Merci pour vos éclaircissements !
Chloé ton petit roman m’a énormément apporté et je t’en remercie ! J’aimerais tellement en apprendre plus (et oui je suis très curieuse). Je pense avoir tous les conseils nécessaires pour réussir le séjour au mois d’août (du moins j’espere). Sans indiscrétion, quelle a été ta plus grande difficulté et ta plus grand réussite ( ou tes plus grandes réussites) aupès de ce public ? Je suis une personne qui se remet très souvent en question donc je pense pouvoir me remettre en question si la situation n’est pas favorable ni pour l’enfant ni pour moi (du moins c’est ce que j’pense mais j’peux me tromper…).
Zewdiwang merci de m’avoir fait partager cet extrait, je pense lire l’ouvrage très prochainement car son point de vue m’intéresse beaucoup et malheureusement dans notre société actuelle, les points de vue de personnes handicapés sont trop souvent cachés voire même indésirables (mot très fort mais c’est presque ça…).
Merci pour votre partage et votre aide !
Je ne veux pas paraitre agressive ou débile (au choix) mais je n’ai pas compris l’intérêt de l’intervention zewdiwang…
Tu peux m’expliquer stp?
les conseils de Aimee Mullins, nee sans jambes maintenant adulte
Aimee Mullins nee sans os fibulaire et amputee des jambes
transcript en francais a droite de la page
Extrait
J’aimerais partager avec vous une découverte que j’ai faite il y a quelques mois pendant que j’écrivais un article pour Wired Italie.
J’ai toujours mon dictionnaire des synonymes sous la main quand j’écris, mais j’avais déjà fini de réviser l’article et j’ai réalisé que je n’avais jamais, dans ma vie, regardé le mot “handicapé” pour voir ce que je trouverais.
Laissez-moi vous lire l’entrée.
“Handicapé”, adjectif : “infirme, impotent, inutile, accidenté, en panne, mutilé, blessé, abîmé, boiteux, estropiéusé, épuisé, affaibli, impuissant, castré, paralysé, handicapé sénile, décrépit, sur le flanc, retapé, fichu, claqué fissuré, éliminé; voir aussi blessé, inutile et faible.
Antonymes : en bonne santé, fort, capable”.
Je lisais cette liste à haute voix à un ami et au début je riais, c’était tellement grotesque, mais j’ai juste, j’avais juste passé “mutilé”, et ma voix s’est brisée, et j’ai dû m’arrêter pour me resaisir du choc émotionnel et de l’impact que l’agression de ces mots déclenchaient.
(…) Je veux dire, d’après cette entrée, il semblerait que je sois née dans un monde qui percevrait les gens comme moi comme n’ayant absolument rien pour eux, alors qu’en fait, aujourd’hui, je suis célébrée pour les opportunités et les aventures que ma vie m’a apportée.
(…)
Donc, ce n’est pas juste une histoire de mots.C’est ce que nous pensons des gens quand nous les nommons avec ces mots. Ce sont les valeurs derrière les mots, et comment nous construisons ces valeurs. Notre langue influence notre pensée et notre manière de voir le monde et de voir les autres. En fait, beaucoup de sociétés antiques, dont les Grecs et les Romains, croyaient que prononcer une malédiction oralement était très puissant, car dire la chose à haute voix la faisait exister. Alors, quelle réalité voulons-nous faire exister, une personne qui est limitée, ou une personne qui a des capacités ? En faisant nonchalamment quelque chose d’aussi simple que nommer une personne, un enfant, nous pourrions bien étouffer et assombrir leur pouvoir.Est-ce que nous ne voulons pas plutôt leur ouvrir des portes ?
Une de ces personnes, qui m’a ouvert des portes, fut mon pédiatre et Dr. P portait toujours des noeuds papillon très colorés et avait le plus parfait tempérament pour travailler avec des enfants.
J’ai presque tout adoré du temps que j’ai passé dans cet hôpital, à l’exception de mes sessions de kinésithérapie. Je devais faire ce qui me semblait une interminable répétition d’exercicesavec ces gros élastiques – de différentes couleurs – vous savez, pour aider à construire les muscles de mes jambes. Et je détestais ces élastiques plus que tout. Je les détestais, je les insultais. Je les haïssais. Et vous savez, je négociais déjà, à cinq ans, avec Dr P pour essayer de ne plus faire ces exercices, évidemment sans succès. Et un jour il est venu à ma séance – des séances épuisantes et sans pitié — et il m’a dit “Wahou. Aimee, tu es vraiment une petite fille forte, et puissante, je crois que tu vas casser un de ces élastiques. Quand tu le casseras, je te donnerai cent dollars.”
Bien sûr, c’était juste un stratagème de la part de Dr P♪ pour me faire faire ces exercices que je ne voulais pas faire dans la perspective de devenir la fille de 5 ans la plus riche de l’étage, mais ce qu’il a vraiment fait pour moi, ça a été de transformer un affreux événement quotidien en une expérience nouvelle et prometteuse.
***Et je me demande aujourd’hui, dans quelle mesure sa vision, et le fait qu’il m’ait déclaré une petite fille forte et puissante, ont dessiné ma propre vision de moi-même***
loin dans le futur, comme une personne par nature forte, puissante et athlétique.
(…) Cette année on célébrait le 200e anniversaire de Charles Darwin, et c’était il y a 150 ans, quand il écrivait sur l’évolution, que Darwin a illustré, je pense, une vérité sur le caractère humain. Pour paraphraser, ce n’est pas le plus fort de l’espèce qui survit, ni le plus intelligent, c’est celui qui est le plus capable de s’adapter au changement.(…)
Voyez, tout ce qu’il vous faut c’est une personnequi vous montre l’épiphanie de votre propre puissance, et vous êtes partie.
(…)Alors, je pense que la seule véritable infirmité c’est un esprit écrasé, un esprit qui est écrasé n’a pas d’espoir. Il ne voit pas la beauté. Il n’a plus notre curiosité naturelle, enfantine et notre capacité innée à imaginer. Si à la place, on peut soutenir un esprit humain pour qu’il garde espoir,qu’il voit la beauté en lui-même et dans les autres,qu’il soit curieux et imaginatif, alors nous utilisons notre pouvoir à bon escient. [/color]
Quand un esprit a ces qualités, nous sommes capables de créer de nouvelles réalités et de nouvelles façons d’être.
J’aimerais vous laisser avec un poème d’un poète persan du quatorzième siècle, appelé Hafiz dont m’a parlé mon ami Jacques Dembois. Et le poème s’appelle “Le dieu qui ne connaît que quatre mots.” “Chaque enfant a connu Dieu, pas le Dieu des noms, pas le dieu des “ne fais pas”, mais le Dieu qui ne connaît que quatre mots et les répète sans cesse, qui dit: “Viens danser avec moi”Viens danser avec moi.
Je rejoins Albatros dans la notion de différence. Selon les handicaps de chacun, tu ne peux pas réagir de la même manière. Exemple: tu ne peux pas demander à un enfant hyperactif ou un autiste de rester sur place et de t’obéir aveuglement… Tous les anims qui aiment imposer leur autorité bêtement aux enfants (handis ou non) se font très vite remettre à leur place avec ce genre de public 😆 Mais tu verras que très rapidement, les enfants sauront de faire comprendre sincèrement ce qui est possible ou pas. Même s’ils ne savent pas parler!
C’est normal d’avoir des craintes, le handicap est peu connu en France, voire un tabou alors ça fait peur.
Mais c’est le public avec lequel je préfère travailler. Car c’est très simple. Il n’y a pas de faux semblant. Tu pourras toujours comprendre ce qui se passe, et comprendre ce qu’ils ressentent, même pour ceux qui ne parlent pas (je l’ai déjà dit, non?).
L’âge importe très peu. La relation anim/enfant se fera facilement si tu n’abuses pas de ton statut, comme pour tous les publics.
Il faut te dire que tu ne seras jamais seule. C’est un poste où le travail en équipe est encore plus essentiel (si c’est possible) qu’avec les autres publics dans le domaine de l’animation volontaire.
Ne te mets jamais en situation d’échec. Tu le vivrais mal, certes mais l’enfant en face de toi également. Tu ne te sens pas capable de gérer une crise, une situation ou je ne sais pas quoi encore? Et ben, c’est pas grave! Tu n’as rien à prouver à personne et puis tu aggraverais probablement la situation.
Donc fais appel au reste de ton équipe et/ou à ton directeur si besoin.
Après, rien de particulier. Les activités, c’est comme pour tout le monde. Les handis restent des humains avant tout. C’est bête dit comme ça et je sais que tu n’es pas intolérante, ce n’est pas le souci. Mais on fait un tel chambardement de ce public…….
Ce qui me pose question, c’est le manque profond de formations adaptés dans le domaine de l’animation volontaire à l’intention des handis. En sachant que généralement, les conditions de travail sont encore pires qu’avec les autres publics (incroyable mais vrai….)
Le rythme… euh, tu sais, ils dorment comme tout le monde 😛
Non sincèrement, pour ce genre de séjours, généralement, les handicaps sont moyennement lourds (je ne dis pas que c’est facile, je dis que c’est possible). Sinon, c’est un comportement irresponsable de la part des organisateurs et du directeur. Tout est censé être fait pour que vous ne soyez pas en situation d’échec car il n’y a rien de pire pour le bien-être de l’enfant! Et puis, en colo, le rythme est toujours soutenu mais encore une fois, tu n’es pas toute seule. N’hésite pas à confier la moindre de tes difficultés lors des réus d’équipe, tout le monde sait que les anims sont mis à rude épreuve avec ce genre de publics, notamment dans le ressenti! Je sais que tout le monde te comprendra donc pas de crainte de se taper la honte, ou de ne pas être à la hauteur. Car ce n’est pas la question.
A la hauteur… C’est comme partout dans l’animation, si tu n’es pas capable d’être à l’écoute des enfants, tu vas te faire lyncher. Mais je suis sûre que ce ne sera pas un souci!
Enjoy et reviens nous dire…
Et si tu veux travailler dans ce domaine sur de l’accueil de loisirs, il y a la fédé Loisirs Pluriel que personnellement je trouve chouette (et qui forment ses anims!!!)
Edit: je trouve qu’avec les handis, tu ne peux pas être fausse… tu es obligé d’être sincère avec tes qualités et tes défauts. Il n’y a pas de recette miracle mais la communication n’est pas que verbale et chaque enfant saura te faire comprendre s’il a besoin de toi ou pas…
J’ai l’impression de devenir mystique dans mon discours donc :jesors:
Re-édit: je viens de voir ton post…
Tu n’es pas éducatrice spécialisée et la majorité de ces séjours est construit justement pour permettre de sortir les enfants de leur milieu médicalisé.
Tu ne connais pas leur handicap. Les enfants ne sont pas déterminés par leur handicap. Ils ont une personnalité. Tu auras peut-être 4 autistes (et qui ont de fait des symptômes spécifiques à leur handicap) mais ils sont tous les 4 différents donc tu ne pourras pas réagir de la même manière avec eux.
C’est comme dans un accueil classique. C’est pas parce qu’ils ont tous 4 ans (et donc des caractéristiques spécifiques à leur âge: manque d’autonomie etc) qu’ils sont tous pareils!
S’il y en a un qui est malheureux tout au long du séjour… C’est qu’il y a quelque chose qu’il veut exprimer mais que vous n’arrivez pas à comprendre…
Ca m’est arrivé sur mon premier séjour handi, un jeune qui ne parlait pas… Et nous n’étions pas à son écoute. Il a probablement dû passer un mauvais séjour. Je m’en veux mais
nous étions une équipe qui manquait cruellement d’expérience et de formation(pas que dans le milieu handi, je parle dans l’animation en règle générale. Disons-le autrement: on était des anims de merde et on ne savait même pas pourquoi on était anims). La preuve, nous avons cru ce jeune inadapté aux séjours que nous proposions sous prétexte qu’il ne parlait pas. Aujourd’hui, je pense que c’est surtout nous qui étions inadaptés car incapables de comprendre ce qu’il voulait nous exprimer.
Prends le temps d’être seul avec l’enfant malheureux si besoin, le temps qu’il faut pour que tu COMPRENNES ce qui ne va pas. Comme pour les publics classiques encore une fois. Certes, ça peut prendre plus de temps mais ça viendra.
Autre exemple: un enfant autiste que nous accueillons sur le centre de Loisirs Pluriel. Il sait parler et est scolarisé à l’école classique. Période de Noël, on fabrique plein de petits cadeaux pour qu’ils puissent les donner à ceux qu’ils veulent. Il (il s’appelle Andrew) est arrivé grognon car il avait perdu le cadeau qu’il avait fabriqué à l’école pour sa mère. J’ai beau lui proposer d’en fabriquer un autre, de commencer à le faire, de discuter avec lui, de lui dire que ça arrive et qu’on peut recommencer le même… le laisser tranquille, chanter… j’ai tout essayé pendant environ une heure et demi (c’est long!)…
La directrice a fini par lui dire que “très bien, comme tu veux, on te laisse tranquille mais si tu veux Chloé peut prendre le temps de refabriquer le cadeau pour ta mère (chose que je lui avais proposé une demi-heure plus tôt)…”
Et là, déclic. Andrew va mieux et passe une meilleure journée. Pourtant, c’est une solution que j’ai déjà proposé. On l’a laissé seul aussi comme il voulait… bref, on a tout essayé. Andrew voulait juste qu’on s’occupe de lui et quand il s’est rendu compte DE LUI-MEME que ça ne servait à rien, il a arrêté. Et c’est devenu par la suite un jeune avec qui je me suis toujours super bien entendu alors qu’auparavant, j’avais quelques difficultés relationnelles avec lui (motifs? Je n’en sais rien)
Bref, tout ça pour dire deux choses:
1) prenons le temps d’essayer de comprendre!
2) si on a compris mais que ça ne change rien, c’est que le jeune ne VEUT pas que ça aille mieux… Pourquoi? Si on sait, tant mieux, ça aidera. Si on ne sait pas, on ne peut qu’attendre et faire comprendre que nous sommes là pour eux. C’est notre travail…
Waw, j’ai écrit un roman! Désolée.
Petite question avant de partir: quand tu dis
Mais je veux à tout prix partir car c’est une expérience que je veux vraiment vivre !
pourquoi?
Merci pour tous tes conseils !
Et y’a une chose qui m’effraie aussi, c’est que je ne connais pas les différents handicaps des enfants…
J’ai vu qu’il y avait un forum sur le public handicapé (comme je suis nouvelle j’avais pas remarqué). Je vais aller y jeter un p’tit coup d’oeil
Mais est-ce que ça arrive qu’un enfant se sente malheureux tout au long du séjour ? C’est ma plus grande crainte car je souhaite qu’ils se sentent bien et s’amusent
amandine30
J’ai peur de ne pas être à la hauteur.
J’ai 19 ans donc je serais proche en âge des plus grands…
J’ai peur de ne pas tenir le rythme (de nuit, etc).
J’ai peur que les activités ne leur plaisent pas.Mais je veux à tout prix partir car c’est une expérience que je veux vraiment vivre !
Je me demande comment ça se passe, etc.
Tu as raison d’avoir des craintes, les enfants présentant des handicaps forment un public avec qui ce n’est pas simple.
Ca reste facile néamoins, mais complexe. Facile car pas besoin de prouesses physiques ou intellectuelles, complexe car bcp de choses différentes à faire.
1 chose importante: Ne pas vouloir faire de différence, c’est nier sa différence et donc nier sa personnalité. Quand on a trop le souci de trop traiter ces enfants comme les autres, on néglige le fait qu’ils sont différents.
Comme les autres enfants, ils ne sont pas livrés avec un mode d’emploi extrinsèque. Le mode d’emploi est à l’intérieur, alors, il faut prendre le temps de déchiffer les langages, les signes: Un enfant qui sourit ou rit est rarement en colère, un enfant qui gémit ou pleure est rarement heureux.
Tu peux commencer par échanger des p’tits signes, leur prendre leur main, leur sourire, poser ton regard sur le leur, etc. Et le temps fera le reste.
Al
J’ai peur de ne pas être à la hauteur.
J’ai 19 ans donc je serais proche en âge des plus grands…
J’ai peur de ne pas tenir le rythme (de nuit, etc).
J’ai peur que les activités ne leur plaisent pas.
Mais je veux à tout prix partir car c’est une expérience que je veux vraiment vivre !
Je me demande comment ça se passe, etc.
PS : Je vais travailler pour l’APAJH.
Bonjour Amandine,
Quelles sont tes questions exactement? Parce que je ne me vois pas te raconter toutes mes expériences auprès des enfants handicapés 😀
Quelles sont tes appréhensions?
La Bretagne, c’est déjà un chouette coin et y a plein de choses à faire (bon, je ne suis pas très objective vu que c’est ma région natale, je te l’accorde 😆 )
Euh… voilà, je ne peux pas plus t’aider que ça pour le moment. Mais enjoy, tu vas t’éclater, je n’en doute pas une seconde!
Tu trouveras peut-être deux trois fils sur le forum concernant le public handi mais comme tu n’es pas très claire dans tes attentes, il est difficile de t’orienter.
Avec quel organisme tu pars?
Bonjour à tous !
Cet été, je pars trois semaines en Bretagne en tant qu’animatrice pour des enfants handicapés de 8 à 17 ans.
Je n’ai jamais eu l’occasion de travailler auprès d’enfants handicapés (mais j’ai mon approfondissement enfants porteurs de handicap) et j’ai hâte de partager cette expérience exceptionnelle auprès d’eux.
Mais il est vrai que j’appréhende un peu (normal non ? rires ). J’aimerais beaucoup lire vos expériences auprès d’enfants handicapés, partager vos bons moments passés avec eux.