĂšs peu des solutions possibles (…)

                                  C’est le problĂšme avec le format “forum internet”… Il y a pas longtemps, on Ă©crivait “mais de quelles violences tu parles ???” quand on Ă©changeait sur les logiques et fonctionnements sociĂ©taux qu’il fallait changer pour lutter contres les violences incĂ©ssantes faites aux enfants (entre autres les discutions autour de Holt, Illich, la dĂ©scolarisation de la sociĂ©tĂ©, l’aboliation du statut de mineur, le droit des enfants Ă  travailler, Ă  quitter leur famille, de pouvoir gĂ©rer leur vie s’agissant par exemple d’un compte en banque, de sexualitĂ©, etc…)
                                  S’agissant de notre petit niveau d’animateurs, je continue en parallĂšle de proposer des actions (des logiques du rapport Ă  l’Autre) trĂšs simples et Ă  la portĂ©e de tous. En commençant simplement par abandonner toute volontĂ© Ă©ducative, toute idĂ©ologie Ă©ducative.
                                  Et quand on liste ces violences institutionnelles, le fonctionnement par exemple des abus sexuels sur enfants organisĂ© (autorisĂ©s) en France, les mutilations gĂ©nitales lĂ©gales sur enfants en France, l’Ă©ducation, etc… on redemande : mais que propos t-on pour lutter contre ces violences ????

                                  Tu ne m’en voudras pas alors si je continue ici Ă  Ă©numĂ©rer, via par exemple “la domination adulte” ces violences lĂ©gales sur enfants, cette logique de la domination adulte, de ce que l’enfant en tant que statut a dans la sociĂ©tĂ© une utilitĂ© premiĂšre : l’enfant est fait pour y ĂȘtre violentĂ©, sous quelque forme que ce soit. L’enfant en tant qu’objet pulsionnel est le fondement de notre sociĂ©tĂ©. (l’enfant au singulier)

                                  #19686
                                  gogogadget
                                    @gogogadget

                                    Salut Ludou,

                                    Un grand merci pour ton post trÚs instructif, trÚs intéressant.
                                    On parle sur un autre sujet du site et des interventions qui tendent à devenir inaccessibles intellectuellement pour certains, je crois que les exemples cités et les cas de figure évoqués là parlent à tous. Merci pour ça.
                                    J’ai retrouvĂ© quelques rĂ©actions que j’ai pu avoir par le passĂ©, notamment ce cĂŽtĂ© chantage affectif qu’on a tous dĂ» faire un jour pour obtenir une action ou rĂ©action. Je vais continuer Ă  creuser dans cette direction, cela me parle. Bien plus que lorsqu’on pourrait assimiler tout adulte ou parent/anim/Ă©duc’ Ă  un prĂ©dateur pĂ©dophile, Ă  vrai dire.

                                    Salut XXYYZZ

                                    XXYYZZ a Ă©crit :

                                    La rĂ©action de la mĂšre qui enguirlande sa fille car elle n’a pas prĂ©venu, est cette prĂ©judiciable pour l’enfant, mais tellement humaine. Cette maman a eu peur, pour sa fille, tout simplement.
                                    Elle est prise en flagrant dĂ©lit d’humanitĂ©, avec ses faiblesses, ses avantages et ses dĂ©fauts.

                                    Oui, et cela me rappelle certaines animatrices rencontrĂ©es dans mon enfance qui hurlaient lorsqu’on grimpait aux arbres. Elles ne m’ont jamais expliquĂ© qu’elles craignaient pour ma sĂ©curitĂ© physique.
                                    Je crois qu’il est de notre rĂŽle de dĂ©passer ces rĂ©actions Ă©motionnelles pour proposer quelque chose de plus structurĂ© (structurant ?). C’est pas simple parfois j’imagine, mais ça doit aussi faire partie de la dĂ©construction dont certains parlent ici ?

                                    #19687
                                    XXYYZZ
                                      @xxyyzz

                                      Au sujet de l’article du la pĂ©dagogie de la culpabilitĂ© de Noel et Memmi.( au niveau de la longueur cela peux encore aller pour moi :-D)
                                      Les exemples cités sont intéressants, oui.
                                      Quant aux avis sur les rĂ©actions des adultes,, elles se situent dans un monde idĂ©al,. bisounours oĂč tout le monde est supposĂ© parfait.
                                      La rĂ©action de la mĂšre qui enguirlande sa fille car elle n’a pas prĂ©venu, est cette prĂ©judiciable pour l’enfant, mais tellement humaine. Cette maman a eu peur, pour sa fille, tout simplement.
                                      Elle est prise en flagrant dĂ©lit d’humanitĂ©, avec ses faiblesses, ses avantages et ses dĂ©fauts.
                                      Quant Ă  la petite fille qui fait semblant d’aimer ce qu’elle Ă  mangĂ©; c’est une façon de ne pas dĂ©cevoir sa grand mĂšre. Par contre la rĂ©action de la grand mĂšre,l’a privĂ© de dessert est une rĂ©action de colĂšre et de frustration. DĂšcue que sa petite file n’aime pas le plat qu’elle a prĂ©parĂ©, probablement avec amour. Sa fiertĂ© en a pris un coup.
                                      Attention vouloir tout chamboulĂ© est peux ĂȘtre positif; mais ce n’est pas en culpabilisant les gens que l’on fera Ă©voluer les choses.

                                      A titre personnel je revendique le droit d’avoir des rĂ©actions humaines avec mes dĂ©fauts et mes qualitĂ©s ( j’en ai tout de m^me quelqu ‘unes :boire:

                                      Cela me permet d’enchainer sur les premiers messages.
                                      Lors des attentats de Paris, j’avoue avoir Ă©tĂ© inquiet, car j’ai un fils qui habite Paris et frĂ©quente l’un des bars concernĂ©.
                                      Je lui ai envoyĂ© des messages rapidement et lui ai reprochĂ© de ne m’avoir prĂ©venu de sa bonne santĂ©, que 3 jours apres. j’ai fait comme la mĂšre de la fille qui n’avait pas prĂ©venu.

                                      je me suis senti moins concernĂ© pour les autres personnes et encore moins par les Russes de l’avion.

                                      Il meurt des gens tous les jours, c’est vrai.
                                      Mais c’est terrible Ă  dire ,mais plus on est concernĂ©, plus on est sensible; Encore une fois c’est humain.
                                      J’ai Ă©tĂ© assez long, j’arrĂȘte pour l’instant..

                                      #19699
                                      moilapa
                                        @moilapa

                                        Il faut que tu acceptes l’idĂ©e que ta maman
                                        a aimĂ© ce que lui ai fait…
                                        Ca ne sert Ă  rien de ruminer, mon grand…

                                        #19702
                                        Import
                                          @import

                                          ”L’humour, au sens large, est une forme d’esprit railleuse « qui s’attache Ă  souligner le caractĂšre comique, ridicule, absurde ou insolite de certains aspects de la rĂ©alitĂ© »
                                          L’humour est distinguĂ© par plusieurs concepts : c’est un langage, mais aussi un moyen d’expression. L’humour peut ĂȘtre employĂ© dans diffĂ©rents buts et peut, par exemple, se rĂ©vĂ©ler pĂ©dagogique ou militant. Sa forme, plus que sa dĂ©finition, est diversement apprĂ©ciĂ©e d’une culture Ă  l’autre, d’une rĂ©gion Ă  une autre, d’un point de vue Ă  un autre, Ă  tel point que ce qui est considĂ©rĂ© par certains comme de l’humour, peut ĂȘtre considĂ©rĂ© par les autres comme une mĂ©chante moquerie ou une insulte.”

                                          Source : wikipédia

                                          ”Le nom vernaculaire crevette (aussi connu comme chevrette dans certaines rĂ©gions de la francophonie) est traditionnellement donnĂ© Ă  un ensemble de crustacĂ©s aquatiques, essentiellement marins mais aussi dulcicoles, autrefois regroupĂ©s dans le sous-ordre des « dĂ©capodes nageurs », ou Natantia.
                                          De nombreuses espĂšces font l’objet d’une exploitation commerciale de grande ampleur sous ce nom gĂ©nĂ©rique ; la consommation mondiale de crevettes a augmentĂ© considĂ©rablement durant les annĂ©es 2000. La part des crevettes d’Ă©levage, marines ou d’eau douce, a fortement augmentĂ© par rapport aux crevettes sauvages.
                                          Sa taille varie de 1 cm Ă  2 m.”

                                          Source : Wikipédia

                                          Enjoy too :boire:

                                          #19709
                                          ludou
                                            @ludou

                                            salut gogogadget,

                                            allez, pour changer un peu de Bonnardel, je te propose Noël et Memmi et leur pédagogie de la culpabilité (donc critique) :

                                            En appuyant dĂ©libĂ©rĂ©ment sur le sentiment naturel de culpabilitĂ©, certains parents ne se rendent pas compte qu’au lieu d’apprendre Ă  leur enfant Ă  respecter les rĂšgles, ils lui apprennent Ă  ne plus tenir compte de lui-mĂȘme.

                                            Combien de parents oseront prendre le contre-pied de la pensĂ©e courante ? Car rendre l’enfant responsable de ses actes, c’est surtout, ne pas l’accuser d’ĂȘtre responsable de faire du mal aux autres.

                                            En observant comment nous Ă©duquons nos enfants, et comment nous avons Ă©tĂ© Ă©duquĂ©s, il est possible de mieux apprĂ©hender la cause de certains problĂšmes psychologiques, troubles d’apprentissage, stress, et somatisations.

                                            Mes observations m’ont amenĂ© Ă  suivre la piste de ce que j’appelle « la pĂ©dagogie du sentiment de culpabilitĂ© ».

                                            Éducation et vivre ensemble

                                            L’éducation a pour but de permettre Ă  l’enfant de trouver sa place dans la sociĂ©tĂ©, au sein de sa famille et du monde qui l’entoure. L’établissement de rĂšgles, de limites Ă  ne pas franchir et de comportements respectueux sont Ă  la base d’une intĂ©gration rĂ©ussie.

                                            TrĂšs tĂŽt, l’enfant apprend qu’il existe des gens autour de lui, dont les besoins, envies et sentiments sont diffĂ©rents des siens. Cela va l’amener Ă  un inĂ©vitable conflit interne, entre l’envie de satisfaire ses besoins et l’impossibilitĂ© de le faire; c’est le dur apprentissage de la frustration, et du sentiment de culpabilitĂ©. Si ce conflit interne n’est pas rĂ©gulĂ© par des rĂšgles claires et un amour inconditionnel, alors cela va crĂ©er chez l’enfant une angoisse qui le fera basculer dans la nĂ©vrose*.

                                            La plupart des parents, en toute bonne foi, pensent donner Ă  leur enfant ce cadre prĂ©cieux et cet amour inconditionnel. Disons qu’ils en ont l’envie, mais malheureusement, dans la rĂ©alitĂ©, c’est rarement le cas. Ils vous diront : il y a la thĂ©orie, et la pratique ! Mais ce n’est pas seulement une question de patience, ou de disponibilitĂ©. Pour moi – sans nier la difficultĂ© aujourd’hui de trouver le temps de s’occuper sereinement de son enfant – c’est avant tout un problĂšme de pĂ©dagogie.

                                            Pour que l’enfant intĂšgre certaines rĂšgles, ses parents, tout comme leurs parents avant eux, vont lui apprendre Ă  faire la diffĂ©rence entre le bien et le mal; ce faisant, ils utilisent une forme de pĂ©dagogie moyenĂągeuse qui va crĂ©er un schisme intĂ©rieur, avec une consĂ©quence dramatique : l’enfant va devoir se battre contre une partie de lui-mĂȘme, qui est considĂ©rĂ©e comme mauvaise, inappropriĂ©e, voire mĂ©chante.

                                            Prenons un exemple, un enfant de 4 ans joue tranquillement dans le parc. AbsorbĂ© par son jeu, il ne tient pas compte de sa mĂšre qui l’appelle. Quand finalement, il retourne voir sa mĂšre, celle-ci lui dit « pourquoi tu n’es pas revenu quand je t’ai appelĂ© ? » L’enfant baisse les yeux, gĂȘnĂ©, ne rĂ©ponds rien. Sa mĂšre ajoute « ce n’est pas bien de ne pas rĂ©pondre quand je t’appelle, ça ne se fait pas, regarde dans quel Ă©tat est maman maintenant ! ». On peut comprendre que cette mĂšre cherche avant tout Ă  apprendre Ă  sa fille certaines rĂšgles, et qu’elle le fait, pensant bien faire. Cependant, d’un point de vue pĂ©dagogique, c’est surtout une façon de culpabiliser l’enfant, et de le rendre responsable du stress de sa mĂšre.

                                            Je choisis sciemment le terme de moyenĂągeux pour nommer cette forme particuliĂšre de pĂ©dagogie, car elle s’appuie sur plusieurs millĂ©naires d’éducation basĂ©e sur la religion et l’exercice du pouvoir absolu. Elle peut se rĂ©sumer ainsi : si mon comportement est considĂ©rĂ© comme mauvais, alors je suis une mauvaise personne. Il y a une volontĂ© d’associer ce que je suis, et la façon dont je me comporte. C’est une forme de manipulation.

                                            Pédagogie de la culpabilité

                                            En se basant uniquement sur des notions comme le bien et le mal, on dĂ©responsabilise l’enfant, l’obligeant essentiellement Ă  dĂ©pendre d’une norme extĂ©rieure Ă  lui-mĂȘme. D’un point de vue pĂ©dagogique, vous convenez que c’est contre-productif !

                                            Il est important que l’enfant ne soit pas culpabilisĂ© pour ce qu’il ressent, car dans cet exemple, il Ă©tait dans le plaisir du jeu. Plaisir qui peut devenir coupable par association : quand je m’amuse, je peux ĂȘtre grondĂ©, et rendu responsable du stress causĂ© Ă  ma mĂšre, donc de ses Ă©motions. L’enfant est, par cette forme d’éducation, rendu responsable des Ă©motions nĂ©gatives de sa mĂšre, c’est de sa faute si elle a stressĂ© !

                                            Cette pĂ©dagogie peut se rĂ©sumer ainsi : par sa nĂ©gligence, l’enfant a causĂ© du tort Ă  sa mĂšre. C’est trĂšs pernicieux, car on induit, qu’au fond, l’enfant est une mauvaise personne, qu’il doit faire des efforts pour s’amĂ©liorer, et mĂ©riter d’ĂȘtre aimĂ©. Mais ce n’est pas tout, cela va aussi mettre l’enfant en porte Ă  faux avec ses propres sentiments, besoins et Ă©motions. En effet, si lorsque je ressens du plaisir, on me culpabilise, on m’accuse de faire du tort Ă  l’autre, on induit que je suis une mauvaise personne, et on me retire l’amour, alors il y a de bonnes chances que je commence Ă  douter de mes ressentis et de moi-mĂȘme. Comme cette situation est trĂšs anxiogĂšne, l’enfant va chercher Ă  tout prix Ă  s’en sortir. Mais quelle solution lui reste-t-il, sinon de se couper de lui-mĂȘme, et de ne plus tenir compte de ses ressentis et de ses Ă©motions ? Faire ce que ses parents attendent de lui, ce n’est ni l’autonomie ni la responsabilisation, c’est se soumettre Ă  une norme extĂ©rieure.

                                            L’amour au mĂ©rite n’est pas un vĂ©ritable amour, mais une forme d’esclavage, qui poussera l’enfant Ă  vivre dans la peur du jugement et de lui-mĂȘme.

                                            Pédagogie de la responsabilité

                                            Voici ce qui aurait pu faire une grande diffĂ©rence dans la vie de cet enfant : mĂȘme scĂ©nario, mais cette fois, quand l’enfant revient vers elle, sa mĂšre lui dit : « tu Ă©tais absorbĂ© dans ton jeu, tu t’amusais beaucoup, n’est-ce pas ? ». Cette fois, l’enfant regarde sa mĂšre dans les yeux, et lui dit « Oui ! » Ensuite, sa mĂšre lui dit « c’est important que tu sois attentif quand je t’appelle, et que tu me montres que tu m’as entendue ». Dans cet exemple, l’enfant est validĂ© dans ce qu’il ressent, et responsabilisĂ© par rapport Ă  son attitude dans sa relation Ă  l’autre, ce qui est trĂšs diffĂ©rent.

                                            Une pĂ©dagogie responsable tient compte de la vie intĂ©rieure de l’enfant, et encourage l’autonomie Ă©motionnelle par la validation des ressentis et l’instauration de rĂšgles claires.

                                            Prenons un autre exemple. Voici un garçon de 8 ans, Ă©levĂ© dans la pĂ©dagogie de la culpabilitĂ©, et qui a trĂšs bien appris sa leçon. Un jour, alors qu’il est en train de vivre une frustration, il se met en colĂšre. Cette colĂšre est explosive, alors comment fait-il pour la supporter, pour la gĂ©rer ? Il va se retourner contre sa petite sƓur, en l’agressant verbalement et se plaignant que s’il se met en colĂšre, s’il est mal, c’est de sa faute Ă  elle.

                                            Dans cet exemple, on voit bien que l’enfant ne supporte plus ce qu’il ressent, qu’il n’a pas l’espace d’exprimer sa colĂšre. Alors, il va simplement faire comme on lui a appris Ă  faire, il va accuser l’autre d’ĂȘtre une mauvaise personne, et d’ĂȘtre seul responsable de son mal-ĂȘtre. Tout comme ses parents ont fait avec lui en l’éduquant : en l’accusant d’ĂȘtre une mauvaise personne, et d’ĂȘtre responsable de leur mal-ĂȘtre.

                                            Fondamentalement, l’éducation que nous donnons Ă  nos enfants devrait ĂȘtre basĂ©e sur un amour inconditionnel. Mais souvent, je vois des parents dĂ©semparĂ©s. Comment mettre une limite Ă  mon enfant, sans le menacer de lui retirer mon amour, ou d’ĂȘtre puni ? C’est la question que m’a posĂ©e sa tante.

                                            Il est Ă©vident que les dĂ©gĂąts sont dĂ©jĂ  faits, et que sans un changement radical chez ses parents, il n’y aura aucun rĂ©sultat probant. Cependant, voici ce que je lui ai proposĂ©.

                                            C’est important, dans ce cas, que l’enfant ne soit pas stigmatisĂ© (une fois de plus) pour ce qu’il ressent. La frustration et la colĂšre sont normales, et ne doivent pas ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme nĂ©gatives. Par contre, la violence verbale contre sa sƓur, elle, n’est pas acceptable et l’enfant doit pouvoir l’entendre. Cela sera d’autant plus facile pour lui, qu’il aura Ă©tĂ© acceptĂ© dans sa colĂšre avant. Pas acceptable ne veut pas dire qu’il est une mauvaise personne, pas acceptable est une limite Ă  ne pas franchir, et franchir cette limite ne signifie pas que l’enfant ne sera plus aimĂ©.

                                            L’amour ne doit pas ĂȘtre soumis Ă  condition, il doit ĂȘtre inconditionnel, ce qui n’empĂȘche pas pour autant de mettre des limites Ă  son enfant.

                                            Une soumission à une norme extérieure

                                            Un autre problĂšme soulevĂ© par cette pĂ©dagogie est illustrĂ© par cette situation. Une grand-mĂšre reçoit sa petite fille pour dĂźner. AprĂšs le repas, elle demande « tu as aimĂ© ce que je t’ai prĂ©parĂ© Ă  manger ? ». La petite fille, qui connaĂźt bien sa grand-mĂšre, baisse les yeux, gĂȘnĂ©e, et lĂąche timidement un « oui », mais les restes dans son assiette semblent dire le contraire. Sa grand-mĂšre, alors, de surenchĂ©rir « mais si tu as aimĂ©, termine ton assiette ! ». « Je n’ai plus faim, grand-mĂšre ». Vient ensuite le dessert, et lĂ , les yeux de la petite fille s’illuminent. « Je peux avoir du dessert ?? » Et la rĂ©ponse tombe, cinglante
 « mais ma chĂ©rie, si tu n’as plus faim, tu ne prends pas de dessert ». J’aime cet exemple, car qui n’a pas vĂ©cu, enfant, pareille situation !

                                            Plusieurs choses peuvent ĂȘtre dĂ©codĂ©es. Tout d’abord, la petite fille a bien compris qu’elle ne peut pas exprimer rĂ©ellement ce qu’elle ressent, il n’y a pas de place pour dire qu’elle n’a pas aimĂ©. Exprimer ce qu’elle ressent signifierait faire du mal Ă  sa grand-mĂšre, et prendre le risque d’un retrait d’amour, d’un jugement nĂ©gatif, voire d’une punition. L’amour ici, est soumis Ă  condition, Ă  condition que je n’exprime pas mon ressenti, que je mente. Mais peut-on parler d’amour ? Mentir pour ĂȘtre aimĂ©, mentir pour ne pas blesser, voilĂ  ce que nous apprend la pĂ©dagogie de la culpabilitĂ© ! Mais soyez rassurĂ©s, le mensonge, c’est mal, vous serez aussi punis pour avoir menti. Cela s’appelle la double peine, et pour cause, cette pĂ©dagogie contient un double langage, elle dit une chose et son contraire. Vous exprimez ce que vous ressentez, vous faites du mal Ă  l’autre, vous mentez, c’est mal. Que vous reste-t-il comme option, sinon faire taire cet insupportable ressenti, dĂ©sormais indĂ©sirable ? C’est la soumission Ă  une norme extĂ©rieure Ă  soi.

                                            Si ce que je ressens dĂ©finit mes actes, alors on parle d’une norme intĂ©rieure. Si ce que les autres pensent de moi dĂ©finit mes actes, alors on parle d’une norme extĂ©rieure Ă  soi.

                                            J’entends d’ici les mamans me dire, mais alors comment je fais ? Je ne peux tout de mĂȘme pas encourager ma fille Ă  dire Ă  sa grand-mĂšre qu’elle n’a pas aimĂ© ce qu’elle a cuisinĂ© !

                                            Une transmission transgénérationnelle

                                            Comprenez que la pĂ©dagogie de la culpabilitĂ© se transmet de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, donc que la grand-mĂšre, la mĂšre et la fille dĂ©pendent aussi d’une norme extĂ©rieure, dans la peur du jugement. Vous comprenez que la grand-mĂšre a besoin d’amour elle aussi, et que, pour ĂȘtre aimĂ©e, elle va cuisiner de bons petits plats. C’est-Ă -dire qu’elle va, pour avoir de l’amour, faire plaisir Ă  l’autre. Quelque part, si on n’aime pas ce qu’elle cuisine, on ne l’aime pas elle. Tout comme enfant, elle a entendu que si elle ne se comportait pas comme ses parents l’entendaient, elle ne serait pas aimĂ©e.

                                            Ma proposition dans ce cas serait que la petite fille dĂ©samorce la pĂ©dagogie de la culpabilitĂ© en disant Ă  sa grand-mĂšre « Tu me demandes si je t’aime toi, ou ta cuisine ? Parce que c’est diffĂ©rent. Toi je t’aime, quoi que tu cuisines, mais des fois, ce que je mange ne me plaĂźt pas. »

                                            Des conséquences sur la santé physique et mentale

                                            Comme je l’évoquais au dĂ©but de l’article, ce schisme intĂ©rieur n’est pas sans consĂ©quence sur la santĂ© physique et mentale. L’éducation basĂ©e sur la culpabilisation va gĂ©nĂ©rer un stress consĂ©quent, prĂ©sent tout au long de la vie. La peur de ne pas ĂȘtre aimĂ© tel que l’on est va nous obliger Ă  une surenchĂšre permanente afin d’obtenir cet amour dont nous avons cruellement manquĂ© enfants. Et nous le savons aujourd’hui, le stress est la premiĂšre cause de maladies, tant physiques que psychiques.

                                            Une remise en question salutaire

                                            Je pense qu’aujourd’hui il est plus que temps de remettre en question cette forme dĂ©responsabilisante d’éducation. Notre santĂ© et celle de nos enfants en dĂ©pendent ! C’est Ă  vous que je m’adresse, vous qui avez – malgrĂ© vous – intĂ©riorisĂ©, intĂ©grĂ© et fait vĂŽtre cette pĂ©dagogie manipulatrice, vous pouvez vous en libĂ©rer.

                                            gogogadget a Ă©crit :
                                            on nous parle trĂšs peu des solutions possibles pour Ă©viter cette rĂ©alitĂ© de fait, des postures Ă  adopter pour mieux prendre en compte les enfants en tant qu’individus.

                                            il n’y a, Ă  mon sens, pas de solution miracle, d’outils ou de mĂ©thodes qui fonctionnent “Ă  tous les coups”. Ceci dit, il existe de multiples tentatives de se sortir de ces schĂ©mas basiques, classiques et qui sont de vĂ©ritables clichĂ©s au sens oĂč la majoritĂ© des structures qui accueillent des enfants fonctionnent sur ces modes de relations. Ces expĂ©riences partent trĂšs souvent de la dĂ©construction des mĂ©thodes traditionnelles (plannings, thĂšmes, journĂ©es-types, information descendante, …) et sur des accueils oĂč la gestion de masse (et donc la masse d’enfants) est Ă©vitĂ©e. Ce sont donc avant tout de petits effectifs, avec une organisation du type “comme Ă  la maison”, ou pas…

                                            Car qu’il soit individu Ă  part entiĂšre lĂ  tout de suite maintenant, ok, mais ça reste tout de mĂȘme des personnes en construction. Quid de leur apprentissage ? De notre rĂŽle et de la façon de l’aborder ?

                                            on peut commencer par exemple par la dĂ©construction de cette idĂ©e lĂ … 🙄
                                            Apprentissage y a-t-il tout le temps ? Doit-il ĂȘtre maĂźtrisĂ©/amenĂ©/mesurĂ© par l’adulte dans les situations de loisirs…? etc, etc.

                                            Que faire face à un enfant capricieux et/ou réfractaire à toute consigne (le mot au sens non-péjarotif) ?

                                            une consigne, selon le Larousse, c’est “une instruction formelle donnĂ© Ă  quelqu’un qui est chargĂ© de l’exĂ©cuter”… C’est la dĂ©finition la moins pĂ©jorative, car aprĂšs ce sont des ordres militaires ou bien des punitions…
                                            Changer sa façon d’ĂȘtre en rapport avec l’autre (mais c’est aussi valable dans la vie de tous les jours), ça peut aussi passer par des questionnements sur les mots et expressions que l’on emploie.

                                            Et que lui transmettre, si transmission il doit y avoir Ă©tant donnĂ© qu’on considĂšre que c’est Ă  lui de faire ses expĂ©riences ?

                                            tu sembles faire un focus sur la notion de transmission. Je vois beaucoup de jeunes (ou pas) animateurs qui sont trĂšs Ă  cheval sur la transmission de valeurs. Mais pour eux, ça se traduit (sans trop caricaturer) par l’expression verbale de la valeur, par exemple le “respect” sur un ton tonitruant et affreusement infantilisant. PlutĂŽt drĂŽle, non ?
                                            En ce moment, j’observe des choses bien plus atroces, tragiques et malheureusement quotidiennes. C’est la banalisation de l’humiliation, du hurlement, du rabaissement d’ĂȘtre humain qui ont la malchance d’ĂȘtre “mineurs”. Ce sont des ĂȘtres “mineurs”, et on ne se prive pas de leur rappeler.

                                            A cĂŽtĂ©, je leur transmets des connaissances (c’est mon rĂŽle ici pour quelques jours), et Ă  cĂŽtĂ©, on joue beaucoup. Il n’y a pas vraiment de frontiĂšre, il y a surtout des moments et des personnes. Tous n’apprennent pas au mĂȘme moment, je ne transmets d’ailleurs pas quelque chose Ă  chacun je crois.

                                            Comment faire cohabiter prise en compte de l’individu, Ă©panouissement sans violence de quelque sorte de la part de l’adulte, avec un systĂšme de sociĂ©tĂ© basĂ© sur des interdits, des rapports de force, etc ?

                                            ça peut commencer le plus simplement du monde Ă  l’Ă©chelle individuelle, en refusant la violence autour de soi, en s’appliquant ces principes lĂ  Ă  soi-mĂȘme sans tomber dans le dogme du “il faut faire comme ça”.

                                          20 sujets de 1 à 20 (sur un total de 151)
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