Une nouvelle box plus tard, je viens finir ma phrase :
Sinon, les petits carrés de moquette : c’est à partir d’une idée de Crevette :
je les ai utilisés sur une épreuve de grands jeux : les enfants devaient, pieds nus ou en chaussettes,
traverser le labyrinthe de moquettes et lino, sans passer par les lino : yeux fermés, juste au toucher à partir
des pieds : épreuve en autonomie : dés qu’ils étaient passés, les enfants venaient me voir sur une autre épreuve
pour me dire qu’ils avaient réussi.
Pour aller à la cantine, il y a un long couloir extérieur : les animateurs passent leur temps à crier après les mômes pour qu’ils ne courent pas : plutôt que de gueuler, j’ai installé :
des petits carrés de moquettes : c’est un parcours où il faut pas marcher sur les rouges…
Autre jeu mis dans le passage :
des cerceaux juste accrochés à une ficelle : là, il faut traverser sans être touché…
Toujours dans cette idée, je me suis lancé dans la construction d’un labyrinthe avec des “murs” transparents : façon fête foraine…. en photo quand j’aurais fini…
Sinon, les petits carrés de moquette : c’est à partir d’une éidée de Crevette que
punaise jamais vu de cours de récré aussi grande (et avec de l’herbe et des vrais arbres qu’ont pas les pieds dans le bitume !) que dans tes posts… rien que ça ça fait rêver
quand j’étais gamine y’avait la cour et le préau, point. Et les écoles que j’ai vues ensuite bah c’était a peu de choses près la même configuration.
Y’a que dans ton coin qu’il y a ça ou alors chui trop vieille pour avoir pû en bénéficier petite ?
Le fait de grimper dans les arbres n’est pas quelque chose d’anodin : dans les idées mises en avant dans le post où je parle des terrains d’aventures (notamment de la nécessité pour que les enfants investissent un lieu qu’ils puissent agir dessus, le transformer) il y a cette idée d’utiliser les lieux : par exemple pour construire une cabane classique. Ou une cabane dans les arbres (j’en parlerais plus loin à propos du grand jeu)
Toujours dans cette idée de pouvoir s’approprier l’espace , certains enfants en “activité libre” adorent creuser :
Une autre idée toute simple dans cette même idée : j’ai sortie un midi une boîte de craies; Et j’en ai donné à 4 enfants. Qui ont commencé a dessiné sur la cour. Puis d’autres sont venus, arrêtant alors ce qu’ils étaient en train de faire, puis d’autres, d’autres encore. Finallement, TOUS les enfants sont venus demander une craie pour laisser une trace d’eux sur le sol :
Il n’y avait plus besoin d’animteur ce jour-là (certains anim’ d’ailleurs ont eux aussi récupérer des craies…)
Il n’y a là rien de spectaculaire : on a pas besoin de mettre en place des animations complexes pour quelles aient du sens, pour qu’elles touchent un maximum (ici tous !!!) d’enfants)
Et pour rebondir sur un autre post : Les motiver ??? a quoi ? Il suffit juste de savoir que l’enfant à ce besoin de pouvoir modififier son environnement, même très partiellement. De sentir que c’est le moment pour… il n’y a rien d’autre à faire : soixante dix gamins qui créent, inventent, s’expriment, s’accapare un coin de récré pour en faire son territoire, ou faire des dessins entre copains…
Encore une autre idée toute bête que j’avais évoqué un peu plus haut et que je n’avais pu mettre en place (comme la cabane dans l’arbre d’ailleurs) : le sable rapporté de la plage cet été :
et déposé dans un coin de la cours. C’est tout.
Et des enfants qui jouent entre eux, creusent, construisent, détruisent…
Il ne s’agit même pas durant ce temps de récréation de s’évader de cette école, de la pression scolaire, les notes, les parents, les maîtresses… mais de faire de cette espace école un lieu où l’on fait autre chose que de subir, d’être écolier.
et à raison de 2 ou 3 idées par jour, sur une année, il y a de quoi faire pour un animateur.
parce que déposer du sable dans un coin, cela suffit à se trravaille d’animateur. On peut jouer avec les enfants à faire un château, mais l’on peut aussi partir dans un autre coin de l’école et inventer avec les enfants autre chose en parallèle…
encore une fois, cette cours de récréation, cette récréation, est une page blanche pour l’animateur et les enfants. Pas grand chose n’y est impossible quand il s’agit de s’amuser, de faire de l’aventure, d’expérimenter entre copains….
Nouveau claé, comme chaque année…
D’abord la cour de récréation (qui à elle seule explique beaucoup de choses, a une influence sur la sérénité de ces récréations et la violence (ou son absence), les possibilités en animation…)
(ça vous donne une idée de ce que je dis sur le post de ces enfants qui sont entre eux sans adulte durant la récré)
Pour une fois l’architecte ne s’est pas foutu des enfants : ce que vous voyez, c’est une petite partie de l’espace.
Au loin on devine une partie de l’école, avec le préau…. Les enfants qu’on devine en tout petit sur la droite sont “en bas”, dans la partie herbe. La cour de récréation continue vers le haut : là on se rapproche :
La cour continue aussi sur la gauche :
La partie herbe et la partie goudronnée sont séparées par une pente :
Et tout ça, ce n’est que le devant de l’école : y a autant d’espace derrière, notamment la cantine, l’ancienne école dont toutes les salles appartiennent au claé, . Il y a aussi sur la gauche un grand gymnase, deux préfabriqués réservées au cp-CE1 du claé, une deuxième cour (de la taille d’une cour de récré “classique”) en haut avec un autre préau… et encore de l’espace herbe un peu partout.
Alors qu’il ya quand même pas mal d’enfants sur cette école, quand on prend une photo par exemple d’enfants qui se sont inscrits en atelier libre pour se retrouver entre eux, sans adulte sur le dos, on a l’impression qu’ils sont seuls au monde :
La partie que je préfère, et où je fais bon nombre de mes animations, c’est un coin avec des arbres, un petit côté “bois” en pleine récréation :
pieds nus bien entendus pour ceux qui veulent, y compris en bas dans l’herbe, quand j’ai fait le jeu avec la moquette (que c’était le seul camp de toute la cour) et où qu’il fallait pas sa faire choper par David-le chat, quand y avait telle musique passé sur la sono-ordinateur gérée par deux petites filles comme lles le voulaient (une musique pour être atrappée, une qui délivre tout le monde (passée un peu trop souvent à mon goût) et les autres où rien ne se passe : en fait, on danse, on court, on roule dans l’herbe… sauf qu’il faut quand même pas trop s’éloigner de la moquette : la musqieu peu changer à tout moment.
Petit coin “bois” dans lequel on joue par exemple à monter dans les arbres :
Bon, on va pouvoir écumer les 6000 posts de moilapa, faire un découpage/montage (et nettoyage de quelques grossièretés) et on devrait pouvoir en tirer un bouquin, non ? 😀
Chui d’accord moilapa sur ces idées en tête d’animations que tu peux avoir. Sauf que dans ce que tu décris, j’y lis plusieurs éléments que je ne retrouve pas ou peu chez les autres :
– une certaine conception de l’enfance et de l’animation,
– des capacités à observer ce qui se joue entre les enfants et dans les groupes,
– une mise à disposition de matos et d’aménagements plus qu’une proposition de faire telle ou telle activité avec ce et uniquement ce matos,
Et le super bonus :
– une réflexion sur ce qui se passe dans ma tête quand j’agis en tant qu’animateur et plus précisément quand je débarque auprès d’un groupe d’enfants.
Du coup, dans les faits, tu n’actives pas les mêmes schèmes cognitifs (je m’entraîne à parler scientifique :-D) que d’autres animateurs en face d’une même situation. D’une part, tu n’auras pas la même lecture de la “réalité” (via d’autres conceptions) et tu ne vas pas l’appréhender de la même façon.
D’autre part, si tu devais arriver à un même résultat (par exemple : jouer au foot), tu ne seras pas passé par le même chemin entre celui qui a proposé entre 14 et 16h l’activité foot ou toi qui va sortir un ou des ballons voire aller jouer avec quelques uns qui va faire que d’autres vont venir pendant on-ne-sait-combien de temps.
Qui plus est, être en capacité de se regarder animer c’est-à-dire s’observer entrain de recuellir les éléments de la situation, guider l’association d’idées qui nous viennent, évaluer la prise de risques, contrôler la part de doute, gouverner la décision et passer à l’acte… On est sur de la métacognition (c’est beau, hein ?! :-D). Dit autrement, de l’expertise.
Maintenant, tu vas former à ça, (steuplaît) et tu reviens me dire comment ça c’est passé parce que j’arrive pas à tout faire ! :thx:
Moi, quand je serai grande, je serai vétérinaire.
Ou à la cantine : j’aime pas les légumes”.
Ou “moi ce que j’aime, c’est être avec mes copines”…
Ou : chez mon papy, j’ai droit de monter aux arbres. aussi haut que je veux.
A Noël, j’ai pas eu de zhu-zhu pet.
– Pourquoi ?
– Ché pas.
Tous ces enfants nous disent des choses ! Nous donnent des directions pour imaginer ensuite ces animations !
Il ne faut pas attendre, si l’on pense qu’effectivement les activités doivent surgir de la confrontation avec les enfants, s’attendre à ce que l’enfant dise : Cet après-midi, je voudrais que…
Parce que dans ce cas-là, on aura le poule-renard-vipère ou autre activité qui va venir en tête des enfants, parce que c’est ce qu’ils connaissent, parce que c’est ce qu’ils pensent que doivent être des animations au centre Machin.
– Foot !! Ouais !!!
– Alors fin du conseil d’enfants ! Et allons jouer au foot !
“Moi ce que j’aime, c’est être avec mes copines”.
Voilà un enfant qui nous dit quelque chose.
Encore faut-il comprendre que c’est là qu’il faut creuser… après peu importe la voie choisie (une tente au milieu de la cour, des temps entre-enfants…) Encore faut-il être à l’écoute au moment où cela surgit. Surtout quand il ne s’agit pas de mot !
Si l’on part de cette idée toute simple de foutre la paix aux enfants (si simple s’agissant animation et pourtant visiblement si difficile à rendre réelle) : alors ce n’est plus que “tout bonus” pour un anim’ qui aime son métier d’animateur !!!! : viendront à lui, s’agissant de primaires, des enfants qui auront envie de ce partage avec l’adulte : que ce soit jute du temps ou du jeu sous quelque forme que ce soit (parce que les activités que l’ont met en place, durant ce temps de loisirs, cela devrait pratiquement toujours être du jeu : quelqu’en soit la forme : même quand on fait des activités manuelles. Même quand on fait de la danse. La préparation d’un spectacle. D’une pièce de théâtre… quand on dessine…)
C’est tout bonus quand on met en place quelque chose et que des enfants pas intéressés à priori au moment de la proposition, viennent pour ce qu’il s’y passe sur cette activité, pour les rires, le plaisir que l’on comprend en voyant la place de chaque joueur dans l’animation…
Ce n’est pas par un outil magique que l’on arrivera à entendre (atteindre) les enfants. A faire que ces activités soient en partie le reflet de ce que sont ces enfants. Pas par des réunions formelles ou seule la voix de certains porteront, parce que plus habile à prendre la parole en groupe, parce que…
– J’aimerais faire du foot.
– Et moi des perles.
Est-ce de ça dont on a besoin ?
Ou la capacité de traduire des “mots du quotidien” en temps partagés ?
N’est-ce pas plutôt ça l’animation enfants en accueil de loisirs ?
Shaaa :
Ne vaudrait-il pas mieux, contre cette tentation aussi obsessionnelle que vaine, préférer former à traiter l’imprévu, voire l’inconnu ?”
Totalement d’accord… mais pour en revenir à ce que disait le vieux un peu plus haut : Ce n’est pas pour autant qu’il ne m’arrive pas de ne pas prévoir quelque chose. Non pas par crainte que “rien ne vienne” un jour… j’ai suffisamment confiance dans ma maîtrise du métier et dans la capacité des enfants a créer du jeu spontané, à partir de rien, comme dans cette salle d’attente du docteur… mais parce que je peux aussi avoir envie d’amener quelque chose que je sais en parfaite adéquation avec le public (parce que j’ai appris à les connaître) Que je puisse avoir envie de leur faire plaisir, par exemple en les surprenant en installant un parc accrobranche dans leur cour de récréation, qui apparaît comme par magie entre deux récrés…
Mais surtout : même si j’ai mis une énergie incroyable à installer, à penser cette surprise… je suis prêt aussi à commencer une demi-heure plus tard parce que essayer de rattrapper ma feuille d’appel chiper par un garnement est à ce moment précis plus important : que ce jeu où je fais semblant d’être en colère, où les enfants font semblant de… est ce qui doit être à ce moment.
Ce que par exemple les anim’ ne vont pas comprendre à ce moment.
Parce que j’ai vécu avec ce groupe, parce que j’ai partagé, co-créer des temps partagés, je sais ce que peut attendre le groupe. Ou un seul enfant : je peux proposer une activité en ne pensant qu’à un enfant bien précis. C’est cette confiance dans le groupe qui fera le reste au niveau de l’engouement du groupe ensuite…
Parce que le groupe peut comprendre ça d’ailleurs : il faut faire confiance en l’intelligence du groupe, sa capacité à comprendre sans avoir décrypter comme le ferait un adulte observateur.
Ces 3 gamines qui s’ennuient, c’est l’exemple encore de cette connerie “penser projet”. Cette idée de mettre en place avant d’avoir rencontré, avant la confrontation, de planifier. Et surtout l’incapacité à comprendre que ce que l’on a préparé est en partie (ou totalement) hors-sujet. Que cet “inprévu” (qui là n’en était pas un) doit amener au moins des “réajustements”.
Il s’agit à chaque fois en fait de protéger les animateurs de leurs lacunes :
Quand on organise un lieu selon des tranches d’âge, ce n’est pas par soucis de respect “du rythme de l’enfant”. Certainement pas : sinon on laisserait tout bonnement l’enfant aller faire ce qu’il veut, ce qu’il ressent, ce qui correpond à ce qu’il attend. quit à lui laisser à tout moment le droit de “réajuster” en changeant de groupe, d’activités, d’adultes…
Non : il s’agit de défendre les animateurs dans leur incapacité à mettre en place des activités qui tiennent compte par exemple de ce que les différences d’âges offrent des sensibilités, des envies, des approches différentes.
Mais dans cet exemple des 3 filles, on voit que cela ne les protège pas entièrement : dans une même tranche d’âge, il peut y avoir évidemment des envies diamétralement opposées : entre les garçons de dix ans qui voient dans ce relais (façon super-héros) une occasion de briller, de montrer combien ils courent vite … pour ces filles, c’est juste une lamentable connerie.
Si pour des “petits” qui n’ont pas cette conscience que leur avis ait le moindre intérêt, pour des plus grands, être un “animateur classique” est plus difficile, va moins de soi.
C’est le même problème encore dans ces “impositions” d’animations (ces choix ne sont en rien des choix !!!) pensées avant la rencontre avec les enfants : là aussi parce que les animateurs seraient bien incapables de “traduire” des mots ou des non dits d’enfants en animations concrètes.
Il est bien plus facile de faire une grille d’activités en réunion avant le séjour, pour le mois entier si il faut, que de mettre entre les mains des enfants ce pouvoir sur leur propre temps de loisirs. Et d’alors se retrouver face à cet inconnu qu’est le libre-arbitre des enfants à décider de quoi sera fait leurs vacances, leurs temps de loisirs.
Autant pour moi, Crevette… je n’avais pas compris…
S’agissant de ce “qu’il en reste pour les animateurs” : je ne peux augurer ce que sera la réflexion de l’équipe, des individus-animateurs…
Du point de vue de ces animateurs : j’ai juste proposer une manière de faire, d’appréhender cette animation, ce rapport aux enfants, ce souci de la place du choix de l’enfant… je ne peux pas dire ce qu’ils en feront.
D’autant plus que je ne fais pas énormément d’effort de “transmission” au sein d’une équipe, que je me concentre sur cette écoute, cette compréhension de ces rencontres avec des enfants. Que quand je prends en compte l’équipe dans mes animations, c’est parce que j’y ai avantage bien souvent…
Sans aucun doute que mon action les a mis en difficulté. En plusieurs occasions. Ne serait-ce que quand on propose quelque chose et que l’on a personne… Que cet attachement que l’on a pu avoir pour tel enfant-individu, au moment où cet enfant se détourne de ses activités (et non de la personne) peut être difficilement resenti, notamment par de jeunes animateurs, “à cause de cet animateur arrivé”… Est-ce qu’ils vont pour autant essayer certaines choses vis à vis de leur façon de penser ce rapport aux enfants ? L’animation ?
Je n’en sais rien.
Toujours est-il que la direction voyait avec crainte la gestion de certains groupes d’enfants “après”…
que les petites phrases assassines vont venir çi et là…
Mais ces remises en question (parce qu’elles vont arriver : les enfants ne vont pas se contenter d’un retour en arrière : plusieurs enfants n’ont parlé régulièrement de cet “après” , et de l’avant… la comparaison qu’on fait les enfants est cruelle pour les animateurs… Même si j’ai tenté de “tempérer les choses”… n’en reste pas moins ce fait : on ne fait pas le même métier. avec les mêmes armes. Les mêmes capacités) sont intéressantes.
Forcément que les enfants comparent les adultes. Les mettent en compétiton. Eux où leurs propositions, leur façon d’être, d’écouter. On ne peut leur donner une réalité d’autonomie dans leurs loisirs, dans LEUR récréation, et leur reprendre ensuite, sans que cela pose problème. Surtout avec certains de ces enfants dit “difficiles”, ceux qui ont trouvé le plus de “places” dans “mes temps”…
De toute façon, ces remises en question (ces claques dans la gueule sans doute ici) sont intéressantes : elles sont mêmes primordiales dans notre métier.
Dans un système “classique” de production d’animation, chaque choix de l’enfant est ressenti comme une mise en compétition des adultes. Et moins l’adulte a de recul sur son métier d’animateur, plus il encaisse.
crevette76 a écrit :
Sinon effectivement “le projet de ne pas avoir de projet” c’est un truc qui peut être nécessaire, et posé par écrit et organisé… parce que pour certains c’est “naturel” et les “mises en danger” que ça pose pour l’animateur sont connues, réfléchies et du coup osées, mais pour d’autres sans ce cadre (qui comporte des outils), trop compliqué de résumer cela à une histoire d’attitude globale, d’ “être avec les mômes”, de “vivre l’animation”…en particulier quand il s’agit non pas d’un animateur isolé mais d’une équipe
en particulier quand on sait comment sont form(at)és les jeunes anims entre l’école et les autres cadres de référence
Cette posture particulière de l’animateur a largement été décrite et formalisée par quelques auteurs. Mais effectivement, on ne raisonne plus en termes de techniques d’activités ou de programmation et de planification maximum des tâches à accomplir. Il s’agit de vivre avec les imprévus (plus ou moins) prévisibles d’un groupe d’enfants en vacances. En résumant en quelques mots, il s’agit de permettre un cadre relationnel qui permettent à chacun de vivre un temps de loisir.
Or les métiers de la relation ont tout un tas de difficultés à faire valoir leurs actions (et leurs salaires) car on ne perçoit (ou palpe) pas le(s) résultat(s). Du coup… il y a eu une tendance à produire. Et oui, nous faisons des choses avec vos gamins. Au travers de mon atelier perle, je fais de “l’éducation à la citoyenneté” ou j’éduque à l’autonomie. 😀
Tout prévoir de A à Z, de 8h30 à 19h, n’amène pas la même chose. Et c’est là où il y a une deuxième difficulté qui dépasse les animateurs et les équipes, c’est l’organisation de la structure (et ses institutions).
Ce formatage… il est, je crois, renforcé de part les formations BAFA (et suivantes) et les formateurs en plus de ce que tu cites. Une citation lue aujourd’hui d’un excellent article : “dans les métiers de l’humain, on peut douter de la possibilité de réduire l’imprévu par une planification totale. Ne vaudrait-il pas mieux, contre cette tentation aussi obsessionnelle que vaine, préférer former à traiter l’imprévu, voire l’inconnu ?” (Perrenoud).
Et dans le cas de l’animation et du fameux projet, on peut en rajouter une couche avec les travaux de Boutinet qui a remarqué l’acharnement projectif dont font preuve les métiers éducatifs. J’y vois pour ma part une tendance obsessionnelle (pour reprendre les mêmes mots) à tout vouloir contrôler des activités enfantines.
Est-ce ça le loisir ou les vacances ? Les derniers exemples de moilapa sont flagrants. Et pour ma part, ça ne m’étonne pas qu’il y ait des enfants dits difficiles vu les situations dans lesquelles on les place. Et c’est plus que comique (risible ?) de vouloir former des animateurs en charge de les animer.
Bref.
bé oui, je parlais de mise en danger pour l’anim/le dirlo/l’adulte… c’est pas donné à tout le monde de ne pas passer par la case “je suis l’adulte j’ai le pouvoir” (pour faire vite) et de laisser poindre une vulnérabilité pourtant humaine.
histoire d’ego
histoire de forma-tion/tage
histoire de “S”écurité
histoire de commande de la hierarchie aussi…
Sinon ce qui m’interroge un peu dans tes apparitions sur ces claé, c’est ce qu’en tirent ou pas les anims… parce qu’effectivement j’imagine bien que c’est pas forcément simple à vivre pour eux, en fonction des habitudes en place, de leur recul, de leur perception des choses, de l’enrobage autour ou pas.
Comment se passe le “après” ?
T’as des news des équipes ?
Le danger premier de ces enfants, c’est de se retrouver dans ces “centres de loisirs” minables. D’avoir affaire à des gens médiocres. Et de croire que la médiocrité est la norme.
Sinon, non ce n’est pas la même équipe. Et le directeur n’est pas le même. Une animatrice “en commun”.
Le problème est celui de la façon dont on pense ces accueils (et même pas le problème de ces anim’ : de toute façon ils feront de tout temps ce qu’on leur dira de faire, malheureusement, sans se poser des questions sur le bien fondé d’une organisation, de logiques, de pratiques…)
Il n’y a pas plus de risque à ce que ces gardiens de cours d’école aient un oeil sur la plaine herbeuse où jouent les enfants que dans “l’animation football” de l’un de ces “animateurs”.
Et le risque de toute façon est une bonne chose : par exemple, peut-on espérer que cette idée stupide de garder tous les mômes autour d’une table durant leurs vacances, va créer des tentions, va créer l’émergeance “d’enfants difficiles”…
Juste pour bien piger : les animateurs de l’accueil de loisirs “vacances” c’est pas les mêmes que pour le périsco ?
Sinon effectivement “le projet de ne pas avoir de projet” c’est un truc qui peut être nécessaire, et posé par écrit et organisé… parce que pour certains c’est “naturel” et les “mises en danger” que ça pose pour l’animateur sont connues, réfléchies et du coup osées, mais pour d’autres sans ce cadre (qui comporte des outils), trop compliqué de résumer cela à une histoire d’attitude globale, d’ “être avec les mômes”, de “vivre l’animation”…
en particulier quand il s’agit non pas d’un animateur isolé mais d’une équipe
en particulier quand on sait comment sont form(at)és les jeunes anims entre l’école et les autres cadres de référence
C’est marrant comment ceux qui prétendre défendre cette idée de projet s’efforcent de voir du projet là où il n’y en a pas… et de vouloir absoument faire dire à ceux qui n’ont pas pensé “projets” leurs actions, qu’ils ne savent pas ce qu’ils disent : mais bien entendu que tu as pensé projet ! Je sais mieux que toi ce que tu as mis en place, comment, dans quelle optique !!! Allons !
Alors disons “oui, ça peut faire partie d’un projet : le projet de ne pas avoir de projet”.
Sinon je me rappelle quelle activité j’ai fait le jour qui me manquait dans mes retours ci-dessus : grimpage dans les arbres.
encore une fois partie de “pas grand chose” en apparence…
Et c’est étonnant comment une “action” aussi simpliste puisse autant créer de l’anthousiasme dans la cour de récré…
Sous les yeux réprobateurs de mes collègues, d’ailleurs. Encore une fois, ‘pas le temps “in situ”, quand on est dans l’action, d’expliquer, de former les animateurs… tant pis : c’est que je devais faire ce jour-là, à ce moment-là, c’est ce que j’ai fait.
Mon action porte sur les enfants, et non sur les adultes. Une partie de ces actions doivent se faire contre les adultes.
Sinon, hier, je suis retourné sur l’école récupérer mon matériel. J’ai donc traversé les cours, quelques salles… le temps de voir une partie du fonctionnement du centre de loisirs pour ces vacances. Ces passages sont extrèmement intéressants.
Même très limités dans le temps, ils me permettent d’ajouter à mes observations, mon expérience des systèmes mises en place, de ce que sont les animateurs, leurs réflexions, leurs limites…
1) visiblement ils ont choisi un thème : les super-héros (tiens-tiens : y’aurait-il un rapport avec la posteuse de vendredi ?)
Déjà, on peut se poser la question du choix de ce thème vis à vis d’une partie du public (ce à quoi mon observation va en partie répondre)
2) on est l’après-midi, il fait bon, ce sont les vacances… et tous les enfants sont à l’intérieur !!!! Avec 5 groupes dans différentes salles !!!!
Voilà donc ce que sont les vacances pour ces enfants qui sont au centre de loisirs dans les locaux de leur école !!!! Sur 3 des groupes vus, la même configuration : les enfants sont assis autour de tables !!!!!!!!
Bonjour le choix pour les enfants, la prise en compte de leurs besoins !!!!!
3) Le groupe des “grands” (visiblement, on a donc séparé les tranches d’âges !!! Donc visiblement les enfants font telle activité non pas par choix (choix limité quand même ) mais parce que c’est l’activité du groupe dans lequel ils se retrouvent d’office !!!!!)
(on se demande pourquoi des gens un jour ont réfléchi à ce que pouvaient être ces accueils d’enfants…)
Donc le groupe des grands se retrouvent (ouf !) dans la cour pour une épreuve… qu’est-ce que ces animateurs ont bien pu proposer sur ce thème des “super-héros” dans le cadre d’un jeu avec des épreuves… finallement c’est un relais entre deux équipes !!!!!
3 des CM2 filles que je connais un peu, sont assises sur un banc. Un animateur tente vainement de les intégrer aux jeux… sans trop insister : ça en dit long aussi sur la matinée…
Bizarre ça : 3 gamines de 11 ans, sans doute déjà pas très heureuses de se retrouver là, “parce qu’elles estiment ne plus être des bébés”, que sans doute elles savent que leurs copines elles sont chez elles, où entre elles à la cité… Donc 3 grandes à qui on propose du “superhéros !!! pour leurs vacances ! Et un relais à la con !!!! Comment se fait-ils qu’elles ne soient pas anthousiasmes ??? Bizarre !
– David, reste avec nous…
Ca, ca arrange pas les affaires, notamment pour les anim’s…
– C’est pourri ici. Et les animateurs, ils sont bidons (ce qui est dit suffisamment forts pour que les intéressés soient au courant de ce que pensent ces enfants de leur formidable programmation ! Ainsi que les autres gosses. Et on est le premier jour !!! Ils leurs restent deux semaines à tenir !!!!
– Tu peux pas nous faire des trucs que tu fais à l’école ? Tout ce que tu as fait avec les CM1 ?
– Et si vous faisiez des propositions à vos anim’, les filles ?
– Ils ont pas le temps, ils nous ont dit. aujourd’hui c’est le jeu des super-héros…
– Ca craint !
– Ouais…
Je continue à faire des allers-retours avec du matériel, et cette fois les 3 gamines décident de partir Dieu sait où dans les étages : les anim’s ont renoncé à quoi que ce soit…
Voilà quelque chose qui donne de l’espoir : des enfants qui refusent l’ineptie de ce “centre de loisirs”.
Qui, face à l’impacité de ces “animateurs” à prendre en compte leurs attentes durant Leurs vacances, préfèrent se tourner vers leurs pairs, fuir cette médiocrité…
Je ne sais pas si le modèle que je leur ai proposé a une influence sur tout ça, mais je me dis qu’il est difficile de revenir à des système idiots (par système idiot j’entends “animation sociocul” de tous les jours) quand on a “gouté” à ce que je décris dans ce post…
Que ces animateurs vont ramer, et que c’est bien pour les mômes.
Que tout cela est intéressant : à commencer par la méfiance envers les adultes que cela va engendrer. Par ce que cela va dire aux plus “petits” qui vont forcément décortiquer ce qu’il va se passer autour de ces grandes…
Et je les sais assez fortes pour ne pas se laisser faire : finallement, il y a du bon dans les accueils enfants…
Je rêverais d’ouvrir la Dépêche et d’y lire que 3 gamines se sont tirés du centre de loisirs où leurs parents croyaient les avoir déposées jusqu’au soir…
Accepter l’imprévu et de n’a pas avoir un pouvoir sur tout et d’autant plus sur l’activité des gamins : voila un sacré pari qui permettra l’aventure. Alors forcément… c’est dérangeant, c’est insécurisant de ne pas savoir ce qu’on va faire mais ça permet tellement de choses, tellement de possibles qui seront à l’initiative des participants
être capable de créer à partir d’une idée d’enfant, d’une poursuite, d’un terrain avec de l’herbe, de la pluie, du dessin anim” vu la veille, du film qui a fait peur hier soir avant de se coucher…
Oui d’accord, mais cela peut faire parti d’un projet.
L’animateur acceptera de s’effacer devant les propositions des enfants.
Cela n’empêche pas l’animateur de préparer quelque chose au cas z’ou. Meme si ce quelque chose ne se réalisera pas.
Lorsque l’animateur construit de nombreux modèles pour l’enfant avec comme objectifs que ce dernier puisse en réaliser un autre et que l’animateur amèliore sa technique ( si j’ai bien compris le message 125 ), cela est aussi un élément du projet.
jeudi midi : je ne sais même plus ce que j’ai fait. Sans doute joué dans la cour.
jeudi soir : j’ai posé la moquette dans la cour avec du matériel pour finir tous les ateliers manuels mis en place ces dernières semaines : les enfants qui pour une raison ou une autre n’avaient pas fini carnets secrets, voitures doudous… avaient la possibilité de finir.
En fait, moi, j’ai surtout joué avec la grosse boule de cirque.
(l’un des derniers jouets fabriqués)
vendredi : dernier jour avant les vacances : le temps de récréation a duré presque tout le temps du midi-2 heures. Jusqu’à ce qu’un groupe de grands me réclame l’atelier diabolo promis. Un petit quart d’heure mais tout aussi agréable que la grosse boule la veille.
le soir : grand jeu prévu. Montage dés le matin. Avec grosses installations. Notamment je resors une partie de mon parcours accrobranche : pont, tyrolienne que l’on devine en haut dans l’arbre… :
Finallement, la moitié de l’équipe étant malade ( même celui qui a avait fait l’effort de venir à midi est complètement HS) le grand jeu est annulé… Dommage pour ce dernier soir avant les vacances.
Mais ça a quand même été une fête, notamment grâce à l’atelier maquillage qui a duré les deux heures : avec maquillage notamment entre enfants.
Sur le coup, j’ai pu prendre le temps de maquiller :
d’échanger tranquillement avec certains enfants…
(c’est en regardant la photo que je me rends compte que j’ai oublié de desiner le papillon entre les ailes !!!)
En fait, derniers instants partagés avec ces enfants-là, puisque à 18h30, lorsqu’on a fermé le Claé, j’ai démissionné. Parce qu’il me faut aussi travailler… Et même si je me suis beaucoup amusé sur ce claé, j’ai d’autres choses qui m’attendent, comme de préparer des interventions sur des formations BPJEPS…
Le mot projet veut bien dire qu’il n’y a pas de certitude. Un groupe d’enfant peut tres bien ne pas participer à toutes les activités prévues.
A mon sens cela doit fiare partie de la réflèxion autour du projet, y compris qu’il n’y a aucune obligation de suivre un thème.
Pas d’accord. La réflexion que l’on doit avoir autour de cette notion de projet… c’est que l’on ne peut pas calquer sur toute situation un même outil. Qui peut avoir son utilité pour une personne, un contexte… mais qui ne peut aucunement se retrouver partout, à toutes les sauces, entre les mains de pauvres anim’ qui vont faire de la merde en partie parce qu’on leur demande de réfléchir à ce fameux projet, au lieu de se pencher sur ce que sont ces enfants, ce qu’ils peuvent attendre de la rencontre avec cet adulte-animateur. D’attendre cette confrontation ce jour donné, pour ensuite imaginer avec les enfants ce que va être ce temps, ce vivre ensemble.
Trop souvent le projet imagine à la place de ceux qui vont vivre ce temps ce que doit être ce temps ! Enfants, animateurs, parents…
Que dans mon cas ici (celui ou comme cette semaine j’arrive sur la récré sans savoir aucunement ce que je vais faire avec les enfants) cela n’a aucun sens ! Je ne sais même pas selon les jours ce que je vais faire 5 minutes plus tard. Au moment où j’entre dans la classe pour faire l’appel, et que je pars avec les enfants rejoindre la cour de récré.
Il ne s’agit absolument pas de parler de “thème” ici… J’espère qu’on a dépassé cette idée stupide que l’on laisse à la majorité crétine qui forme l’animation socio-cul… Je parle de cette idée de “projet”. Ou il faudrait même dans sa vie de tous les jours “faire des projets”. Planifier, anticiper, quantifier…
Là, ici, sur la récréation des enfants, cela n’a juste absolument aucun sens.
J’ai juste une page blanche (que sont notamment les enfants, mes envies du jour, le petit passage avec une rampe qui va au toilettes de la cour du haut ce jour-là et qui devient le jeu du jour improvisé et qui rassemble petit à petit une 20 taine d’enfants) et une gigantesque palette de possibles en animations de tous types : activités manuelles, grands jeux, d’expression, physiques, d’improvisation et de création de jeux…
Je n’ai pas besoin de penser “projet” : je pense “rencontres”. Je pense “humains” et non “projets”.
Et c’est en ça que je suis bon, très bon dans ce que je fais. qu’il me faut, quand je travaille en équipe, prendre en compte les autres adultes qui vont se retrouver avec aucun enfants sur leur “projet”, que cela va créer des tentions…
Que si ces adultes arrivaient à se débarasser de cette notion de projet, ils seraient enfin plus proche de ces enfants, de leurs attentes. Parce que l’on part de l’enfant, de ce qu’il dit, exprime d’une façon ou d’une autre, et non de l’idée à la con pondue dans les hautes sphères de la mairie, de la fédé, de la direction des lieux…
Le problème de cette idée de projet, c’est que cela devient une nécesité pour cette majorité d’animateurs incapables de bosser ainsi : arriver sur la cour et être en mesure de partir sur les milliers de possibles : être capable de créer à partir d’une idée d’enfant, d’une poursuite, d’un terrain avec de l’herbe, de la pluie, du dessin anim” vu la veille, du film qui a fait peur hier soir avant de se coucher…
moilapa a écrit :
. Que je sois réactif en “direct” en changeant le fil du jeu, une épreuve, le sens des actions… cela ne pose pas de problème. Avec des anim’, il me faudrait aussi en direct expliquer pourquoi à ces anim’…C’est d’autant plus remarquable quand un anim’ gère une suite de petits jeux. Peu sont capables de sentir tout de suite quand il faut passer à autre chose, rebondir sur tel événement, mot, non-dit… pousser plus loin… tout ça vis à vis à la fois du groupe mais aussi des individus. et ça, au contraire de ce que tu dis, c’est quelque chose qui vient en partie avec l’expérience.
Là aussi est une des limites de la réflexion “projet”.
avé Moilapa
Je suis d’accord sur ce que tu écris.
Je pense seulement que cela fait partie du role du directeur, du formateur, d’expliquer à l’animateur qu’un “programme” n’est pas figé mais peu évoluer au cours de l’activité. Le mot projet veut bien dire qu’il n’y a pas de certitude. Un groupe d’enfant peut tres bien ne pas participer à toutes les activités prévues.
A mon sens cela doit fiare partie de la réflèxion autour du projet, y compris qu’il n’y a aucune obligation de suivre un thème.
Faire des modèles quand on réalise des objets techniques, c’est une bonne chose, je crois, pour aider l’enfant à “voir le cheminement”… Mais le problème, c’est :
– quand l’atelier est “trop fermé” (ne permet pas une diversité, et tout le monde fait la même chose !!! (préparation au travail à l’usine ?))
– ou quand il y a un seul modèle et, même si l’atelier est ouvert à toutes les créativités, à la fin on aura le risque d’avoir 20 clones du modèle de l’anim…Ma solution : je construis tellement de modèles que l’enfant :
– a la certitude que l’on a droit de partir dans toutes les directions, sait qu’il va pouvoir s’inventer son propre modèle (jouet), se “lâcher”
– a tellement d’idées sous les yeux qu’il ne sait “où donner de la tête” et finallement va choisir une autre voie… même si certains auront quand même cette tentation de “faire comme”…
C’est en effet une question que se pose plusieurs animateurs et directeurs. ( Certains ne vont même pas jusque la)
Le modèle nuit à la créativité et à la liberté de choix.
Ce que tu proposes est effectivement une possibilité interessante. Cela montre à l’enfant qu’il a la liberté de réaliser à peu pres ce qu’il a envie.
Cela suppose aussi, d’apres moi, de mettre à la disposition du jeune, des matériels et des matériaux le plus variés possibles, y compris certains qui n’ont qu’un rapport lointain avec les “modèles”.
De manière plus globale, tu as exposé les difficultés dans le premierparagraphe du message 122. Tout cela demande de l’expérience, de la réflexion et montre, une fois de plus que l’animation est un métier où la formation doit être continu.
Avant d’en finir avec ce claé…
Je mets ici les photos lors du dernier festival enfants (samedi dernier) :
Faire des modèles quand on réalise des objets techniques, c’est une bonne chose, je crois, pour aider l’enfant à “voir le cheminement”… Mais le problème, c’est :
– quand l’atelier est “trop fermé” (ne permet pas une diversité, et tout le monde fait la même chose !!! (préparation au travail à l’usine ?))
– ou quand il y a un seul modèle et, même si l’atelier est ouvert à toutes les créativités, à la fin on aura le risque d’avoir 20 clones du modèle de l’anim…
Ma solution : je construis tellement de modèles que l’enfant :
– a la certitude que l’on a droit de partir dans toutes les directions, sait qu’il va pouvoir s’inventer son propre modèle (jouet), se “lâcher”
– a tellement d’idées sous les yeux qu’il ne sait “où donner de la tête” et finallement va choisir une autre voie… même si certains auront quand même cette tentation de “faire comme”…
(au dessus la table des chaussettes ; il y a aussi une table pour les petshops et une autre pour les zhu-zhu) tout ça derrière moi : devant : d’autres tables les unes collées aux autres pour fabriquer.
Et tout bêtement : cette mutltitude d’essais avant l’atelier me permet d’avoir assez de techniques pour partir dans toutes les directions proposées par les enfants. Sinon, comme bien souvent, quand l’enfant va dire “Et moi je voudrais faire une chauve-souris, un panda…” l’enfant finira par abandonner son envie parce que l’animateur n’a pas pu lui donner les moyens. Parce que l’animateur ne sait comment répondre : il ne peut lui transmettre ce qu’il n’a pas lui même !!! même si c’est bien l’enfant qui fait et non l’animateur, plus la technicité de l’anim est grande, plus l’enfant sera capable d’aller loin… parce que l’animateur est ici “accompagnateur”.
Ceci dit, certains enfants n’ont absolument pas besoin de l’animateur, une fois les 2 consignes clefs données. Il partira comme ici seul jusqu’au bout de sa fabrication.
Au tout début… dans ce festival très “C+++”, mon premier public a été une famille gitane ! Elle détonnait ! 2 grandes de 14 ou 15 ans, 2 petites de 6 ou 7 ans, un petit de 5 ans, et une femme (la maman ?) arrivés très bryamment !!!
Ils ont fait ça : (et celui de dessus)
Ca m’a fait marrer de voir repartir notamment ces 2 grandes saucisses, habillées comme des bimbos, arrivées en parlant très forts, “éxubérantes”, repartir avec leur petit doudou, toutes “petites filles qu’elles sont encore”…
Crevette : pour les yeux : en fait, même si je dis et rereredis durant l’atelier “les yeux en bas du visage”, certains font autrement (notamment la photo après la photo suivante en dessous)
Mais les peluches que l’on va trouver les plus “mignones” ici, ce sont souvent celles qui correpondent à ces shémas : disproportion corps-tête, yeux bas… parce que inconsciemment ça nous rappelle les proportions des bébés humains (c’est par exemple Titi de Titi et Grominet, ou tout plein de personnages de dessins animés, BD…
Le doudou que je trouve le moins intéressant ici :
a les yeux en plein milieu si l’on trace un trait au milieu.
Alors qu’il ne faut pas grand chose comme sur ce chat (juste un tout petit décalage vis à vis de cette ligne imaginaire pour que cela soit plus “graphique”, ou plus “bébé animal”.)
(par exemple sur la 3ème photo, où il y a 2 peluches : techniquement, ce sont presque les mêmes : il y a juste une des 2 grandes qui a pensé a baissé légèrement les yeux en dessous de la ligne imaginaire : ça change tout. L’une paraît moins “finie”.
En éxagérant, ça donne ça : un très grand front, comme chez les bébés.
Mais ce n’est pas une “science exacte”, heureusement.
Ce chat respecte cette idée mais n’est pas très joli :
Là, il y a aussi une question de mariage de couleurs sans doute, choix des yeux…
quand celui-ci mal foutu fabriqué par une toute petite est trop mignon :
Et sur mes modèles, au deuxième niveau à gauche, il y a une poupée avec les yeux totalement à l’opposé : tout en haut du visage… et cela marche (pour d’autres raisons : c’est le regard d’un petit enfant sur le monde : il regarde “d’en bas”…)
En fait, il y aurait pas mal à apprendre quand on fait ce genre d’atelier en animation, du côté du graphisme, du dessin, …
Sinon sur ce salon, quelques autres fabrications, si ça peut donner des idées aux genses : hamsters en fourrure :
(atelier moins riche au niveau créatif)
et des petshop en mousse :
Oui… j’ai en parallèle de ton post continué à éditer le mien… j’en viens sur certains point à la même réflexion… Surtout sur ce “bon moment”. Le fait de sentir face au groupe quand on va faire ceci, plutôt que le cela pourtant préparé en amont… ce qui est difficile quand on gère par exemple un grand jeu en équipe… C’est pourquoi je préfère mener seul ces événements. Même quand il y a beaucoup de participants. L’été, j’ai l’appui des familles pour ces grands groupes d’enfants. Que je sois réactif en “direct” en changeant le fil du jeu, une épreuve, le sens des actions… cela ne pose pas de problème. Avec des anim’, il me faudrait aussi en direct expliquer pourquoi à ces anim’…
C’est d’autant plus remarquable quand un anim’ gère une suite de petits jeux. Peu sont capables de sentir tout de suite quand il faut passer à autre chose, rebondir sur tel événement, mot, non-dit… pousser plus loin… tout ça vis à vis à la fois du groupe mais aussi des individus. et ça, au contraire de ce que tu dis, c’est quelque chose qui vient en partie avec l’expérience.
Là aussi est une des limites de la réflexion “projet”.
Sinon sur l’autre post et cette phrase de Delalande :
”Cet exemple nous montre encore que les pratiques culturelles enfantines ont besoin d’intimité face au monde des adultes pour se développer”….
Je crois que ce que les enfants ont ressenti comme une nécessité dans ce que j’essaie d’apporter, c’est cette intimité, cette idée que cette part d’intimité, ils y ont droit : pas seulement dans l’exemple premier degré de cette tente Décathlon plantée au milieu dans la cour d’autorité (en conflit avec cette idée que les enfants doivent toujours être visibles des adultes et qui a fait débat dans l’équipe du claé, des enseignants, des parents même) mais dans le fait d’accepter en tant qu’animateur (que l’on pense pourtant avant tout comme un producteur) que certains enfants viennent avec moi parce que je vais les laisser entre eux. Comme c’est le cas quand je fais “jardin”. Ou parce que je ne vais pas être forcément le régisseur-metteur du temps qui va avoir lieu dans la cour. Que je peux me permettre d’être un joueur parmi d’autres durant un jeu, en abandonnant mon statut “d’adulte tout puissant”. Que mon rapport aux enfants me permet de ne pas me sentir en danger en acceptant cette “état d’égalité”. Que cette situation ne brouille en rien chez les enfants la clarté de ma place. Et quand parallèle ma présence “rassure” la direction : les “enfants ne sont pas seuls” !!!
Que je réponds ainsi à cette contradiction entre mes idées et ma présence sur une cour d’école.
Et de là aussi il s’agit progressivement de disparaître (du jeu de la maman, du maître féroce, du vétérinaire…) Parce que malgré cette réflexion, je suis adulte.
-Allez ! Encore une partie !
– Non j’ai plus envie… et si c’était toi maintenant le maître féroce ?
Et je reste étranger à cette récréation. Que ma réflexion porte sur cette réappropriation par les enfants de cette intimité malmenée par des journées de fous, par la volonté adulte de gérer tous les temps de vie de ces enfants. Que mon action en partie lutte contre l’existence même du claé. Son organisation. Ses règles parfois, comme celle de ne pas laisser des enfants seuls. Ce que je fais fréquemment.
Certains enfants pourtant durant ce temps ont envie (ont besoin) encore de l’échange avec l’adulte (et cela aussi répond à cette contradiction), même après 3 heures de classe face au maître… d’autres absolument pas. Ca, c’est un bien précieux. Ils sont la preuve que certains enfants ont encore cette certitude qu’une part de ce qu’ils vivent n’appartient pas aux adultes. Là aussi on peut avoir une action en tant qu’animateur référent : notamment vis à vis de ces enfants qui ont confiance en nous : au moment même où cette confiance est la plus sans calcul : “Ca, c’est un secret entre enfant. Tu ne devrais pas me parler de ça. C’est un “truc” entre vous. Tu comprends ?”…
Et c’est ça que l’on devrait, animateur claé, avoir envie de préserver, ou “réhabiliter”.
De la même façon que celui qui a l’autorité c’est avant tout celui qui autorise (et non celui qui interdit), un animateur, surtout claé, ça devrait être celui qui permet son absence, et non celui qui anime, met en vie. Celui qui permet l’entre-enfants.
Il y a des enfants qui ne seront jamais “rassassiés” de ces rapports à l’adulte, de ce que l’adulte peut leur apporter, de ce qu’ils peuvent en attendre (et lui apporter !!!) … tant mieux. On parle tout bêtement de rapports humains. C’est que cet adulte a su créer cette situation de confiance avec l’enfant. De certitude d’être écouté. Pris en compte.
Sur ce claé, c’est d’autant plus vrai pour moi avec les CP : les récréations (les temps où l’on n’est pas producteurs d’animations) ce sont pour moi les temps où je m’amuse le plus : temps que je passe avec les CP qui viennent vers moi, pour une raison ou une autre, à un temps plutôt qu’un autre : je me garde juste d’une chose : je fais toujours en sorte que ce n’est pas moi qui aille vers eux.
Tout en restant adulte, je suis aussi partenaire de jeux. Et non animateur producteur.
Ce claé le permet. Cette direction a compris l’importance de cet entre-enfants… quand d’autres mettent la pression à des animateurs pour qu’ils produisent… souvent du médiocre. Par crainte que ces temps “sans production” ne soit le fait d’incapacité, ou de fénéantise. De manque d’envie.
Parce que l’on pense production, rentabilité de salaire… et surtout parce que l’on pense que les enfants entre eux c’est une friche, quelque chose d’incohérent, improductif, de violent. Un peu dans l’idée dans l’autre post de Solleana qui voit avant tout dans une récréation un monde du chaucun pour soi violent.