Ah non ce n’était pas l’ironie, par rapport à quel passage?
ludou a écrit :
le jeu, du second degré ?
Et comment tu fais pour être sûre que ce n’est qu’un jeu ? ça m’intéresse…
Et bien c’est sur que ce n’est pas forcément évident de le savoir.
en règle général l’enfant à qui tu dis “c’est pas bien de faire la guerre” est capable de te dire “mais je suis en train de jouer”. il sait faire la part des choses entre le jeu et la réalité.
un enfant qui “joue” sans être capable de revenir à la réalité ne joue pas, il y a forcément un souci plus ou moins grave derrière.
je sais pas si c’est très clair :/
mais ce que j’ai pu apprendre lors de ma formation sur le jeu de l’enfant, c’est que le jeu à des caractéristiques pour être considéré comme jeu et le second degrés est la plus importante même si j’en conviens elle n’est pas la plus évidente à déterminer.
Salut Lauretteee,
Végéteuse était dans l’ironie, ce n’est pas ce qu’elle pense, mais le discours rapporté de la directrice (enfin, il me semble…).
lauretteee a écrit :
Cependant il faut être sur en tant qu’adulte responsable que ce n’est qu’un jeu et pour cela il faut être sûr que l’enfant prend les chose au second degrés.
le jeu, du second degré ?
Et comment tu fais pour être sûre que ce n’est qu’un jeu ? ça m’intéresse…
Vegeteuse a écrit :
Qu’est-ce qu’ils vont en déduire de tout ça? Que jouer à la guerre, c’est faire la guerre? Que penser à faire du mal, c’est faire du mal? Que faire semblant, c’est pareil que faire?
je suis bien d’accord avec toi, c’est le message que vous envoyer si vous interdisez ces jeux :/
Vegeteuse a écrit :
la directrice a décidé de prendre les choses en main et d’instaurer l’interdiction totale. Tant pis pour les mécontents. C’est qu’on est une école, si on laisse les enfants faire ce genre de choses, c’est qu’on cautionne (le meurtre, la guerre, la torture, tout quoi!).
Vegeteuse, effectivement c’est un peu ridicule de supprimé les jeu de “guerre”, il y a peu, ca me dérangeais beaucoup que les enfants joue à la guerre, à s’humilier ou autre, cependant lors d’une formation récente sur les besoin du jeu de l’enfant j’ai pu m’y pencher sérieusement. j’ai pu voir que ces jeux permettent un exutoire pour les enfants. en jouant à la guerre ils évacuent la violence, la colère et autre. Cependant il faut être sur en tant qu’adulte responsable que ce n’est qu’un jeu et pour cela il faut être sûr que l’enfant prend les chose au second degrés.
La question première me semble être ailleurs.
Est-ce que l’enfant ressent le besoin de parler de tel
ou tel sujet ?
Pour des enfants que le sujet n’intéresse pas, quel est
l’intérêt de faire tout ce ramdam ? Si ce n’est
d’ancrer de l’angoisse là où il n’y en avait pas ?
Comment demander à des parents ou des enseignants d’en parler avec les enfants si eux mêmes ne sont pas à l’aise et ne connaissent pas 20% du sujet…
Pas d’accord là non plus : pas besoin que l’adulte
maîtrise totalement pour pouvoir échanger avec les
enfants. Les enfants ne veulent pas un compte
rendu parfait et exhaustif. Ils veulent exprimer leur
angoisse.
Quand un enfant demande “comment on fait les bébés”, Est-ce qu’il
attend qu’on lui explique techniquement comment on
fait le bébé ?
Ma réponse sur ce sujet là répond à l’attente de l’enfant
sans absolument pas répondre :
– Je sais pas ; j’ai oublié.
Soit déminer par l’humour. L’idée que l’on
puisse oublier comment on fait les bébés.
C’est une réponse. Et elle convient à nombre
d’enfants. Parfois le dialogue continue parfois
on passe à autre chose.
La question est que l’enfant demande à être
entendu avant tout.
Une autre réponse qui est bien une réponse ” Je t’avoue que ça je ne
sais pas : les adultes ne savent pas tout.
Vous en pensez quoi, vous ? Vous en s’avez quoi…”
(sur un autre sujet que les bébés, on est d’accord)
C’est la réponse des enfants qui par exemple vont dessiner
telle scène qui les a choquée : y a t-il besoin
d’aller plus loin ou pas ? Cela peut suffire
à l’enfant…
Il n’y a pas besoin de maîtriser parfaitement un sujet
parce que ce n’est pas une question descendante
de maître à élève, de celui qui sait faire celui
qui ignore : il s’agit de l’expression de l’enfant :
comme certains enfants peuvent exprimer et
répondre à ces angoisses, questionnements, en jouant
avec des pistolets et mitraillettes.
Comme des enfants jouaient à Dutrou et à
kidnapper d’autres enfants au moment de
cette autre affaire.
Hors ce qu’il se passe c’est que c’est l’adulte qui
exprime ses angoisses !!! à un public d’enfants.
La question ne me semble pas être celle tant
de la maîtrise mais celle de la capacité à écouter.
Ça n’empêche que les questions de fond restent et qu’elles ressortiront à un moment donné (y compris et surtout au sein de la cellule familiale)
D’où l’idée première de foutre la paix aux gosses si
comme ici ils ne demandent rien.
J’y vois surtout l’angoisse des adultes qui ont
du mal à passer un non-événement. Qui font une
montagne de pas grand chose.
Comme on retrouve ce genre de délire collectif
en 95, où quand un satellite devait nous
tombait sur la tête, quand les mayas nous
prédisaient l’apocalypse…
L’angoisse des enfants, elle vient en très grande
partie de l’angoisse des adultes autour d’eux,
de leur fragilité.
il ne s’agit pas de “préserver l’insouciance” ici :
il s’agit juste de foutre la paix aux gamins avec les
angoisses des adultes.
De ne pas imposer aux gamins ce qu’ils n’ont pas
demandé, quand ils n’en ont pas exprimé le besoin.
Sinon, cette idée de “préserver l’insouciance”, elle
a dû sens quand il s’agit de s’interroger : ne s’agit-il pas
ici avant tout des angoisses d’adulte ?
Et ce n’est pas une question de religion, de
culture : il s’agit des sujets tabous que les adultes
angoissent vis à vis des enfants : le sexe, la mort…
Et leur propre effarement, incompréhension : d’où
ce refuge dans la posture du maître “qui sait”
vis à vis des enfants qui ne savent pas :
les enfants comme thérapie aux angoisses
des adultes. Un outil.
Le comportement puéril ici, il est du côté des adultes,
de ces millions de manifestants venus partager leur
pathos.
Et la réponse adulte de charlie Hebdo qui s’est
foutu de leur gueule.
On touche précisément à la question de l’éducation et à la culture de l’autre (religions etc…).
Comment demander à des parents ou des enseignants d’en parler avec les enfants si eux mêmes ne sont pas à l’aise et ne connaissent pas 20% du sujet…
Alors ce qui se fait dans ces cas là c’est des pansement superficiels, ou bien un zap volontaire du sujet… pour préserver l’insouciance des enfants.
Ça n’empêche que les questions de fond restent et qu’elles ressortiront à un moment donné (y compris et surtout au sein de la cellule familiale)
**
moilapa a écrit :
Aucune animosité ici de la part des enfants :
ils en ont juste pas parlé.
C’est étonnant, ici ils en parlaient beaucoup entre eux, dans la cour, à la cantine. J’ai entendu un débat assez houleux à propos de la religion. Je trouve que c’est une très bonne chose, qu’ils débattent, se disputent, se posent des questions… Je suis en revanche très sceptiques vis à vis de certaines intervention d’adultes qui imposent leur parole, leur mot, leur morale, et ne laissent pas les enfants construire leur propre vérité.
Et je suis atterrée par cette interdiction dans mon clae des “jeux de guerre”… Je crois que c’est la pire chose qu’on puisse faire suite à une tuerie : empêcher les enfants d’extérioriser leur propre violence, de se construire, créer du lien, du sens etc…
Qu’est-ce qu’ils vont en déduire de tout ça? Que jouer à la guerre, c’est faire la guerre? Que penser à faire du mal, c’est faire du mal? Que faire semblant, c’est pareil que faire?
Aucune animosité ici de la part des enfants :
ils en ont juste pas parlé.
Je crois que ça tient en partie qu’ici le claé
côté animations tournent vraiment bien :
les enfants aiment ce claé, ont “envie de
faire” avec “leur” animateur le plus souvent.
Je crois vraiment qu’ici : claé = jeu, plaisir…
Avec plein de possibilités, très différentes.
Et qu’il y a la classe d’un côté et le claé de l’autre
(une sorte de récréation agrémentée de gens
avec qui certains aiment être)
Par exemple, on a aussi fait cette minute de
silence. Comme je l’ai écris, je n’ai pas trop
suivi cette histoire… donc quand je suis arrivé
à l’école et qu’on m’a parlé de cette minute
de silence, j’ai plutôt été surpris par l’ampleur
que prenait cette histoire…
Et pour les gamins qui étaient avec moi, la
minute s’est faite alors qu’on jouait à la WII
sur grand écran sous l’un des préaux. A la
première sonnerie, j’ai coupé la sono, on
a attendu et à la deuxième sonnerie on a repris
le jeu.
J’ai supputé qu’en classe on leur avait parlé de
cette minute de silence… parce qu’aucun enfant
ne s’en est étonné, aucun enfant n’a posé
de question quand je leur ai dit qu’on ferait
une minute de silence…
Alors peut-on parler de tout? Avec les mômes probablement plus qu’avec les adultes.
Dans mon Clae, les enfants en ont pas mal parlé entre eux dés le lendemain matin. La plupart se demandait qui pouvaient bien être ce Charlie… A midi, suivant l’exemple des instits, tous s’étaient fabriqués leur badge “Je suis Charlie”. Heureusement, pour eux ce n’est qu’un jeu. Ils jouent a “où est Charlie?”. Mais il est mort à quelle heure Charlie en fait? on me demande…
A midi aussi, la minute de silence qu’on nous avait demandé de faire. Je suis dans une salle avec 15 mômes, un groupe souhaite absolument la faire ” c’est pour la liberté”, “c’est obligatoire”. Un gamin me dit “il n’y a pas moyen que je fasse une minute de silence pour ça”… La minute de silence je m’en fiche, la font ceux qui le souhaitent, je chuchote avec les autres qui ne la font pas. Je les sens tous très énervés, complètement dans la vague émotionnelle. Je ne suis pas intervenue dans les discussions sauf quand certains s’emballaient, “le Charlie qui est mort c’est mon oncle” raconte à tout le monde une petite CP.
Le plus délirant dans cette histoire, ça a été la réaction (inconsciente?) des directeurs/trices qui le lendemain de la tuerie ont décidé de lancer “un débat” pendant la réunion : faut-il ou non interdire la construction d’armes en légo, kapla? Faut-il laisser les enfants jouer à se tuer? Débat évidemment tombé très vite à plat car n’étant pas arrivé à un consensus au bout de 6 min 30 secondes (certaines voix se sont heureusement élevées contre cette interdiction) la directrice a décidé de prendre les choses en main et d’instaurer l’interdiction totale. Tant pis pour les mécontents. C’est qu’on est une école, si on laisse les enfants faire ce genre de choses, c’est qu’on cautionne (le meurtre, la guerre, la torture, tout quoi!).
Tant de liberté d’expression, ça fait chaud au cœur…
Les “spécialistes” pensent que le sujet doit être abordé à l’école.
«L’école est faite pour répondre aux questions que se posent les élèves et pour en faire des savoirs. Elle est à côté de la plaque quand elle ne fait que répondre à des questions qu’ils ne se posent pas»
à titre personnel ce “doit” me questionne, autant pour les enfants que pour les adultes…
la consigne officielle est d’ailleurs plus ouverte que ça sur ce “doit” :
«Je vous invite à repondre favorablement aux besoins ou demandes d’expression qui pourraient avoir lieu dans les classes» écrit la ministre. Une discussion «non-obligatoire» qui peut avoir lieu «aujourd’hui, comme dans les prochains jours», précise-t-on du côté du ministère.
source figaro citant le courrier du ministère
C’est possible aussi que ça les gave, vu
l’importance que cela semble prendre durant
la classe… (en tout cas pour les instit’)
Et j’avoue que ça me gave aussi. De mon point
de vue, cela aurait dû faire 5 mn dans un
journal télé le jour même et après on passe
à autre chose.
Je ne parle même pas de ce besoin pour moi
incompréhensible de vouloir aller pleurer
en masse, dans les rues, de se complaire dans
ce pathos, ce trop plein de volonté de partager
de l’émotion et rien d’autre…
Chacun ses délires…
Ceci dit, si les gamins m’interrogent, je
pense que je n’aurais aucun mal à en parler.
Rapidement. Et puis on passe à autre chose…
Et n’en parler qu’avec ceux qui ont envie d’en
parler surtout : pourquoi imposer à tous les
mômes ce plaisir au grattage de plaie quand
l’enfant n’en ressent le besoin ? Si ce n’est
parce qu’en fait c’est l’adulte qui en ressent
le besoin !!!
C’est comme des animateurs qui auraient
à traverser de forêt de nuit, qui diraient
aux enfants de ne pas
avoir peur : en ayant ces enfants “sous leur
responsabilité”, à leur dire de ne pas avoir peur
, cela diminue un peu de leur propre peur…
Sans ces enfants, ces adultes seraient juste terrorrisés
et incapables d’avancer : l’enfant étant un
outil…
Tout ce grand barnum, c’est avant tout pour
les adultes qu’il est mis en place.
Et je ne vois aucun problème à ce que des
enfants s’en battent les couilles : ils ont bien
raison.
je me demande….
maintenant que 4 millions de français ont défendu le droit de dire des gros mots, comment on va faire pour l’interdire aux enfants ? 🙄
moilapa a écrit :
Bizarrement, ici les enfants n’en ont pas parlé.
En tout cas, pas à moi
J’sais pas si c’est bizarre : sur les deux écoles que je fréquente en ce moment, de ce que j’ai vu seuls les adultes en ont parlé, entre eux, pour eux et aussi pour discuter de “comment expliquer aux enfants, comment leur en parler”, mais en fait… pas du tout certaine que certains en aient discuté avec les enfants (hors les instits), j’ai eu l’impression que même les propos “amener/répondre aux enfants” tournaient en fait plus autour de rassurer les adultes qu’autre chose .
C’est peut être pour ça : c’est une activité à laquelle
je n’ai jamais pensée….
En même temps, si ils veulent dessiner mère théréza…
Sinon, parler de tout ? bien entendu, tant que la proposition
vient de eux…
nous non plus ls n’en parlent pas beaucoup, par contre ils dessinent 😀
Bizarrement, ici les enfants n’en ont pas parlé.
En tout cas, pas à moi (et moi-même je n’ai
pas trop suivi cette histoire…) Et surtout pour
les enfants : David = jeu.
Par contre, avec les restes de plastazote sur
l’atelier construction de raquettes de ping-pong,
ils se sont faits des “pistolets” et “mitraillettes”
Je les ai évidemment laissé joué..
je n’avais pas fait le rapprochement avec
les derniers évènements. C’est un collègue
à qui un des enfants av dit avec son “pistolet”
qu’il était du GIGN qui a fait pour moi le rapprochement…
(mais évidemment si j’avais fait le rapprochement
j’aurais bien évidemment laissé les gamins jouer…
Sinon, plutôt marrant d’imaginer qu’en classe
ils ont travaillé sur un Charlie Hebdo !
De voir un dessin où l’icone crétienne mère Théréza dit qu’elle
suce des bites au paradis…
Bonjour, pour témoignage à ton comm, nous avons respecté la minute de silence avec l’ensemble des enfants jeudi dernier comme dans beaucoup d’école,
et ce moment nous a permis de revenir sur les évènements qui se sont déroulés.
J’ai essayé de leur expliquer avec des mots simples que nous étions dans un pays où l’on avait le droit de penser
et de dire ce que nous voulions dans le respect de chacun et que certaines personnes essayent de nous en priver par la force
et la violence, ce qu’ils ont fait en tuant des dessinateurs, pour avoir défendu cette liberté et qu’une minute de silence servait à penser à eux. (je résume..)
L’ensemble a plutôt bien compris,
grâce aussi aux parents et aux enseignants qui en ont parlé le matin même.
ils ont su respecter la minute de silence de façon touchante d’ailleurs.
Mais force est de constater que certains enfants n’y entendaient pas grand chose à cet événement
me demandant même ( en voyant l’affiche “je suis charlie” dans mon bureau) :
mais pourquoi tu dis ” je suis Charlie” ???
Les petits quotidiens sur ce sujet pourront peut-être t’aider à les éclairer
http://www.lepetitquotidien.fr/
et bien je crois que j’ai bien fait d’exposer le sujet car les enfants que j’ai n’ont pas compris grand chose à la situation et c’est effectivement pas facile à expliquer.
certains m’ont dit que Charlie était une personne.
que c’était bien fait car ils avaient chercher …
bref entre la maison avec les parents, les journaux télé, l’école et ce qu’il se dit dans les cour de récré ils ont tout confondu ….
il a fallu du coup remettre les “bases” je leur ai expliqué ce qu’était Charlie hebdo, ce qu’est un hebdomadaire, qu’est ce qu’une caricature, …
mais le temps nous à manqué et je pense qu’il va falloir y revenir car beaucoup de question ont fusées et parfois des questions qui mérite que j’y réfléchisse ….
j’avais pas penser au petit quotidien et à mon quotidien mais effectivement je vais m’appuyer dessus 🙂