Les spécificités de l’adolescence

18/12/2002

Periwinkle





Connaissance de l’adolescent


 


Les spécificités de l’adolescence


L’adolescent fait peurL’adolescence n’est pas un âge mais un processusL’adolescence est d’essence conflictuelleUn corps qui changeConflit entre idéalisation et réalité – Adolescence et crise parentale Le rôle de l’entourage


L’adolescence, une seconde naissance


L’adolescence, qu’est-ce que c’est ?Un âge fragile mais aussi merveilleux Une société sans rites de passageLa sexualité et l’amourL’amitiéLes parents, les adultes, la société La violenceLa drogueUne histoire de soi


 


Les spécificités de l’adolescence


(tiré du dossier du formateur BAFA/BAFD – Familles rurales)


L’adolescent fait peur


L‘adolescence suscite une réaction ambivalente de la part des adultes. D’une part ils voudraient bien voir incarner dans la jeunesse leur propre image de ce qu’ils considèrent comme le plus bel âge de la vie et d’autre part, confrontés à la réalité, ce sont très vite les connotations négatives de l’adolescence qu’ils mettent en avant : sexualité non contrôlée, toxicomanie, délinquance. Cela contribue à maintenir le flou dans les idées et ce flou entraîne la peur. Il est donc important dans un premier temps de combattre ce flou en clarifiant les concepts.


L’adolescence n’est pas un âge, c’est un processus


L‘adolescence n’est pas la puberté, l’adolescence n’est pas un âge. Cela a été montré par les travaux des ethnologues qui ont pointé l’absence d’adolescence dans plusieurs sociétés. Par ailleurs chacun peut repérer dans son environnement des exemples d’adolescents précoces ou attardés.


L’adolescence est d’essence conflictuelle


L‘adolescent est en conflit avec sa famille, avec son entourage et très largement avec la société. Mais plus encore, il est en conflit avec lui-même. Ecartelé entre “une porte qui se ferme” et “une porte qui s’ouvre” (brain-storming d’adolescent), il est en recherche d’identification.


Un corps qui change


Haine et désir et peur du corps sexué sous-tendent la difficulté du jeune pubère dans son processus d’intégration du corps sexué et dans son renoncement à l’enfance” – Annie Birraux – psychiatre et psychanalyste.


La confrontation à la vie sexuelle largement empreinte de narcissisme et privilégiant souvent le plaisir sans inclure la dimension de la tendresse et de l’amour laisse souvent un goût amer d’insatisfaction (c.f. le film de Maurice Pialat : “A nos amours” : “J’ai le coeur sec” dit l’héroïne).


Sur le plan psychanalytique, l’adolescence est très largement le processus lent, le travail d’intégration du corps sexué jusqu’à l’amour qui est la capacité d’accueillir autrui. Passer de l’individu (clos sur lui-même) à la personne (“capable d’autrui” d’après E. Mounier) c’est très largement passer de l’adolescence à l’âge adulte.


Conflit entre idéalisation et réalité


L‘image idéale qu’il a de lui-même se heurte chez l’adolescent à la pauvreté de ce qui lui est offert. “Moi je change mais le monde, lui, ne change pas”.


La famille actuelle, restreinte, prive l’adolescent des modèles qu’il trouverait dans la famille élargie. Il se met donc en quête de “modèles” de substitution qu’il peut trouver (les idoles).


La position d’adulte des parents rend l’identification d’autant plus difficile qu’ils ont souvent tendance à dévaloriser par leurs propres remises en question l’image que le jeune pourrait avoir d’eux-mêmes.


Renvoyé à sa propre solitude, l’adolescent tend à adopter des attitudes d’évitement voire de fuite : refuge dans le milieu clos de la bande, délinquance, toxicomanie, suicide, qui, par ordre de gravité, prononcent un échec qu’il convient d’éclairer par rapport au contexte social dans lequel le jeune vit son angoisse psychologique.


Adolescence et crise parentale


L‘adolescence de leurs enfants correspond souvent chez les parents à une crise, celle “du milieu de vie” : soudaine perception de la brièveté du temps, réévaluation des ambitions de l’individu, crainte d’une baisse de la sexualité rendue d’autant plus douloureuse que la sexualité s’épanouissant chez le jeune ébranle souvent les repères établis. C’est un véritable “travail de deuil” pour reprendre le vocabulaire psychanalytique auquel les adultes sont conviés. Par ailleurs, ces phénomènes se trouvent amplifiés par une double perte réelle vécue par les adultes qui les renvoient à leur propre dépression :



  • la perte de leurs propres parents (les grands-parents du jeune) ;
  • la perte de leurs enfants (qui s’éloignent du milieu familial).

Le rôle de l’entourage


L‘entourage devrait resituer l’ensemble de ces manifestations paroxystiques par rapport à cette crise qui est avant tout une métamorphose. Accompagner sans interférer, telle est la ligne délicate mais indispensable à tenir de façon à éviter les deux pièges qui guettent l’entourage du jeune : l’autoritarisme démobilisateur et le laxisme démissionnaire. Dans le domaine du loisir, un champ d’activité exigeant mais riche s’ouvre à des professionnels compétents : proposer à la jeunesse des activités fortes et enrichissantes, susceptibles de l’enthousiasmer, à un âge où le cycle infernal ennui-morosité-dépression peut s’enclencher.


Maintenir la communication à tout prix et cultiver une parole qui soit une parole vraie tel est le rôle de l’entourage.


“L’entourage familial et social devrait accepter ce phénomène (l’adolescence et ses crises) qui contrarie ce qu’il souhaiterait voir incarné par la jeunesse et y réagir activement ( se positionner en adulte), sans vouloir le gérer à la place des jeunes. Encore faudrait-il que l’entourage soit assez solide pour le faire et qu’il n’éprouve pas le besoin de chercher la solution de ses propres problèmes dans l’adolescence des autres”. – Frédéric Rousseau, psychanalyste



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