Réflexions sur les colos et les centres de loisirs

07/10/2007

Jeankrikri

Livres, jeux et musique

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La recherche dans le domaine des centres de vacances et de loisir est peu développée. C’est pourquoi des rencontres sur le sujet ont été organisées en 2005 par le Musée Oberlin à Waldersbach dans les Vosges en partenariat avec le laboratoire de sciences de l’éducation de l’Université de Rouent (CIVIIC) dont le responsable est Jean Houssaye.

L’ouvrage est un recueil des actes de ce colloque et présente quinze sujets rédigés par des chercheurs mais aussi par  des praticiens des centres de vacances et de loisirs. La majorité des textes est donc largement accessible à tout public. Deux d’entre-eux  sont un peu plus difficile et nécessitent quelques notions en sociologie pour en comprendre tout l’intérêt.

Trois domaines sont développés : les approches historiques, les pratiques actuelles et les interrogations sur les évolutions. Pour vous donner envie de lire cet ouvrage,  présentation de trois articles particuliers.

I) Bussy, la colonie aux « mille fromages »Le Loisir : base de construction identitaire ?

Dans cet article, Pierre Rosset, docteur en Sciences de l’éducation, formateur et militant Cemea, explique comment les loisirs avec des 4,5 ans peuvent concourir à la construction et au développement de l’identité.

Pour commencer, l’auteur présente les choix organisationnels qu’il a mis en place :

  • Le fonctionnement petit groupe / grand groupe
  • L’intégration du personnel de service dans l’équipe afin qu’il vive avec l’enfant et non plus à coté
  • Le mouchoir en tant qu’activité de régulation
  • Le panneau d’équilibre d’activité

Trois situations individuelles sont ensuite décrites : le lavabo de Manuel, la boulangerie de Medhi et la brouette de Mamadou.

A travers d’autres exemples (La marchande de glace, La piscine, Le cinéma, La distribution de fruits au puits) , il montre comment le choix laissé  à l’enfant permet à celui-ci de se confronter aux règles, règles qui ne sont pas fixées arbitrairement pas les adultes mais dont le sens s’impose naturellement.

L’article insiste sur le fait que les loisirs doivent être des temps libres choisis pendant lequel l’enfant doit pouvoir se confronter à la règle, doit pouvoir prendre des initiatives. La mise en place d’un tel fonctionnement demande que l’équipe d’adulte puisse observer et réfléchir sur ce qui se passe pour « permettre ou interdire ».

Tout ce qui est raconté est très pertinent ce qui donne à réfléchir sur son propre fonctionnement en tant qu’animateur ou directeur.

II) Pratiques et développement professionnel des animateursApproche ethnographique d’une colonie de vacances

Les auteurs (Marc Bru et Jean-François Marcel de l’université de Toulouse) essaient d’expliquer comment la pratique quotidienne de l’animateur lui permet de construire son expérience professionnelle. Pour cela, ils ont  étudié le fonctionnement de deux séjours de vacances accueillant respectivement 51 enfants et 55 adolescents durant une vingtaine de jour.

A partir des choix de fonctionnements du directeur et du déroulement du séjour, l’article décrit les savoirs collectifs et individuels mis en jeu au cours des séjours.

La partie descriptive est intéressante mais l’analyse est plus  difficilement accessible à ceux qui ne possèdent pas quelques notions en sociologie.

III) La fonction de l’évaluation dans les formations de l’animation

L’auteur (Christian Belisson, du laboratoire CIVIIC de l’université de Rouen) s’interroge sur les limites de la pédagogie par objectif telle qu’elle est utilisée notamment dans des formations de type Beatep ou Bafa. Peux-ton réellement évaluer un savoir, un savoir faire, un savoir être ? Et même si les objectifs de formation sont formulés ainsi, est-ce vraiment ainsi qu’ils sont évalués.

A travers des exemples, l’auteur explique que concrètement, ce ne sont pas les connaissances ou les savoir faire qui sont évalués mais la représentation sociale. On entend par représentation sociale le cadre de référence d’un métier : les types d’actions implicitement attendues, les façons de parler, tout ce qui permet de faire  les choses implicitement, intuitivement sans avoir besoin de toujours tout expliquer.

L’enjeu des formations (notamment le Bafa) est donc que les stagiaires aient assimilé les bases de cette représentation sociale de l’animateur afin de pouvoir remplir leur rôle sur le terrain.

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Une bibliographie de plus de 200 références complète l’ouvrage, preuve qu’il existe tout de même des écrits le sujet.

En conclusion, un livre très intéressant conseillé à tous ceux qui veulent réfléchir et faire évoluer leurs pratiques dans le domaine.

Vous pouvez commander le livre dans la boutique Planet’Anim (frais de port gratuit) en cliquant ici.

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Sommaire complet du livre :

Jean Houssaye : Présentation

1. Rétrospectives
Nicolas Palluau : Des chefs éclaireurs aux moniteurs de colonies de vacances
Julien Fuchs : Les colonies de vacances à l’épreuve d’une transition (1945-1970)
Jean-Marie Bataille : La colonie de vacances entre ville et campagne
André Bordet : Témoignage d’un acteur

2. Pratiques d’aujourd’hui
Pierre Rosset : Bussy, la colonie aux « mille fromages »
Jean-Philippe Le Noa : Courcelles-sur-Aujon « Un cadre moyen de libertés »
Sébastien Pesce : La colo provisoire
Jean Houssaye : Jeux libres et socialisation
Marc Bru et Jean-François Marcel : Pratiques et développement professionnel des animateurs
Christian Bélisson : La fonction de l’animation dans les formations de l’animation

3. Évolutions et interrogations
Michel Bussi : Pour une géographie des centres de vacances et de loisirs
Éric Robinet : Pistes de recherches sur les centres de vacances et les centres de loisirs
Philippe Sarremejane : Une nouvelle politique pour les centres de loisirs de la ville de Paris
Francis Lebon : Le métier d’animateur en centre de loisirs : cadres et facettes du quotidien
Jérémie Saunier : La colo… nid de vacances
Sabii Hani : Clôture

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