Mais on ne peut régler la question d’un tel outil sans se poser
la question de ce qu’il y a derrière l’utilisation de cet outil,
le besoin auquel il répond…
C’est un objet transitionnel, un doudou, un objet qui permet de
“rester en contact” même à distance : on suçote l’oreille de son doudou
comme l’on regarde sur son portable si l’on a pas reçu un message.
Ce qu’il y a d’intéressant à observer, c’est qu’ici le pouvoir transitionnel fonctionne
dans les deux sens : il est doudou pour l’enfant, le jeune, le jeune adulte… mais aussi
pour le parent…
C’est en fait toute la société qui a plongé dans cette possibilité
régressif… sans que cela pose question….
ici, on propose à ces jeunes de se passer de leur téléphone
comme on proposerait à un enfant de se passer de Lapinou
le temps d’une colo… pour l’aider à grandir… mais dans une
société où ce doudou est devenu une logique même pour les adultes,
à quoi bon vouloir faire chier juste les gamins avec cette volonté ????
Il y’a aussi les colos mi-portable : les anims récupèrent les portables le soir et les rendent le lendemain après-midi :
Infrarouge d’Alexandra Alévèque et Richard Puech : 21 jours en colo – FR2 tv replay
Attention, visible jusqu’au 6 juillet (âmes sensibles s’abstenir).
Au delà de cette question de la peur de l’animateur
de voir mis en confrontation le téléphone portable
et la médiocrité de ses propositions (animations) pour les jeunes…
Le portable est quelque chose qui échappe aux adultes,
c’est une part de ce jeune en vacances qui échappe au
contrôle des adultes : voilà ce qui pose soucis.
Le portable pour l’enfants en vacances, c’est une question
de contrôle, de pouvoir (comme la cabine téléphonique
à mon époque était ressenti comme un grand danger
par les animateurs, de même que les courriers (voir le lien
récent où l’on pouvait lire des témoignages sur les souvenirs
que les personnes gardaient des colos, et notamment de
cette pratique courante qui consistait pour les
animateurs à faire réécrire leurs courriers aux enfants, en
enlevant tout ce qui était “gênant”…))
Dans cette logique de la colo où l’enfant est captif, à la merci totale ,
le téléphone portable est une faille, une possibilité de retrouver une partie
de ses repères (et d’alors avoir un peu de recule sur les pratiques
de la colo, les adultes et leurs “vérités…)
Il serait très intéressant d’aller voir du côté des sectes
les discours des dirigeants sur ce téléphone portable… sans
doute très proche du discours dans les colos…
Un bon exemple de cette question centrale du contrôle,
ça a été hier le délire médiatique sur le logiciel pour
téléphone portable “Gossip” (un logiciel ayant pour
but de créer et d’échanger des rumeurs sur une
personne)
(il n’y a qu’à écouter le premier discours de najat belkacem
sur ce que ce logiciel avait de destructeur pour l’éducation au
collège (et où la question de la victime-enfant est juste oubliée)
A trop vouloir contrôler cet enfant, l’entourer, baliser l’ensemble de
sa vie, sans laisser à l’enfant la possibilité d’avoir ses propres expériences,
d’avoir un point de vue, un vécu, sa propre construction “morale”,
sa “conscience”, on en fait des monstres.
A ce titre, les deux bourricots qui ont dégommé
devant Charlie Hebdo sont de bons exemples du produit
de cette éducation là.
Je dis que non seulement l’éducation ne permet pas de lutter
contre des logiciels façon “Gossip” (certains prétendent
répondre au problème en limitant son accés aux moins de 18 ans !!
Disant ainsi que le problème n’est pas la délation mais les jeunes !!
De la part d’adultes si friants de “press à scandale”, de télé-réalité
façon ko lanta et autres expressions pulsionnelles les plus sales…)
mais qu’elle (l’éducation) crée la route vers ces “dérives”.
Plus on encadre ces enfants, plus on crée un “cocon” artificiel qui,
une fois ces enfants devenus ados, ayant accés
à un minimum d’autonomie, plus l’on participe à la construction de ces “monstres” : c’est l’éducation
qui les fait ainsi.
C’est le même phénomène que celui relevé par
la sécurité routière, sur le carnage des collégiens
dans la ville, parcequ’enfants accompagnés par leurs
parents à l’école, et pas prêt à vivre leur vie de personne
autonome…
Paradoxalement, les ados ont un allié dans ce
combat pour le portable : ces bonnes vieilles mamans !
qui voient dans cet outil l’assouvissement du plus vieux
fantasme de la mère : ne jamais laisser partir
son enfant… (soit un contrôle totalitaire pour un autre)
Derrière cette logique (ado=danger) il y a évidemment
cette question du contrôle, de la perte de contrôle
de ce qui était il n’y a pas longtemps encore, ces enfants
si faciles à contrôler, dont il est si facile de jouir…
Salut Lapin,
Merci pour ce lien fort intéressant, j’en prends bonne note et vais étayer ma réflexion en partant du principe que le portable peut également avoir des utilisations positives (je ne relève pas l’argument de Xinome, je n’ai jamais vu quelqu’un faire la queue pour la cabine en séjour… il est vrai que je n’ai jamais encadré de centres de plus de 80 enfants, ceci explique peut être cela).
Dans ton exemple Lapin, tu proposes le portable comme un objet dont l’utilisation est réfléchie, et limitée à certains besoins spécifiques identifiés. Pas sûr que le smartphone et ce qu’il permet rentre dans ce cadre là. A voir…
Bonjour à toutes et à tous,
gogogadget a écrit :
Salut Lapin,
Oui, tu as parfaitement résumé mon approche.
Merci pour ce retour très clair.
Tu sembles séduit par un certain esprit des messages de moilapa que tu traduis ainsi : “Le côté spontané et naturel du délaissement du portable (ou tout autre support) dès lors que les animations proposées, voire même le simple fait de partager des moments à plusieurs est plus motivant” (post #27). J’ai la même analyse que toi du discours de moilapa, repris en partie par Semastien post #33 et surtout par Xinome post #35.
Il y’a dans ce discours en fond l’idée que les jeunes sont sur leur portable parce qu’ils se désintéressent de la situation présente. Le portable serait une alternative à un présent fade et ennuyeux. A contrario, la mise en place d’une animation palpitante et intense s’observerait par l’absence de portable. Selon toi, moilapa, l’usage du portable serait un indicateur de l’intérêt du public : pour résumer, s’ils l’utilisent, c’est qu’ils se font ch**r.
Ai-je bien compris ?
J’ai pour ma part essayé de montrer une autre approche sur le fil Téléphone portable en séjour où tu trouveras de nombreux avis.
Concernant les usages positifs du portable, il y’a le témoignage Texto colo d’Olivia Gault dans Les cahiers de l’animation n°85 (janv. 2014). Sur un séjour, le portable lui sert d’outil de coordination avec les jeunes (sorties en autonomie) et de moyen de communication facile, par texto. Les repas sont échelonnés et un anim envoie un sms aux ados qu’il n’a pas vu à table. “Ça a certes l’avantage, pratique pour l’anim, de ne pas avoir à se déplacer pour aller chercher celui ou celle qui n’est pas venu manger, c’est aussi selon moi une façon de dire, d’une part tu as le droit d’être seul(e) à des moments et je ne viens pas vérifier ce que tu es en train de faire, ce qui est une marque de confiance, et d’autre part « je me soucis de ton bien être et nous avons remarqué ton absence au repas ».” (page 15) Pour ce séjour, les textos sont également utilisé par les jeunes pour des demandes plus difficiles à exprimer oralement (soucis, peurs…).
@ gogogadget
Je ne dis pas que le portable empêche de vivre des choses ensemble, je dis simplement qu’il ne favorise en rien la cohésion d’un groupe le temps d’un séjour, car il est un fil à la patte qui te ramène constamment à ton quotidien, même à des moments où tu ne le souhaiterais pas (intrusif).
Je pense que si les activités proposées et les autres personnes intéressent ces ados ils lâcheront leur téléphone tout seul et que ta cohésion se fera. D’ailleurs ces ados peuvent très bien être plusieurs à regarder une vidéo sur le smartphone en même temps, tu auras donc bien des ados qui parlent et partagent des trucs.
. Et si tu as des exemples d’apport positif du portable en séjour, je suis tout ouï et prêt à revoir mon jugement sur ce point.
Ne plus faire la queue à la cabine téléphonique ?
Alors pour repartir sur ma question initiale: si toi Xinome, sans être l’adulte tout puissant et savant qui distille la bonne parole au groupe, si tu avais des choses à partager avec les jeunes, issus de ton vécu, de ton expérience, ou d’informations recueillies lors de recherches, comment t’y prendrais-tu ?
Je pense que je ne chercherais pas à vouloir placer ces choses issue de mon vécu, ça viendrait ou pas dans les conversations.
Hello Semastien,
Ce n’était pas aussi évident dans ta précédente intervention, mais voilà qui est fait ! 😉
gogogadget a écrit :
Car c’est un point sur lequel la plupart reste silencieux: personne encore n’a émis cette idée de débat, de confrontation de point de vue entre les jeunes et les encadrants…
J’espère que tu as bien compris que c’était justement ce dont il était question dans ma précédente intervention 😉
Outre le fait de proposer des animations de qualité telles qu’elles détournent de l’utilisation du portable, tu peux estimer légitime de faire part de tes préoccupations face au téléphone portable (en séjour ou de manière plus générale), par le biais d’une discussion avec l’ensemble des jeunes et de l’équipe pédagogique, autour de “l’objet” que j’ai (comme d’autres ici) commencé à questionner.
Remettre en questions la pertinence de “l’objet” problématique, la cohérence de la démarche, l’efficience des moyens mis en oeuvre, et les moyens d’évaluation de l’action proposée, en soi, le débat peut-être très riche pour tout le monde.
Peut-être que tu abandonneras “l’objet” qui te semblait problématique en soi, pour quelque chose qui l’englobe.
Peut-être que l’action ne prendra plus du tout la même forme, du moment que la discussion aura pointé sur des questionnements peut-être plus saillant.
Bref, tu peux proposer d’amorcer un débat par le biais des téléphones portables, mais laisse à chacun des participants au débat la possibilité de décentrer l’objet pour mettre la focale sur quelque chose qui semble faire plus de sens pour eux.
Le vécu de ces échanges peut intéresser chaque membre du groupe, et enrichira chacun, du moment que c’est bien emmené et bien mené (provoquer un début de débat ne veut pas dire l’entretenir artificiellement si tout le monde s’en détourne).
Cette démarche peut s’apparenter au principe du “réfléchir avant d’agir”.
La démarche inverse peut-être tout aussi pertinente, à savoir expérimenter et débriefer.
Les deux peuvent aussi se combiner.
Bref, le champs des possibles est vaste 😉
Re re,
moilapa a écrit :
Pourtant tu poses la question de l’utilisation
du portable chez le jeune (et même si tu inclus les adultes
dans ce constat)
En cherchant comment “supprimer” temporairement
le portable… supprimer, faire disparaître (même temporairement)
plutôt que de proposer une alternative qui surpasse
l’intérêt du portable :
soit comme dans une cour d’école où l’on supprime
les jouets parce que potentiellement porteurs
de conflits entre les enfants (soit au passage
l’exact contraire de ce qu’est l’éducation, de la
part de “grands penseurs” de l’éducation…)Préférer supprimer le problème plutôt que de lui
offrir une alternative : en cela oui : tu fais de l’ado
le problème. Quand le problème est sans doute
toi (l’animateur) et son incapacité à produire
cette alternative.Soit : penser l’Autre comme le problème,
et non soi…C’est exactement ce que tu fais. C’est exactement
la logique de l’animation sociocul (de l’éducation dans
son ensemble)
J’ai bien intégré cette notion d’alternative, et de réflexion sur soi pour être en mesure de proposer quelque chose “qui surpasse”. Merci Moilapa, je trouve ça très constructif et pertinent comme raisonnement.
Personne ne dit ici que l’enfant est le problème,
Pourtant tu poses la question de l’utilisation
du portable chez le jeune (et même si tu inclus les adultes
dans ce constat : cela n’enlève rien à ta volonté sur ces jeunes :
ce n’est qu’un grand classique de l’éducation, un subterfuge qui
permet ensuite…
Ex : bon, pour montrer l’exemple, les animateurs vous mangerez de tout.
Ce qui vous permettra ensuite de dire aux enfants de manger
de tout… Mais quel rapport !!! En quoi le fait que l’adulte mange de tout
oblige l’enfant à faire entrer dans son corps tout ce que l’adulte
à décider pour lui !!!!!!!
(ce n’est qu’un exemple pour démontrer ce qu’il y a là de manipulation
à prétendre l’accord d’une cible (pédagogique)
En cherchant comment “supprimer” temporairement
le portable… supprimer, faire disparaître (même temporairement)
plutôt que de proposer une alternative qui surpasse
l’intérêt du portable :
soit comme dans une cour d’école où l’on supprime
les jouets parce que potentiellement porteurs
de conflits entre les enfants (soit au passage
l’exact contraire de ce qu’est l’éducation, de la
part de “grands penseurs” de l’éducation…)
Il y aura toujours un moyen d’embobiner les mômes
pour leur faire croire que l’idée vient d’eux ou qu’ils
ont donné en parfaite connaissance de cause leur
accord !! (ce que tu fais : la question ici n’est pas
celle de l’accord de ces jeunes, mais de toi et de ta
volonté)
Préférer supprimer le problème plutôt que de lui
offrir une alternative : en cela oui : tu fais de l’ado
le problème. Quand le problème est sans doute
toi (l’animateur) et son incapacité à produire
cette alternative.
Soit : penser l’Autre comme le problème,
et non soi…
C’est exactement ce que tu fais. C’est exactement
la logique de l’animation sociocul (de l’éducation dans
son ensemble)
Re,
moilapa a écrit :
Soit un retournement de point de vue :
ne pas partir d’un principe (LE principe de
l’animation sociocul) que le jeune (l’enfant) est le problème,
mais que c’est l’animateur le problème,
le “sujet d’étude” .
Très souvent, le problème, ce sont les limites de
cet adulte animateur.
De là : comment remédier à ces faiblesses ?Ici : comment juste faire son boulot d’animateur,
sans se cacher derrière une si facile et rassurante
idée “d’éducation”…
Personne ne dit ici que l’enfant est le problème, vouloir proposer un défi pour freiner notre utilisation du smartphone connécté 2 semaines, ne revient pas à dire que ce “problème” vient des jeunes… Soyons clairs.
Je déborde du sujet, mais une question subsidiaire me vient à la lecture de ton post: quel est le boulot de l’animateur selon tes critères ? En parcourant le forum, je te sens en désaccord avec pas mal de monde, et objectant que l’adulte doit foutre la paix à l’enfant. Ce qui s’entend en lisant tes arguments. Mais du coup je me pose cette question: quel est alors la limite “éducative” de l’animateur ? Car j’ai bien noté qu’il est primordial pour toi de mettre en avant la mise en place de jeux et activités de qualité, et la prise en compte des besoins de l’enfant (qui fera donc que ce dernier viendra naturellement vers l’activité proposée par l’adulte s’il en ressent le besoin et l’envie). Et quid du volet “éducatif”, de ton vécu perso, de tes expériences, tes connaissances. Qu’en fais tu sur un séjour que tu encadres ?
Désolé de l’écart du sujet, mais le dernier post de Moilapa a ouvert une autre question.
Salut Xinome,
Xinome a écrit :
Je t’invite à relire plus bas les motivations et objectifs avancés.
Merci de ta contribution, même si ce n’était pas la question initiale.Alors je vais reformuler plus clairement : en quoi se servir de son portable empêche de passer un séjour où on va avoir un vécu commun ? En quoi ça empêche de vivre des choses ensemble ?
Toute te démarche vient de ça “Facebook, instagram, la 3G, 4G, tweeter… Pour faire court, c’est pas mon dada. “ Parce que ce n’est pas dans tes habitudes c’est nocif -on dirait que tu parles de drogués parfois !-, c’est trop dans l’immédiateté, trop ceci, trop cela, pourquoi juste dire que tu ne comprends pas ce que les gens y trouvent et que ça ne t’intéresse pas. Quand j’étais plus jeune certains anim ne toléraient pas qu’on écoute notre musique avec des écouteurs. Sans doute au nom de la même idéologie de “vivre ensemble, bla bla bla”.
Tel que tu écris, tu ne veux pas imposer une interdiction du portable aux jeunes (peut être as-tu peur du retour de bâton) tout en jugeant leurs habitudes mauvaises mais tu ne veux pas non plus assumer les raisons qui te poussent à faire ce choix. En fait tu cherches une solution pour les manipuler et faire passer le truc sous forme ludique… que crains-tu à dire que parce que toi tu n’aimes pas ça tu veux qu’ils ne soient pas sur leur portable ?
Je pense que je n’arrive pas à me faire comprendre de toi. Je vais réessayer si tu me le permets.
Ma motivation première n’est pas due au fait que je suis pas un grand fan du portable. J’ai de violents mal de crâne lorsqu’on fume à côté de moi, et je ne bois pas une goutte d’alcool. Ce n’est pas pour autant que je mets en avant plus que de nécessaire la nocivité du tabac par exemple. Et il ya plein d’autres sujets de ce style.
Non, là encore une fois, la réflexion est vraiment autour du constat que le portable en séjour a contribué ou accéléré/favorisé de nouveaux moeurs, un esprit de consommation (on vient prendre ce qu’il y a à prendre, des paysages, une activité, que l’on s’empressera de partager au monde avant même de l’avoir “ingurgitée”), une forme d’individualisme aussi, et un frein à l’échange. Je ne dis pas que le portable empêche de vivre des choses ensemble, je dis simplement qu’il ne favorise en rien la cohésion d’un groupe le temps d’un séjour, car il est un fil à la patte qui te ramène constamment à ton quotidien, même à des moments où tu ne le souhaiterais pas (intrusif). Du reste, je n’ai rien contre les technologies, certains favorisant même des activités abouties et intéressantes (je suis particulièrement impressionné par le paintlight). Et si tu as des exemples d’apport positif du portable en séjour, je suis tout ouï et prêt à revoir mon jugement sur ce point.
Le portable et autres réseaux sociaux connectés c’est mal ? Je ne le crois pas et je laisse chacun juge. Certains ont évoquées ici des éléments pertinents sur la vanité, l’égocentrisme, le côté surfait d’une vie inventée et fantasmée. J’ai parlé d’une étude jugeant la surutilisation des réseaux sociaux dangereuse (dépression numérique).
Alors pour repartir sur ma question initiale: si toi Xinome, sans être l’adulte tout puissant et savant qui distille la bonne parole au groupe, si tu avais des choses à partager avec les jeunes, issus de ton vécu, de ton expérience, ou d’informations recueillies lors de recherches, comment t’y prendrais-tu ?
Je ne sais pas si j’ai été plus clair, mais n’hésites pas à me le dire si ce n’est pas le cas.
Soit un retournement de point de vue :
ne pas partir d’un principe (LE principe de
l’animation sociocul) que le jeune (l’enfant) est le problème,
mais que c’est l’animateur le problème,
le “sujet d’étude” .
Très souvent, le problème, ce sont les limites de
cet adulte animateur.
De là : comment remédier à ces faiblesses ?
Ici : comment juste faire son boulot d’animateur,
sans se cacher derrière une si facile et rassurante
idée “d’éducation”…
Salut Moilapa,
moilapa a écrit :
après lectures, je reformule :le téléphone portable, comme la console de jeu portable,
ou comme la généralisation de la télé dans les locations
d’un camping,, voir une BD, un livre…
(mais dans une situation particulière : non
plus l’intime de la chambre de l’enfant,
mais dans une collectivité)
Comme de quelque chose qui “accapare” une personne qui
n’est plus alors “avec les autres”…
(le livre parce qu’ainsi on évite l’échange faussé
sur la question du support polémique)Dans ce cas-là, la question est : que propose t-on
comme alternative ?
Est-on capable, en tant qu’animateur, de proposer
à ces gamins quelque chose de plus “accrocheur” que
leur jouet “autocentré” ?Dans ce cas, seule une situation où cette richesse d’échange
est fragile, fausse, un groupe où les individus ne sont pas
dans une situation de confiance,
craindra la présence du téléphone portable…
Il y a quelque chose qui m’intéresse beaucoup dans ce que tu as écrit. Le côté spontané et naturel du délaissement du portable (ou tout autre support) dès lors que les animations proposées, voire même le simple fait de partager des moments à plusieurs est plus motivant. Ce qui revient dans mon cas, non plus à trouver une accroche pour proposer au groupe de se passer de leur “doudou”, mais plutôt de creuser plus en profondeur à ce qui les motiverait durant ces 2 semaines. Ca modifie ma réflexion. Merci.
Salut Michmuch,
michmuch a écrit :
Une colo sans portable, c’est comme le grand air ou le bain de siège dans les années 50. Il faut soigner les enfants. C’est de l’orthopédie.
C’est toujours cette idée d’ (ré)éducation de la jeunesse. Le tout enrobé de discours bien-veillant ou plutôt bien-pensant. Bien-pensant pour l’autre… L’adulte plaque sur l’autre ce qu’il pense, croit bon pour l’enfant. Le portable, la TV, la console, le bain de siège, l’huile de foie de morue, la collation de 10h, le verre de lait,… L’adulte pense et l’enfant doit se démerder pour exister dans la pensée de l’adulte.
Quant au fait de ne pas vouloir d’un discours trop moralisateur, c’est simplement ne pas assumer l’interdit, l’idée plaquée injustifiable que l’on demande tyranniquement d’exécuter aux enfants. J’ai décidé que c’était mieux pour vous…
On revient sur l’éducation : la progression, comme outil “doux” d’éducation.Et pourquoi pas une colo sans animateur plutôt…
Cela a existé un temps, où les jeunes partaient sur un temps défini hors du centre en totale autonomie, sans encadrement, pour vivre leur expérience. Ton idée, même si elle se voulait sarcastique, se défend tout à fait. Faut voir ce que tu y mets derrière.
Encore une fois, il ne s’agit vraiment pas de masquer quoi que ce soit, mentir ou de déformer une réalité. Juste de trouver un angle approprié qui parle le plus au groupe. C’est pas la même chose…
Je n’imagine pas que tu t’adresses à ton patron de la même façon qu’à ton conjoint lorsqu’il t’arrive de discuter ou débattre.
Car c’est un point sur lequel la plupart reste silencieux: personne encore n’a émis cette idée de débat, de confrontation de point de vue entre les jeunes et les encadrants…
Oui, je souhaite proposer une cure d’extra-connection (pour les raisons évoquées plus bas: cohésion de groupe, et sensibilisation aux méfaits de l’hyper-connection).
Mais j’ai bien précisé que je ne souhaite pas l’imposer (en ce sens la démarche progressive de Semastien m’a interpellée). Quid donc des jeunes qui n’en verraient pas l’utilité ? qui ne souhaitent pas tenter l’expérience ? Qui auraient une alternative à proposer ?
Je comprends bien ce que tu dis Muchmuch, mais ton argumentaire laisse à penser que l’enfant est démuni face à l’adulte tout-puissant qui impose avec force ses idées. Je n’ai pas vraiment l’impression qu’on soit dans ce cas de figure ici. Ou alors je me suis mal exprimé. L’huile de foie de morue était administrée parfois sous la contrainte pour les récalcitrants, idem pour le reste. Ne mélangeons pas tout.
Et alors si je te suis Muchmuch, l’enfant ne serait pas capable de savoir, ressentir ce qui est bon pour lui ? de discerner un discours authentique d’une mascarade ? D’exposer son point de vue et ses arguments face à un adulte bienveillant et à l’écoute ? Cela m’intéresse d’avoir ton avis, afin d’affiner encore un peu plus ma réflexion.
Merci à toi pour ta contribution qui élargit le débat.
Une colo sans portable, c’est comme le grand air ou le bain de siège dans les années 50. Il faut soigner les enfants. C’est de l’orthopédie.
C’est toujours cette idée d’ (ré)éducation de la jeunesse. Le tout enrobé de discours bien-veillant ou plutôt bien-pensant. Bien-pensant pour l’autre… L’adulte plaque sur l’autre ce qu’il pense, croit bon pour l’enfant. Le portable, la TV, la console, le bain de siège, l’huile de foie de morue, la collation de 10h, le verre de lait,… L’adulte pense et l’enfant doit se démerder pour exister dans la pensée de l’adulte.
Quant au fait de ne pas vouloir d’un discours trop moralisateur, c’est simplement ne pas assumer l’interdit, l’idée plaquée injustifiable que l’on demande tyranniquement d’exécuter aux enfants. J’ai décidé que c’était mieux pour vous…
On revient sur l’éducation : la progression, comme outil “doux” d’éducation.
Et pourquoi pas une colo sans animateur plutôt…
@ludou
Je parlais justement d’une superficialité qui n’est pas la vie. Ça fait plutôt partie de la personnalité, de l’image de soi, de la réputation.
Je m’y connais pas trop dans tout ce qui facebook, twitter (en fait j’ai même aucune idée du comment ça marche), mais n’y aurait-il pas quelque chose à proposer de l’ordre de l’enquête, voire de l’étude scientifique sur soi-même – ou les uns-les-autres puisque le format séjour le permet ?
Scientifique? ou méthodique? 😛
Comment ça marche? C’est des sites web avec des bases de données qui enregistrent tout ce que tu fais (y compris ce que tu ne publies pas et que tu effaces après l’avoir tapé) et dont le modèle économique est basé sur la vente de données personnelles. (mais ça tu savais… lol)
L’étude méthodique sur les personnes est déjà pratiquée, et ce monde-là n’est vraiment pas joli. Qu’est-ce qui peut nous pousser à vouloir tout savoir de la vie de quelqu’un? La volonté de contrôler cette personne. Et quand je dis “tout”, c’est vraiment tout.
L’omni-présence des technologies, ça n’a pas de sens. Tous les outils créés par les humains sont des technologies. Quelqu’un est contre l’omni-présence de la roue? 😀
@moilapa
Je répète mon propos alors : mettre en “résonance” le doudou
comme un objet qui fait en partie “le replis sur soi”, et de l’autre : les autres.
Ce que la vie avec les autres peut avoir de plus attrayant que ce
doudou rassurant…
Je comprends mieux ce que tu voulais dire. Effectivement ça fait du sens avec tout le reste (idée d’éduquer, méthodo de projet…). Ça me fait penser aux phobies scolaires. Apparemment il existe des enfants qui ont un traumatisme de l’école. Et ce n’est pas étonnant que des enfants craquent devant une telle culture de la performance, une telle interdiction de se tromper.
La mécanique est un peu la même quand l’idée d’éducation passe dans les vacances.
là, il me semble que tu dis de grosses bêtises…
c’est un peu comme si on cherchait une drogue plus aliénante que la précédente
L’Autre serait aliénant ???? Avoir envie de partager du temps avec,
le goût de l’Autre, l’envie de partager comme de quelque chose d’aliénant !!!
Et là j’en suis sûr :
jouer avec le sentiment de possession et de puissance,
Je te renvoie à cette question première : qu’Est-ce
que l’animation ??? Comment arrives tu à penser ainsi
ton métier d’animateur ???
C’est que tu n’as pas compris grand chose de ce métier…
Comment fais-tu le lien entre “donner envie” et sentiment de “possession et de puissance” ???
Sauf qu’être capable de permettre cette richesse, c’est pas donné à tout le monde
N’Est-ce pas ce que fais chaque personne, chaque jour, dans sa relation aux autres ?
N’Est-ce pas ça que de vivre, en tant qu’animal social ?
C’est un peu ce que je dis à “mon” animatrice ados cet été :
je n’attends rien de toi, que d’être entourée d’ado, d’être avec eux…
Aucune attente s’agissant d’animation, aucune pression, comme
le discours de parents qui viendrait me voir en disant “mon
ado ne fait que zoner”… Ca, c’est mon boulot, je la laisse alors se concentrer
sur ce qui importe…
S’agissant alors des autres anim (équipe pour les 3-6 ans, 6-9, pré ados)
c’est légèrement différent, mais, au delà des animations,
ce qui va “faire mon observation’, c’est “l’ambiance” au sein du groupe…
Et s’agissant d’animation : bin, c’est un métier, on est pas dans
une “génération spontanée”…
On ne peut pas demander à ces anim’ sans formation,
sans bagages, ce qui n’est pas à leur portée (même si je
suis au départ en apparence exigent)
Donc, déjà le relationnel pour ces anim’,
et s’agissant d’animations “haut de gamme”, pensées…
c’est à moi “de faire en sorte que” (bon, en même temps,
c’est pour ça qu’on me paie généreusement…)
Je répète mon propos alors : mettre en “résonance” le doudou
comme un objet qui fait en partie “le replis sur soi”, et de l’autre : les autres.
Ce que la vie avec les autres peut avoir de plus attrayant que ce
doudou rassurant…
Soit ce qui est au cœur de ce métier :
en tant qu’anim’, je ne dois pas être plus effrayé par le
téléphone portable que le fait pour moi qu’un camping ait
installé des télé dans toutes les locations : tout bêtement parce que
C’EST LA QUE COMMENCE LE METIER :
Ce téléphone portable n’est en rien un problème !!!
Il est le point de départ du sens de notre métier
ET DONC (enfin !) : vouloir supprimer ce téléphone portable,
c’est vouloir se protéger soit en tant qu’animateur pas sûr de lui.
C’est l’aveux de sa propre “incapacité”.
Soit alors ici : non pas un échange sur faire disparaître ou pas le téléphone
portable, mais qu’Est-ce qui fait qu’un anim puisse vouloir
faire disparaître cet objet…
(ai-je mieux exprimer mon point de vue ainsi ?)
tu pointes un truc plutôt parlant moilapa…
mais c’est un peu à double-tranchant il me semble. Si tu t’engages dans une démarche de type “trouver plus accrocheur”, c’est un peu comme si on cherchait une drogue plus aliénante que la précédente. Donc continuer à jouer avec les ressorts vus, vus, vus et revus du marketing (créer le désir, jouer avec le sentiment de possession et de puissance, etc.).
Par contre, réfléchir à une alternative en terme de richesse d’échange (et je dirais surtout en terme de “justesse” d’échange, ou de “justice”), c’est bien différent… Sauf qu’être capable de permettre cette richesse, c’est pas donné à tout le monde, ça demande parfois des années de travail…
après lectures, je reformule :
le téléphone portable, comme la console de jeu portable,
ou comme la généralisation de la télé dans les locations
d’un camping,, voir une BD, un livre…
(mais dans une situation particulière : non
plus l’intime de la chambre de l’enfant,
mais dans une collectivité)
Comme de quelque chose qui “accapare” une personne qui
n’est plus alors “avec les autres”…
(le livre parce qu’ainsi on évite l’échange faussé
sur la question du support polémique)
Dans ce cas-là, la question est : que propose t-on
comme alternative ?
Est-on capable, en tant qu’animateur, de proposer
à ces gamins quelque chose de plus “accrocheur” que
leur jouet “autocentré” ?
C’est à dire : du téléphone portable, partout, tout le
temps, comme révélateur de la richesse de ces temps partagés
de la capacité des animateurs à avoir pris en compte
l’enfant dans son loisir, de ce qu’il pourrait attendre de
ces temps partagés…
Le téléphone comme d’un doudou qui permet de combler
du vide, qui rassure,
à l’opposée de l’imprévu que représente la confrontation
à l’Autre, et de tout ce qu’il a de non maîtrisable…
Dans ce cas, seule une situation où cette richesse d’échange
est fragile, fausse, un groupe où les individus ne sont pas
dans une situation de confiance,
craindra la présence du téléphone portable…