T’en as de la patience, quand même…
Tu sais que j’ai bien failli passer une journée sur ton claé ? Le jour où mes collègues ont fait grève, je devais aller sur un autre claé. Et j’aurais évidemment proposé le tien… cela aurait très rigolo… mais bon : ce jour-là, j’ai pas pu aller bosser…
Et ça se fera pas finallement : je finis vendredi…
Shaaa a écrit :
La réinterprétation n’est pas toujours heureuse quand on fait dans l’édulcoré… Du Freinet dépolitisé, c’est un peu comme un cocktail molotov sans essence. 😀
😆 Oui, c’est bien ça…
Sinon, ça y est j’ai enfin compris quel était le véritable problème avec le fait d’autoriser les jeux de ballon/foot sur ce clae. La grosse majorité des anims a peur que que les enfants se détournent de leurs activités, qu’ils ne s’intéressent à plus rien d’autres… ce qui serait faillir à notre mission d’éducation/d’ouverture de ces petits esprits.
Cependant, plusieurs anims ont semblé plutôt d’accord quand j’ai répondu que si les mômes ne venaient pas aux activités, c’étaient peut-être à nous de nous remettre en question… Et qu’autoriser les jeux de ballon n’allait pas empêcher les enfants de faire d’autres activités, si ils y trouvaient un sens.
Il a fallu du temps pour que la discussion soit possible. Mais elle l’est enfin.
Je crois que ma directrice s’est trouvée bien prise au dépourvue en comprenant que je n’allais pas obéir à toutes les règles que j’estime stupides au nom de la cohésion d’équipe. Elle me répétait bien que j’étais obligée d’obéir, que j’avais signé la charte (:roll: ), que je m’étais engagée à respecter le projet péda. Ce à quoi j’ai répondu que mon travail était animatrice auprès des mômes, d’être à l’écoute de leurs envies, de les autoriser à s’exprimer, s’affirmer, de les respecter (tout ça dans le projet péda, merci Crevette
😉 j’oublie souvent d’avoir recours à ce qui est écrit dans ce truc) ; et non pas de travailler POUR une équipe d’animateurs. Alors, elle m’a demandé si je voulais continuer à travailler ici?
Bien sur j’aime beaucoup ce travail avec les enfants… Mais quelle place autorises-tu à une animatrice qui exprime un désaccord?
“Je ne sais plus quoi te dire”.
Cool, on va enfin pouvoir commencer à vraiment parler !
La réinterprétation n’est pas toujours heureuse quand on fait dans l’édulcoré… Du Freinet dépolitisé, c’est un peu comme un cocktail molotov sans essence. 😀
situla a écrit :
ça c’est vraiment flippant
l’autre jour activité masques en tapis de sol un peu à l’arrache, un truc facile à maitriser dont les enfants se sont emparés sans problème, spécialement un petit gars de 8 ans qui expliquait aux autres et qui m’a totalement dépossédée de l’atelier, je suis restée juste pour surveiller mes poscas 😀
(contrairement à moilapa, j’ai trouvé ça trs créatif comme animation, c’était peut-être parce que je n’étais pas vraiment présente 🙄
Moi, aussi c’est le genre d’activités que j’adore 🙂
c’est quand même bizarre cette façon de procéder pour ce type d’école, pas cohérent
De plus en plus je me dis que les instits (au travers de leur “coopération” avec le clae) font une interprétation de Frenet assez loin de l’original.
Pour mes directrices, c’est terrifiant ce qu’ils apprennent dans leur formation. Car je suis pratiquement sure que c’était un discours bien appris et répété…
Si tu remets la main dessus, par ici ou par mail/MP… 🙄
crevette76 a écrit :
En effet, flippant…Sinon je serais curieuse de le voir ce projet péda ; parce que -je suppose qu’à le dire partout j’ai du déjà le dire aussi sur ce fil- il peut aussi justement servir d’argument pour démont(r)er les trucs illogiques auprès des dirlos qui argumentent autour du projet sans en réfléchir la cohérence et en le posant comme une sorte de socle de marbre inaltérable (un peu comme une pierre tombale en somme…)
et j’parie qu’il y a un chapitre sur la liberté, l’expression ou l’autonomie de l’enfant, non ? 🙄
Je l’ai pas sous les yeux mais il y a effectivement bien un truc de ce genre, et aussi un chapitre “favoriser l’estime des enfants”. L’image de la pierre tombale me parle beaucoup…
Vegeteuse a écrit :
Un jour, les directrices expliquaient à un des mes collègues que pour tenir un groupe d’enfant, il fallait être le leader, autrement les enfants prenaient la liberté d’être leader eux-mêmes (et l’activité ne pouvait plus être menée)… Que l’individu devait s’effacer dans le groupe, qu’on ne devait plus répondre aux demandes d’un individu.
ça c’est vraiment flippant
l’autre jour activité masques en tapis de sol un peu à l’arrache, un truc facile à maitriser dont les enfants se sont emparés sans problème, spécialement un petit gars de 8 ans qui expliquait aux autres et qui m’a totalement dépossédée de l’atelier, je suis restée juste pour surveiller mes poscas 😀
(contrairement à moilapa, j’ai trouvé ça trs créatif comme animation, c’était peut-être parce que je n’étais pas vraiment présente 🙄
c’est quand même bizarre cette façon de procéder pour ce type d’école, pas cohérent
édit : je’te jure j’ai pas copié , crevette , j’avais pas vu ton post
En effet, flippant…
Sinon je serais curieuse de le voir ce projet péda ; parce que -je suppose qu’à le dire partout j’ai du déjà le dire aussi sur ce fil- il peut aussi justement servir d’argument pour démont(r)er les trucs illogiques auprès des dirlos qui argumentent autour du projet sans en réfléchir la cohérence et en le posant comme une sorte de socle de marbre inaltérable (un peu comme une pierre tombale en somme…)
et j’parie qu’il y a un chapitre sur la liberté, l’expression ou l’autonomie de l’enfant, non ? 🙄
Je donne quelques nouvelles de mon Clae !
C’est toujours assez conflictuel entre mes directrices/collègues et moi ; étrangement la source du conflit est le foot (ou comment j’en suis arriver à défendre le foot alors que bon… hein, le foot bof quoi)
Depuis quelques semaines, plusieurs gamins me demandent de jouer au foot et il se trouve que cette activité est interdite sous toutes ces formes dans la cour le midi. Pendant quelques temps, les mômes avaient trouvé une faille dans la machine bien huilée qu’est notre claé, et ils ont commencé à y jouer lors d’une activité libre que j’animais dans la salle tapis. Au-delà du “foot” – s’en était finalement pas, à mon sens, car ils ne comptaient pas les points, n’avaient pas d’équipe fixe, faisaient des cascades, jouaient à la bagarre – c’était une activité très intéressante car j’ai pu y rencontrer des garçons avec qui j’avais très peu de contacts jusque là. Bon, évidemment c’est le genre d’activité qui passe mal dans un Claé.
Quand elle a découvert le truc, ma directrice m’a invectivé comme une gosse devant toute l’équipe en me reprochant mon manque de cohésion, de cohérence, que je ne respectais pas les règles décidées en commun… bla bla toujours la même rengaine (et mes collègues d’approuver… toujours triste de voir ça).
C’est quelque chose de nouveau pour moi de me retrouver dans la position de celle qui génère des conflits et qui n’est pas apprécié des autres… J’ai un peu du mal.
Bon, pour tenter de faire les choses bien j’ai demandé à ce qu’on discute tous ensemble lors d’une réunion de cette interdiction alors que les gamins sont très demandeurs (pas du foot, mais du ballon en fait) ; ce à quoi on m’a répondu “non on ne lâchera pas la dessus”.
Et depuis… bha je laisse les gamins jouer au foot, j’écoute leurs revendications, j’essaie de comprendre pourquoi c’est si important pour eux (pas bien pigée encore). Je leur ai dit que s’ils avaient des choses à dire, ils pouvaient aussi directement faire leur demande auprès des directrices, que ce serait peut-être entendu. Ce qu’ils ont fait. Les directrices ne l’ont pas bien vécu… forcément! Comment j’ai pu être assez stupide pour penser que de l’entendre de la bouche des enfants, elles percevraient quelque chose.
Au bout de leur argumentation elles m’ont renvoyé vers le projet pédagogique, chapitre cohésion d’équipe. Mais ce n’est pas une réponse ça! Faire plier tout le monde, uniformiser les différentes perceptions du métier d’animateur, de l’enfance, interdire de l’ouvrir, d’agir, de réfléchir… au nom de la cohésion d’équipe. Délire totalitaire que de penser qu’une équipe d’animateurs ne forme qu’un et n’agit que d’un seul tenant.
Un jour, les directrices expliquaient à un des mes collègues que pour tenir un groupe d’enfant, il fallait être le leader, autrement les enfants prenaient la liberté d’être leader eux-mêmes (et l’activité ne pouvait plus être menée)… Que l’individu devait s’effacer dans le groupe, qu’on ne devait plus répondre aux demandes d’un individu.
Voilà le secret d’une activité bien menée. Et de finir en disant, c’est pareil quand on anime une réunion avec des animateurs…
Flippant ces discours, hein??
(oui Moilapa, je me casse bientôt – d’ailleurs je te MP – mais pas avant d’avoir fait entrer un peu de conflit dans cette machinerie).
ben non
mais c’est quand même toi le plus proche d’elle en fait 🙄
Des nouvelles de Végéteuse ???
Ca à l’air effectivement intéressant à lire… Tu proposes quoi s’agissant de cet auteur ?
Y’a plein d’autres paradoxes dans cette animation sociocul : à commencer par celle du grand écart entre la chose prescrite et la réalité “in situ” de cette animation. Tout animateur connait cela, pour peu qu’il se soit un jour posé des questions sur son métier.
Quelque chose qui participe de ce système cinglé, c’est qu’il n’y a pas de “point de repère”, “d’échelle de comparaison”, qui permettrait dans ce milieu refermé sur lui-même de voir toute la débilité de ce Tout. A voir la remarque de je ne sais plus qui récemment (regard naïf extérieure à notre “monde) qui s’étonnait de l’énormité des écrits d’un animateur qui, pour une simple animation où il n’aurait dû s’agir que d’un temps de rencontre, essayait d’élaborer des “théories scientifiques” via des outils à la con…
C’est avant tout parce que ces personnes sont plongées dés le début dans ces “logiques” absurdes (dés la formation Bafa notamment) que tout devient possible. Cette animation sociocul, c’est du Kafka qui serait juste drôle si les enfants n’étaient pas les jouets de ces andouilles grouillantes.
Cette “exception française” qu’est l’animation sociocul…
Luc Carton a pourtant bien éclairé justement le paradoxe de l’animation. Parce que justement, il est entretenu un discours rimant avec engagement, liberté de pensée, action, solidarité (qui est en fait mensonger), ses acteurs (animateurs, directions) y croyant dur comme fer, ne remettront jamais en question les logiques libérales sous jacetes à l’évolution du temps de loisir des enfants, parce qu’ils croient vraiment qu’ils particpent d’une oeuvre utilie, émancipatrice des indivis. Et il a part ailleurs bien démontré en fait toute la fragilité des animateurs à se défendre de cette évolution. Au lieu même de s’en défaire, ils l’accèlèrent. Ils en sont les meilleurs agents (grâce aux outls de maîtrise, cmpéteces, projet, évaluation, etc…). L’anim sociocul est un vaste terrain d’expérimentation sur ces sujets là. Alors la liberté d’action et de pensée… euh. Elle existe mais elle se marginalise. D’ailleurs, je pense qu’on peut la mesurer au prorata de ceux qui continuent à voir leur métier comme politique ? La plupart des structures d’animation et des animateurs se défendront de faire de la politique, jamais, c’est le grand mal. De la culture oui, de la citoyenneté oui, des gestes écologiues oui, mais jamais ô grand jamais aborder les logiques de soumission, de domination. Même si il existe une lente prise de consicience et un regain d’intérêt vague dans les insitituions genre centre sociaux ou sinon ce sera hors institution classique.
Je pense aussi que les animateurs qui résistent existent, mais ils ne sont pas aidés franchement. Et parfois ils ne s’aident pas non plus. Pas faute à eux, mais à l’illusion entretenue d’être seul.
“D’ailleurs le management prégnant et effectivement très infantilisant propre à l’animation (la figure personnalisée du directeur est extrêmement forte, il y en a pas de pareille je crois dans d’autres métiers) rajoute à la pression sur les individus. Alors qu’au contraire il n’y a rien de plus incertain que de bosser avec d’autres personnes quand le gros du boulot repose sur cette relation justement”
Avant de travailler dans l’animation j’ai travaillé dans d’autres secteurs et dans l’animation on retrouve les mêmes reproductions des responsables quite demandent des résultats . Il me semble pourtant que justement l’animateur est plus indépendant que dans d’autres secteurs il lui reste une liberté d’action et de pensée
“Pour ce qui est de ce problème de l’intantilisation des animateurs, il est sans doute commun à bien les équipes de l’animation sociocul (sans doute la très très grande majorité ; la question est : existe t-il des équipes où cela n’est pas le cas ?“)
je pense qu’il existe de nombreux animateurs qui se posent des questions et qui luttent à leur manière contre les privations de prises d’initiative individuel au sein d’une équipe
Pour ce qui est de ce problème de l’intantilisation des animateurs, il est sans doute commun à bien les équipes de l’animation sociocul (sans doute la très très grande majorité ; la question est : existe t-il des équipes où cela n’est pas le cas ?)
Je remarque que plus cet “animateur moderne” est diplômé, moins il est en capacité de contrôler quoi que ce soit à son métier, moins il est en situation de prendre des décisions notamment. Que ce soit via le Bafa, le Beatep et autres créations plus récentes… ou même via les d’outils censés guider son travail (en premier lieu cette fameuse métodologie de projet qui devient réellement aussi néfaste que par exemple l’idée de bosser avec des thèmes) mais qui au final donnent les résultats que l’on connait : du néant intellectuel, et du vide in situ.
Quand j’observe mes collègues en ce moment, je me rends compte que c’est quand ils sont débarassés de ces objectifs, de ces projets à mener, de ces logiques de travail, qu’ils sont réellement avec les enfants : par exemple quand on attend le relais des maîtres, et qu’un tel fait tourner dans ses bras une ribanbelle de pitchous ou qu’un autre offre un échange privilégié à un groupe ou un enfant, prend le temps d’écouter, de partager, de jouer enfin…
Je trouve qu’il est très bien dit que chaque situation appartient à ceux qui l’ont vécu. Il est trop facile de dire qu’il aurait fallu faire çi ou faire cela. Il suffit de regarder ce que l’on ressent. On le sent profondément quand on doute, quand on sent qu’on a pas voulu faire comme cela, qu’on a commis une erreur.
Notre société qui est un système profondément ancré dans une mise en compétition entre les personnes y compris dans les relations sociales, y compris vis à vis des enfants, entre amis, dans la famille. Il déteste les faiblesses individuelles. Nous devons être infaillibles au travail, dans la tête, dans le couple, avec ses amis.
D’ailleurs le management prégnant et effectivement très infantilisant propre à l’animation (la figure personnalisée du directeur est extrêmement forte, il y en a pas de pareille je crois dans d’autres métiers) rajoute à la pression sur les individus. Alors qu’au contraire il n’y a rien de plus incertain que de bosser avec d’autres personnes quand le gros du boulot repose sur cette relation justement.
Le plus salutaire c’est de s’accepter tel qu’on est y compris ce qui peut nous effrayer au premier abord. Bien souvent effectivement on dénonce le fait de crier. Je ne le défends pas, mais crier est aussi l’expression d’une émotion. Primordial est l’après. Bon un enfant me sort par les yeux, il me pousse à bout, c’est légitime aussi de lui signifier d’une manière ou d’une autre qu’il nous agace.
L’important est de savoir si celui qui le réceptionne ce message a compris l’intention, a compris l’émotion, le mieux est alors d’en reparler. Mais la direction commettrait une erreur en s’imiscant trop vite dans ce qui appartient à une relation à deux personnes.
C’est l’avantage du recul, c’est qu’on a tout le temps après d’y revenir, d’y réfléchir, à condition bien sûr de le partager aussi ce ressenti ! Mais sur l’instant, on ne peut pas face à une situation sortir son bouquin de recettes, on agit, on réagit, c’est normal, on est soi…
Attention digression, Je crois que le plus inquiétant c’est la perte de confiance en soi, la perte aussi de l’habitude à agir. On est dans un métier qui nous met en rapport avec d’autres, où on nous commande entre autres de gérer ces relations, chose qui n’arrive pas, plus beaucoup dans le quotidien.
Une fois le boulot terminé, en rentrant chez soi, on va croiser 10 000 situations qui pousseraient à agir, à faire, à réagir et personne ne le fait, personne ne sait faire, au mieux l’indifférence, la peur. Et quand t’interpelle les gens, les gens fuient. Alors que la rencontre c’est génialissime. Mais ce qui est établi entre adultes, bien sûr rencontrer c’est bien, ça ne l’est pas avec les mômes. On ne les rencontre jamais.
Je réponds tard… J’ai passé quelques temps loin d’internet.
Finalement l’histoire avec le garçon avec qui j’avais eu un accrochage s’est plutôt bien terminée : on a pu en reparler, je le vois toujours assez rarement, mais quand on se croise cela se passe bien. A voir par la suite…
moilapa a écrit :
Plus on abandonne l’idée de contrôle sur les enfants, plus on se met en danger.
C’est très vrai. Au fur et à mesure de mon analyse je me rends compte que j’ai une tendance au contrôle, à la maitrise. C’est marrant parce que je ne me voyais pas du tout comme ça…
Il est bien plus facile de gérer militairement un regroupement de mômes, que d’imaginer laisser un part de choix à ces mômes.
Parce que si on est plus cet adulte-chef-maître, on est qui ? Bin, une personne, quelqu’un, un autre. Avec ses forces et ses faiblesses. On accepte alors d’être soi, d’être limité, pas fini… remis en cause !!!!!!!!
Reste alors à avoir fait comprendre à ces enfants que l’on est pas ce chef-maître-dieu (qu’ils attendent) et qu’un autre rapport est en constante construction.
Je trouve ça très bien dit aussi!
Après, sur tes états d’âmes et tes questions sur la façon dont tu as géré ce temps, je serais tenté d’y voir de l’orgueil : celui de croire, de prétendre avoir toujours le bon geste, la bonne réaction.
La question de prétendre toujours au “bon geste” ça c’est un problème qui m’est propre et qui revient régulièrement.
Comme celui du regard de l’autre, collègues, directrices…. qui me pèse continuellement.
En ce moment, je ne supporte plus l’infantilisation de la direction à l’égard des animateurs. Tout est fait pour qu’on se considère comme des mômes incapables de prendre une décision, une liberté, sans se sentir en tort de ne pas avoir demandé le consentement de l’Adulte directrice.
Plus on abandonne l’idée de contrôle sur les enfants, plus on se met en danger.
Il est bien plus facile de gérer militairement un regroupement de mômes, que d’imaginer laisser un part de choix à ces mômes.
Parce que si on est plus cet adulte-chef-maître, on est qui ? Bin, une personne, quelqu’un, un autre. Avec ses forces et ses faiblesses. On accepte alors d’être soi, d’être limité, pas fini… remis en cause !!!!!!!!
Reste alors à avoir fait comprendre à ces enfants que l’on est pas ce chef-maître-dieu (qu’ils attendent) et qu’un autre rapport est en constante construction.
Et dans cet exemple précis, cela pose alors un autre problème :
en évacuant ici de la question de l’inconscient et de l’emmergeance du fantôme de l’enfant que l’on a été dans ce type de situation très précise (et de l’égo omniprésent !!!!) : il y a sans doute autre chose à prendre en compte propre au claé : sur un gros claé comme tien, avec beaucoup de mômes, et un fonctionnement qui prend en compte à minima le choix des enfants, on peut se retrouver, plusieurs mois après être arrivé sur les lieux, encore dans la situation normale où l’enfant teste un nouvel adulte !
Parce que par exemple on va “spécialiser” ses animations et son approche de l’animation enfants : on va ainsi avoir affaire à un type d’enfants. Et un autre type d’enfant va nous être totalement étranger : simplement parce que l’on a pas eu réellement affaire à eux : que l’on a pas partagé de temps ! De jeu ! Et que du côté de l’enfant (comme de l’adulte) il y a alors une imcompréhension puisque décalage : sur ces rôles de chacun, sur, par exemple, pour l’adulte, une incompréhension : pourquoi cet enfant se comporte t-il avec moi comme avec un adulte-adversaire, alors qu’avec les autres mômes on est dans un rapport de confiance, de vécu, de plaisir partagé ?
Dans ce cas-là, la rencontre maintenant existe : c’est cet accrochage. Où tu as au moins posé certaines choses vis à vis de cet enfant et ses copains. Tu as répondu sans doute à cette question de “qui c’est cette bonne-femme” ? En quoi je devrais la respecter (lui obéir !!)
alors qu’avec d’autres enfant, la question du respect en est à une autre étape ! Où l’on a dépassé cette question de “l’obéissance”.
Après, sur tes états d’âmes et tes questions sur la façon dont tu as géré ce temps, je serais tenté d’y voir de l’orgueil : celui de croire, de prétendre avoir toujours le bon geste, la bonne réaction.
Tous ceux qui viendraient ici nous dire ce qu’il aurait fallu assuremment faire dans cette situation UNIQUE (puisque lieu unique, temps unique, protagonistes uniques) sont juste des trous du cul.
T’as merdé ? Possible… on était pas là pour en juger.
L’intéressant dans toute situation, c’est ce que l’on en fait ensuite. En quoi toute expérience va faire parti de nous (de l’animatrice que tu es ici) , de la construction de celui que l’on est. comme elle fera parti de l’expérience de ce petit.
il n’y a rien d’autre en animation : celui que l’on est et que l’on offre aux autres.
Lorsque l’on envisage l’animation sous cette angle, on arrive à amoindrir certaines scories : comme peut être encore ici la pensée du regard de ses collègues, ses supérieurs hiérarchiques…
Alors qu’il ne devrait s’agir que de l’adulte, l’enfant et les enfants témoins de la scène.
Les collègues, j’aurai tout le temps de les fracasser ensuite en réunion, si cela est nécessaire. Chaque chose en son temps.
situla a écrit :
ce qui me frappe dans tout ça, c’est qu’on parle d’insolence, de manque de respect de l’enfant envers l’adulte
un enfant qui ne se soumet pas à l’adulte, qui répond, qui argumente est qualifié systématiquement d’insolent, d’irrespectueux.
C’est vrai que le garçon m’a dit des choses assez justes…
J’ai l’impression qu’on s’est retrouvé tous les deux face à un autre qui nous faisait violence et peut-être a t-on même ressenti quelque chose de similaire? à savoir qu’un autre nous traitait comme de le merde : lui me disait “tu ne fais toujours que m’emmerder”, “je ne suis pas ton chien” et moi de lui répondre “je n’aime pas qu’on me crie dessus”(en criant 🙄 ), ” je ne suis pas ton chien non plus”…
Ce qui n’a pas arrangé les choses c’est que c’est un enfant que j’ai très peu vu depuis que je travaille ici car il ne participe qu’à des activités sportives. Du coup, on se connait très peu et on a pas pu partager des moments sympas.
la violence de l’adulte qu’elle soit verbale ou physique est un aveu d’impuissance et effectivement si on est en difficulté avec un enfant, il faut l’admettre et passer le relais.
Tout à fait d’accord, je ne me suis jamais sentie autant à côté de la plaque qu’en ayant recours aux cris.
végéteuse on est des humains, et c’est très humain de reconnaitre que tu as été en difficulté
si t’admets ta violence face à cet enfant et que lui l’entend, ça devrait pouvoir se résoudre non ?
J’espère qu’on va réussir à “s’entendre”.
Merci pour vos réponses !
crevette76 a écrit :
Pas sure de maitriser tout le contexte, mais t’as pas pu passer de relai à quelqu’un ?
(et personne n’est intervenu pour te calmer et/ou calmer le môme ?)
Non, je n’ai pas pu passer le relai car, et c’est la première fois, j’étais seule à la fois en surveillance cours (qui consiste aussi à distribuer les jouets) et en activité ping pong (je mets à disposition des plus jeunes une table de ping pong qui autrement est monopolisée par les grands). Et c’est vrai que j’ai été beaucoup sollicitée pour jouer au tennis de table comme pour m’occuper des petits problèmes de récré habituels… Je crois qu’en fait j’étais dépassée bien avant que le conflit n’éclate.
Et ce n’est que lorsqu’on s’est mis à crier tous les deux dans le couloir qu’un animateur est intervenu, mais plus pour en rajouter une couche pour le gamin que pour nous calmer…
je crois que reconnaître qu’on est faillible et s’excuser/s’expliquer auprès du môme c’est à la fois se poser en humain (voir les discussions sur l’exemplarité etc) et considérer le môme comme un humain…
C’est ce que je vais tenter de faire ce midi. Je vous dirai comment ça s’est passé.
Et aussi les raisons qui m’ont poussée “à bout” ces fois là étaient probablement au moins en partie les mêmes que celles qui avaient rendu le môme en question plus “insolent” : en gros on avait subit la collectivité
Je me rends compte que c’est souvent lorsque ne suis pas bien dans un fonctionnement/une organisation que les choses finissent mal et là, c’était le cas.