Une autre question se pose, quand on demande qu’en dit l’enfant ? c’est aussi de savoir que peut-il en dire ? dans la mesure où il n’a pas l’expérience, le développement et la maturation. Ces trois éléments, forcément, nous conditionnent. C’est ainsi qu’on a développé nos valeurs, mais aussi tout simplement notre esprit pratique. L’enfant est capable de beaucoup de choses (Freinet-Montessori à l’appui, etc.) mais on sait aussi que ces petits groupes livrés à eux-mêmes vont développer leurs propres (contre-)cultures. Le truc, c’est que ces (contre-)cultures ne sont pas toujours dénuées d’agressivité (Sa majesté le roi des mouches) et en définitive l’éducateur a des connaissances et compétences à transmettre, scientifiques et techniques, je dirais “purement factives” (non-idéologiques). Difficile donc de faire la part des choses entre ce qu’en dit l’enfant et ce qu’en préjuge l’éducateur. Il se trouve qu’on est dans une relation à deux perspectives (l’une, enfantine, et l’autre se voulant éducatrice). A partir de là se pose la question de “la vérité vraie” comme pour tout le monde : qui a raison, qui a tort ? Ce qui est sûr c’est que de l’interaction ressort un résultat qui à mon avis échappe aux deux, chacun(e) faisant ce qu’il peut et veut du vécu.
Bonjour, je suis tombé sur ce forum http://digression.forum-actif.net/c4-sciences-sociales-et-humaines … Des réflexions en perspective … Enfin sur la psychanalyse il y a ça : http://digression.forum-actif.net/t1627-principes-metapsychologiques-discussion-nietzsche-freud-adler-jung-frankl-girard#49557 … C’est plutôt complexe et les intervenants posent parfois question (trolling…) mais des éléments sont intéressants tout du long.
Sur la question du marketing personnellement, je trouve ça aberrant : des mecs comme vous et moi sont payés pour manipuler tout le monde, mais en l’occurrence des petites personnes en plein développement. Cela arrive aussi quand l’animation/formation est trop militante à mon avis, beaucoup de retors dans le lot, même si on ne peut pas faire l’économie de nos valeurs. En tout cas le marketing infantile devrait être interdit, c’est du détournement de mineur en fait. Les curés sont un problème marginal à côté. Cela dit, je répète que ça nous interroge tous sur la transmission de nos valeurs.
En l’état… il convient de rappeler que l’enfance a été (et le reste très majoritairement) le domaine protégé de la psychologie (et ses variantes) jusqu’à l’arrivée de la psychanalyse. De là à penser qu’ils avaient un point de vue, c’était toujours dans le cadre de questionnaires ou de grilles assez particulières d’études pour évaluer ou quantifier des sentiments, développements cognitifs et autres…
Quant à la sociologie de l’enfance, qui prend en compte leur point de vue en tant qu’acteur social (tout autant influencé et dominé par les contraintes, voire plus, que les adultes), cela reste très récent et très minoritaire dans le champ de la socio. Un petit “objet” encore dans les choux diraient certains. 😀
Plus largement, il me semble que deux mondes s’intéressent aussi aux enfants : le marketing et, dans une bien moindre mesure, les architectes-urbanistes. Pour le reste… je sais pas trop. :titille;
Pour ce qui est de loisir, c’est assez rare (au-delà des sondages d’opinion) si ce n’est le travail de Sylvie Octobre ou Nathalie Roucous (déjà citées sur le forum).
Oui, l’article en cite beaucoup effectivement 😉 et c’est pour ça qu’il me semblait intéressant. Mais tu remarqueras que j’étais aussi intéressé par des travaux autres que sociologiques.
Ça peut être aussi sous d’autres formes : artistiques par exemple.
En tout cas, on sent bien que c’est totalement ton domaine (ou alors tu fais bien semblant), merci pour ta contribution.
Je regarderais ce que donnent ces laboratoires.
Ohoh. Z’alors… je n’ai pas tout à fait le temps de faire des liens vers des travaux et des écrits mais voila une liste, presque, exhaustive des chercheur-es français-es (avec une évolution chronologique). Je t’épargne ceux qui ont travaillé plutôt sur les jeunes (Pasquier ou Barrère…). Il y en a d’autres mais voila pour les plus importants.
Côté pionnières : Marie-Josée Chombart de Lauwe (un beau bouquin Enfant en-jeu), Suzanne Mollo(-Bouvier) (un article sur les loisirs… !), Régine Sirota (qui a introduit le concept de métier d’élève en France), Cléopâtre Montandon (un beau bouquin sur l’éducation du point de vue des enfants), Nathalie Roucous, Gilles Brougère, Julie Delalande, Patrick Rayou… ou Sylvie Octobre (remarque étude statistique).
Plus récemment, on retrouve : Djamila Saadi-Mokrane, Sophie Ruel, Nathalie Dupont, Isabelle Danic, Vincent Berry, Elsa Zotian, Wilfried Lignier, Julie Pagis voire Géraldine Comoretto (sur la cantine).
Avec les joies de la numérisation des revues scientifiques, beaucoup de leurs travaux sont facilement accessibles.
Après… il faudrait aller voir chez les Anglosaxons qui ont un temps d’avance : Chris Jenks, William Andy Corsaro, Alison James, Alan Prout, Berry Mayall, Leena Alanen, Jens Qvortrup et Barrie Thorne…
Sinon, il y a essentiellement trois laboratoires : le CERSE de Caen, le CERLIS de Paris 5 et EXPERICE de Paris 13. On peut aussi rajouter un labo de Liège qui publie la revue AnthropoChildren. On peut rajouter le colloque qui s’est déroulé en 2010 : http://www.enfanceetcultures.culture.gouv.fr/?id_page=colloque&lang=fr
(sinon, il y a un réseau dédié de l’AISLF)
EDIT : Dans ton article, tu retrouveras en fait les noms cités… :titille:
Bonjour,
Psychologues, historiens, pédagogues, sociologues, éducateurs, animateurs, didacticiens… Beaucoup de professions ont mené des réflexions autour de l’enfance.
Il est en revanche peu courant de se voir proposer une compréhension de l’enfance par les enfants eux-mêmes.
Généralement, l’enfance, et les discours des enfants, sont interprétés selon des schémas théoriques pré-existants. Ce qui nous prive du sens que donne l’enfant à ses propres actions. :bbg 😕
Une des approches compréhensives en sociologie part du principe que le sens donné aux actions par les individus eux-même est tout aussi significatif que ceux qui voient les individus comme irrémédiablement pris dans l’étaux d’un monde qui les dépasse. :hammer:
Certains ont adopté cette posture considérant l’enfant en tant qu’acteur légitime et réfléchi.
La compréhension de l'”enfance” (et par extension de la jeunesse) est donc vue au travers de leurs propres conceptions, culture et compréhension du monde, en étant attentif au sens qu’ils donnent eux-mêmes à leurs actions.
Je vous met en lien un article sociologique (parfois un peu pointu mais très intéressant) qui a pour thème le “métier de l’élève“, et qui nous fais part de cette approche.
L’EXERCICE DU MÉTIER D’ÉLÈVE, PROCESSUS DE
SOCIALISATION ET SOCIOLOGIE DE L’ENFANCE
écrit par Nathalie Bélanger et Diane Farmer (toutes deux canadiennes)
RÉSUMÉ.
Cet article traite de l’émergence de
la sociologie de l’enfance au sein de la sociologie de l’éducation. Nous rappelons les conditions historiques et sociologiques qui ont permis l’avènement d’un souci de l’enfance. En mettant l’accent sur le « métier d’élève », concept que Perrenoud déflnit comme étant l’habileté des enfants à jouer le jeu de l’école, à faire ce qu’on attend d’eux, et sur les rapports de l’enfant à l’école, à la famille et au groupe des pairs, la place de l’enfant, acteur légitime et réfléchi, est étudiée. Un tel regard permet de mieux comprendre les processus d’inclusion et d’exclusion auxquels les enfants prennent part. Enfin, nous examinons, à partir d’une revue de la littérature, les transformations du concept de métier d’élève, notamment au
regard des normes scolaires, des dynamiques propres au groupe enfantin et à la double filière de socialisation (enseignant..élèves et élèves ..élèves).
Si vous avez des résultats de travaux se basant plus ou moins sur cette posture, que ce soit en sociologie ou plus largement, je pense que ça peut intéresser du monde 🙂