quelques petites interrogations concernant les CLAE

  • Ce sujet contient 189 réponses, 18 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par moilapa, le il y a 9 années.
20 sujets de 21 à 40 (sur un total de 190)
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  • #79699
    moilapa
      @moilapa

      Je n’oppose pas d’un côté “la violence physique”, et de l’autre la violence d’un système : c’est la même chose. L’une nourrit l’autre. Et vice versa.

      de la même façon que je ne vois pas la société avec d’un côté” ceux qui font cette violence, et les autres, qui la combattraient ou la subiraient.

      Si conscience d’une génération naissante doit se faire, c’est contre l’ensemble des générations qui les oppriment.
      Et si je devais donner “mon avis perso”, c’est que l’on ne vit pas dans une société où il y aurait des “choses à garder”.

      Si jamais j’étais assez stupide pour rêver “d’un autre monde”, d’un autre rapport entre les individus, cela ne pourrait se faire qu’en détruisant celui en place. Tout.

      S’agissant des générations à venir, ce n’est à nous de dire ce qu’elles pourraient faire de cette violence.

      Tout à fait d’accord avec cela mais n’est-ce pas par exemple l’institution type conseil qui permet de prendre conscience de la domination des institutions externes qui instruisent ce procès de violence?

      Je ne le crois absolument pas : c’est là la plus hyprocrite façon d’excercer un pouvoir. Il n’y a pas de groupe d’humains sans pouvoir, il n’y a pas de groupe d’humains sans violence. A commencer par la violence du groupe sur l’individu.
      Il n’y a que des temps d’acalmie dans les groupes d’humains, qui font suite à des effusions de violence sans limite, où les animaux que nous sommes se permettent enfin d’être ce qu’ils sont.
      Et ces acalmies ne peuvent qu’être provisoires : parce que l’on finira par oublier l’écoeurement que l’on a ressenti à tant de violence, parce que l’on ne sait pas tirer de leçon du passé, parce que forcément dans la génération suivante il y en aura qui auront envie d’avoir plus, qui auront envie de dominer… Et l’on recommencera.

      La violence n’est pas une menace : elle est la solution.
      Et il n’y a rien à garder dans cette société fascite.

      D’accord sur au moins une chose : cette parenthèse enfantine qu’est le jeu, cette exception à ce qu’est l’être humain. (Et delà, toute le plaisir pour ma petite personne que je peux prendre à observer ou partager même très partiellement ces moments… tout ce que ces temps d’animation peuvent m’apporter de quiétude…)

      Mais les enfants, en parallèle, sont déjà préparés par la société à être cette violence systémique. C’est inévitable.
      La seule chose intéressante, c’est que cette violence se tourne massivement contre les générations qui font la société dans laquelle vivent les enfants. Parce que personne d’autre ne le fera à leur place : et pour y arriver, y’a pas mille façon : il faut atteindre un point de misère, de désespérance au delà duquel le système ne peut plus tenir.
      On est très loin : la preuve, ces “émeutes” où des jeunes mettent le feu à des voitures juste pour dire “nous aussi on veut consommer”…

      Cherchez de l’intérieur du système à le combattre, via par exemple les voies de la “démocratie”, cela n’a aucun sens, cela ne donnera jamais rien. Cela n’a jamais rien donné.
      Il n’y a qu’à voir dernièrement ce “printemps arabes” où l’on s’est contenté de tuer quelques personnes !!!!

      On ne combat pas un système : on le détruit.
      Quand on est déjà adulte dans un système, c’est déjà trop tard : aussi inhumain et détestable qu’on puisse le trouver, aussi lucide que l’on puisse être, on l’a déjà accepté.

      la preuve : la démocratie m’interdit là d’aller plus loin dans ce que je pense, de dire plus précisément ce en quoi je crois. Et je le fais.

      #79701
      ludou
        @ludou

        solleana a écrit :

        Mais ça veut dire quoi avoir droit à cette violence? S’agit il d’un droit d’ailleurs? Et d’autre part n’est-ce pas le rôle ou le but de toute organisation sociale que de sanctionner cette violence ou de la “parler”, de la mettre à distance pour permettre l’expression du vivre ensemble. Il ne s’agit pas de détruire les conflits dans la mesure où ils sont créateurs mais biens e faire qu’ils ne s’expriment pas par la violence physique. En fait, c’est de violence physique dont il est question ici… ou alors est-ce à dire que “l’entre-enfants” est un monde, une tribu complètement à part et qu nous lirions cette violence physique entre enfants avec les yeux de la société adulte.

        pourquoi que la violence physique ?
        En quoi la violence qui s’applique sous forme de pression, d’intimidation, de mise à l’écart, d’humiliation serait-elle plus un droit ? (j’interprète sans doute mal ta phrase :-?)

        C’est vrai que lorsqu’on pense conflit constructeur, on a tout de suite en tête des exemples de conflit qui n’aboutissent pas (pas de résolution constructive), si ce n’est en violence physique.
        Car on considère que la violence physique naît lorsque les mots ne permettent plus d’exprimer le désaccord (c’est bien ça ? On est ok ?).
        Mais cette violence plus sourde (humiliation, vexation, brimades), elle existe bien dans ces temps, dans ce monde, dans cette vie de “l’entre-enfant”.

        Elle est certes alimentée, renforcée par l’adulte et sa propre violence (volonté de soumettre les enfants, le groupe), mais elle fait quand même partie du large éventail des relations entre enfants, non?

        Et puis est-ce que ç’aurait un sens d’imaginer l’entre-enfant déconnecté des adultes, en faisant abstraction des autres (nombreux !) moments de relation aux adultes ?

        #79703
        solleana
          @solleana

          L’argument de la violence n’est pas utilisé pour limiter l’entre-enfants bien au contraire mais simplement faire remarquer que l’entre enfants n’échappe pas de façon “magique ” une certaine violence promue par le système dominant de la compétition généralisée.
          A mon sens ce ne sont pas “les adultes” qui ont crée cette violence mais une certaine catégorie d’adultes, une certaine partie des adultes et c’est bien ce que essayes de démontrer lorsque tu veux donner à “ressentir” d’autres rapports aux autres dans l’entre enfants ou dans un autre rapport à l’adulte qui vise à restaurer cet entre enfant.

          Au nom de quoi les enfants, eux, n’auraient-ils pas droit à cette violence ?
          Evidemment que les enfants sont violents : tout ce qui fait leur environnement est violent : comme ici, dans l’école !!!! Pourquoi ces enfants ne seraient pas violents ? C’est plutôt ça qui serait surprenant…

          Mais ça veut dire quoi avoir droit à cette violence? S’agit il d’un droit d’ailleurs? Et d’autre part n’est-ce pas le rôle ou le but de toute organisation sociale que de sanctionner cette violence ou de la “parler”, de la mettre à distance pour permettre l’expression du vivre ensemble. Il ne s’agit pas de détruire les conflits dans la mesure où ils sont créateurs mais biens e faire qu’ils ne s’expriment pas par la violence physique. En fait, c’est de violence physique dont il est question ici… ou alors est-ce à dire que “l’entre-enfants” est un monde, une tribu complètement à part et qu nous lirions cette violence physique entre enfants avec les yeux de la société adulte. Je veux bien le croire mais je veux bien une démonstration…

          l ne s’agit pas d’agir pour enrayer la violence des enfants, il s’agit de les aider à tourner cette violence vers les vraies causes de leur mal être : le système, et non leurs petits camarades : ces camarades étant potentiellement des appuis face à cette violence systémique et non des exutoires.

          Tout à fait d’accord avec cela mais n’est-ce pas par exemple l’institution type conseil qui permet de prendre conscience de la domination des institutions externes qui instruisent ce procès de violence?

          S’agissant de ce que la société qui repose sur cette idée “tout est consommation” : bien évidemment que les enfants créent leur société en la calquant sur ce qu’ils voient de la société de leurs parents !!!! Comment imaginer que des enfants soient en capacité de créer “de toute pièce” une société autre ???? Comment imaginer qu’ils puissent s’en extraire ????

          Alors qu’y a t il de “contre” alors dans l’entre enfant? Pour moi le “contre qui existe dans l’entre enfant ne relève que de ce qui est de l’ordre du jeu et de sa puissance en ce sens où le jeu ne peut jamais être totalement dominé, totalement contrôlé…

          #79705
          moilapa
            @moilapa

            C’est marrant : c’est toujours cette argument qui vient se heurter à l’idée de laisser les enfants entre eux : la violence…

            Mais si ces enfants sont violents, c’est bien à la société des adultes qui le doivent… Donc, penser que pour lutter contre cette violence il faut faire appel à ceux qui sont à la base de cette violence…

            Bien entendu que l’entre-enfants peut être violent : et alors ? Au nom de quoi les enfants, eux, n’auraient-ils pas droit à cette violence ?
            Evidemment que les enfants sont violents : tout ce qui fait leur environnement est violent : comme ici, dans l’école !!!! Pourquoi ces enfants ne seraient pas violents ? C’est plutôt ça qui serait surprenant…

            Mais il semblerait que tu prennes toute socialisation enfantine comme un a priori positif,
            Absolument pas : par contre la violence n’est pas quelque chose à rejter.
            il ne s’agit pas d’agir pour enrayer la violence des enfants, il s’agit de les aider à tourner cette violence vers les vraies causes de leur mal être : le système, et non leurs petits camarades : ces camarades étant potentiellement des appuis face à cette violence systémique et non des exutoires.

            Plus l’on pense que la capacité de violence des enfants n’est pas un problème mais une solution, plus on va oeuvrer à un entre-enfants serein, plus on va chercher à consolider l’idée d’appartenance et l’idée d’appartenance “contre”.

            S’agissant de ces enfants violents, par exemple, c’est leur donner “à voir”, “à vivre”, un autre rapport à l’autre. Et de là, avoir enfin quelque chose à comparer à ce qu’il vit ailleurs, ce qu’il a pu penser “norme”. En classe, à la maison…
            Apporter cette diée à ces enfants qu’ils ont peut être tort à se tourner vers les adultes pour trouver des solutions…

            rien de plus : comment ces enfants pourraient imaginer remettre en cause la classe, si il n’ont comme outil de comparaison l’abruti du club de sports ou les abrutis du centre de loisirs ????

            En cet “état d’enfants”, leur capacité à se lever contre un système qui les opprimerait d’une façon ou d’une autre, est nulle. Evidemment, ne soyons pas naïfs… De part leur condition même d’enfants. De toute façon, il ne s’agit pas de fantasmer des enfants qui refuseraient en bloc les lois stupides du claé, durablement… mais si déjà des enfants de cet âge sont capables d’entr-apercevoir, puis pourquoi pas d’analyser, de dire que ces lois sont stupides et incohérentes, en quoi elles sont incohérentes… cela en se tournant vers leurs pairs, en acquiérant surtout une conscience du pouvoir collectif… ça serait déjà pas mal…

            Un enfant n’a pas les myens de se révolter, mais il peut savoir que ce qu’il subit est révoltant.

            Et pour ça, ce claé et ses incohérences, c’est une cible de choix. Un apprentissage.

            De fait est-ce vraiment une contre éducation?

            S’agissant de ce que la société qui repose sur cette idée “tout est consommation” : bien évidemment que les enfants créent leur société en la calquant sur ce qu’ils voient de la société de leurs parents !!!! Comment imaginer que des enfants soient en capacité de créer “de toute pièce” une société autre ???? Comment imaginer qu’ils puissent s’en extraire ????

            Cela serait déjà pas mal que ces enfants soient en capacité de discerner et d’analyser la violence qui est en oeuvre dans le monde qui les entoure. Déterminent qui use de cette violence en leur encontre. Voire comment cette violence du système est déjà en partie en eux, leur réflexe face aux autres, comment ce système les a déjà marqué ?
            Que les adolescents qu’ils deviennent soient “des adolescents qui posent problème”, pourquoi pas, rêvons…

            Il ne s’agit pas de toute façon d’essayer d’imaginer ce qu’une génération pourrait faire de l’idée qu’elle est violentée par une société où elle ne maîtrise rien… Ca, c’est de son ressort…

            #79708
            solleana
              @solleana

              Et pour continuer su ce que je suis en train de développer :

              “La cour est bien lieu d’apprentissage de la gestion des contradictions entre les demandes de l’adulte et celles des camarades. il s’u relève des habiletés sociales différentes au prix de nombreuses négociations et opérations de séduction ou d’exclusion.”

              “On peut en ce sens parler de “contre-éducation” (…)”

              (toujours Daniel gayet, L’élève côté cours, l’élève côté classe, 2003)

              “On se saurait mettre en doute l’existence de stratégies de socilaisation défensives et clandestinent.” (Houssaye, 1996)

              Ce qui peut alors poser problème à l’animateur : en étant immergé dans cette récréation des enfants, il peut être témoin d’échanges, de savoirs qui ne le concernent pas : si l’on garde bien en tête que cette récréation est la récréation des enfants, la sagesse voudra alors que l’on feint d’ignorer ce qui ne nous était pas destiné.

              “Cette éducation par les pairs est d’autant plus redoutée par les adultes, parents et enseignants, qu’elle reste discrète, voire secrète et qu’elle interfère avec les préceptes de l’école”.

              (on peut y voir là la vraie raison de la création de l’idée “claé”)

              le claé doit pouvoir permettre aux enfants de faire de cette récréation leur “contre-culture” , et pour ça les animateurs ne doivent pas être omniprésents : des temps et des espaces où les enfants sont “hors de portée des adultes” sont indispensables du fait de ce que qu’est cette récréation, de la richesse de cet entre-enfants.

              J’ai cité large mais en fait ce qui me pose un peu problème c’est cette idée de contre-culture ou de contre éducation et notamment de sa portée socialisante… Que cette socialisation entre môme soit différente de ce que propose l’école qui n’est d’ailleurs pas de la socialisation mais de l’élimination, qu’elle soit aussi différente de ce que propose les animateurs en terme d’animation cela me semble évident. Mais il semblerait que tu prennes toute socialisation enfantine comme un a priori positif, comme nécessairement bonne sans chercher à mettre en évidence qu’il existe une bonne part aussi de violence entre enfants, d’humiliation entre enfants qui ne semble pas nécessairement bénéfique, positive et a fortiori socialisante et qui nécessite selon moi des espaces de régulation, des institutions internes.
              Autre élément sur cette contre éducation, il me semble que dans un autre message tu mettais en avant le fait que le totalitarisme marchand était notre monde contemporain or comment les mômes peuvent ils échapper à cela? Peut-on parler de contre éducation alors qu’ils baignent dedans autant que nous? N’acquièrent ils pas aussi des modes de subjectivation et de socialisation visant à l’élimination de l’autre, sa destruction, son humiliation plutôt que sa rencontre? De fait est-ce vraiment une contre éducation?

              #79973
              moilapa
                @moilapa

                Dans le message précédent, il faut lire :
                évidemment qu’un enfant beau sera plus choyé par les animateurs qu’un enfant môche !!!!

                Sur la séparation sexuée dans les activités, dans la cour, que tout animateur connait bien évidemment

                En cela, je serais presque tenté de dire que le claé peut apporté quelque chose de ce point de vue. non pas que la différentiation sexuée dans les groupes d’enfants soit de mon point de vue une chose négative… D’autant plus que cette séparation est en très grande partie dictée non pas par les enfants mais par les adultes : chaque adulte contribue cela : les parents, les animateurs, les maîtres…

                “Les enseignants s’attendent à l’indiscipline des garçons et la docilité des filles” (Mosconi, 1994)

                C’est vrai dans tous les instants de vie en groupe.
                Pourquoi alors les enfants devraient-ils réagir autrement ?

                Donc sur les claé qui pour une fois aurait un intérêt :

                Mais, en apportant une situation d’atelier, l’animateur permet aux enfants de partager des activités où garçons et filles se retrouvent ensemble. Et sans avoir à enfreindre l’une des règles fondamentales de l’entre enfants.

                J’ai un regard ici un peu différent de tout ce que je peux lire ici et là. Certes, la récréation c’est garçons d’un côté et filles de l’autre, globalement, mais c’est en fait bien plus compliqué que cela.

                Déjà côté animateurs, il y a un “marquage” très présent : les animateurs pour garçons et les animateurs pour filles. Tout cela ne repose pas seulement sur des stéréotypes : l’animateur sportif (qui peut être une fille) entouré principalement de garçons et l’animatrice d’activités manuelles (qui là est pratiquement toujours une fille) entourée de fillettes.
                Ces sont des stéréotypes et ce sont la réalité de l’animation.

                On a évidemment ensuite tout un tas de “profiles” d’animateurs que l’on retrouve d’un lieu à un autre, mais cette base simpliste est e “la norme”, la base autour de laquelle on se fait une image d’une équipe d’animateurs (enfants et adultes)

                Principalement par ce que sont ces animateurs, ce qu’a été leur éducation, leur propre enfance. Et ce qu’ils pensent devoir assumer comme rôle. On peut très bien entendre une animatrice faire des laïus sur l’abomination de comportements sexistes et avoir un comportement au quotidien qui renforce ces stéréotypes sexistes.

                Sur ces animateurs garçons repérés comme les animateurs des garçons, on voit souvent, hors animations, les petites filles jouer avec eux, par “tribues” entières. Des taquineries, des “attrapades”, des courses, des provocations, des jeux… sans aucun doute des jeux de séduction.
                Pour ces petites filles, c’est l’occasion de s’essayer à cette séduction (quand il est si difficile de jouer à ces mêmes jeux avec les garçons de leurs âges)
                Côté animateurs, leurs comportements sont aussi très frappants dans ces situations, et le plaisir évident qu’ils peuvent prendre à ces “taquineries” de ces drôles de bestioles…
                Les animatrices n’étant pas non plus en reste dans ces rapports de séduction avec ces “petits hommes”…

                C’est l’une des situations où la loi des enfants permet que la sexualité s’exprime.

                Il en est d’autres, bien codifiés et connus de tous les enfants. delalande a décrypté certaines de situations. Mais tout animateur qui a travaillé en claé, qui a observé une cour d’enfants, connait cela.

                A priori, garçons et filles en primaire, passent le plus clair du temps à s’ignorer (cette fameuse question de latence…) et certains comportements seront très mal vus et parfois violemment réprimés, même si tous ces enfants ont leur amoureux ou leur amoureuse secrète (qui n’est souvent secrète que pour les adultes : l’un des grnads “interdits fondateurs” de cette société enfantine)

                Mais il est des situations où, dans la cour, on peut montrer son amour pour quelqu’un du sexe opposé : cela ne peut se faire que dans le cadre de règles précises, dans les “règles de l’art” :

                par exemple, un groupe de filles, après concilliabules, à décidé de proposer aux garçons (par exemple au début du printemps) de jouer à trappe-trappe : les garçons attrappent les filles : à priori, tout garçon pourrait courser et attrapper n’importe qu’elle fille… c’est pas si simple ! alors que la règle est bien juste “les garçons attrappent les filles”, une fille peu très bien très mal réagir si tel garçon l’attrappe, peut ne pas accepter la règle du jeu simple pourtant défini au début : et curieusement, alors que l’on a vu que tricher à un jeu ou refuser une règle en cours de route est très mal reçu par la communauté enfantine, ici ce refus ne semble pas poser problème à la communauté…
                C’est parce que l’on regarde alors le jeu avec un regard d’adulte : il y a plein de secrets, d’interactions entre ces individus qui nous échappent.
                Si l’on veut savoir qui est amoureux de qui, c’est compliqué si on a pas ces codes, ces règles de la cour : une petite fille qui se débat à coups de dents, de coups de pieds… ça peut vouloir dire qu’elle n’est pas insensible à cette attention amoureuse qui a consisté pour le garçon de la “choper” violemment… il y a alors ce temps très important où le garçon tient par le bras sa prisonnière et l’amène là où l’on “parque” les prisonnières en attente de “délivrance”.

                Un garçon qui tient une fille par la main, qui plus est celle dont toute la communauté c’est qu’elle est l’amoureuse attitrée, en dehors de ces situations très codifiées, cela ferait un véritable scandale !!! et les deux tourtereaux inconscients (ou très courageux) passeraient un sale quart d’heure !!!

                il existe une autre exception “plus exceptionnelle : le couple officiel et officialisé. au grand jour !!!
                Un petit garçon et une petite fille qui ont le droit de faire ce qui ne serait accepter d’aucun autre enfants : comme de jouer ensemble, à l’exclusion de tous les autres ! Dire cet amour devant les autres !!!
                ce couple a dû auparavant traversé une tempète de collibés de toute part, auquels très peu d’enfants sont capables de faire face, et ils ont tenu bons : ils ont obtenu ce statut particulier qui les autorisent à ne pas respecter une des lois fondammentales.

                en tant qu’animateur, je crois que là aussi il faut ignorer : si on nous en parle, on écoute comme si il s’agissait de chose normale, si c’est une situation où ils peuvent avoir besoin d’un peu d’appui (comme ces deux petits tourtereaux du CE2 qui affrontaient les couillons garçons du CM2 choqués par le fait qu’ils mangent à côté à la cantine, s’étant retrouvés à leur table) : “Bin, ça veut peut être dire que eux sont prêts pour le collège et pas vous; au collège, ce serait eux les enfants “normaux”, et vous les gros bébés qui ricannent derrière leur main”…

                Chez les Cp aussi, on ne se gêne pas parfois pour carrément rouler des galoches, si peu que les adultes aient laissé un peu d’intimité à ces enfants… mais là, ce sont des restes de Sodom et Gomorre (autrement appelés “écoles maternelles”), le fait que ces petits n’aient pas encore intrégués tous les interdits de cette nouvelle école.

                Plus l’ensemble d’une cour est sereine, et plus les amours peuvent se dire. J’ai remarqué que cela allait souvent par période : un ou une ose, on commence à reparler de trappe-trappe-bisous, et puis ça compte fleurette un peu partout, toujours dans les limites de ce qu’autorise une cour d’école primaires (se rappeller en tant qu’animateur qu’une fille qui flanque un grand coup à un garçon, ça peut juste vouloir dire “je t’aime” !!!)

                Sur l’une des écoles où j’ai travaillé, il y avait en CM2 deux “géants” (débonnaires et très ympas d’ailleurs) qui n’avaient plus rien à faire dans un primaire… deux ados parfaits pour les gamines du CM2 qui s’autorisaient à leur suater dans leurs bras, demander à “se faire tourner” (les garçons, toujours l’air renfrognés du genre “qu’est-ce qu’elle sont chiantes les filles, prenaient ces gamines dans les bras et les faisaient tournoyer comme des fétus de paille…)
                C’est parce que ces deux là étaient très différents d’elles, de ce qu’est normalement un garçon de CM2, que cela était possible.
                Mais cela avait une répercution sur toute la cour : ce sont souvent les CM2 qui donnent le “la” dans une cour d’école : et ici il y avait plus de jeux ouvertement amoureux qu’ailleurs, des couples reconnus et autorisés, jusqu’à un mariage super secret (je l’ai su parce qu’involontairement j’ai permis la réunion secrète) devenu une des légendes importantes de cette école… Cette influence avait un effet jusque dans les jeux entre garçons et filles bien plus fréquents qu’ailleurs.

                C’est pourquoi je ne suis qu’à moitié d’accord avec ce que j’ai lu un peu partout sur ce sujet.

                #80049
                moilapa
                  @moilapa

                  Pour répondre à ta question du post précédent :

                  et surtout : qu’est-ce que cet enfant avait à perdre ????? Qu’est-ce que ces animateurs ont mis en place de sérénité, de particularité dans ces “temps suspendus”, de ce dans quoi l’enfant pourrait enfin se reconnaître,trouver sa place, qu’il puisse avoir envie de ne pas perdre ? De ne pas en être exclus ????

                  Parce que si la vie en société d’un enfant n’est que violence, où il ne maîtrise rien, où il est la première victime de son état, EVIDEMMENT que lui tenir ce discours n’a AUCUN SENS !!!! Aucune valeur !!!!!!

                  C’est dire à l’enfant que cette douleur permanante dans laquelle il vit est ce qu’il a à perdre !!!!!!!!!!!!!!

                  Cela renvoie pour la millième fois alors à ce que sont ces animateurs, ce que sont leur rélfexion sur le métier, et leur capacité à juste êtreparmi les autres !!!!

                  Sinon, sur le fait que les enfants beaux réussissent mieux à l’école : mais ça, ce n’est pas vrai que de l’école : c’est vrai partout : évidemment qu’un enfant beau sera plus joyé par les animateurs qu’un enfant môche !!!! On est au delà de la lapalissade.
                  de la même façon que quand un animateur met en situation de compétition des enfants, il aura tendance consciemment ou pas à favoriser celui qui a sa préférence !!!

                  Il faudrait être stupide pour prétendre la différence.

                  Comme de dire qu’il n’existe pas entre enfants et animateurs des jeux de séducation, qui sont sans aucun doute des jeux de séduction sexuelle.

                  #80050
                  ludou
                    @ludou

                    moilapa a écrit :

                    ”Les enfants repérés comme “bons élèves” sont aussi à l’école primaire les mieux intégrés socilament auprès de leurs camarades de classes. Ils savent louvoyer entre deux existences : satisfaire les demandes des adultes et celles de leurs pairs”.

                    et c’est d’autant plus terrible lorsqu’on lie ça à l’étude qui montrait que les enfants “beaux” (physiquement équilibrés, qui correspondent aux critères de beauté de la société) étaient mieux notés par les enseignants…

                    beau -> bon élève -> bonne intégration sociale

                    si t’es moche, tant pis.

                    #80051
                    moilapa
                      @moilapa

                      j’en reviens alors sur cette idée d’appuyer” ces enfants : parce qu’ils sont dans un environnement violent qu’est l’insitution “école”, que la violence des enfants est parfaitement naturelle en réaction à ce système violent… mais que cette violence ne peut se tourner vers leurs pairs : leurs pairs doivent au contraire être un appui pour faire face à cette violence.

                      c’est pourquoi il est si important que ces enfants se tournent vers leurs pairs, trouvent leur place.

                      La violence ici est alors légitime quand elle se tourne vers les adultes, animateurs, maîtresses, contre les installations (dégradations de toutes sortes)…

                      ”Les enfants repérés comme “bons élèves” sont aussi à l’école primaire les mieux intégrés socilament auprès de leurs camarades de classes. Ils savent louvoyer entre deux existences : satisfaire les demandes des adultes et celles de leurs pairs”.

                      c’est terrible ce que l’école peut faire subir à un enfant !

                      Si l’on a pas de prise dans un cas, en tant qu’animateur, dans l’autre par contre on a que ça à faire : permettre l’entre enfants !

                      la limite de notre action en tant qu’animateur claé, est basée sur la confiance en l’intelligence sociale de l’enfant : sa capacité à savoir “partitionner” les différents pôles de sa socialisation : quelque soit la situation familiale (une maman étouffante qui éloigne son enfant de ses pairs…) ou de la classe (un enfant qui est humilié à chaque fois que le maître distribue des notes…), quelque soit la façon dont la société adulte malmène cet enfant, et de ce que ces situations font de l’enfant ce qu’il est (on ne peut extraire toutes ces souffrances) : un individu a toujours le choix : c’est toujours lui qui au final prendra les décisions (sauf exceptions qui sont de l’ordre de la médecine)

                      c’est ça qu’il est important de faire entendre à l’enfant ! a l’individu !!!

                      #80052
                      moilapa
                        @moilapa

                        Mais peu importe !
                        Ce que le môme va faire de ces mots, ce n’est pas à l’instant que c’est important : on ne va pas demander à un môme d’être capable de faire ce que personne ne serait capable de faire, dans un “état de sagesse” façon Boudha : remettre en cause en un instant une part de ce que l’on est, de ce qui fait ce que l’on est parmi les autres !

                        il ne s’agit pas à ce moment de faire réagir. Il s’agit juste que l’enfant entende. On ne doit rien attendre de l’enfant à ce moment ! Sinon de la colère à être exclus ou autre forme de désaccord.
                        De mon expérience, cette phrase sera dite à nouveau. L’enfant l’entendra encore…
                        D’ailleurs : je parle là de la situation d’animation dont je parle partout sur le site : celle où l’enfant a choisi d’être présent, ou rien ne l’obige à venir ou à en partir !
                        (D’ailleurs, toute situation qui ne correspond pas à cette définition, n’est pas pour moi de l’animation : ce que mettent en place les “animateurs” sur toutes sortes de structures, s’apparentent plus à des “activités physiques” que mettent en place les maîtres d’école, quand la classe sort faire du sport dans la cour.

                        C’est bien à un enfant que rien n’oblige (du point de vue institutionnelles, parce que bien entendu que d’autres choses sont en jeu ici) de venir à ces “temps suspendus” que je m’adresse : l’enfant a dés le départ fait ce choix, a exprimé son choix d’être de ce temps. Sinon, il va dans la cour, où un anim’ est juste là “pour surveiller”…

                        Ce que va faire le môme de ces mots, c’est plus tard que cela “résonnera” peut être : est-ce que dans ce choix qui n’appartient qu’à lui, face à cette “autre chance” qui se présentera, il choisira de rester dans ce rôle que la société a construit autour de lui, et dans lequel il s’est lui aussi enfermé, ou il acceptera “de déposer les armes” le temps de ce temps suspendu…

                        L’adulte peut aider dans ce parcours difficile : en étant parfaitement cohérent, logique, juste. Ce dont on est malheureusement bien loin, et pas seulement dans ces confrontations avec des enfants “difficiles”.

                        (par exemple : comment peut-on comdamner la valorisation de la force physique (un grand qui use de sa supériorité physique sur un “petit”) et mettre en place des situations où cette force physique est valorisée ( sport..) et où certains sont alors dévaloriés, voire humiliés, comme cela se fait régulièrement partout en animation ?)

                        Mais ce n’est pas l’animateur qui va faire ce choix. C’est l’enfant seul qui fera ce choix.
                        le rôle de l’adulte est juste de donner cette possibilité de choix à l’enfant : lui dire que c’est seulement lui qui pourra faire ce choix.

                        Quand par exemple dans un centre de loisirs où dés le départ, comme à l’école, on lui a déjà pas laisser le choix quant à sa présence, on lui réimpose en plus sa participation à l’activité !!! là, on est dans une situation où le libre-arbitre de l’enfant n’existe pas, et alors la violence des enfants contre les animateurs est totalement légirtime.

                        Comment en tant qu’animateur peut-on seulement envisager qu’un enfant puisse être sur l’activité que l’on met en place sans que l’enfant est donné son acccord ?

                        #80056
                        ludou
                          @ludou

                          (ça a l’air bloqué “en cours d’écriture”, alors je poste quand même…)

                          moilapa a écrit :

                          Avec dans ce cas, toujours ce discours “Ce n’est pas moi, adulte, qui décide de t’exclure, c’est toi même par ton comportement…”

                          juste là-dessus, j’ai pas bien saisi si c’est ce que tu dis, ou si c’est ce que tu entends de la part des autres anims ?
                          Parce que ça, je l’ai entendu un paquet de fois (j’ai sans doute dû le dire un jour ou l’autre également), avec à chaque fois en face une incompréhension. Sur le moment en tout cas, est-ce qu’ils comprennent plus tard… 😕

                          #80072
                          moilapa
                            @moilapa

                            Je crois que l’on peut lier en partie cette capacité des enfants à passer d’un système légale à l’autre” (ce qui fait la loi des adultes dans la classe à ce qui fait la société des enfants dans la cour) avec certains “enfants difficiles”.

                            Je crois que cette “inteligence sociale” et surtout cette capacité à jongler avec les différents systèmes d’interdits, c’est ce qu’il manque à certains enfants, incapables de trouver leur place, de comprendre ces différentes logiques et le passage d’une “logique” à l’autre.

                            Il y a des enfants que l’on dit “difficiles” parce qu’ils posent problème essentiellement aux adultes. de part leur constante remise en cause de ce que les adultes estiment pourtant intangible (ces enfants dont je dis qu’en tant qu’animateur claé on se doit d’épauler)

                            et ceux qui posent problème à la communauté enfant, à l’entre-enfants.

                            Au delà de la question de la sanction, du geste à celui que l’on a blessé, laisé et autres discutions de Bafa, ce qui me semble important c’est de montrer à cet enfant ce qu’il a à perdre : être un élement “dangereux” pour l’entre-enfants, cela peut avoir pour conséquence de ne plus pouvoir accéder aux bienfaits du vivre ensemble.

                            Mais pour que l’enfant ait conscience de ce qu’il a à perdre, encore faut-il qu’il est vécu à un moment ce vivre ensemble enrichissant, protecteur, apaisant… !!! Et bien souvent ces enfants, en référence à ce qu’ils vivent dans d’autres “sphères de socialisation”, ne connaissent juste pas !

                            Je crois, je veux croire, que dans la très grande majorité, les individus veulent vivre avec les autres.
                            A ce stade de l’enfance, ce qu’il manque à ces enfants, c’est peut être des clefs : la compréhension de ce qu’est vivre ensemble, et de ce qu’est l’autre.

                            On a certes accés qu’à une partie de ce qui fait la vie d’un enfant (l’un de ces pôles de socialisation, une socialisation n’étant pas forcément un processus positif), de ce qui peut faire ses manques s’agissant du concept d’altérité…
                            et il faut dire les choses à l’enfant :
                            “quelque soit ce que tu peux vivre ailleurs…”
                            Notre intérêt pour cet enfant, c’est dans ce temps partagé, et dans ce qu’il a à perdre de ne plus faire partie du groupe : voilà ce qui doit être notre “angle d’attaque”. L’aider ) se tourner vers ses pairs, parce que ces enfants on tendance à “chercher l’adulte”…

                            Ces gamins, je “ne les lâche pas” : chacune de leur action anti vivre ensemble implique une réponse. je ne laisse rien passer de ce point de vue, quand on peut me trouver très laxiste s’agissant de broutilles comme dégats sur le matériel et autres façon de s’exprimer. ou même des provocations envers les adultes. (à ce propos, et ça rejoint ce que je dis sur les capacités des enfants à “jongler” : les enfants comprennent très vite les “limites et les possibles” avec telle adulte, ils décryptent très rapidement les nuances que les adultes ont bien du mal à cerner)

                            Je me concentre sur son rapport aux autres enfants : c’est là que je ne laisse absolument rien passé.
                            C’est d’autant plus facile pour moi que ce type d’enfants aura beau avoir à se plaindre de “ma sévérité”, il voudra encore et encore être avec moi !!!

                            C’est d’ailleurs le levier sur lequel je peux excercer quelque chose : en séparant ce qui peut tenir de l’attachement de l’enfant pour l’adulte de ce qui fait l’attrait de ce que je propose (la façon dont je pense mes animations évidemment ne peuvent être que fortement attirantes pour ces enfants en révolte)

                            Mon “profil d’animateur” fait qu’aujourd’hui je suis capable de mettre en place pour tout type d’enfants des “activités immanquables”.
                            Et que cette succession d’activité, fait qu’il devient alors “logique” que “à midi je vais avec David”. sans même savoir ce que je propose. Avec le groupe qui suit, quoi qu’il arrive. En partie parce que paradoxalement, avec cet adulte, je peux jouir d’une liberté que je ne retrouve nulle part ailleurs. Dans un rapport à l’adulte qui là aussi ne correspond pas à ce que je connais…

                            Ce n’est plus le fait de tourner un film, de grimper dans les arbres… mais de retrouver le groupe qui participe aux activités de David.

                            Se voir alors exclus de ce groupe où l’on a sa place, est alors quelque chose de très mal vécu.

                            Avec dans ce cas, toujours ce discours “Ce n’est pas moi, adulte, qui décide de t’exclure, c’est toi même par ton comportement…”

                            sur le dernier claé où je bossais encore dernièrement, cette possibilité offerte “d’espace d’indépendance” étaient encore plus forts, du fait en partie des lieux eux-mêmes.

                            Au fil du temps, cela a été ressenti par ces enfants comme un droit : au milieu de ce système de pression adulte qu’est l’école, voilà un temps et un espace “où l’on est seuls” ! Juste parce qu’on a choisi de venir “à l’activité de David” juste présent 100 m plus loin. Et qu’y a eu des répercutions au delà de “mes activités”…

                            Les enfants étaient grisés par ce côté “tout seuls”, à faire leurs cabanes, à se raconter dieu sait quoi…

                            il y avait parmi les CE2 un enfant particulièrement violent, dont les autres se plaignaient, encore, et encore…

                            Dans un premier temps, après “deux” exclusions temporaires, et des crises incroyables du gamin, il a accepter de faire d’énormes “d’énormes efforts sur lui-même” pour ne juste pas “être exclus de ce qu’il se passait”.
                            Le temps où je proposais telle ou telle animation, je me suis rendu compte que je lui offrais la possibilité de ne plus jouer le rôle attendu du méchant ! de ce tous les enfants attendaient de lui après tout ! comme la maîtresse qui pouvait juste plus le blairer (et je la comprends) , les animateurs…

                            Avec David, c’est pas pareil : c’était en quelque sorte l’explication. Il pouvait être extrèmement tyranique avec tel animateur à la cantine (et le fait que les animateurs aient peur de lui ne devait rien arranger) mais avec david il y avait une seule règle : on se dispute pas sinon on part. Sans aucune nuance. juste une réponse “bête et méchante”.

                            Ce qui devait le toucher particulièrement, sans entrer dans les détails de sa vie difficile (qui de toute façon ne m’intéressent pas) c’est que le seul animateur (adulte ?) de l’école avec qui il avait envie d’aller le rejette !!

                            or ce n’est pas en ce tournant vers moi, adulte, qu’il pouvait résoudre son problème de “vivre ensemble” mais vers les enfants.

                            J’ai donc d’abord mis en place “cet espace” serein, où jour après jour je proposais des suprises, des constructions de jouets, des jeux, des inattendus…

                            Ca ne résoudait en rien le problème puisqu’il ne s’en prenait plus aux autres non pas parce qu’ils sont respectables, mais parce que David l’avait dit.
                            Je ne pouvais dans ce cas que lui offrir la possibilité de voir ce qu’est ce vivre ensemble, le fait de savoir que l’on a une place reconnue parmi les autres…

                            Au point où j’en étais avant de partir, il ne pouvait accéder à cette autre étape où les gamins que les autres gamins ont “franchi” très facilement, se retrouvant entre eux, sans adulte. et encore parce qu’il avait démontré lui à plusieurs reprise qu’on ne pouvait lui faire confiance. que lui-même, par son comportement, s’interdisait ce droit… toujours ce discours.

                            L’auteur du livre (pour y revenir) dont je parle ici, a fait des études auprès des enfants pour savoir quelles valeurs ils plébiscitaient.
                            de très loin, chez ces enfants de primaire, c’est la gentillesse qui prime.

                            On compren alors combien ces enfants là sont pénalisés pour “trouver leur place”.

                            Ce sur quoi on discutait souvent, c’est “pourquoi il ne “trouvait jamais de table” (dans cet école, les enfants choisissent eux-même les compositions des tables avant d’aller à la cantine.
                            il ramenait toujours ces situations à la volonté des autres : méchants avec lui. et jamais à son comportement à lui. Sur ça, il en démordait pas : ce n’était jamais de sa faute : il acceptait que je l’écarte du groupe pour avoir encore bousculé quelqu’un, mais il n’admettait pas que c’était de son fait.

                            en tant qu’animateur, on crée une situation “anormale” dans cette cour (une activité) hors de la rélaité de l’entre-enfants, en faisant en sort par exemple que des enfants qui n’auraient jamais joué ensemble partage un jeu. Ce n’est pas le but, c’est juste un constat.
                            Quand on arrive quelque part, en tant qu’animateur, on part de zéro : on donne une chance à chacun, quelque soit ce qui s’est passé avant, quelque soit l’historique.
                            A chaque individu alors de prendre “cette perche tendue” : d’une certaine façon, chaque nouvel animateur pourrait être une chance pour des enfants en difficulté sociale parmi les siens.
                            en soulignant, lors du premier “accroc” au vivre ensemble des enfants, que cette situation “anormale” est une chance.
                            La plupart des enfants sont intégrés à leur petite tribu, elle-même intégré au tout qu’est la récréation de tous les enfants.

                            Un enfant peut comprendre quand on lui dit qu’il doit assumer ce qu’il a fait : si il fait du mal à l’autre, alors il est normal que l’autre va le rejeter. Personne n’est responsable vis à vis de cet autre enfant; quelque soit ce qu’il a lui-même subit dans un autre “pôle” de sa vie, cet enfant lui n’y est pour rien.

                            C’est un travail de longue haleine : il faut se tenir à ce que l’on dit : si durant deux semaines l’enfant ne pourra plus, il n’en sera pas autrement. Il faut lui expliquer “qu’une autre perche” arrivera. et qu’il est bien le seul à faire des choix.

                            A ma petite échelle d’animateur, cette “façon de faire” m’a toujours donné raison : ce paris de faire confiance en l’enfant, a toujours été “gagnante”.

                            Est-ce pour les animaux sociaux que nous sommes, la pensée de la solitude est plus forte que l’envie de faire mal ? De dire son malheur sous forme de violence (parce que l’on a pas, au passage, été entendu) ?

                            Ces enfants que j’ai croisés ici et là, m’ont tous prouvé d’une façon ou d’une autre que ce besoin fondammental d’être accepter est très fort, y compris chez ceux qui font semblant de ne pas avoir besoin de cette reconnaissance…

                            Peut être s’agit-il (en partie) d’aider l’enfant à “dissocier” ses “différentes vies” : en amenant l’idée, si nécessaire, qu’il a prise sur sa vie. C’est avant tout LUI qui va faire ce que sera son rapport aux autres, sa place dans le groupe. quelques soient les “influences extérieurs” sur lesquelles il n’a pas vraiment prises.

                            Un enfant de primaire, même en difficulté, est parfaitement capable d’entrevoir cette difficulté du vivre ensemble,de commenxer à chercher sa place, quelque soit “l’historique”, quelque soit aussi le rôle que tous s’attendent à ce qu’il tienne, lui y compris.

                            et cette cosnciente est très prôche de l’autre “conscience dont je parle ici : elles sont même sans doute lier : celle où les enfants apprennent à jongler entre la société dominée par les adultes, et la société propre des enfants, ce qui n’est pas à dire à des adultes d’un côté”, et de l’autre ce travail sur soi qui fait qu’il n’y a aucune à reproduire sur les autres la violence que l’on peut subir, à exprimer son mal être en agressant ceux qui n’ont rien fait.

                            Certains de ces enfants sont peut être en état de “souffrance permanante” : on ne guérrit rien en tant qu’animateur : on n’a que soit à offrir : on va à l’animation avec ce que l’on est, c’est tout; Ce que l’on a à offrir à ces enfants, c’est juste un répis. Ce qui est déjà peut être énorme.

                            C’est un temps suspendu où ces enfants sont en activité avec moi, mais peu importe : ce n’est que ce temps qui concerne l’animateur que je suis

                            En tant qu’animateur, on arrive toujours en cours d’histoire. dans une histoire déjà très longue.
                            Souvent ces enfants de primaires se connaissent depuis la maternelle : les inimitiers, les trahisons, les amitiers, les amours, tout cela fait que chaque enfant est “marqué” socialement dans la société des enfants (et celle des adultes).
                            Il ne s’agit pas d’essayer de “faire devenir copain” deux enfants dont les caractères opposés feront que cela ne sera jamais possible, cela serait au delà de l’absurde : cela prétendrait être un dieu qui décide de l’intimité des êtres !

                            Il ne s’agit juste que de créer ce temps anormal : et non de demander à l’enfant d’agir sur ce qu’il est, profondément. Par contre, on peut lui demander d’abandonner un instant le rôle dans lequel il était peut être coincé, que tous, lui le premier, a la ceritude de devoir tenir. Parce qu’on est en société, parce que l’on doit se protéger, etc…

                            J’en reviens à ce temps “serein” que devrait être une animation. Un temps suspendu, un temps de rencontre.

                            Un temps où l’on est suffisament rassuré pour être, et non paraître.
                            Les enfants auront bien le temps d’être adultes pour ça.

                            #80175
                            moilapa
                              @moilapa

                              Je vais juste revenir sur ce que je dis plus haut sur la triche des enfants dans les grands jeux organisés par les animateurs (je suis un peu bordélique dans ce post, mais celui qui sait chercher trouvera..)

                              (cela va aussi tout compte fait “coller” avec ce que je dis de la société souterraine des enfants :

                              L’auteur a proposé des questionnaires à des centaines d’enfants dans cette étude. Notamment pour savoir quelles valeurs étaient les plus de mises chez les enfants (c’est la gentillesse qui arrive très loin devant tout le reste, j’y reviendrais)

                              parmi les défauts d’une personne, il n’y a pas consensus… Sauf sur un seul point :

                              “La dénonciation des camarades n’appelle aucun commentaire. elle est l’objet d’une réprobation unanime dans toutes les écoles et à tous les âges (l’étude ne porte que sur “les grands” : CE2 jusqu’à CM2) . une morale de groupe semble donc bien être de mise en place dés le CE2. Il en va différemment de la tricherie aux jeux (…) Je rappelerais encore à ce propos l’étude de Delalande (2001) qui soulignais combien la triche avec les pairs était intolérable au même titre que les mensonges entre camarades de classe, alors que la triche en classe et le mensonge à l’adulte n’étaient l’objet d’aucune réprobation. Autre signe évident de deux morales bien disctinctes. ”

                              L’auteur parle ici de jeux entre enfants.
                              Quand moi je parle de la situation du jeu proposé et mis en place par les adultes pour les enfants.
                              Et dans un bien précis (celui dont je parle sur le post sur les grands jeux coopératifs) : ces grands jeux où il n’y a qu’une équipe ou les différentes équipes collaborent, ne se tirent pas la bourre : pas de compétiton entre équipes ou entre enfants. L’adversaire peut être l’adulte.
                              Ce n’est que sous cette forme que ce que je dis plus haut a du sens : où les adultes acceptent cette triche comme une forme d’intelligence du groupe d’enfants, de débrouillardise, de supériorité.

                              Dans les grands jeux plus traditionnels (à quelque chose prêt ce que sont capables de pondre toutes les équipes d’animation) cette situation où l’animateur accepte la triche n’est pas supportable pour les enfants : tout simplement parce qu’accepter cette triche, c’est avantager une des équipes en compétiton !
                              Et dans le cadre du claé (donc la récréation des enfants) ça pose aussi le problème de mettre à mal la cohésion du groupe enfants dans son ensemble, cette société secrète de l’entre-enfants.

                              Si l’on sait par ailleurs que “Incontestablement (…) la formation du milieu enfantin est dépendant de la notion de jeu, c’est utiliser alors la “brique principale” de cette société enfantine pour la retourner contre elle.

                              Encore une fois, être simple animateur claé sur la récréation des enfants, c’est se retrouver dans une situation bien plus compliquée que l’on pourrait le penser.

                              Pour rappel s’agissant du jeu (voir les échanges nombreux sur le sujet, notamment autour de Gilles Brougères, et s’agissant du jeu dans la cour d’école précisément évidemment Delalande)

                              Le jeu, la création d’un jeu, l’entente des joueurs autour de règles qui vont permettre le jeu… étant l’autre “temps fort” de la socialisation enfantine.

                              “La règle du jeu est l’objet d’une négociation implicite et permanante” (Sirotta, 1988)

                              “La socialisation de l’enfant par le jeu ne résulte pas tant de l’accord préalable sur les règles que l’acceptation de leurs conséquences”. (Gayet, dans l’ouvrage en question ici)

                              #80179
                              moilapa
                                @moilapa

                                Ce phénomène de “solidarité enfantine” n’existe pas en maternelle :

                                ”A l’école maternelle, il n’existe pas vraiment de groupe stable, on n’observe pas de solidarité durable entre les enfants. La dénonciation de fautifs se fait sans remords et sans crainte des représailles.”

                                (il existe de mon point de vue des enfants qui prouvent le contraire, mais ils sont infime excpetion)

                                Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas pour autant là aussi permettre autant que cela est possible “l’entre-enfants”, mais pour d’autres raisons. Mais là n’est pas mon propos.

                                Par contre, ce qui est intéressant, pour des animateurs de primaires, ce sont ces “petits” qui arrivent “à la grande école”. Et qui apprennent cette “loi souterraine” des grands : c’est à la fois une très forte pression parce que l’enfant de cet âge a toujours cru que l’adulte était le détenteur du savoir absolu… qu’il leur ait difficile d’échapper à cette idée rassurante qu’au dessus d’eux il y aun savoir magique qui saura pour lui : décider, savoir… mais c’est en même temps certainement très exaltant : parce que c’est d’une certaine façon “une entrée dans le monde” leur entrée dans un groupe, la conscience d’appartenir à autre chose que les papa-maman-moi : cette société enfantine pleine de promesse, de choses finallement très attirantes : comme le secret, le mensonge aux adultes : ils savent des choses que les adultes ne savent pas !!! Ils détiennent des savoirs que les adultes ne savent pas !!!

                                Cela ne se fait pas sans difficulté, et bien des CP se feront “bousculer” pour avoir cafter, ils entendront ce discours qui dit “que ça ‘faut pas le dire aux adultes”.

                                Et nous, animateurs, au milieu de cette société en construction ?
                                Et bien, il faut appuyer là encore ces enfants : comme je l’ai déjà écrit sur le forum, en tant qu’animateur, bien souvent il m’est arrivé de dire à des enfants : “ca, c’est un truc entre enfants : tu ne dois pas me le dire.”
                                Et plus on a gagné la confiance de ces enfants, plus il est nécessaire d’avoir ce discours.

                                #80184
                                moilapa
                                  @moilapa

                                  Sinon, pour ne pas être mal interprété :
                                  il ne s’agit pas de rechercher le “clash” avec l’équipe enseignante, il s’agit d’assumer l’idée qu’il existe entre les “différents pôles de socialisation” de l’enfant des contradictions, voire des objectifs diamétralement opposés.

                                  Et pour continuer su ce que je suis en train de développer :

                                  ”La cour est bien lieu d’apprentissage de la gestion des contradictions entre les demandes de l’adulte et celles des camarades. il s’u relève des habiletés sociales différentes au prix de nombreuses négociations et opérations de séduction ou d’exclusion.”

                                  ”On peut en ce sens parler de “contre-éducation” (…)”

                                  (toujours Daniel gayet, L’élève côté cours, l’élève côté classe, 2003)

                                  “On se saurait mettre en doute l’existence de stratégies de socilaisation défensives et clandestinent.” (Houssaye, 1996)

                                  Ce qui peut alors poser problème à l’animateur : en étant immergé dans cette récréation des enfants, il peut être témoin d’échanges, de savoirs qui ne le concernent pas : si l’on garde bien en tête que cette récréation est la récréation des enfants, la sagesse voudra alors que l’on feint d’ignorer ce qui ne nous était pas destiné.

                                  “Cette éducation par les pairs est d’autant plus redoutée par les adultes, parents et enseignants, qu’elle reste discrète, voire secrète et qu’elle interfère avec les préceptes de l’école”.

                                  (on peut y voir là la vraie raison de la création de l’idée “claé”)

                                  le claé doit pouvoir permettre aux enfants de faire de cette récréation leur “contre-culture” , et pour ça les animateurs ne doivent pas être omniprésents : des temps et des espaces où les enfants sont “hors de portée des adultes” sont indispensables du fait de ce que qu’est cette récréation, de la richesse de cet entre-enfants.

                                  “Les maîtres ont, qu’ils le veuillent ou non, affaire au sein de la classe, aux réseaux de solidarité ou aux hostilités nées dans la cour”. (Rayou ; 2000)

                                  Et le claé doit pouvoir permettre que continue cette expression du désaccord enfantin. là encore, il faut que les adultes soient suffisament “loin” pour que cela soit possible : sinon l’animateur se met lui-même en difficulté.

                                  Et ces occasions où la solidarité enfantine se tournent contre les adultes, contre les animateurs pour ce qui nous intéresse, n’est pas un danger : c’est un bien précieux : si, comme je l’ai souvent dit le métier d’animateur c’est un travail de remise en question permanante, dans cette logique aucune remise en question n’est dangereuse pour une équipe cohérente : on prend le temps d’écouter les enfants, d’échanger : l’on se endra compte que, si les enfants n’ont pas toujours raison, un malaise de groupes a bien souvent une “ralité-faille” dans le fonctionnement ou le discours des adultes. Souvent une distorsion entre le discours et les actes : c’est bien ce qu’il y a de plus fréquent dans l’animation. et les enfants sont bien plus attentifs à cela que les adultes engoncés dans leurs certitudes ou leurs habitudes.

                                  #80375
                                  moilapa
                                    @moilapa

                                    Pouvoir tricher pour les enfants dans l’enceinte de l’école, et même entendre l’adulte opiner quand leur ingéniosité leur a permis de passer une difficulté, une épreuve, ce n’est évidemment pas anodin !

                                    C’est peut être faire effleurer l’idée qu’il y a une autre logique que celle supposant que seul le premier de la classe a raison, qu’il existe d’autres vérités que la recherche constante du comportement le plus fidèle aux attente du système…

                                    Il faut faire confiance en l’intelligence sociale des enfants, leur capacité à “présentir” les enjeux des rapports humains, les non-dits, les situations de “l’inconscient au travail”.
                                    De déchiffrer. Et de tirer quelque chose de toute expérience, de toute situation donnée.

                                    C’est toute cette richesse de “la compréhension de ce qui régit les comportements humains en situation de société” qu’apporte cette situation où l’enfant sans cesse “fait le voyage” entre la loi institutionnelle des adultes et “la société secrète enfantine”.
                                    C’est cette gymnastique intellectuelle, faite d’observation, d’analyse, de mise en confrontation de comportements, de réactions, d’événements qui a un intérêt dans cette confrontation à l’école des adultes.

                                    Toujours en continuant en parallèle la lecture de ce livre : le paragraphe suivant s’intéresse à “l’évaluation et ses conséquences sociales”.

                                    Je ne vais pas relancer le débat sur cette violence-là faite aux enfants, faire le parallèle avec l’exigeance de non violence réclamée dans le même temps aux enfants (!!!). Des conséquences sur la vie entière d’une personne de ces stigmatisations, humiliations quotidiennes durant des années et des années… De ce qu’une société qui classe ses enfants par des notes donne comme exemple d’inhumanité à ses citoyens dans le rapport aux autres…

                                    Tout ça n’étant que question de pouvoir, de domination.

                                    Ce qui pourrait être intéressant au delà, c’est de voir l’influence de ce système de mise en concurence permanante dans ce temps de récréation :

                                    ”… il est clair que chaque enfant porte à chaque instant de sa vie à l’école les marques de ses performances scolaires.”

                                    Voilà encore une réalité à prendre en compte pour l’animateur claé, quand par exemple l’équipe a décidé de réunir tous les enfants pour parler de violence, parce que l’équipe en ressentait la nécessité : comment faire alors abstraction de la première violence à l’oeuvre à l’école ?
                                    Qui a sans aucun doute une grande part dans la violence en action dans la cour…

                                    Comment aborder cette violence admise, cette hiérarchisation de la valeur de chaque enfants en fonction de ses capacités ou à accepter un système, ou à répondre au mieux aux attentes du système ?
                                    Comment prendre en compte en tant qu’animateur la présence de cette scolarité lors des temps de claé ?
                                    Comment faire en sorte que cette hiérarchisation scolaire ne soit pas de mise en dehors de la classe ?

                                    En sachant que :
                                    ”(…) l’évaluation scolaire influence fortement les relations que les enfants établissent entre eux” ?

                                    En se référant au projet pédagogique ? dont bien des idées humanistes sont en parfaite contradiction avec ces violences ?

                                    S’agit-il alors pour l’équipe d’animation de penser “cohérence” ou “bonne entente” avec l’équipe pédagogique des enseignants ?

                                    il s’agit bien de violences bien repérables : il suffit d’écouter un enfant sorti en pleures de trois heures de face à face avec l’adulte auquel il n’a aucune possibilité d’échapper…

                                    Mais, si on ne peut pas faire l’impasse sur la violence institutionnelle “école”, on ne pas s’extraire de cette réflexion : “on” étant le claé. bien évidemment que du point de vue de la violence, ce n’est pas d’abord vers l’institution “classe” qu’il faut d’abort se tourner, encore moins vers ces enfants “qui posent problème” (comme il est facile de voir la violence du côté des enfants !!!) … mais sa propre violence : celle du claé, et de l’équipe d’animation.

                                    Sans parler de situations les plus “parlantes (violence-pulsion-sadisme-désir d’humilier par exemple d’un anim’ qui, à la cantine, va mettre “au coin” un enfant devant ces petits camarades, en lui disant de se tourner vers le mur), on peut s’intéresser à toutes ces violences quotidiennes de tout accueuil enfants, dont on a même pas conscience, tellement ces violences sont devenues la règle, la logique.

                                    #80387
                                    moilapa
                                      @moilapa

                                      ”la loi scolaire fondamentale, c’est la soumission” (Chabert Ménager – 1986)

                                      En cela l’école est intéresante, parce qu’en lui disant que l’entr’aide n’est pas une bonne chose ”dans une optique de travail qui demeure profondément individualiste” ; (Ranjard, 1998) , elle dit à l’enfant qui grandit et qui expérimente pourtant l’amitié, tous les bienfaits d’un groupe aimant, protecteur, qui connait cette amitié, sa vérité, que l’école ne dit pas que des choses justes, que l’adulte ne dit pas que des choses justes. Et que dans ce monde d’adultes, il faut se méfier de l’un et de l’autre.

                                      En tant qu’animateur, il m’arrive de dire à des enfants en confiance, qui auront tendance à me raconter “des choses qui ne me concerne pas en tant qu’adulte”, qu’ils ne devraient pas me raconter telle ou telle chose : que cela ne me concerne pas, moi, adulte.

                                      l’apprentissage de ces règles de la société enfantine en contradiction avec certaines règles des adultes, donne corps à cet entre-enfants, à ce sentiment d’appartenance et ce sentiment que certaines choses doivent être cachés aux adultes. A travers par exemple la pression du groupe enfants quand des petits arrivés de la maternelle “caftent” à chaque occasion où ils repèrent une “distance “avec la parole encore divine des adultes.
                                      D’un côté l’apprentissage de l’indivualisme, de l’autres les résistances du groupe d’enfants ; L’apprentissage indispensable à tout individu du doute, de la remise en question. De ce point de vue là, l’école a un rôle très intéressant.

                                      ”L’enfant est bien inséré dans un groupe mais il ne doit pas en tenir compte”. (Cresas, 1980)

                                      C’est ce qui se passe dans le “managment moderne”, dans les entreprises, où l’on tente d’isoler le travailleur, le mettre seul face à son travail et ses résultats ; avec la réussite que l’on connait aujourd’hui…
                                      Mais on est loin encore des conditions de travail des écoliers : si l’on devait reproduire les rapports dominés-dominant de la classe dans le monde du travail, on trouverait cela insupportable : impossibilité d’échapper au regard de son supérieur, pression constante, impossibilité de lier du lien social, interdition de parler !!! de bouger !!! Se lever !!!

                                      Là aussi un animateur claé doit savoir se positionner : ne serait-ce que contre cette idée de l’individualisme poussé à outrance.
                                      Certains enseignants sont prompts à répondre : “Ah oui , Et les travaux en groupe, alors ?”

                                      Ces travaux sont exceptions : tant que le modèle école sera basé sur la notation individuelle (et donc la compétition, le chacun pour soi, l’idée de marcher sur l’autre de peur de n’être celui sur lequel on marche) ces temps où les enfants peuvent enfin coopérés n’auront pas de sens : j’y vois même de l’incohérence : à certains moment aider ou demander de l’autre à ces pairs est la pire ignonimie, à d’autres cela redevient possible.

                                      Sur cette “triche”, un animateur doit avoir conscience de ce qui est en jeu : quand sur “son” grand jeu par exemple des enfants trichent, outre le côté “forme d’intelligence” évidente, si cela se fait en se tournant vers les autres, cela devrait être pris en compte positivement par les adultes, être mis en avant. Ne serait-ce que par la supériorité intellectuelle de ceux qui ont triché sur les adultes qui ont pensé le jeu. (dans la mesure aussi où les adultes ne se sont pas piégés eux-mêmes en figeant tellement leur jeu et ses règles que cela leur deivent impossible)
                                      Tricher est une forme d’intelligence, la démonstration d’une capacité à analyser, questionner, et solutionner. si cela se fait en groupe, en coopération (contre les adultes) c’est là encore “tout bénèf”.
                                      de là à sciemment laisser des brêches dans le grand jeu pour permettre cette situation, c’est un pas que j’ai franchit depuis bien longtemps, qui fait partie de ma logique quand je mets en place un jeu.

                                      Et comme les animateurs ont un regard amoureux sur ce qui se fait du côté de l’école depuis “la nuit des temps de l’animation sociocul”, on retrouve les mêmes errements dans les acceuils enfants, les mêmes modèles de domination, de contrainte, où l’on souhaiterait là aussi pouvoir maîtriser ces enfants, contraindre ses corps qui se voudraient en mouvement : c’est à l’enfant de se former au fonctionnement et au mode de pensé de l’accueil enfants : et non au centre de loisirs de s’adapter à l’enfant-individu.

                                      Et ceux qui prétendent le contraire, notamment à travers leurs différents projets écrits, n’ont sans doute même pas les moyens de s’apercevoir combien ils sont loin de cette réalité, de la façon dont les enfants reçoivent cette vérité.

                                      Il y a dans ce comportement de l’institution “école”, une chance pour les animateurs claé : ”Il semble donc que l’école ait beaucoup de difficulté à admettre qu’elle ne soit pas le seul agent socialisant…”

                                      une sous estimation de ce qu’est cett animation, ces animateurs et leurs capacité de rélfexion, d’action (ouvent il faut le dire à raison)
                                      Une sous estimation de la socialisation en ouvre dans cet entre-enfant, cette société enfantine.

                                      #80404
                                      moilapa
                                        @moilapa

                                        Etonnant : cette dernière constatation est faite pratiquement de la même façon dans le livre, là où j’en suis en ce moment :

                                        ”Pour bien des maîtres, le gorupe enfantin est d’autant plus difficile à surveiller qu’il n’est pas contraint dans le cadre d’une salle de classe. S’il arrive que les séquences d’éducation physique posent des problèmes de discipline, la récréation est encore plus incontrôlable”.

                                        A ce propos, s’agissant des animateurs qui se réfèrent à ce “1 pour 14” pour mettre en place des activités en claé (le pourcentage ne se référant pas d’ailleurs à un nombre d’enfants présent sur une activité mais sur un pourcentage adulte-totalité des enfants sur la structure) : ce n’est pas tant une question de sécurité (malgré ce qui est dit) que de contrôle.
                                        Parce que ces animations sont des temps de contrôle des enfants : si l’on abandonne cette idée de vouloir les contrôler, qu’ils soient 5 ou 30 ne change rien.
                                        Quand je propose un atelier de construction de peluches, même complexe, je pense mon atelier pour un nombre posiblement élevé d’enfants participants. et j’organise l’atelier en fonction de ce nombre.
                                        Mais le nombre ne change rien : je ne fais pas à la place : c’est chaque enfant qui va faire réellement son jouet : donc, qu’ils soient 10 ou 40, l’atelier durera le même temps : et je n’aurais pas plus à gérer puisque je ne gère pas : chaque enfant est là parce qu’il a envie de fabriquer son jouet : aucun n’enfant n’a été obligé de venir : et chaque enfant peut repartir quand bon lui semble : et surtout : ils se sont déjà retrouvés avec moi en animation : cette situation est claire, parfaitement comprise : il n’y a pas la possibilité que ce soit l’adulte qui fasse à la place (parce que si l’objet prend ne serait-ce qu’une heure à rélaiser, si ils sont 40 c’est 40 heures!!!)
                                        L’enfant fait parce que je le mets en situation de pouvoir faire et parce que je lui dit qu’il sait faire !
                                        Quit à se tourner vers l’autre enfant qui a réussi à passer telle étape difficile.
                                        en tant qu’anim’, mon rôle n’est pas à contrôler le groupe : il n’y a rien à contrôler : ce travail a été fait en amont, dans les rapports que j’ai avec ces enfants, de ce que j’ai montré, de ce qui est possible et pas possible : je n’ai pas à dire à un enfant 20 fois de ne pas embêter tel autre : si il est là, c’est qu’il sait que cela n’est pas possible. Et que s’il ne respecte pas cette “loi”, il s’exclue lui-même de l’atelier.

                                        La seule limite étant alors la taille de la salle, les équipements (tables…) et le matériel.
                                        a quoi on peut répondre en mettant par exemple en place l’atelier dehors, au milieu de la cour, en utilisant pas de chaises, etc…
                                        Je ne vais pas redire ce que j’ai déjà dit sur le forum…

                                        quand un maître surveille seul tous les enfants durant leur récréation, c’est bien parce qu’il n’envisage pas de régenter tout ce petit monde : il laisse cet entre-enfants vivre.
                                        Ca peut faire du 1 pour 100 sur la dernière école où je bossais… Si cela peut poser des problèmes à l’institution, ça n’en posait pas ici, à cette équipe enseignante. avec pas plus d’accident que durant le temps où on a du 1 animateur pour 14…

                                        Ce nombre d’enfants est bien une question de contrôle et non de sécurité. Et les tentations sont grnades pour les adultes…

                                        “Le désir permanant des adultes en général, et plus particulièrement des enseignants, de contrôler les relations entre enfants s’explique par la méfiance à l’égard de la socialisation groupale. Ce que constatait déjà Roger cousinet (on y revient !) (1950 :
                                        “De tout temps le maître a été hostile à la vie sociale, a pourchassé cette vie partout où il la rencontrait (…) S’il tolère le jeu, c’est à lextrème limite de cette tolérance”.

                                        J’entends souvent des personns (enseignants) rétorqués que la vie à l’école a bien changé, que les “nouveaux maîtres” ne sont plus ces maîtres en blouse du début du 20ème siècle”.
                                        Je trouve qu’au contraire la pression sur les enfants, sur l’entre-enfants, est bien plus forte aujourd’hui.
                                        Que si je compare à ce qu’a été mon enfance (les années 70) la liberté dont l’on disposait dans l’école était plus grande; nous avions bien plus d’occasion d’élaborer, d’organsier, de tenter…

                                        L’école n’a pas changé dans sa vision de l’enfance : “la loi scolaire fondamentale, c’est la soumission” (Chabert Ménager – 1986)

                                        Juste par rapport au message au dessus : il faut lire :
                                        “c’est le véritable lieu d’apprentissage à l’école”

                                        #80560
                                        moilapa
                                          @moilapa

                                          La socialisation d’une personne, c’est avant tout de l’affectif, du rapport humain, des échanges, des rencontres (et non des constructions intellectuelles), c’est ça qui nous permet de comprendre ce monde immédiat qui nous entoure, dont on fait partie. Et non des théories. C’est ce vécu, ces partages.

                                          C’est le rapport que l’on a avec les uns et les autres qui va construire celui que l’on est au milieu des autres. C’est avant tout de l’émotion, des sentiments (plaisir, haine, amour…)

                                          Certes, en parallèle, il peut y avoir cette compréhension (tentative de) de la complexité des rapports humains… mais ce qui va faire nos choix, notre intelligence sociale, c’est avant tout ce que l’on a vécu avec les autres.

                                          Nos valeurs, nos normes, nos interdits, si ils ont un “squelette” intellectuel, ils sont avant tout fait de chair : ceux que l’on a rencontrés tout au long de notre vie.

                                          Ce n’est pas tant ce que l’on apprend dans la classe qui importe, mais ce que l’on y vit avec les autres.
                                          ce n’est pas tant l’éducation qui importe, mais ce que l’on vit avec les autres.

                                          Bachelade écrivait en 1980, s’agissant de l’école, que :

                                          “Les camarades (sont) plus importants que les maîtres”.

                                          La récréation est plus importante que la classe : c’est le véritable lien d’apprentissage à l’école, le véritable lieu où se construit et l’individu et le citoyen : on peut vivre sans savoir résoudre des équations : par contre, les animaux sociaux que nous sommes deviendraient fous à vivre seuls.

                                          Heureusement, la classe n’arrête pas la socialisation : cette vie entre enfants continue, même souterraine, même cachée, quand la maîtresse se retourne.

                                          De mes maigres observations de toutes ces situations d’animation, je sais que les enfants ne sont pas dupes : ces situations d’animations proposées et mises en place par les adultes, ne sont pas “jeu” pour les enfants : ils peuvent y prendre plaisir, mais ils sont au travail : celui d’enfants dans une société adulte. c’est leur boulot que de faire ce que ces adultes demandent. même si encore une fois ils peuvent y prendre du plaisir.

                                          Leur vraie vie de jeu, elle se passe entre enfants. Ce n’est que quand ces adultes (ici des animateurs) ont disparu que le jeu réapparait (avant que d’autres adultes ne reprennent le relais)

                                          l’enjeu alors de ces claé est alors fondemmental : c’est cette récréation dont les adultes voudraient s’accaparer, parce que l’un des derniers refuge des enfants.
                                          Comme le jeu est un refuge aussi pour ces enfants entourés. Et que là aussi les adultes voudraient parvenir à entrer, et s’accaparer les lieux, le temps, maîtriser.

                                          Cela est heureusement impossible : les adultes peuvent remplacer le temps de jeu des enfants par autre chose, ils ne pourront jamais être participant de ces jeux.

                                          Reste alors pour l’adulte à tenter de minimiser ces possiblités d’évasion : par exemple, les animateurs ont une propention à sur utiliser les salles : sans doute en cette période parce qu’ils n’ont pas envie de se geler dans la cour. Mais certainement surtout parce que les enfants sont plus maîtrisables dans une salle, confinés, assis, en petit nombre.

                                          quand la cour est plus “sauvage” de leur point de vue, moins maîtrisable.

                                          #80575
                                          moilapa
                                            @moilapa

                                            Alors sur Toulouse, c’est le cas de toutes les écoles primaires et maternelles publics. (on en trouve aussi sur les écoles privées) Ce qui fait énormément de claé (et beaucoup d’animateurs : au Crij, il y aconstamment d’innombrables propositions de posts en claé : le tableau “animation” ne désemplit jamais, du fait des claé; tout le temps.
                                            Quand j’ai envie de bosser sur un claé, je vais au crij et avant la fin de la semaine, j’ai un post. A coup sûr.

                                            Dans la région, c’est aussi une réalité depuis les années 90, pratiquement partout (côté boule de neige : pression des parents-électeurs d’une commune pour que l’on prenne en charge leurs enfants avant et après l’école sur leur commune aussi…) y compris dans les toutes petites communes.

                                            La maladie s’étend aussi sur quelques collèges, Bien que je n’ai pas de recul dans ce cas là (jamais travaillé)
                                            . La situation me semble différente, et la présence d’animateurs dans ce cas bien moins préocupante.

                                          20 sujets de 21 à 40 (sur un total de 190)
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