Éducation tous azimuts, de l’utopie à la réalité

03/11/2013

XXYYZZ

Témoignages

0

Pour moi père de famille, enseignant, militant de l’éducation populaire, cette affirmation m’interpelle.
J’ai été formateur, bénévole, entre 1980 et 2012, essentiellement sur les formations BAFA-BAFD.
Évidement, le concept de co-éducation est à la base de mes pratiques et répond parfaitement aux principes de l’éducation populaire.
Il est bien sur très difficile de définir l’éducation populaire, cependant je peux énoncer quelques valeurs que j’ai acquises par mes pratiques, mes lectures, mes confrontations.
L’éducation populaire doit permettre à la personne d’évoluer, de se faire ses propres idées, de développer sa pensée critique, de ne pas adhérer forcément à ce qui est proféré en haut lieu, de devenir un citoyen apte à participer activement à la vie de son association, de son environnement géographique, de son pays.
Elle est de tous les instants. Elle peut s’appliquer partout.

   
Les sources de l’éducation

Elles sont multiples.
 
Médias
Leurs apports dans les acquis d’un jeune sont de plus en plus importants et  progressent régulièrement.
Nous ne pouvons ignorer l’influence des médias sur la jeunesse actuelle.
Comment nous, éducateurs et militants de l’éducation populaire devons nous réagir face à cela ?
Certainement pas en dénigrant systématiquement ces apports.
À notre niveau, il faudrait tenter de faire comprendre, que dans la vie, les feuilletons eau de rose et les émissions de « téléréalité » sont souvent loin de cette réalité.
Essayer d’inciter les jeunes à prendre du recul et à faire la part des choses, face aux apports des médias et à être vigilants face aux réseaux sociaux.

Les amis, la rue
En ce qui concerne les apports des amis et de la rue, nous ne devons pas oublier  que braver les règles est un plaisir pour l’enfant et l’adolescent. À ses yeux, cela lui permet de s’émanciper. Ce sont souvent ses premiers moments de liberté.
2 exemples qui m’ont marqué :
Souvenirs d’enfance de M. Pagnol : « J’ai découvert le plaisir de dire des gros mots à table et de ne pas être obligé de finir des mets insipides. »

Les responsables du code de la route ont affirmé, après enquête, que ce sont les enfants, dont les parents laissaient le plus de liberté sur la route qui avaient ensuite le moins d’accidents.

La famille
Dans le temps de vie d’un enfant c’est évidement un temps d’éducation important.
Ensuite viennent les inégalités dans les familles. Les enfants qui vivent dans des « milieux pauvres » présentent un handicap certain par rapport à ceux élevés dans un « milieu riche ».
Bien sur les termes « milieux pauvres et riches », ne désignent pas les aspects financiers. 
Évidement aucun autre adulte ne peut remplacer les parents, mais un éducateur doit essayer de réduire ce handicap.

Les temps de loisirs et l’école
Doit-il y avoir éducation pendant les temps de loisirs organisés des enfants ?
La réponse est oui, avec des nuances.
Mes fonctions de formateur et d’enseignant m’ont forcément amené à vouloir me former et me positionner  sur ce vaste sujet.
Si je me place au sein des Accueils Collectifs de Mineurs je pense que le ludique et l’éducatif s’imbriquent et « marchent ensemble ».
Bien sûr en séjours de vacances il y a des aspects éducatifs : ce sont des lieux privilégiés pour développer la socialisation des enfants : le respect des autres personnes et du groupe, l’esprit civique, la prise de conscience que notre société à des règles de vie indispensables.
Dans ces mêmes lieux l’enfant peut développer certaines compétences physiques, intellectuelles, morales, règles de sécurité etc.
Il peut aussi apprendre certains gestes de la vie quotidienne : ranger ses affaires,  utiliser les couverts…
Mais tout cela doit se faire de façon ludique.
Cette  socialisation doit être favorisée par la mise en œuvre de dispositifs fondés sur la pratique du pouvoir de décision par les enfants.
Il convient d’instaurer des moments entre enfants, où ils sont libres de jouer ou discuter entre eux, installer des « coins » qu’ils pourront fréquenter librement.
L’adulte est présent, il aide, conseille, propose, suggère mais ne doit pas imposer son activité à l’enfant.
Peut-on imaginer la conception d’espaces de loisir (au sens plein) en sachant qu’il y aura des apports éducatifs et des apprentissages de manière aléatoire à l’occasion de certains événements fortuits ou même provoqués ?  Sans hésiter je réponds oui.
L’acharnement adulte à vouloir mettre de l’éducatif partout pour que les marmailles apprennent ce que l’adulte souhaite est une profonde dérive des objectifs des séjours de vacances.

Un exemple frappant de cette dérive est la notion de thème que certains organisateurs ou directeurs imposent aux enfants et aux animateurs.
Certes je ne prétends pas qu’un thème  ne soit pas possible. Mais il faut, à mon sens, réunir certaines conditions. 
Ce thème doit être décidé au sein de l’équipe entière, suffisamment tôt pour que les mineurs soient au courant au moment où ils s’inscrivent.
Il faut aussi savoir sortir du thème durant le séjour, en fonction de son déroulement et même l’abandonner si les enfants n’adhérent pas du tout.
Mais le meilleur thème serait : «  les enfants en vacances ».

Les accueils collectifs de mineurs sont complémentaires à l’éducation scolaire
– de part leurs conceptions ludiques, les activités proposées multiplient les champs  de réussite des enfants.
– les projets  ne sont pas figés ; ils peuvent donc évoluer au cours de l’accueil afin de mieux  s’adapter aux contextes, aux besoins et aux demandes  des  mineurs.
– la relation adulte/enfant en ACM est différente de celle que l’on trouve à l’école. Les modèles pédagogiques utilisés à l’école sont en effet plutôt du type “faire faire” et “donner à faire” alors que dans les loisirs collectifs on peut développer d’autres types de relation comme “le faire avec” et “le laisser faire", qui n’a rien à voir avec le laxisme.

Je mettrais à part les clubs sportifs. Certes je comprends très bien qu’un entraineur ou qu’un dirigeant de club souhaite les meilleurs résultats possibles pour les jeunes de son club. Mais l’aspect éducatif du sport doit prévaloir. 
À ce sujet, je trouve que le sport de haut niveau, et le football en particulier, n’a plus grand-chose à voir avec le sport qui éduque.
Le comportement de certains « sportifs ou entraineur de haut niveau » est une insulte envers de vrais  éducateurs sportifs, qui s’investissent énormément envers les jeunes
De plus : « Aucune médaille du monde ne vaut la santé d’un enfant. »

Oui, l’éducation a heureusement plusieurs sources qui sont complémentaires. Je pense aussi que le concept d’éducation demande à tous éducateurs d’avoir beaucoup d’esprit critique sur ses pratiques.
Enfin la vie associative doit être un lieu privilégié pour la coéducation.

 

—————————————————————-


Pour réagir à cet article, merci de poster sur le fil forum "Evolution des ACM ??? / Education tous azimuts" initié par XXYYZZ.

Post by XXYYZZ

XXYYZZ