Une enfance sans temps mort

3 sujets de 1 à 3 (sur un total de 3)
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  • #64334
    crevette76
    Administrateur
      @crevette76

      merci du partage (non j’suis pas un robot spammeur :-D)

      Et ça ramÚne évidemment à -entre autre- ce fil : A-t-on le droit de ne rien faire en centre de vacances ?

      Et effectivement la possibilitĂ© de ne rien faire peut ĂȘtre vĂ©cue par l’adulte encadrant et/ou observant (bienveillant mĂȘme) comme un non sens, une perte de temps…
      Je suis dans un cadre un peu particulier, mais proposer un crĂ©neau “farniente” ou “vide” aux enfants comme aux familles au vv serait perçu par la plupart des gens comme un souci et non pas une possibilitĂ©… et la plupart des familles suivent quasi Ă  la virgule prĂšs les propositions qui leur sont faites, tant pour les enfants que pour les adultes, mĂȘme si une bonne partie d’entre elles pourraient ne pas ĂȘtre faites et/ou ĂȘtre faites Ă  un autre moment que celui que je propose.

      #16328
      Shaaa
        @shaaa
        #64336
        Shaaa
          @shaaa

          http://www.scienceshumaines.com/une-enfance-sans-temps-mort_fr_21209.html

          Article par Dominique Glasman de la rubrique « L’enfant du 21Ăšme siĂšcle » des Grands Dossiers N° 8 – Septembre – octobre – novembre 2007 : L’enfant du 21Ăšme siĂšcle

          Une enfance sans temps mort

          Travail scolaire, cours particuliers, musique, sport, anglais, arts plastiques
 À l’image de celle des adultes, la semaine des enfants est bien souvent surchargĂ©e. Que se cache-t-il derriĂšre ces emplois du temps plĂ©thoriques ? Des modes de vie certes, mais aussi des craintes face aux exigences des sociĂ©tĂ©s contemporaines


          1 338 heures annuelles de classe pour un Ă©colier en 1894, contre 888 heures aujourd’hui : ce constat, tirĂ© d’une analyse de Roger Sue et Yves Rondel (1), met Ă  mal « le discours ordinaire qui prĂ©tend que les enfants sont de plus en plus pris par l’école, n’ont plus de temps pour eux ». Sur un an en effet, le temps libre recouvre environ 80 % du temps de veille d’un Ă©colier et 70 % de celui d’un collĂ©gien.
          Il convient cependant de nuancer ces affirmations. À la journĂ©e d’école par exemple, il faut ajouter les temps consacrĂ©s aux transports, aux devoirs et aux leçons, sans compter parfois les cours particuliers qui s’ajoutent Ă  ceux de l’école, les sĂ©ances d’orthophonie, etc. L’ombre portĂ©e de l’école s’étend aussi parfois sur des activitĂ©s culturelles ou de loisir censĂ©es avoir des retombĂ©es favorables sur les performances scolaires ou sur le « sens » qu’elles sont en mesure de donner aux apprentissages accomplis Ă  l’école ; ce qui n’est d’ailleurs pas faux.
          Enfin, les enjeux scolaires s’étant considĂ©rablement alourdis, l’enfant ou l’adolescent Ă©tant trĂšs tĂŽt confrontĂ© Ă  des verdicts scolaires qui engagent son avenir, la densitĂ© du travail scolaire et la tension qu’il suscite sont plus fortes aujourd’hui qu’hier. Bref, mĂȘme si le temps des enfants et des adolescents est loin d’ĂȘtre dĂ©vorĂ© par l’école, celle-ci reste trĂšs prĂ©sente et pesante dans leur vie quotidienne mĂȘme quand ils en sont sortis et Ă  distance. MĂȘme s’ils ne l’aiment pas, elle est de fait au cƓur de leur existence quotidienne. « Le temps scolaire dĂ©borde largement sur le temps non scolaire », pour reprendre le propos de Gilles Pronovost (2).

          Des mercredis surchargés !

          En fait, les enfants sont soumis Ă  une double pression : trĂšs fortement incitĂ©s par leur famille Ă  rĂ©ussir Ă  l’école (« Pense Ă  ton avenir ! Le monde est de plus en plus dur ! »), il leur est aussi demandĂ© de s’épanouir, de dĂ©velopper leur autonomie. Ces attentes et les moyens d’y faire face varient selon leur milieu social. La conciliation de ces deux injonctions Ă  la rĂ©ussite scolaire et Ă  l’épanouissement individuel pourrait bien aussi ĂȘtre au principe du succĂšs remportĂ© par des entreprises de cours particuliers ou de « soutien scolaire ». Elles affichent une volontĂ© d’attention Ă  chaque Ă©lĂšve dans son individualitĂ©, alors mĂȘme que leur objectif premier est de permettre Ă  leurs clients l’accĂšs Ă  des filiĂšres ou des classes convoitĂ©es dans une compĂ©tition scolaire ardente. Cette demande double que les classes moyennes, en particulier, adressent Ă  l’école, ces entreprises dĂ©clarent y rĂ©pondre (3).
          Mais lorsque l’enfant n’est pas Ă  l’école, que fait-il ? Interviennent ici diverses variables : sexe, milieu social d’appartenance, ressources financiĂšres et culturelles, ampleur de l’espace des possibles (l’accessible et le pensable), mais aussi zone rurale ou urbaine de rĂ©sidence, taille de la commune et corrĂ©lativement diversitĂ© des offres proposĂ©es par le secteur privĂ© ou les structures associatives et publiques. Selon des enseignants exerçant dans les quartiers de milieux aisĂ©s, la journĂ©e la plus Ă©prouvante pour leurs Ă©lĂšves est souvent
 le mercredi, oĂč, Ă  partir de 7 ou 8 ans, se rĂ©partissent 4 Ă  5 activitĂ©s en plus du travail scolaire. C’est une journĂ©e au cours de laquelle ils semblent ne pas avoir un moment Ă  eux.

          RĂȘver, jouer, ne rien faire


          C’est Ă©videmment moins le cas dans les quartiers populaires ; mais quand les enfants ou les adolescents y sont pris en charge par des structures collectives (maison de l’enfance, centre de loisirs sans hĂ©bergement, etc.), la tendance est Ă  l’organisation d’activitĂ©s multiples, leur permettant de goĂ»ter Ă  diverses pratiques culturelles, ludiques, sportives, qui ne leur sont pas accessibles dans leur milieu familial
 Épanouir, Ă©largir les horizons, rĂ©tablir une certaine justice sociale dans l’accĂšs aux loisirs, avec la conviction largement partagĂ©e que ces activitĂ©s sont porteuses d’apprentissages utiles pour la rĂ©ussite, sont autant de bonnes raisons – rationnelles et raisonnables – qui se conjuguent pour pousser Ă  ouvrir largement l’éventail des offres.
          En sorte que, ce faisant, et quel que soit leur milieu social, les enfants ou les adolescents semblent disposer de moins de temps qu’ils n’en disposaient naguĂšre pour ne rien faire. Qu’appelle-t-on ici « ne rien faire » ? D’une part ne rien faire de « concret » aux yeux des adultes, et, en particulier, rĂȘver, ou s’ennuyer, ou encore jouer Ă  des jeux que l’on invente, apparemment Ă©chevelĂ©s et dĂ©pourvus de rĂšgles ; d’autre part, faire des choses qui ne sont pas organisĂ©es, prĂ©vues, rĂ©gulĂ©es par des adultes, autrement dit, jouer ou s’occuper « librement ».

          Défense de perdre son temps !

          Pourtant, les psychologues ont bien montrĂ© la fĂ©conditĂ© de ce temps « vide » pour aider un enfant Ă  grandir. Le rĂȘve permet de prendre le temps d’élaborer son dĂ©sir et de symboliser. L’ennui lui-mĂȘme permet de dĂ©couvrir peu Ă  peu son dĂ©sir personnel, et pas seulement le dĂ©sir des adultes sur lui ; ce qui fait problĂšme, c’est l’ennui permanent, rĂ©current, dans la mesure oĂč il est le symptĂŽme d’un mal-ĂȘtre ou d’une trop grande absence de stimulation. Le jeu, notamment celui consistant Ă  « faire semblant », permet de se reprĂ©senter, d’élaborer, de s’approprier des situations, en mĂȘme temps que de mettre de la distance avec ce qui est ; il permet d’articuler le dedans et le dehors, moi et l’autre ; et, surtout quand les adultes en sont exclus et n’y comprennent rien, le jeu dĂ©veloppe chez l’enfant sa capacitĂ© Ă  appartenir, en particulier Ă  son groupe d’ñge. Jouer en se donnant ses propres rĂšgles, jouer en modifiant voire en subvertissant au besoin les rĂšgles d’un jeu canonique (par exemple jouer au foot en se donnant le droit d’utiliser les mains), inventer des rĂšgles ou moduler au grĂ© du groupe et selon ses procĂ©dures les rĂšgles d’un jeu existant, c’est faire l’expĂ©rience sociale des rĂšgles, de leur nĂ©cessitĂ©, et de leur construction. C’est une expĂ©rience distincte, mais riche elle aussi, de celle consistant Ă  jouer selon les rĂšgles consacrĂ©es et homologuĂ©es. Comme est nĂ©cessaire le temps consacrĂ© Ă  jouer Ă  pas grand-chose, Ă  papoter, Ă  parloter, Ă  rire ensemble de tout et de rien : le dĂ©veloppement psychomoteur et relationnel est ici Ă  l’Ɠuvre. Certes, cette offre plĂ©thorique d’activitĂ©s offertes aux enfants a sans doute pour principe le souhait des nombreux parents qui travaillent de faire Ă©chapper les enfants et les adolescents Ă  l’emprise de la tĂ©lĂ©vision ou de la « Playstation », ces nouvelles baby-sitters de masse de notre modernitĂ©.
          Il n’empĂȘche qu’on observe une rĂ©ticence Ă  envisager un temps pour ne rien faire. Cette rĂ©ticence pourrait bien reposer sur l’idĂ©e que ne rien faire c’est perdre son temps, un temps prĂ©cieux qui serait beaucoup mieux utilisĂ© Ă  d’autres choses !
          Mais tout se passe aussi comme s’il y avait une crainte face Ă  une inoccupation considĂ©rĂ©e comme pĂ©rilleuse, dans la mesure oĂč l’enfant n’a pas encore intĂ©grĂ© des normes de comportement et d’autocontrĂŽle. Du coup, la question devient celle des conditions dans lesquelles enfants ou adolescents vivent le temps non meublĂ© par des adultes. Pourquoi semble-t-il si difficile d’imaginer des activitĂ©s « libres », certes cadrĂ©es mais non organisĂ©es par les adultes, qui se dĂ©rouleraient sous leur surveillance et leur responsabilitĂ© mais sans qu’ils y soient impliquĂ©s ?
          Laisser les enfants et les adolescents s’occuper seuls gĂ©nĂšre souvent un sentiment de culpabilitĂ©, de se dĂ©rober Ă  ses responsabilitĂ©s Ă©ducatrices : les animateurs par exemple, ont le sentiment d’ĂȘtre payĂ©s Ă  ne rien faire, de ne pas mettre en Ɠuvre les compĂ©tences qui sont les leurs, alors mĂȘme que ce qu’ils ont Ă  proposer peut ĂȘtre de qualitĂ©, et de ne pas rĂ©pondre Ă  l’attente des parents

          Pourtant, quand les enfants s’activent Ă  ne rien faire qui soit organisĂ© par les adultes, ceux-ci peuvent ĂȘtre prĂ©sents, comme contenants, sans intervenir pour autant dans le rĂȘve, le jeu, l’interaction ; ce qui ne revient pas Ă  ĂȘtre passif : l’adulte maintient un cadre, il observe, il assure la sĂ©curitĂ© et la vigilance, il protĂšge, avec les modulations nĂ©cessaires selon l’ñge des enfants ou des adolescents. Autrement dit, quand les enfants et les adolescents « ne font rien », l’adulte peut tout de mĂȘme ĂȘtre en activitĂ©.

          NOTES

          (1) R. Sue et Y. Rondel, « Rythmes de vie et Ă©ducation », Éducation et Modes de vie. Les Cahiers millĂ©naires, n° 24, juillet 2001.
          (2) G. Pronovost, Sociologie du temps, De Boeck, 1996.
          (3) D. Glasman et G. Collonges, Cours particuliers et construction sociale de la scolarité, CNDP/FAS, 1994.

          Succombant Ă  la tyrannie de la vitesse, dans un monde qui ne cesse de s’accĂ©lĂšrer (cf. les livres de Hartmut Rosa), que penser des sĂ©jours qui se font toujours plus loin pour un temps toujours plus court ? Des programmations Ă  outrance, des activitĂ©s en abondance ? Quelle organisation pour les ACM ?

          Quel rapport au temps dans le loisir des enfants ?

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