quelques petites interrogations concernant les CLAE

  • Ce sujet contient 189 réponses, 18 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par moilapa, le il y a 9 années.
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    Messages
  • #118546
    moilapa
      @moilapa

      Fait fait chier tous ces types de fichiers différents que je peux pas lire…. Si quelqu’un sait où trouver ce film en autre chose que quick time…

      où si au moins quelqu’un peut en quelques mots résumer le propos.

      #118558
      solleana
        @solleana

        Un débat sur la cour de récré, je n’ai pas regardé, je sais pas ce que ça vaut mais y’a Philippe Meirieu donc ça doit être chiant et poli!

        http://www.jacques-pain.fr/jacques-pain/Docs_Audios_Videos/Entrees/2010/3/21_La_recre_cest_serieux.html

        #123290
        moilapa
          @moilapa

          Encore une fois, temps pour écrire dépassé… tant pis.

          Pour résumer là où je voulais en venir : en gagnant en capacité de rédiger toute sorte de paperasses, l’animation a perdu en capacité d’écoute, capacité d’analyse (!!!), en bon sens, en intuition…en humanité.

          #123294
          moilapa
            @moilapa

            Toujours dans l’idée de parler que ce que l’on trouve dans ces projets pédagogiques (mais n’est-ce ces projets-mêmes, ce qu’ils sont devenus, qui sont le problème ?)et que chacun pourrait ne trouver que forcément “imparable dans leur logique”, qui deviennent une limite à notre réflexion :

            Cette autonomie et quelques exemples de ces limites :

            Un exemple que l’on a sans doute tous connu (si on a travaillé en claé) d’un enfant immensémment autonome : le petit ou la petite qui rentre tous les soirs seuls de l’école, qui passe à la maternelle chercher le petit frère, qui goûte seul(et fait goûter le petit), fait ses devoirs bien sagement, seul, etc, etc… un enfant autonome par obligation, parce qu’il n’a pas le choix, parce que le parent n’a pas le choix…
            Où l’entre-enfants des après-midi sans école par exemple, au contraire de tout ce que je développe ci-dessous, n’est plus une chance, mais un refuge. Ou toute culture, aussi néfaste soit-elle, peut devenir les “murs” dont a besoin chaque individu pour évoluer.

            Cet entre-enfant hautement bénéfique n’étant possible que si il y a “au dessus” la présence même symbolique des adultes !!!!!!!!!! Ce qui n’est en fait en rien contradictoire.
            Aider ces enfants à grandir, c’est leur faire peu à peu comprendre que nous (adultes) nous sommes faillibles, que nous ne sommes pas des icônes inébranlables et omniscientes. Pour leur permettre alors de se tourner vers leur pair, petit à petit, faire leur place en tant que personne dans la société, et non en tant qu'”enfant de”.

            Quelle est notre action vis à vis de tels enfants ? De plus en plus nombreux au niveau de ma petite observation… Se féliciter de cette apparente autonomie, accepter que cette personnalité (souvent “forte”) prenne effctivement en main ses camarades quand il s’agit d’organiser, de voter, de trancher, voir d’aider l’anim’? … Ou bien…
            Est-ce qu’il s’agit là d’autonomie ? Si l’autonomie est quelque chose qui se vit au sein du groupe, qui permet à un individu de trouver sa place dans le groupe en étant capable de se prendre à main, de savoir gérer ses dépendances… n’est-ce pas plutôt une préparation à l’individualisme, celui d’une personne qui a le sentiment de n’avoir pas besoin des autres ? Parce qu’elle n’en attend plus rien ? Une personnalité certes autonome, mais aussi individualiste ?
            Et quelle autonomie ?
            Est-ce que dans le cas de ces enfants à qui on en demande trop, trop pour leur âge, trop pour leurs capacités, trop vis à vis de la protection qu’on leur doit, nous adultes, vis à vis de leurs fragilités, trop vis à vis de leur vie d’enfants qui ne devrait pas être faite que de responsabilités… est-ce que ces enfants sont réellement autonomes dans leur tête ? Donc, non pas d’un point de vue matériel et organisationnel, mais d’un point de vu affectif ?

            Il ne s’agit pas de dire, à partir d’exemples inverses, que l’autonmie est une “mauvaise direction”. Evidemment. Cette idée d’autonomisation est une évidence dans nos priorités… mais à trop voir dans ces projets clones d’une structure à l’autre comme ce qu’ils ne sont pas (comme des bibles immuables et non pas comme une base de réflexion pour l’équipe, au jour le jour, au cas par cas, au grès des situations des boulversements…) on en vient à travailler comme des robots, comme du personnel d’accueil derrière un bureau qui à chaque question n’a qu’à lire une réponse pré-déterminée.

            Tout comme écrit ci dessous pour cette idée de “faire grandir les enfants”, comme ci dessous toutes ces organsiations de travail qui ont depuis longtemps oublié de réellement prendre en compte la place de l’enfant…

            Autre exemple de ces enfants “autonome”. Une fillette de 4 ans sur un camping (dont je crois avoir déjà parlée) en vacances avec sa mère (grand-mère ? je ne sais plus) qui travaille sur le restaurant. Petite fille toute la journée seule.
            Lieu de prédiction : la piscine de 13h à 18 h à quelque chose prêt.
            Elle passe ses journées à se choisir des papas et à jouer avec eux, comme un petit coucou qui s’incruste, qu’elle ait affaire à des hollandais, des allemands, des anglais… Son pouvoir de persuaton est juste incroyable. Elle est capable de faire comprendre à n’importe quel adulte mâle ce qu’elle attend de lui : l’accompagner au tobbogan géant aquatique, jouer dans le petit bassin au requin, se retrouver dans ses bras… au grand damn souvent de la “vraie” fifille” complètement décontenancée par la situation, par la gaucherie d’un papa sans aucun “repère de comportement” face à une telle audace. Et à l’âge de cette petite chose.
            Je n’ai jamais connu une personne aussi dynamique, entreprenante, autonome. Aussi persuasif. Capable de diriger, de contrôler. Insipirant tant de pitié dans les regards adultes devant ce petit manège bouleversant.
            Avec au fil des jours, ses préférés, les “deuxièmes mains” quand vient le temps des “vraies” familles de l’abandonner… Ceux qu’on sent qui sont venus pour “prendre leur part”, “prendre leur quart”, Et un même malaise chez les adultes…

            Bien souvent, alors que j’étais avec le groupe de gamins du “club enfants (pas d’enfants de moins de 6 ans ai-je imposé en avant-saison, en autre raison parce que chaque enfant vient et repart quand il veut) elle nous rejoignait du haut de ces 4 ans, venu de Dieu sait où. Et elle n’avait de cesse de diriger les autres, primaires ou pré-ados, pour jouer à des jeux autour de sa petite personne. Elle commandait, organisait… mais dans ces jeux, elle était toujours toujours une petite fille. Voir un bébé. a protéger, à câliner. A gronder quand elle avait une bêtise. Certes un bébé qui vous dit “bon, maintenant on dirait que tu me donnes à manger… Non ! Pas comme ça ! On dirait que je voudrais pas manger et que tu me condrerais…”
            Voilà donc ce à quoi aspirait cette petite fille “autonome” : être juste une petite fille.

            Est-ce que cette petite attendait de moi de l’autonomie ? Et qu’est-ce qui se passait dans cette petite tête ? Quels terreurs pouvait receler une petite délaissée à ce point ? au delà de la tentative de la refiler à sa grand-mère en train de nettoyer les cuisines, de répondre à ces “oh ! Ca lui fait du bien un peu de liberté…”

            Le problème n’étant pas juste un temps de vacances, de liberté passagère, vu le comportement incroyable de cette gamine…

            Ou est-ce qu’elle attendait de moi “Bon, Aurélie, maintenant t’arrêtes de faire ta commandeuse. C’est moi l’adulte, c’est moi le chef. Et c’est moi qui commande. Et pour commencer, t’arrêtes de te faire porter par les autres : t’es pas un bébé. Et on est venu pour faire le deuxième étage de la cabane, d’accord ? Alors, ensemble on fait le toit, et après vous jouerez dedans à ce que vous voulez pendant que ceux qui ont demandé à faire “de la chasse avec les épées” partent avec moi. Ok ?

            Recherche d’autonomie pour cette petite ? Certainement pas.
            Mais je ne suis ni psychiatre, ni assitant social pour parents à la dérive.
            On a juste affaire le temps d’un temps d’animation, de rencontre, à des individus. Et on fait avec. On fait ce qu’on peut. Avec notre intuision à raison de mieux. Selon ce que l’on croit être le mieux (ou sandoute le moins mauvais)
            Et face de toutes ces situations, ce n’est pas dans un projet pré-pondu qu’on trouve des réponses. C’est au sein de son équipe quand on a la chance de travailler en équipe. C’est du côté des humains qu’on se tourne. Pas vers un papier écrit par d’autres.

            #125154
            Ady
              @ady

              Ouai exact. “On” se fou régulièrement de ma gueule quand je joue comme un enfant avec les enfants.. branches et cailloux, playmobiles, …

              “tu donnes pas la bonne image de l’adulte” m’a-t-on déjà dis..
              Faudrait surtout pas que les enfants usent de leur pouvoir… je devrai mener pour contrôler… oO

              #125193
              crevette76
              Administrateur
                @crevette76

                moilapa a écrit:
                L’adulte ne sait pas être partenaire de jeu quand il s’agit d’enfants.

                En effet, c’est une chose qui semble bien compliquée à beaucoup d’animateurs.
                Le paradoxe est qu’ils sont souvent infantilisés dans leur autonomie à eux sous couvert de prôner celle de l’enfant, sans forcément que cela semble énormément les choquer ; mais qu’ils semblent avoir peur de donner une image “infantile” en jouant avec les enfants sans forcément être dans un rôle de meneur… un peu comme si “jouer c’est la honte puisqu’on est grand”.

                #125196
                moilapa
                  @moilapa

                  Ce fameux terme tarte à la crème “autonomie” prend alors toute sa valeur, dans cette cour de récréation où l’animateur ne sert à rien.

                  Les questions d’autonomie de l’enfant pose avant tout le problème de l’adulte : Et si mon petit garçon fait ses lacets tout seul, fait son lit tout seul, n’a plus besoin de moi pour s’habiller… je sers à quoi moi ? Suis-je encore une maman si mon enfant n’a plus besoin de moi ? Si il devient autonome ?

                  Et si un enfant n’a pas besoin de moi pour jouer dans la cour de récréation, je sers à quoi, moi, animateur, planté là ?
                  Est-ce que je vais laisser ces enfants jouer entre eux, remettant ainsi en cause ma présence, me remettant ainsi en cause, où vais-je du manière ou d’une autre essayer de reprendre aux enfants cette autonomie ? Cet îlot d’autonomie dans ces journées d’enfants surencadrés ?

                  La simple existence de bien des claé n’est plus ni moins que la remise en cause de cette idée d’autonomie.

                  #125198
                  moilapa
                    @moilapa

                    Au delà de cet exemple des inscriptions, c’est toute la réflexion (ou plutôt l’absence de réflexion) des animateurs claé qui me semble se poser.

                    Je crois que le dysfonctionnement général des claé concernant la partie « animation », ne vient qu’en partie de l’incapacité des animateurs à faire de l’animation. A proposer du jeu…
                    (Ce qui pourraient se réjouir que le “reste” fonctionne devrait tempérer leur anthousiasme par le fait que “ça fonctionnait” avant la présence des claé. Et que pour ça, les “dames de cantine” remplissaient amplement cette mission)
                    Sur cette incapacité des animateurs :
                    C’est l’idée même d’animation qui leur est étrangère. Non seulement ces animateurs n’ont pas de billes pour proposer de l’animation sur ce type de structure au jour le jour (au delà d’une absence de compréhension de ce qu’est une cours d’école) mais ils ne comprennent même pas ce que veut dire « jouer avec un enfant ».
                    Quand certains d’entre eux s’avisent à s’essayer à « l’animation », ils sont dans une confusion totale : il ne savent même pas par exemple différencier la situation où ils font jouer les enfants de celle où ils jouent avec les enfants. Ils apportent (sans d’ailleurs en avoir conscience) des codes aux enfants, pour ensuite brouiller ces codes en apportant d’autres rapports entre joueurs. Ils passent par exemple du statut de joueur « au même niveau » que les autres participants à celui de meneur de jeu au dessus des règles qu’il instaure. Ou pire, à celui de l’Adulte-maître. Si leur statut était bien définie dans la leur tête (et donc dans celle des enfants) il n’y aurait pas besoin pour eux de « sauter » d’un statut à un autre selon les circonstances.

                    J’en reviens à cet exemple d’enfants qui joueraient aux playmobils sur une moquette installée au milieu de la cour.
                    – Soit l’adulte fait le choix de devenir partenaire de jeu : il se met à la hauteur des enfants, accepte de ne pas mener le jeu (il peut proposer des directions de jeux comme tout autre joueur) ni d’essayer d’orienter le jeu vers tel but (par exemple avec une idée d’intérêt pour le gamin, une idée productive, un jeu « pédagogique », “remettre un pied” dans le groupe pour le souffle-douleur…) sans que les enfants s’en aperçoivent. Il s’agit là d’harmonie entre des participants à peu près égaux (à peu près parce que dans un jeu, celui qui a le plus d’imagination, celui qui a le plus de facilité à exprimer, à rêver, à ressentir les envie du groupe… cela sera évidemment avantagé) Il s’agit de partage, d’interaction. (Il ne s’agit pas pour l’adulte d’être un enfant, ce n’est pas ce que je dis)
                    – Soit, dans une autre situation « classique » d’animation, il mène le jeu, en apportant les règles, les rebondissements, …il fait jouer les enfants. Il s’agit là de l’adulte qui donne, qui gère le jeu des enfants. Sauf que dans le cas de ce jeu dans la cour d’école, cette situation normale en animation, ne l’est plus ici. Son rôle s’est arrêté au moment où il a pensé cette organisation de moquette et qu’il a mis en place les moyens pour que cette activité soit une réalité au jour le jour.
                    Très peu d’adultes sont capables de se mettre à la hauteur des enfants, de participer à cette élaboration faite de répétitions, d’inventivité, de spontanéité, d’improvisation… Face à ses limites, l’adulte n’aura que trop tendance à vouloir orienter. Parce que par exemple il aura l’impression qu’un jeu « n’avance pas », que les situations sont trop répétitives, déjà connues, parce qu’il voudra se faire plaisir, parce qu’il transposera ses plaisirs d’enfants (fantasmés sans doute) sur ces enfants d’aujourd’hui…

                    Et ça, c’est quelque chose que les animateurs ne semblent pas comprendre (animateurs et directeurs). Comment être adultes dans une cour de récréation qui appartient aux enfants ?

                    Et les animateurs les moins dangereux (si on parle de dépendance de l’enfant à l’adulte toujours plus grande) ce sont ces animateurs fantômes qui ne proposent rien, restent assis sur un banc toute la récréation, se contentent d’intervenir quand la sécurité d’un enfant est mis en danger. Certes ils n’apportent rien en terme d’imagination, de création… aux enfants. Mais ce n’est pas grave. Vaut mieux ces fantômes qui s’ennuient que des « interventionnistes » qui volent leur récréation aux enfants en imposant leurs règles d’adultes à cet espace enfantin.

                    Si le jeu est indispensable à la création du psyché de l’enfant, l’entre-enfant est primordial pour apprendre à vivre ensemble. Si il y a un adulte entre les enfants, ils n’expérimentent rien. La démocratie n’est alors que du vent, que des mots d’adultes.

                    Non seulement les enfants n’ont pas besoin des adultes dans leur vie en récréation, mais la présence des adultes peut être nuisible, peut être la continuité de ce grignotage incessant de l’entre-enfant (par désir de vouloir tout contrôler dans la vie de son enfant, par ce fantasme du zéro danger…)

                    Et pour que l’adulte trouve ça place dans cette situation « périlleuse », en premier lieu, il manque une chose à ces animateurs : la capacité d’observation. Avant la capacité d’écoute.

                    L’adulte ne sait pas être partenaire de jeu quand il s’agit d’enfants.

                    #128613
                    Import
                      @import

                      A tout seigneur tout honneur…

                      Je viens de finir de lire le sujet avec application, et j’adhère inconditionnellement aux idées de moilapa ! Je me suis même surpris, au long de ses messages, à faire ce que je fais fréquemment quand je lis de grands auteurs que j’apprécie : recopier certaines de leurs phrases tellement elles me paraissent vraies, pertinentes, justes, et en même temps assassines.

                      La question des inscriptions ramène à la qualité des animations, et nous met, frontalement, en face de ce défi du métier d’animateur…

                      #128974
                      Shaaa
                        @shaaa

                        Sujet vaste et intéressant qui a occupé pas mal de mes réflexions quand je bossais en CLAE. Résultat, je n’y travaille plus parce que j’estime que ce n’est pas un temps de loisirs et qu’il devrait être réfléchi autrement.

                        Sur le post #105 de moilapa et la suite.

                        Je te rejoins entièrement sur cette manie de la société et des adultes à vouloir faire grandir le plus vite possible les futurs travailleurs-chômeurs de demain.
                        Et que finalement, un de nos rôles les plus importants est de garantir à l’enfant de vivre pleinement son enfance notamment au travers le jeu, jouer et des jouets.

                        De l’intérêt pour l’animateur de proposer des espaces pour jouer : marelles, cercle pour faire les provinces, matériels en tout genre (billes, ballons, élastiques, corde à sauter, craies, etc), des espaces pour grimper-sauter-faire le cochon pendu-s’accrocher-etc… et animer ces jeux traditionnels, du patrimoine que ces adultes ne connaissent plus.

                        À ce propos, c’était le combat de Roger Cousinet, pilier de l’éducation nouvelle. Il a écrit un texte qui reprend ces idées “Les besoins des enfants” dans le “Vers l’éducation Nouvelle” (VEN) numéro 2. Je dois l’avoir sur format numérique quelque part.

                        Pour en revenir au sens des CLAE – ou ALAE -, il suffit de revenir à la loi (confer le CRIDOC) de création de ces structures associées à l’école.
                        Circulaire n°73-702 du 7 février 1973 sur les centres de loisirs associés aux écoles.
                        Réponse à un climat d’insécurité (déjà ?)

                        Les heures passées à l’école et la fie familiale laissent aux enfants un temps de loisirs où, livrés à eux-mêmes, hors de tout contrôle, ils suivent les impulsions du moment, impulsions individuelles ou de groupe. On constate que pour eux les risques s’accroissent en raison du développement de l’urbanisation, du temps de travail et de déplacement des parents, de la diminution en quantité et qualité des espaces libres et de l’insécurité croissante.
                        Pourtant, il serait possible de développer chez ces enfants l’initiative et l’imagination dans un climat éducatif.

                        Le texte est très beau.

                        Dispositions générales
                        Ces centres ont pour but :
                        – d’assurer la continuité entre les heures et les jours d’ouverture scolaire et les heures et les jours de loisirs des enfants.
                        – d’amorcer un processus d’ouverture sur le quartier.
                        – de donner à l’équipe pédagogiguqe, maîtres et animateurs, des rôle sprécis et complémentaires.
                        – de rechercher la complémentarité des activités :
                        # Toutes les activités libres ou organisées, d’intérieur ou de plein air seront pratiquées dans le CLAE ; elles seront conçues et mises en oeuvre suivant les besoins et l’attente des enfants, ainsi qu’en fonction des ressources offertes par l’équipement et le milieu
                        # À cet effet, il est indispensable que soit ménagée une transition, traduite par une rupture de rythme : l’enfant en ressent un besoin aigu.
                        # Les animateurs seront attentifs à analyser ces rythmes en fonction de ceux de l’école.

                        C’est pas beau ça ?

                        Les animateurs devront être formés à la promotion socio-éducative et aux loisirs et être avertis des méthodes actives.

                        Plus loin.

                        En ce qui concerne l’aménagement des aires de jeux, zones de détente et de jeux extérieurs, on aura intérêt à limiter les surfaces trop planes ou uniformes et trop artificiels (béton, bitume, etc.). Les mouvements de terrain et des plantations sont indispensables…

                        Aujourd’hui, c’est avant tout un service pour les parents qu’il s’apelle CLAE, ALAE ou Garderie. On a beau changer le sigle ou le nom, les pratiques n’évoluent pas si vite.
                        De plus le fonctionnement de la structure est soumis dans tous les cas au fonctionnement de l’école : des contraintes sur lesquelles il n’a aucun pouvoir. Entre le rythme des journées (que le CLAE rallonge), les attentes des parents (en terme d’activités et de services) et l’école et ses enseignants.
                        Je voudrais pas dire mais le CLAE et dans une posture que je ne souhaite à personne.
                        Et que dire quand les enfants sont obligés de faire un atelier avec un animateur… qu’il doit s’inscrire, s’engager sur plusieurs séances, fabriquer des trucs divers qu’un animateur lui a vendu…

                        Où est l’enfance quand je me lève à 6h30 pour être à l’ouverture du CLAE à 7h30 où je fais un atelier des fois avec une petit dèj oublié et un manque de sommeil.
                        De 8h30 à 12h, c’est l’école… avec une récréation au milieu. Ouf pas d’animateurs, juste deux instits.
                        Midi ou la cantine et les merveilles de la restauration collective. Manquerait plus qu’un animateur pour m’obliger à manger ce truc qui ressemble à rien.
                        Ateliers, encore.
                        13h30. Rentrée en classe.
                        Ouf, une récréation à 15h.
                        16h30. Fin de la classe et retour dans les mains du CLAE jusqu’à 18h30 voire 19h. Encore un atelier.

                        Ne parlons pas de l’école et de l’instruction nationale.
                        Ne parlons pas des conditions d’accueil. Souvenirs des chiottes de l’école ?
                        Ne parlons pas des activités extra-scolaires…
                        “Je fais des journées de 12h et en plus, on me demande d’être gentil, sage, d’avoir des bonnes notes, de penser à ce que je veux faire plus tard, etc.”

                        Certains diront que je force le trait. D’autres diront que la violence scolaire est induite par les adultes… Et certains osent parler d’éducatif et de pédagogique. Je m’étouffe.

                        Un enfant me disait : il me tarde d’être adulte parce que je serai libre comme ça de faire ce que je veux.
                        Et dire que les adultes souhaitent revenir en enfance…
                        Drôle de paradoxe.

                        Du coup, je vais me renseigner sur ce bouquin.

                        #129008
                        moilapa
                          @moilapa

                          ”Je ne suis pas sûr que la classe favorise le narcissisme…”
                          Tout tourne autour de la notation. Je suis le premier, j’ai la meilleur note, je lève le doigt parce que je sais, moi… Le groupe n’a d’intérêt dans la classe en dehors de cette classification. L’intérêt, c’est l’élève unique. Les autres n’ont d’existence que pour créer un premier. Dans le système tel qu’il existe : A quoi bon travailler si il n’y a personne à battre ?
                          Et je ne parle là que du côté enfants.
                          Besoin d’être admiré et manque d’empathie : que dire du côté de l’adulte… Comment peut-on accepter un système basé sur la dévalorisation ? Comment peut-on accepter de dire à un enfant qu’il est, à travers ses notes, un bon à rien ? Comment peut on accepter de noter des enfants, de trier, comment peut-on accepter cette violence permanante ? Si ce n’est parce qu’on en a rien à foutre des autres ? Que dans ce système narcissique, le maître croit se reconnaître dans ce premier de classe ?

                          Et cela crée évidement de la violence. Pour un unique premier, tout le reste : c’est ceux qui sont derrière le premier.
                          Et même pour le premier il y a violence : celle de se voir menacer de ne plus être premier. Et sans doute même que cette violence n’a rien à envier à celle des “suivants”.

                          Violence et narcissime : la classe.

                          Mais ce n’est pas le débat. La cour de récré fait partie d’un système. Elle est même un des outils qui permet le système. On est d’accord. En tant qu’anim’, je n’ai aucune influence sur ce système.
                          Par contre, en tant qu’animateur présent sur la cour d’école, et au modeste niveau d’une seule cour d’école, j’ai une influence durant ce temps-là. Comme celle d’essayer de favoriser cet entre-enfants. Qui, quelqu’en soit les raisons de son existence, existe.

                          Dans la cour de récré, malgré tout ce que tu relèves, les enfants jouent ensemble. Sans l’intervention d’un adulte (en tout cas, dans une récré où les animateurs missionnaires n’ont pas encore confisqué ce temps de liberté encadrée). Et cette situation est bien plus intéressante que celle de la classe, quelqu’en soit les rapports entre enfants. Qu’il y ait de la violence ou pas. La récréation, alors même qu’elle fait partie du système, peut être un temps de remise en question de ce système (le temps de la classe), même si ce n’est pas le but de ma démarche.

                          Et tout n’y est pas violence dans cette récréation. Les enfants ne sont pas ces êtres prés de la nature qu’il faudrait éduquer pour les amener du côté de la culture. Ils ont eux-même la capacité à créer de la culture. Il faut juste leur laisser l’espace et le temps pour cela. Sans l’intervention des adultes. (ce qui ne veut pas dire sans regard de l’adulte) Ce qui me fait dire aujourd’hui que je ne suis pas un éducateur, que mon but en étant animateur, ce n’est pas l’éducation des enfants.

                          Sur le dernier Claé où j’ai travaillé, la cour d’école était bien plus souvent un lieu serein qu’un lieu de violence. En partie parce que le fonctionnement des adultes du claé laissait aux enfants ces possibilités d’entre-enfants.
                          Certes il est plus probable de rencontrer cette situation dans ce type d’école “tranquille”, dans des milieux “non défavorisés”, dans des écoles de village, mais si il y a une violence omniprésente dans certaines cours d’école, ce n’est pas le fait des enfants mais de leur environnement. Notamment de ce qu’il se passe en classe. Et sans doute que l’entre-enfants est plus difficile et l’intervention des adultes plus nécessaire. Le comportement des enfants y est trop proche de celui des adultes pour que cet entre-enfants soit réellement possible. Les enfants n’y sont que des clones miniatures de la société adulte. Justement sans cet entre enfants.
                          (ce en quoi je ne suis pas d’accord avec l’auteur du livre)

                          #129020
                          solleana
                            @solleana

                            Il s’agit de dire que cette situation entre-enfants est très proche de la démocratie. La démocratie est quelque chose d’emminement violent.

                            Oui la démocratie est violente mais la règle qui a cours en cour de récré me semble plutôt être celle de la loi du plus fort plutôt que celle de la démocratie. Ou bien c’est la loi du plus fort ou bien la loi du plus foot… Car bon nombre de cour de récré s’organisent aussi comme cela avec le terrain de foot en son centre et les autres jeux relégués à la périphérie…bref!

                            Si la classe favorise ce narcissime, la cour elle confronte les individus aux individus. Notamment à travers la violence.

                            Je ne suis pas sûr que la classe favorise le narcissisme… En quoi joue t elle ce rôle? Bien au contraire l’espace de la classe est bien aussi un espacé avec des règles que l’on souhaite démocratiques non? Règle de prise de parole, règle de partage et d’échange, contraintes temporelles ou de nombre…

                            Oui on a affaire à des personnes égocentriques, sauf que dans la cour certains de ces enfants vont partager un jeu de sable doux, vont jouer ensemble au papa maman (jeu qui seul ne voudrait rien dire) Et c’est là qu’il y a quelque chose d’intéressant : les rapports entre ces êtres qui ne sont pas directement sous la férule de l’adulte.

                            Oui et alors? De la même façon que dans la classe finalement, ni plus, ni moins… On a aussi en tête ces gosses qui ne prêtent pas leur seau, ni leur pelle, qui refusent que Linda joue à Papa/Maman, c’est ça la démocratie? Qu’on comprenne bien, ils ont le droit de refuser qu’untel joue et ces jeux sans l’intervention de l’adulte sont d’une richesse infinie effectivement mais de là à leur conférer un caractère démocratique… Ils sont riche au niveau de l’imagination, de la maitrise de la violence intégré dans un cadre symbolique mais au niveau démocratique je ne sais pas…

                            Bien entendu que la cour de récré peut être un endroit violent ! Comme tout endroit où tu vas retrouver des humains ! Evidemment ! Comme un supermarché, comme la rue, comme la classe, partout où il y a des humains.

                            Bah oui ma bonne dame! Mais ce n’est pas le fait qu’il y ait des humains qui crée la violence mais bien plutôt la structure même de la récré en tant que soupape qui produit elle même cette violence, cette libération massive des pulsions qui sont malmenées dans le reste de la sphère sociale. Il peut y avoir des violence chaque fois qu’il y a des humains mais il reste à déterminer si cela est structurel ou non, or dans le cas de la cour de récré il me semble que oui tant que la récré reste une soupape et que l’école ne change pas elle même.

                            On crée une société immorale où les individus n’ont aucune conscience de l’autre, où l’on peut faire de ce qui n’est pas soi ce que l’on veut (comme de décider de mettre des milliers d’individus au chômage pour gagner de l’argent) parce que c’est ce que l’on nous a appris dans notre éducation : marcher sur l’autre, être devant lui, de peur d’être derrière. Avoir la meilleur note. comment se pourrait-il que les jeux entre-enfants échappent à cela ?

                            Tout à fait d’accord avec cela, c’est donc bien l’école qui est à changer en même temps que la cour de récré et pas seulement la formation des adultes qui interviennent en cour.

                            #129044
                            moilapa
                              @moilapa

                              Sans avoir lu le bouquin de Delalande, il y a quand même quelques éléments qui m’apparaissent comme éminemment critiquables…
                              En premier lieu, il faut quand même passer un peu de temps dans une cour de récré pour voir que les jeux qui y ont cours ne relèvent pas uniquement de la co-éducation entre pair…

                              Ca tombe bien parce que c’est ce qui est dit dans le l’ouvrage.
                              L’environnement des enfants (adultes, télé, classe, rue…) contribue à la création de ces jeux. Il ne s’agit pas de dire que ces jeux sont idylliques. Absolument pas.
                              Il s’agit de dire que cette situation entre-enfants est très proche de la démocratie. La démocratie est quelque chose d’emminement violent.

                              Une partie de l’ouvrage est consacrée à l’observation de cette violence dans la cour de l’école : que cela soit du côté des bagarres, mais aussi du côté des rapports “de tous les jours” au sein d’un groupe d’humains observé (puisqu’il s’agit ici d’une étude anthropologique)

                              cette intervention est nécessaire pour éviter les violences…
                              Bien entendu ! Et je ne dis pas le contraire ! Bien évidemment que les adultes ont leur place dans une cour dans un statut de protecteur qui surveille la cour.
                              Mais je ne parle parle absolument pas de ça. Je parle du temps entre-enfants qui est grignoté par un besoin maladif des adultes de tout maîtriser dans leur vie. Jusqu’à gérer les jeux des enfants dans les récré !

                              et en même temps pour restaurer la force de travail des élèves si on veut établir
                              Bien entendu ! C’est même la définition d’où est partie ce post (définition donnée par Saltimbanque)
                              Evidemment là aussi que le but est de rentre plus rentable les éléves. Ca n’empêche que dans ce temps de liberté encadré peut émerger des choses intéressantes.

                              dire qu’il y a nécessairement socialisation ça me paraît un peu gros notamment dans la mesure où les gosses et surtout les plus jeunes sont encore à un stade narcissique,

                              Bin si, justement. Et là, les observations chacun de nous peut les faire. Si la classe favorise ce narcissime, la cour elle confronte les individus aux individus. Notamment à travers la violence.
                              Tout ce qui ont travaillé en maternelle, si ils ont pris le temps d’observer ces indigènes, savent ce qui peut se jouer autour du bac à sable, autour du jeu avec des brindilles. Oui on a affaire à des personnes égocentriques, sauf que dans la cour certains de ces enfants vont partager un jeu de sable doux, vont jouer ensemble au papa maman (jeu qui seul ne voudrait rien dire) Et c’est là qu’il y a quelque chose d’intéressant : les rapports entre ces êtres qui ne sont pas directement sous la férule de l’adulte.

                              Qu’il y ait richesse dans l’invention de jeux dans la cour de récré cela n’est évidemment pas contestable maintenant dire qu’il y a nécessairement socialisation ça me paraît un peu gros notamment dans la mesure où les gosses et surtout les plus jeunes sont encore à un stade narcissique, égoïste qui ne me semble pas tout à fait ce qu’on peut imaginer comme étant de la socialisation. Refuser de prêter la trottinette parce qu’elle est “à moi” dans la cour de récré, je ne suis pas sûr que cela soit nécessairement très éducatif.

                              La violence est une socialisation. Dans une société violente. Outre le fait que je ne confonds pas socialisation et éducation, cette violence qui fait partie de la société est socialisation. La violence n’est pas seulement innée : elle s’apprend.
                              D’un côté la violence que l’on a tous en nous, au même titre que des bras, un sexe, un système digestif. Et la violence “culturelle” qui s’apprend au quotidien. Comme s’apprend la réaction face à cette violence !

                              Refuser de prêter la trottinette parce qu’elle est “à moi” dans la cour de récré, je ne suis pas sûr que cela soit nécessairement très éducatif.
                              Oui ? Et alors ? En quoi une situation où deux enfants se disputent (entre d’ailleurs en contact) change t-il quoi que ce soit à ce que j’ai écris ? Il ne s’agit pas de dire que la cour d’école est:

                              ”plutôt que comme un espace idyllique”

                              Alors t’as pas du bien comprendre mes posts… Rien du tout même.

                              Bien entendu que la cour de récré peut être un endroit violent ! Comme tout endroit où tu vas retrouver des humains ! Evidemment ! Comme un supermarché, comme la rue, comme la classe, partout où il y a des humains.

                              ne relèvent pas uniquement de la co-éducation entre pair mais aussi de la violence
                              Mais la violence fait partie de l’éducation. Pas seulement par le biais de la classe. Mais en partie légitimé par ce qu’il se passe en classe : le fait de tourner les uns contre les autres les enfants par un système de notation, etc…
                              La violence qui a le plus coure dans les récré, c’est celle des rapports entre personnes de tous les jours : toi tu joues pas avec nous parce que tu pus…” Et alors ? qu’est-ce que cela change à la créativité que l’on peut trouver dans les jeux d’enfants ? Je ne vois pas le rapport.

                              Les enfants sont violents à la hauteur de la violence de leur environnement. Ce qui serait anormal (et impossible) c’est que cette violence n’existe pas entre enfants.
                              Vivre à deux c’est violent. Faire des concessions c’est violent. Et c’est ça que les enfants apprennent notamment à travers leur jeu.

                              Pour ce qui est de ce qui se passe en classe, je ne suis qu’animateur. Ma réflexion porte sur ce que j’observe, ce que je peux faire. Et notamment sur cette maladie des adultes de tout vouloir contrôler dans la vie des enfants, et de faire de ceux-ci des citoyens incapables de se prendre en main, parce qu’ils ne se sont jamais retrouvés dans cette situation.
                              On crée une société immorale où les individus n’ont aucune conscience de l’autre, où l’on peut faire de ce qui n’est pas soi ce que l’on veut (comme de décider de mettre des milliers d’individus au chômage pour gagner de l’argent) parce que c’est ce que l’on nous a appris dans notre éducation : marcher sur l’autre, être devant lui, de peur d’être derrière. Avoir la meilleur note.

                              comment se pourrait-il que les jeux entre-enfants échappent à cela ?
                              De la même façon que la violence fait partie de ces jeux, les réactions à cette violence font aussi partie des jeux.

                              #129109
                              solleana
                                @solleana

                                Sans avoir lu le bouquin de Delalande, il y a quand même quelques éléments qui m’apparaissent comme éminemment critiquables…
                                En premier lieu, il faut quand même passer un peu de temps dans une cour de récré pour voir que les jeux qui y ont cours ne relèvent pas uniquement de la co-éducation entre pair mais aussi de la violence. La cour de récré m’apparaît aussi comme un lieu de violence, de droit du plus fort, ou du “cours plus vite” plutôt que comme un espace idyllique. Si je suis d’accord sur l’idée que les enfants ont de moins en moins d’espace de jeux libres et que l’animation de temps comme la récré apparaît comme particulièrement idiote, il me semble que ce n’est pas nécessairement l’intervention des instits qui favorise le développement d’une culture borugeoise mais que cette intervention est nécessaire pour éviter les violences… C’est en fait un cercle vicieux dans la mesure où l’école produit cette violence qui se déploie en cour de récré et les instits sont alors obligés de jouer un rôle encore plus coercitif.
                                La structure de la récré est plutôt en tant que telle une structure bourgeoise qui sépare le temps de travail du temps de loisirs. La récré sert bien de temps pour se défouler et en même temps pour restaurer la force de travail des élèves si on veut établir un parallèle avec le monde du travail.
                                Qu’il y ait richesse dans l’invention de jeux dans la cour de récré cela n’est évidemment pas contestable maintenant dire qu’il y a nécessairement socialisation ça me paraît un peu gros notamment dans la mesure où les gosses et surtout les plus jeunes sont encore à un stade narcissique, égoïste qui ne me semble pas tout à fait ce qu’on peut imaginer comme étant de la socialisation. Refuser de prêter la trottinette parce qu’elle est “à moi” dans la cour de récré, je ne suis pas sûr que cela soit nécessairement très éducatif.
                                Les gosses ont besoin d’être seuls, c’est une évidence mais la cour de récré est quand même un espace marqué symboliquement et renforce l’idée que l’on se fait nécessairement “chier” pendant les cours et que l’on s’amuse dans la cour… L’enjeu pédagogique est aussi de faire des cours des lieux de désir, d’investissement, de projets ce qui est loin d’être le cas actuellement. La cour de récré apparaît plutôt comme la soupape qui permet à un système pourri de se maintenir mais démontre dans le même temps le caractère coercitif de l’école…

                                #129111
                                moilapa
                                  @moilapa

                                  Autre question : si la récréation a été créée pour permettre aux enfants de se ressourcer, permettre de RECREER de la capacité à supporter le temps d’apprentissage de la classe et ses contraintes obligées,
                                  (donc pour repermettre la situation d’éducation) le temps de la récréation doit-il être un temps d’éducation ?

                                  (je ne parle pas du temps passé dans la cantine où de la situation minimale d’adultes qui interviennent quand il y a un conflit violent ou une demande d’enfant. Je parle du temps de l’entre-enfants)

                                  Est-ce que la cantinière de mon époque qui surveillait la cour n’était pas moins nuisible que les animateurs qui se croient investis d’une mission éducative, ceux qui mettent en place sur la récréation un système proche de celui d’une colo ou d’un clsh concernant les animations ?

                                  Est-ce que finallement un animateur sans motivation, qui n’a pas envie de proposer de l’animation, qui attend que le temps passe sur son banc, tout au long de l’année, n’est pas très largement préférable à ce que j’appelle des missionnaires ?

                                  #129160
                                  moilapa
                                    @moilapa

                                    A partir d’une définition de la cour d’école (apportée sur le forum par Saltimbanque) je me suis intéressé au livre dont elle était tirée :

                                    La cour de récréation
                                    Pour une anthropologie de l’enfance
                                    Julie Delalande

                                    Outre que ce qui est écrit va dans le sens de ce que je dis au long de ce post, ces réflexions me semblent poser des questions sur cette animation dans les écoles (les Claé ou Alaé) (alors même que dans ce livre on ne parle pas des Claé). Sur la richesse de ce temps de “entre-enfants” qui aujourd’hui a bien peu de place pour exister, par la faute d’un amoncellement des interventions des adultes qui ont le désir de vouloir contrôler chaque temps de l’enfant. Les intervenants du monde socio-culturelle en premier lieu : directeurs, animateurs, reponsables de structures, penseurs…

                                    Le livre démontre l’apport de ce temps de récréation “entre enfants” pour les enfants, durant lequel se joue “une éducation des enfants par les enfants eux-mêmes”.
                                    “… où les enfants sont producteurs de culture et non seulement receveurs d’une culture induite par la société globale”.

                                    “Les adultes ne sont pas les seuls à agir sur leur progéniture pour en faire des êtres sociaux. Entre eux, les enfants travaillent aussi à leur socialisation et partiipent à se construire une place au sein de leur famille et au sein de leur groupe de pairs.”

                                    L’auteur s’intérroge “Peut-être serait-il utile d’initier les futurs enseignants à la signification du temps récréatif partagé entre pairs, temps d’expérimentation et d’assimilation des règles sociales, temps de découverte et d’appropriation d’une culture enfantine.”

                                    Ce qui serait sans aucun doute profitable aussi aux animateurs qui interviennent sur ces récréations qui ne leur appartiennent pas. Ces récréations qui ont été crées pour permettre aux enfants de reprendre des forces entre des temps de classes où ils sont sous la férule de l’adulte, où ils sont contraints pour permettre l’état d’éducation.
                                    Réfléchir par exemple sur l’utilité de rajouter de la contrainte sur la récréation des enfants en usant par exemple d’un système d’inscription aux animations… réfléchir sur leur présence qu’ils imposent aux enfants sur un temps qui ne leur appartient pas.

                                    L’auteur observe, en comparant plusieurs cours d’école que plus les instit’ interviennent sur la vie de cette cour d’école, moins les jeux des enfants sont riches et inventifs. Plus les maîtresses sont présentes, moins il y a de richesse dans les rapports entre enfants :
                                    “… Nous avons vu comment à l’école maternelle du Zénith, en milieu favorisé, les enfants restent plus que dans les autres écoles sous la surveillance des institutrices qui interviennent aussi davantage dans leurs jeux, rappellent les limites et les normes, laissent peu les enfants prendre en charge leurs relations et organiser seuls leurs jeux (…) si bien que la présence de l’adulte se poursuit en son absence (…) Les pratiques enfantines sont donc soumises au regard des adultes et aux normes d’une éducation bourgeoise (ou assimilée) qui les restreignent. Au contraire, à l’école maternelle des Landes (…) une plus grande variété des jeux est permise par un contrôle moins rigoureux des enseignantes (…) Par conséquent, il apparaît que le contexte dans lequel se déroule leurs jeux permet une gamme plus variées de pratiques et que l’imagination des enfants s’en trouve favorisée”.
                                    Mais alors ? Qu’en est-il sur une école ou en plus les enfants doivent partager leur cour de récréation avec des animateurs ?
                                    J’en viens à penser aujourd’hui que ces animateurs-fantômes majoritaires sur les claé, qui ne servent à rien côté animation, qui ont juste un rôle de gardien de cours d’école, et qui assis sur leur banc se soucient d’intervenir juste sur les bagarres d’enfants, sont bien plus à leur place dans ces récréations que des animateurs qui prétendent faire de l’animation comme ils le feraient en CLSH ou en colo.
                                    Non seulement ces animateurs-là n’apportent rien aux enfants, mais en plus ils sont nuisibles :

                                    “Cet exemple nous montre encore que les pratiques culturelles enfantines ont besoin d’intimité face au monde des adultes pour se développer”.
                                    en ne permettant plus l’émergence de cet “entre enfants”.

                                    Ils participent à un fantasme (contrôlé chaque moment de la vie d’un enfant) qui crée de futurs inquiétants citoyens toujours encadrés, qui ne se retrouvent plus en situation de choisir, de contrôler leur vie. Ils participent à ce que les enfants aient de moins en moins de temps entre pairs, de temps sans les adultes, des temps pourtant (là aussi j’ai déjà développé dans ce post) qui participent à l’apprentissage de la démocratie et à bien d’autres choses :

                                    “… en précisant l’importance d’une socialisation entre pairs signalée depuis longtemps par les chercheurs de plusieurs disciplines. Celle qui s’opère par contact avec les adultes, en particulier les parents et enseignants, est associée à une mission éducative. De ce fait, ces derniers interviennent sur l’action de l’enfant pour lui apprendre à bien faire et dans une relation hiérarchique. Au contraire, dans un contact entre pairs, les enfants apprennent à gérer les enjeux des relations humaines dans des conditions d’égalité relative, proches de celles qu’ils rencontreront quand ils seront grands. Ils se socialisent non seulement en s’adaptant à un contexte social comme ils le font en présence d’adultes, mais en entrant dans un processus d’appropriation, de réinvention et de production du social. Sans doute cette expérience les forme-t-elle plus qu’une autre à leur statut de citoyen par leur développement de compétences sociales et par l’expérimentation du processus démocratique.”

                                    “De même chacun d’entre nous se souvient sans doute de s’être construit étant enfant des chemins à suivre sur le trottoir, posant son pied sur certains endroits choisis (les ponts) et surtout pas d’autres (des rivières à crocodiles). Ce plaisir à transformer un trajet ennuyeux et une surface anodine en un parcours strucuré par des contraintes volontaires et alimenté par une dimention symbolique est d’ailleurs signalé par I & P Opie et par J. Château. Les premiers l’utilisent comme exemple de la force des croyances et des rites entre enfants, le second comme témoignage d’une maturation de l’enfant qui vers 5 ou 6 ans se construit des jeux à règles arbitraires. L’approche anthropologique comme l’analyse psychologique témoignent d’une disposition mentale commune à l’ensemble des enfants (du moins l’ensemble des enfants observés). Mais le phénomène ne s’arrête pas, à notre avis, à une disposition indivuelle : il est le point de départ pour des enfants jouant ensemble, de la construction commune d’un système de représentation.”

                                    “L’expérience des enfants dans une cour d’école et au-de-là dans un quotidien scolaire partagé, est à l’origine d’un processus qui, initié par les circonstances d’une scolarisation imposée, est pris en charge par les enfants.”

                                    “Leur improvisation ludique est donc rendue possible par l’existence de ce potentiel imaginatif commun. Nous retrouvons une idée que nous avons développée à propos des jeux de sable, où ceux-ci révélaient une attitude intellectuelle permettant aux enfants de s’abstraire d’une situation réelle pour s’entourer d’une histoire et de personnages fictifs. Nous pouvons comprendre que cette attitude intellectuelle et ce potentiel imaginatif communs favorisent la mise en place de créations culturelles propres aux enfants.”

                                    Lire cet ouvrage pourrait être une bonne occasion pour s’intéroger sur les pratiques des équipes d’animation sur les écoles, ces claé, sur le contenu du projet péda, et des idées du projet pédagogique (je lançais déjà l’idée dans ce post) qui semblent aller de soi, comme d’ “d’aider les enfants à grandir” … et qui ne semblent pas aussi pertinentes qu’elles en ont l’air :

                                    “… de rompre avec une tradition de pensée orientée vers le monde adulte, qui voit l’enfant comme un être en développement, en devenir, et s’intéresse à sa maturation et à son intégration progressive dans la société. Elle (une hypothèse départ) nous a obligés à concevoir les enfants dans leur expérience quotidienne du social et du culturel, en les concidérants comme des êtres actuels et non comme des êtres futurs.”

                                    Un : “Dis pardon parce que t’as lancé du sable, sinon t’es pas notre copine” a en soi bien plus de promesses, de richesses pour la société que n’importe quel discours d’adulte.

                                    Il y fait au début du livre un historique de la place de l’enfant dans notre société, de “la mise à l’écart de la population enfantine des activités et des lieux qui auparavant n’étaient pas réservés aux adultes et qui permettaient aux enfants d’évoluer entre eux plus librement” :
                                    “Aujourd’hui où ils sont plus que jamais pris en charge par des structures collectives telles que la crèche, l’école, la garderie, la cantine, les activités physiques et activités d’éveil du mercredi, sans oublier les colonies et centres de vacances, on peut s’interroger sur le manque que constituent d’une part une diminution des relations entre enfants libres de toute structure ou de toute organisation dues aux adultes, et d’autres part un amoindrissement des relations entre générations (avec les grands-parents notamment) et entre enfants d’âges distincts.”

                                    On peut aussi continuer à faire de l’animation sans se poser de questions…

                                    #129161
                                    moilapa
                                      @moilapa

                                      Parce que dans cet exemple ce groupe d’enfant ne s’est pas engagé sur papier dans une liste correspondant au thème mais s’est engagé à une production.

                                      Il y a un engagement derière celà sinon le projet n’aurait pas abouti. Certe il n’est pas figé, écrit, officiel mais la vertue éducative y est. Elle a été démontrée et ce groupe d’enfant sait que sans cette notion de groupe le projet n’aurait pas pu se faire.

                                      Non. Les enfants ne sont engagés en rien. Ils ont juste choisi de jouer ensemble à un même jeu (ici la construction d’un film). Aucun engagement. Il n’a jamais été question de cela quand on a réfléchi à ce projet : je leur ai juste proposer de jouer à faire un film. Et aucun enfant ne s’ait engager à quoi que ce soit. Ni à être présent le lendemain, ni à finir le film. Ni même à faire un film.

                                      La réflexion est plutôt au niveau de la vie du groupe, de la place de l’enfant parmi ses pairs, dans la récré…

                                      Et pour cette réflexion, je renvoie au livre :

                                      La cour de récréation
                                      Pour une anthropologie de l’enfance
                                      Julie Delalande

                                      Toute ta réflexion est à l’Ouest, parce qu’elle n’est pas pensée “action qui va se dérouler durant la récréation des enfants”. Parce qu’il n’y a pas eu de réflexion sur ce qu’est une récréation avant de se demander “qu’est ce que je vais mettre en place et comment je vais le mettre en place”.

                                      Animer en claé n’a rien à voir sur ce point de vue avec animer en colo ou centre de loisirs.

                                      #137495
                                      Import
                                        @import

                                        moilapa a écrit:

                                        Où dans cette exemple peut-il être question de “Il y a aussi une vertu éducative à symboliser l’engagement de l’enfant par une inscription…” ? Dans ces projets qui leur appartiennent et qu’ils font vivre ? qui sont fait par eux et pour eux ? Cela n’a pas de sens de juste se poser cette question.

                                        Parce que dans cet exemple ce groupe d’enfant ne s’est pas engagé sur papier dans une liste correspondant au thème mais s’est engagé à une production.

                                        Il y a un engagement derière celà sinon le projet n’aurait pas abouti. Certe il n’est pas figé, écrit, officiel mais la vertue éducative y est. Elle a été démontrée et ce groupe d’enfant sait que sans cette notion de groupe le projet n’aurait pas pu se faire.

                                        Les inscriptions les inscriptions … Souvent ce sont les anim’s qui balancent ” nan mais pour ça j’en veux pas plus de tant”. Fainéantise ?
                                        Besoin de se rassurer qu’on ne prépare pas une activité dans le vent ?

                                        c’est pour moi un outil qu’il faut savoir maitriser convenablement : dans la notion de projet, pour engager les enfants, renforcer la notion du groupe … Mais cet outil n’est pas pour moi obligatoire et nécéssaire.

                                        Elle l’est quand on veut faire un type d’activité précis demandant un nombre limité d’enfant (pyrograveur avec 30 enfants et un anim … hum, m’y risque pas trop 😆 ) pour assurer une sécurité, un résultat agréable ( des créations sur du bois et non sur les tables ou les bras )

                                        Elle ne l’est pas sur un Poule-Renard-Vipère ou un grand jeu extérieure dans une cour de récrée.

                                        Je ne pratique pas ce système d’inscription, car chez nous il serait inutile.
                                        Nous proposons des activités, les enfants choisissent. L’inscription à une activité est officieuse car nous demandont à l’enfant de rester dans l’activité un temps minimum afin d’éviter les allez-retour cour-classe-salle d’accueil seul.

                                        L’enfant ayant déjà eu une journée longue, parfois 9/10 h qu’il est dans l’école. C’est certain qu’en instaurant un système comme l’inscription celà peut parraitre lourd.
                                        Mais dans des lieux où ce système est mis en place depuis des années celà peut être aussi rassurant pour l’enfant ” ah ce soir j’ai danse avec mes copines !!!” Celà dépend de comment cet outil est aménagé et amené aux enfants.

                                        On peut tant trouver de points négatifs mais aussi du positif.
                                        Cela dépend simplement de la manière dont cet outil est utilisé.

                                        #143116
                                        Ady
                                          @ady

                                          Je reviens sur le principe de contrat écrit/signé

                                          Je vais prendre une analogie; le mariage. Lorsqu’on s’aime, que l’amour mutuel apporte la confiance, le plaisir et nous aide à avancer vers le bonheur… Pourquoi signer un acte administratif ? un engagement sur ces sentiments qui peuvent évoluer au fil de notre vie ?
                                          Ne serait-ce pas l’expression d’une peur de perdre l’autre, donc ne pas avoir confiance en l’autre, et surtout en soi ? N’est-ce pas une contrainte qu’on s’impose pour se donner une illusion de sécurité ?
                                          Puisque, effectivement, même signé, tout contrat peut se rompre. C’est donc un leurre.
                                          Et pire, c’est un moyen de domination. Plus ou moins inconsciemment, et plus ou moins fortement, on va se refuser de remettre en question le contrat, puisqu’on s’est engagé. Inconsciemment, je suis persuadé qu’on réduit l’esprit critique en établissant une contrainte supplémentaire, en installant une barrière de plus.. Ce qui va, encore une fois, à l’encontre de l’apprentissage de l’autonomie. Pour ce qui est de la responsabilité, je ne vois pas en quoi assumer son engagement ou sa fuite dépend de la présence d’un contrat écrit ou non.

                                          Et puis m*, changer d’avis est tout ce qu’il y a de plus légitime

                                          #143145
                                          moilapa
                                            @moilapa

                                            Du coup se pose la question du sens de ces structures…?

                                            Entre le “service rendu aux familles” façon mairie ou assoc’, les actions à mener selon les objectifs du super méga projet pédagogique du directeur qui a mis tout son amour à refaire de belles phrases à partir d’autres phrases trouvées sur internet ou qu’il a juste récupéré de son séjour de l’été retoilleté, et la majorité des animateurs qui n’ont d’animateurs que le nom, puisqu’ils sont dans les faits surveillants (comme la cantinière de mon enfance qui faisait seul le même travail dans la cour, les problèmes psycho-socio en moins) qui ne savent plus vraiment ce qu’ils font là, seulement qu’ils se sont un jour présentés pour un poste d’animateur…

                                            Peut être qu’il y a quand même un sens à nos actions sur les claé… Mais que le sens il n’est pas à chercher du côté de “l’organisateur”, du côté du directeur du claé, de son projet péda…

                                            Le sens est dans ce que l’on peut amener aux enfants… le temps que l’on passe sur ce claé…

                                          20 sujets de 61 à 80 (sur un total de 190)
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