L’adolescence, une seconde naissance (1/3)

18/12/2002

Periwinkle

Connaissance de l’adolescent

L’adolescence, une seconde naissance

(tirĂ© du dossier du formateur BAFA/BAFD – Familles rurales)

Françoise Dolto nous a lĂ©guĂ© un message simple et profond concernant l’adolescence.

Au-delĂ  des querelles d’Ă©coles et du discours des spĂ©cialistes dans un langage simple et accesible, c’est une parole vivante qui remet les pendules Ă  l’heure. Certains peuvent lui reprocher de dire des Ă©vidences. L’Ă©vidence Ă  ce niveau a toute la saveur de la simple vĂ©ritĂ©.

“Au secours, je veux naĂźtre. Puisque je veux naĂźtre, il faut que je meure”.

L’adolescence, qu’est-ce que c’est ?

C’est comme le papillon
qui sort de la chrysalide.
Cette comparaison tient dans la mesure
oĂč le nouveau-nĂ© est mort Ă  quelque chose
pour renaĂźtre Ă  autre chose,
l’adolescent aussi, est mort Ă  l’enfance.
Il est chrysalide, il n’a rien Ă  dire Ă  personne,
il est dans son bain.
S’il ouvre la chrysalide, on n’y trouve que de l’eau.

D‘abord, il est difficile de lui fixer un Ăąge prĂ©cis. La pubertĂ©, le phĂ©nomĂšne le plus marquant de l’adolescence ne la circonscrit pas. “La naissance est mort, la mort est naissance”, l’essentiel de l’argumentation de F. Dolto tourne autour de cette idĂ©e. Mort Ă  l’enfance, naissance Ă  la vie adulte. “C’est Ă  mon sens une phase de mutation. Elle est aussi capitale pour l’adolescent confirmĂ© que sont la naissance pour le petit enfant et les quinze premiers jours de la vie… L’adolescent, lui, passe par une mue au sujet de laquelle il ne peut rien dire et il est, pour les adultes, objet de questionnement qui, selon les parents, est chargĂ© d’angoisse ou plein d’indulgence”

Un Ăąge fragile mais aussi merveilleux

Fragile, fragilisĂ©, ayant perdu la protection de l’enfance, non encore revĂȘtu de la “carapace” de l’adulte, l’adolescent vit “le complexe du homard” : “Pour bien comprendre ce qu’est le dĂ©nuement, la faiblesse de l’adolescence, empruntons l’image des homards et des langoustes qui perdent leur coquille : ils se cachent sous les rochers Ă  ce moment lĂ , le temps de sĂ©crĂ©ter leur nouvelle coquille pour acquĂ©rir des dĂ©fenses”. Les blessures infligĂ©es Ă  cette chair fragile pourront laisser des cicatrices que le temps n’effacera pas. De plus dans les parages d’un homard, il y a presque toujours un congre qui guette, prĂȘt Ă  le dĂ©vorer. Le congre peut ĂȘtre cet ennemi intĂ©rieur qui nous menace et qui oblitĂšre le chemin de nos possibles.

Ce peut ĂȘtre aussi des adultes dangereux, parfois profiteurs qui rĂŽdent autour des adolescents parce qu’ils les savent vulnĂ©rables.

“Oui, de onze Ă  treize ans,
ils ont des rougeurs,
ils se cachent le visage avec leurs cheveux,
ils battent l’air de leurs mains pour vaincre
leur gĂȘne, leur honte, ou peut-ĂȘtre mĂȘme
masquer une grande blessure qui peut-ĂȘtre indĂ©lĂ©bile”.

Cet Ăąge fragile est aussi un Ăąge merveilleux parce que rĂ©agissant aussi Ă  tout ce qui se fait de positif en sa faveur. Les adultes ne le rĂ©alisent pas toujours parce que les adolescents ne le manifestent pas sur le moment : “Je dis et rĂ©pĂšte Ă  tous ceux qui les enseignent et se dĂ©couragent de chercher Ă  les valoriser : continuez, mĂȘme si le jeune semble “vous mettre en boĂźte” comme on dit. Quand ils sont plusieurs, ils mettent souvent en boĂźte un ami et quand ils sont tous seuls, cette personne est pour eux quelqu’un de trĂšs important. Mais il faut supporter d’ĂȘtre chahutĂ©, en ayant cette perception. Oui je suis chahutĂ© parce que je suis un adulte, mais ce que je leur dis les aide et les soutient…”


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