Le vieillard qui plantait des arbres
« Par un après-midi d’été, un cavalier galopait sur les routes de Provence. Il avait soif… et il se maudissait de n’avoir rien emporté dans les fontes de sa selle… quand soudain il aperçut un paysan qui travaillait dans un champ. Il alla vers lui et se trouva en présence d’un très vieil homme occupé à planter. Ils s’assirent à l’ombre d’un arbre et le vieil homme lui donna à boire de l’eau bien fraîche de sa cruche.
Se sentant mieux, le voyageur voulut échanger quelques mots.
– Dites-moi, mon bon ami, qu’êtes-vous donc en train de faire par cette chaleur ?
– Je plante des oliviers ! répliqua le vieillard.
– Mais, s’étonna le voyageur, quel âge avez-vous donc ?
– Presque 90 ans !
– Sans vouloir vous offenser, pourquoi vous fatiguez-vous, à votre âge, à planter des arbres qui ne donneront leur récolte que dans une dizaine d’années ? Vous n’en mangerez hélas sans doute jamais le fruit !
– C’est vrai, répondit le vieillard, mais toute ma vie, j’ai mangé des olives venues d’arbres que d’autres avaient planté. Je plante pour que d‘autres puissent plus tard manger celles que j’ai plantées…
Lorsque le voyageur remonta à cheval, il se dit que les paroles du vieil homme l’avaient autant rafraîchi que l’eau de sa cruche. »
Michel Piquemal
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La Belle montre en or
Une voiture explose, à la sortie de Moscou. Le conducteur émerge des décombres et gémit :
– Ma Mercedes… Ma Mercedes…
Quelqu’un lui dit :
– Mais monsieur… Qu’importe la voiture ! Vous ne voyez pas que vous avez perdu un bras ?
Et, regardant son moignon sanglant, l’homme pleure :
– Ma Rolex ! Ma Rolex !
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Le Pêcheur et l’homme d’affaires
« Un riche homme d’affaires était en vacances en Inde. Un matin, sur la grève, il aperçut la barque d’un pêcheur qui rentrait.
– Oh là ! lui cria-t-il. La pêche a été bonne ?
Le pêcheur lui sourit et lui montra quelques poissons posés sur le sol de sa barque :
– Oui, c’est une bonne pêche.
– Il est encore tôt. Je suppose que tu y retournes.
– Y retourner ? demanda le pêcheur. Mais pour quoi faire ?
– Mais parce qu’ainsi tu en auras plus, répondit l’homme d’affaires, à qui cela semblait une évidence.
– Mais pour quoi faire ? Je n’en ai pas besoin !
– Ceux que tu as en plus, tu les vendras !
– Mais pour quoi faire ?
– Tu auras plus d’argent.
– Mais pour quoi faire ?
– Tu pourras changer ta vieille barque contre un joli petit bateau.
– Mais pour quoi faire ?
– Eh bien, avec ton petit bateau, tu pourras avoir plus de poissons.
– Mais pour quoi faire ?
– Eh bien, tu pourras prendre des ouvriers.
– Mais pour quoi faire ?
– Ils pêcheront pour toi.
– Mais pour quoi faire ?
– Tu deviendras riche.
– Mais pour quoi faire ?
– Tu pourras ainsi te reposer.
Le pêcheur le regarda alors avec un grand sourire :
– C’est justement ce que je vais faire tout de suite. »
(D’après un récit de l’abbé Pierre)
A lire dans : Philofables pour la Terre, de Michel Piquemal, éd. Albin Michel Jeunesse.
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http://www.michelpiquemal.com/bibliographiephilo.htm#