Temps de midi

  • Ce sujet contient 367 réponses, 21 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Vegeteuse, le il y a 9 années et 8 mois.
20 sujets de 201 à 220 (sur un total de 368)
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  • #61388
    crevette76
    Administrateur
      @crevette76

      petit aparté

      moilapa a écrit :
      dans cette école les adultes sont tous considérés comme partenaires et sans étiquette enseignants/ animateurs

      Foutage de gueule : de ce que tu nous dis, les animateurs sont encore moins bien considérés que dans la plupart des claé : puisqu’ils sont carrément au service des instits. Cette école a réussi à créer une situation de subordination des animateurs vis à vis des instit’… Je n’ai juste jamais connu un tel exemple… cela n’a absolument aucun sens, même dans le cadre très con du claé.

      On voit que les classes découvertes ne sont pas non plus ton terrain de jeu… niveau “être au service des instits” ça peut parfois aller très loin.

      et sinon
      “vous DEVEZ jouer” ça ça m’effraie toujours autant… à la limite ça ferait partie des trucs que je classe direct dans l’autodérision ou l’humour vaseux moi, comme quand parfois pour de rire je dis aux mômes “ici y’parait qu’on a pas le droit de rigoler”… ce qui évidemment déclenche en général soit des protestations du genre j’m’en fous j’rigolerais quand même, soit des rires et donc le jeu de rôle… bref.
      Vous DEVEZ jouer, c’est comme vous DEVEZ vous amuser, c’est n’imp.

      #61391
      moilapa
        @moilapa

        Ca rappelle bougrement des discussions que l’on a eu ici…

        dans cette école les adultes sont tous considérés comme partenaires et sans étiquette enseignants/ animateurs

        Foutage de gueule : de ce que tu nous dis, les animateurs sont encore moins bien considérés que dans la plupart des claé : puisqu’ils sont carrément au service des instits. Cette école a réussi à créer une situation de subordination des animateurs vis à vis des instit’… Je n’ai juste jamais connu un tel exemple… cela n’a absolument aucun sens, même dans le cadre très con du claé.
        Qu’il y ait historiquement un sentiment d’infériorité du monde l’animation vis à vis de l’école, c’est un fait (qui explique d’ailleurs en grande partie la merde qu’est l’animation sociocul) mais là on est bien au delà !

        (Tu es toujours autour de Toulouse ? Quel claé , Quelle assoc’ ? (via les MP of course))

        Ce travail en claé, c’est quelque chose en perpétuelle construction, qui nécessite des allers-retours : travail sur un lieu et réflexion sur ce travail fini. Sans arrêt (d’où ce que je dis sur le fait que ce travail d’animation n’a pas de sens quand on reste sur le même lieu des années durant : ce n’est pas un métier fait pour ça) où l’on rencontre des gens qui sont à des étapes totalement différentes de cette réflexion.
        Plus que les “cadres”, c’est peut être là la difficulté.

        S’agissant de ces cadres et de la difficulté d’y naviguer particulièrement en claé : l’agressivité, la violence sont, comme je l’ai déjà dit sur le forum, des atouts. Dans ces situations de violence, être soi-même quelqu’un de violent est un avantage. Je prends du plaisir dans les rapports violents avec l’autre, j’y peux rien c’est comme ça : et ça me donne un énorme avantage, notamment autour d’une table, d’une réunion… je ne fuis pas le conflit : je le provoque avec gourmandise.

        Et c’est très rarement avec les équipes enseignantes que je “m’accroche” : eux ont ce recul et cette capacité à la réflexion qui leur permettent de voir ce que l’institution a de violent ou d’incohérent, étant eux-mêmes prisonniers. Ils ne sont pas dupe de leur situation et de toute façon la plupart se battent les couilles de se qu’il peut se passer sur le claé.
        Il m’est souvent arrivé de répondre à :
        – La maîtresse elle a dit…
        – Oui mais là t’es pas avec la maîtresse, ok ?
        Ou :” Bin la maîtresse n’a pas raison”.
        sans qu’il y est de retour des instit’. Chacun son boulot, chacun son domaine.
        Ce désintérêt des profs pour le claé est une excellente chose. Le contraire est inquiétant, sauf dans certains cas précis.

        Mais plus avec les animateurs (et non les directions) qui sont les premiers à défendre ces cadres : sans pour autant savoir déterminer ces cadres, les décortiquer, avoir même l’idée de leur existence : ils présentent juste que ce que j’ai fait durant le temps d’animation, à la cantine, etc… ne correspond pas à “ce qu’il convient de faire”, à la chose “admise”, à la norme, ou aux règles définies sur ces lieux…
        Il m’est d’autant plus facile d’avoir le dernier mot. Ou de fracasser ceux qui me cassent les couilles.
        Ils sont englués dans ces cadres, incapables de comprendre les enjeux de l’institution école, de comprendre ce que peut être cet enfant dans la collectivité… ils en sont encore à apprendre à obéir et quelqu’un qui remet en cause cette logique les met en danger, les agressent. Seulement, comme ils ne sont pas capables de dire d’où vient ce malaise, ils sont d’autant plus faciles à balayer, notamment lors des fameuses et formelles réunions d’équipes.

        Mon idée n’est pas de défendre auprès d’eux des idées : j’arrive dans la cour le premier jour, je fais, sans tenir compte des autres anim’, je fonce : à eux d’analyser, d’essayer de comprendre si jamais ils font cet effort un jour. Il ne s’agit pas de convaincre : ils n’entrent même pas en compte : si jamais quelque chose convaint, c’est ce que je fais, ce qu’il se passe réellement dans le face à face avec les enfants : à la rigueur, c’est ça qui parle pour moi. Je sais ce que j’ai à faire, comment. Je vais ensuite voir ce qu’il peut y avoir de discutable dans cette organisation là et comment proposer autre chose (en sachant en plus que mon temps est compté, je ne reste pas longtemps sur le même claé) Ca, ça se fait avec le directeur, les animateurs suivront de toute façon : ces animateurs claé ont une particularité de durée de vie très courte : autant se concentrer sur ce qui va rester en place : le directeur, et ceux qui vont en bénéficier : les enfants.

        Du fait même du peu de cas que je fais de cette “institutionnalité, je retourne la situation : c’est moi qui agresse les autres, qui les remet en cause. Avec avantage parce que
        1) au contraire de mes collègues je m’y suis préparé : je suis là pour ça ! Et j’y vois un jeu, j’ai du plaisir à ces istuations.
        2) je donne un sens à mes actions : elles entrent dans une démarche réfléchie, posée, qui répond aux objections et déconstruit une partie définie de ce qui était mis en place.

        Dans la très grande majorité des cas, j’ai d’excellents rapports avec les directeurs des claé : on construit petit à petit ces “changements” : déjà parce que c’est ce que le directeur attend de moi, c’est ce qu’il est ressorti de notre premier (long) échange : un regard neuf. Et des propositions (ce qui change tout par exemple par rapport aux difficultés que tu présentes)
        Les gens en poste sur les claé (je ne parle pas des “directeurs adjoints” qui n’ont aucun sens, aucune réalité) sont plutôt des gens avec une capacité de réflexion, d’analyse (auto-analyse) conscient de se retrouver dans un cadre qui favorise justement ces incohérences devenues invisibles. Ils ne demandent pas mieux que ces échanges sur le métier !!! Parce qu’il y a une certaine “solitude” ici : quand les échanges avec les autres d’un côté consistent à rapeller une énième fois qu’il faut que les gamins passent par le préau A pour aller à la cantine, de l’autre à avoir affaire à des gens qui n’ont jamais foutu un pied dans la réalité de l’animation et qui veulent que l’on mette en place tel méga projet, où l’enfant est bien le dernier des soucis.

        C’est très rare que l’on ne puisse avancer : parce que les gens qui pourraient craindre la possibilité d’une remise en question, ne m’engagent tout bêtement pas.

        Pour moi, bosser en claé, c’est une gourmandise : ce n’est que du jeu, du plaisir. Et il me faut ruser quand je vais en ville pour éviter de passer devant le Crij où je sais que je trouverais dix adresses où bosser avant la fin de la semaine.
        Parce que j’ai pas que ça à faire.

        Ca aussi ça change tout : le claé est un plaisir, un jeu, et quand ça ne m’amuse plus je m’en vais.

        #61393
        Shaaa
          @shaaa

          En parlant de “cadres” et d’école, ça m’a refait penser à une autre discussion sur le jeu ‘libre’. J’avais causé d’un article de G. Brougère sur le fil que citait crevette un peu plus haut. (et puis le message de crevette nous révèle Ô combien c’est une grande joueuse :-D).

          https://archive.planetanim.fr/modules/newbb/viewtopic.php?post_id=197235#forumpost197235

          La rencontre du jeu – ou forme ludique – et de l’école – ou forme scolaire/éducative – n’est pas évidente à démêler tant il y a d’imbrications. Effectivement, il y a enchevêtrement de cadres et d’orientations… Je rejoins moilapa sur cette ‘intelligence’ dont on peut user pour s’en dépêtrer.

          Le problème principal est la divergence sur la décision. À l’école (ou dans un cadre éducatif), c’est l’adulte qui décide de qui fait quoi ; dans un jeu (ou une activité ayant une forme ludique), c’est le joueur (et donc les enfants) qui décident. Où se situe l’animateur ? Le cul entre deux chaises, ils jonglent avec les deux casquettes d’éducateur-joueur.

          Et ton dernier exemple, Vegeteuse, est assez symptomatique de l’animation qui n’arrive pas à se situer clairement du côté éducatif ou du côté du loisir. C’est pourquoi il y a des “temps d’activités” et des “temps libre”, etc. Dans le “périscolaire” – si bien nommé -, on est encore plus mal loti…

          En 1986 (!), quelqu’une (N. Roucous) disait ces quelques mots :

          « Si certains responsables revendiquent la différence et la hiérarchie qu’ils ins-
          taurent entre centre de loisirs et garderie, ils ne se rendent pas compte que l’un
          des avantages de ces dernières était la liberté dans le jeu. Or n’a-t-on pas mis à
          la place des activités, des loisirs qui, sous prétexte d’éduquer l’enfant, de lui ap-
          prendre des choses, le replace dans un système de production parallèle à celui de
          l’école ?
          »

          Bien résumé, non ? 😀

          #61396
          Vegeteuse
            @vegeteuse

            Bourricot a écrit :

            C’est l’archétype du jeune adulte d’aujourd’hui ça : je veux bien devenir adulte mais pas comme ceux que j’ai connu, je veux être un adulte différent mais je ne peux pas être comme les enfants parce qu’ils ne sont pas adultes eux…

            Rhooo Bourricot je ne suis pas si jeune adulte que ça 😀

            moilapa a écrit :

            Je suis parti d’un postulat éronné (moi). D’une vision de ce “cadre” comme d’une réalité acceptée par ceux qui vivent dans ce cadre, que dans “cadre” j’entends les valeurs qui ont donné naissance à ce cadre. Et que nombre donc de ce que l’on entend communément par cadre n’est en rien un cadre (puisque bien souvent sans valeurs “humaines”) (toujours de mon seul point de vu autocentré)

            Et de ma facilité de m’éxonérer de tout ce qui ne me semble pas porté sens : ici institution scolaire, personnels de l’école, projets du claé, équipes d’animations, règles propre à un lieu et à des personnes…

            C’est une grosse difficulté pour moi de réussir à envoyer balader ce que j’estime ne pas avoir de sens. Je cherche toujours une solution diplomatique… même quand il n’y en a pas et que la situation se retrouve coincée. Parce que comment faire quand on travaille en équipe, qui plus est dans une institution qui-déteint-sur-tout-ce-qu’elle-touche comme l’école? Je sens mon champ de manœuvre très limité…

            Et que forcément dans cette suite de cadres, forcément certaines “données” entre en conflits avec d’autres : maman m’a bien dit de pas jouer avec les nègres, parce que c’est sale. Et pourtant, en classe, la maîtresse dit…

            Données qui entre en conflits aussi pour l’anim…

            moilapa a écrit :
            Les cadres sont parfois “interpénétrants” les uns les autres : non comme des boîtes, mais des “limites” immatérielles qui peuvent avoir des espaces, des temps et des pensées communs.

            Dans ce CLAE, je vois au contraire deux cadres qui sont bien distincts ou censés l’être (le CLAE et l’école) mais que l’équipe enseignante et la direction du CLAE ont souhaité rendre “partenaires” et ce pour le très noble objectif de “l’égalité des chances et la réussite scolaire pour tous”.

            Comment lutter contre ça?

            Du coup, je comprends mieux pourquoi j’ai un problème avec le temps de “retour en classe” d’après repas. Temps où on impose aux élèves (sont plus des enfants à ce moment là) de jouer à certains jeux calmes et “intelligents” ou de lire.

            Donc l’origine du problème : dans cette école les adultes sont tous considérés comme partenaires et sans étiquette enseignants/ animateurs (hum hum pas confus tout ça… exactement ce dont parlait Shaaa un peu avant). Ça part d’un bon principe, je suppose 🙄 , même s’il est quand même implicitement admis que l’équipe d’animation est “en dessous” de l’équipe enseignante question importance.

            Comme tous les adultes de cette école ont des objectifs communs, nous, animateurs nous retrouvons à devoir également éduquer les enfants. Ce qui, que passage, explique l’importance du mot “cadre” dans le discours de la directrice CLAE.

            Concrètement, en l’espace de quelques minutes je me retrouve à devoir passer du statut d’animatrice à “assistante de maitresse”; et par conséquent à aller à l’encontre de tous les principes que j’essaie de mettre en place dans le cadre de mon boulot, à savoir : proposer des activités qui laissent une grande liberté à l’enfant, uniquement sur la base du volontariat et que l’on peut quitter à tout moment.

            Je ne comprends pas pourquoi ce changement de casquette incombe aux animateurs, est-ce qu’on demande aux enseignants de changer de métiers plusieurs fois par jour?

            En tous cas merci pour tous vos messages, ça m’a permis de prendre du recul, d’analyser ce qui me posait problème et donc de mieux saisir la situation.

            Bon, pour le moment je ne sais pas comment je vais m’en sortir de celle-là. Ce midi, je me suis retrouvé à devoir sanctionner 2 gamins (première fois depuis le début) car ils mettaient le bazar dans la salle du “temps de retour en classe” et qu’ils ne souhaitaient pas jouer aux jeux de société. Je me suis entendu dire : “vous devez jouer” à tel jeu. Misère…

            PS: Shaaa je suis en train de lire les textes et c’est très éclairant 🙂

            #61409
            moilapa
              @moilapa

              ”C’est l’archétype du jeune adulte d’aujourd’hui ça”

              ‘pas vraiment (du tout) l’impression de ce dont il s’agit ici.
              Qu’il y a dans les écrits de Vegéteuse bien plus que des questionnements enfantins.

              Ce qui s’explique ainsi : ”J’ai pas tout lu okay mais …” :
              traduction : je vais pas me casser le cul à lire ce que vous dîtes ici les uns et les autres, puisque la seule chose qui importe ce sont mes merveilleuses réflexions…

              Pour ce qui est du jeune qui ne veut pas devenir comme les adultes qu’il côtoie, ça aussi ça date certainement pas d’aujourd’hui…

              S’agissant de ces cadres : sans doute que ce que j’écris est légèrement “décalé”, parce que je n’entends pas ce terme comme il l’est précisé par Michmuch (un mot = un sens sur lequel on s’entend, cela permettant le dialogue, un bénéfice que l’on peut reconnaître à l’université)
              Je suis parti d’un postulat éronné (moi). D’une vision de ce “cadre” comme d’une réalité acceptée par ceux qui vivent dans ce cadre, que dans “cadre” j’entends les valeurs qui ont donné naissance à ce cadre. Et que nombre donc de ce que l’on entend communément par cadre n’est en rien un cadre (puisque bien souvent sans valeurs “humaines”) (toujours de mon seul point de vu autocentré)

              Et de ma facilité de m’éxonérer de tout ce qui ne me semble pas porté sens : ici institution scolaire, personnels de l’école, projets du claé, équipes d’animations, règles propre à un lieu et à des personnes…

              Ce que j’ai écrits au dessus sur “les cadres” est donc d’un intérêt très limité !

              Si l’on parle alors de cadres définis d’une façon plus sérieuse que mes “raccourcis” : une difficulté (notamment pour les enfants) de vivre avec ces cadres, c’est qu’ils sont comme des poupées russes : ils sont emboités les uns dans les autres : un cadre histoired’un pays, puis “société”, puis éducation nationale, puis mon école, puis ma classe, puis les consignes de l’exercice de math du jour (pour faire court !!)
              Et que forcément dans cette suite de cadres, forcément certaines “données” entre en conflits avec d’autres : maman m’a bien dit de pas jouer avec les nègres, parce que c’est sale. Et pourtant, en classe, la maîtresse dit…
              Si je m’appuie sur ce que j’en ai lu dans “violence à l’école, des violences vécues aux violences agies”, sous la direction de Sirota)

              Je ferai une petite nuance sur cet “emboîtement” : ces différents cadres ne sont pas juste clos sur eux-mêmes, les uns contres les autres où les uns dans les autres : ils sont parfois “interpénétrants” les uns les autres : non comme des boîtes, mais des “limites” immatérielles qui peuvent avoir des espaces, des temps et des pensées communs.

              Et j’en reviens alors à ce que je disais dans un sujet différent (les différences entre les “commandes annoncées” (le prescris) par le financeur et la réalité de l’animation in situ pour les animateurs) une partie de ce que l’on appelle “intelligence” (qui est multiple, on le sait à présent depuis un petit bout de temps) est ici : dans cette capacité à jongler avec ces différents cadres et discours. (j’en reviens aussi à ce que je disais sur les enfants : la capacité à jongler avec ces lois : celle de la cour, celle de la classe, et la capacité des enfants à trouver leur place dans chacun de ces “univers”)
              Ou de s’y opposer (de mon point de vue, un niveau d’intelligence “supérieur”)

              Cette question des cadres est évidemment indissociable de la violence subie par les enfants. Mais pour ne pas “brouiller” ce post, j’y reviendrai ailleurs…

              #61422
              Simon
              Administrateur
                @simon

                Salut,

                J’ai pas tout lu okay mais sur ton dernier post :

                C’est l’archétype du jeune adulte d’aujourd’hui ça : je veux bien devenir adulte mais pas comme ceux que j’ai connu, je veux être un adulte différent mais je ne peux pas être comme les enfants parce qu’ils ne sont pas adultes eux…

                En fait, la question est simple : tu veux vivre ou pas?

                Quelle est la leçon sans cesse répétée autour de nous ou dans les fictions écrite ou audiovisuelles, dans l’actualité locale ou mondiale? L’adulte est malheureux, incapable de se saisir et de se définir dans ce monde complexe. Et le plaisir gratuit et le sourire des enfants le rend malade, incompréhensif, brutal. Alors qu’il ne suffit que d’une seule chose. C’est de s’accepter tel qu’on est, de profiter, de vivre en se foutant pas mal des regards obliques des gens honnêtes.

                Certains mettront 50 ou 60 ans à se découvrir, à accepter enfin d’essayer, d’expérimenter et de rencontrer. Et à accepter que l’état d’adulte n’a rien de fini, bien sûr que non ce n’est que le début. Mais combien sont-ils à nous rabâcher qu’ils ont tout vu, tout connu?

                Souris leur et fais ta vie.

                #61479
                Vegeteuse
                  @vegeteuse

                  crevette76 a écrit :

                  Simplement… où est le mal à se faire plaisir au boulot ?

                  Oui, je n’avais pas du bien comprendre ta question, car pour moi aussi le plaisir dans le travail est très important. Je n’y vois vraiment aucun mal, au contraire.

                  Où est le mal à s’amuser -quitte à ce que ce soit “régressif” (même si j’suis pas sure de voir ce que tu mets derrière ce mot)- avec un môme pendant 30min dans le cadre du travail ?

                  Je ne vois pas de mal, c’est juste que parfois ça me questionne. Je me demande si pendant quelques instants, je n’ai pas l’illusion de quitter le monde adulte pour me retrouver de nouveau enfant. Et c’est vrai que j’en ressens un pointe de culpabilité, comme prise sur le fait dans un moment de confusion (moi qui est tellement de mal à me sentir adulte, me retrouver à nouveau à l’école ça me perturbe un peu…).

                  Bref, pas mal de choses…
                  Est-ce que tout ça ce n’est pas possible souhaitable de le vivre au boulot lorsque le boulot c’est d’accueillir des humains pendant leur temps de loisirs ?

                  Je comprends mieux ta définition de l’amusement, j’aurais peut-être davantage parler de plaisir, voire osons-le, de bonheur 🙂 Et je suis tout à fait d’accord quand tu dis qu’on ne fait pas un bon boulot quand on s’y sent mal, pas à sa place, qu’on y prend aucun plaisir…y compris quand sa journée consiste à visser des écrous (plus ou moins l’enfer pour moi).

                  Mais après j’ai tendance aussi à penser que les gamins ils s’en foutent un peu de mes états d’âme… Bref, je sais pas bien !

                  Et concernant les pulsions, j’crois pas qu’il soit sain de vouloir contrôler et/ou interdire les pulsions, en particulier celles des autres.
                  Chacun a déjà bien à faire avec ses propres pulsions, pour les identifier, les connaitre, et savoir ce qu’il en fait.
                  Sans pulsion aucune, ne serait-on pas aussi “robotique” que sans “amusement” ou sans plaisir ?

                  Bien d’accord

                  #61486
                  crevette76
                  Administrateur
                    @crevette76

                    Vegeteuse a écrit :
                    Donc je ne dirais pas que mon amusement est l’essentiel de mon travail d’animatrice.

                    Heu, si tu réponds ça c’est que j’ai du mal m’exprimer, c’est pas vraiment ce que je voulais dire.
                    Peut-être déjà qu’en fait je voulais parler de plaisir et pas forcément d’amusement, même si les deux sont relativement souvent liés (en tout cas pour moi).
                    Mais j’suis moi même en train de me re questionner sur des choses à ce niveau, ça a probablement brouillé mon message.

                    Simplement… où est le mal à se faire plaisir au boulot ?
                    Où est le mal à s’amuser -quitte à ce que ce soit “régressif” (même si j’suis pas sure de voir ce que tu mets derrière ce mot)- avec un môme pendant 30min dans le cadre du travail ?
                    Quand on travaille avec et pour des humains ?

                    c’est quoi l’amusement ?
                    chépa…
                    est-ce que ça n’est pas au moins une partie de l’objectif visé quand on bosse sur le temps de loisirs des mômes (ou même des gens) ?

                    moi j’y mets le fameux “jeu libre” que je ne partage pas vraiment vraiment avec les mômes parait-il, parce que j’suis adulte moi, mais pendant lequel je m’amuse quand même

                    j’y mets un bon nombre d’ “observations”, parce que voir la micro société fonctionner avec ou (encore mieux) sans moi, en général ça me fait plaisir, ça m’attendrit parfois, ça me fait marrer souvent, et parfois ça m’étonne ou ça m’agace… parce que ça concerne des humains, avec leurs qualités humaines, mais aussi leurs défauts, nos défauts humains.

                    j’y mets les moments de vie avec les mômes ; les répliques dislexico-poétiques ; les discussions parfois simples, parfois ubuesques, desquelles je sors souvent avec un petit sourire adouci, triste, étonné… ; les fois où Lucie goute à tous les ingrédients pour la cuisine, crus, cuits, tous ; les interruptions par le chat du voisin ; l’autodérision quand j’dis juste une ânerie ou que je fais un truc qui ne marche pas bien ou que je trébuche ou que…

                    j’y mets les tentatives, les recherches et les tests pour créer des trucs et les proposer éventuellement aux mômes…

                    j’y mets l’adaptation pour tenter de répondre au public ; pour trouver un moyen de faire des ailes à la libellule de Julien alors que les modèles c’était des chiens et des bonhommes

                    j’y mets les rires et les yeux ébahis qui me scrutent quand la magie des contes fonctionne, en comptant ceux des mamans ou des papas d’ailleurs

                    j’y mets l’humilité, les erreurs dont on peut rire et qu’on peut transformer en autre chose : ma maison à oiseaux ne finira peut-être jamais en maison à oiseau, mais je maitrise les noeuds pour faire des radeaux qui tiennent le choc par exemple

                    j’y mets les regards timides des parents qui n’osent pas déranger alors qu’on a laissé l’accès libre volontairement, les constats que “là il se fait plaisir, on voit qu’il est bien” ou que “c’est joli ce que tu a fais, t’as fait ça tout seul ???”, les moments magiques où les mômes expliquent à leurs parents médusés comment fonctionne le light painting par exemple

                    j’y mets les “comment ça va aujourd’hui”, les “moi cette nuit j’ai rêvé de…”, les “et pourquoi on ferait pas ça ?”, les “mon papy il sait faire des toupies”…

                    j’y mets les tentatives ratées mais répétées pour s’envoler, la tour de kappla, les chansons fredonnées ou chantées à tue tête face au vent, les “oh non hein, séverine heu !!!”, les mercis, les “Héééé ! T’as vu : on fait un géant cache cache” le jour où y’a rien d’animé, les “tu sais, ben moi…”, les “excusez-moi, tu sais…” aussi

                    j’y mets les grumeaux dans la pâte à crêpes, le vent dans les cheveux, les bas de pantalon mouillés, les luttes de chaussettes dans l’herbe qui verdissent tous les jeans sans pitié, les calins par surprise, les rebellions, les théories sur la vie, les projets pour un jour, les cachettes pour mettre les batons/fusils/baguettes magiques/chevaux, les t-shirts à l’envers, les “demain j’peux pas venir parce que j’vais à la mer avec mes copines”, les “non mais ça tu sais pas t’es une fille toi”, les “rooooooooooh mais c’est nuleuuuuuuuuuuuu” en réponse à mon humour miteux, les “c’est vrai ??????????” en réponse à mon humour encore plus lamentable…

                    Bref, pas mal de choses…
                    Est-ce que tout ça ce n’est pas possible souhaitable de le vivre au boulot lorsque le boulot c’est d’accueillir des humains pendant leur temps de loisirs ?

                    J’suis peut-être hors sujet, mais bon en fait à un moment juste si on ne se fait pas plaisir, on ne fait pas bien son job, en particulier si ce job n’est pas un truc qui consiste à visser un écrou mécaniquement sur une autre pièce, mais à entrer et créer de la relation entre des êtres humains, à leur permettre eux de se faire plaisir, de découvrir des possibles, de respirer… si on est soi-même étriqué ça limite un peu, non ?

                    Et concernant les pulsions, j’crois pas qu’il soit sain de vouloir contrôler et/ou interdire les pulsions, en particulier celles des autres.
                    Chacun a déjà bien à faire avec ses propres pulsions, pour les identifier, les connaitre, et savoir ce qu’il en fait.
                    Sans pulsion aucune, ne serait-on pas aussi “robotique” que sans “amusement” ou sans plaisir ?

                    #61488
                    Vegeteuse
                      @vegeteuse

                      crevette76 a écrit :

                      c’est du second degré hein ?
                      Parce que moi ce qui m’inquiète c’est plutôt quand j’m’amuse pas.

                      Non, même pas 🙂

                      Mais en fait je me demande ce qu’est l’amusement?

                      Parce que c’est vrai que parfois je m’amuse avec les mômes, avec le côté régressif que ça comporte (j’ai l’amusement régressif); mais il me semble que le plupart du temps pendant que les enfants semblent s’amuser, de mon côté je m’occupe du matériel, prépare, range, écoute, explique, aide, soigne un bobo, tente d’apaiser les conflits, j’observe, j’analyse… Et puis il y a aussi des situations qui demande un grand sérieux et qui ne prête pas à la rigolade. Donc je ne dirais pas que mon amusement est l’essentiel de mon travail d’animatrice.

                      #61489
                      Vegeteuse
                        @vegeteuse

                        Shaaa, comme d’habitude ton message est très intéressant (et j’ai presque tout compris du premier coup :-)) et m’aide à mieux saisir et approfondir ce que je “pressens” sur le terrain. Et merci pour les textes !

                        PS : Sinon, simple détail, je ne crois pas que les enfants apprennent seuls quand tu dis :

                        C’est tout à fait ça, derrière le cadre il y a l’idée d’éduquer l’enfant, de lui apprendre à être selon certaines normes sociales (qui ne sont pas questionnées et viennent de je ne sais où) au lieu de laisser l’enfant apprendre de lui-même qui il est, expérimenter ses pulsions et ses ressentis

                        C’est bien parce qu’il y le ou les Autres que l’on peut être Soi.

                        Suis bien d’accord avec cette phrase. En fait, j’entendais, non pas apprendre seul, mais plutôt laisser l’enfant apprendre qui il est par lui-même (explorer ses pulsions, ses émotions, ce qu’elles disent de lui) et non uniquement ce qu’il “devrait être” selon les autres.

                        Mais j’ai pas l’impression d’être très claire.

                        #61545
                        moilapa
                          @moilapa

                          si ça te dérange pas je te les enverrai sur ton mail?

                          Faisons comme ça, alors…

                          Même si je vais mon post à venir (10 mn) sur “les peluches en chaussettes” répond à pas mal de questions…

                          S’agissant des “cadres”, j’y reviendrais dans une second temps…

                          #61570
                          crevette76
                          Administrateur
                            @crevette76

                            Vegeteuse a écrit :

                            moilapa a écrit :
                            Souvent ça tient pas à grand chose : mais c’est ta maîtrise (notamment du graphisme) à toi (même si c’est pas toi qui construit !) qui permet d’aller plus loin.

                            Je suis tout à fait d’accord.

                            Tu as tort de ne pas montrer ici des photos des réalisations… (les tiennes et celles des enfants qui en fait en découlent)

                            cela permetettrait sans aucun doute en quelques mots “d’aller plus loin”…

                            Oui, mais j’ai un peu honte car je sais que ma maitrise graphique et des matériaux est plutôt nulle… Mais oui, j’ai bien envie de progresser si ça te dérange pas je te les enverrai sur ton mail?

                            Roh ben là heu zut hein… ça me file un prétexte à finir mon défi quifinirasurementmocheparcequej’aipascequejeveuxpourlefaireetj’retrouveplusmonidéelumineuse de dragon.
                            Quand t’auras vu la tête du truc posté en public, t’auras plus d’excuse…
                            Pis en attendant pour te rassurer t’as qu’à chercher mon fil pop-pop 🙄

                            Y’a vraiment moyen de s’amuser sur un claé en tant qu’adulte…

                            C’est vrai mais parfois ça m’inquiète de voir que je m’amuse pendant 30 min avec deux gamins de 5 ans et un ballon. je me dis que je suis pas complètement finie comme fille 😀


                            c’est du second degré hein ?
                            Parce que moi ce qui m’inquiète c’est plutôt quand j’m’amuse pas.

                            (sinon j’avais cherché plein de fils sur le “temps calme”, mais z’avez posté entre temps alors j’sais pas s’ils sont utiles…
                            journées types
                            le temps calme… qu’en pensez-vous ?
                            temps calme organisé
                            temps calmes animés
                            activités temps calme entre midi et 14h (celui là est en CLAE))

                            #61572
                            Shaaa
                              @shaaa

                              Vegeteuse a écrit :

                              moilapa a écrit :
                              Ce temps de “retour au calme” pour préparer la classe, c’est à l’instit’ que cela revient. Sur le temps de la classe et non sur celui de la récréation. Sinon cette récréation n’a plus de sens.
                              Il y a notamment ce temps symbolique où la classe se range derrière son Maître…

                              Pour le coup, je ne crois pas que ce soit la direction du CLAE qui est à l’origine de ce temps mais l’équipe enseignante qui trouvait les gamins trop énervés en revenant du temps de midi. Mais tout comme toi, je ne comprends pas pourquoi ils ne prennent pas 5 min de leur temps pour faire le retour au calme.

                              En fait, pour être plus précise à terme (après les prochaines vacances) ce temps d’après repas sera géré à la fois par les enseignants (aide personnalisée) et les animateurs (temps calme). Donc en fait je pense qu’on est bien dans la co-éducation…

                              Tout juste Auguste. 😀 On est bien dans ce “cadrage” scolaire d’un temps de récréation (ou recréation). Ou la subordination des animateurs à l’école. D’ailleurs, on le retrouve dans les textes de lois qui ont instaurés le CLAE dans les années 1970. Pendant les 10 dernières minutes, les enseignants sont de nouveaux responsables pour assurer la “transition” avec les animateurs… Bref. (Aussi, ces CLAE ont été mis en place pour ‘pacifier’ un lieu de non-droit, selon nos perspectives. Si on prend le point de vue anthropologique de Julie Delalande, la cour est aussi une micro-société enfantine…). Question de cadres. 😀

                              Ce “cadrage” éducatif est plus ou moins présent selon les ACM (centre de loisirs, colos ou CLAE). Dans les colos, il est moins présent que dans les CLAE de par le contexte environnant. Comme exemple, il y avait un directeur CLAE qui disait dans la gazette communale (à Toulouse, n°8 d’avril 2010, p. 35) :

                              La complémentarité fait la différence ! Nous avons le même
                              public, nous travaillons dans les mêmes locaux, mais nos projets
                              sont et doivent être différents et complémentaires. Les animateurs
                              ayant plus de souplesse dans leurs projets, ils peuvent proposer
                              des activités d’éveil de façon plus régulière. Aussi, nous sommes
                              attentifs à ne pas mélanger les rôles de chacun. Nous ne sommes
                              pas des enseignants mais des pédagogues, et nos outils, ce sont
                              les loisirs.

                              On ne mélange pas les rôles mais on est quand même “pédagogue”. Alors, les enseignants ne sont pas pédagogue ou les animateurs se mélangent les pinceaux ? 😀

                              Ce cadre est bien ce que doivent incorporer les enfants : les règles de vie en société ‘adulte’, telles qu’elles sont. On est sur un principe d’acculturation à une culture scolaire, au métier d’élève, se conformer, etc. La canalisation est bien un sens donné, une direction unique vers un but fixé : l’éducation du futur citoyen par NOS actions (le petit nabot, il participe pas trop…).

                              Sauf que la question de la socialisation est plus complexe et michmuch pourrait en faire quelques pages. 😀 À côté d’une socialisation verticale et unilatérale, n’y a-t-il pas de place (ou la reconnaissance, parce qu’elles existent) pour des socialisations horizontales et/ou bilatérales ? Sauf que là, le nabot, il acquiert le droit à la parole et ça nous emmerde (cf. “infans en latin, c’est celui qui ne parle pas).

                              Dit autrement, quelle place on donne, laisse ou abandonne aux cultures enfantines ? Comment on les considère ? Question difficile qui renvoie à notre conception de l’enfance. Si on l’inscrit dans une visée de développement et d’éducation, de futur ; on maîtrisera ce qu’il devra faire. Si on quitte cette visée en restant dans un ‘présent’, on peut le considérer (ainsi que ce que ce qu’il fait) comme tout aussi légitime que l’activité que l’on propose en plus de ses jeux. S’ils viennent, tant mieux, s’ils ne viennent pas ou se barrent en cours de route, tant mieux. 😀 (de ce côté moilapa en raconte pas mal).

                              Pour donner une dernière illustration qui rejoindra l’idée de la destruction créatrice (beau paradoxe, d’ailleurs :titille:). Ce qui a longtemps emmerdé les pédagogues qui se sont construits sur l’image naïve de l’Émile rousseauiste, c’est la violence des enfants. D’ailleurs, Claire Simon l’expose bien dans son film “Récréations“. On l’accepte et on permet son ‘exprimation’ (dans l’idée qu’ils vont passer à autre chose) ou on la réprime ? Que fait-on des jeux de bagarre ? Un exemple (et le nombre de pages témoignent de la vivacité de la question) : https://archive.planetanim.fr/modules/newbb/viewtopic.php?start=0&topic_id=14938&viewmode=flat&order=ASC&type=&mode=0

                              Deux points de vue s’affrontent et ça ne date pas d’hier… 😀 deux pédagogues dans les années 1950 résumaient bien ces oppositions : Pierre Bovet et Roger Cousinet et Dominique Ottavi a fait un bel article à ce sujet (dans un bouquin de Arleo et Delalande, Cultures enfantines – Universalité et diversité paru aux PUR).

                              En fonction de la réponse, on peut se situer assez facilement entre “civiliser le sauvageon” ou autre chose…

                              J’aimerais bien en savoir plus sur ces autres voies , sur le terrain comment t’en sors-tu?

                              Pour les autres “voies”, je te renvoie aux deux textes en pièce jointes. B. Bier d-écrit assez bien les évolutions (et circonvolutions) de la place des enfants et des relations entre institutions. Bataille, c’est l’auteur de l’autre texte et le continuateur d’une autre voie développée par J. Houssaye : les pédagogies de la décision.

                              Pis, je choisis avec qui je travaille. 😀 (et j’essaye de comprendre ce truc bizrre qu’est l’animation pour me repérer dans ce bordel)

                              PS : Sinon, simple détail, je ne crois pas que les enfants apprennent seuls quand tu dis :

                              C’est tout à fait ça, derrière le cadre il y a l’idée d’éduquer l’enfant, de lui apprendre à être selon certaines normes sociales (qui ne sont pas questionnées et viennent de je ne sais où) au lieu de laisser l’enfant apprendre de lui-même qui il est, expérimenter ses pulsions et ses ressentis

                              C’est bien parce qu’il y le ou les Autres que l’on peut être Soi.

                              #61573
                              Vegeteuse
                                @vegeteuse

                                moilapa a écrit :
                                Souvent ça tient pas à grand chose : mais c’est ta maîtrise (notamment du graphisme) à toi (même si c’est pas toi qui construit !) qui permet d’aller plus loin.

                                Je suis tout à fait d’accord.

                                Tu as tort de ne pas montrer ici des photos des réalisations… (les tiennes et celles des enfants qui en fait en découlent)

                                cela permetettrait sans aucun doute en quelques mots “d’aller plus loin”…

                                Oui, mais j’ai un peu honte car je sais que ma maitrise graphique et des matériaux est plutôt nulle… Mais oui, j’ai bien envie de progresser si ça te dérange pas je te les enverrai sur ton mail?

                                Sinon, essaie aussi les cabanes, les balles rebondissantes, les craies pour recouvrir toute la surface de la cour… des activités en apparence toutes simples… mais qui répondent à des besoins primordiaux de ces enfants…

                                Les balles rebondissantes sont prévues ! Et les craies aussi. Pour les cabanes, il faut que je trouve le matériel mais des tapis de mousse sont déjà dispo pour les enfants qui le souhaitent à chaque récré pour faire de la gym ou autre.

                                Y’a vraiment moyen de s’amuser sur un claé en tant qu’adulte…

                                C’est vrai mais parfois ça m’inquiète de voir que je m’amuse pendant 30 min avec deux gamins de 5 ans et un ballon. je me dis que je suis pas complètement finie comme fille 😀

                                #61574
                                moilapa
                                  @moilapa

                                  Souvent ça tient pas à grand chose : mais c’est ta maîtrise (notamment du graphisme) à toi (même si c’est pas toi qui construit !) qui permet d’aller plus loin.

                                  Tu as tort de ne pas montrer ici des photos des réalisations… (les tiennes et celles des enfants qui en fait en découlent)

                                  cela permetettrait sans aucun doute en quelques mots “d’aller plus loin”…

                                  J’en suis persuadé parce que cet été le camping a payé quelqu’un toute la saison pour se former en regardant ce que je faisais (parce qu’il était établi que je ne reviendrais pas la saison suivante)… elle a été en fait un cobaye pour moi, pour comprendre un peu mieux les enjeux de la “retransmission”…

                                  Sinon, essaie aussi les cabanes, les balles rebondissantes, les craies pour recouvrir toute la surface de la cour… des activités en apparence toutes simples… mais qui répondent à des besoins primordiaux de ces enfants…

                                  Par exemple : la cabane (deux tables, un parachute…) c’est un lieu d’où l’adulte est exclus, qui permet aux enfants d’échapper au regard omniprésent des adultes… dans laquelle les enfants vont “reconstruire” la société : il n’y a pas de “vide” sociale : on va reconstruire le noyau famille, ou on va rejouer la situation de la classe…

                                  les balles rebondissantes : 3 minutes pour fabriquer puis tout le reste pour jouer entre enfants dans la cour… le temps pour toi d’accueillir le nouveau groupe qui te tombe dessus en voyant les autres avec leur jouet. Puis rebelote…

                                  les craies : transformation (même symbolique) du milieu (comme la cabane d’ailleurs), réappropriation…

                                  Essaie aussi ça : tu fais acheter (ou récupérer : si tu es sur Toulouse, c’est tout à fait possible sur le parc des expos : à la fin d’une expo, au moment où des entreprises nettoient les lieux, on peut récupérer des tones de moquettes quasi neuve) de la moquette : installe-là quelque part dans la cour. Il te faut aussi quelque chose pour faire la couverture (un parachute…)
                                  Et tu es la maman (si tu es un garçon) ou le papa (si tu es une fille) : Allez les enfants ! Demain c’est votre premier jour d’école à la maternelle ! Il est tard, il faut dormir… totale régression (ça commence souvent avec les CP et tu finis avec les CM2 !!! si tu es un minimum “fin” pour écrouler les “interdits sociaux” qui ne permettraient pas aux dominants de la cour de jouer au bébés….)
                                  Tu leur dit que tu vas à la cuisine faire des gateaux et que tu ne veux pas entendre de bruit (évidemment pendant ton absence c’est la nouba et quand tu reviens tout le monde fait semblant de dormir, ceux qui se font piéger vont dans l’armoire aux araignées (pas de politiquement correct dans ce jeu)

                                  Tu peux ensuite devenir un des bébés (si tu as pas peur de prendre des torgnoles, parce que autant la maman que tu as été pouvait être gentille, autant les enfants sont souvent des parents ignobles : vous allez la fermer où je vous abandonne sous un pont)

                                  Puis finallement tu joues plus, (allez s’il te plaît !!! non, vous n’avez pas besoin de moi) et la moquette devient un jouet que l’on réserve comme les cordes à sauter du claé, le ballon…
                                  (à ce moment, j’aime bien regarder les enfants jouer, qui finissent par m’oublier ; ça permet aussi de protéger cette petite bulle des autres enfants, pour qui l’installation est une provocation…)

                                  Idèm en sortant la moquette et dessus deux tapis de sol en plein milieu de la cour : et là, sans rien dire à personne, tu hurles : Venez voir comment je fais trop bien le pont !!!!
                                  Et de faire un pont tout pourri … Aussitôt tu auras 50 gamins (gamines) pour te pousser et te montrer ce qu’est un joli pont, une roue ou autres bidules de gymnastes…

                                  Y’a vraiment moyen de s’amuser sur un claé en tant qu’adulte…

                                  #61575
                                  Vegeteuse
                                    @vegeteuse

                                    moilapa a écrit :
                                    Ce temps de “retour au calme” pour préparer la classe, c’est à l’instit’ que cela revient. Sur le temps de la classe et non sur celui de la récréation. Sinon cette récréation n’a plus de sens.
                                    Il y a notamment ce temps symbolique où la classe se range derrière son Maître…

                                    Pour le coup, je ne crois pas que ce soit la direction du CLAE qui est à l’origine de ce temps mais l’équipe enseignante qui trouvait les gamins trop énervés en revenant du temps de midi. Mais tout comme toi, je ne comprends pas pourquoi ils ne prennent pas 5 min de leur temps pour faire le retour au calme.

                                    En fait, pour être plus précise à terme (après les prochaines vacances) ce temps d’après repas sera géré à la fois par les enseignants (aide personnalisée) et les animateurs (temps calme). Donc en fait je pense qu’on est bien dans la co-éducation…

                                    #61576
                                    Vegeteuse
                                      @vegeteuse

                                      Aussi Moilapa ! dans ce CLAE je suis une des seules anim à proposer des activités manuelles et du coup je m’aide beaucoup (euphémisme :-)) de tes idées. Pour l’instant, j’ai proposé les carnets secrets, la fabrication de bijoux en fils de léton, les enfants ont beaucoup aimé !

                                      Par contre, ça me fait rire, mais quand je compare leurs réalisations, et celles de tes photos ou des photos de Situla… comment dire? Non, je préfère ne pas comparer 😀 (ça va pas être bon pour mon égo) Mais bon l’important c’est qu’ils sont supers contents de leur réalisation !

                                      #61577
                                      moilapa
                                        @moilapa

                                        Discutable ? Totalement incohérent tu veux dire !
                                        Cette récréation (cette coupure) est là pour permettre à l’enfant de se défouler si il en a envie, jouer avec ses copains sans être sous la coupe d’un adulte…

                                        Ce temps de “retour au calme” pour préparer la classe, c’est à l’instit’ que cela revient. Sur le temps de la classe et non sur celui de la récréation. Sinon cette récréation n’a plus de sens.
                                        Il y a notamment ce temps symbolique où la classe se range derrière son Maître…

                                        Si l’on creusait un peu pour comprendre la genèse de ces pratiques, on en arriverait sans doute à des références au coucher sur les colos, une histoire de retour au calme et autres conneries sur “une courbe” de mon cul…

                                        Mais bon, on va pas demander à des équipes d’animation du sociocul de faire dans la cohérence ou la réflexion même la plus basique…

                                        Tu ne trouveras jamais un claé où il y ait une totale cohérence… parmi les raisons, celle de ces directeurs en place depuis des années qui ont l’impression de devoir mettre en place des “choses”… quand la “formule” récréation se suffit à elle-même… S’agit-il de justifier sa présence ? Montrer à l’équipe enseignante que l’on réfléchit nous aussi ? Rompre l’ennui d’une routine ?

                                        Le claé en lui-même est une aberration. Et être animateur en claé, c’est lutter contre le claé.

                                        #61578
                                        Vegeteuse
                                          @vegeteuse

                                          moilapa a écrit :
                                          Je me demandais juste : est-ce que ta précédente expérience a changé quelque chose à ton discours et tes attentes énoncées lors du recrutement ?

                                          Salut Moilapa !

                                          Oui, elle m’aura bien servie cette expérience pour repérer lors d’un entretien ce que je ne souhaitais surtout pas retrouver. Mais mon précédent CLAE devait être un cas particulier car, de ce que j’ai perçu des fonctionnements des autres CLAE, ce n’était jamais aussi pourri.

                                          Pendant les entretiens, j’ai essayé d’expliquer où j’en étais dans ma réflexion vis à vis de l’animation, ce que je cherchais à mettre en place, comment je me positionnais avec les enfants ; j’ai aussi parlé des difficultés que j’avais eu avec certaines activités (le PRV :-D), avec la cantine, avec mon ex-responsable péda. Et puis je les ai beaucoup questionné sur leur fonctionnement… Du coup, les entretiens étaient longs (il y en a un qui a duré 3 heures!) mais au moins j’ai pu choisir le CLAE dans lequel je pensais me retrouver le plus. Mais il y a des choses que je n’ai pas vu venir quand même !

                                          Lors d’une réunion, j’ai demandé si ce n’était pas à nous, le CLAE, au contraire de nous adapter à chaque enfant? D’adapter le cadre, le lieu aux enfants pour qui justement le cadre n’a pas de légitimité.

                                          Et on t’a répondu quoi ?

                                          Ma question n’a pas été bien comprise (amis ça c’est aussi parce que moi-même je ne sais pas trop où je veux en venir parfois). Les directrices m’ont répondu à côté, comme quoi il fallait apprendre à un enfant à maitriser ses pulsions (on parlait à ce moment là des pulsions destructrices vis à vis du matériel) et qu’à force de l’empêcher de les exprimer, l’enfant finirait par ne plus en avoir.

                                          Moi, je ne pense pas que ça fonctionne ainsi. Il me semble qu’un enfant doit exprimer ses pulsions pour comprendre ce qu’elles signifient pour lui, et ça personne ne peut le faire ou savoir à sa place. Le fait de souhaiter les éradiquer est peut-être un plus pour le collectif mais c’est l’individu qui va en pâtir, un jour ou l’autre.

                                          Pendant cette discussion j’avais en tête un de tes post où tu avais relaté la mise en place expérimentale d’un lieu complètement géré par les enfants “des cités” dans les années 70, je crois. Les gamins passaient leur temps à construire puis détruire puis reconstruire et tout détruire. J’avais trouvé ça super intéressant l’idée que les enfants aiment avoir un pouvoir sur leur environnement, le détruire.

                                          Du coup, dans cette optique je voyais l’instinct de destruction “naturel” et formateur et le cadre au contraire comme un outil à policer l’individu.

                                          Sinon, si ce “cadre” te gêne, t’as qu’à l’appeler autrement : loi ? plus petit dénominateur commun sur ce qu’est le vivre ensemble ?
                                          Et dire les choses à l’équipe en posant tel qu’ici ce qui te pose problème…

                                          Pour moi, le cadre justement ce n’est pas la loi à laquelle nous sommes tous soumis. C’est un autre “truc”, que tout le monde intériorise et vit différemment, qui doit soi-disant permettre le fonctionnement de l’institution, mais surtout j’ai l’impression permet de”canaliser” les enfants.

                                          Pour ma part, ce terme ne me pose pas plus de problème que ça : sur un tableau, le cadre est ce qui permet l’oeuvre, l’échappée belle pour la création. Le cadre permet la liberté d’expression. En tout cas, je le vois ainsi.

                                          Oui, ça j’aimerais bien… mais on peut aussi le voir comme une contrainte qu’il est bon d’exploser de temps à autre. Pour expérimenter une autre œuvre.

                                          Shaaa a écrit :

                                          En PJ, un bref article où l’histoire est parcourue rapidement. Ce qui est intéressant de noter les casquettes l’initiateur. J. Guérin-Desjardins était aussi dirigeant d’une entreprise et a voulu introduire de nouvelles façons de diriger des ‘troupes’ (il était chef scout, aussi). Dans ses premiers écrits, avec son copain G. Bertier, la formation des moniteurs devaient justement former ces “cadreurs” aptes à diriger et canaliser l’activité débordante d’énergie des enfants. 😀

                                          Hello Shaaa ! Merci pour l’historique. Oui, c’est bien ce que je ressens 🙂

                                          Bref. Cette façon de “ruser” est encore présente aujourd’hui par l’intermédiaire de ce cadre qui rend éducatif un temps par la présence de règles et/ou les consignes de l’animateur. On le retrouve aussi quand il s’agit d’introduire un peu d’éducatif et d’apprentissages derrière des activités de loisirs ou du jeu…

                                          C’est tout à fait ça, derrière le cadre il y a l’idée d’éduquer l’enfant, de lui apprendre à être selon certaines normes sociales (qui ne sont pas questionnées et viennent de je ne sais où) au lieu de laisser l’enfant apprendre de lui-même qui il est, expérimenter ses pulsions et ses ressentis. Et l’animateur, en tant que représentant d’une institution, devrait au contraire aller à la rencontre de cet enfant et non faire reposer sur l’enfant tout le travail de se conformer.

                                          Les animateurs font partie du contexte mais il ne sont pas obligés de le “cadrer” de façon éducative en visant des apprentissages. On peut choisir d’autres voies…

                                          J’aimerais bien en savoir plus sur ces autres voies :-D, sur le terrain comment t’en sors-tu?

                                          (je vais lire les textes si-joint, il y a peut-être un début de réponse :-D)

                                          Sinon, ici pas de co-éducation (pas de devoirs dans cette école) mais un temps encore un peu plus “batard” que j’ai du mal à cerner (et donc avec moi certains enfants). Après le repas, il y a un temps calme qui n’est plus un temps CLAE ni un temps scolaire. C’est un temps de “retour en classe” (qui dure entre 20 et 30 min quand même) où les enfants doivent jouer mais calmement et intelligemment 😕

                                          Concrètement, ils sont arbitrairement mis avec un animateur qui leur proposera soit lecture, soit jeux de sociétés calmes (échecs, dames etc…). Je trouve ça discutable…

                                          #61686
                                          Shaaa
                                            @shaaa

                                            Aaahaah, le “cadre”… C’est un objet assez particulier. Il remonte aux débuts des premières colonies de vacances et surtout à partir des premières formations de moniteurs(-surveillants).

                                            En PJ, un bref article où l’histoire est parcourue rapidement. Ce qui est intéressant de noter les casquettes l’initiateur. J. Guérin-Desjardins était aussi dirigeant d’une entreprise et a voulu introduire de nouvelles façons de diriger des ‘troupes’ (il était chef scout, aussi). Dans ses premiers écrits, avec son copain G. Bertier, la formation des moniteurs devaient justement former ces “cadreurs” aptes à diriger et canaliser l’activité débordante d’énergie des enfants. 😀

                                            Il y a les articles de N. Palluau (historien qui a étudié l’histoire des Éclaireurs de France) et, dans le texte original, les pensées de Guérin et Bertier dans deux ouvrages de 1942 et 1943 : La colonie de vacances éducative ; l’éducation par la récréation. Dans ce dernier, un article au titre évocateur : “L’art d’influencer sans heurter”.

                                            Bref. Cette façon de “ruser” est encore présente aujourd’hui par l’intermédiaire de ce cadre qui rend éducatif un temps par la présence de règles et/ou les consignes de l’animateur. On le retrouve aussi quand il s’agit d’introduire un peu d’éducatif et d’apprentissages derrière des activités de loisirs ou du jeu…

                                            Après, moilapa, tu parles de divers “cadres”. J’aurai tendance à utiliser un autre mot au risque de la confusion. Enfants, animateurs et enseignants partagent le même contexte (bâtiments, etc.) mais ne vivent pas forcément la même situation. (Certes, on peut parler de cadre mais ça fait beaucoup de redondances…).
                                            Les animateurs font partie du contexte mais il ne sont pas obligés de le “cadrer” de façon éducative en visant des apprentissages. On peut choisir d’autres voies…

                                            PS : Pour la “coéducation” : https://archive.planetanim.fr/modules/newbb/viewtopic.php?start=0&topic_id=17035&viewmode=flat&order=ASC&type=&mode=0 😀

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