Devinettes

Organiser des devinettes est spontané entre les enfants.
“La mère de Toto a trois fils : Pim, Pam et …” Le niais répond
“Poum”, sans réfléchir. Il en est pour ses frais du rire des autres. Mais à présent initié, il pourra,
à son tour, pièger ceux qui ne savent pas. Laissez-les-faire ! Et même, acceptez de bon coeur de participer au jeu. Vous connaissez leur devinettes ? Vous n’êtes pas toujours obligé de le leur dire. Il est vrai que leur répertoire ne varie pas beaucoup : celui d’aujourd’hui ressemble beaucoup à celui des enfants d’il y a 30 ans, voire 40 ou 50 ans. Faites ce premier pas de jouer le jeu de leurs devinettes, vous serez alors accepté comme l’un des leurs, et vous pourrez, à votre tour, leur poser des devinettes… et agrandir leur répertoire !



On a besoin de rien pour jouer aux devinettes, on peut jouer n’importe où, au centre ou en balade, à table, au lit ; et n’importe quand : quand il pleut ou qu’il fait beau temps, le matin ou le soir, et même – les enfants le savent bien – à voix basse et dans le noir !

Il existe plusieurs recueils de devinettes que vous pourrez garder jalousement et où vous en puiserez de nouvelles.



Spontané dès la grande école, le jeu peut commencer dès 4-5 ans. Les devinettes doivent alors laisser l’enfant
dans son univers, concerner par exemple des objets de la vie quotidienne :

“On luit met le bout de la queue dans le mur, on l’emmène se promener partout dans la maison : il mange tout ce qu’il trouve ; le reste du temps, il dort sans faire de bruit. Qu’est ce que c’est !”

Initier doucement

A table

“J’ai quatre dents mais je ne mords pas.

Quand par hasard, j’attrape quelque chose,

Un goinfre me l’enlève aussitôt.”

… Et ainsi dans toutes les circonstances de la vie quotidienne.
Feuilletez avec eux le livre de Gripari: les illustrations de Puig Rosado, sans donner les réponses, les suggèrent avec humour. “Mon premier livre de devinettes” est également à leur portée. Il est plein d’humour et allie agréablement
devinettes en tous genre, charades, rébus, poésies…

“Le coq à Nicolas

Ne chante pas

Le coq à Nicolas

Ne mange pas

Rien que la paille

Le coq à Nicolas

Il vient des USA

Le coq à qui donc ?

Allons ! Allons ! L’écho répond : ?”

Ouvrir la porte d’un monde d’images

Dans tous les cas, laissez aux enfants le temps d’entrer dans ce monde très particulier de la métaphore, dans le mécanisme de la devinette. Observez leur capacité à trouver les réponses, mais surtout, à mordre au jeu : certains resteront
longtemps sans pouvoir répondre, mais seront toujours présents au jeu des devinettes.

Par la devinette, vous leur ouvrez la porte d’un monde d’images, d’un monde poétique, et d’un monde humoristique.

“Je dors le jour

Vole la nuit

Sans plumes pour

Mon vol qui fuit…

Mais je souris.”



J’ai souvent le pied sur la table

dans mon cas, c’est inévitable.”



Quand se chevauchent les sorcières,

Il ne mord jamais la poussière.”



C’est une véritable activité – cérébrale et relationnelle – mais méfions-nous de ne pas l’enfermer dans
un carcan horaire et obligatoire : on ne devine pas de 9h à 11h00 !



La devinette s’associe facilement au conte. Ils sont de même nature. Ils “se parlent” l’un et l’autre, et pour qu’ils vivent, il faut être au moins deux. Si vous racontez des histoires, le moment des devinettes peut s’inclure dans votre “racontée”.
C’est une petite pause, une respiration. Ca vous permet de reprendre votre souffle, la parole est redistribuée. Vous avez parlé pendant 10, 15, 20 minutes ? En lançant votre première devinette, vous leur donnez la parole. Les réponses fusent.
Attention ! Vous serez surpris de leurs réponses. Elles seront parfois meilleures que celles que vous aviez, toutes prêtes ; ainsi, à la devinette : “Qu’est ce qui est aussi rapide que la lumière ?”. Quelle est la meilleure réponse : la pensée, ou l’ombre ?

C’est un jeu d’écoute réciproque et de tolérance. Certainement, il y aura un moment où la machine s’inversera,
et où ce sera l’un d’eux qui voudra poser la devinette. Il faut rester maître de ce moment. Leur répertoire n’est pas inépuisable, et il est important de ne pas se répéter, car la devinette, contrairement au conte, est à usage unique (pour un même auditoire).

Cette récréation ne doit pas non plus durer trop longtemps. Il vaut mieux, en cette matière, rester sur sa faim qu’être écoeuré d’avoir trop mangé.

Des contes à énigmes

On peut, en choisissant bien ses devinettes, ramener l’attention vers le conte qui va suivre… et l’on reprend sa racontée.

Et si vous leur faisiez, un jour, la surprise de leur offrir un conte à énigmes : ils sont nombreux ces contes qui incluent des devinettes, des énigmes. Souvent, la vie du héros dépend de la réponse qu’il donnera à l’énigme
que lui pose le monstre. Ou alors, c’est à lui de poser une énigme si difficile que l’ennemi ne pourra y répondre.
Parfois encore, c’est pour conquérir la main de sa belle, ou gagner un trésor que le héros propose les énigmes
ou cherche les réponses : “Une grenouille est assise sur un rocher, ne peut pas sauter. Qu’est -ce que c’est ?”

ou :

“Des hommes blancs tranchent, l’homme rouge transporte. C’est quoi ?”

ou encore :

“Il rampe, au soleil levant, comme les serpents et les vers. Il marche, à midi, sur deux jambes, comme les oiseaux. Il s’en va, sur trois jambes, au soleil couchant.”

Les enfants cherchent les réponses. Ils ne les trouveront pas toujours, elles sont parfois introuvables, bien sûr, puisque même la Grand’Bête à tête d’homme en est incapable ! Mais quelle fascination ! Le magique devient surréaliste
! Les limites de l’imaginaire sont repoussées…

Ainsi, les énigmes du jeune homme à la Grand’Bête :

“Qu’y-a-t-il
au premier bout du monde ?”

“Au premier bout du monde, il y a un roi couronné, un roi vêtu de rouge et galonné d’or, qui se tient prêt à
combattre, et brandit une grande épée. Il regarde le ciel, la terre et la mer. Mais le roi couronné ne voit rien
venir.”

“Grand’Bête à tête d’homme qu’y a-t-il à l’autre bout du monde ?”

“A l’autre bout du monde, il y a un grand corbeau, vieux de sept mille ans, juché sur la cime d’une montagne. Il sait et voit tout ce qui se fait, et tout ce qui se fera. Mais le grand corbeau, vieux de sept mille ans, ne veut pas parler.”

Parfois, l’énigme donne, sous une forme poétique, une réponse rassurante à une question qui n’a pas de réponse
: “Combien y a-t-il de secondes dans l’éternité ?”

“En Basse-Poméranie se trouve le mont Diamant, il a une lieue de hauteur, une lieue de largeur et une lieue d’épaisseur ; tous les cent ans, vient un petit oiseau y aiguiser son bec. Lorsqu’il aura complètement usé et fait disparaître le mont Diamant en aiguisant son bec, alors la première seconde de l’éternité sera écoulée aussi.”



Parfois encore, la réponse de l’énigme est connue des enfants, car c’est l’histoire même du héros que vous
venez de leur raconter qui est l’énigme qu’il posera :

“Un qui n’abat personne et pourtant en terrasse douze, qu’est ce que c’est ?”

Des devinettes contes

Et puis il y a des devinettes qui sont des contes, ou des contes qui sont des devinettes, comme le Conte-Devinette de Grimm. Ce qui montre qu’avec des devinettes, on peut faire des histoires…



Alors inventez ! et cherchez dans les livres, cherchez dans les contes : il y a bien d’autres devinettes qui y sont dissimulées !