Tu te dégonfles, Végéteuse ?
Peur de tomber dans le traquenard d’un pervers ?
Qui sait…
Bon, c’est aussi pour faire chier un jeune collègue qui me parle “d’animation de consommation”, dans une “démonstration” qu’il a pour le moins du mal à dérouler…
La photo ne rend pas bien, notamment le rose qui est tout pailleté en réalité (carton), tout “mignon”.
En fait, je n’ai pas (et n’ai jamais eu) de (vrai) téléphone portable. Et ceux que je faisais avec les mômes en atelier “dataient” un peu côté look… Et parce que j’étais toujours pris de cours par cette demande.
Je me suis donc remis au goût du jour façon google images.
La partie principale est donc en plastazote. le reste c’est du carton (carton pailleté ou façon métal ou miroir), les boutons : la même matière collée sur une fine couche de plastazote et collés sur la partie principale.
Dix minutes de fabrication par jouet… (le premier avec plein de petites icones prenant 5 mn)
Je me rends compte de l’importance que ces objets ont pris chez les enfants (en parallèle de l’importance qu’ils ont pris chez les adultes). Ils symbolisent aujourd’hui un des rites magiques de passage vers cet état de grand, ce à quoi on aura droit “quand on sera grand”. Via le dieu Carrefour…
Ajouter à ça le rapport maladif que les adultes autour d’eux ont avec ces doudous modernes (que Winnicot aurait eu grand plaisir à étudier) tout en étant à peu près tous d’accord qu’avant un certain âge il est impensable que les gamins eux aient droits à ces joujous… à mon avis, la cour va être innondée de portables… j’aimerais parfois être une petite souris pour me glisser dans les classes…
J’attends avec impatience que mon petit collègue vienne essayer de m’expliquer en quoi les téléphones portables sont le diable… (il en a évidemment un tout neuf, comme tous les ados d’aujoud’hui, dans sa poche)
Je suis d’humeur taquine…
J’ai récupéré une grosse plaque plastazote (sous sa forme très dense et en grande épaisseur : si tu veux, je te prépare des tranches utilisables tout de suite par les gamins, pour par exemple la construction de meubles…)
J”en ai utilisé un bout ce soir pour faire un truc qui m’avait été demandé par des gamins avant les vacances… je mets les photos ce soir ici pour te donner une autre idée de ce que cette matière permet en atelier enfants…
Je peux passer devant ton école cette semaine : MP…
Je serai facile à reconnaître : ça fait deux semaines que je ne me suis pas rasé…
moilapa a écrit :
Cet aprèm’, je vais faire le plein de mousse (neuve, on ne peut pas faire plus neuve) et de plastazote… si ça t’intéresse, je peux te fournir…
Ah oui, je veux bien !! Tu la récupères où?
Pour ce qui est des avions qui volent réellement, en dehors de ceux en dépron très fragiles, tu trouveras sur mon site un avion à partir de carton (façon carton fin de céréales), celui avec une paille et de la pâte à modeler.
Je viens de le trouver, il a l’air vraiment simple à faire 🙂 Les autres qui ne volent pas sont chouettes aussi…
sinon : c’est étonnant que ta direction dise ne pas connaître l’équipe de mon claé : à deux pas, le même organisme…
Je crois que tu avais dit que ce Clae appartenait à une autre fédé l’année dernière, ça explique peut-être que ma directrice ne les aie pas encore rencontrés.
je tenterais bien les bestioles de Moilapa mais je crois que je vais “gaspiller” tout le matelas en entrainement)…
Pour les bestioles en mousse, ‘faut effectivement s’être pas mal entraîner avant d’envisager avec des gosses !!! (c’est quand même partir d’un bloc brut pour arriver à y créer des formes maîtrisées : soit de la sculpture), pour se rendre compte, par exemple, que l’on n’y arrive absolument pas… puis, peu à peu…
Sinon :
Sinon, j’étais en train de réfléchir à qu’est-ce que je pourrais bien faire comme activités manuelles avec les mômes. Moi étant limitée et le matos du Clae aussi Il y a surtout de la recup’ et des glands et des marrons.
Cet aprèm’, je vais faire le plein de mousse (neuve, on ne peut pas faire plus neuve) et de plastazote… si ça t’intéresse, je peux te fournir…
Sinon, d’accord avec toi, les marionnettes de Crevette sont pas mal môches (parce que pas finies notamment : habit, couleurs, visages grâves et regards méchants)
Pour ce qui est des avions qui volent réellement, en dehors de ceux en dépron très fragiles, tu trouveras sur mon site un avion à partir de carton (façon carton fin de céréales), celui avec une paille et de la pâte à modeler.
Oui j’ai vu, j’ai d’ailleurs postulé auprès d’un Clae dont tu m’avais parlé et un autre aussi qui ne doit pas être très loin de chez toi (je t’envoie un MP pour avoir ton avis tu le connais peut-être).
J’tai répondu… Sinon : oui : très très peu de chez moi !!!
Faut juste savoir qu’elle (celle où tu as postulé) est en plein une ZEP sans être reconnue zep !!! Donc, pas les avantages sur le nombre de profs, etc…
Et j’y ai bossé : bon souvenir, directeur claé efficace (si c’est toujours le même) , directrice d’école top de top, une cour d’école très très très “cosmopotite” ; ma propre violence fait que j’ai un regard et un point de vue sans doute “filtrés” : ‘faut que tu t’attendes quand même à pas mal avoir affaire à cette violence… je n’en ai que de bons souvenirs, notamment à travers l’envie incroyable de ces enfants à partager des animations : réalisations de films, etc…
Juste : une des cantinières très très très “space”… et très encombrante…
sinon : c’est étonnant que ta direction dise ne pas connaître l’équipe de mon claé : à deux pas, le même organisme…
Merci Pour les liens. Ils sont très sympas les modèles de planeurs surtout ceux qui fonctionnent avec une hélice reliée à un élastique (mais je vais commencé par plus simple :-D). C’est vrai que la deuxième marionnette me fait moins peur 🙂 elle me rappelle M.Patate (tiens j’ai faim!).
Vegeteuse a écrit :
Bon, par contre la marionnette elle m’a fait un peu peur 😀
Peut-être parce qu’elle a le nez pointu celle-là, essaie avec un nez rond, l’aura l’air plus “douce” ^^
Et puis avec le carton, je pourrais chercher des modèles d’avions à construire, je crois que ça plairait pas mal aux mômes…
planeur en modèle réduit
dont certains modèles à base de papier ou cartonette…
crevette76 a écrit :
Et sinon avec tes boites de céréales tu peux t’amuser à faire d’autres bestioles qu’en mousse, pour varier.
(bestiole initiale en bambou)aussi avec tes bouchons, si c’est des gros, tu peux faire des toupies assez simples et qui fonctionnent bien (et qu’on peut varier en les rendant sifflantes tout ça)
et pour la mousse si t’as qu’un petit matelas et peur de gacher, à ta place j’en ferais une ou deux marionnettes… assez facile et le rendu est rapidement rigolo. 🙄
Bonnes idées les toupies et la libellule ! faut que je trouve des tourillons et je pourrai m’entrainer. Bon, par contre la marionnette elle m’a fait un peu peur 😀
Mais du coup, ça m’a fait repenser aux poupées vaudou et autres petites bêbêtes à faire avec de la feutrine et de la mousse en rembourrage.
Et puis avec le carton, je pourrais chercher des modèles d’avions à construire, je crois que ça plairait pas mal aux mômes…
… en fait il y a moyen de faire pas mal de trucs 🙂
Vegeteuse a écrit :
Sinon, je tenterais bien la fusée à air comprimé de Crevette sur un autre post, en plus ça me fera utiliser mes boites de céréales.
pour la fusée j’conseille un test avant… moi j’ai pas encore pris le temps.
Et sinon avec tes boites de céréales tu peux t’amuser à faire d’autres bestioles qu’en mousse, pour varier.
(bestiole initiale en bambou)
aussi avec tes bouchons, si c’est des gros, tu peux faire des toupies assez simples et qui fonctionnent bien (et qu’on peut varier en les rendant sifflantes tout ça)
et pour la mousse si t’as qu’un petit matelas et peur de gacher, à ta place j’en ferais une ou deux marionnettes… assez facile et le rendu est rapidement rigolo. 🙄
moilapa a écrit :
Sinon, y’a des offres en ce moment pour des claé sur Toulouse (dont certains ‘faut réfléchir à deux fois avant de dire oui) et y’en aura plus lundi et mardi…
Oui j’ai vu, j’ai d’ailleurs postulé auprès d’un Clae dont tu m’avais parlé et un autre aussi qui ne doit pas être très loin de chez toi (je t’envoie un MP pour avoir ton avis 🙂 tu le connais peut-être).
Pour l’instant je n’ai pas eu de retour…
Sinon, j’étais en train de réfléchir à qu’est-ce que je pourrais bien faire comme activités manuelles avec les mômes. Moi étant limitée et le matos du Clae aussi 😀 Il y a surtout de la recup’ et des glands et des marrons.
Dans la récup il y a des bouchons de bouteille, de la laine, des bouts de tissus, des fourchettes, des planches en bois, un petit matelas en mousse (je tenterais bien les bestioles de Moilapa mais je crois que je vais “gaspiller” tout le matelas en entrainement)…
Parfois, je me demande si je ne devrais pas ouvrir la régis aux gamins et leur dire prenez ce qui vous inspire et faites ce que vous voulez ! Sinon, je tenterais bien la fusée à air comprimé de Crevette sur un autre post, en plus ça me fera utiliser mes boites de céréales.
Shaaa a écrit :
Le ‘voyage’ peut-être intéressant. Au moins pour observer d’autres façons de faire ou une homogénéité dangereuse. Ça peut aider à préparer sa fuite.
Oui, je crois que je ne pourrais pas y couper de toute façon. Donc j’irai visiter ces autres Clae en tant qu’observatrice, comme tu dis ça peut ne pas être inintéressant… Je me demande quel est “le but” de cet échange : est-ce que ces autres directeurs/trices vont essayer de me recadrer? de me former? me raisonner? ou juste me laisser évoluer librement dans les lieux?
Vegeteuse a écrit :
Shaaa, je n’arrive pas à lire ton lien.Shaaa a écrit :
Finalement, riches de cette expérience, les enfants seraient plus à même de différencier ce qui relève d’une taquinerie ou d’une vraie baston dont les enjeux ont été longuement observés par J. Delalande.Ah oui, j’avais lu ça dans son livre. Elle montrait des images d’enfants en train de se battre ou de jouer à se battre à des adultes puis à des enfants. Ces derniers arrivaient beaucoup mieux à bien faire la distinction.
Si ça se trouve, ces trois-là avaient la même amoureuse et elle aurait dit sa préférence… L’un des trois s’est fait rejeté par les deux autres…
😆 Tu es trop perspicace ! Effectivement une fille était bien à l’origine de l’histoire (mais ils me l’ont dit que bien plus tard…).
Merci Ludou pour le topo sur la pédagogie institutionnelle. Le Cahier de ralage pourrait sans trop de difficulté être utilisé en Clae, par contre le Conseil, je ne sais pas… Mais comme tu le dis si le cahier n’est pas utilisé avec sérieux et dans une organisation libre, il perd tout son intérêt.
Ce qui m’embête dans la médiation made in mon Clae, c’est l’impression qu’ils cherchent à mettre en place un outil qui marcherait pour tous les enfants dans toutes les situations.
Sinon, j’ai de nouveau eu droit à une petite réunion avec ma Directrice pour discuter de “ma situation”. Elle me trouve en difficulté avec les enfants durant les médiations (alors que moi, je me sens surtout en difficulté avec l’organisation mais bon…). Surtout, je me demande comment on peut ne pas être “en difficulté” en travaillant sur des conflits d’enfants… Difficultés à être véritablement à l’écoute des enfants, à saisir ce qui les fait souffrir, ne pas rajouter de la violence, les aider peut-être. Comment cela pourrait-il ne pas être difficile? Enfin, moi je galère…
Ma directrice me trouve aussi trop dans l’opposition voire le dénigrement de mes collègues (alors que je m’oppose surtout à la Direction et ses pratiques mais bon…). Et que je mets l’équipe en danger. Il faut donc que j’applique le cadre qui a été décidé (par la majorité) quitte a en re-débattre ensuite en réunion.
Pour m’apprendre la vie, je suis envoyé quelques jours en reconnaissance dans d’autres Clae du coin, mais merde! même pas chez Moilapa. Je lui ai demandé j’peux pas aller chez Moilapa, allez Madame S’il Te Plait? Bha non… (elle les connait pas là-bas). Et puis, elle a bien envie de me former à la médiation et de venir avec moi en activité.
Je sais qu’elle a envie de m’aider, mais si elle m’avait bien écouté elle saurait que ce n’est pas de ce genre d’aide dont j’ai besoin. Tans pis, je vais m’échapper.
Perspicace, chépa. 😀
Le ‘voyage’ peut-être intéressant. Au moins pour observer d’autres façons de faire ou une homogénéité dangereuse. Ça peut aider à préparer sa fuite.
(Le lien est en PJ.)
Salut Végéteuse…
Alors, t’en es où de tes aventures ?
De la place sur mon claé ? Ché pas : mais ils m’ont appelé aujourd’hui pour me demander si je voulais faire des heures en plus (10 h semaines) ce que j’ai refusé (‘pas que ça à faire)
A mon avis, ‘va y avoir un anim “en interne” qui sera intéressé, mais c’est-on jamais : si ils cherchent quelqu’un à la rentrée je te fais signe ! Possible aussi que parmi les toutes nouvelles animatrices certaines utilisent leur période d’essai pour fuir l’ambiance parfois violente des lieux…
Sinon, y’a des offres en ce moment pour des claé sur Toulouse (dont certains ‘faut réfléchir à deux fois avant de dire oui) et y’en aura plus lundi et mardi…
Rha ce que je t’aime Végéteuse
:cass:
Shaaa, je n’arrive pas à lire ton lien.
Shaaa a écrit :
Finalement, riches de cette expérience, les enfants seraient plus à même de différencier ce qui relève d’une taquinerie ou d’une vraie baston dont les enjeux ont été longuement observés par J. Delalande.
Ah oui, j’avais lu ça dans son livre. Elle montrait des images d’enfants en train de se battre ou de jouer à se battre à des adultes puis à des enfants. Ces derniers arrivaient beaucoup mieux à bien faire la distinction.
Si ça se trouve, ces trois-là avaient la même amoureuse et elle aurait dit sa préférence… L’un des trois s’est fait rejeté par les deux autres…
😆 Tu es trop perspicace ! Effectivement une fille était bien à l’origine de l’histoire (mais ils me l’ont dit que bien plus tard…).
Merci Ludou pour le topo sur la pédagogie institutionnelle. Le Cahier de ralage pourrait sans trop de difficulté être utilisé en Clae, par contre le Conseil, je ne sais pas… Mais comme tu le dis si le cahier n’est pas utilisé avec sérieux et dans une organisation libre, il perd tout son intérêt.
Ce qui m’embête dans la médiation made in mon Clae, c’est l’impression qu’ils cherchent à mettre en place un outil qui marcherait pour tous les enfants dans toutes les situations.
Sinon, j’ai de nouveau eu droit à une petite réunion avec ma Directrice pour discuter de “ma situation”. Elle me trouve en difficulté avec les enfants durant les médiations (alors que moi, je me sens surtout en difficulté avec l’organisation mais bon…). Surtout, je me demande comment on peut ne pas être “en difficulté” en travaillant sur des conflits d’enfants… Difficultés à être véritablement à l’écoute des enfants, à saisir ce qui les fait souffrir, ne pas rajouter de la violence, les aider peut-être. Comment cela pourrait-il ne pas être difficile? Enfin, moi je galère…
Ma directrice me trouve aussi trop dans l’opposition voire le dénigrement de mes collègues (alors que je m’oppose surtout à la Direction et ses pratiques mais bon…). Et que je mets l’équipe en danger. Il faut donc que j’applique le cadre qui a été décidé (par la majorité) quitte a en re-débattre ensuite en réunion.
Pour m’apprendre la vie, je suis envoyé quelques jours en reconnaissance dans d’autres Clae du coin, mais merde! même pas chez Moilapa. Je lui ai demandé j’peux pas aller chez Moilapa, allez Madame S’il Te Plait? Bha non… (elle les connait pas là-bas). Et puis, elle a bien envie de me former à la médiation et de venir avec moi en activité.
Je sais qu’elle a envie de m’aider, mais si elle m’avait bien écouté elle saurait que ce n’est pas de ce genre d’aide dont j’ai besoin. Tans pis, je vais m’échapper.
moilapa a écrit :
Bon, c’est quand que tu te barres et que tu viens bosser ici, hein ?
Il recherche finalement des anims dans ton Clae? Si oui, je les appelle 🙂
Salut Vegeteuse,
sur proposition (malhonnête) de quelqu’un d’ici (allez, ça lance un premier jeu, le cache-cache topic !), m’en va te donner deux ou trois idées sur la pédagogie institutionnelle. Evidemment, je vais parler d’outils, mais ces outils ne sont qu’au service d’une idée qui a été développée notamment par les frères Oury (Fernand pour le côté pédagogique, Jean pour le côté psychiatrique). On utilise certains de ces outils sur mes séjours, dont certains sont particulièrement intéressants pour ce que tu expliques ici. Notamment les cahiers de râlage et de bonheur. Ces cahiers ont bien sûr une première fonction d’expression, mais ils ne se limitent pas à ça. D’une part, le fait que ces cahiers collectifs soient à disposition en permanence et pour tous en fait un support de communication. Prenons l’exemple des conflits dont tu parles ici (et pour montrer que ces outils ne sont qu’au service d’une idée, d’une organisation). Un animateur qui assiste à un conflit violent (qui n’arrive pas à se résoudre et engendre une souffrance souvent chez tous les protagonistes) peut alors aider ces enfants (voire des adultes et enfants !) en les renvoyant vers le cahier de râlage.
En effet, on peut tout à fait écrire un message contre quelqu’un, pour lui dire (et dire à tout le groupe puisqu’il est potentiellement lu par tous) sa colère, son désarroi (parfois fort !!!!), son incompréhension*. Si l’enfant choisi ce moyen (sur le moment, mais pas forcément, il peut y avoir temporisation), il va écrire ce que peut-être il n’a pas réussi à dire. D’une part il va choisir ses mots (les insultes et menaces ne sont pas admises dans les cahiers) et découvrir ce difficile exercice de distanciation.
Il y a quelques années quand je débutais, je ne comprenais pas pourquoi on nous apprenait à prendre les 2 (ou 3, ou 4) protagonistes sur le moment pour les faire parler, discuter, et accepter (de force !!!) la réconciliation (autant dire que cette réconciliation ne vaut que pour l’adulte benêt qui y croit).
Bref, l’adulte prend très au sérieux cet outil, les enfants aussi. Les adultes peuvent également écrire des mots de bonheur et de râlage. Ces mots (notamment les coups de gueule) peuvent être repris et exposés à tous lors d’un temps de “conseil”. Cet été, ce sont les deux enfants qui préparaient le conseil qui allaient voir les auteurs des messages pour leur demander s’ils désiraient en parler au Conseil. Car évidemment, tout ne se discute pas au conseil, et un conflit personnel qui ne concerne que Marguerite et Cunégonde n’aura peut-être aucun intérêt à être déballé en public. A l’inverse, certains conflits (de territoire, de propriété, de niveau sonore…) peuvent être discutés tous ensemble et une loi être actée.
C’est en ça que la pédagogie institutionnelle l’est : le conseil (première institution) va être un moyen parmi d’autres de dépasser un problème, répondre à une question, valider une proposition individuelle.
Evidemment, il est cohérent que ces outils soient utilisés dans une organisation libre. La liberté des enfants peut s’exercer au travers de ces outils. Mais l’adulte doit être en accord avec ça, car il peut très bien être l’objet de remarques dans le cahier de râlage, il peut très bien être remis en cause pendant un Conseil (sans aller jusqu’au tribunal comme chez Korczak).
La médiation est un parcours long et jamais pareil, puisqu’à chaque fois, les circonstances, les personnes et les blessures sont différentes. Un petit bouquin pas mal fait m’avait bien aidé il y a quelques années : conflit, mettre hors-jeu la violence (éd. chronique sociale). C’est inégal (par exemple, la “pédagogie du contrat” qui me révulse), mais ça pose la question des positionnements et de la régulation de conflit institutionnalisée.
[…]Les relations entre personnes sont donc aussi importantes que ce qu’elles font entre elles. C’est pourquoi il est nécessaire d’y investir du temps
Une médiation bâclée est un rajout de violence puisque l’enfant aura l’impression de vivre une double-injustice (et en plus, il doit serrer la main de son camarade même si c’est un connard, le pauvre).
edit : ceci dit, le renvoi systématique vers les cahiers ne doit pas empêcher l’animateur de prendre le temps de discuter seul avec les enfants, de les écouter, de donner un avis si l’enfant le demande, etc… !
C’est intéressant ce jeu avec les feuilles. 🙂 Je passe sur l’animateur qui avait le cul entre deux chaises, c’est classique mais tellement beau. 😀
Pour les trois loustics, peut-être qu’avec ce vécu commun, la prochaine fois qu’ils s’embrouillent, ils n’en viendront plus aux mains… (Ils passeront au pied. :-D) Je crois qu’il est là notre rôle en assurant et soutenant le fil de leurs histoires, qu’elles puissent se continuer tranquillement en rappelant qu’il existe de multiples possibilités de changer de rôle. Ce changement ne sera jamais immédiat et il faudra espérer que l’évènement, la situation qui provoquera le déclic sera bientôt. Et ça marche aussi pour ceux qui ne se battent pas, d’ailleurs.
Effectivement, la version actuelle de la médiation est très ‘scolaire’… Il faudrait aller voir du côté de michmuch ou ludou : ils connaissent très bien les outils (dont les cahiers) des pédagogies institutionnelles et de la décision. Effectivement, la ‘verbalisation’ a un rôle important dans la conscientisation. Cela dit, ce n’est pas le seul moyen d’expression… Et les coups en sont déjà un qui démontre l’inutilité des autres espaces d’expressions, ou leur aspect ‘fermé’, ou qu’ils ne sont pas prêts à en causer…
Pour la petite histoire. Dans une petite école maternelle, des enfants jouaient à la bagarre (sans souci) mais ils impliquaient et attaquaient d’autres qui ne voulaient pas forcément jouer (un souci). Alors durant un ‘conseil’, ces enfants ont fait part de leur mécontentement et demandaient aux bagarreurs de bien vouloir jouer avec ceux qui voulaient se chauffer les tibias. L’enseignante a alors tracé une ligne au sol et demandait à ceux qui voulaient jouer de passer d’un côté. Ainsi, c’était bien matérialisé. Au fur et à mesure des semaines, les ‘bagarreurs’ se sont réduits à peau de chagrin parce que, quand même, ça fait mal pis ils ont joué à autre chose (et ça n’a pas empêché de refaire des jeux de bagarre, mais moins). 😀
Sinon, assez psychologique comme approche, mais Power & Jacob ont fait une synthèse des travaux sur les jeux de bagarre qui est assez informative :
http://psychologues-psychologie.net/colloques/posters/Jacob.pdf
L’idée étant que la frontière entre la vraie et la fausse bagarre est très mince (mais aussi variable selon les gamins). Jouer à la bagarre, c’est vivre et expériencer cette limite tenue sachant que le jeu ne perdurera que si l’Autre comprend toujours que c’est un jeu. Donc tout joueur doit réussir à faire attention à ce que l’autre pourrait recevoir… ce qui est, somme toute, assez paradoxal. 😀
Finalement, riches de cette expérience, les enfants seraient plus à même de différencier ce qui relève d’une taquinerie ou d’une vraie baston dont les enjeux ont été longuement observés par J. Delalande. À côté des bagarres, ou des provocations entre filles et garçons, il y a aussi des questions de leadership et de respect de certains nombres de règles tacites entre les gamins.
Si ça se trouve, ces trois-là avaient la même amoureuse et elle aurait dit sa préférence… L’un des trois s’est fait rejeté par les deux autres… Enfin bref, maintenant, ils sont passés à autre chose. Il nous reste à suivre les histoires des gamins pour mieux comprendre ce qu’il se joue entre eux mais aussi dans leurs rapports à l’institution et aux adultes. Un carnet et un crayon, c’est bien. 😀
Trop bien cette histoire de bagarres de feuilles… Sur la cours ici aussi y’a plein de feuilles (de platanes) où que les enfants s’enfouissent pour jouer… Le vent les regroupe dans un coin de la cour sur des épaisseurs pas possible (là je parle des feuilles, pas des gosses)
quand je fais le tour de la cour pour voir si il reste des CP ou CE1 qui ont pas mangé, je vais y faire un tour des fois que…
Il m’arrive d’avoir envie d’y plonger, mais comme je suis pas sûr qu’il y ait pas quelqu’un dessous…
Je suis persuadé qui il y a des équipes de merde sur des claé de merde qui doivent empêcher les gamins de jouer avec ces feuilles…
Bon, c’est quand que tu te barres et que tu viens bosser ici, hein ?
Shaaa a écrit :
Ton “dans l’immédiat” n’est pas écrit au hasard, j’imagine ?
Non, car comme tu le dis bien, je ne sais absolument pas quel impact (s’il y a en a un) je peux avoir sur les enfants. Ce n’est pas quelque chose de visible, de mesurable…
Les rares outils qui me semblent prendre en compte ces éléments sont ceux de la pédagogie institutionnelle qui ouvrent des espaces de médiation.
Je ne connais pas la pédagogie institutionnelle.
Peut-être que dans mon Clae ils s’en inspirent car la gestion des conflits entre enfants s’appelle aussi “médiation”. Ici, c’est un outil qu-on-est-libre-de-l’utiliser-comme-on-veut, enfin, du moment qu’on suit bien le protocole : poser un cadre ferme, assoir les enfants, être entre eux deux, ils ne doivent pas bouger, on doit les “faire” verbaliser etc…
Trop rigide, trop réducteur, trop intrusif, trop directif pour moi et, il me semble, pour les enfants. Mais peut-être que j’ai tort?
Pis, pour certains psychologues, le dépassement de la violence passe par les jeux de bagarres. Là aussi, j’ai pas rencontré beaucoup d’endroits où c’était “jouable” (et aucun claé).
moilapa a écrit :
Ce qui ne répond en rien à la question de la violence… sauf que : sans parler de “sublimation” : ces petits groupes ici et là qui jouent où aux chevaliers, ou aux princesses ou à je ne sais quoi, ils construisent avec énergie ! Ils ont “matière” à exprimer ! est-ce que dans ce “faux semblant” du jeu, ce qui devient un jeu n’aurait pas été vu et ressenti comme une violence hors le jeu ? Est-ce que cet “état de jeu” ne va pas permettre plus facilement à un enfant agressif d’accepter la parole de l’autre enfant (joueur)
Ce que vous dites me fait penser à une anecdote : depuis le début de l’année, il y a trois CM2 qui n’arrêtent pas de se bagarrer, anciens copains, ils ne se supportent plus. La semaine dernière, il y avait des feuilles mortes partout dans la cour et un des mes collègues à laissé les enfants (au passage : il était très mal à l’aise et il avait peur que la direction lui reproche d’avoir laissé faire…) faire une grande bataille de feuilles : ils l’ont appelés “la guerre”.
A ce moment là, j’étais à l’intérieur mais j’ai trouvé ça super, je crois que c’est la première fois que je voyais un grand jeu apparaitre spontanément entre tous les enfants. Forcément ils ont adoré, ils n’arrêtaient pas d’en parler !
Une fois à la cantine, je remarque que les trois CM2 mangent ensemble. En fait, ils se sont tellement amusés ensemble pendant “la guerre” qu’ils ont décidés de se reparler.
Peut-être qu’il y a eu dépassement/sublimation de leur conflit grâce à ce jeu de guerre qui à la fois leur a permis de s’amuser ensemble et de permettre l’expression d’une violence moins acceptable en dehors du jeu?
Et je pense que l’animateur était à 2 doigts de ne pas laisser cette liberté aux enfants de peur que tout dérape, que la violence s’exprime trop, que les enfants ne soient plus cadrer.
et surtout : qu’en sera t-il quand ces aventures finiront ? Que restera t-il de cette idée que quand je sors dans la cour, je sais que je vais y vivre des aventures avec les autres enfants ?
Qu’est-ce que, une fois l’adulte absent (parti) , les enfants feront de ce temps ?
Est-ce qu’il t’es arrivé de retourner sur un CLAE quelque temps après pour voir ce qu’il en était?
Je me demande si le fait que tu ne restes jamais longtemps dans un même Clae n’est pas mal vécu par les enfants? Tu leur offres des activités qu’ils adorent, une liberté d’expression et Pouf! tu t’en vas.
Et surtout : s’agissant d’observation de la violence : n’a t-on pas facilité à d’abord voir cette violence exprimée par les enfants dans la cour, quand tout est violence autour des enfants dans cette situation d’école ?
Si, j’en suis sure. Si les enfants sont violents c’est parce-qu’ils répondent à une violence qui leur est faite.
Végéteuse : je t’ai répondu en mp s’agissant des claé de Toulouse…
S’agissant de la violence, je m’étais dit que sur une école où l’on réunit plus de 300 mômes, cela serait quelque chose de très présent…
Or, si l’on tient compte justement de cette “promiscuité de masse” , de ce que cette école est une très vieille école en mauvais état, qu’il y a des gros “flottements” dans les équipes d’adultes encadrants… on peut se dire que cette violence est incroyablement peu présente, si l’on compare à ce que serait cette même situation avec des adultes (le plus prôche à comparer étant la prison où les hôpitaux psychiatriques)
Alors, certes, s’agissant des petits, j’ai introduit un “dérèglement” qui “fausse le jeu” , gêne l’expression de cette violence nécessaire : le fait que la moitié de la cour soit entièrement partie prenante d’un jeu (voir tous pour les déguisements) fait que l’on est trop occupé à jouer pour se battre. Ce qui ne répond en rien à la question de la violence… sauf que : sans parler de “sublimation” : ces petits groupes ici et là qui jouent où aux chevaliers, ou aux princesses ou à je ne sais quoi, ils construisent avec énergie ! Ils ont “matière” à exprimer ! E est-ce que dans ce “faux semblant” du jeu, ce qui devient un jeu n’aurait pas été vu et ressenti comme une violence hors le jeu ? Est-ce que cet “état de jeu” ne va pas permettre plus facilement à un enfant agressif d’accepter la parole de l’autre enfant (joueur) : là, le bénéfice à accepter ces règes, il est très simple à voir : le plaisir du jeu (quand je comprends qu’un enfant se pose la question de l’intérêt de respecter des règles s’agissant d’école, de contrôle adulte)
A un moment, je me suis assis au milieu de la cour et j’ai regardé toutes ces ombres colorées : autant de personnes sur un même lieu et aucune nécessité de bagarre…
Aors j’y reviens : ça ne résout rien, d’accord.
Mais si, parmi ces enfants violents, il y en avait qui exprimaient cette violence parce qu’ils n’acceptaient pas le vivre ensemble, parce qu’ils n’ont juste jamais fait l’expérience de ce qu’ils ont à gagner (et à perdre) du vivre ensemble ? Qu’en est-il quand ces aventures se succèdent, chaque midi, que chaque sortie de classe est une surprise, un moment où un grand nombre d’enfants jouent ensemble ?
et surtout : qu’en sera t-il quand ces aventures finiront ? Que restera t-il de cette idée que quand je sors dans la cour, je sais que je vais y vivre des aventures avec les autres enfants ?
Qu’est-ce que, une fois l’adulte absent (parti) , les enfants feront de ce temps ?
Et surtout : s’agissant d’observation de la violence : n’a t-on pas facilité à d’abord voir cette violence exprimée par les enfants dans la cour, quand tout est violence autour des enfants dans cette situation d’école ?