Organisation du temps libres des ados et pré-ados

Le mois dernier, nous vous présentions une synthèse des résultats d’une étude de l’Observatoire des Vacances et des Loisirs des Enfants et des Jeunes (OVLEJ) portant sur l’organisation du temps libre et des pratiques collectives de la maternelle à l’école primaire.
Dans son bulletin n°32-37 (Mai 2010), l’OVLEJ présente ses résultats pour les jeunes de 11 à 17 ans. Nous nous pencherons en particulier, comme le mois dernier, sur les pratiques des accueils de loisirs et séjours de vacances.
Pour rappel, cette analyse a été réalisé à partir d’une enquête de l’INSEE sur le thème « Education et famille » et porte sur un échantillon de 3 456 enfants et adolescents scolarisés en 2002-2003 de la maternelle au lycée.
L’objectif de cette enquête est de décrire la participation des enfants et des jeunes aux pratiques collectives et d’identifier les facteurs pouvant intervenir dans l’accès à celles-ci.
Les trois phases de l’adolescence
Comme pour les plus jeunes, l’âge des adolescents constitue ici la caractéristique qui détermine le plus fortement la participation aux différentes pratiques observées, devant les caractéristiques socioéconomiques des familles et les modes d’organisation du travail des parents.
Trois tranches d’âge se démarquent et coïncident à des caractéristiques particulières :
– 11 ans marque l’âge de l’entrée dans l’adolescence et du désir d’autonomie croissante dans les goûts et les pratiques,
– 14 ans celui de l’émancipation vis-à-vis de l’environnement familial et scolaire,
– 17 ans celui d’une stabilisation des préférences et des pratiques.
De 11 à 13 ans :
Comme nous l’avons souligné dans le précédent bulletin, l’amorce dès l’âge de 7-8 ans de la désaffection des accueils du soir après la classe et des accueils collectifs de loisirs l’été se poursuit (28 % des 7-10 ans et seulement 15 % des 11-13 ans). Pourtant ces structures restent une solution alternative afin que les jeunes ne restent seuls à la maison. Ce phénomène est en particulier constaté lorsque leur mère à un niveau d’étude intermédiaire (2ème cycle, technique et professionnel long), mais également chez les enfants de familles ouvrières ou agricultrices et/ou ceux partant peu en vacances sans leurs parents chez des grands-parents, oncles, tantes…

Graphique étude ovlej

A l’inverse, les départs en séjour collectif (incluant les séjours courts de moins de 4 nuits) et la fréquentation des accueils du mercredi poursuivent une progression et sont les plus répandes entre 11 et 13 ans.
Soulignons toutefois qu’à la différence des résultats relevés pour les 7-10 ans, on observe pour les 11-13 ans un impact du revenu et de la catégorie sociale sur le départ en séjour collectif l’été. En effet, les jeunes issus des catégories moyennes et supérieures ont, en effet, une probabilité beaucoup plus forte (+20 et +14 points) d’accéder aux séjours longs, plus chers et donc moins accessibles financièrement.
Sans pouvoir l’expliquer, on constate également qu’un père inactif favorise les départs en colonie (+20 points) et cela de 7 à 13 ans.
Dernière chose intéressante sur le développement de la sociabilité des jeunes partant en séjours collectifs l’été (quelle que soit leur durée) : cette pratique, à caractéristiques sociales et familiales comparables, développe significativement leur « réseau de sociabilité ». Ainsi ces jeunes déclarent près de 9 meilleurs amis, quand les autres en indiquent seulement 7,5 (la moyenne étant 7,8).
Conclusion : L’autonomie croissante des jeunes de 11 à 13 ans s’exprime par leur désaffection pour les accueils sans hébergement et leur attrait pour les séjours collectifs, d’une durée plus longues quand financièrement c’est possible. Cette autonomie reste toutefois encore très relative.
De 14 à 17 ans :
Alors que les 11-13 ans délaissent les accueils du soir et les accueils sans hébergements l’été, les 14-17 ans semblent se désintéresser de la quasi-totalité des pratiques observées, qu’elles soient collectives ou familiales. La baisse est toutefois plus modérée et plus tardive pour les accueils du mercredi et les départs en séjours collectifs. Elle s’observe en effet seulement à partir de 16 ans ou l’on voit se développer l’accès aux vacances en autonomie. Encore peu répandus chez les mineurs, ces premiers départs reflètent l’importance accrue accordée par les adolescents à la sociabilité entre pairs, à distance des adultes. Cette désaffection semble exprimer l’indépendance progressive de ces jeunes.
Un constat évident par rapport aux caractéristiques des jeunes de cet âge : les filles accèdent plus tôt que les garçons à des activités de loisirs encadrées. Elles sont également moins nombreuses à l’adolescence à continuer à pratiquer celles-ci. En revanche, elles partent plus souvent en séjour linguistique, et accèdent plus précocement aux activités liées à la culture.
Ces résultats rejoignent l’analyse de Sylvie Octobre (1999, 2005) mettant également en évidence le processus de construction sociale de la différenciation sexuelle qui conduirait les filles à privilégier les « loisirs de l’intérieur » et les garçons les « activités à l’extérieur ».
De la même manière, on constate que les jeunes de familles aisées et de parents diplômés du supérieur sont encouragés par ces derniers à pratiquer des activités de loisirs encadrées, des accueils du mercredi et les vacances sans les parents dans la famille. De plus, leurs pratiques sont plus précoces et plus variées. Il s’agit davantage d’une volonté  éducative des parents de  multiplier et diversifier  les  expériences vécues  par  l’enfant,  puis l’adolescent pendant son temps libre.
Au cours de l’été 2003, selon les données publiées par le Ministère, 10,9 % des jeunes de 13 à 17 ans avaient participé à un séjour collectif (de plus de 5 nuits, y compris les séjours linguistiques). En recoupant ces données à l’étude de l’INSEE, plus de 10 % des jeunes de cette tranche d’âge (6,5 % pour les 7-12 ans) auraient ainsi participé à un séjour de moins de 5 nuits (mini-camp). Les séjours collectifs accueillent un public diversifié mais plus particulièrement sur les mini-camps. Ce constat est lié à l’impact du revenu des familles. En effet, le coût de ces séjours est moins élevé puisque la durée est plus courte. De plus, ils bénéficient souvent d’aides financières (contrats enfance-jeunesse soutenus par les CAF). Quoiqu’il en soit, l’accès à ces séjours est plus fort en région parisienne, sans doute lié à une offre et une demande plus importante.
Conclusion : Le processus d’accès à l’autonomie revêt des significations et des modalités différentes selon les milieux sociaux, mais il apparait que pour la majorité des jeunes cette autonomie soit incompatible avec les pratiques collectives le plus souvent proposées (CNAF 2009).
Construire une offre qui réponde à leurs attentes constitue ainsi à la fois un enjeu éducatif et social.
En savoir plus
le bulletin 32-37 de l’ovlej en intégralité
– les travaux de Sylvie Octobre : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/catalogue/9782110054807/
le bulletin 26-31 de l’ovlej qui portait sur les moins de 10 ans

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