Suite à la grève dans l’éducation nationale, un article de libération parle des anims :
Service minimum à l’école: le dilemme des animateurs
Jeudi, jour de grève à Paris, ils sont censés garder les enfants dans les écoles. Mais certains se rebiffent…
C.B et M.P
Ce jeudi, la majorité des instits des écoles parisiennes devrait faire grève, selon les prévisions du rectorat de Paris. Ils ne seront pas les seuls. Les animateurs de la Ville de Paris leur emboîteront le pas.
Si les professeurs des écoles protestent contre les réformes du gouvernement, les animateurs, eux, râlent contre la mise en place du service minimum dans les écoles. Car depuis la loi du 20 août dernier, les mairies doivent assurer l’accueil des enfants les jours de grève et font donc appel en priorité aux animateurs, habituellement chargés du temps du midi et de l’étude après l’école.
«Seulement, on ne nous demande pas notre avis. On est désigné d’office, comme ça, du jour au lendemain sans pouvoir s’organiser. On ne peut pas refuser… à moins de se mettre en grève !» se plaint Solène, animatrice depuis six ans.
Sans compter le problème de la double journée. «Jeudi, je suis censée assurer le service minimum de 8h30 à 11h30 et de 13h30 à 16h30, en plus de mon service normal : entre midi et deux et le soir pour l’étude. C’est du non-stop.» Alors, pour elle, le choix est clair : elle fera grève comme beaucoup de ses collègues. Et tant pis pour les heures sup. (Le service minimum est payé en heures supplémentaires par la municipalité.)
On passe pour des briseurs de grève
«De toute façon, on est pris au piège, explique un autre. Si on accepte d’assurer le service minimum, les enseignants nous taxent de briseurs de grève…» Lors du dernier mouvement des instits, le 7 octobre, le malaise était perceptible. «En principe, la loi nous autorise à garder les enfants dans les classes. Mais on n’ose pas. On n’est pas là pour remplacer les profs!» confiait une animatrice d’une école du XIe arrondissement.
Cette loi sur le service minimum semble donc de nature à bousculer les bonnes relations entre instits et animateurs. Entre Education nationale et municipalité.
Et ça, la direction des affaires scolaires de la Ville de Paris (Dasco) l’a vite compris. «C’est justement pour éviter aux animateurs d’être stigmatisés par les profs que nous avons écarté le principe du volontariat», assure un des responsables.
Voilà la règle: les 5.500 animateurs sont désignés suivant l’ordre alphabétique pour assurer le service minimum. Un moindre mal pour Force Ouvrière. «Comme ils sont désignés, les animateurs de service demain ne seront pas mal vu par les enseignants», souligne une porte-parole.
Le syndicat n’appelle pas les animateurs à la grève ce jeudi, contrairement à la CGT qui, droit dans ses bottes, prévient: «Un préavis de grève sera déposé à chaque fois que l’Education Nationale en posera un sur Paris, dans le primaire.»